TOUT EST DIT

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vendredi 10 février 2012

L’Europe est au moins aussi coupable qu’Athènes

La réunion de l’Eurogroupe n'a pas suffit pas à éloigner le spectre de la faillite grecque. Athènes est en grande partie responsable de la situation, mais l'UE et ses partenaires ont aussi contribué à transformer le problème grec en un véritable chaos, estime La Stampa. 

Avec l’accord politique trouvé à Athènes et la réunion, le 9 février, de l’Eurogroupe, les discussions sur la dette grecque ont certes avancé, mais la solution reste, comme toujours, sur le fil du rasoir. Le 15 février est la nouvelle date butoir après laquelle, dit-on, une faillite désordonnée et dangereuse pour toute la zone euro sera inévitable.
Il ne sera pas facile de consolider à temps les engagements du gouvernement grec sur les nouvelles mesures d’austérité, les démarches pour l’octroi des aides européennes et la réduction “volontaire” de la dette publique. Les responsabilités de la Grèce sont évidentes. Mais les erreurs de l’Union dans la manière de gérer la crise sont elles aussi très graves.
Depuis 2009, des ajustement trop précipités pour être corrects, mais aussi politiquement et socialement digestes, ont été demandés aux Grecs. Il aurait fallu mettre plus de soin dans la préparation de réformes structurelles, les programmer sur une durée plus réaliste.
Il aurait fallu en assurer le financement nécessaire, y compris pour des projets spécifiques orientés vers la croissance, sans permetre aux taux sur les nouvelles émissions de titres de la dette publique d’atteindre les niveaux que l’on connaît.
On a préféré justifier une certaine arrogance de l’Europe par le fait que les Grecs avaient triché sur les comptes ; on a donné l’impression que l’importance de la Grèce pour l’Union européenne tenait seulement au risque qu’elle contamine les finances de pays “plus importants”.

La Commission s'est comportée en notaire

L’Europe aurait dû s’employer davantage –  sur le front de la communication et de l’image aussi –  à valoriser les potentialités de la Grèce et à aider sa population à comprendre et à accepter les réformes. Les autorités européennes ont, en outre, laissé se créer de nombreux quiproquos et confusions sur plusieurs aspects. D’abord, elles n’ont pas réussi à limiter les trop nombreux interlocuteurs avec lesquels les Grecs doivent négocier.
La Commission s’est comportée en notaire ; un ensemble complexe d’aides bilatérales a laissé la place aux particularismes de divers gouvernements nationaux ; les chefs de gouvernement français et allemand, en particulier, ont “joué  perso”, alternant exigences et menaces, en jonglant avec les procédures et les échéances.
La Banque centrale européenne a été sollicitée pour jouer un rôle impropre de remplaçante des gouvernements afin d’assurer les financements à moyen et à long terme ; le FMI aussi a été appelé à la rescousse, ce qui a déclenché de nombreuses controverses, donnant l’idée que sans Washington nous manquons d’argent et de compétences pour gérer le problème grec.
Les aides officielles ont été considérées comme des crédits privilégiés, ce qui a eu pour effet d’augmenter les risques pris par les créanciers privés, mais on a laissé les tractations des lobbyistes privés pour la restructuration “volontaire” de la dette, se superposer confusément aux rapports entre les autorités grecques et celles de l’UE.
Une autre confusion s’est installée sur la question de la faillite de la Grèce. D’abord, on l’a complètement éludée, sans tenir compte du fait que les marchés, en réclamant des taux élevés, montraient qu’ils l’envisageaient déjà. Il fallait éviter que la panique ne contamine la dette d’autres pays.
Mais exclure toute idée de faillite implique que l’on donne des garanties de sauvetage que personne ne voulait donner, si bien que la contagion n’a pu être évitée.  Ensuite, on a favorisé des négociations avec les créanciers privés dans la perspective d’une déclaration de défaut partiel et volontaire en assurant, on ne sait trop sur quelles bases, que ce serait une mesure absolument exceptionnelle.

La confusion entre faillite et sortie de l'euro

Entre temps il y a eu de graves cafouillages dans le bilan des banques en matière de règles de comptabilisation des dettes souveraines. On est ainsi passé des stress-test très permissifs, qui considéraient presque tous les titres d’Etat comme non dévaluables, à l’obligation de les évaluer aux prix sacrifiés imposés par le marché.
Après quoi on ne sait plus si le véritable problème est celui de la solvabilité du gouvernement grec ou celle des banques créditrices. L’idée d’accélérer l’adoption d’une procédure valable pour tous afin de renégocier la dette publique lorsqu’elle devient insoutenable sans plus attendre – c’est-à-dire avant que ne s’accélère le cercle vicieux entre la dette et les intérêts qu’elle génère – de manière ordonnée et juste, afin d’éviter toute panique et contagion, n’a pas été prise en compte.
On a même dit qu’une procédure de ce genre augmenterait les risques de contagion. Mais son absence n’évitera pas que, une fois résolu d’une manière ou d’une autre le casse-tête grec, puisse en surgir un autre, par exemple portugais.
A cela s’est ajouté, davantage par la faute de nombreux économistes que de celle des autorités européennes, la confusion entre faillite et sortie de l’euro.  Alors qu’une faillite bien maîtrisée réduit réellement la dette d’un pays, la sortie de l’euro entraînerait des dévaluations sauvages, aussitôt neutralisées par l’inflation et la marginalisation de ce pays par les marchés internationaux.
Quand on répète avec insistance que la zone euro est trop hétérogène et que la Grèce ne devrait pas en faire partie, il serait bon de tenir compte de la façon dont les choses se seraient passées si l’Union européenne avait su éviter tant de désordre et de confusion.

La honte de soi 

Derrière ce tumulte se cache une vérité. Claude Guéant avait pris l’habitude de ces attaques. Mais mardi, la gauche est allée trop loin. Un député socialiste martiniquais, Serge Letchimy, assimilait ses déclarations à l’idéologie nazie. « Ils veulent m’empêcher de parler parce que mes propos les dérangent », m’avait-il confié lors d’une précédente polémique. Le samedi 4 février, il déclarait donc, dans un discours écrit prononcé devant les étudiants de l’Uni : « Il y a des comportements qui n’ont pas leur place dans notre pays, non pas parce qu’ils sont étrangers, mais parce que nous ne les jugeons pas conformes à notre vision du monde, à celle en particulier de la dignité de la femme et de l’homme. Contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. En tout état de cause, nous devons protéger notre civilisation. » Voilà ce qui a provoqué la fureur et les tremblements des porte-parole de la gauche. De cette campagne, on peut se lamenter ; mais en dénonçant « l’idéologie relativiste de gauche », le ministre de l’Intérieur a mis “la plume dans la plaie”. Le scandale illustre la force du parti pris “politiquement correct” pour lequel une phrase comme « toutes les civilisations ne se valent pas » est insupportable. Claude Guéant l’avait déjà souligné dans le Figaro du 12 octobre dernier : « Défendre nos valeurs, c’est mener un combat contre le fanatisme qui menace, contre le prêt à penser d’une certaine idéologie relativiste qui sape les fondements de notre contrat social. » Pour cette idéologie, tout se vaut ; le bien, le mal, le beau, le laid, le vrai, le faux, et même les sexes, ne sont que des valeurs successives et interchangeables selon les modes et l’air du temps. Cela traduit une crise d’identité qui n’est pas nouvelle : « du passé faisons table rase » (l’Internationale) – car ce sont les racines, l’histoire, le travail, qui dessinent un paysage, une maison, une cathédrale, qui construisent un homme et à travers lui une civilisation. Oui, une civilisation est mortelle (Valéry) dès lors que l’on ne s’appuie pas sur elle comme sur une liturgie pour perpétuer la destinée d’une nation. La pensée Mai 68 est passée par là. Le communisme totalitaire a disparu en même temps que le Mur, mais le relativisme a prospéré. Le 14 mai 1968, Georges Pompidou, premier ministre, disait à l’Assemblée : « Je ne vois de précédent dans notre histoire qu’en cette période désespérée que fut le XVe siècle, où s’effondraient les structures du Moyen Âge et où, déjà, les étudiants se révoltaient en Sorbonne. À ce stade, ce n’est plus, croyez-moi, le gouvernement qui est en cause, ni les institutions, ni même la France. C’est notre civilisation elle-même. Tous ceux qui prétendent guider les hommes se doivent d’y songer, parents, maîtres, dirigeants professionnels ou syndicaux, écrivains et journalistes, prêtres et laïcs. » Cette prise de conscience a-t-elle eu lieu ? Dans quelques “camps des saints” sans doute, mais chez les responsables ? C’est une propriété de la gauche française et de son terreau intellectuel que cet interdit prononcé sur la fierté de soi. C’est une singularité fréquente en Occident de pratiquer la mauvaise conscience avec un acharnement tel que cela en devient la honte de soi. Comme si l’on devait avoir honte d’avoir façonné l’histoire de la planète au point que tant de peuples ont adopté nos codes, nos modes de vie et de gouvernement. Les Japonais, les Chinois, ou même les Russes et les Américains et tant d’autres ont-ils honte de leur civilisation ou de leur culture ? Au contraire, ils ne cessent de défendre leur place sur le podium ou de vouloir y accéder. Qu’est-ce que la France sans son universalisme qui l’a portée partout, pour le meilleur et parfois pour le pire, des rives du Mississippi à celles du Mékong, de la Loire au Congo, où elle a laissé ses sillons et ses tombes (Ô Jules Ferry !)… Et cette formidable aventure, on devrait la couvrir d’un linceul comme s’il s’agissait d’une histoire ancienne à enterrer ? C’est pourtant bien parce que la France reste la France que nous sommes allés nous battre dans les faubourgs d’Abidjan, les vallées afghanes et le ciel libyen. Mais si la gauche défend de dire pourquoi et qu’elle était entendue, alors il ne faudrait pas s’étonner que les gamins des quartiers, déjà privés de service militaire, préfèrent s’adresser à l’imam plutôt qu’à l’instituteur. Car l’humanité est ainsi faite qu’il y a toujours une hiérarchie.

Merkel à l'Elysée 

Certains s’offusquent de voir Angela Merkel aux côtés de Nicolas Sarkozy tenir une conférence de presse à l’Élysée. « L’Europe, c’est de la politique intérieure, expliquait-elle récemment dans un entretien au Monde. Nous ne devons plus communiquer seulement de manière diplomatique mais aborder, comme en politique intérieure nationale, les problèmes sans fioritures et les résoudre ainsi. » D’où sa présence à l’Élysée. Que craignent les fonds de pension américains susceptibles d’investir dans la dette européenne ? Que la zone euro explose. De passage à Paris, Christopher Probyn, le chef économiste de State Street, le deuxième gérant de fonds au monde, faisait cette constatation : les forces économiques travaillent à l’éclatement de l’euro. La crise de l’Europe va bien au-delà d’une crise des finances publiques, et aucun plan d’austérité ne saurait à lui seul la résoudre. La création de l’euro n’a pas fait converger les économies des pays de la zone. Comme du temps des monnaies nationales, les coûts des produits fabriqués en France et en Italie ont continué à augmenter plus vite qu’en Allemagne. L’écart de compétitivité s’est détérioré de 20 % en Italie, de 15 % en France par rapport à notre voisin d’outre-Rhin. Du coup, la production industrielle allemande s’est accrue de 20 % tandis qu’elle stagnait en France et chutait de 13 % en Italie. Et de nous interroger : pourquoi continuez-vous sur une voie qui vous fait tant de mal ? La volonté politique va à l’encontre des lois économiques. Cet économiste américain n’est pas le seul à se faire ces réflexions. Pour sortir de la crise, l’Europe n’a d’autre choix que de mettre fin à l’expérience de l’euro, ce qui permettrait de combler les écarts de productivité par des dévaluations, ou aller plus avant dans l’intégration politique européenne, de faire de nos problèmes européens des problèmes intérieurs et les résoudre. La première solution serait douloureuse pour tout le monde : les dévaluations, en France, en Italie, en Espagne, seraient brutales tandis que l’Allemagne verrait son mark ressuscité s’apprécier et ses exportations chuter. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont donc choisi la seconde branche de l’alternative, celle de l’intégration plus poussée et du gouvernement commun. Pour Angela Merkel, l’étape ultime, c’est l’union politique de l’Europe, comme ce fut l’union pour l’Allemagne. Pour Nicolas Sarkozy, c’est l’exercice en commun de la souveraineté de chacun. Cette voie n’est pas plus facile que celle de la sortie de l’euro. L’écart entre l’Allemagne et l’Europe de l’Est d’un côté et les “pays du Club Med” de l’autre est considérable. À l’est du Rhin et de l’Elbe, on sait ce qu’implique un changement radical de régime, l’abandon des protections qu’offrait la société communiste au prix d’une privation de liberté pour plonger dans une économie de marché libre et concurrentielle. Quand en France on cajole la nostalgie des Trente Glorieuses et des acquis sociaux, en Allemagne on médite le douloureux souvenir de l’année zéro, de l’hyper-inflation et de la division du pays. Nous partageons sans doute des valeurs communes, mais le prix à payer pour les défendre est sans doute perçu différemment. Ce qu’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se sont sans doute dit “sans fioritures".

Déjà 

Le candidat socialiste a des envolées quelque peu inquiétantes : s’adressant aux “classes moyennes”, il s’est écrié : « Faites confiance à la gauche, la droite vous a déjà trahi ! » Ce déjà défie toute analyse. À ce point d’énormité, on ne sait plus s’il y faut voir une maladresse de syntaxe ou bien le comble du cynisme : le sapeur Camember ne se distingue pas de Machiavel. En toute logique, la phrase signifie : “faites confiance à la gauche pour vous trahir comme a déjà fait la droite”, ou, si l’on préfère : “la droite vous a déjà trahi, faites maintenant confiance à la gauche, c’est son tour (de vous trahir)”. Aveu singulier, et sans doute prophétique : on n’a besoin de la droite au pouvoir que le temps de faire oublier les trahisons de la gauche, trahisons qui lui sont consubstantielles, puisque, au nom de la sainte utopie, la gauche commence par nier les faits avant de capituler devant eux sans condition, dès que ces faits un peu trop têtus la rattrapent : sans remonter au Déluge, c’est toute l’histoire de l’illusion lyrique du printemps 1981, que l’on célèbre en oubliant toujours de dire par quelles désillusions prosaïques l’aventure s’est terminée en quelques mois. « La syphilis commence par l’amour », disait Malraux. 
Le drame du socialisme est de se prendre pour un commencement perpétuel.

Homos et de droite

Le parti pour lequel ils affichent leur sympathie n'est pas le plus en pointe sur la défense des droits gays. Ni mariage ni adoption au programme de l'UMP... Et pourtant, ils assument leurs convictions. Envers et, parfois, contre tous.
La vidéo a été sortie du placard et tourne sur les sites gays pendant quelques semaines. On est en 2007, à neuf jours de la présidentielle, un Nicolas Sarkozy candidat annonce qu'il mettra en place s'il est élu une union civile pour les homosexuels, célébrée en mairie et garantissant l'égalité des droits avec les hétérosexuels. Il semble enthousiaste. La mesure ne sera jamais adoptée.
En juin 2011, la proposition de loi pour ouvrir le mariage aux homosexuels déposée par le Parti socialiste à l'Assemblée nationale a été rejetée par une écrasante majorité de la droite et du centre. Le débat donne lieu à quelques dérapages homophobes incontrôlés de la part des élus de la Droite populaire. A droite, seuls quelques députés prennent position pour l'égalité des droits. Dont le jeune maire de Coulommiers (Seine-et-Marne), Franck Riester, qui, six mois plus tard, sera le premier parlementaire UMP a faire officiellement son coming-out. Et qui fait aujourd'hui partie des jeunes députés qui portent la bonne parole sarkozyste au même titre que Valérie Rosso-Debord. Début janvier, ultime faux espoir pour la communauté gay : le quotidien Libération annonce que Nicolas Sarkozy pourrait relancer le projet du mariage gay. L'annonce fait grand bruit, mais elle est aussitôt démentie par les proches du président. Quelques semaines plus tard, le candidat François Hollande intègre l'ouverture du droit au mariage et à l'adoption pour les homosexuels dans ses soixante propositions. Enchaînement éprouvant pour les militants homosexuels de droite, à l'heure où une thèse, celle de la droitisation générale de la communauté gay, portée par la sortie remarquée du livre de l'ancien fondateur d'Act Up Didier Lestrade (1), laisse penser que l'UMP aurait tort de délaisser cet électorat. Selon une étude du Cevipof, le centre de recherches de Sciences Po, parue en janvier sur le comportement électoral de la communauté homosexuelle et bisexuelle, il paraît en réalité difficile de parler d'une véritable droitisation des gays : avec 49,5 % des intentions de vote, la gauche renforce encore son monopole pour l'élection présidentielle tandis que la droite parlementaire accuse un nouveau mouvement de rejet (22,5 %). Certes, le Front national progresse, mais dans les mêmes proportions que chez les hétérosexuels (19 %).
Il n'empêche. L'électorat gay existe et il pèse. Avant la présidentielle, M est allé à la rencontre de ces hommes et ces femmes de droite, libéraux ou plus conservateurs, voire extrémistes, militants ou simples sympathisants. Tous sont déçus des promesses non tenues sur l'égalité des droits et dénoncent le retard de la France sur ces questions. Au point, pour certains, de ne plus savoir quel bulletin glisser dans l'urne.

Emmanuel Blanc, le militant

Président fondateur de GayLib, le mouvement des homosexuels de l'UMP, agent immobilier, 41 ans, Parislongtemps d'une exemplaire fidélité et d'une infinie patience envers son parti, il commence à raffermir son verbe. Depuis 2010, les militants de GayLib, le mouvement gay de l'UMP qu'Emmanuel a fondé, ont ôté les couleurs de leur parti pour défiler à la Gay Pride (leur char était régulièrement bloqué par des militants de gauche). Pour la présidentielle, ils ne feront pas campagne pour Nicolas Sarkozy s'il ne s'engage pas, soit sur le mariage, soit sur l'adoption. Emmanuel Blanc est déçu de l'abandon de l'union civile promise en 2007. Fatigué que les dirigeants de l'UMP continuent d'accorder grâce et circonscription à des élus comme Christian Vanneste, " dont l'homophobie est le fonds de commerce " et l'opposition aux droits des homosexuels une constante. " Cela va nous faire perdre des voix et de la crédibilité. " Cet agent immobilier se dit " exaspéré, en tant qu'homosexuel, mais aussi simplement en tant que militant UMP ". Longtemps, ses deux identités ne se sont pas rencontrées. Il était gay. Il était de droite. Issu d'une famille cultivant une pensée de droite libertaire, il a fait une partie de ses études à Harvard, avant de devenir militant-salarié de Démocratie libérale, le mouvement d'Alain Madelin. Milieux ouverts où ses deux identités n'entraient guère en conflit. Et puis il y a eu le débat sur le Pacs en 1998. Expérience traumatisante où il prend conscience, " en pleine face ", de l'hostilité du milieu dans lequel il évolue : " Je découvre une homophobie violente, beauf, là où je travaille, où je milite. " Avec d'autres amis gays, militants comme lui, il monte, en réaction, GayLib. Gros succès dans les rangs des assistants parlementaires : " Chez les non-élus, GayLib a créé un effet d'outing collectif à droite, c'était libérateur. " L'accueil des responsables UDF et RPR est plus circonspect. " A cette époque pas si lointaine, Bayrou était un chrétien réac coincé et il restait pas mal de vieilles biques au RPR. " Mais le courant passe bien avec Alain Juppé, qui soutient d'ailleurs aujourd'hui le mariage homosexuel. L'idée au départ était de combattre l'homophobie par la visibilité. GayLib a depuis évolué vers la défense de l'égalité des droits, en premier lieu le mariage et l'homoparentalité. Les combats sont strictement identiques à ceux des mouvements gays estampillés à gauche. Mais l'étiquette UMP de GayLib suscite de vrais rejets au sein de la communauté homosexuelle. " C'est ridicule, on se bat sur deux fronts : contre l'homophobie de droite et contre l'intolérance à gauche. "
Catherine Michaud, l'égalitariste Cadre bancaire, militante UMP et adhérente GayLib, 28 ans, Paris Chemisier sage et chevalière discrète, elle est l'archétype du classicisme bon chic bon genre. Catherine Michaud parle de son parti, l'UMP, avec la loyauté des bons élèves, " un mouvement libéral, humaniste et tourné vers l'avenir ". Qu'elle a rejoint très jeune parce qu'elle voulait y défendre " les valeurs du travail, de l'effort, du mérite ", " une certaine idée de la France et de la nation ". A la question de savoir si l'on peut être homo et de droite, le ton change, soudain incisif : " Vous voyez, mon homosexualité n'a pas grand-chose à voir là-dedans. " Lors de ses premières années de militantisme à l'UMP du Loiret, l'homosexualité n'était jamais abordée dans les réunions de section. " C'était tabou. "
Aujourd'hui, Catherine Michaud se veut vigilante face aux questions de discrimination, d'homophobie au travail, elle veut se battre pour le mariage, le droit à l'homoparentalité. Pour preuve, son adhésion à GayLib, dont elle est aujourd'hui secrétaire générale. Un engagement qu'elle résume par une formule " non négociable " : " Egalité des droits. " L'union civile promise en 2007 par Nicolas Sarkozy ? " Déjà désuète ", estime-t-elle. C'est du côté des Pays-Bas, de la Belgique ou de l'Espagne qu'elle regarde aujourd'hui. " Ça suffit, il faut vivre avec son temps. " La jeune femme a envie de se marier. Et corrige lorsqu'on parle de " mariage gay " : " C'est mariage pour tous. On ne veut pas un truc spécial, on veut la même chose que les autres. " " E-ga-li-té des droits ", reprend-elle, en détachant chaque syllabe pour marquer sa détermination. Plus tard, elle aimerait adopter les enfants de sa compagne, ou que celle-ci adopte les siens. C'est ainsi qu'elle le formule. La société est " prête ", elle en est sûre. Et l'UMP " presque ". Les " agités " de la Droite populaire " font leur baroud d'honneur ". " Ils ont perdu sur l'IVG, ils ont perdu sur le divorce, nous, les homosexuels, sommes leur dernier combat. " Selon elle, le parti se renouvelle. Les quadras et quinquas, souvent divorcés, ayant eu des familles recomposées, sont " plus ouverts " et " plus réalistes ". Lorsque ces questions seront " réglées ", Catherine Michaud l'espère, être homosexuelle et de droite n'étonnera plus personne.

Helder Constantino, le décomplexé

Etudiant en école de commerce, 23 ans, Toulouse excellent. " C'est ainsi que cet étudiant en école de commerce qualifie le bilan de Nicolas Sarkozy. Helder Constantino adore la politique. S'il n'est pas encarté, il se fait volontiers prosélyte en son cercle, principalement des étudiants, comme lui. En ce moment, la défense de Nicolas Sarkozy est son credo. Un affichage politique qui suscite un étonnement récurrent lié à son homosexualité. " Jeune, homo et de droite, tout le monde trouve cela anormal. " Pas lui. Ces présupposés l'énervent même profondément. Il ne comprend pas en quoi son orientation sexuelle pourrait avoir une quelconque influence sur son orientation politique. D'autant que, pour ce libéral convaincu, la chose politique est avant tout affaire d'économie, non de choix sociétaux. " La sexualité, c'est comme l'écologie, ce sont des engagements personnels, pas politiques. " Il considère pourtant l'égalité des droits comme une " évidence ", et regrette que Nicolas Sarkozy n'ait pas entériné le droit au mariage et à l'homoparentalité. Pour ce jeune homme originaire du Portugal, pays où il a été élevé et qui reconnaît désormais le mariage gay, la France est sur ce sujet un peu anachronique. Mais loin de lui l'idée de jeter la pierre aux dirigeants de l'UMP. On ne peut " forcer la loi contre l'opinion ", " et contre les extrémistes en particulier ", assure-t-il. Et un débat public sur la question serait susceptible de réveiller des démons homophobes auxquels il n'a pas envie de se frotter.
Il ne se battra pas sur le terrain politique pour ses droits, mais il les prendra. Il adoptera, recourra à une mère porteuse. " Comme le font déjà les autres. " Il s'est renseigné. Paiera s'il le faut. La précarité juridique d'une parentalité non reconnue ne l'effraie pas. Ces temps-ci, il emménage avec son copain dans le centre de Toulouse. Il n'envisage pas " une seconde " de ne pas fonder une famille.

Thomas Dupuy, l'extraterrestre

Chef de projet informatique, 39 ans, Paris De droite version gaulliste, il a, dans sa jeunesse, milité au RPR et " adoré " Chirac. A l'époque, il ne s'était pas encore " outé ". La question de s'afficher homo de droite n'existait donc pas. Elevé dans une famille toulousaine " très socialiste ", où Lionel Jospin, ami de la famille, avait gîte et couvert, Thomas Dupuy doit déjà assumer le fait d'être de droite. " J'étais l'extraterrestre. " Vingt ans plus tard, c'est dans une autre famille qu'il joue les êtres venus d'ailleurs, " au sein de la communauté gay militante qui ne comprend pas qu'on puisse ne pas être de gauche quand on est pédé ". Ce milieu, il le fréquente depuis plusieurs années à Paris comme bénévole dans une association. Dans cet univers militant, " machinalement acquis à la gauche ", ce chef de projet informatique évite d'afficher la couleur de ses opinions. " Pour être tranquille. " Laissant prudemment sa droite au placard, comme tant d'autres, ailleurs, y rangent leur homosexualité. Parfois, il se fait " griller ". Comme lorsqu'une fille de son association est tombée sur son compte Facebook et ses statuts sans équivoque sur ses préférences politiques. Une trahison à la cause gay pour cette militante qui lui a fait la tête, s'amuse-t-il. " Généralement, en discutant, ensuite, cela se détend " Il se dit plus agacé et navré que révolté par le phénomène. Selon lui, les positions du Parti socialiste pour la défense du droit des homosexuels sont " avant tout électoralistes ". Il raille cette gauche " qui soudain défend une institution petite-bourgeoise comme le mariage ". Et pourtant, ce presque quadra, très à l'aise dans ses convictions politiques, s'avoue aujourd'hui complètement désarçonné par l'attitude de sa propre famille, l'UMP. Sa tolérance vis-à-vis de l'homophobie de la droite populaire le " désespère ". Et le peu de volonté qu'elle affiche pour faire avancer l'égalité des droits le déçoit profondément. Pour ces raisons-là, et pour la première fois, il ne donnera pas sa voix au candidat de la majorité à l'élection prési-dentielle. " Si c'est Nicolas Sarkozy ", précise-t-il. Le président " et sa bande " incarnent selon lui ces " dérives " qu'il veut sanctionner. Sur qui reportera-t-il son vote ? Seule certitude : il ne basculera pas à gauche. Encore moins à l'extrême droite. " Je suis complètement perdu ", avoue-t-il.

Philippe Galibourg et Cédric Balasse, les traditionalistes

Cadre dans les télécommunications, 34 ans, et aide-soignant, 33 ans, Saint-DenisPhilippe et Cédric vivent ensemble depuis 2006. Ils se sont pacsés en 2010 au tribunal de Saint-Denis " dans un bureau minable, presque un couloir, derrière des plantes vertes en plastique ". Ce n'est pas leur conception de ce que représentent pour eux " l'engagement, le couple et la famille ", valeurs auxquelles ils revendiquent leur attachement. Philippe Galibourg, 34 ans, cadre supérieur dans une société de télécommunications, et Cédric Balasse, 33 ans, aide-soignant, se réclament d'une droite " profonde ", conservatrice et traditionnelle. Une droite qui ne badine pas avec l'amour et les valeurs. Cette même droite qui, à leur grand regret, ne leur accorde pas le droit de se marier ni d'être parents. La question travaille Philippe depuis déjà quelque temps. Il en veut à l'UMP de ne pas évoluer, en particulier sur l'adoption. A tel point que, lorsque DSK était encore un potentiel candidat, il avait pensé voter pour lui. " Pour François Hollande, c'est inenvisageable ", évacue-t-il. Philippe estime que le Parti socialiste est " économiquement dangereux " et ne se voit pas faire passer ses " intérêts particuliers " (le droit des homosexuels) avant " l'intérêt général " (la sauvegarde -économique du pays), " surtout en temps de crise ".Son compagnon a la droite plus dure. Ancien électeur du Front national, Cédric a été " récupéré " en 2007 par Nicolas Sarkozy dont il aime la " franchise ", le " dynamisme " et le " pragmatisme ". Il reproche à la gauche son " hypocrisie " sur la défense du droit des homosexuels. Pour preuve, selon lui, la " bienveillance " du PS envers " la poussée de l'islam en France ". Cédric n'a pas une relation simple avec les religions monothéistes, qui le rejettent " en tant qu'homosexuel ". Elevé dans une famille de petits commerçants " très à droite " et catholiques, il a demandé et obtenu l'apostasie (se faire débaptiser) au Vatican sous Benoît XVI pour ces raisons. Il est aujourd'hui néo-païen. Philippe partage ses inquiétudes sur une radicalisation de l'islam en France qu'ils disent constater quotidiennement en Seine-Saint-Denis. L'homophobie dont elle serait le vecteur les effraie. Cédric : " La société française a incroyablement évolué sur ce sujet, relève-t-il. Je trouve qu'on est trop tolérant sur l'homophobie des musulmans, surtout à gauche où l'on se donne bonne conscience. "Les sorties homophobes de Jean-Marie Le Pen ne l'empêchaient ni de dormir ni de voter lorsqu'il était encore électeur du Front national : " Je la connais cette homophobie, j'ai été élevé avec dans ma famille. C'était autrement plus violent, ça venait de mes parents. " Selon lui, les mentalités ont évolué grâce à des couples comme le leur. " Stable, propre, loin des images véhiculées sur les chars de la Gay Pride. " Cédric pense qu'aujourd'hui sa mère, pourtant " FN à mort ", serait ravie qu'il puisse adopter des enfants.

 

Le roi du Maroc aime le low-cost français

La réindustrialisation, une chimère, un mot jeté dans la campagne présidentielle ? On peut s'interroger avec le lancement d'une usine géante de Renault à Tanger. Le symbole est cruel, plein de paradoxes. Il s'agit tout de même d'inaugurer à l'étranger, sous les auspices du roi, la délocalisation d'un fleuron de l'automobile dont le premier actionnaire est l'État. Au final, de produire au Maroc pour acheter en France puisque les Dacia sont destinées à irriguer aussi le marché européen. À première vue, ça laisse perplexe. Plutôt que d'exporter vers les pays émergents, Renault s'installe chez eux. Dans un monde idéal - qui ne l'est plus depuis que la globalisation a bouleversé la donne -, on se dit qu'il serait préférable de produire en France, de faire travailler des sous-traitants français et d'employer la main-d'œuvre présente sur le sol français. Au lieu de quoi la marque au losange s'en va profiter du dumping social. D'autant moins facile à comprendre qu'éventuellement l'utilitaire Dacia concurrencera le Scénic, que la production de Renault en France décline, que le chômage partiel y sévit. En contrepoint, on se dit que Renault a besoin de conquérir des marchés, ne peut se désintéresser de la voiture low-cost et laisser ses rivaux assembler au Maroc, en Chine demain, des voitures à des prix de revient imbattables. Que ceux qui prônent le repli de Renault donnent leur recette, au-delà de la dénonciation de l'ultra-libéralisme ! Aussi on ne peut raisonnablement parler de scandale d'État. La vraie pression que l'État doit exercer sur Renault, c'est l'obliger à tenir son engagement de ne pas licencier ni de fermer de site.

La zone euro demande davantage à la Grèce

La zone euro a fixé à mercredi un nouveau rendez-vous à la Grèce et lui a demandé de nouveaux efforts, en dépit de l'accord sur l'austérité trouvé hier par la coalition au pouvoir.

Sur le front grec, le soulagement aura été de courte durée. L'espoir d'une sortie de crise après l'annonce d'un accord d'austérité entre les membres de la coalition au pouvoir a été douché plus tard dans la soirée par l'Eurogroupe. En effet, le forum des ministres des Finances de l'Union monétaire n'a pas donné son feu vert hier au déclenchement d'une nouvelle aide cruciale pour la Grèce. «En dépit des progrès importants réalisés ces derniers jours, nous n'avons pas eu tous les éléments nécessaires sur la table pour prendre des décisions» dans l'immédiat, a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à l'issue de la réunion.
Les grands argentiers de la zone euro ont posé trois conditions à l'octroi d'un nouveau prêt à Athènes, et fixé un nouveau rendez-vous à mercredi prochain. Les responsables de la zone euro exigent ainsi que le parlement grec approuve dimanche le plan de rigueur accepté hier dans la journée par les partis politiques grecs et ses créanciers publics. Les ministres des Finances de la zone euro demandent en outre à Athènes de réaliser des «économies supplémentaires à hauteur de 325 millions d'euros» dans le budget 2012 du pays, et ce «d'ici à mercredi», a dit Jean-Claude Juncker.
Enfin, la zone euro attend de «fortes garanties politiques», par écrit, de la part des partis de la coalition au pouvoir à Athènes. «Nous voulons des engagements réels» sur les réformes qui sont menées, a souligné le président de l'Eurogroupe. Le gouvernement grec estaccusé de ne pas remplir toutes les promesses d'économies budgétaires et de réformes promises en échange des prêts internationaux. Toutefois, pour s'assurer que les fonds prêtés iront bien au remboursement de la dette, la proposition franco-allemande de créer un compte bloqué spécial est sérieusement envisagée, a souligné hier le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.
Les doutes de la zone euro sont justifiées: le nouvel accord accepté hier par la coalition au pouvoir a été le jour même dénoncé par le ministre adjoint du Travail, Giannis Koutroumanos et n'a pas reçu le feu vert des conservateurs d'Antonis Samaras. Mais le ministre grec socialiste des Finances, Evangélos Vénizélos, est bien décidé à faire aboutir l'accord. Hier soir, il a mis en demeure les conservateurs de soutenir des économies budgétaires supplémentaires au risque sinon de voir le pays contraint à une sortie de la zone euro.

Sarkozy, candidat ! 

On se demande bien pourquoi les rumeurs ont couru toute la journée d’hier sur l’annonce de la candidature du président de la République. Les médias se sont excités comme des fous sur la date, le lieu et même le stade où il pourrait se déclarer. Mais c’est fait mesdames et messieurs ! C’est fait ! Quand on regardera cette présidentielle 2012 dans le rétroviseur, le petit tour de Nicolas Sarkozy à Fessenheim apparaîtra comme le prologue de sa campagne. Lui-même a jugé bon de faire du teasing de communicant, faisant saliver un public acquis en promettant « des surprises », comme un garnement tout content de jouer un bon tour. Décidément, il y a quelque chose de définitivement enfantin chez cet homme saisi par la gourmandise devant la nouvelle aventure électorale qui s’offre à lui et sur laquelle il est manifestement impatient de se jeter comme un affamé. Croire que la persistance des mauvais sondages pourrait au dernier moment le décourager de s’engager, ce serait bien mal le connaître. En Alsace, la terre qui lui a donné ses meilleurs scores il y a cinq ans, il a montré à quel point l’adversité des pronostics a plutôt tendance à le doper. Le style, la méthode, les éléments de discours donnent aussi une indication sur une stratégie qui sera extrêmement offensive. Il s’agissait de ridiculiser son rival de gauche sur un terrain industriel. Tout un programme. Le chef de l’État est trop professionnel pour se laisser conduire par la témérité. Il s’assure qu’il ne sera pas trahi par le décor ou l’ambiance. À Fessenheim, le succès était acquis d’avance auprès de salariés légitimement inquiets à l’idée de voir s’arrêter leur outil de travail. En défiant François Hollande de venir expliquer ici même leur colère, il propose à son adversaire ce qu’il s’est prudemment gardé de faire ailleurs. Le candidat socialiste est prévenu : il va devoir affronter un tapis de bombes. Redoutable guerrier, le président, qui n’a pas réussi l’opération décrédibilisation, essaie maintenant l’usure. Tout y passera. Fukushima ? Connaît pas. N’en déplaise à Angela, modèle au top, un référendum sur le nucléaire n’est pas pour demain…

Référendum  

Surprise, crac boum, badaboum : notre Président nous propose un référendum — et même deux d’un coup ! C’est gentil de nous demander notre avis. C’est d’ailleurs la première fois en cinq ans, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Notre Président veut nous demander, si nous avons bien tout compris : êtes-vous d’accord pour que les chômeurs travaillent, et pour que les immigrés illégaux soient expulsés ? Sûr que nous ne pourrons que dire oui. Notre Président reprend ainsi une règle bien connue des psychologues et des VRP : les questions les meilleures sont celles qui impliquent l’approbation. Il semblerait cependant que nous n’aurons à répondre que dans plusieurs mois. Il nous faudra d’abord dire oui ou non à une autre question : souhaitez-vous que Nicolas Sarkozy reste président de la République ? Mais ça, ce n’est plus un référendum, ça s’appelle une élection présidentielle.

Panne verte 

Eva Joly ruine, dans les deux sens du terme, les espoirs de ses amis. Créditée d'un résultat (2 %) proche de la marge d'erreur, elle affaiblit politiquement son parti, incapable d'imposer l'écologie dans le débat présidentiel. Et elle l'épuise financièrement avant les législatives. Daniel Cohn-Bendit avait raison : plutôt que de concourir dans une épreuve sans influence sur le fond, mieux valait négocier des circonscriptions pour peser au Parlement. L'échec pressenti risque même de compromettre l'accord PS-Verts. Quel socialiste acceptera d'avoir été sacrifié au profit d'écologistes aussi faibles ? Après la révision à la baisse de son budget de campagne ¯ en dessous de 5 % des suffrages, la dépense n'est pas remboursée ¯ la question du maintien d'Eva Joly se pose. Pour plusieurs raisons qui ne tiennent pas qu'à sa personne. Une élection si personnalisée ne correspond pas à la culture des écologistes. Dans un jeu plus collectif, comme le scrutin de liste des élections européennes, ils savent capter une opinion inquiète du réchauffement climatique ou du pillage de la planète. À l'inverse, ils ont toujours réalisé des petits scores à la présidentielle. Seconde explication, la fusion entre les Verts « canal historique » et Europe Écologie, composée de mouvements d'origines diversifiées, ne se passe pas aussi bien qu'espéré. On l'avait vu lors de la primaire : la défaite de Nicolas Hulot au bénéfice d'Eva Joly témoignait déjà d'un contrôle d'EELV par les Verts. En fait d'élargissement du mouvement, on a plutôt assisté à un recentrage sur son noyau dur. Troisièmement, la crise a modifié la hiérarchie et l'urgence des préoccupations. Les électeurs sont plus préoccupés par le chômage, le prix du logement, le pouvoir d'achat que par un changement de mode de vie qui apparaît ¯ provisoirement ? ¯ comme un luxe. Pour l'heure, les engagements de François Hollande sur le nucléaire leur semblent un risque suffisant. Quatrièmement, il faut beaucoup de temps pour sortir d'une thématique spécialisée et proposer, comme ce sera la cas ce samedi, un projet de gouvernement global et crédible. L'exercice est d'autant plus difficile que les partis traditionnels ont, eux, verdi leurs programmes et que la conjoncture ¯ la crise financière, la compétitivité, etc. ¯ crée des exigences qui peuvent sembler bien lourdes pour être renversées par les réponses écologistes. Tout bien examiné, la personnalité d'Eva Joly n'est qu'un élément conjoncturel. On peut toujours regretter l'élimination de Nicolas Hulot. Mais même la star d'Ushuaïa aurait éprouvé la différence entre une cote d'amour et un résultat électoral. L'ex-juge, quant à elle, découvre la violence d'un combat qu'elle affronte avec un handicap qui va bien au-delà de son style, objet d'attaques insultantes. Eva Joly a une pensée globale qui relie constamment le village et la planète, l'oppression sociale et l'exploitation des richesses, les appétits financiers et les ravages environnementaux. Cette réflexion complexe, inadaptée au monde du slogan et aux nouveaux formats médiatiques, la rend inaudible. Et sa méconnaissance des règles de la politique la fait paraître pour sectaire. Ça fait beaucoup pour espérer un score !

Un réchauffement climatique de 2 à 5 °C d'ici 2100 se confirme

Des simulations climatiques établies par des scientifiques français, incluant les connaissances les plus récentes sur le climat, confirment que la hausse de la température de la planète devrait atteindre 2 à 5 °C en 2100, ont annoncé jeudi 9 février les organismes de recherche. 
En vue du prochain rapport du Groupe d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), état des lieux de référence sur le changement climatique dont la prochaine édition sera publiée en 2013-2014, les chercheurs du CNRS, du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et de Météo France ont développé deux nouveaux modèles pour réduire toujours plus les incertitudes liées à la prédiction du climat.

Leur travail confirme les conclusions du dernier rapport, datant de 2007, c'est-à-dire "une tendance à l'augmentation des températures observée à l'horizon 2100 pour tous les scénarios", ont-ils indiqué lors d'une conférence de presse.
LE 'DROIT' D'ÉMETTRE PLUS OU MOINS DE CO2
La hausse pourrait atteindre 3,5 °C à 5 °C dans le scénario le plus "pessimiste" des quatre modélisés par les climatologues et 2 °C environ pour le plus "optimiste", possible en cas de mesures fortes et rapides contre les gaz à effet de serre, à l'origine du changement climatique.
"Ces quatre scénarios reposent sur la perturbation que l'homme fait sur le climat, principalement par les émissions de gaz à effet de serre et les aérosols et par la modification de l'occupation des sols", a expliqué Stéphane Hallegatte, ingénieur Météo France, chercheur au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement. "Se placer sur l'un ou l'autre de ces scénarios correspond à avoir le 'droit' d'émettre plus ou moins de CO2 dans les décennies et les siècles à venir", a-t-il expliqué.
Pour tenter de réduire les incertitudes, les scientifiques français ont veillé à ce que ces modèles intègrent de mieux en mieux des effets comme les échanges de CO2 entre les océans et l'atmosphère ou l'effet des nuages. Ce travail doit aussi constituer un premier pas pour améliorer la capacité à prévoir le climat dans le futur proche, dans les dix à trente ans, même si, dans ce domaine encore neuf, "cela reste un challenge", a reconnu Christophe Cassou, chargé de recherche au CNRS.

Feu vert aux Etats-Unis à la construction de réacteurs nucléaires

Les autorités fédérales américaines ont donné jeudi 9 février leur feu vert final à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires aux Etats-Unis, pour la première fois depuis 1978. La Commission de régulation du nucléaire a approuvé lors d'une séance publique diffusée en ligne une résolution autorisant "la construction et la mise en service des réacteurs trois et quatre de Vogtle". Cette centrale nucléaire située en Géorgie est exploitée par la société Southern Nuclear.

Les deux nouveaux réacteurs devant y être construits sont des réacteurs Toshiba AP1000. Le permis de construire a été accordé en dépit de l'opposition du président de la Nuclear Regulatory Commission (NRC), Gregory Jaczko. "Je ne peux pas soutenir la délivrance de cette autorisation comme si Fukushima n'avait jamais eu lieu", or "à mes yeux, c'est ce que nous sommes en train de faire", a déclaré M. Jaczko.
MISE EN SERVICE EN 2016
L'aval de la NRC permet à Southern Nuclear d'achever des travaux de construction déjà bien entamés. Il est prévu que les réacteurs entrent en service à partir de 2016. Les réacteurs trois et quatre de Vogtle seront les premiers réacteurs nucléaires à entrer en service aux Etats-Unis depuis l'inauguration de la centrale de River Bend, en Lousiane, en 1986. L'essor de l'industrie nucléaire avait été coupé dans le pays après l'accident de 1979 à la centrale de Three Mile Island en Pennsylvanie, où l'intérieur d'un réacteur avait fondu.
Le gouvernement du président George Bush fils (2001-2009) et celui de son successeur Barack Obama ont pris plusieurs mesures destinées à relancer cette industrie. Ces efforts se heurtent à plusieurs obstacles, de nature politique avec l'arrivée d'une majorité républicaine peu favorable au nucléaire à la chambre basse en 2011, économique avec la concurrence du gaz, et enfin écologique en raison des craintes soulevées par l'accident de Fukushima.

Les syndicats appellent à une mobilisation nationale le 29 février

Les cinq confédérations (CGT, CFDT, FSU, UNSA et Solidaires) ont appelé les salariés à une mobilisation nationale le 29 février pour "la justice sociale", mais la CFDT ne déterminera les modalités de son engagement qu'à la mi-février, ont annoncé les syndicats dans une déclaration commune, à l'issue de leur rencontre jeudi 9 février.

La CGT, la FSU, l'UNSA et Solidaires "appellent à faire du 29 février une puissante journée d'actions passant notamment par des rassemblements et des manifestations interprofessionnelles", selon le texte rédigé à l'issue de quatre heures de réunion. "Pour une Europe sociale fondée sur la solidarité, la justice et la cohésion sociale, les organisations syndicales CGT, FSU, Solidaires, UNSA s'engagent dans cette mobilisation en y impliquant largement tous les salariés, partout dans les entreprises et les administrations", ajoute la déclaration commune.
"LES MESURES D'AUSTÉRITÉ NE SONT PAS LA RÉPONSE"
Les cinq syndicats français soulignent qu'"en France, la situation de l'emploi continue de se dégrader et que l'augmentation de la TVA ne fera qu'aggraver les inégalités". Selon eux, "les mesures d'austérité ne sont pas la réponse à la crise, au contraire, elles produisent d'énormes dégâts sociaux. On ne peut pas continuer à imposer des mesures qui ne marchent pas, qui enfoncent les pays dans la crise et appauvrissent de plus en plus de salariés, chômeurs et retraités".
Or, "le projet de traité (...) qui sera à l'ordre du jour du sommet européen de mars 2012 renforcerait l'austérité", "son principal objectif étant de réduire au maximum [sic] les déficits publics quels qu'en soient les impacts sociaux", affirme la déclaration commune. La Confédération européenne des syndicats (CES) organise le 29 février une journée d'action européenne, à la veille du Conseil européen.
La CFDT, qui a signé elle aussi le texte final, précise toutefois qu'elle "décidera lors de son conseil national des 14 et 15 février les modalités de son engagement dans cette mobilisation". Plus tôt dans la journée, le numéro un de la CFDT, François Chérèque, avait indiqué ne pas souhaiter que la journée d'action du 29 février ait "un caractère politique ou électoraliste", à quelques semaines de la présidentielle.
IL N'Y A PAS DE COHÉSION SOCIALE SANS RICHESSE. FABRIQUONS DE LA RICHESSE ET LA COHÉSION VIENDRA.

L'Amasie, futur supercontinent, pourrait se créer au pôle Nord

Un supercontinent réunissant quasiment toutes les terres du globe, sauf peut-être l'Antarctique, pourrait se former autour du pôle Nord dans un avenir très lointain, selon une étude (sur abonnement) parue jeudi 9 février dans la revue scientifique britannique Nature. Ce nouveau supercontinent, baptisé "Amasie", né de la fusion des Amériques avec l'Europe et l'Asie et de la fermeture de l'océan Arctique et de la mer des Caraïbes, pourrait se créer d'ici 50 à 200 millions d'années, à la suite de mouvements progressifs des continents pendant des dizaines de millions d'années.
Au cours de l'histoire de la Terre, plusieurs supercontinents – la Pangée, Rodinia, Nuna – se sont assemblés tous les 700 à 800 millions d'années, avant de se disloquer. Le ballet des supercontinents repose-t-il sur des règles précises permettant de savoir où sera créé le suivant ?
La Pangée, dernier supercontinent créé voici quelque 300 millions d'années, avait regroupé les masses terrestres au niveau de l'équateur, en les concentrant autour de la position actuelle de l'Afrique de l'Ouest.
Deux hypothèses contradictoires sur la formation des supercontinents avaient jusque-là été formulées : le successeur de la Pangée se reformerait à la place de son prédecesseur (théorie de "l'introversion"), ou au contraire, dans l'hémisphère opposé ("extroversion") mais toujours au niveau de l'équateur.
Ross Mitchell et ses collègues de l'université de Yale (Etats-Unis) ont cherché à savoir comment se déplacent les continents, alors que la croûte terrestre est constituée d'une mosaïque de plaques flottant sur la matière du manteau. Son équipe propose un troisième modèle : "l'orthoversion". Selon cette théorie, l'Amasie devrait se créer à un angle de 90° par rapport à l'ancienne Pangée, c'est-à-dire au niveau de l'Arctique, et non à proximité de l'équateur.

Les Amériques resteraient au niveau de la ceinture de feu du Pacifique, marquant les zones de subduction, c'est-à-dire là où les plaques tectoniques s'enfoncent sous la croûte terrestre. Les deux Amériques fusionneraient, avant de migrer vers le Nord, et d'entrer en collision avec l'Europe et l'Asie, là où se situe approximativement le pôle Nord.
Les chercheurs estiment que leur modèle est cohérent avec l'analyse du magnétisme d'anciennes roches qui ont gardé la trace de l'orientation du champ magnétique terrestre au moment de leur formation.
Voici quelque 300 milions d'années, la Pangée se serait formée à environ 90° de la position du précédent supercontinent, Rodinia. Et la création de Rodinia, voici 1 milliard d'années, aurait obéi à la même règle, par rapport à la position de son prédécesseur Nuna, ayant existé il y a environ 1,8 milliard d'années.