TOUT EST DIT

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jeudi 9 février 2012

Grèce: Mario Draghi confirme l'accord

La Banque centrale européenne (BCE), par la voix de son président, Mario Draghi, a confirmé aujourd'hui qu'un accord gouvernemental sur le plan de rigeur avait été trouvé entre les partis politques grecs.

Un accord "final sur le paquet de mesures" de rigueur réclamées par les créanciers de la Grèce, UE et FMI, a été conclu au sein du gouvernement grec de coalition, avait préalablement indiqué une source gouvernementale.

Éviter un défaut de paiment

Cet accord intervient au lendemain d'une réunion de huit heures entre les partis de la coalition au pouvoir qui n'avait rien donné, les négociations acchoppant sur un différent sur la question des retraites. À l'issue de cette réunion, le premier ministre grec Lucas Papademos semblait pourtant confiant. Ce «seul point de divergence», selon son cabinet, devrait être aplani «avant la réunion de l'Eurogroupe» prévue aujourd'hui.

La troïka (Union européenne, BCE, FMI) exige de la Grèce de faire davantage d'efforts de rigueur si elle veut recevoir le nouveau prêt de 130 milliards d'euros qui doit lui permettre éviter un défaut de paiement le 20 mars.

Les députés de l'UMP reprennent confiance

Malgré les sondages défavorables, les élus de la majorité sont persuadés que le président, presque candidat, l'emportera grâce à sa «crédibilité».

En dépit des sondages, les députés UMP ont repris confiance dans leur champion, dont ils vantent «la crédibilité» et «la stature de chef d'État». «Les sondages sont très surestimés pour la gauche. Dès qu'il sera candidat, Nicolas Sarkozy fera un bond certain», assure Philippe Briand (Indre-et-Loire). Le député chiraquien a fait florès avec sa comparaison boursière: «J'achetais du Chirac à 14% en janvier 1995. Et il a gagné. Avec du Sarkozy à 25% en début de campagne, c'est un placement de père de famille!» Tous assurent que le président, presque candidat, l'emportera grâce à sa «crédibilité». «Le programme de François Hollande n'est pas crédible sur le plan économique. Ses promesses ne sont pas à la hauteur des enjeux. Sur le terrain de la crédibilité, Sarkozy l'emporte évidemment sur Hollande», affirme Valérie Boyer (Bouches-du-Rhône).
«La confrontation permettra de voir la différence des personnalités, des projets, des visions d'avenir. On a un président qui sait très bien où il est et où il va», renchérit Françoise Guégot (Seine-Maritime). Pour le libéral Jean-Michel Fourgous (Yvelines), «le face-à-face télévisé entre Sarkozy et Hollande sera un vrai moment de vérité pour le candidat socialiste, parce qu'il y a trop d'écart entre l'image qu'il vend et la réalité de sa compétence». Sur le terrain, affirme l'ancienne ministre Michèle Alliot-Marie (Pyrénées-Atlantiques), «de plus en plus de personnes disent que Nicolas Sarkozy est le seul à même de préserver les intérêts des Français». En d'autres termes, Jacques Myard (Yvelines) estime qu'il est «le meilleur pour conduire le char de l'État dans la tourmente». La présidente de la commission des affaires culturelles, Michèle Tabarot (Alpes-Maritimes), croit en un «électrochoc» entre les deux hommes. «La stature de chef d'État de Nicolas Sarkozy est le principal atout pour nous», ajoute-t-elle.

«Une campagne se joue dans les derniers mètres»

Beaucoup reconnaissent que cette période de précampagne n'est pas facile à gérer pour eux. «Nous subissons depuis un an les mensonges et les approximations sur notre propre travail. Et nous sommes en ordre de bataille pour cette campagne qui sera l'occasion de rétablir notre vérité sur tout ce qui a été fait», explique Christian Kert (Bouches-du-Rhône). Pas facile, en effet, de contenir l'impatience des militants, qui veulent connaître leur feuille de route d'ici au 22 avril, date du premier tour de l'élection présidentielle. Les députés UMP se sont faits à l'idée que Nicolas Sarkozy est «le maître du temps», selon la formule d'Élie Aboud (Hérault), qui pense que «la clarté de ses idées prendra le dessus sur la confusion de celles d'Hollande».
«Une campagne se joue dans les derniers mètres. Et comme on dit chez moi, François Hollande ne tient pas la marée», lance le député breton Marc Le Fur (Côtes d'Armor). Son voisin François Goulard (Morbihan) rappelle que «jamais Hollande n'a été à ce point de compétition» et que «rares sont les candidats qui ont été élus président la première fois», hormis Valéry Giscard d'Estaing et… Nicolas Sarkozy.

LA "CA(O)MPAGNE" DE HOLLANDE !!!I


Nadine Morano, mi-bécasse, mi-Castafiore  


On s'offre les polémiques qu'on peut. Nadine Morano peut peu. Certains en déclenchent sur la civilisation ; elle, sur le look. « Le problème d'Eva Joly », a-t-elle philosophé, c'est certes son « accent », mais aussi son « physique ». Comprendre que la candidate écologiste n'obéit pas aux canons de beauté du politiquement correct. Pour dire les choses : elle ne trouve pas Eva jolie. Et elle nous explique pourquoi : si son « physique » laisse à désirer, c'est parce qu'elle n'a pas été modelée par les communicants. Il faudrait donc, dans la civilisation reculée des Morano, la droite authentique brute de décoffrage, avoir été formaté par les conseillers en image car « l'emballage », on appréciera la délicatesse du propos, chez une personnalité publique ça compte ! On s'est demandé, la lisant, si notre ministre n'avait pas plutôt besoin d'un ravalement de... méninges qui soignerait les dérapages verbaux. Elle a encore élevé le débat sur les cimes de la médiocrité en s'en prenant à Ségolène Royal, passée par la médecine esthétique (sic). On la savait douée du sens de la répartie, porte-flingue gouailleuse prompte à défendre Nicolas Sarkozy et à agonir la gauche. Gâchette sans finesse, sniper sans subtilité. Telle est sa fonction : mater l'adversaire, flatter son champion. Populaire chez les militants, exaspérante pour les autres. Le problème de Nadine Morano, outre qu'elle juge désormais au faciès, c'est la vacuité de son omniprésence. Elle twitte sans réfléchir, réplique sans avoir écouté, n'exprime plus d'idées. Elle ressemble à s'y méprendre à sa marionnette des Guignols, aux confins de la vulgarité. Un peu Castafiore, un peu bécasse, un peu poissonnière...

PALUCHES ?

De la civilisation au nazisme… Et puis quoi encore ? 

La polémique autour des propos de Claude Guéant sur les civilisations (Présent du 7 février) a pris un tour violent mardi, à l’Assemblée, lorsque le député apparenté PS de la Martinique Serge Letchimy a attaqué bille en tête Claude Guéant. Il est vrai que, depuis dimanche, la gauche ne digère pas les propos du ministre de l’Intérieur sur les civilisations, malgré ses dénégations et les assurances adressées, notamment, aux musulmans français. Mais Serge Letchimy a été plus loin encore en se lançant dans une longue et virulente diatribe contre Claude Guéant : CITATION « Nous savions que pour M. Guéant la distance entre immigration et invasion est totalement inexistante et qu’il peut savamment entretenir la confusion entre civilisation et régime politique. « Ça n’est pas un dérapage, c’est une constante parfaitement volontaire. En clair, c’est un état d’esprit et c’est presque une croisade. M. Guéant vous déclarez du fond de votre abîme, sans remord ni regret, que toutes les civilisations ne se valent pas. Que certaines seraient plus avancées voire supérieures. « Non M. Guéant, ce n’est pas “du bon sens”, c’est simplement une injure qui est faite à l’Homme. C’est une négation de la richesse des aventures humaines. C’est un attentat contre le concert des peuples, des cultures et des civilisations. « Aucune civilisation ne détient l’apanage des ténèbres ou de l’auguste éclat. Aucun peuple n’a le monopole de la beauté, de la science du progrès ou de l’intelligence. « Montaigne disait “chaque homme porte la forme entière d’une humaine condition”. J’y souscris. Mais vous, M. Guéant, vous privilégiez l’ombre. « Vous nous ramenez jour après jour à des idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration au bout du long chapelet esclavagiste et colonial. « Le régime nazi, si soucieux de purification, était-ce une civilisation ? La barbarie de l’esclavage et de la colonisation, était-ce une mission civilisatrice ? « Il existe, M. le Premier ministre, une France obscure qui cultive la nostalgie de cette époque, que vous tentez de récupérer sur les terres du FN. (…) » FIN DE CITATION François Fillon n’en écoutera pas davantage. Le brouhaha est devenu indescriptible, et il quitte l’hémicycle suivi de l’ensemble du gouvernement, avant que le président de l’Assemblée, Bernard Accoyer, qui réunira spécialement le bureau de l’Assemblée sur le sujet, ne coupe la parole à l’orateur. Depuis, droite et gauche jouent au petit jeu des « excuses », chacun estimant la déclaration de l’autre intolérable, et appelant à la rescousse les victimes des pires horreurs que l’humanité ait eu à connaître. Et chacun refuse, au nom de ses origines et du bon sens, de faire quelque démarche que ce soit en ce sens. François Bayrou jubile, qui renvoie dos à dos les responsables de cette « escalade ». Certes ! la parole est « libre » à l’Assemblée, comme le rappelle Ségolène Royal. Ce qui n’oblige en rien à dire tout et n’importe quoi ! On peut en effet s’interroger, comme l’a fait le conseiller spécial du chef de l’Etat, Henri Guaino, sur le rapport avec le nazisme… Avant de quitter l’Assemblée, le Premier ministre aurait pu, effectivement, poser la question, souligner, avec Talleyrand, que « tout ce qui est excessif est insignifiant », et rappeler à une gauche qui se pique d’histoire que le nazisme était avant tout – et le revendiquait – un socialisme.

Moelle  

Le mouvement des marées et le mouvement des capitaux sont les deux mamelles du mouvement perpétuel, a établi Pierre Dac, penseur aujourd’hui trop négligé, heureusement remis à l’affiche d’un cabaret parisien. Ses analyses nous manquent, par exemple à la découverte des dernières recommandations de la Cour des comptes : dépensez moins, nous disent les Sages des Comptes, mais ne succombez pas à l’austérité. Serrez-vous la ceinture, maigrissez plus vite et plus fort, mais surtout n’en mourrez pas… C’est gentil pour nous. Ces Messieurs des Comptes ont certes bien compris que, sinon, la liste des problèmes sociaux qui iront de mal en pis avant de s’arranger, risque fort de s’allonger avant de diminuer. Le problème est que les Rois des Comptes ne nous expliquent pas comment faire toujours moins sans arriver à rien — sinon bien sûr à l’os à moelle, cette métaphore du contribuable.

Faites entrer les accusés 

Cette Cour-là est sans pitié et pourtant respectée. Peut-être parce que sa sentence n’a pas de conséquence. Elle ne dit pas le droit, elle fait les comptes. Et chaque année, elle égrène son boulier, redoutable addition de gaspillages d’autant plus difficiles à excuser que l’argent public vaut de plus en plus cher. Cette fois, pourtant, ses célèbres anecdotes tintent comme des histoires dérisoires dans le fracas d’un jugement qui sonne le glas des dernières illusions de l’élite politique du pays. Le rapport n’aligne pas seulement 1 600 pages de sombres nombres, il dessine une ligne d’horizon étriquée qui laisse peu d’espace, bien peu d’espace, si peu d’espace, aux compétiteurs de la présidentielle. À la lecture d’une telle somme, il leur faudra un haut degré de mental pour s’élever au-dessus des calculs implacables : comment oser les trajectoires de l’imaginaire qui projetteraient la nation vers l’avant quand la crise la retient plus que jamais dans ses rets. L’intérêt d’un tel texte, c’est qu’il échappe aux dédales contingents du pouvoir dont il visite les travers sans complaisance, et sans politesse particulière. Le politiquement correct est décapé à tous les coins de paragraphe laissant apparaître la vérité toute nue d’une France qui parvient de plus en plus difficilement à cacher ses blessures sous sa superbe. Les enjeux de 2012 s’imposent de la même façon à tous les prétendants, invalidant par avance les accusations rustiques et les défenses rudimentaires comme si la Cour leur disait : assez d’enfantillages les enfants ! Le gouvernement est crédité d’efforts incontestables mais largement insuffisants pour espérer réduire sensiblement le déficit public. Les conquérants de la gauche sont prévenus : ils ne pourront pas promettre l’impossible à moins de défier le réel. Les uns et les autres n’ont qu’à bien se tenir. L’autosatisfaction des uns et les fausses illusions des autres sont renvoyées dos à dos. Faites entrer les accusés ? Président de cette Cour des comptes non élue, Philippe Séguin répétait souvent d’un ton fataliste que la politique était l’art de gérer l’impuissance. Issu du PS et placé là par la grâce pluraliste respectable d’un omniprésident UMP, son successeur, Didier Migaud affiche à son tour et dans un autre style une distance qui invite la République au sursaut, et ses élus à un détachement salutaire. Sauront-ils inventer une pratique à la hauteur de ce que leur impose l’inconnu ?

Urgence humanitaire en Syrie 

La peur est en train de changer de camp, disait-on il y a un an. C'était vrai à Tunis, au Caire. Même à Tripoli, le clan Kadhafi s'est mis à trembler. En Syrie, la peur n'a pas changé de camp, elle est partout. Jusque dans ce qui devrait être un sanctuaire, l'hôpital. Les Syriens blessés, qu'ils aient ou non participé aux manifestations, n'osent plus s'y rendre. On y torture. On y meurt. Le bras meurtrier de Bachar, héritier parfait du sanglant Hafez el-Assad, ne tremble pas lorsqu'il s'agit de massacrer les civils. Comme celui de son père. Depuis vendredi, depuis les bombardements sur la ville de Homs, plus de 400 civils ont été tués, s'ajoutant au plus de six mille morts depuis mars 2011. Parmi eux, beaucoup d'enfants. Des familles entières tuées chez elles. L'organisation Médecins sans frontières dénonce une répression sans merci contre les blessés et les personnels soignants. Le Haut-commissaire de l'Onu pour les droits de l'homme demande une action urgente pour protéger les populations civiles. La Syrie est prise dans un étau dramatique, entre la répression féroce du régime et le risque, chaque jour plus grand, d'une guerre civile incontrôlable. On a même le sentiment que les veto russe et chinois contre l'adoption, samedi dernier, d'une résolution du Conseil de Sécurité, pourtant votée par ses treize autres membres, ont été interprétés par Damas comme un blanc-seing pour tuer. Les bombardements ont redoublé. Pour accentuer la pression, liquider les poches de résistance les plus vives, notamment à Homs. Vladimir Poutine, hier encore, a fait une mise en garde contre toute ingérence en Syrie. À trois semaines de l'élection présidentielle russe, il ne faut pas s'attendre à une rhétorique plus souple du côté de Moscou où les livraisons d'armes à Bachar ne suscitent aucun état d'âme. Et pourtant, le temps presse. Pour des raisons humanitaires évidentes. Pour des raisons politiques également. Car la mosaïque confessionnelle que constitue la Syrie, avec ses multiples communautés musulmanes et chrétiennes, est au bord de l'éclatement. Les chrétiens redoutent comme la peste le scénario irakien, synonyme de mort ou d'exode. Les Alaouites, majoritairement concentrés dans l'ouest du pays, peuvent, eux, être tentés de jouer la carte séparatiste. Surtout, la militarisation du conflit, avec les risques de « libanisation » qu'il comporte, fait débat. Au sein du Conseil National Syrien, qui regroupe les différentes tendances de l'opposition, comme chez les diplomates. Si à Paris on reste hostile à une aide militaire directe aux résistants, le sujet n'est plus tabou. Le 14 janvier, le Qatar a prôné l'envoi de troupes arabes. Mardi soir, sur CNN, des sources américaines laissaient entendre qu'une aide militaire aux résistants était à l'étude, même si les options diplomatiques et économiques restent privilégiées. Un avertissement à Moscou ? Sans doute. Au sein de l'armée régulière syrienne, les défections s'accélèrent. De nombreux gradés font maintenant partie d'un conseil suprême basé en Turquie où pourrait se tenir prochainement une grande conférence internationale. Ligue arabe, Turquie, Union européenne, groupe des treize du Conseil de sécurité : la volonté de chasser Bachar est désormais largement partagée. Une transition maîtrisée est peut-être encore gérable. Jusqu'à quand ?

Vieilles pierres et nouveau business

Les amoureux du patrimoine s’offusquent de voir la Grèce dénaturer ses monuments antiques pour plaire au touristes. Elle fait pourtant la même chose que le reste de l’Europe. 

Les commentaires désobligeants ont commencé avant même que le porte-parole du gouvernement grec ait fini de lire le communiqué annonçant que les monuments antiques nationaux feront désormais l’objet d’une exploitation commerciale.
L’Acropole accueillera ainsi des tournages de films d’action et de publicités ; l’Agora d’Athènes, berceau du parlementarisme, ouvrira ses portes aux défilés de mode et aux cascades de 007 ; le cimetière de Céramique et ses 3 000 ans d’histoire serviront de décor à des spots télévisés mettant en scène des érotomanes parfumés qui se touchent dans leur sommeil – voilà à peu près comment les Cassandre voient l’avenir du patrimoine culturel antique en ces temps de crise financière européenne.

Du jour au lendemain, croit-on savoir, le naufrage imminent de la Grèce a fait de l’aïeule de la culture et de la démocratie européenne une putain prête à tout. Or, la négligence dont le pays fait preuve à l’égard de son patrimoine mondial n’est en aucun cas un phénomène récent : pendant les préparatifs des Jeux olympiques de 2004, de célèbres sites antiques comme Marathon ont été lourdement aménagés pour accueillir des épreuves et agrémentés de reproductions douteuses de monuments antiques disparus.
Même les travaux de restauration du Parthénon, qui durent depuis maintenant plusieurs dizaines d’années – et qui ne prévoient pas seulement de remonter les éléments endommagés, mais aussi ceux qui ont disparus – se fondent tout autant sur le goût du tourisme pour les sites les moins abîmés possibles que sur la soif de connaissances archéologiques.

Des décennies de négligence

Parmi les éléments déclencheurs de cette vague de reconversions lourdes, on pourrait mentionner la découverte de la tombe de Philippe II de Macédoine, en 1977, à Vergina (l’antique Aigai), dans le nord de la Grèce. Tout, dans cette découverte, était sensationnel : le fait que la sépulture du père d’Alexandre le Grand ait été retrouvée, l’extraordinaire profusion d’objets d’argent et d’or mis au jour – et le fait que les cendres du souverain aient été emmaillotées dans une étoffe pourpre brodée d’or.
Tous les protagonistes de cette découverte ont compris que beaucoup de gens seraient prêts à faire le pied de grue toute une nuit pour pouvoir poser le regard sur ces vestiges. Immédiatement, les préparatifs d’une exposition événement ont été engagés.
Mais les spécialistes des tissus antiques consultés ont révélé que le dépliage et la conservation de l’étoffe demanderaient des années. A la condition de ne sauver qu’un fragment de l’étoffe, un restaurateur proposait de ramener ce délai à quelques mois. La proposition a été acceptée et l’exposition, montée dans les délais à Thessalonique, a battu des records de fréquentation.
Ce fut la porte ouverte à des décennies de négligence. Conformément à la volonté du Parlement grec, les sites de Delphes ou du palais de Cnossos, en Crète, sont désormais censés accueillir aussi souvent que possible, et moyennant un loyer confortable, les événements de plein air, sans attendre de grands rendez-vous comme les Jeux olympiques.
Est-ce là une raison pour montrer la Grèce du doigt ? Quelqu’un s’est-il indigné, en 2010, lorsque les autorités culturelles italiennes ont accepté, dans l’enceinte du théâtre antique de Pompéi, l’installation de nouveaux sièges et l’invasion d’énormes containers abritant du matériel de scène et des sanitaires, cela dans le but de pouvoir y réorganiser des concerts lucratifs – lesquels étaient interdits depuis 1976 en raison des dégâts considérables causés par les transhumances du public ? Qui songe encore au scandale qui a irrité récemment les Romains lorsque des pierres se sont détachées d’un Colisée usé par des décennies de fréquentation touristique ?

Tous les pays ont fait de leurs sites des poules aux oeufs d'or

Il y a déjà bien longtemps que les lois du marché libre s’appliquent également aux monuments. Tous les pays européens ont rafraîchi leurs sites historiques pour en faire des poules aux oeufs d’or.
Du "Quartier des musées" de Vienne, où les écuries royales de style baroque sont devenues en 1998 le "huitième complexe culturel du monde" grâce à l’ajout de nouvelles constructions excentriques, au minuscule site de Xanten [dans le nord-ouest de l’Allemagne], dont les vestiges romains accueillent un musée en plein air, où des serveurs costumés à la mode antique passent au visiteur des plats d’époque dans des reconstitutions de thermes et d’auberges, les sites historiques deviennent des pôles d’attraction qui permettent à des communes et à des marchés financièrement mal en point de dégager de nouvelles sources de revenus.
Même si elle résiste pour l’heure à la crise, l’Allemagne n’est pas une exception dans ce domaine. Prenons l’exemple de Dresde, qui se targue volontiers d’être le joyau inégalé du baroque. En 2010, après une longue et vaine chasse aux investisseurs, le somptueux Palais Kurländer, détruit par les bombardements de février 1945, y a été relevé de ses ruines.
Non pas pour devenir un musée, une salle de concert ou un lieu culturel quelconque, mais un "pôle événementiel". Sur son site web, la société qui l’exploite promet à ses visiteurs de leur "faire redécouvrir un Palais de conte de fées ramené à la vie", avec sa "magie, toujours omniprésente". Montée dans l’ancienne salle de bal, l’animation-phare du Palais Kurländer est ainsi présentée  : "‘Le Mariage de Dracula’ – un savoureux dîner-spectacle qui ne manque pas de mordant".
Où est la différence avec la marchandisation des sites culturels grecs ? En ces temps de crise de l’euro, la cupidité et l’impécuniosité se côtoient partout. Dos au mur, Athènes fait au vu et au su de tous ce que d’autres font sous le couvert d’une stabilité relative. Dans un cas comme dans l’autre, la victime est toujours le patrimoine – et nous-mêmes, qui, à la place de sites historiques, nous voyons imposer de plus en plus souvent des "pôles événementiels". Contre monnaie sonnante et trébuchante, naturellement.

La “Grexit” n’est plus taboue

En évoquant, comme l’a fait en début de semaine la commissaire Neelie Kroes, la sortie de la Grèce de la zone euro, les dirigeants européens semblent préparer le terrain à cette éventualité. De son côté Athènes continue de négocier avec ses créanciers privés la restructuration de sa dette. 

Bien entendu Neelie Kroes a été rappelée à l’ordre le 7 février par ses collègues de la Commission européenne. La ligne officielle de Bruxelles est et reste qu’il faut maintenir la Grèce à bord coûte que coûte  – et avec un nouveau prêt d’urgence de 130 milliards d’euros. Car s’il tombe une seule pierre, tout l’édifice de l’euro s’effondre.
Le coût dépasserait alors de loin celui de l’aide d’urgence aux Grecs. Le fait que la commissaire à la Société numérique n’ait pas tenu compte, [dans l’interview qu’elle a donnée la veille] dans le Volkskrant, de cette théorie financière des dominos, n’était ni un lapsus ni une gaffe. Ses paroles s’inscrivent dans une tendance qui a été amorcée à l’automne dernier.

"Ces Grecs à la con"

Elle consiste à faire tomber les tabous européens, de sorte que les esprits soient mûrs pour laisser, le cas échéant, les Grecs s’enfoncer dans leur pétrin.
Le premier tabou – le dénigrement des politiciens grecs – a été remis en question en septembre dernier par des diplomates de l’UE.
L’exaspération refoulée depuis des mois au sujet des promesses de réductions des dépenses qu’Athènes oubliait plus rapidement qu’elle ne les appliquait, a abouti à des critiques acérées de la part des diplomates.
On en a assez des atermoiements de ces Grecs à la con” a dit l’un d’entre eux. Un autre a qualifié [la gestion de la crise] de “véritable scandale” ; un troisième avait déjà spéculé à l’époque sur une faillite de la Grèce : “On ne peut pas continuer à pomper. Il y a un moment où le capitaine dit : “Tous aux chaloupes, il faut quitter le navire.
Le deuxième tabou – un pays peut être exclu de la zone euro – a disparu début novembre grâce à la chancelière allemande Angela Merkel et au président français Nicolas Sarkozy.
Lorsque le Premier ministre grec a provoqué leur colère en annonçant un référendum sur les réductions de dépenses, “Merkozy” a laissé entendre qu’une seule question se posait encore : la Grèce reste-t-elle oui on non dans la zone euro ? Il était donc possible de partir.
Le même mois les présidents européens, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, ont mis fin au troisième tabou : l’euro a une fin. Dans un exposé émotif devant le Parlement européen, ils ont tous les deux prévenu que la survie de l’euro serait bel et bien mise en jeu si les dirigeants de l’UE n’intervenaient pas rapidement.

Tout le monde est prêt

Ces dernières semaines, ce futle tour du tabou numéro quatre : un pays de la zone euro peut faire faillite. Une fois de plus Merkel et Sarkozy, mais aussi le ministre néerlandais des Finances Jan Kees De Jager, ont déclaré qu’Athènes pouvait faire une croix sur son deuxième prêt d’urgence de 130 milliards si elle ne satisfaisait pas aux exigences de réduction des dépenses des bailleurs de fonds (l’UE et le FMI).
Et sans cet argent, la Grèce fait faillite, a ajouté pour plus de sûreté le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. Et voilà que la commissaire Kroes fait tomber le cinquième et dernier tabou, qui est en fait plutôt un dogme : la zone euro s’effondre si la Grèce retourne à la drachme. “Ce n’est absolument pas vrai”, déclare Kroes.
Il est à noter que dans ce contexte, la commissaire européenne grec Maria Damanaki (en charge de la Pêche) prétendait déjà le week-end dernier que des plans d’urgence sont prêts à Bruxelles pour la sortie de la Grèce de la zone euro. Ce qui a été démenti par la Commission. Ce que font Merkel, Sarkozy, Kroes et les diplomates de l’UE, c’est permettre la discussion sur la sortie de la Grèce de la zone euro.
Le Premier ministre [néerlandais] Mark Rutte et le ministre des Finances Jan Kees De Jager reconnaissent depuis mardi [7 février] que cette démarche est possible. Non pas qu’elle sera entreprise cette semaine – les négociations extrêmement pénibles qui se déroulent à Athènes entre les bailleurs de fonds et le gouvernement grec aboutiront tout de même probablement à un accord au cours des prochains jours.
Mais toutes les parties concernées savent que dans trois mois, les bailleurs de fonds seront derechef à Athènes pour conclure de nouveau que la Grèce n’a pas tenu ses promesses pour la enième fois. Et tout le monde sera alors prêt pour la sortie de la Grèce. Et personne ne pourra dire que c’est une surprise.


Crise grecque

La sortie grecque ne sera pas une tragédie pour l'UE

Le chaos politique et économique va contraindre la Grèce à faire faillite, écrit Dziennik Gazeta Prawna, qui analyse le dernier rapport publié par Citibank sur la crise grecque.
L’étude, qui évalue à 50% le risque d’un défaut de paiement de la Grèce dans les 18 prochains mois, note que de nombreux facteurs laissent penser que "la sortie de la zone euro serait une tragédie pour la Grèce mais pas pour l’UE ". Pourquoi ?
"Premièrement, à chacun des plans de restructuration, les banques europénnes se sont petit à petit délestées de la dette grecque.  En cas de faillite, les titres grecs deviendront donc sans valeur et les pertes pour les institutions financières de l’UE seront limitées.
Deuxièmement, les marchés financiers ont fait une distinction nette entre les cas grec et portugais, qui sont incapables de survivre sans l’aide extérieure, ainsi que des cas irlandais, espagnol et italien. […] Dans cette situation, Bruxelles a une position beaucoup plus forte dans les négociations avec les Grecs. Toutefois, les pourparlers sont au point mort, et de plus en plus de responsables de l’UE pensent qu’une faillite grecque et la sortie du pays de la zone euro seraient un moindre mal."

La gauche et l'argent

Les socialistes prétendent ne pas aimer les riches mais adorent dépenser. François Hollande renoue avec cette ambiguïté. Heureusement, les classes moyennes sont là pour payer.
Juste, normal, équitable, pédagogique, clair, lucide, prudent… Les mots ne manquent pas chez les conseillers de François Hollande pour faire passer le message : il n’y aurait rien qui puisse faire peur, rien de révolutionnaire dans son programme. Jean-Luc Mélenchon l’a d’ailleurs qualifié de « filet d’eau tiède ». Si le candidat socialiste n’ose pas l’eau bouillante ou la douche glacée, c’est pour mieux rassurer « ces classes moyennes qui n’en peuvent plus ». Ainsi, pour chaque impôt nouveau annoncé, prend-il soin de préciser : « Les seuls qui seront concernés par nos mesures sont les plus hauts revenus, c’est-à-dire ceux qui ont bénéficié des 75 milliards de cadeaux fiscaux cumulés sur le quinquennat. »
La hausse de l’impôt sur le revenu ? Pour ceux qui gagnent plus de 150 000 euros par an. Le rétablissement des anciens taux de l’ISF ? Oui mais pas de retour en arrière sur le relèvement du seuil d’imposition à 1,3 million. Le seuil d’exonération des droits de succession abaissé de 150 000 à 100 000 euros ? Certes, mais avec maintien de l’exonération du conjoint survivant. Le plafonnement du quotient familial ? Seuls les revenus au-dessus de 8 000 euros par mois seraient affectés par la mesure.
Bref tout est fait pour que le plus grand nombre puisse s’identifier à ce concept flou de classes moyennes et se dire que les 30 milliards d’impôts nouveaux qu’implique le programme du candidat socialiste ne les concernent pas.
Les hausses d’impôt pour les autres, qui est contre ? Surtout s’il s’agit des riches, catégorie dans laquelle peu de Français se classent spontanément. Soi-disant épargnés, ils doivent se réjouir du contraste avec la kyrielle de prélèvements supplémentaires que nous ont valu les plans de rigueur de l’an dernier ! Prélèvements sur lesquels François Hollande ne compte pourtant pas revenir en dépit de sa condamnation du bilan de l’actuel quinquennat.
D’ailleurs, les principales nouveautés fiscales ne concernent-elles pas surtout les entreprises (17,2 milliards contre 11,8 pour les ménages) ? Et surtout les très grandes entreprises dont l’impôt sur les sociétés sera porté à 35 %, tandis que pour les petites et moyennes il sera ramené à 30 % et pour les très petites à 15 % (un taux qui existe déjà pour les TPE). La taxation des banques et des compagnies pétrolières frappe des catégories d’entreprises qui ont mauvaise presse.
Les PME seront la priorité du candidat qui les chouchoutera : pour elles, le plafond du Livret de développement durable sera doublé et elles auront plus facilement accès au crédit d’impôt recherche qui, finalement, n’est pas remis en question. Classes moyennes et entreprises moyennes du pays, unissez-vous pour voter Hollande, le candidat du Livret A (dont il veut aussi doubler le plafond pour financer le logement) et du “livret d’épargne industrie” face à Sarkozy, candidat du Cac 40 ! Il doit être bien entendu que l’argent auquel s’attaquera la gauche, ce sera l’argent des autres, pas le vôtre.
Les Français pourront-ils vraiment épargner pour doubler leurs avoirs sur livret, dont la rémunération sera augmentée (avec quel argent) pour être supérieure à l’inflation ? On peut en douter. Car il faudra bien trouver quelque part les 100 milliards nécessaires pour ramener le déficit budgétaire à zéro en 2017 comme François Hollande le promet, tout en engageant au moins 20 milliards de dépenses nouvelles. Même avec 30 milliards d’euros d’impôts nouveaux, le compte n’est pas bon, comme l’a dit Alain Juppé face à François Hollande sur France 2. Celui-ci ne prévoit pas de réductions de dépenses : la révision générale des politiques publiques (RGPP) sera abandonnée, de même que le principe du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Pire, 65 000 nouveaux fonctionnaires seront recrutés, pour l’essentiel dans l’enseignement, mais aussi dans la police, la gendarmerie et la justice. Par un mystérieux tour de passe-passe, ce recrutement se ferait à effectif constant. Sera-ce au prix d’une réduction massive des personnels des armées ? Mais celui qui espère devenir leur chef assure qu’il veillera à ce que ces dernières « disposent des moyens de leur mission et d’une organisation performante » (soixantième proposition de son programme).
Pour faire la différence, François Hollande mise sur la croissance, sans laquelle rien ne sera possible quelque soit le futur président de la République. Sur ce point il a sûrement raison. Reste à savoir si les mesures qu’il propose seront de nature à la stimuler.
L’un des principaux freins à la croissance en France est, de l’avis de nombreux experts, un handicap de compétitivité en raison de l’excès de charges qui pèsent sur les entreprises et les particuliers. Or que propose François Hollande ? D’augmenter le taux de l’impôt des grandes entreprises alors que, rappelle le Medef, celui-ci est déjà supérieur de 3,4 points à celui de l’Allemagne. Il relève leur cotisation retraite de 0,1 %, de même que celle de tous les salariés, pour financer le retour à la retraite à 60 ans pour ceux d’entre eux qui ont cotisé toutes leurs annuités. Il plafonne la déductibilité des intérêts d’emprunt des grands groupes, assujettit l’épargne salariale aux cotisations sociales, supprime l’exonération des heures supplémentaires. Toutes mesures qui alourdissent les charges des entreprises, mais aussi des salariés qui ne sont pas toujours riches, notamment ceux qui font des heures supplémentaires.
En créant un taux d’impôt différencié entre grandes entreprises et PME, François Hollande prend le risque d’accélérer la délocalisation des sièges sociaux des grands groupes et, à terme, la perte du contrôle français sur ces grands noms de l’industrie mon diale qui font encore la force économique du pays et réalisent l’essentiel de nos exportations. Il crée un nouvel effet de seuil alors que la France souffre des barrières qui empêchent ses entreprises de grandir.
Quant aux banques, accusées de ne pas faire leur travail de financement des entreprises, François Hollande propose de les éclater pour séparer les activités de marché des autres activités. Surtaxées et affaiblies au moment où elles doivent renforcer leurs fonds propres en application de la règle de Bâle III, il est douteux qu’elles puissent financer davantage la croissance. Paradoxalement, en affaiblissant les banques françaises, le candidat socialiste encourage la finance anglo-saxonne et les fonds d’investissement, ses adversaires sans visage qu’il dit vouloir combattre. Car il faudra bien que nos entreprises aillent chercher sur les marchés les financements que les banques françaises ne pourront plus leur procurer.
La croissance ne suffira pas pour combler les déficits
Autre obstacle à une reprise de l’activité en France, l’incertitude sur la résolution de la crise européenne. François Hollande, en annonçant qu’il entend renégocier le futur pacte fiscal que s’apprêtent à conclure les États membres de l’Union européenne (à l’exception du Royaume-Uni), ajoute un facteur d’incertitude peu favorable à la reprise. C’est sans doute la raison pour laquelle il prévoyait pour 2012 et 2013 une croissance inférieure aux prévisions du gouvernement, avant que celui-ci ne les révise à la baisse lundi dernier.
Ce n’est donc pas du côté d’un surcroît de croissance qu’il faudra attendre, à court terme, le surplus de recettes nécessaires pour financer les 60 000 nouveaux professeurs, les 150 000 emplois d’avenir, les aides à la réindustrialisation (tout en fermant une usine qui fonctionne, la centrale nucléaire de Fessenheim), la retraite à 60 ans et les autres douceurs promises aux électeurs. Comme l’a dit François Bayrou sur Radio classique, « cela veut dire que les socialistes ont fait une croix sur le retour à l’équilibre simplement pour proposer au pays des mesures agréables que d’ailleurs on ne respectera pas ».
À moins que la clé du financement se trouve dans cette grande réforme fiscale « permettant la fusion à terme de l’impôt sur le revenu et de la CSG dans le cadre d’un prélèvement simplifié sur le revenu » (proposition numéro 14 du programme). Ce qui signifierait un prélèvement à la source, nouvelle charge pour les entreprises, facilement modifiable au gré de la conjoncture, et une CSG qui, de proportionnelle deviendrait progressive. Si tel était le cas, la prétention de François Hollande à vouloir protéger les classes moyennes s’apparenterait à la tactique du Grand Méchant Loup vis-à-vis du Petit Chaperon rouge pour mieux le dévorer. David Victoroff
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