TOUT EST DIT

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mercredi 8 février 2012

A Paris, des commerces moins nombreux mais plus grands

Bonnes et mauvaises nouvelles pour le commerce parisien. La Mairie de Paris a rendu public mercredi 8 février un rapport réalisé en avril, recensant 61 232 commerces en activité à Paris. En comparaison du dernier rapport, réalisé en 2007, ce sont 907 magasins de moins. Mais c'est avant tout parce que ceux-ci se sont agrandis, grâce à des annexions de locaux. La surface totale du commerce dans Paris est donc restée plus ou moins stable, à 4 millions de mètres carrés.
Les principales évolutions du commerce observées entre 2007 et 2011 prolongent des tendances engagées de longue date, indique le document : diminution des commerces traditionnels, hausse des supérettes alimentaires. "D'autres évolutions amorcées plus récemment se relient d'une part au développement de l'Internet, comme la baisse du nombre de librairies ou de magasins photo, et d'autre part à de nouveaux comportements des consommateurs : développement du secteur du bien-être, de la restauration rapide, des deux-roues motorisés."

LES MAGASINS DE NICHE EN PLEINE EXPANSION
Parmi les commerces qui se sont le plus développés, le secteur du bien-être arrive en tête avec 29 % de magasins en plus (+ 410 établissements) : les centres de bronzage, salons de massage, spas et autres instituts de soin du corps sont en forte augmentation.
Vient ensuite la restauration rapide assise, avec une hausse de 28 %, soit 403 restaurants de plus. La restauration rapide debout, type kebab, tend quant à elle à diminuer. Les restaurants asiatiques aussi ont continué à proliférer (+ 17 %, soit 217 restaurants), tandis que les commerces alimentaires traditionnels de niche (+ 13 %, soit 144 commerces) font une poussée récente. Cavistes, magasins de produits régionaux ou étrangers et de produits bio, chocolateries ou torréfacteurs se sont multipliés depuis 2007.
LE COMMERCE DE GROS RELÉGUÉ EN BANLIEUE
Aux côtés des supérettes (+ 16 %, soit 52 magasins), qui ont par ailleurs tendance à élargir leurs horaires d'ouverture, on dénombre seulement 300 commerces de plus de 1 000 m² de surface de vente. "La faible présence des hypermarchés dans Paris intramuros s'explique par un refus fort de la Ville de leur implantation à partir des années 1970", rappelle le document. Ces grandes enseignes concurrencent directement les magasins d'"alimentation générale de moins de 120 m²", ces petites épiceries de quartier, dont le nombre a diminué de 7 % en quatre ans.
Côté baisse : essentiellement le commerce de gros (l'ancien Sentier), pour lequel le nombre de magasins a diminué de 15 % (– 457 établissements). En 2007, les magasins du Sentier s'étaient déplacés vers le quartier Sedaine-Popincourt. Aujourd'hui, ils partent pour beaucoup dans la partie sud d'Aubervilliers, aux dépens du centre de Paris.
Enfin, la libraire-papeterie-presse est également beaucoup moins présente dans Paris (– 14 %, soit 211 commerces de moins). Une tendance déjà constatée dans les enquêtes précédentes, et qui est due, selon l'enquête, "à la multiplication des journaux quotidiens et hebdomadaires gratuits, à la baisse du lectorat de la presse traditionnelle payante face à l'instantanéité et la gratuité d'Internet, ce qui est aussi valable pour l'accès à certains livres".
Cécile Prudhomme

Point Godwin atteint à l'Assemblée  


Sur Internet, il a été établi que plus une discussion polémique se prolongeait et plus il était probable qu'elle se terminerait par une comparaison avec Hitler. Hier, ce « point Godwin » - du nom du juriste qui en a théorisé le concept - a aussi trouvé une confirmation à l'Assemblée nationale. En faisant le lien entre les récents propos de Claude Guéant et les camps de concentration, Serge Letchimy, député apparenté PS de Martinique, a provoqué un prévisible incident de séance et la sortie théâtrale de la droite de l'hémicycle. Rebondissement caricatural à une affaire nauséabonde, débutée avec ce discours « volé » de Claude Guéant qui, se découvrant des qualités d'anthropologue, avait postulé que toutes les civilisations ne se valaient pas. Si les propos du ministre de l'Intérieur peuvent, avec beaucoup de mansuétude, être considérés comme une erreur - au minimum sémantique - ceux de l'élu des Antilles relèvent plus de la faute politique. En soi, il n'est pas faux de rappeler qu'établir une différence entre les civilisations - ou les races - est bien le socle de l'idéologie nazie. Tout comme il peut sembler de « bon sens » de considérer que tous les régimes politiques ne se valent pas « au regard des valeurs humanistes qui sont les nôtres ». Mais si, comme on peut le penser, le propos de Claude Guéant tenait moins du dérapage que de la volonté manifeste de cliver le débat sur des sujets de société, en nourrissant sans le dire l'islamophobie, c'est une erreur de surenchérir sur ce thème. Surtout en faisant de la droite et du gouvernement des victimes outragées… Personne ne gagnera à faire perdurer cette polémique stérile tout autant que stupide.

Le show et le froid  

En 2003, pendant la canicule, Roselyne Bachelot conseillait aux automobilistes “de se garer à l’ombre”. Ayant hérité du portefeuille, Nora Berra doit affronter le grand froid. Sur son blog, un peu rédigé à la hâte, elle recommande aux SDF “de ne pas sortir de chez eux”. Et aussi, sans doute, de vérifier l’isolation des conduites d’eau… On voit qu’au ministère de la Santé, par tous les temps, l’humour prévaut. La rigolade a ses limites, pourtant. Lorsque la température dégringole, la cote du “sans-abri” remonte. Les médias s’agitent à son chevet, l’opinion compatit. Mallaury Nataf a donc choisi le bon moment pour briser la glace. Émergeant d’un long silence, l’ex-starlette de TF1 raconte sa déchéance. Elle qui fit les beaux jours d’une série adolescente, “Le miel et les abeilles”, a mal vieilli. Les services sociaux ont récupéré ses trois enfants. Surtout, “80 jours durant”, la rue lui servit de domicile et les poubelles de garde-manger. Ce qui ne l’empêche pas de fréquenter la manucure… La présumée clocharde, toujours coquette, sonne la charge. Elle dénonce la cupidité de son ancien producteur, Jean-Luc Azoulay, “mauvais juif de la catégorie Madoff et Strauss-Kahn”. Injure antisémite ? Tant pis. Par la grâce du buzz, l’actrice oubliée retrouve la chaleur des spots. Fini de grelotter ! Elle enchaîne les plateaux télés et enregistre d’intéressantes “propositions”. Après un numéro pareil, personne n’ira douter de sa capacité à jouer la comédie…

L’inventaire et le droit 

Le charme du respect des temps de parole à la télévision, c’est l’alternance des acteurs. Quand l’un sort par la porte de TF1, l’autre rentre, à coup sûr, par celle de France Télévisions. La scène a l’apparence d’un plateau. Elle a la réalité d’un prétoire où le jeu de rôles de la démocratie fait se succéder le procureur et l’avocat. Les deux ont été convaincants. Lundi, Nicolas Sarkozy avait crucifié avec efficacité « l’absence de sens de l’État » du candidat socialiste, présumé coupable de vouloir renégocier le dernier traité européen. Mardi, François Hollande a plaidé pour remettre sur le métier un texte qui a oublié de parler de la croissance, déminant, avec une décontraction très étudiée, les arguments de l’accusation. Le duo contradictoire se met donc en place, occupant de plus en plus l’espace, comme en témoigne l’écart qu’il creuse, dans les derniers sondages, avec ses poursuivants Marine Le Pen et François Bayrou. L’hypothèse d’un match à quatre s’éloigne un peu, au moins pour le moment, pour laisser jouer la logique bipolaire de la présidentielle. Hollande a montré hier qu’il serait aussi coriace que le président est battant. Les deux rivaux ont cela de commun qu’ils ne se laissent pas impressionner par l’argument censé les coincer. Le socialiste a, semble-t-il, trouvé la bonne distance. Il a cultivé, hier soir, un calme placide qui ne sera pas le moindre de ses atouts dans la compétition. Évidemment quand il a fallu commenter l’excès de langage de son collègue dans l’hémicycle, il a pris de larges détours. Comment répondre sans se défausser quand le point Godwin – le moment où, dans une conversation, on en vient à faire référence à la Seconde guerre mondiale - a été largement dépassé ? Voire, explosé ? Le candidat a étonné ses camarades par sa maîtrise, en net progrès, des sujets qui fâchent. Il les a surpris, aussi, par son audace en s’engageant à supprimer la Cour de justice de la République, création d’une époque où « l’Etat-PS » avait engendré des affaires peu ragoûtantes. En prêchant pour « la même justice pour tous », le voilà qui se place, le premier, sur le terrain – qui sera très convoité – de la morale publique. Une posture loin d’être innocente quand le cas Woerth ressurgit, enveloppé de ses vastes et encombrantes zones d’ombre.

Ce froid qui tombe à pic  

Le pic de consommation électrique vient d’être allégrement dépassé et notre puissance atomique n’a pas suffi à escalader ce nouvel Everest de mégawatts. Nous voilà donc éclairés et chauffés grâce à l’Allemagne, encore elle qui décidément sait nous vendre de tout, même du vent dont elle fait tourner ses éoliennes. Même du gaz… russe géré par son ancien chancelier Gerhard Schroeder reconverti en livreur de butane pour l’Europe. La facture électrique va donc exploser les compteurs au moment où le prix du carburant atteint de nouveaux… pics ce qui précipite le commerce extérieur vers de nouveaux pics de déficit. Cette chape de froid sur la France révèle l’incapacité à renouveler nos sources énergétiques et nos comportements énergivores, rappelle la nécessité de réguler une fiscalité sur ces dépenses contraintes afin de diminuer leur poids à la fois dans le budget des ménages et sur nos importations. Finalement, cet air polaire tombe à pic pour rappeler les prétendants à l’Élysée comme nous-mêmes à quelques idées et à beaucoup d’efforts pour assurer notre indépendance énergétique et stabiliser les coûts.

Le révélateur allemand 

Le déficit accru des échanges extérieurs de la France en 2011 le confirme, hélas : c'est le film de la dernière décennie qui est mauvais, pas seulement l'image de l'année. Il traduit trois évolutions inquiétantes. L'émiettement continu de notre part du gâteau mondial, le recul persistant de notre pénétration commerciale au sein même de notre marché domestique européen, le délitement de nos rares disciplines d'excellence, automobile en tête. Avec au bout du (mé)compte la perte massive d'emplois industriels : 600 000 en dix ans. Impossible de se cacher derrière les habituels faux-fuyants : facture énergétique, force de l'euro, distorsions de concurrence mondiales. Avec le même environnement domestique, monétaire, énergétique, concurrentiel, l'Allemagne dégage 160 milliards d'excédents. Cherchez l'erreur. Le modèle allemand ne doit, certes, pas être surestimé. Tant il est vrai qu'il s'adosse, opportunément, à une délocalisation de proximité très « rentable » dans la zone d'influence historique d'Europe centrale : Slovaquie, Slovénie... Et qu'il fonctionne sur une flexibilité, une précarité et une modération salariale qui ne sont pas facilement exportables. Il reste que c'est un révélateur efficace de nos lacunes. Au-delà de la compétitivité des coûts, surtout manifeste dans l'agriculture, la réussite germanique est bâtie sur des piliers qui méritent un minimum d'attention. Elle s'appuie sur un effort de recherche-développement substantiel, porté prioritairement par les entreprises privées, à l'inverse du système français. Elle se focalise sur un choix forcené de la qualité et du haut de gamme, celui qui fait la différence entre BMW, Mercedes, Audi et tous les autres. Vous ajoutez un souci constant de présenter une offre globale, de coller à la demande réelle des marchés et non d'imposer son offre, de privilégier les pays émergents, d'assurer un service après-vente sans faille, de chasser en meute... Et vous n'aurez toujours pas fait le tour des avantages comparatifs germaniques si vous n'avez pas identifié ce moteur étonnant de prospérité économique que constitue une démocratie sociale en bon état de marche. Outre-Rhin, patrons et syndicats pratiquent un dialogue musclé mais productif. Ils savent dépasser les guerres de tranchée pour aboutir à des accords gagnants-gagnants dans la durée. Là aussi, cherchez l'erreur. Après une longue période de relative indifférence, nos politiques, présidentiables ou pas, ont décidé de prendre le taureau de la compétitivité par les cornes. C'est une bonne nouvelle, même si le plus dur reste à faire. Car il ne faut pas se leurrer. Il n'y a pas de ciment à prise rapide - financier ou fiscal - pour redresser la maison France à l'exportation. L'Allemagne, encore elle, a mis dix ans pour affûter sa compétitivité actuelle, au prix d'une diète salariale sans doute peu digeste pour les estomacs français. Le regain tricolore exigera des réformes dans la durée, peu compatibles avec la logique court-termiste du politique. Il implique aussi une révolution culturelle de nos élites, peu perceptible pour l'heure. L'entreprise France, c'est un peu comme une grande équipe de foot. Il y a les stars richement dotées et les autres. Tout est fait pour favoriser les grosses pointures, les champions nationaux, au détriment des jeunes talents, les PME prometteuses. Fiscalement, financièrement, réglementairement. Encore une fois, cherchez l'erreur.

Les islamistes se lâchent 

Le leader des salafistes en Egypte s’appelle Yasser Al-Burhami. Les islamistes ayant le vent en poupe, il se lâche. Et quand il parle des chrétiens d’Egypte – les seuls vrais Egyptiens de souche, les Arabo-musulmans n’étant, comme au Maghreb, que des envahisseurs –, il met le paquet : — Est-ce qu’on peut comparer les chrétiens d’Egypte aux Juifs de Médine [qui ont été massacrés par Mahomet…] ? Le cas des Juifs de Médine est un exemple des relations (sic) entre musulmans et infidèles. Les musulmans peuvent adopter toutes les formes de conduite qui furent celles du prophète Mohammed. Quand le prophète Mohammed était encore à La Mecque, il traitait avec les infidèles d’une certaine manière, et quand les musulmans sont en état de faiblesse, ils doivent composer avec les infidèles de cette même façon. Et quand ils sont en position de force ? Eh bien ils peuvent faire comme l’a fait Mahomet avec les Juifs de Médine… En état de faiblesse en arrivant à Médine, il avait composé avec les Juifs, ne les forçant pas à payer l’impôt de capitation (la jizya). « Parce qu’il ne pouvait pas faire autrement à l’époque », explique Yasser Al-Burhami. Et quand il a pu faire autrement ? « Il les a combattus ». Sadok Chourou, lui, est un député tunisien d’Ennahdha, parti qu’on a essayé de nous vendre comme composé d’« islamistes modérés » (les dhimmis ont le secret de l’oxymore). S’exprimant au parlement tunisien il a demandé – en s’appuyant sur un verset du Coran – que les utilisateurs d’internet (les sit-inners et les blogueurs) soient punis. Et punis comment ? Par la mort, la crucifixion, le démembrement ou le bannissement (le bannissement, c’est le côté « modéré » des islamistes. Sa déclaration ayant fait un peu de bruit, on lui a demandé de préciser sa pensée. Il l’a fait volontiers : « C’est juste un constat de ce qui se passe maintenant, ce n’est pas un appel à la haine (sic), mais un appel à mettre fin à ces faits qui sont un crime envers le peuple et méritent un châtiment des plus sévères. » A de telles prises de position en Egypte, en Tunisie, en Libye (où Juppé a lui aussi trouvé, nonobstant l’instauration de la charia, des « islamistes modérés »), on mesure combien le prétendu « printemps arabe » a été totalement contrôlé par les islamistes. Et, à la différence de la Libye où l’on est intervenu pour sauver les opposants à Kadhafi d’un éventuel massacre, il n’y aura personne – il n’y a déjà personne, il n’y a jamais eu personne – pour venir en aide aux Coptes ou aux chrétiens du Nigeria. Retenons cette leçon pour notre pays. Quand ils sont en position de faiblesse, les musulmans composent et avancent à pas feutrés. En attendant d’être un jour en position de force. Et là…

Les Grecs se moquent de nous

Le jeu dure depuis près de deux ans : Athènes fait semblant de se conformer aux exigences de ses créanciers et de ses partenaires, et ceux-ci font mine de croire à ses engagements. Mais, alors que le spectre du défaut approche, le bluff grec ne peut plus durer, estime un éditorialiste d'El Mundo. 

Il est de plus en plus improbable que la Grèce adopte des réformes crédibles. Hier, le 6 février, s'est répétée la même sempiternelle scène à laquelle on assiste depuis deux ans chaque fois qu'Athènes s'apprête à voir ses caisses totalement vides (ce qui devrait certainement se produire en mars prochain) et que l'Union européenne doit à nouveau la mettre sous perfusion financière.
Tout le monde le sait : les Grecs jouent avec le feu. Pourtant, personne ne semble s'en soucier, et les Grecs moins que les autres. Le gouvernement de Lucas Papadémos, un technocrate qui devait réunir autour de lui le soutien de tous les partis afin d'adopter les mesures délicates que Georges Papandréou n'avait osé prendre, s'est révélé aussi immobiliste que son prédécesseur.

Le 6 février, la troïka que forment le FMI, la Banque centrale européenne et la Commission européenne a dû menacer le gouvernement grec des tourments de l'enfer pour qu'il accepte de renvoyer 15 000 fonctionnaires en 2012 pour réduire son déficit. La Grèce compte plus de 700 000 fonctionnaires (sur 11 millions d'habitants), chiffre qu'elle a promis de ramener à 150 000 d'ici à 2015.
Mais elle le fait avec la rapidité de la tortue –  elle avait promis de se séparer de 32 000 agents publics l'année dernière, pour au final n'en congédier que 2 000. Ainsi va la vie en Grèce.

Les Grecs exploitent l'erreur de l'Europe

La troïka demande au gouvernement de baisser le salaire minimum (actuellement plus élevé qu'en Espagne) et les salaires en général, d'éliminer les primes, de diminuer les pensions de retraites et de faire des coupes dans les dépenses publiques –  et la classe politique grecque fait la sourde oreille. Les Grecs savent que l'Europe s'est trompée avec eux, et ils exploitent cette erreur.
L'Allemagne défendait trois principes qu'elle jugeait sacro-saints : no bail out (pas de plan de sauvetage), no default (pas de moratoire sur la dette) et no exit (pas de sortie de l'euro).
Le premier principe est sérieusement fragilisé depuis 2010 et les plans de renflouements de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal. Aujourd'hui, les Grecs font les idiots avec le second principe : hier, [le 6 février] un rapport a été remis au ministre des Finances détaillant toutes les modalités d'un éventuel défaut de paiement.
Et la sortie de la Grèce de l'euro a été évoquée à plusieurs reprises lors des négociations de ces derniers jours. Le gouvernement espagnol n'ignore rien de tout cela. Madrid n'apprécie guère qu'on envisage d'ouvrir la porte de sortie du club de la monnaie unique, car après la Grèce, ce serait au tour du Portugal de la prendre –  et il est impossible de dire où cela s'arrêterait.
Mais les Espagnols aimeraient aussi que la classe politique grecque prenne davantage au sérieux ce qui est en train de se produire. “Nous avons toujours su comment sont les Grecs. Le problème n'est pas seulement économique, il est aussi politique”, assure un haut fonctionnaire espagnol.
Au fond, la sortie de l'euro est une menace moins concrète que la proposition allemande de nommer un proconsul ou l'idée française de créer un compte bloqué où seraient déposées les sommes nécessaires au remboursement des intérêts de la dette.
Les Grecs n'ont jamais éprouvé le moindre sentiment d'infériorité face aux autres Européens. Ils se sont même toujours méfiés de l'idée d'Europe, sauf si cette dernière signifiait le financement de leur train de vie par Bruxelles. Et tout cela, on l'a toujours su, quasiment dès l'entrée de la Grèce dans l'Union.

Anniversaire

Dickens avait déjà décrit la crise

Il y a 200 ans, le 7 février 1812, naissait Charles Dickens. Près d’un siècle et demi après sa mort, en 1870, “notre monde, hélas, ressemble par plusieurs aspects au sien”, note El País. A propos des Temps difficiles, le quotidien espagnol note qu’“aujourd’hui, en pleine crise, avec la Bourse dans le rouge, les impôts au plus haut et les salaires à terre ; avec les gouvernements européens qui tentent de remplir avec de l’argent public le puits sans fond du système financier, et le chômage qui continue de grimper, il est possible que le lecteur soit surpris de voir combien ce roman, publié en 1854, décrit la réalité”.
Sans surprise, c’est la Grèce d’aujourd’hui qui semble évoquer le plus le Londres d’il y a 150 ans : “Ces enfants abandonnés dans la rue par leurs familles, dans l’espoir que quelqu’un les nourrisse, ne pourraient-ils pas figurer dans Oliver Twist, aux côtés des enfants des rues ?” se demande El País.
Contrairement à ses prévisions, note le journal, les injustices du capitalisme n’ont pas provoqué son effondrement : “Il suffit de regarder encore une fois vers la Grèce d’aujourd’hui […] Les télévisions parlent des enfants qui, le matin s’évanouissent de faim en classe et les journaux racontent que, pendant que le pays sollicite l’aide de l’Union européenne, ses potentats s’en vont en Suisse avec plus de 200 milliards d’euros”.