TOUT EST DIT

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samedi 18 février 2012

Wall Street pleine d'espoir sur la Grèce

Challenges décrypte la séance du jour à Wall Street. Les indices ont de nouveau gagné du terrain ce vendredi avant le long week-end aux Etats-Unis à cause de l'optimisme sur le plain d'aide à la Grèce et de bonnes statistiques américaines. 

Les futures sur le Dow évaluaient autour de la barre de 12 900 points dans un range d'environ 30 points pendant toute la nuit et la matinée. Ce n'est qu'à partir de 12h45 que les contrats à terme se sont orientés à la hausse. Les indices n'ont pas suivi la direction des futures au début de cotation. Ils reculaient jusqu'à 17h en commençant à rebondir par la suite. Le mouvement haussier des indices a duré jusqu'à 21h30. Les indices ont légèrement fléchi pendant les trente dernières minutes de cotation. Au final, le Dow Jones a progressé de 45,56 points ou 0,35% à 12 949,64 points dans les volumes élevés. Parmi les plus grands gagnants de l'indice figurent Intel (+2,03%), Home Depot (+1,7%), DuPont (+1,88%). Les plus fortes baisses ont été attribuées à Alcoa (-1,26%), HP et Bank (-0,99%) of America (-0,87%).
Le S&P500 a grimpé de 3,18 points ou 0,23% à 1 361,22 points. Le Nasdaq a, en revanche, cédé 8,07 points ou 0,27% à 2 951,78 points. Le Russell 2 000 a perdu 0,13%.
Les indices ont encore avancé ce vendredi à cause de l'optimisme sur la Grèce. En effet, le gouvernement grec a exposé jeudi soir de nouvelles mesures d'austérité, grâce auxquelles il espère obtenir, lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, le déblocage de 130 milliards d'euros, qui permettront à la Grèce d'éviter de se retrouver en faillite en mars. Angela Merkel, Mario Monti et Lucas Papadémos, qui ont tenu vendredi une conférence téléphonique, ont bon espoir d'obtenir le déblocage de cette aide, d'après la présidence du Conseil italienne. Ainsi, les opérateurs espèrent très fort que l'épopée grecque sera temporairement finie lundi avec le déblocage du deuxième plan d'aide à la Grèce. Par ailleurs, de bonnes nouvelles macroéconomiques aux États-Unis ont confirmé le sentiment haussier des investisseurs aujourd'hui qui ont vendu de telles valeurs refuges que l'or et les obligations d'état américain.
Le Dow Jones est désormais à 50 points de la barre symbolique de 13 000 points. Comme lundi le marché américain est fermé pour cause du Jour des Présidents, espérons que mardi les investisseurs n'auront pas de prétexte pour vendre. Cela dépend des dirigeants européens qui devraient accorder 130 milliards à la Grèce dès lundi.
Les statistiques du jour
Les prix à la consommation ont progressé de 0,2% au mois de janvier aux États-Unis, soutenus notamment par la hausse des prix du carburant tandis que les économistes visaient en moyenne une hausse de 0,3% après une croissance nulle en décembre. Hors alimentation et énergie, l'inflation est ressortie également à +0,2%, conformément aux attentes. L'indice avait augmenté de 0,1% en décembre.
L'indice des indicateurs avancés du Conference Board a progressé de 0,4% pour s'inscrire à 94,9 points, un plus haut niveau depuis juillet 2008 après avoir grimpé de 0,5% en décembre (révisé de 0,4%) alors que les analystes tablaient sur un bond de 0,5%. L'indice a donc enregistré son quatrième mois consécutif de hausse.
Les entreprises à la loupe
Chesapeake Energy a gagné 3,95% car Stifel Nicolaus a amélioré sa recommandation sur le titre en conseillant désormais de l'acheter avec un objectif de prix de $29. Le groupe dévoilera ses résultats du quatrième trimestre 2011 mardi prochain.
Applied Materials a reculé de 1,67% malgré à l'annonce de ses résultats trimestriels supérieurs aux attentes jeudi soir après la clôture. Le bénéfice par action du fabricant des puces s'est établi à $0,18 contre les attentes de $0,12. Son chiffre d'affaires a atteint $2,19 milliards tandis que les analystes tablaient sur $1,97 milliard. Ses rivaux, tels que Texas Instruments (-0,94%) et AMD (-2,24%), ont également cédé du terrain.
Dell a fléchi de 0,87% car Robert W. Baird a dégradé sa recommandation sur le titre en le trouvant désormais neutre. Toutefois, la firme d'investissement a relevé son objectif de prix sur le titre en passant de $18 à $20. Dell fera état de ses résultats trimestriels mardi prochain.
Campbell Soup a progressé de 2,62% suite à la publication de ses résultats trimestriels au-dessus des attentes.
First Solar (+7,25%) a été le plus grand gagnant du S&P500 car le spécialiste des panneaux solaire a résolu les problèmes liés au permis de construire qui retardaient le financement du projet Antelope Valley Solar Ranch que le groupe construisait en Californie pour Exelon. La semaine dernière First Solar avait déclaré que le prêt du Département américain de l'Énergie, crucial à ce projet, a été retardé à cause des problèmes avec le permis de construire.
General Mills s'est replié de 3,62% car le groupe a annoncé avoir revu à la baisse ses prévisions des bénéfices pour 2012 à cause de la faiblesse des volumes de ventes aux États-Unis au cours de deux derniers mois. Ainsi, pour son troisième trimestre fiscal GM prévoit que son BPA sera compris entre $0,54 et $0,56.
Johnson & Johnson a bondi de 0,12%. Pourtant le groupe a annoncé le rappel de 574 000 bouteilles de Tylenol après les problèmes de dosage.
3M (-0,1%) envisage de contribuer jusqu'à $1 milliard aux plans de retraites et post-retraites de ses employés.
Baidu a abandonné 3,48% car Morgan Stanley a annoncé anticiper le ralentissement de la croissance du spécialiste chinois de recherche en ligne en 2012.
Avon Products a baissé de 2,29% car selon les personnes proches du dossier le groupe fait objet d'une enquête de la justice américaine qui examine si ses anciens employés avaient donné des pots-de-vins aux responsables chinois. La porte-parole de Avon a refusé de commenter.
Lundi
Le marché est fermé pour cause du Jour des Présidents

"Beaucoup de Grecs ont déjà anticipé la sortie de l’euro"

INTERVIEW Anne-Laure Delatte, professeur d'économie à Rouen Business School, estime que la Grèce n'a plus vraiment le choix : elle doit se préparer au retour de sa monnaie nationale. 

 a Grèce peut-elle rester dans la zone euro ? 
Les Grecs ne vont pas avoir le choix. Pour le moment, la situation est absurde. Soit la Grèce reste sous perfusion de l'Europe et le chômage continue d’augmenter, soit l'Union européenne la contraint à faire défaut dès le 20 mars prochain en refusant le versement des 130 milliards, du coup les investisseurs ne lui prêteront plus et c’est donc la sortie forcée de l’euro. Les mesures actuelles sont très coûteuses socialement : réduire le SMIC de 20% à 500 euros ne pourra pas être supporté longtemps. Si la réduction de 22% du SMIC grec était appliquée à la France, notre SMIC passerait de 1.100 euros net à 880 euros. C’est intenable.
Depuis 2009, le ralentissement de l’économie grecque atteint - 12% et on s’attend à une récession de - 6% en 2013. Aujourd’hui en Grèce, un jeune sur deux est au chômage. Le peuple ne peut pas supporter l’austérité pendant dix ans.
Une sortie de l’euro peut-elle être salutaire pour la Grèce ?
Conserver coûte que coûte l’euro entraînera nécessairement une augmentation du chômage. Or, il existe une solution moins coûteuse sur le plan social, celle de la dévaluation. Mais pour dévaluer il faut avoir sa propre monnaie, ce qui achèverait d’exclure la Grèce des marchés financiers d’une part et qui risquerait aussi de faire sombrer le pays dans l’hyperinflation. Pourtant, même le Fonds monétaire international a montré que l’austérité ne porte ses fruits que lorsqu'elle est accompagnée d’une dévaluation. C'est ce qui s'est passé en Finlande en 1992.
Le retour de la drachme n'appauvrirait-il pas les Grecs ?
A l’automne dernier, la banque japonaise Nomura a tenté d’évaluer ce que vaudrait la drachme aujourd’hui. Ce serait 60% de ce qu'elle valait au moment de l’entrée dans la zone euro. Ce qui compte, si la Grèce récupère son ancienne monnaie, c’est d’éviter l’hyperinflation et cela dépendra du gouvernement. Une solution pourrait consister à opérer une "drachmisation" de l’économie c’est-à-dire à convertir l’ensemble des actifs en drachmes. Ensuite, il faut empêcher une sortie massive de l’argent du pays. Or, beaucoup de Grecs ont déjà anticipé la sortie de l’euro. Depuis l’automne, ce ne sont pas moins de 40 milliards d’euros de capitaux qui sont sortis du pays pour être placés ailleurs, soit 17% du PIB. Ces retraits ont bien entendu été effectués pour mettre à l'abri cet argent de tout risque de dévaluation.

LE SALE BOCHE, C'EST LUI

Gifle 


 Evidemment, c’est pas bien. Personne ne peut féliciter un adulte d’avoir giflé un enfant… Mais il y a le principe, et la réalité. Dans le procès d’hier, qui a condamné le gifleur à une amende, l’enfant est un adolescent de 16 ans, qui venait de l’injurier et de le menacer de mort. Et le condamné est le maire de la commune. Certes pas au-dessus des lois, mais quand même chargé de les faire respecter. On pourra toujours lui faire la leçon, à Monsieur le Maire, lui expliquer qu’il aurait dû savoir exercer son autorité sans violence. Monsieur le Procureur ne s’en est d’ailleurs pas privé, qui a moqué son attitude de shérif… Mais il fera comment, ce procureur, si demain un ado l’injurie : il lui donnera un cours de droit ? Ou il prendra la fuite ?…. Ce n’est jamais simple, l’autorité. Et c’est surtout plus simple dans les principes d’un tribunal que dans la réalité de la rue.

'Extrême droite : pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire'


Dans cette campagne présidentielle, l'idée se répand, ici ou là, que nos pays développés, dont la France par conséquent, pourraient être dépassés et même submergés par les pays émergents. Ainsi sont attisés méfiance et peur, et le souhait, à peine voilé, que cessent les aides apportées par les pays riches au tiers-monde.

Voilà qui peut interroger tous ceux qui, depuis des années, souhaitent que la misère recule sur la planète. Les pays sous-développés, comme on les appelait, étaient la concentration de la pauvreté mondiale. Là, on mourait de faim et de multiples maladies. Plus tard, on les définit comme étant « en voie de développement ».

Aujourd'hui, la misère, hélas, est encore là et maltraite des centaines de millions d'hommes, mais elle a reculé dans ces pays qui en émergent. Et voilà que l'on veut nous effrayer, nous faire croire que nous pourrions être « submergés ». Faudrait-il alors que ces pays replongent dans le drame d'où ils s'efforcent de sortir pour que nous puissions continuer, seuls, à jouir de la vie et des possibilités nouvelles que le progrès nous apporte en matière de santé, de nutrition, de confort ? Cela paraît tout à fait contraire à l'esprit du christianisme, c'est pourquoi Étienne Pinte et Jacques Turck viennent de publier un petit livre : Extrême droite : pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire (1).

Les auteurs passent en revue ce qui les heurte dans cette idéologie : par exemple l'identité nationale vue comme une éviction de l'étranger ; l'immigration considérée comme menace majeure et même gangrène de notre société, cause de notre chômage ; le souhait de l'arrêt de l'aide médicale aux étrangers, le refus du regroupement familial, la peur de l'autre, le repli sur soi, la fermeture des frontières, la confusion entre nationalisme et patriotisme, etc.  

Vertu du patriotisme, péché du nationalisme 

 Parce qu'ils estiment que les chrétiens doivent faire face au nationalisme, les auteurs rappellent les positions de l'Église sur cette question. Ils s'en réfèrent à Mgr Jullien, ancien archevêque de Rennes, qui la traita dans une homélie très éclairante prononcée le 11 novembre 1985, intitulée Vertu du patriotisme et péché du nationalisme : « Le patriotisme est une vertu. C'est une question de vérité, de reconnaissance, de gratitude, de justice, vis-à-vis de la communauté nationale. Le signe que notre patriotisme se situe dans la mouvance de la justice et de la charité, c'est précisément son ouverture aux autres patriotismes, son ouverture au patriotisme des autres. Un nationalisme fermé aux droits des autres est une atteinte à la communauté humaine, à la fraternité des hommes et à la paternité de Dieu notre Père. » 

Par ailleurs, le simplisme des solutions proposées par les tenants de cette idéologie d'extrême droite évacue toute la complexité inhérente à notre monde. En effet, ce n'est pas une « démondialisation » impossible qui résoudra les problèmes difficiles auxquels nous avons à faire face. Ce n'est pas le soupçon jeté sur les institutions internationales difficilement élaborées depuis la Seconde Guerre mondiale, ce ne sont pas les attaques contre l'Union européenne ou l'Onu qui favoriseront cette fraternité universelle dont rêvent les chrétiens et, heureusement avec eux, beaucoup d'autres. Ce n'est pas en cultivant la peur, en suscitant indirectement le mépris et la haine que la paix pourra être construite. Voilà pourquoi, face à ces orientations sociales et politiques, les chrétiens, en effet, ne peuvent pas se taire. 

 (1) Éditions de l'Atelier (les Éditions Ouvrières), 51-55, rue Hoche, 94200 Ivry-sur-Seine.

L'Allemagne a-t-elle une dette de guerre envers la Grèce ?

"Les Allemands, qui rechignent à financer un second plan de sauvetage pour la Grèce, devraient se souvenir de tout ce qu'ils ont pillé dans ce pays pendant la Seconde Guerre mondiale [...] Avec les intérêts, ce sont 81 milliards d'euros qui sont dus à Athènes. C'est là une autre façon de voir l'Europe et son histoire."

L'homme qui s'exprime ainsi n'est pas un ancien résistant grec, ni même un membre de l'opposition grecque, il n'est pas grec du tout. Il s'agit de l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit, interpellant mercredi 15 février les responsables allemands au Parlement européen au lendemain du refus de la troïka européenne d'octroyer un deuxième plan d'aide de 130 milliards d'euros à Athènes.
"ILS ONT PRIS L'ARGENT GREC ET NE L'ONT JAMAIS RENDU"
L'Allemagne a-t-elle une dette de guerre non réglée envers la Grèce ? La question peut sembler saugrenue, mais elle a le mérite de replacer la crise de la dette que traverse le continent européen dans un temps long. Montrés du doigt comme de mauvais payeurs, étranglés par plusieurs plans de rigueur, excédés par le "diktat" allemand, les Grecs sont de plus en plus nombreux à renvoyer Berlin aux ardoises du passé.
Début 2010, lors d'un voyage en Allemagne, Theodoros Pangalos, alors vice-premier ministre, avait lancé une bombe sur les ondes de la BBC : "Ils ont pris les réserves d'or de la Banque de Grèce, ils ont pris l'argent grec et ne l'ont jamais rendu. C'est un sujet qu'il faudra bien aborder un jour ou l'autre." En décembre de la même année, le secrétaire d'Etat aux finances hellènes, Philippos  Sahinidis, était allé plus loin en chiffrant la dette allemande envers son pays à 162 milliards d'euros, à comparer au montant de la dette grecque qui s'élevait à 350 milliards d'euros fin 2011.
Plus récemment, c'était au tour du héros de la Résistance Manolis Glezos, 89 ans, connu pour avoir décroché le drapeau nazi de l'Acropole en 1941, de réclamer le remboursement du prêt imposé à la Grèce par le régime nazi. "Avec les dommages de guerre", qu'Athènes se réserve toujours le droit de revendiquer, "c'est 162 milliards d'euros, sans les intérêts", estime-t-il.
BATAILLE DE CHIFFRES
Conbien doit l'Allemagne ? 81 milliards, comme le dit Cohn-Bendit ? 162 milliards, à en croire les revendications grecques ? 68 milliards comme l'affirme Le Point ? ou rien du tout, comme le soutient Berlin ? La bataille de chiffres qui entoure cette question est à la mesure de la complexité de la situation.
Nous sommes en 1941. Le 6 avril, la Wehrmacht envahit la Grèce. Elle y restera jusqu'en 1944. Dans son ouvrage Dans la Grèce d'Hitler, l'historien Mark Mazower estime que la Grèce est le pays qui a le plus souffert du joug nazi – derrière la Russie et la Pologne – et qu'elle a subi un "pillage systématique de ses ressources". En 1941, les nazis imposeront en outre à la Banque centrale grecque, comme ils l'ont fait dans d'autres pays, un prêt de 476 millions de reichsmarks au titre des contributions à l'effort de guerre.
Cet "emprunt" ne sera jamais remboursé, pour la simple raison qu'il ne figure pas dans l'accord de Londres de 1953 qui fixe le montant des dettes extérieures contractées par l'Allemagne entre 1919 et 1945. Afin de ne pas répéter les erreurs du traité de Versailles et de ménager ce nouvel allié de l'Ouest face à la menace communiste, les Etats-Unis consentent à réduire la dette de l'Allemagne de moitié. Les victimes de l'Occupation sont priées d'oublier leurs demandes de réparation. L'objectif stratégique des alliés est d'édifier une Allemagne forte et sereine, plutôt que ruinée par les dettes et humiliée.
Washington obtient surtout des pays bénéficiaires du plan Marshall qu'ils renoncent à exiger immédiatement leur dû, repoussant d'éventuelles réparations à une réunification de l'Allemagne dans le cadre d'un "traité de paix". "A partir de là, l'Allemagne s'est portée comme un charme pendant que le reste de l'Europe se saignait aux quatre veines pour panser les plaies laissées par la guerre et l'occupation allemande", résume l'historien de l'économie allemand Albrecht Ritschl, professeur à la London School of Economics, dans un entretien à Der Spiegel (en version française dans Courrier international).
L'ALLEMAGNE A FAIT TROIS FOIS DÉFAUT
Ce sursis permettra à la RFA de connaître un véritable "miracle économique", le fameux Wirtschaftswunder pendant quatre décennies. Et au moment de passer à la caisse, Bonn s'arrangera pour ne pas honorer ses engagements. Le chancelier Helmut Kohl obtient en effet que le traité de Moscou de 1990 entérinant la réunification ne porte pas la mention "traité de paix", une des conditions figurant dans l'accord de 1953 pour d'éventuels remboursements. "C'était un moyen de continuer à fuir les réparations", souligne le Süddeutsche Zeitung (article traduit en français). En approuvant ce traité, la Grèce a perdu, aux yeux de Berlin, toute légitimité à réclamer des réparations. "Dans la pratique, l'accord de Londres de 1953 libéra les Allemands de leur obligation de rembourser leurs dettes de guerre", résume le quotidien allemand.
En d'autres termes, l'actuel champion économique de la zone euro a fait trois fois défaut au cours du XXe siècle : dans les années 1930, en 1953 et en 1990. "L'Allemagne n'a pas réglé ses réparations après 1990 – à l'exception des indemnités versées aux travailleurs forcés, poursuit Albrecht Ritschl dans Der Spiegel. Les crédits prélevés de force dans les pays occupés pendant la Seconde Guerre mondiale et les frais liés à l'Occupation n'ont pas non plus été remboursés. A la Grèce non plus." Or "personne en Grèce n'a oublié que la République fédérale devait sa bonne forme économique aux faveurs consenties par d'autres nations", insiste-t-il.
En tout et pour tout, la République fédérale n'a dédommagé qu'une fois la Grèce : 115 millions de deutsche Marks (environ 58 millions d'euros). C'était en 1960, dans le cadre d'un accord global avec plusieurs pays européens et Israël. Depuis cette date, l'Allemagne estime s'être acquittée de sa dette. Mieux encore, elle n'hésite pas à rappeler qu'elle a "payé depuis 1960 environ 33 milliards de deutsche Marks d'aides à la Grèce, à la fois de façon bilatérale et dans le cadre de l'Union européenne". A quoi il faut ajouter que la Grèce a bénéficié de plus de 700 millions de dollars de l'époque dans le cadre du plan Marshall.
COHN-BENDIT : UNE QUESTION "MORALE"
Sauf qu'en cette période de crise continentale, tout le monde, y compris en Allemagne, ne se satisfait pas des immenses faveurs accordées à Berlin au lendemain de la guerre. Asphyxiés par leurs dettes et pressés par Berlin d'enchaîner les plans d'austérité, les Grecs sont de plus en plus nombreux à vouloir faire partager une partie de leur fardeau à leurs anciens envahisseurs.
La somme de 162 milliards d'euros évoquée va ainsi bien au-delà du seul remboursement du prêt forcé, qu'on estime dans une fourchette comprise entre 54 milliards et 81 milliards d'euros. Elle englobe en outre les 108 milliards évalués lors de la Conférence internationale de paix à Paris pour la réparation des dommages causés par les troupes nazies sur l'infrastructure économique du pays.
Daniel Cohn-Bendit, lui, se place sur un "plan moral" : "Les Allemands, qui se disent vertueux, estiment que les Grecs ont péché et qu'ils doivent payer. Or, ceux qui ont le plus péché, ce sont tout de même les Allemands, dont la dette a pourtant été effacée parce que les Américains y voyaient un intérêt stratégique. Pourquoi ne pas considérer que sauver la Grèce est stratégique, au lieu de mettre ce pays à genoux ?"

"Cadeaux de Sarkozy aux plus riches" : les calculs généreux du PS

Le premier ministre, François Fillon, a accusé à son tour, vendredi 17 février, François Hollande de "mentir", comme l'avait fait la veille Nicolas Sarkozy en meeting à Annecy. "C'est malheureusement vrai" que M. Hollande ment, a déclaré M. Fillon sur RTL, interrogé sur les déclarations jeudi soir de M. Sarkozy, selon lequel François Hollande "ment matin et soir". "J'entendais encore hier [jeudi] François Hollande dire qu'on avait fait 70 milliards d'euros de cadeaux aux plus riches : personne n'est capable de documenter cette affirmation, c'est juste un mensonge !", a lancé le chef du gouvernement. "Quand on demande aux socialistes où sont ces cadeaux, ils mettent pêle-mêle la taxe professionnelle, comme si c'était un cadeau aux plus riches, la TVA sur la restauration, comme si c'était un cadeau aux plus riches, les heures supplémentaires...", a-t-il énuméré.

Premier constat : impossible de trouver mention d'une affirmation de M. Hollande, jeudi, affirmant que le gouvernement aurait "fait 70 milliards d'euros de cadeaux aux plus riches". Invité ce jour-là du 20 h de TF1, le candidat PS n'a pas lancé une telle accusation.


Le Premier ministre François Fillon sur RTL... par rtl-fr
En revanche, son parti, ses soutiens et des membres de son équipe de campagne ont bien lancé cette affirmation ces dernières semaines. Comme l'a évoqué M. Fillon sur RTL, Ségolène Royal a bien soutenu la veille sur la même radio que 75 milliards de baisses d'impôts avaient été accordées pour les plus riches, depuis 2007. "Pendant cinq ans, 1 % des Français ont reçu 15 milliards par an de cadeaux fiscaux", a-t-elle déclaré.
"Il y a eu, depuis 2007 dans ce pays, des cadeaux fiscaux qui ont été accordés à hauteur de 75 milliards d'euros aux plus fortunés", accusait le directeur de campagne de M. Hollande, Pierre Moscovici, le 25 janvier, sur France Inter (écouter à 5, 10 mn). Une affirmation également entendue dans la bouche du porte-parole du PS, Benoît Hamon, début janvier, par exemple.
Un chiffre qu'on retrouve presque à l'identique (70 milliards) dans un tract dénonçant le bilan fiscal de M. Sarkozy, distribué par les jeunes du PS : Pour retrouver une affirmation similaire dans la bouche de François Hollande, il faut remonter aux lendemains de la primaire PS, quand il assurait dans Libération, le 7 novembre : "Depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, 75 milliards de recettes fiscales ont été perdus, en raison d'allégements en faveur des grandes entreprises et des ménages les plus favorisés."
Dans le projet PS, il n'est pas écrit exactement la même chose. Il est assuré "la droite a créé plus de 70 milliards de dépenses fiscales inutiles depuis 2002" mais "seulement" 40 milliards depuis 2007 (voir page 31, en PDF).
Qu'en est-il vraiment ? Il est plutôt vrai d'affirmer que "75 milliards de recettes fiscales" ont été perdues depuis 2007… en comptant large, comme l'a démontré le blog du Monde.fr, "Les Décodeurs", il est en revanche erroné de dire que cette somme correspond entièrement à des cadeaux aux plus riches...
En effet, le 10 novembre, le PS a détaillé dans un article mis en ligne sur son site comment il arrivait à comptabiliser "75 milliards d'euros de cadeaux fiscaux depuis cinq ans". Pour y arriver, les socialistes y additionnent le coût du bouclier fiscal, de la suppression des droits de succession, des intérêts d'emprunt immobilier... Mais aussi de la défiscalisation des heures supplémentaires, de la TVA dans la restauration et de la suppression de la taxe professionnelle.
Or ces trois dernières mesures, citées par M. Fillon, ne peuvent être réduites à des cadeaux fiscaux pour les plus riches. Si l'efficacité de la défiscalisation des heures supplémentaires demeure fortement contestée, la mesure a tout de même apporté un gain moyen de près de 450 euros annuels à 9,2 millions de salariés. De la même manière, le taux de TVA réduit dans la restauration ne peut être réduit à un cadeau fait aux plus riches. Idem pour la réforme de la taxe professionnelle.
Sollicité vendredi par la presse, François Hollande a refusé de répondre aux accusations de mensonge, expliquant qu'il ne voulait pas aller sur ce "terrain-là". Le candidat PS affirme ne pas vouloir se "mettre à ce niveau", considérant "que ça finirait pas lasser les Français s'il n'y avait que des invectives, des polémiques, voire même des insultes".