TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 3 février 2012

Qu’est-ce qu’ils en pensent ?

J’ai bien peur que le monde de la finance n’ait pas été affolé par les propos de François Hollande. Personne n’en parlait à Davos, où le candidat socialiste est anonyme. Il y passe pour un social-démocrate français, donc pour un dépensier. En fait personne ne le connaît. Que pensent nos voisins, nos partenaires, de la présidentielle ?


Nicolas Sarkozy garde un préjugé favorable, celui d’avoir tenté de faire bouger les choses. C’est l’opinion des gens qui lisent le Financial Times. Ils admirent aussi sa façon de se saisir d’un problème, de le décortiquer et de vous vendre la solution. Dans l’ensemble, ils sont moins sévères que les Français avec ce président qui est allé de l’avant. Ils le jugent aussi prétentieux, désordonné, inconstant et enfantin, mais il me semble qu’ils le reconduiraient volontiers. Bien sûr, il s’agit du milieu de Davos et les opinions seraient peut-être différentes dans les faubourgs d’Athènes ou les champs du Yorkshire, mais enfin ce qui a paru aux Français si difficile à supporter, le genre présidentiel, n’entre pas en jeu ici où notre régime monarchique est considéré comme la cause de toutes les dérives et de tous les excès dans le comportement des dirigeants.


De François Hollande, ils ne savent donc pas grand-chose. Et puis, il ne leur a pas fait grosse impression, sauf qu’il a une jolie femme. Ils l’ont vu tendu et constipé dans les premiers mois de la campagne, après sa victoire à la primaire. Ils le voient aujourd’hui plus rond et souriant, comme quelqu’un qui a passé son examen. Pour eux, c’est un socialiste français, et qu’est-ce qu’un socialiste français ? un baratineur, un théoricien, quelqu’un qui ignore les réalités du monde et vit toujours au XIXe siècle. Mais les gens de la finance et des affaires sont pragmatiques. Ils se rappellent que si la droite a libéré l’économie en France, c’est la gauche qui a libéré la finance avec Fabius et Bérégovoy et qu’on n’a jamais fait de si belles affaires que sous François Mitterrand. Hollande a beau en faire ses ennemis, ils ne croient pas qu’il puisse leur faire beaucoup de mal. En aurait-il seulement les moyens ?


Des autres candidats, seule Marine Le Pen a un nom familier. Paradoxalement, la personnalité de son père ou la nature du Front national n’y entrent pour rien. C’est la championne de la sortie de l’euro qui a retenu l’attention. Dans tous les pays de la zone représentés à Davos, il existe une opposition plus ou moins forte à la monnaie unique, et l’on sait qu’en Grande-Bretagne l’opinion se divise entre ceux qui ne croient pas à l’euro et ceux qui n’en veulent pas. Aussi Marine Le Pen, considérée ici comme la candidate des chômeurs et des pau­vres, n’inspire-t-elle pas du tout la peur qui l’accompagne d’ordinaire dans les milieux les plus autorisés de son pays natal. Le nationalisme, au demeurant, est la chose la mieux partagée d’une planète en crise.


Le reste, qui n’est pas négligeable, de François Bayrou aux protestataires et aux écologistes, n’entre pas en ligne de compte. Bayrou a été ministre des gouvernements de droite comme Sarkozy, et sa candidature est ressentie comme une affaire de concurrence interne, de rivalité personnelle. Mélenchon amuse souvent, inquiète parfois mais ne surprend jamais : des Mélenchon, des tribuns, il en pousse deux par jour dans les pays du Sud laminés par les exigences des pays du Nord, sans oublier que les pays du Nord en ont aussi, qui vocifèrent contre les menaces que représentent les pays du Sud. Les écologistes français sont un cas à part. Ceux qui les connaissent le mieux, les écologistes allemands, et ils sont nom­breux à Davos, dénoncent leur goût politicien, leur lutte pour le pouvoir et la stérilité de leurs résultats, incapables qu’ils sont de s’allier avec quiconque. Les Américains et les Africains voteraient facilement Sarkozy. Les premiers parce qu’il passe toujours là-bas pour un libéral et que la guerre de Libye a réchauffé les liens transatlantiques. Les seconds parce qu’ils veulent attirer les investisseurs ; à leurs yeux, le président sortant est le candidat du monde des affaires et des marchés. Et puis Hollande ne dispose plus des relais qui servaient ses prédécesseurs ; affaire de génération. Restent les pays neufs, les conquérants. Ils s’en fichent. Ils sont absorbés par leur demande intérieu­re, comme un tigre affamé contemple son nombril.

Le temps d’agir

Tourner la page des 35 heures qui ont plombé notre industrie, taxer la consommation plutôt que le travail, donner autorité au contrat d’entreprise pour arbitrer entre salaires et emploi, ce qui est pur bon sens, et ainsi de suite : Nicolas Sarkozy s’est aussitôt vu opposer la question : que ne l’a-t-il fait depuis qu’il est là ?

Il y a répondu le soir du 29 janvier : il est des circonstances où l’on peut faire comprendre à l’opinion ce qu’elle se refusait à admettre jusque-là. En politique, l’action n’empêche pas la lucidité.

Quand Alain Juppé, alors premier ministre, présenta en novembre 1995 son plan de réforme de la protection sociale et des régimes de retraite, en mettant fin aux régimes spéciaux, il crut pouvoir l’emporter parce qu’il avait le soutien des médias. Il se heurta pourtant à un mur, la grève totale des fonctionnaires concernés – avec l’appui de l’opinion. Après six semaines de conflit, il dut capituler. Il a fallu douze ans pour y revenir : c’est Sarkozy qui l’a fait en novembre 2007, parce que les syndicats n’avaient plus la rue avec eux. Entre-temps, Raffarin et Fillon avaient aligné la durée de cotisation des fonctionnaires sur celle des salariés du privé, au prix d’une très sévère épreuve de force, le 13 mai 2004. On l’a oublié. Comme on a oublié que l’instauration du service minimum dans les transports en commun n’était pas allée de soi, alors qu’aujourd’hui le public se demande bien pourquoi cette loi ne s’applique pas au transport aérien !

Et les universités ? Tout le monde savait qu’il fallait leur donner leur autonomie de gestion si l’on voulait qu’elles figurent dans les classements internationaux. Il n’empêche, quand Nicolas Sarkozy donna instruction à Valérie Pécresse de lancer le chantier, il dut choisir l’été pour échapper aux monômes, assemblées générales de profs et autres descentes de lycéens dans la rue. L’année universitaire 2008 fut néanmoins chaotique, mais la loi est entrée en vigueur. Succès général, et les socialistes qui lui faisaient barrage n’entendent plus la remettre en question.

Faut-il aussi rappeler les cortèges à répétition de centaines de milliers de manifestants, fonctionnaires et enseignants, tout au long de l’année 2010 contre le report à 62 ans de l’âge de la retraite ? Certains estimaient qu’on aurait mieux fait de différer une telle épreuve, à un peu plus d’un an de la campagne présidentielle. Mais l’opinion avait de l’avance sur les manifestations, elle avait compris que la réforme était inéluctable. Pouvait-on forcer la confrontation avec les syndicats avec la fin des 35 heures, le transfert des cotisations sociales et autres sujets qui auraient aggravé le risque de dérapage ? On peut toujours le dire ; après coup, c’est facile.

Là-dessus est arrivée la crise grecque ; elle a occupé l’été et la rentrée 2011. Il y avait le feu à Athènes ; l’incendie allait-il se propager dans le reste de l’Europe, faire exploser l’euro, ruiner les patrimoines ? Cela n’a pas eu lieu. Mais les Grecs, par leurs folies d’abord, leurs émeutes ensuite, leurs souffrances enfin, ont fait, dans le malheur, une redoutable démonstration sous les yeux de leurs voisins : chacun voyait bien que l’on ne pouvait plus accumuler des déficits et de la dette sans qu’un jour se présente l’addition. Certes, à Paris, bien des personnalités éminentes, Michel Camdessus, Michel Pébereau, des ministres des Finances, Francis Mer, Thierry Breton, avaient sonné l’alarme ; François Bayrou l’avait retenu comme thème de campagne. Mais qui s’en souciait il y a cinq ans ? À ses rares amis inquiets, Nicolas Sarkozy confiait au lendemain de son entrée à l’Élysée (avant que Fillon ne parle de finances en faillite) : je ne vais pas saluer mon élection par un plan d’austérité. On se ralliait à l’idée que l’optimisme stimulerait la confiance. La faillite de Lehman et celle de la Grèce ont tout balayé.

C’est ainsi que la même lucidité qui invitait Nicolas Sarkozy à la retenue dans ses réformes lui permet de se réclamer du « devoir de réalité » (par opposition au « rêve » du candidat socialiste) pour aller plus loin. Cette réalité s’impose à nous : il faut changer de « modèle », oublier celui de la dépense publique qui a épuisé ses charmes avec les 35 heures, pour en revenir à l’essentiel, le travail et la production. Avons-nous le choix ? C’est la règle du jeu ; on peut se lamenter, dénoncer l’Europe et l’Allemagne, mais si nous ne la respectons pas, le reste du monde se chargera de nous la rappeler. François Hollande a bien tort de faire semblant de ne pas l’avoir compris. François d'Orcival, de l'Institut

UNE SEMAINE DE DESSIN





FRANÇOIS HOLLANDE C'EST L'ABÎME. 

LA PREUVE:

QUAND JE ME PENCHE SUR LUI, J'AI LE VERTIGE

L'absurdité du système des parrainages


Une impression de déjà vu. En 2007, c'était le père. Aujourd'hui, c'est la fille qui s'alarme de la difficulté du Front national à réunir 500 parrainages pour sa candidature à la présidentielle. Sa thèse est connue : il s'agirait d'un déni de démocratie si le représentant du parti d'extrême droite ne pouvait être présent au scrutin. En revanche, les arguments se sont affûtés. Et le FN a obtenu hier une jolie victoire : le Conseil d'Etat a reconnu la validité de la démarche frontiste et a transmis la question au Conseil constitutionnel, qui se prononcera avant le 22 février. Belle réussite donc pour Marine Le Pen. Après avoir bénéficié de la médiatisation de sa protestation, elle va pouvoir encore occuper le terrain et relancer ainsi sa campagne. Plus profondément, c'est le système même des « parrainages » qui démontre un peu plus son absurdité. Ne permettant même plus de limiter le nombre de candidats, il crée un obstacle choquant au droit légitime en démocratie de pouvoir se présenter devant le suffrage populaire (seul à même de juger du côté « fantaisiste » des candidats et de les légitimer ou pas). À ce titre, la revendication de Marine Le Pen d'un anonymat des signatures, tout comme la proposition d'un député UMP de pouvoir parrainer plusieurs candidats, ne feraient qu'en renforcer l'absurdité. Et la focalisation sur l'échéance présidentielle ne doit pas faire oublier que l'absence de proportionnelle aux législatives est, plus encore, un obstacle aux « expressions pluralistes des opinions et à la participation équitable des partis à la vie démocratique de la nation », que la loi doit garantir, comme l'a acté hier le Conseil d'Etat.

Le monde à l’envers


La « philosophie » économique des dernières décennies reste dans toutes les mémoires. L’industrie lourde a été démantelée la première, partout en Europe. Même les pans les plus modernes de la sidérurgie… Puis c’était au tour de l’industrie manufacturière frappée par les délocalisations et les importations à bas prix. Comme le textile… Rien de grave, assurait-on, car la modernité est aux services, l’argent aussi.


Les résultats ? La croissance phénoménale des « émergents », la Chine en tête, et la stagnation sur le vieux continent. Avec un taux de chômage de plus de 10 % en Europe où ce qui reste des activités manufacturières ne représente plus qu’entre 13 % et 15 % des richesses nationales. Encore faut-il savoir que ces usines travaillent la plupart du temps avec des pièces produites ailleurs. Par exemple dans l’automobile.


Ce n’est pas la seule « révolution économique ». Désormais, la finance rapporte plus que la production. Certes, les risques existent, essentiellement pour les particuliers et peu pour les établissements spécialisés toujours prompts à pleurer chez les États lorsqu’éclatent les bulles de leurs spéculations. On l’a vu !


Mais l’« économie » — un mot à vraiment mettre entre guillemets – continue sa curieuse évolution. Maintenant, elle devient virtuelle en se nourrissant du « buzz » pour le monnayer à l’image de l’incroyable effervescence autour de l’introduction en bourse de Facebook.


Même si ce réseau social n’est pas le premier géant de l’Internet à solliciter les investisseurs, que représente-t-il vraiment dans le réel – bien que ce terme n’ait pas vraiment cours dans le monde de Facebook ? Presque 850 millions de noms avec photos et CV sur des pages d’écran émaillées de publicités ou d’annonces douteuses. Sans doute de quoi solliciter des achats à l’échelle mondiale, en connaissant mieux les consommateurs potentiels qui sans le savoir ont abandonné tout respect de leur vie privée.


Que ce curieux paquetage se vende en titres d’actions, pourquoi pas. Mais que les épargnants et les institutions financières se précipitent sur ce genre de marchandise s’explique mal. D’autant plus mal que des deux côtés de l’Atlantique manquent toujours quelques millions pour renflouer telle ou telle entreprise en difficulté. Des entreprises qui fabriquent du « vrai », qui paient leurs impôts, qui rémunèrent leurs salariés devenant à leur tour des consommateurs pour le plus grand bien de l’économie réelle.


Le monde tourne vraiment à l’envers.

Indignations

Ils sont à la rue, grelottant dans le froid. Ils se rencognent, tentent de s’abriter du vent glacial qui fait l’hiver plus froid encore. Et nous passons, emmitouflés, écharpés, gantés, et très indignés : que fait l’Etat ?…. Il y aura bientôt, vous verrez, surenchère des candidats sur le sujet : zéro SDF d’ici trois ans, dira l’un. Avant deux ans ! promettra l’autre. Mais aucun ne se tournera vers les électeurs indignés, pour demander : et vous, que faites-vous ? Pas question, bien sûr, d’accueillir chez nous ces SDF - ils ne sont pas toujours très propres, et puis ils pourraient s’incruster, prendre goût à notre confort. Mais avons-nous au moins pensé à lui donner la pièce, à celui qui grelottait devant la boulangerie ? Avons-nous fait un chèque à l’association qui nous sollicitait ? On dira que c’est là s’acheter une bonne conscience - et alors, si ça permet de les réchauffer ?

Les naturalisations en panne


Lors de son voyage en Guyane, le président de la République était revenu sur son opposition au vote des étrangers non-membres de l'Union européenne aux élections locales. Il n'est pas le seul à tenir cet argument : si les étrangers résidant en France depuis longtemps veulent voter, ils n'ont qu'à devenir français. Mais encore faut-il le pouvoir. En 2011, le chiffre des naturalisations a chuté de 30 % en un an, passant de 94 500 à 66 000. Une réduction drastique, à inscrire dans le contexte politique plus global de maîtrise de l'immigration. « Avant, sur 70 000 demandes, nous en acceptions 70 %. Désormais, nous en rejetons 60 % », confiait, en novembre dernier, un responsable syndical de la sous-direction d'accès à la nationalité française, cité par Le Monde.

Après les ratés du processus d'intégration à la française, voici donc la panne de la volonté de « faire des Français » autrement que de « sang ». C'était pourtant l'une des richesses de la tradition de notre pays (sauf dans ses heures noires). N'aurions-nous plus envie de partager notre « modèle » ou nos valeurs avec d'autres, jusqu'à les inviter à devenir nos compatriotes dès lors qu'ils vivent sur le sol national ? Rongée par l'inquiétude, la France se replie sur elle-même et ferme les écoutilles de son navire. Les symptômes se multiplient. Ainsi, il a fallu bien des protestations pour rectifier, un peu, une directive qui visait à réduire le nombre des étudiants étrangers diplômés en France autorisés à y travailler ensuite.

Raison garder

Le livre que vient de publier Esther Benbassa, sénatrice Europe Écologie-Les Verts du Val-de-Marne, De l'impossibilité de devenir français, vient à point nommé. L'auteure, née juive en Turquie, a choisi de vivre en France où elle a commencé par enseigner le français, avant de mener une brillante carrière universitaire. Elle sait ce que veut dire d'être régulièrement renvoyé à son « étrangeté ».

Car l'étranger, ce n'est pas aujourd'hui seulement celui qui n'a pas la nationalité française mais, de plus en plus souvent, celui qui n'est pas, comme elle l'écrit, de race blanche et de culture occidentale. Aussi a-t-elle entrepris de démonter les arguments de ceux qui voient dans l'étranger l'ennemi, en particulier dans la personne des arabo-musulmans. « Y a-t-il quelque moyen de faire accéder tous ces Français-là, ceux qui sont de fait considérés comme des citoyens de seconde zone, à une citoyenneté pleine et entière ? », demande-t-elle.

Ce livre de passion prêche, arguments à l'appui, pour la raison. La fermeture n'est pas seulement portée par le discours de l'extrême droite. On le retrouve aussi à gauche chez des partisans d'une laïcité républicaine particulièrement fermée. Mais elle est lourde de menace, car il est dangereux de rejeter dans la marginalité toute une partie de la population qui ne demande en réalité qu'à s'intégrer. Esther Benbassa craint que ce genre de politique ne pousse au désespoir ceux qui sont empêchés de trouver leur place.

Si la turbulente sénatrice du Val-de-Marne a raison, la réduction du nombre des naturalisations devrait nous alarmer : c'est un signal décourageant supplémentaire adressé à ceux qui veulent encore croire qu'il est possible d'adhérer à ce qui est ¯ ce qui fut ? ¯ l'idéal d'universalité français. À semer ce mauvais vent, nous nous exposons à récolter la tempête.

Sept questions à se poser pour travailler mieux

Constamment sollicité, vous n’arrivez tout simplement plus à faire votre boulot ? La solution : analyser votre mode de fonctionnement et vous organiser en conséquence.
Selon une étude menée par la société Sciforma en septembre 2010, il serait impossible pour un salarié de rester concentré sur une tâche plus de douze minutes sans être interrompu ! Un chiffre peu surprenant quand on sait que 93% des personnes interrogées sont alertées lorsqu’un nouvel e-mail arrive et que 75% des sondés avouent suspendre ce qu’ils sont en train de faire pour regarder le contenu du nouveau message. Mais il existe de nombreuses autres occasions d’être distraits. «On répertorie trois facteurs de déconcentration, explique Céline Lemercier, maître de conférences en psychologie cognitive à l’université de Toulouse 2 : la distraction – un collègue qui parle trop fort ou qui éclate de rire –, l’interférence – le fait de réaliser deux tâches différentes en même temps – et l’inattention, provoquée par des pensées parasites.» Pourtant, sans concentration, impossible d’être créatif ou de produire un travail de qualité. C’est tout un mode de fonctionnement sur lequel il faut s’interroger si l’on veut être plus efficace.
1. Peut-on faire plusieurs choses en même temps ?
Croire que l’on peut être à la fois au four et au moulin est une illusion créée en partie par l’usage des nouveaux outils de communication. «Autant la mémoire n’a pas de limites, autant les capacités d’attention sont, elles, restreintes, prévient Sandrine Bélier, docteur en psychologie cognitive et consultante senior chez Scientific Brain Training. Plutôt que de gaspiller cette faculté intellectuelle en la dispersant, on a plutôt intérêt à l’utiliser en totalité sur une seule tâche.» Si certains s’acharnent à vouloir écrire un mémo urgent tout en répondant aux questions de leurs collaborateurs, d’autres ont déjà compris que c’était peine perdue. «Je n’arrive pas à mener deux tâches difficiles en même temps, confie Laurent Wainberg, créateur et dirigeant de PackshotCreator, une société qui commercialise des studios de photographie portables. J’abandonne forcément l’une des deux. En revanche, je peux tout à fait signer des documents que j’ai déjà examinés tout en paramétrant un nouveau logiciel.»
Une réalité confirmée par la science. «On peut faire en même temps deux choses au maximum, à condition que l’une d’entre elles soit une tâche automatique ne demandant aucune concentration», explique Céline Lemercier. N’en déplaise à ceux qui veulent se persuader du contraire, lire ses e-mails sur son smartphone au cours d’une réunion, c’est l’assurance de ne rien retenir ni de ce qui est dit, ni de ce qui est écrit dans ses e-mails ! «Combien de collaborateurs sortent de réunion en s’étonnant que tel ou tel sujet n’ait pas été abordé parce qu’ils étaient en train de répondre à des SMS au moment même où ces points étaient traités !» souligne Valérie Delporte, responsable marketing et développement d’Illicado, une société émettrice de cartes cadeau multienseignes.

2. A quels moments 
de la journée est-on 
le plus concentré ? Pour être sûr de travailler efficacement, ciblez les heures les plus favorables à la concentration. «Il y a deux pics d’attention par jour : l’un à 11 heures et l’autre à 16 heures», signale Céline Lemercier. C’est donc entre 10 heures et midi et entre 15 et 17 heures que les courbes de la vigilance sont les plus hautes. «Si je dois bloquer un créneau pour produire un cahier des charges ou un nouveau plan média, je fais en sorte que ce soit le matin», témoigne Valérie Delporte. En revanche, la période 12-14 heures se révèle très défavorable. «C’est le moment de la journée où l’attention est la moins forte, confirme le Dr Pierre Achard, consultant et auteur de “Vous êtes plus intelligent que vous ne le pensez” (Afnor). Mettez-le à profit pour effectuer des tâches répétitives.» Ou pour recharger vos batteries en prenant un déjeuner reconstituant.
Etablis par la chronobiologie, ces rythmes demandent cependant
à être adaptés à chacun. «Je ne
suis vraiment concentré qu’après 20 heures», affirme Fabrice Bianchetta, consultant-formateur à l’Afnor. Certaines personnes sont en effet plus efficaces quand les bureaux se vident tandis que d’autres sont opérationnelles très tôt le matin. «L’idéal, c’est d’établir sa propre carte de la concentration, en notant à quelles heures on est le plus productif», préconise Mariam Pichelin, consultante chez Demos.
3. Quels doivent être
le rythme et la durée
des pauses ?
La capacité de concentration d’un adulte n’excède pas quarante-cinq minutes. «Décider d’une pause de quelques minutes quand on sent que son esprit commence à flotter permet de recharger ses capacités attentionnelles et de repartir pour une nouvelle session», explique Mariam Pichelin. La simple action de se mettre debout et de faire quelques pas augmente l’oxygénation du cerveau de 20%. Un véritable coup de fouet pour les cellules grises. Traductrice dans une maison d’édition, Nathalie a bien compris le système : «Quand je bloque sur une phrase, j’effectue un aller-retour dans le couloir. Curieusement, je trouve la bonne formulation sans effort dès que je reviens m’asseoir.»
Attention cependant aux interruptions qui s’éternisent : elles sont alors contre-productives, car la remise en route devient plus difficile. A ceux qui ont du mal à mobiliser leur attention longtemps ou qui doivent jongler avec quantité d’autres tâches, Céline Lemercier suggère de scinder son travail en tâches de quinze à trente minutes. Une méthode positive à plus d’un titre : elle est source de satisfaction parce qu’elle permet de sentir qu’on avance et elle constitue un excellent remède contre la procrastination. «Je fractionne le travail autant que je peux, confirme Amélie Aubry, directrice de clientèle chez Burson-Marsteller Paris, une agence de conseil en relations publiques. Cela me permet de continuer à assurer le tout-venant – coups de fil et e-mails des clients – et de répartir le travail entre les équipes.»
4. Peut-on limiter l’usage des outils numériques ? E-mails, téléphones et smartphones nous dérangent plus souvent qu’ils ne nous aident. Les différents outils numériques
entretiennent l’illusion qu’il faut toujours être disponible et répondre dans l’instant. Résultat : nous sommes continuellement en train de zapper d’un sujet à un autre, ce qui est extrêmement fatigant sur le plan cognitif. Pour enrayer ce phénomène, des mesures s’imposent. «Tant que vous planchez sur un dossier qui vous mobilise entièrement, éteignez tous les appareils susceptibles de vous interrompre, conseille Pascale Bélorgey, consultante à la Cegos. Mettez votre téléphone fixe sur messagerie, votre portable sur silencieux, désactivez les alertes de vos e-mails.»
Pour limiter les perturbations liées à ces derniers, une autre solution consiste à les considérer comme une tâche à part entière, en leur réservant une vraie place dans le planning de votre journée. «Je traite tous les courriels le matin, ce qui me permet de passer l’après-midi sans être dérangée», indique Coralie, directrice marketing d’une société de transports. Cette tactique a un effet bénéfique inattendu : la diminution du nombre de sollicitations. «Les gens s’habituent rapidement à vos nouvelles disponibilités, remarque non sans malice Céline Lemercier. Curieusement, plus on se montre rigoureux sur ce plan, moins on reçoit d’e-mails inutiles».
5. Comment dire non aux trop nombreuses 
sollicitations des collègues ?
Si vous avez la chance de disposer d’un bureau personnel, n’hésitez pas à fermer votre porte lorsque vous souhaitez ne pas être dérangé. Cette fin de non-recevoir vous semble un peu trop brutale envers vos collègues ? «Pour ne pas rompre complètement la communication, mettez une affichette sur la porte qui annonce à partir de quelle heure vous serez de nouveau disponible», conseille la consultante Sandrine Bélier. En revanche, l’open space exige des mesures plus radicales. Un collègue décide de prendre une pause et en entraîne quatre autres dans son sillage ? Sachez leur dire non… ou leur signifier clairement que vous n’avez pas l’intention de les suivre.
«J’ai des bouchons d’oreille orange fluo extrêmement visibles, que m’a offerts un ami qui travaille dans le secteur automobile, raconte Nathalie, chef de publicité dans une agence. Ils me servent, bien sûr, à m’isoler du bruit mais aussi à signifier aux autres que je ne suis pas disponible.» Autre astuce, adoptée par Marc, chef de service dans une banque d’affaires : un système de signalisation type «feu vert-feu orange-feu rouge» qu’il pose sur son bureau pour indiquer s’il peut ou non être dérangé. Si ces mesures se révèlent inefficaces, changez de lieu –isolez-vous dans une salle de réunion, par exemple – ou demandez à bénéficier de jours de télétravail. «Il y a beaucoup de passage dans mon bureau, où nous sommes deux managers. Pour réussir à me concentrer sur les tâches difficiles, comme les dossiers de presse, je travaille chez moi une journée», relate la directrice de clientèle Amélie Aubry.
 6. Les “to do lists” sont-elles vraiment utiles ?
Passer à la pharmacie, appeler le plombier, poser ses jours de RTT… Même si vous êtes très discipliné, vous n’êtes pas à l’abri de ce genre de pensées, qui peuvent mettre à mal votre concentration. Dans ces cas-là, inutile de s’entêter à vouloir terminer la tâche en cours. La priorité est de se débarrasser de ces polluants mentaux. S’il s’agit de pensées «froides» – du type «ne pas oublier de réserver la semaine au ski» ou «prévenir Untel que la réunion de 14 heures a été décalée» –, le meilleur moyen de les éliminer est de les écrire sur un bout de papier. «Quand je suis distrait par une idée parasite ou le souvenir d’une chose urgente à faire, j’ouvre Outlook et je note immédiatement l’idée en question dans une case», raconte Benjamin Blossier, gestionnaire de patrimoine immobilier.
Le temps perdu à consigner l’idée est largement compensé par la disponibilité d’esprit retrouvée. «Lorsque je suis préoccupée par quelque chose – la nounou des enfants à briefer ou un rendez-vous à prendre chez le médecin –, je m’en débarrasse sur-le-champ,
raconte Amélie Aubry. C’est le seul moyen de ne plus être absorbée par ces pensées qui m’empêchent de me reconcentrer sur la tâche
que j’étais en train d’accomplir. Au final, je gagne du temps.» En revanche, les pensées «chaudes» – liées aux problèmes de santé d’un proche, au conflit larvé avec un supérieur… – ne pourront pas être évacuées comme par magie en les écrivant. Dans ce cas, la seule solution est d’abandonner ce que
l’on faisait et de se changer les idées. Par exemple, en s’attaquant à une autre tâche.
7. L’urgence aide-t-elle
à mieux se concentrer ?
Attendre le tout dernier moment pour s’y mettre, en misant sur le sentiment d’urgence pour parve-nir à un résultat efficace ? Les adeptes de ce procédé sont nombreux. «Lorsqu’il faut que je me concentre sur une tâche particulièrement ardue, par exemple une modélisation financière que je dois envoyer à notre siège, aux Pays-Bas, c’est la pression de l’échéance qui constitue mon moteur, raconte Benjamin Blossier. Seule cette pression me permet d’oublier tout le reste et de me plonger entièrement dans le travail.» Attention cependant : s’il peut être un stimulant efficace, le stress ne réussit pas à tout le monde.
Pour beaucoup de personnes, il peut au contraire se révéler négatif et paralyser les facultés intellectuelles. «Il perturbe les circuits cognitifs, décrypte le
Dr Pierre Achard. Au lieu de suivre le circuit normal et d’être traitées par le cortex, les informations sont orientées directement vers les circuits d’urgence. Le travail est fait, mais la réflexion n’est pas forcément d’aussi bonne qualité.» Pour Thibaud, webmaster chez un fournisseur d’accès à Internet, la cause est entendue : «Une trop forte pression me bloque. Si je dois produire un travail créatif, je suis tellement obnubilé par la deadline que je me retrouve incapable d’avoir la moindre idée originale.» Savoir que vous pouvez travailler dans l’urgence est une chose, en faire un principe d’organisation est en revanche peu recommandé.

L’île aux Russes

Des dizaines de milliers de Russes ont élu domicile à Chypre. Leur présence soulève des questions quant aux relations diplomatiques et financières de Nicosie avec Moscou. 

Poussé par une violente tempête, un mystérieux cargo russe a été forcé de se réfugier dans le port chypriote de Limassol, ce mois-ci.

A bord se trouvaient quatre containers remplis de 60 tonnes de munitions pour Kalachnikov et lance-missile. La cargaison provenait de l'agence russe d'exportation d'armes, Rosoboronexport, et était destinée au gouvernement syrien.
Membre de l'Union européenne depuis 2004, Chypre aurait dû saisir la cargaison du MS Chariot. Cette livraison constituait clairement une violation de l'embargo européen sur les armes mis en place contre le régime syrien engagé depuis plusieurs mois dans une vague de répression violente contre ses propres citoyens.
Au lieu de cela, les autorités chypriotes ont laissé le bateau repartir après que le capitaine se fut vaguement engagé à changer d'itinéraire. Le navire fit le plein de carburant et repartit droit sur le port syrien de Tartous où il livra son équivoque chargement.

Poutine leur a promis 2,5 milliards d'euros pour sortir de la crise

Certains esprits critiques y voient une nouvelle preuve de "l'embarrassante servilité" de Nicosie envers Moscou. On comprend toutefois que les autorités chypriotes n'aient pas envie de se fâcher avec Vladimir Poutine. Le Kremlin leur a en effet promis 2,5 milliards d'euros – qui n'ont pas encore été versés – pour les aider à sortir de la crise.
La Russie a également été un fervent soutien de Chypre au sein du conseil de sécurité de l'ONU et ferme opposant à la reconnaissance de la république turque de Chypre du Nord.
Il y a tellement de Russes installés à Limassol, charmant port doté d'une vieille ville et d'un château médiéval, que la ville est aujourd'hui surnommée "Limassolgrad". On y trouve un journal russophone, deux écoles russes et une station de radio.
Le dimanche, les Russes vont faire leurs courses chez Debenhams ou dans les boutiques de la station balnéaire qui vendent des manteaux de fourrure, du kefir – sorte de yogourt russe au goût aigrelet – et de la Baltika, célèbre bière russe.
Puis, il y a l'agitation des bars et des boîtes de nuit de Limassol où l'on se croirait en Europe de l'Est avec les prostituées ukrainiennes, biélorusses et moldaves qui battent le pavé le long de la plage.

"Limassol fait partie de la Russie"

La communauté russophone de Chypre est estimée entre 35 000 et 40 000 personnes. Elle comprend bon nombre de Pontiques, ces Russes d'origine grecque ayant grandi en union soviétique et qui ont quitté le pourtour de la mer Noire pour s'installer à Chypre dans les années 90.
"Limassol fait partie de la Russie", affirme Artyom, serveur au restaurant Taras Bulba (baptisé ainsi en référence au héros cosaque de Nicolas Gogol). Pourquoi y a-t-il tant de Russes ici? "D'abord pour les impôts. Ensuite parce que c'est facile pour les Russes d'obtenir un visa", explique-t-il.
"Chypre est une île très agréable, confie Natalia Kardash, rédactrice en chef de l'hebdomadaire russophone Vestnik Kipra. Mettez-vous à la place d'un homme d'affaires russe qui veut venir travailler ici. Il peut venir avec sa famille. Sa femme peut faire du shopping. Pas besoin de parler anglais, tout le monde parle russe. Il y a des dizaines de salons de coiffure et de manucure russes".
"Même le maire de Limassol parle notre langue. En Europe de l'Est, on n'aime pas beaucoup les Russes, même si on aime bien notre argent".
De fait, les Russes amènent beaucoup d'argent à Chypre. Plus de 25% des dépôts bancaires et environ un tiers des investissements étrangers sont d'origine russe.
Les investisseurs russes créent surtout des sociétés écrans pour profiter du faible taux d'imposition sur les entreprises (10%). Une bonne partie de ces fonds est réinvestie en Russie – 1,4 milliard d'euros en 2008 -, échappant ainsi au fisc russe. Les autorités chypriotes démentent toutefois fermement servir au blanchiment d'argent et soulignent que les Russes investissent encore plus en Autriche et au Royaume-Uni.
Bon nombre de spécialistes sont néanmoins sceptiques: "On parle du blanchiment d'argent russe à Chypre. La mafia russe est très présente sur l'île", explique Hubert Faustmann, professeur associé d'études européennes à l'université de Nicosie.
Sur les collines au-dessus de Limassol, on ne compte plus les villas de luxe avec vue sur la mer. La plupart appartiennent à des Russes et ont été achetées par le biais d'investissements opaques. D'autres sont la propriété de riches Chypriotes. Les locaux se plaignent de la montée des prix depuis l'arrivée massive des Russes. Bon nombre de ces villas sans style restent vides l'essentiel de l'année.
A Chypre, les habitants russophones lambdas expliquent que cette île leur offre quelque chose que la Russie n'a pas: elle les protège de la corruption généralisée de l'administration. En outre, la plupart des Russes installés ici ne sont pas des gangsters.

Le mouton rouge de l'Europe

Pour eux, mieux vaut vivre sous le soleil de Chypre que dans la froide Russie asservie de Poutine où la sécurité des citoyens est aussi peu assurée que leur protection légale.
Le président chypriote, Demetris Christofias, est l'ex-dirigeant du parti communiste Akel. Il a fait ses études à Moscou durant l'époque soviétique et parle russe couramment. Dans les télégrammes diplomatiques américains publiés par WikiLeaks, il est présenté comme un ardent critique de l'OTAN. Lors de sa visite nostalgique à Moscou en 2008, il s'était également flatté d'être "le mouton rouge de l'Europe".
A propos du sauvetage de Chypre par la Russie, le ministre des Affaires étrangères chypriote, Erato kozakou-Marcoullis, déclare: "C'était une bonne proposition avec de bonnes conditions. La Russie a toujours soutenu notre indépendance, notre souveraineté et l'intégrité de notre territoire".
On soupçonne également les services secrets russes d'être présents sur l'île qui revêt une importance stratégique pour Moscou en raison de sa proximité avec le Moyen-Orient, zone d'influence historique de la Russie.
Le MS Chariot n'est pas le seul exemple de trafic d'armes dans la région. La Russie gère d'importants transferts d'armes passant par Chypre avant d'arriver dans des pays du Moyen-Orient comme la Syrie, le Liban, l'Iran et même, selon certaines sources russes, la Chine et l'Inde.

Sauvons la BCE du péril grec

Un défaut de paiement de la Grèce n’est toujours pas exclu, et il mettrait en péril la Banque centrale européenne. Pour éviter cela, les Etats doivent payer et lui apporter des garanties, estime l’économiste Melvyn Krauss. 

La Banque centrale européenne (BCE) est exposée à de gros risques car elle détient des quantités considérables de bons d’Etat grecs. Bien plus que ne l’imaginent les marchés ou que ce que l’on a pu lire dans la presse économique (peut-être même 100 milliards d’euros).
La monnaie d’un pays dont la banque centrale est mortellement blessée a peu de chances de survie. Athènes le comprend bien et en joue volontiers. Pourquoi l’Europe donnerait-elle aux politiciens grecs, qui n’ont manifestement pas l’intention d’introduire des réformes dignes de ce nom, une arme qui peut se retourner contre elle ? Il faut protéger la BCE, et maintenant !

Certes, cet apport de garanties signifierait un risque accru pour le contribuable et c’est justement ce qui explique l’immobilité des dirigeants européens.

Le vilain petit jeu des politiciens grecs

Mais ils doivent prendre conscience que, s’ils retirent cette menace des mains de leurs maîtres chanteurs, le risque qu’elle soit mise à exécution diminue. Si les politiciens grecs s’aperçoivent que leur vilain petit jeu ne marche pas, ils changeront peut-être de ton et feront de réels efforts pour engager des réformes.
Le contribuable européen fera alors une bonne affaire : l’apport de garanties évoqué plus haut diminue le risque d’un coûteux défaut de paiement. Mieux vaut prévenir que guérir.
Engager de plus gros montants dans le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de secours permanent [qui sera effectif au 1er juillet], permettra au contraire d’économiser de l’argent.
Et le fait d’engager des sommes plus importantes pour protéger la BCE permettrait aussi, pour les mêmes raisons, d’économiser de l’argent. C’est d’ailleurs ce que l’on appelle "promettre d’augmenter les dépenses", mais cela ne veut pas dire que les sommes seront vraiment dépensées.
Les Allemands veulent exclure la Grèce de l’euro, qu’elle fasse défaut ou pas, et cherchent à gagner du temps pour soutenir l’Italie et l’Espagne afin que ces pays puissent faire face aux turbulences que provoquerait la sortie de la Grèce.
Or cela pourrait justement accélérer un défaut de paiement de la Grèce. C’est un peu comme une abeille sur le point de mourir qui inflige une piqûre mortelle.
Les responsable politiques européens ne peuvent pas prendre le risque que la Grèce, sentant qu’on va l’exclure de l’euro, fasse comme l’abeille en train de mourir et, portant une dernière attaque, fasse défaut. Ils doivent protéger la BCE avant qu’elle ne subisse une "piqûre mortelle".

Des garanties pour la BCE

Le Fonds monétaire international (FMI) entre aussi dans ce jeu. Plus l’Europe se protège, moins il y a de chance que le FMI intervienne en apportant une contribution supplémentaire au fonds de secours. Les dirigeants européens hésitent à demander une contribution plus importante au FMI.
Mais pour la BCE, c’est un jeu dangereux. Si le FMI décide de ne pas apporter de fonds complémentaires, la BCE serait totalement exposée en cas de défaut. Mieux vaut prendre des mesures de protection et laisser le FMI jouer ses cartes comme il l’entend.
Le facteur susceptible de déclencher le plus rapidement un défaut de la Grèce pourrait être le différend sur les pertes auxquelles les investisseurs privés qui détiennent des obligations grecques seraient confrontés si le fonds de secours pour la Grèce devait être utilisé.
Mais un accord  ne suffira sans doute pas à empêcher à lui seul un défaut de paiement. La restructuration de la dette sera si important que les agences de notation ne pourront pas la qualifier de "volontaire", et clameront par conséquent qu’il s’agit bien d’une forme de défaut de paiement.
Nul ne sait ce qui se produira [cela pourrait enclencher les mécanismes de dédommagement des détenteurs de la dette et la perte des garanties de la BCE pour les banques]. Protéger la BCE est la toute première priorité dans ce climat d’incertitudes.
Jusqu’à présent, à peu près toutes les tentatives des dirigeants européens ont échoué. C’est ce qui explique que cette crise perdure. Peut-être est-ce maintenant leur dernière chance.
S’ils ne se montrent pas plus efficaces pour défendre la BCE, il sera peut-être trop tard pour elle et pour l’euro. La BCE doit pouvoir utiliser des recettes fiscales. Le moment est venu d’apporter des garanties à la BCE.

Le pacte fiscal

L'UE dans un cercle vicieux

Le pacte fiscal est une grande déception, un "prétexte pour l'UE pour ne pas construire une union politique basée sur la solidarité", déplore Gazeta Wyborcza. Commentant le dernier sommet européen, l'éditorial du quotidien polonais consacre davantage de place à l'idée allemande très impopulaire de nommer un commissaire spécial de la zone euro pour la Grèce en contrepartie de l'aide financière accordée à Athènes.
"L'idée d'un "superviseur grec" est irréalisable, mais elle montre que la crise suggère des solutions qui désintègrent l'UE plutôt que de l'unir politiquement", écrit Gazeta. Le journal se demande ce qui est arrivé au "nouveau plan Marshall pour la Grèce, qui avait été annoncé en juillet 2011 et qui était censé permettre de créer des emplois et de former les chômeurs".
"Le cas de la petite Grèce, que la puissante union monétaire n'a pas été capable d'aider, discrédite la zone euro aux yeux des investisseurs. Et le pacte fiscal ne changera pas cela", conclut le quotidien de Varsovie.

Fillon ne cède rien à Aubry

Jeudi soir sur France 2, le premier ministre a livré avec la première secrétaire du Parti socialiste un duel courtois, axé sur l'économie.

«M. Fillon» et «Mme Aubry» ont choisi de débattre à fleurets mouchetés. Pas de grandes chevauchées idéologiques, pas de grands discours sur l'état du monde. Martine Aubry, candidate contrariée à l'investiture lors de la primaire socialiste, venait jeudi défendre les couleurs de François Hollande dans «Des paroles et des actes». Tout comme Alain Juppé, longtemps présenté comme le présidentiable de la majorité, était venu défendre celles de Nicolas Sarkozy face à François Hollande. Et tout deux ont préféré l'approche technocratique pour tenter de déstabiliser leur adversaire.

Martine Aubry n'a pourtant pas réussi à faire bouger le premier ministre, pas plus qu'Alain Juppé, malgré son ascendant, n'avait su mettre en échec le candidat socialiste. Mais contrairement au ministre des Affaires étrangères, la première secrétaire du Parti socialiste, n'a pas choisi l'attaque frontale. Prudente, précautionneuse même, Martine Aubry a engagé un échange guindé sur le terrain du déficit budgétaire. Débat tatillon qui s'est immédiatement perdu dans des méandres complexes fait d'additions et de soustractions auxquelles les téléspectateurs n'auront sans doute pas compris grand-chose.

L'occasion pour François Fillon, tout de même, de s'indigner un peu: «Au fond je suis blessé quand j'entends dire que nous avons favorisé les riches, c'est d'une grande injustice», s'est-il ému, non sans efficacité. «Quand vous étiez ministre, le capital était imposé de 10 points de moins», a-t-il réagi. «Nous avons pris des décisions sur les stock-options, les retraites chapeaux, ce que vous n'avez jamais fait».

Apparemment, Martine Aubry, plus tendue que le premier ministre, n'avait pas envie de provoquer «l'habile» Fillon, épithète homérique qu'elle a employé à plusieurs reprises. Elle a ainsi salué le «magnifique hommage» du premier ministre à Philippe Seguin, qui fut le mentor de François Fillon, dont elle a salué l'héritage.

Mais le compliment de Martine Aubry s'accompagnait de la seule question vraiment politique de cet échange: le «républicain» Fillon cautionnait-il les «passerelles construites par M. Sarkozy avec l'extrême droite?», a-t-elle demandé, en donnant l'exemple du «du ministère de l'Identité nationale, du discours de Dakar, et l'expulsion des Roms». «Je ne peux pas vous laisser dire cela, c'est juste faux», a réagi François Fillon, en expliquant «qu'un homme d'État doit prendre des décisions claires», et assumer la lutte contre l'immigration illégale venue de Roumanie et en rappelant le récent succès de la diplomatie sarkozienne en Côte d'Ivoire.

Au total, le débat courtois s'est déroulé dans un esprit de «construction de compromis» à l'allemande. Martine la rouge, qui a soigneusement gauchi son discours depuis qu'elle dirige le parti socialiste, est soudain redevenue la fille de Jacques Delors. Face à elle, François Fillon, avec sa fibre d'héritier du gaullisme social, était plus un partenaire qu'un adversaire. «Je vous connais et je sais que vous avez beaucoup de tempérament», a glissé François Fillon, sans se départir d'un ton courtois. «Mais vous parlez trop et je ne peux pas montrer mon tempérament !», a avoué Martine Aubry, soudain désarmée. Une façon de reconnaître qu'elle n'arrivait pas à se mettre en colère

JE REPRENDS POUR MOI UNE BOUTADE DE MON AMI LONGEVAL "L'ECHOS DE TAUPINIÈRES":

ON NE PARLE PLUS DE "LA FRANCE" DANS LES JOURNAUX, ON DIT "L'HÉXAGONE".
C'EST JOLI, MAIS APRÈS LES ÉLECTIONS, ALLONS NOUS NOUS ÉPARPILLER
AUX QUATRE COINS DE L"HEXAGONE ?

France: la grève de la semaine prochaine pourrait durer plus que prévu

Le trafic devrait être fortement perturbé en France en début de semaine prochaine, voire au-delà. En effet, le Syndicat nationale des pilotes de lignes (SNPL) a annoncé que près de 73% de ses adhérents seraient prêts à s’engager dans un conflit national au-delà du préavis de grève déjà déposé du 6 au 9 février.
Agent Toulouse Blagnac
La mobilisation semble grossir chez les syndicalistes pour protester contre le projet de loi de service garanti dans le transport aérien. Le SNPL, principal syndicat de pilotes et majoritaire chez Air France, easyJet, Transavia, Air Méditerranée et XL Airways, annonce déjà une très forte participation de ses troupes (73%).
Et ces dernières seraient même prêtes à s’engager au-delà des quatre jours de grève prévus en début de semaine prochaine. Le SNPL se réunira donc vendredi pour décider de sa stratégie et de la possibilité de continuer la grève après le 9 février ou de déposer un nouveau préavis pour la fin du mois. Suite à cette première réunion, une intersyndicale avec l’UNAC, Lutte Ouvrière et la CGT Air France, qui participent au mouvement, doit se tenir et annoncer en fin d’après-midi la position retenue.
Le trafic pourrait donc être fortement perturbé dans le ciel français. En effet, outre les pilotes, Lutte Ouvrière appelle « tous les travailleurs du secteur, qu’ils travaillent pour les compagnies aériennes, au sol ou dans les avions, ou pour Aéroports de Paris (ADP) ou encore pour leurs multiples sous-traitants » à se mettre en grève.
Le Sénat doit examiner le projet de loi encadrant le droit de grève dans le secteur aérien le 15 février. Ce texte prévoit des obligations à la fois pour les salariés grévistes et les entreprises: les employés doivent sous peine de sanctions faire une déclaration individuelle de participation 48 heures avant le jour de grève. Et s’ils décident de renoncer à participer au mouvement ou de reprendre le travail, leur employeur doit être prévenu 24 heures à l’avance. En contrepartie, les compagnies aériennes et les aéroports doivent désormais présenter des prévisions de trafic au plus tard 24 heures avant le début de la grève.

LA SEULE MANIÈRE DE FAIRE DU SYNDICALISME DANS CE PAYS...?
LA GRÈVE !!

Les limites du "Made in France"

Devenu un véritable enjeu de la présidentielle à gauche comme à droite, le label "Fabriqué en France" arrive ce jeudi à l’Assemblée nationale via une résolution visant à favoriser leur visibilité, et donc leurs ventes. Toutefois, certains spécialistes ne voient dans cette mesure qu’un cache-misère, qui ne saurait constituer un levier suffisant pour doper l’industrie. 

"Heureux qui peut savoir l’origine des choses." C’est par cette citation du poète latin Virgile que débute la proposition de résolution en faveur du "Made in France", examinée ce jeudi à l’Assemblée. Déposée par l’ancien ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, et co-signée par plus de 150 députés, celle-ci vise à favoriser les produits fabriqués dans l’Hexagone, en mettant en avant leur origine. La semaine dernière, l’ex-ministre a notamment déploré "qu’aujourd’hui, une assiette fabriquée en Chine, à laquelle on rajoute un simple crochet en France pour en faire un simple élément de décoration" puisse être estampillée "Made in France". Pour éviter cela, il milite pour que seuls les produits fabriqués à plus de 55% dans l’Hexagone puissent décrocher cette mention.
Avec cette initiative, Christian Estrosi espère relancer une industrie française moribonde. Rappelant que le secteur a perdu près de 600.000 emplois ces dix dernières années, la proposition de résolution assure "qu’exporter moins, importer davantage, c’est le signe d’une économie qui s’est progressivement détournée du Fabriqué en France". Et d’ajouter que selon une récente étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), près de deux Français sur trois (64%) se disent prêts à payer plus cher pour un bien fabriqué localement plutôt qu’à l’étranger.

"Une initiative politique"

Pourtant, aux yeux de nombreux spécialistes, cette mesure apparaît comme un cache-misère. A commencer par Pascale Hébel, la directrice du Credoc elle-même, qui, interrogée par leJDD.fr, fustige "une initiative protectionniste et purement politique", alors que les plans sociaux se multiplient. A l’instar de celui qui a bien failli frapper les ouvrières de Lejaby, avant qu’un sous-traitant de Louis Vuitton ne reprenne mercredi l’entreprise. D’après Pascale Hébel, l’Etat devrait plutôt "aider les entreprises à investir davantage dans l’innovation ou le marketing", pour fabriquer des produits à plus forte valeur ajoutée et les écouler à l’étranger.
De plus, elle souligne les limites d’une politique visant à favoriser le "Made in France". Si en période de crise, les Français tiennent bien compte de l’emploi dans l’acte d’achat, ils n’en demeurent pas moins sensibles au prix : "si le produit est vraiment trop cher par rapport à la concurrence, il ne se vendra pas, et ce, quelle que soit son origine", insiste-t-elle. Surtout, le "Made in France" n’a pas le même impact selon le secteur d’activité. "Dans l'agroalimentaire, les produits des petits producteurs séduisent plus facilement les Français car ils ont le sentiment d'être proches des agriculteurs", décrypte-t-elle. En revanche, les produits industriels plus complexes, comme les voitures, ne bénéficient pas de la même cote d'amour, car ils paraissent parfois plus "éloignés". "Leur processus de fabrication est moins connu, et chacun sait qu'ils ne sont pas façonnés en France de A à Z."

Un "téléthon"

Plus lapidaire, Matthieu Crozet, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), estime que ce retour en force du "Fabriqué en France" sur la place publique n’a "aucun intérêt économique". Il n’y voit qu’un "téléthon", visant à faire porter le manque de compétitivité des entreprises de l’Hexagone sur le dos du consommateur. D’après lui, le fond du problème réside notamment dans le fait que "90% des sociétés manufacturières françaises n’exportent pas", au contraire des firmes allemandes qui s’appuient sur "un puissant tissu de fournisseurs de qualité à l’étranger". Sous ce prisme, indique-t-il, inciter les entreprises à ne produire qu’exclusivement en France pourrait donc s’avérer contre-productif.
De plus, du côté des entreprises, l’engouement pour le "Made in France" apparaît limité. En mai dernier, le label "origine France garantie" a été lancé pour lancer un coup de projecteur sur la production française. Mais cette certification, payante et sur demande, peine encore à faire son nid. Car seule une quinzaine d’entreprises, dont Kronembourg ou l’opticien Atol, peuvent pour l’heure s’en prévaloir.

Quelles alternatives à la règle des 500 parrainages ?

Le Front national a obtenu du Conseil d'Etat, jeudi 2 février, qu'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), contestant l'obligation de rendre publics les parrainages d'élus pour entrer dans la campagne, soit transmise au Conseil constitutionnel. Marine Le Pen, candidate du FN à l'élection présidentielle, n'est pas isolée lorsqu'elle souhaite remettre en question la légitimité de la règle des 500 signatures d'élus nécessaires pour en être en lice pour la présidentielle.

L'élue d'extrème droite a reçu le soutien de Nathalie Arthaud, candidate de Lutte Ouvrière. Cette dernière a jugé, jeudi 2 février, qu'il ne serait "pas normal" que le FN ne puisse être représenté dans la course à l'Elysée, ajoutant, sur LCI, que le système de parrainages n'était "pas démocratique". "Je pense que si moi, je parviens à réunir ces 500 signatures, et pas Marine Le Pen, c'est qu'il y a un problème du côté de ses idées, de tous les préjugés qu'elle véhicule et qui ne passent pas. Maintenant, je ne trouverais pas normal que le courant de Marine Le Pen ne puisse pas être représenté, c'est sûr", a observé Mme Arthaud.
Olivier Besancenot, ancien candidat à la présidentielle de 2007 du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), est, lui, favorable à une alternative au parrainage d'élus. Il propose de faire valider les candidatures à l'élection présidentielle par des milliers de signatures de citoyens. Un système également avancé par Corinne Lepage, présidente de Cap 21 et candidate à la présidentielle.
DOUBLE SIGNATURE
Nicolas Miguet, président du Rassemblement des contribuables, qui avait échoué en 2002 et 2007 à réunir 500 signatures, demande en 2012 que "le parrainage des maires soit rendu obligatoire".
Bien qu'il y ait plus de 45 000 élus susceptibles d'apporter leurs signatures, nombre d'entre eux refusent d'accorder leur parrainage, craignant qu'il soit interprété par leurs électeurs comme un ralliement.
Jacques Pélissard, président UMP de l'Association des maires de France, rappelle dans un communiqué que le parrainage n'est "pas un soutien" mais un "acte républicain". Il se prononce également pour une réforme du "mode de parrainage". Il s'agirait d'accorder aux parrains une double signature : "l'une de conviction, l'autre républicaine, qui resteraient publiques." Le parrainage ne doit pas devenir un "droit de veto destiné à empêcher une candidature adverse", souligne-t-il.

Hollande et le mal-logement : fariné pour la Chandeleur !

Le cheveu blanchi malgré sa nouvelle teinture renard, le costume amincissant gâté, un gros nuage de poudre tout autour de lui, François Hollande a fait les frais de la colère d’une « mal-logée », une pauvre aurait-on dit autrefois. Elle l’a copieusement aspergé de « Francine à gâteaux » alors qu’il causait aux miséreux devant la Fondation Abbé Pierre, avant d’être maîtrisée au sol par un service d’ordre à la ramasse qui va probablement en prendre pour son grade.


La vague de froid est un révélateur très fort de l’ampleur de la misère en France. Classique rituel hivernal, les administrations se préoccupent tout à coup des sans-abri, des familles dans des logements insalubres. Et à -8 degrés et quatre-vingts jours de l’élection présidentielle, ce sont les candidats en campagne qui se souviennent brutalement que tout le monde n’a pas autant de chance qu’eux. Dans sa dernière intervention télévisée, Nicolas Sarkozy a érigé les difficultés de logement en priorité nationale. Si c’est la priorité, pourquoi ne s’y est-il pas attaqué plus énergiquement, alors ? Il n’est pas seulement en campagne lui, il est au pouvoir. Dans son discours de Charleville-Mézières en 2006, il déclarait : « Je veux, si je suis élu président de la République, que d’ici deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid ». Ça fait quatre ans donc… et ça ne prend pas le chemin de changer.

Chômage, endettement, perte de logement, la spirale est souvent la même. La Fondation Abbé Pierre a publié un rapport dont les chiffres sont très inquiétants pour notre pays que l’on dit développé : 150 000 SDF, 3,6 millions de personnes sans-abri ou mal logées, 3 Français sur 4 confrontés à des difficultés pour se loger.

Quatre candidats à la présidentielle, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou et François Hollande, celui qui « veut faire payer les riches », se sont pliés à la signature du « Contrat social » de la Fondation Abbé Pierre qui prévoit la construction de 500 000 logements par an dont 150 000 sociaux. Bien conscients que la pauvreté et les difficultés de logement sont un accélérateur de frustrations, et de vote pour des candidats anti-système.

La terroriste mal-logée au paquet de farine en a marre de l’hypocrisie de cette gauche qui trempe à la fois dans le caviar, le scandale et les affaires Strauss-Kahn ou Guérini tout en prétendant avoir le monopole du social. Elle s’appelle Claire Séguin, habite Lille et est âgée de 45 ans. Elle se déclare « à bout de ressources », c’est-à-dire à la rue à très brève échéance. Elle explique qu’à Lille « les socialistes » et leur chef de file Martine Aubry, maire de la ville, n’ont rien fait pour elle et qu’au contraire, ils l’ont « assassinée ».

Le Front national a accusé de son côté la Fondation Abbé Pierre qui n’a pas voulu recevoir Marine Le Pen (c’est la seule à ne pas avoir reçu d’appel à signer la pétition) d’« usurpation frauduleuse des bons sentiments » en rappelant son propre projet sur le logement qui prévoit notamment de donner une « priorité nationale » aux Français sur les immigrés en matière de logement social. Une des raisons idéologiques de la détestation de la Fondation Abbé Pierre à son égard. Car bien sûr le poids de l’immigration n’est pour rien dans la crise du logement et l’accroissement de la pauvreté dans notre pays. A vrai dire, pour la plupart des candidats, il n’est pour rien dans rien. Il n’existe pas. Et son nom n’est même pas prononcé.

Des «cercueils fous»

Malcolm Brocklehurst a deux passions, le club de foot de Blackpool et son ancien métier d'ingénieur aéronautique, et il n'a pas l'intention d'y renoncer dans l'au-delà. Alors il s'est fait construire un cercueil en forme d'avion, orné du blason du club et peint à ses couleurs, orange vif.
«Je veux des funérailles gaies. Je ne veux pas que les gens pleurent», explique ce retraité de 77 ans devant son cercueil, exposé à Londres au salon «La mort: un festival pour les vivants».
Les ailes de l'avion sont amovibles pour faciliter l'accès au crématorium où il a demandé à faire son entrée au cri de «parez au décollage».
Cette bière est l'oeuvre de Crazy Coffins («Cercueils fous»), entreprise de pompes funèbres de Nottingham qui s'est reconvertie dans ce nouveau créneau dans les années 90 quand ses clients ont commencé à demander des cercueils personnalisés.
«Je pense que nous sommes en mesure de répondre à toutes les demandes», explique David Crampton, son directeur général.
«Les clients sont les concepteurs: nous ne faisons que réaliser leur souhait. Nous leur disons: pour cette ultime décision, vous avez le choix».
L'entreprise a déjà à son actif des cercueils et des urnes funéraires en forme de drakkars, de voitures (notamment une Rolls Royce avec des roues qui tournent), de skateboards, de bouchons ou encore de cerfs-volants.
La plupart de ses créations sont maintenant six pieds sous terre, mais certaines ont été commandées de leur vivant par des clients qui ont planifié leurs obsèques.
Comme ce cercueil brillant en forme de chausson de danse et orné de taffetas, propriété d'une infirmière à la retraite.
«Mon grand-père, pianiste, travaillait régulièrement à l'école de danse, et l'un de mes tout premiers souvenirs, c'est moi, assise à côté du piano, en train de regarder évoluer les chaussons roses», raconte Pat Cox, 70 ans.
«Choisir quelque chose de léger brise les tabous», assure-t-elle.
Car les Britanniques, soulignent les entrepreneurs de pompes funèbres présents au salon, ont du mal à parler avec leur famille de leur enterrement.
«Nous sommes une nation réservée», confirme Andy Derriman, qui exerce à Brighton. «Personne ne pense à ses funérailles avant qu'il ne soit trop tard. Nous ferions mieux de prendre le temps d'y réfléchir».
Le directeur de Crazy Coffins, John Gill, le confirme: la plupart des commandes sont passées par les familles après le décès d'un proche, ce qui laisse très peu de temps pour la réalisation. Aussi l'entreprise, sur son site, exhorte-t-elle ses clients à «acheter d'abord et à mourir plus tard».
Brian Holden, 83 ans, lui, a commencé à concevoir son cercueil après la mort de sa femme, pour s'occuper.
Le couple adorait les trains et prenait souvent la «Northern Belle», une ligne touristique de trains de luxe en Grande-Bretagne. Il a voulu que son cercueil soit à l'image d'un des wagons.
«J'ai réservé six trajets cette année», explique le vieil homme. «Un de ces jours, j'en raterai un, mais je pourrai alors monter dans ce wagon-là. Comme ça, je suis sûr de finir dans la "Northern Belle".»
Pour Crazy Coffins, le succès grandissant de ses créations est le signe que les gens commencent malgré tout à être plus enclins à réfléchir à leur fin. Comme la foule des visiteurs au salon qui se font prendre en photos devant les cercueils, quand ils ne s'étendent pas dedans.
Les clients sont d'ailleurs de plus en plus créatifs, note David Crampton.
À l'instar de ce jeune homme atteint du sida, qui avait commandé une bière avec un plateau en verre de façon à pouvoir l'utiliser comme table basse jusqu'à sa mort.
«C'était sa façon de dire à ses amis: ne