TOUT EST DIT

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jeudi 2 février 2012

Les charlatans de la croissance


Que ne l'a-t-il décidé plus tôt ? Par exemple, dès 2007, alors que, pour reprendre l'expression de François Fillon, la France était déjà "en faillite".

C'est, à la vérité, le seul reproche que l'on puisse faire au traitement de choc que Nicolas Sarkozy a annoncé, dimanche soir, aux Français: il est toujours bienvenu, mais il arrive tard.

L'augmentation de la TVA a certes des effets pervers, mais c'est l'une des meilleures solutions possibles pour remplir (un peu) les caisses vides de l'État en améliorant la compétitivité des entreprises.

Quant à la suppression des 35 heures, aberration française, elle s'imposait depuis longtemps : la France ne peut continuer indéfiniment à travailler moins en s'endettant plus pour payer les aides qui permettent aux entreprises de soutenir le choc.

Jusqu'à présent, le président semblait prisonnier, comme la droite et la gauche depuis des lustres, de l'idéologie radicale-socialiste selon laquelle tout finit par s'arranger. Surtout si on ne fait rien en laissant agir la croissance qu'il suffit de décréter et qui, ensuite, comble les déficits creusés par les promesses de campagne. On voit où ce genre depratique nous a menés.

Puisque notre classe politique adore réformer la Constitution, je propose que l'on procède à un nouvel ajout : "Interdiction sera faite à tout candidat à l'élection présidentielle d'expliquer qu'il financera ses promesses par la croissance."

C'est cette mauvaise blague que nous entendons avant chaque scrutin : la croissance retrouvée permettra depayer les dépenses nouvelles. Si cette réforme était appliquée, elle ferait du vide parmi les candidats !

Après sa sortie d'Afrique, l'espèce humaine a fait une étape dans la péninsule arabique.

Nous sommes tous des Arabes ! Telle est la dernière révélation fracassante des généticiens. Que cela plaise ou non à Marine Le Pen et à Claude Guéant, tous autant que nous sommes, Français, Américains, Esquimaux, Chinois ou Papous, nous descendons d'ancêtres communs ayant peuplé la péninsule arabique ! Après être née en Afrique, l'humanité aurait donc fait une étape dans l'Arabie heureuse, après avoir franchi la mer Rouge. C'est du scoop. En effet, jusque-là, les grands experts des migrations humaines pensaient que la division des troupes s'était plutôt faite au Proche-Orient ou en Afrique du Nord.

Les paléogénéticiens des universités de Leeds et de Porto ont été amenés à faire cette hypothèse à la suite des confidences d'un indic ! Un indic qui se cache par milliers dans chacune de nos cellules : la mitochondrie. Ce minuscule organite, qui officie en tant que centrale énergétique de nos cellules, possède son propre ADN. Comme les chromosomes, il peut muter. Ainsi, quand les généticiens observent exactement la même mutation chez deux peuples différents, ils peuvent en conclure que ceux-ci partagent un passé commun. En comparant l'ADN mitochondrial prélevé sur des centaines d'individus à travers le monde et dans la péninsule arabique, les chercheurs sont parvenus à la conclusion que tous les hommes, hors les Africains, ont tous effectué un passage de plusieurs milliers d'années très certainement, en Arabie. Voilà pourquoi nous sommes tous des Arabes et fiers de l'être. L'étude est parue dans American Journal of Human Genetics.
Éden Arabie


Voilà donc comment il faut réécrire l'histoire de l'humanité : après avoir surgi il y a quelque 200 000 ans en Afrique de l'Est, l'homme moderne (homo sapiens) a commencé par se répandre dans toute l'Afrique, se fragmentant en de nombreuses populations. La vie était belle et la nourriture largement disponible jusqu'au jour où une tribu s'est mise en tête d'aller voir si le soleil ne brillait pas davantage ailleurs. Elle a donc profité d'une baisse des eaux pour franchir la mer Rouge et débarquer sur la péninsule arabique. Jusqu'ici, on pensait que le premier passage avait dû avoir lieu, entre - 70 000 et - 40 000 ans. Mais la découverte d'outils façonnés par l'homme moderne datant de 106 000 ans repousse donc la conquête d'au moins 30 000 ans !

On a même trouvé le lieu de débarquement, dans le sultanat d'Oman. Il faut dire qu'à l'époque le climat arabique était humide : à la place d'un désert les nouveaux arrivants ont trouvé un paradis terrestre constitué de grandes prairies. L'occupation de ce nouvel Éden aurait duré plusieurs millénaires avant que l'homme ne poursuive sa conquête du monde. D'abord en empruntant la route du Sud-Est asiatique s'achevant en Australie, puis celle de l'est jusqu'au Japon, puis enfin la route du Nord, vers le Proche-Orient, puis l'Europe atteinte voilà environ 40 000 ans.
Des Indiens dans l'Altaï

L'Amérique est le dernier continent conquis. Mais là encore, il y a du nouveau. Et du lourd ! Grâce à de nouvelles confidences de l'indic mitochondrial, des chercheurs de l'université de Pennsylvanie ont identifié la terre d'origine des Indiens d'Amérique. Ne cherchez pas, vous ne pourriez pas trouver ! Il s'agit de l'Altaï. C'est une région montagneuse au coeur du continent eurasien, là où se rencontrent la Chine, la Mongolie, la Russie et le Kazakhstan. Le grand départ aurait eu lieu voilà 15 000 à 20 000 ans. Quelques dizaines ou centaines d'individus auraient pris la route du nord-est. Après de nombreuses générations, leurs descendants auraient fini par atteindre le détroit de Béring qu'ils auraient traversé en une ou plusieurs fois lors des glaciations, puis ils auraient descendu tout le continent américain. La découverte récente, par des chercheurs de l'université du Texas, d'objets façonnés par l'homme dans l'État de Washington datant de 13 800 ans conforte cette hypothèse.

Depuis sa venue au monde dans un petit bled africain, l'homme n'a cessé d'avoir la bougeotte. Les migrations font partie de sa nature. L'Europe et encore plus la France, située à son extrémité ouest, n'ont pas arrêté d'être enrichies par des vagues d'immigrants. Il n'y a pas de raison que cela cesse...

Oubliez les débats et les meetings, selon une étude américaine, notre orientation politique est déterminée par notre cerveau. Déconcertant.

Il y aurait donc des cerveaux siglés Hollande et d'autres Sarkozy. À quelques mois de l'élection présidentielle, voilà une révélation qui devrait grandement simplifier la tâche des sondages. Point de machination électorale bleu-blanc-rouge, rassurez-vous, l'étude en question n'a pas été réalisée dans l'Hexagone, mais de l'autre côté de l'Atlantique (où la campagne présidentielle fait également rage, cela dit). Et c'est The Guardian qui relate les principales conclusions de cette enquête. Et si le cerveau d'un électeur de droite n'était pas le même que celui d'un électeur de gauche ?
C'est ce qu'ont imaginé des chercheurs de l'université Lincoln dans le Nebraska, aux États-Unis, en constatant que les esprits conservateurs réagissaient davantage aux stimuli négatifs que les libéraux, qui, eux, seraient plus réactifs aux stimuli positifs. Une étude réalisée en avril 2011 par des membres de l'University College of London nous apprenait déjà que la structure cérébrale pouvait varier en fonction des opinions politiques. Les conservateurs, nous apprenait-on, posséderaient un plus petit cortex cingulaire antérieur (région cérébrale associée à la prise de décision) et des amygdales (région des émotions liées à la peur et à l'anxiété) plus développées que les libéraux. Qui l'eût cru ?

Et les centristes ?

Cette nouvelle étude américaine, qui repose sur les concepts de stimuli appétitif et aversif, va plus loin. Le principe de l'expérience est simple : l'équipe de chercheurs a présenté à un groupe de deux cents personnes une série d'images plaisantes ou désagréables et a analysé les réactions du cerveau de chacun des cobayes. Elle a ainsi distingué deux groupes : ceux qui se focalisaient sur les images plaisantes et ceux qui se concentraient davantage sur les clichés qui les dérangeaient.
Pendant que des électrodes mesuraient les modifications de chaleur de la peau, des capteurs surveillaient les mouvements de leurs yeux. Le résultat ? Les premiers s'avèrent libéraux, les seconds conservateurs. L'opinion politique s'exprimerait donc de manière physiologique et cognitive ? Lors d'une seconde expérience, les cobayes ont cette fois-ci été confrontés à des photos d'hommes politiques célèbres (Ronald Reagan, Bill Clinton, Hillary Clinton et George W. Bush). Le verdict est édifiant : les électeurs de droite réagissent plus fortement aux politiciens éloignés de leur bord politique, tandis que les électeurs de gauche sont davantage stimulés par les politiciens appartenant à leur propre tendance.
Et les centristes dans tout ça ? Quelles sont les particularités de leur cortex ? L'histoire ne le dit pas, mais une chose est sûre : si, d'aventure, les sondages décidaient de se baser sur les seules données biologiques, Bayrou aurait bien peu de chances de percer...

Hollande, Sarkozy et la farine....

L'"enfarinage" de François Hollande met en lumière les failles de l'organisation des services de sécurité, jamais assez préparés à de tels événements. Mais il donne aussi une leçon sur le désespoir. L'édito vidéo de Christophe Barbier.


L’heure de vérité de Bayrou

Il parle beaucoup de vérité, dont il prétend être le candidat. C’est une facilité dangereuse. On ne saurait vouloir confisquer sans risque un mot sauvage quand il est en terrain aussi hostile que la politique. Au moment où il affronte un mois de février décisif, François Bayrou ne peut s’offrir le luxe de slogans démagogiques. Comment cet homme de lettres pourrait-il se laisser aller à répéter la triple consonne PPP redite en guise de ritournelle dérisoire. Ce serait folie stratégique que de se banaliser quand il lui faut crédibiliser sa singularité. C’est une de ces contradictions qui ont limité son résultat en 2007 et qui cinq ans plus tard guettent toujours ses pas.

Il parle beaucoup du peuple mais le peuple, insaisissable, s’embrasse sans qu’on parvienne jamais à étreindre son immense corps. Prétendre fusionner avec lui jusqu’à l’incarner, c’est une prétention qui peut le pousser à se dérober. Quant à faire peuple avec des idées et des mots simplistes pour espérer être compris de lui, ce n’est pas le respecter, mais le considérer avec condescendance.

La stabilisation des intentions de vote en faveur du centriste n’est pas seulement l’effet collatéral d’une séquence écrasée par le rebond de François Hollande et la résistance de Nicolas Sarkozy. L’inévitable rebipolarisation de la campagne adresse un avertissement à M. Bayrou. Peut-il vraiment échapper, par la seule force de sa volonté, à la logique implacable de la V ème république ?

Il faut reconnaître au président du MoDem de la constance et une certaine approche gaullienne de la présidentielle quand il ne conçoit le rassemblement qu’autour de sa personne. Mais il ne peut pour autant s’affranchir, en les ignorant avec superbe, des réflexes électoraux qui imprègnent les Français depuis plus d’un demi-siècle. Comment pourraient-ils trouver un nouvel équilibre si on commence par les priver de ces repères devenus artificiels certes, mais toujours essentiels pour se diriger, que sont la droite et la gauche ?

S’il ne veut pas laisser son électorat dans une ignorance qu’il ne mérite pas, le candidat devra dire très tôt ce qu’il fera s’il n’est pas qualifié pour le second tour. La vie continuerait sans Bayrou... Cette transparence-là est un risque, c’est vrai, mais s’il ne le prend pas, il n’a aucune chance de conquérir les quelques pourcentages de méfiance qui lui ont manqué dans la dernière ligne droite, il y a cinq ans. La vérité se paie très cher, et jamais à crédit.

Les leçons d’Yssingeaux


L’usine d’Yssingeaux a sans doute été sauvée grâce au contexte électoral et au sursaut patriotique à la mode du made in France. Les ex Lejaby de l’Ain, les Ontex de Villefranche, les Seafrance de Calais et tant d’autres n’ont pas eu les mêmes remparts politiques et économiques pour repousser l’implacable mécanique de la délocalisation. Les mobilisations ont payé et c’est l’essentiel si la bonne affaire pour Yssingeaux est dans le sac de cuir. Ce n’est pas la seule leçon de ce sauvetage à confirmer. La reprise de l’usine par un groupe de luxe démontre que la survie de l’industrie française passe par les sommets de la gamme, l’excellence, l’innovation. Et hélas plus rien d’autre. La France ne diminuera jamais assez le coût du travail pour concurrencer le made in China sur les « premiers prix ». L’Allemagne l’a compris avant nous. Il s’agit donc moins d’alléger les charges que de hausser le niveau de la recherche, du savoir-faire, du marketing. De l’école à l’entreprise, cela demande de former beaucoup de monde et de beaucoup réformer.


Bayrou fait le pari de la vérité

Et de deux. Après François Hollande et en attendant Nicolas Sarkozy, le troisième présidentiable de cette campagne, François Bayrou, a présenté, hier, son projet économique. L'un et l'autre ont le mérite de jouer cartes sur table et d'alimenter deux mois et demi de débats et de comparaisons.

Pour François Bayrou, qui ambitionne de figurer au second tour en lieu et place de Nicolas Sarkozy, il fallait accélérer le pas pour tenter de dégeler les sondages. Depuis le discours du Bourget, François Hollande a élargi son espace, contraignant le candidat centriste à faire entendre haut et fort sa différence.

Son projet retient d'abord l'attention par le fait que les masses budgétaires qu'il mettrait en oeuvre s'il était élu sont à la hauteur des déficits. À la différence du Parti socialiste, qui ne tarit pas la dépense publique et qui finance son projet par les seuls prélèvements nouveaux, François Bayrou propose les deux.

Le seul gel des engagements de l'État pendant deux ans revient à faire financer les économies par l'inflation, sans qu'il ne soit plus besoin d'emprunter pour boucler les fins de mois.

Seconde remarque qui renforce la crédibilité de son programme : les recettes - souvent des prélèvements nouveaux - sont fondées sur une croissance modeste, comprise entre 0,2 et 1,5 %, moitié moins que la prévision de l'UMP ou du PS. Autrement dit, tout surcroît d'activité dégagerait autant de marge de manoeuvre supplémentaire pour désendetter le pays et pour financer les priorités.

Troisième observation, le dosage retenu par François Bayrou rend difficile la classification de son programme. La droite lui reprochera d'imposer trop lourdement les hauts revenus. De revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires et sur la TVA sociale qu'il juge inefficace. De donner trop de pouvoir aux salariés dans l'entreprise.

La gauche, elle, dénoncera un plan d'austérité à cause de la remise en ordre - assez sévère - des finances publiques et d'une hausse - modeste - de la TVA.

Se voulant plus juste et plus cohérent que le bilan de la droite, plus réaliste et plus ambitieux que la gauche, plutôt flottante sur le retour à l'équilibre des comptes, François Bayrou reste ferme dans son « ni droite ni gauche ». Exemple : les effectifs de fonctionnaires diminueraient, mais plus selon le « un sur deux » jugé trop systématique de Nicolas Sarkozy. Et pas dans l'Éducation nationale, son autre investissement d'avenir, avec l'industrie.

Au-delà du fait qu'il sera jugé trop timoré par les uns, et trop sévère par les autres, le projet Bayrou, par son ampleur, pose tout de même la question de son impact sur la croissance. Injecter 50 milliards de moins dans l'économie et prélever 50 autres milliards de plus ne serait pas neutre. Mais existe-il d'autres traitements pour tirer le pays de l'anesthésie de la dette ?

La seconde et éternelle question est de savoir avec quels moyens politiques un président Bayrou ferait adopter son projet. Là, on est dans la politique-fiction. Lui, dirait dans l'espoir raisonnable. Mais face à une gauche dont la dynamique neutralise les velléités de dissidence, le candidat béarnais ne peut compter que sur un effondrement suivi d'un éclatement de la droite. En politique, un bon projet sans les bonnes alliances n'est que papier.

Le gorille qui détruit le système

Explosif et mystérieux, un dossier nommé Gorila rassemble les preuves de la corruption de l’élite politique et économique slovaque. A deux mois des législatives anticipées, à qui profitent ces révélations ? 

Le dossier, baptisé du nom de code Gorila par un expert anonyme des Services de renseignement slovaques (SIS), révèle au grand jour les rapports existant entre le groupe financier Penta et des responsables politiques dans les années 2005-2006, sous le gouvernement de droite de Mikuláš Dzurinda.

Il a été constitué à partir d’écoutes téléphoniques effectuées dans un appartement, théâtre d’une conspiration, dans lequel le représentant de Penta, Jaroslav Haščák, y a notamment rencontré à plusieurs reprises Jirko Malchárek, ministre de l’Economie de l’époque, et Anna Bubeníková, l’ex-directrice du Fonds du patrimoine national.
Toute l’affaire repose sur la retranscription de ces enregistrements. Il y est fait état des montants, des millions de couronnes, qui doivent être versées à tel ou tel responsable politique ou parti pour la privatisation d’entreprises, notamment dans le domaine de l’énergie et des transports.

Le scandale ouvre un conflit générationnel

Le document Gorila est comme une fenêtre ouverte sur les entrailles de la politique slovaque, qui peut conduire chacun à la conclusion qu’elle n’est que le valet d’hommes d’affaires qui attribuent des tâches aux responsables politiques en leur versant en échange des récompenses. C’est une plongée au cœur du “capitalisme mafieux” que chacun connaît, mais dont peu ont une image concrète.
L’authenticité du dossier, ou au moins d’une partie, est corroborée par le nombre toujours croissant d’informations publiées, même si Penta affirme qu’il ne s’agit que d’un tissu de mensonges et exige, en menaçant de déposer plainte, que soit retiré le dossier de tous les sites Internet  d’où il est porté à la connaissance du public.
Mais le 11 janvier, le gouvernement sortant d’Iveta Radičová a révoqué Bubeníková, admettant ainsi de fait qu’elle prenait le dossier très au sérieux. Le Premier ministre en a même trouvé une version dans les archives du gouvernement.
Si la police réussit à percer à jour le système de pots-de-vin et de blanchiment d’argent mis en place, la scène politique slovaque s’en trouvera tant ébranlée qu’aucune pierre de l’édifice ne sera épargnée.
C’est une des raisons évidentes pour lesquelles l’enquête n’a jusqu’à présent donné aucun résultat, bien que la police ait eu le dossier entre les mains une première fois en 2006, alors que les écoutes téléphoniques étaient toute récentes, puis 3 ans plus tard. Elle l’a ensuite supprimé. Mais la situation était alors totalement différente, car à cette époque l’opinion publique n’était pas informée de l’existence de ce dossier.
Aujourd’hui, le Premier ministre Iveta Radičová a demandé au président Ivan Gašparovič que les services de renseignement lèvent le secret sur cette affaire, tandis que le ministre de l’Intérieur, Daniel Lipšič, exhorte l’opinion publique à faire preuve de vigilance à l’endroit des responsables politiques qui voudraient retarder l’enquête ou la mettre sous le tapis.
Le débat public autour de ce scandale a déjà fortement secoué la scène politique slovaque. Et il est très vraisemblable que l’affaire aura un impact sur les résultats des élections anticipées [le 10 mars].
De tous les partis, c’est très certainement le SDKÚ [centre-droit], dont les noms des dirigeants, Mikuláš Dzurinda et Ivan Mikloš, sont très souvent cités dans des circonstances peu flatteuses, qui devrait être le plus sévèrement sanctionné.
Les autres partis s’efforcent, à des degrés divers, d’exprimer leur indignation et de convaincre l’opinion que, cette fois-ci, ils prennent la lutte contre la corruption au sérieux. Deux nouvelles formations politiques de droite, en particulier, tirent bénéfice de ce scandale, car leurs dirigeants n’étaient pas encore entrés en politique en 2006.
Il s’agit de Liberté et Solidarité (SaS), dirigé par Richard Sulík, et du parti Les gens ordinaires, qui compte très peu de membres et présente sur sa liste quelques célébrités qui sont avant tout de tendance conservatrice.
Le scandale Gorila ouvre un conflit générationnel latent, avec une jeune génération, majoritairement de droite, qui attendait son heure depuis longtemps. SaS est soupçonné d’être à l’origine de la publication sur Internet du dossier qui pendant des années à circulé dans les milieux d’affaires et politiques.

Tous les acteurs éclaboussés

Ce qui donne son caractère particulier à toute cette affaire, que plus personne ne contrôle, est le fait que pratiquement aucun acteur n’en sort sans être éclaboussé. Ni même les médias, qui étrillent aujourd’hui les responsables politiques mis en cause.
Il est en effet avéré que dès 2009 le dossier a circulé au sein des rédactions de quelques journaux orientés à droite, sans qu’aucun n’y ait sérieusement prêté attention. Le journaliste slovaque d’origine canadienne, Tom Nicholson, qui l’avait étudié en profondeur, avait fait le tour de ces rédactions, pour les persuader de publier ce qu’il y avait découvert. En vain.
Il convient tout de même de préciser que la situation des médias slovaques n’est pas facile. Très souvent, sur la base d’une plainte d’un responsable politique ou d’un homme d’affaires, les tribunaux de leur pays – contrairement à leurs homologues tchèques – les condamnent à une amende élevée, pour une inexactitude mineure figurant dans un article d’investigation qui, hormis cela, est absolument irréprochable.
Le dossier Gorila est particulièrement précieux en raison de la nature explosive de ces rapports, qui nous brossent le portrait de tout un système corrompu. Seule une volonté politique, très tardive et émanant en particulier du SaS, a permis de laisser le champ libre aux journalistes.
Leur prudence initiale, peut-être leur lâcheté, s’inscrit elle-même parfaitement dans le cadre de cette histoire d’un pays dominé par un cartel composé de responsables politiques, d’hommes d’affaires et de l’institution judiciaire. Mais tout cela peut changer avec l’organisation d’un large débat public.

Le risque d'une dérive autocratique

Il est encore trop tôt pour avoir une idée de l’impact qu’aura le dossier Gorila sur les élections. Mais  on peut dire qu’une chose, au moins, est sûre : le thème-clé du rapport à l’Europe a été chassé de la campagne préélectorale.
Depuis la chute du gouvernement d’Iveta Radičová a émergé une alliance des partis pro-européens transcendant le spectre politique (du parti de gauche Smer de Robert Fico à certains partis traditionnels de droite).
Mais aujourd’hui, une nouvelle étiquette désigne cette alliance. Sulík l’appelle la "coalition du gorille", signifiant par là qu’elle est une alliance de vieilles structures corrompues. La nouvelle génération politique d’opposition est constituée de partis de droite, très anti-européens et inclinant fortement au populisme.
Le précédent de la Pologne, avec "l’affaire Rywin", un immense scandale de corruption qui a balayé l’élite politique de l’époque et a permis aux frères Kaczyński de prendre le pouvoir, ou encore celui de la Hongrie, où la publication de l’enregistrement d’une déclaration du Premier ministre de gauche de l’époque, Ferenc Gyurcsány, dans laquelle il avait dit ces mots "nous avons menti du matin au soir" ont porté au pouvoir Viktor Orbán, ne sont pas très encourageants.
Dans les deux cas, la politique anti-corruption des nouveaux dirigeants a rapidement dégénéré en postures autocratiques.


Manifestations

Contre Gorille, la révolution des bananes ?

Une dizaine de milliers de personnes sont attendues dans les rues de Bratislava, le 4 février, malgré la vague de froid sibérien, pour protester contre “le monde politique du Gorille” et “exprimer leur dégoût de la classe politique corrompue”, écrit SME. Elles réclameront également que les élections législatives anticipées prévues en mars soient repoussées en septembre.
Une première manifestation a rassemblé environ 2 000 personnes dans la capitale, le 27 janvier. Mais "les manifestants ont marché de la Vieille ville au Parlement où, après avoir brisé le cordon de police, ils ont jeté des pétards, des peaux de bananes et des oeufs sur le bâtiment officiel, alors que la loi sur les rassemblements publics, ne permet pas de s'approcher du Parlement à plus de 50 mètres", raconte le quotidien.
“Faites attention aux bananes”, prévient SME, qui annonce que d’autres manifestations contre la corruption excessive des pouvoirs exécutif et judiciaire sont également prévues dans les villes de Prešov, Košice, Trenčín, Zvolen, Žilina et Ružomberok.

Comment la pauvreté a rattrapé les classes moyennes

La hausse du chômage risque de pousser vers l’exclusion sociale près d’un quart des Européens, dont le niveau de vie était jusquà présent décent. Un phénomène qui compromet la lutte contre la pauvreté dans l'Union. 

Dimitris Pavlopoulos touche une pension de 550 euros par mois et dépense presque 150 euros en médicaments. La restriction des aides qui contribuaient au paiement de ces frais l'oblige à choisir entre un litre de lait (1,50 euro) et l'une de ses prescriptions, car il n'a pas les moyens de faire face à ces deux dépenses.
Manuel G. est un chômeur de longue durée qui regrette les débuts de la crise, lorsqu'on pouvait encore espérer gagner 1 000 euros. Cela fait trois ans que cet employé de bureau a perdu son travail et il ne touche plus d'allocation chômage. Sans le soutien économique de sa famille, il loue une chambre et fait appel aux soupes populaires et aux vêtements distribués par une ONG.
Voilà les victimes de la crise : les tranches de la société qui, encore récemment, faisaient partie de la classe moyenne, ou même de la moyenne inférieure, sont désormais les nouveaux pauvres. Les personnes qui doivent choisir entre prendre un repas chaud par jour ou chauffer la maison, rembourser leur emprunt immobilier ou acheter à manger.
Ce sont là des exemples qui remettent complètement en question l'image traditionnelle de la pauvreté, associée à la mendicité : aujourd'hui, la pauvreté fait de plus en plus partie de la normalité. “Ceux qui étaient autrefois bénévoles sont désormais des bénéficiaires,” explique Jorge Nuño, secrétaire général de Cáritas Europa.
En 2009, selon les indicateurs de pauvreté et d'exclusion sociale de l'Union européenne, il y avait sur le territoire des Vingt-Sept 115 millions de personnes à risque (soit 23,1 % de la population). “Sans compter les 100 ou 150 millions d'autres qui sont sur le fil du rasoir, précise Jorge Nuño, car 2 mois de chômage et une hypothèque suffisent à anéantir qui que ce soit.
En 2007, 85 millions d'Européens (17 % de la population) vivaient sous le seuil de pauvreté relative. Parmi les pays concernés, on trouve la Grèce, l'Espagne ou l'Irlande, “mais aussi la France, l'Allemagne et l'Autriche,” note Jorge Nuño.
Chaque exemple révèle le même engrenage : l'endettement familial, la disparition des subventions des Etats-providences ou les emplois précaires, comme les millions de postes qui ont disparu dans le secteur du bâtiment en Espagne.

Les jeunes, nouvelles proies de la pauvreté

Comment mesure-t-on la misère ? Il y a deux types de pauvreté : modérée ou relative (60 % du revenu médian du pays), et grave (40 %). “La majorité des personnes pauvres s'éloigne de plus en plus de ce seuil.
Les pauvres s'appauvrissent et les soupes populaires accueillent des gens qui n'avaient jamais dû y venir auparavant. Les chiffres de la pauvreté ont augmenté de façon spectaculaire chez les enfants – un petit Espagnol sur quatre est confronté à la pauvreté – et un peu moins chez les immigrants et les jeunes,” explique Paul Mari-Klose, sociologue au Conseil supérieur de la recherche scientifique.
Il s'agit de privations, de cette impossibilité de boucler les fins de mois, ou de manger de la viande moins de deux fois par semaine. En Espagne, comme en Grèce, au Portugal ou en Italie, la pauvreté s'est aggravée plutôt que généralisée, et elle cible des groupes particuliers.
Pendant la croissance économique, de nombreux jeunes se sont émancipés de façon précoce et se retrouvent maintenant dans des situations difficiles. En Islande, la pauvreté a augmenté de façon spectaculaire et surtout chez les jeunes”, ajoute Paul Mari-Klose.
Selon les statistiques d'Eurostat sur la pauvreté et l'exclusion, la crise rapproche des pays comme le Portugal, l'Irlande, la Grèce et l'Espagne, ainsi que les pays de l'Est qui ont récemment adhéré à l'UE, mais aussi des couches de plus en plus importantes de la population d'Etats plus robustes, ainsi que des modèles de l'Etat-providence qui ont coulé, comme l'Islande après la faillite de son système bancaire.
La moyenne européenne cache toutefois d'importants écarts. Selon Eurostat, ce chiffre est multiplié par deux en Bulgarie (46,2 %) et en Roumanie (43,1 %).
A l'autre extrémité du spectre, on trouve la République Tchèque (14 %), les Pays-Bas (15,1 %) et la Suisse (15,9 %). Avec 23,4 %, l'Espagne se trouve dans une position intermédiaire, ce qui lui permet de passer inaperçue : pourtant, le risque structurel (environ 20 % en 2007) associé au déficit de la sécurité sociale et aux taux records de chômage (22,8 %) augurent d'un avenir peu encourageant.
Les enfants et les personnes âgées, les femmes et les immigrés sont traditionnellement les groupes les plus à risque : l'âge, le sexe et l'origine ethnique sont des facteurs aggravants de la pauvreté.

La faim est devenue une réalité

Il faut désormais ajouter à ces catégories une foule de citoyens lambda confrontés aux restrictions des dépenses sociales, ce qui amplifie les effets de la crise. Il s'agit de “personnes qui ont un emploi très précaire, qui ont des difficultés à boucler les fins de mois et qui, en plus, ne reçoivent aucune aide.
Des personnes qui ont entre 30 et 45 ans, avec ou sans famille à charge, et qui ne bénéficient d'aucune allocation parce qu'elles ont un revenu, se voient contraintes de retourner chez leurs parents pour pouvoir continuer de payer leur emprunt immobilier, affirme Joan Subirats, de l'Université autonome de Barcelone. Les autres tranches sont plus surveillées, mais les classes moyennes ne sont pas en ligne de mire.
L'état de quasi inanition de tant d'Européens n'est pas uniquement une question sociale, c'est également un problème qui a des répercutions politiques, car de plus en plus de citoyens sont en marge du système.
Si la majorité des spécialistes interrogés déconseillent de faire des “nouveaux pauvres” les seules victimes de la crise et soulignent que la situation s'est aggravée pour des tranches qui étaient déjà touchées par la pauvreté, il n'en reste pas moins qu'après 15 ans de prospérité et de nouveaux riches, la crise a décimé une couche de la population qui, jusqu'en 2007, pouvait subvenir à ses besoins essentiels.
Le cauchemar des nouveaux pauvres est toutefois plus complexe. Pour les pays qui ont récemment rejoint l'UE, le principal fardeau est le déficit structurel dont ils ont hérité : dans la plupart des cas, il s'agit de pays de l'ex-URSS en reconversion forcée, comme la Lettonie (37,4 % de risque de pauvreté et d'exclusion), la Lituanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie.
En Grèce, le spectre de la faim est devenu une dure réalité. Dimitris Pavlopoulos , 75 ans, survit grâce à Médecins du Monde. Depuis qu'en 2010, le premier plan de relance a supprimé de nombreuses subventions, ce retraité dépense sa pension en 10 jours et doit ensuite compter sur les médicaments et la nourriture que distribue l'ONG.
L'Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, en 2010, est passée inaperçue. C'était la conclusion de la stratégie de Lisbonne, censée donner “un élan décisif à l'élimination de la pauvreté” et enclencher la Stratégie 2020.
La crise a néanmoins mis au rancart toutes les bonnes intentions. L'objectif principal de la Stratégie 2020, réduire à 20 millions le nombre de pauvres d'ici à la fin de la décennie, risque de rester lettre morte.


Chômage

Les deux visages de l'Europe

"L'Europe au chômage", titre Gazeta Wyborcza qui commente les derniers chiffres d'Eurostat : "Le nombre d'Européens sans emploi a augmenté de près d'un million au cours de la dernière année pour atteindre 24 millions de personnes. Au sein de la zone euro, le chômage a atteint désormais un taux record de 10,4%"
Les deux visages de l'EuropeLa situation est plus difficile dans le sud de l'Europe, notamment en Espagne et en Grèce, où près d'un jeune sur deux est sans emploi et où les conditions du marché du travail sont catastrophiques.
A l'opposé, on trouve l'Autriche, avec le taux de chômage le plus bas d'Europe, 4,1%, et d'autres Etats de l'Europe du nord : les Pays-Bas (4,9%), l'Allemagne (5,5%). Gazeta écrit :
"L'écart entre le nord opulent et le sud en crise ne cesse de s'accroître. Si vous regardez le marché du travail, il s'agit de deux mondes différents".

Pourquoi Nicolas Sarkozy va gagner (selon lui)

Officiellement, il évoque l'hypothèse de sa propre défaite. En privé, il n'en est rien.

Il ne faut surtout pas se fier aux récents propos - off - de Nicolas Sarkozy, qui évoquait l'hypothèse de sa propre défaite à la présidentielle de mai prochain. Avec promptitude, les commentateurs et nombre d'élus de gauche y ont vu un aveu d'échec ou le début d'une "tentation de Venise". Il serait donc bon de leur rappeler ce point essentiel : Nicolas Sarkozy est un animal politique, ivre d'ambitions, orgueilleux au point d'être candidat contre les pires augures et animé par un redoutable instinct de survie. Persuadé qu'il déjouera les pronostics, le président de la République croit sérieusement en ses chances. Pour mille raisons...
"Je suis plutôt bien placé, tout en n'étant pas candidat. Je me consolide à 24 %, malgré la campagne médiatique favorable à Hollande. Ceux qui sont sûrs de gagner ont toujours perdu", a-t-il clamé, mercredi soir, lors d'une réunion à l'Élysée, entouré de quadras de l'UMP. Ironie de l'histoire : le futur candidat se voit aujourd'hui tel Jacques Chirac contre Édouard Balladur - qu'il avait soutenu - en 1995. Ultrafavori des sondages et des médias, François Hollande incarnerait, lui, l'ancien Premier ministre-candidat, qui jouissait jadis d'une cote comparable à la sienne.

"Vote de raison"

Comme il y a dix-sept ans, Nicolas Sarkozy veut croire que les Français, "peuple frondeur et souverain", ne se laisseront pas influencer par les rafales de sondages. En outre, selon les conseillers du chef de l'État, les estimations de vote quasi quotidiennes publiées dans la presse ne prendraient pas en compte ce qu'ils appellent le "vote de raison", celui qui conduira les citoyens, in fine, une fois dans l'isoloir, à glisser dans l'urne un bulletin Nicolas Sarkozy plutôt qu'un Marine Le Pen. À les croire, beaucoup de Français interrogés par les instituts de sondage feraient mine de déclarer qu'ils voteront pour la candidate du Front national dans l'unique but d'envoyer un avertissement à l'exécutif. Théorie hasardeuse ? Reste que le président, qui considère le programme de Marine Le Pen "irréaliste et dangereux", parie lui aussi sur un sursaut citoyen.
Pour lui, la crédibilité sera un facteur décisif dans le choix des Français. Fort de son quinquennat, il considère avoir une belle longueur d'avance sur ses principaux rivaux que sont François Hollande, Marine Le Pen et François Bayrou. Ce dernier est le seul qui a occupé une fonction ministérielle. C'était entre 1993 et 1997... Paradoxalement, la crise pourrait donc profiter au sortant. "Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le bilan d'un président sortant peut être un argument électoral", affirme Henri Guaino, conseiller spécial du président, qui énumère les pays européens où la crise a été beaucoup plus dévastatrice qu'en France.

Hollande "largement surcoté"

Pour l'Élysée, le candidat du Parti socialiste, considéré comme "beaucoup trop sûr de lui", serait "largement surcoté" dans les sondages. "L'annonce de sa candidature lui a permis de gagner trois à quatre points. Aux États unis, lorsqu'un candidat est investi après une primaire, il fait un bond de dix points dans les sondages", analyse un autre conseiller, soulignant que Hollande "a déjà dévoilé son programme" et qu'il "n'a plus rien à dire d'ici l'échéance présidentielle, sinon commenter l'actualité et faire de l'anti-sarkozysme". La majorité mise en effet sur l'annonce de candidature de Nicolas Sarkozy, entre mi-février et mi-mars, pour voir enclencher une nouvelle dynamique autour de trois ou quatre idées fortes. "Une fois que Nicolas sera en campagne, nous verrons des images de ferveur, des salles pleines et des drapeaux flotter. Pour l'heure, on le voit plutôt sortir des conseils européens avec des valises sous les yeux", considère un ami.
Afin d'inverser la tendance, le président-candidat envisage également d'écrire un livre "vérité" à l'adresse des Français, dans lequel il défendra son bilan et esquissera un mea culpa. L'idée est de recréer un lien entre les Français et lui, rompu depuis ses écarts de conduite (Fouquet's, "Casse-toi pov' con"...) et ses quelques promesses non tenues, telles la hausse du pouvoir d'achat ou l'accession à la propriété pour tous. Le mot de la fin revient à l'intéressé, qui défiait ainsi les journalistes lors de ses voeux : "Vous voulez de la passion, des surprises, des rebondissements ? (...) J'essaierai de ne pas vous décevoir, de continuer à vous surprendre... et peut-être, avec une certaine malice, de déjouer certains de vos commentaires, parfois de vos pronostics."

François Hollande aspergé de farine

Une femme a été placée en garde à vue après avoir lancé un paquet de farine à la figure du candidat socialiste, durant la présentation d'un rapport sur le mal-logement.

François Hollande a été victime mercredi d'un jet de farine, alors qu'il parlait à la Porte de Versailles à Paris lors de la présentation du rapport annuel sur le mal-logement de la Fondation Abbé Pierre.


La femme qui a lancé un paquet de farine à la figure du candidat socialiste a dit à BFMTV s'appeler Claire Seguin, habiter Lille et être âgée de 45 ans. Plaquée au sol après son attaque, elle a crié au déni de justice, et a invité les personnes présentes à se rendre sur son blog, dans lequel elle dénonce des atteintes aux libertés envers sa personne. Elle s'est déclarée «absolument à bout de ressources parce que la loi n'est plus appliquée», sans plus de précision, et a affirmé qu'elle était «en train d'être assassinée à Lille par des socialistes». Elle a été placée en garde à vue pour faits de violence. Elle avait déjà pris à partie sur France Inter en décembre la première secrétaire du PS, Martine Aubry.

Sur Twitter, le candidat socialiste à l'élection présidentielle est revenu sur cette péripétie. «Je suis heureux d'avoir signé le contrat social de la Fondation Abbé Pierre, malgré cet acte isolé qui n'honore pas son auteur», a-t-il écrit. «Il y a d'autres moyens de montrer sa contestation, je reste toujours ouvert au dialogue», a-t-il poursuivi.

Interrogé sur un éventuel renfort de son dispositif de sécurité, le candidat PS a indiqué: «Je prends les risques qu'un candidat doit prendre si je veux aller vers les journalistes, les Français. Ce sont les risques du métier». Son entourage a indiqué qu'il était déjà prévu que sa sécurité policière soit renforcée à partir de jeudi.
Conseiller spécial du président Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, qui intervenait après François Hollande, a qualifié ce geste d'hostilité de «pratique détestable», car «dans une démocratie les gens doivent se respecter.
POURTANT UNE TARTE C'EST FAIT AVEC DE LA FARINE !!

Grèce: le FMI fait son mea culpa et change de stratégie

Inquiet par l'ampleur de la récession, le FMI serait prêt à alléger ses exigences sur les finances publiques.

Alors que le chômage frappe 19,2% de la population et que le PIB a chuté de 12,2% depuis 2008, le Fonds monétaire international est en train de changer son fusil d'épaule. La priorité absolue n'est plus le retour à l'équilibre budgétaire, qui dans le programme actuel devait intervenir dès 2012 (hors paiement des intérêts de la dette), mais de rendre l'économie grecque plus compétitive. Ce qui nécessitera une baisse des salaires dans le secteur privé.
Poul Thomsen, le chef de la mission du FMI à Athènes, a fait mercredi un «mea culpa» dans une interview au quotidien Khatimerini: «Nous devons ralentir un peu le rythme de l'assainissement budgétaire et avancer beaucoup plus dans la mise des réformes.» Ces réformes structurelles sont censées redonner plus de flexibilité à l'économie de façon à combattre la récession. Il s'agit principalement de convaincre Athènes d'abaisser le salaire minimum, de 10%, lequel est de 750 euros brut par mois, soit 20% de plus qu'en Espagne et 35% de plus qu'au Portugal. Le Parlement grec discute actuellement d'un projet de loi pour le ramener à 680 euros, moitié moins du salaire minimum français…

Baisse du salaire minimum

Jusqu'à l'été dernier, le FMI s'était donné pour consigne de ne pas intervenir dans le secteur privé, se contentant d'exiger des réductions sur les traitements des fonctionnaires et les pensions. Les experts de Washington avaient tablé sur une décélération naturelle des salaires privés, en réaction à la dégradation du marché du travail. Mais cela ne s'est pas produit.
Dans l'entretien au Khatimerini, Poul Thomsen admet que «l'assainissement budgétaire a été fondé de façon exagérée sur les hausses d'impôts; nous aurions dû mettre davantage l'accent sur la limitation des dépenses». Il se montre par ailleurs «inquiet» de l'ampleur de la récession, le PIB ayant reculé de 6% en 2011 selon ses estimations. Et dément les rumeurs répandues par la presse selon lesquelles il serait contesté au sein même du FMI, où on lui reprocherait un excès de rigidité.
Ce rééquilibrage stratégique pourrait se solder par un report d'un an du plan d'assainissement et de ses objectifs, selon nos informations. L'échéancier actuel prévoit un excédent primaire des finances publiques (hors intérêts de la dette) de 4% du PIB à l'horizon 2020 et un déficit global de 0,8% à cette même date.
Au sein de la troïka -Union européenne, BCE et FMI-, le Fonds fait de plus en plus figure de primus inter pares. Il est à la manœuvre pour que les banques réduisent de plus de 50% leurs créances privées. De même milite-t-il pour que la BCE accepte elle aussi des pertes sur ses avoirs, estimés entre 40 et 50 milliards d'euros.