TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 26 janvier 2012

Sarkozy, candidat du dimanche ?


Lorsque Nicolas Sarkozy évoque l’hypothèse d’un échec électoral, bien sot qui l’y croit résigné. Parce que le défaitisme ne fut jamais sa marque. Malgré les désastreux sondages, l’homme ne part pas vaincu d’avance. Il ira au scrutin d’avril avec sa fougue habituelle, portant la crise comme un atout. La France traverse une terrible tempête économique, l’angoisse gagne les populations ? Justement, tenir la barre réclamera courage et expérience. Le chef de l’État prétend incarner ces deux nécessaires vertus. Il voudra aussi les dénier à ses adversaires, pour mieux se poser en unique recours.


Ainsi s’esquisse la stratégie du prétendant à un second mandat. Pourtant, celui-ci traîne à se déclarer. Plusieurs ténors UMP s’inquiètent d’un tel retard au démarrage. Lionel Luca, hier, osait rappeler la mésaventure qui survint au lièvre face à la tortue… Mais non. Tout occupé “à gérer jusqu’au bout les affaires du pays”, M. Sarkozy recule le moment d’entrer en campagne.


Son actuelle position, remarquez, offre des avantages. Elle lui permettra, dimanche soir, de répondre aux journalistes en direct de l’Élysée. C’est le président, non le candidat, qui présentera des réformes nouvelles… et critiquera le programme socialiste. Dame, la partie ne fait que commencer ! Le champion de la droite va se battre hardiment et garde quelques bottes secrètes. Il sait qu’en politique, souvent, on ressuscite. À l’enterrer trop tôt, les Sarkophages pressés risquent de déchanter.

 Sarkozy: la ruse et le bilan




Pris au piège grec

A Athènes, la guerre des nerfs entre le gouvernement et les créanciers privés entre dans sa phase finale. Pour recevoir ses 130 milliards d'aide, la Grèce doit apporter la preuve de ses réformes. Mais la bonne volonté ne suffit pas toujours. 

Chaque jour, ce sont les mêmes images. Des hommes à la mine aussi sombre que leur costume s'engouffrent dans les portes tournantes de bâtiments anonymes et disparaissent dans l'ombre. La scène se passe à Athènes et les acteurs sont les hommes chargés des négociations entre le gouvernement grec et les représentants des banques qui se rencontrent tous les jours pour jouer une partie de poker autour de l'effacement de la dette grecque.
Sous la pression des gouvernements réunis lors du sommet européen d'octobre dernier, les banques privées et les fonds d'investissement ont promis de faire une croix sur près de 100 milliards d'euros.
Le geste a de quoi impressionner mais rien n'est encore fait. Les créanciers sont pris au piège : les partenaires européens et le Fonds monétaire international ont assorti le deuxième plan de sauvetage à l'effacement de la dette grecque : 130 milliards pour redresser le pays d’ici à 2020. Faute de quoi, ce sera la faillite.

Des salaires réduits de 40% de façon rétroactive

Faire supporter une partie du coût de la crise aux institutions financières privées s'est avérée une grave erreur. Les contributeurs l'ont désormais bien compris, surtout le gouvernement allemand très impliqué dans le dossier. Ce qui semblait juste sur le fond a été mis en oeuvre avec un tel dilettantisme que même Berlin reconnaît "d'importants dommages collatéraux".
A Bruxelles, un diplomate européen explique ce que cela veut dire : "La situation s'est retournée contre nous parce que les investisseurs refusent d'acheter de la dette européenne à long terme, à l'exception de la dette allemande". L'homme connaît bien la situation grecque. Pour lui, c'est "la première fois que l'on court le risque réel de perdre sans s’en rendre compte le contrôle de la situation".
Cette débâcle avec les créanciers privés n'est pas le seul piège qui risque de se refermer sur les sauveurs de la Grèce. Dès l'origine, ces derniers ont en effet sous-estimé le montant de l'aide nécessaire. Devant sans cesse réajuster leur programme d'aide, ils ont fini par méconter tout le monde. D’une part les Grecs, qui doivent payer davantage d'impôts avec des salaires diminués.
D’autre part les investisseurs, qui, craignant la faiblesse de la consommation, ne mettent plus d’argent, ce qui a pour conséquence que presque plus personne ne veut reprendre les entreprises publiques mises en vente. Enfin les citoyens européens, qui ont l'impression de débourser des milliards pour rien.
Tous ces éléments concourent, aux yeux du diplomate, à former un climat "particulièrement explosif". On parle de fonctionnaires du ministère grec des Finances dont le salaire a été réduit de 40% et de façon rétroactive.
Les employés n'ont pas seulement reçu 40% de moins au dernier trimestre de 2011, leur salaire a également été amputé sur les trois premiers trimestres de l'année. Les employées posaient leurs bulletins sur la table et demandaient un rien deséspérés, de quoi ils étaient censés vivre.

Une rigueur aux objectifs "trop ambitieux"

Vient ensuite la question de l'impôt. Avec leurs collègues grecs, les Français ont commencé à mettre en place un nouveau système, qui, s’ils font vite, ne mettra au mieux deux ans pour être opérationnel. Il y aura des appels d’offre au niveau européen.
Il faut respecter des délais, une procédure de sélection, choisir une offre, attendre de nouveau puis mettre en place le système. Tout doit être commandé, acheté et installé puis les salariés doivent être formés. Recouvrer l'impôt efficacement ne dépend pas de la simple bonne volonté des Grecs. Le problème, explique le diplomate, c'est que les objectifs du plan de rigueur sont trop ambitieux.
Aujourd’hui, tout le monde s’étonne de voir que la Grèce ne parvient pas à les atteindre. C'est ainsi que se referme à nouveau le piège grec. Si les sauveurs de la Grèce s'en tenaient à leurs propres prescriptions, ils ne devraient plus alimenter le pays financièrement. Mais est-ce vraiment ce qu'ils veulent dans un pays qui commençait tout juste à remonter la pente ?
Entretemps, la principale erreur du plan européen a été corrigée, à savoir le niveau des taux d'intérêt. En mai 2010, le gouvernement allemand espérait encore gagner de l'argent en aidant la Grèce. La Grèce, expliquait la chancelière, devait payer ses crédits aux taux du marché, voire au-dessus. A croire qu’elle cherchait à punir les Grecs et à apaiser ses concitoyens. Un an plus tard, elle était obligée de reconnaître que ces taux d'intérêt ne faisaient qu'enfoncer un peu plus la Grèce dans la crise.
C’est précisément sur la question des taux que butent les négociations avec les banques privées. Elles jouent avec des dixièmes de point de pourcentage, derrière lesquels se cachent des milliards d'euros. Nous sommes "à un millimètre" d'un accord, déclaraient les banquiers et les responsables politiques vendredi dernier.
Le négociateur des banques, Charles Dallara, est toutefois reparti sans avoir franchi ce dernier millimètre. Et il veut encore une chose : la promesse politique qu’après l’effacement de la dette grecque, on arrêtera de faire passer les banques privées à la caisse. Il ne devrait pas l’obtenir avant le sommet européen de lundi prochain.






Négociations

L’eurogroupe remet la pression

“Les ministres des Finances de la zone euro ont rejeté, le 23 janvier, l’accord que les détenteurs privés de la dette grecque présentaient comme l’offre ‘maximum’ pour les pertes qu’ils sont prêts à assumer”, rapporte le Financial Times. Cela “ouvre un nouveau cycle de stratégie de la corde raide dans les négociations tortueuses pour alléger la dette du pays”. Car l’aide européenne de 130 milliards d’euros ne sera versée à la Grèce que si Athènes trouve un accord avec les banques.
Les ministres demandent que le taux d’intérêt des obligations à 30 ans que les banques obtiendraient en échange de l’abandon d’une partie de la dette actuelle de la Grèce soit inférieur à 3,5% en moyenne. Un taux supérieur permettrait aux banques de ne pas perdre plus de 65 ou 70% de leurs créances mais pèserait trop sur la dette grecque à long terme.

Cent jours pour revenir dans le match


Tous les spécialistes s'accordent à le dire : une présidentielle se cristallise dans l'opinion à trois mois de l'échéance. Janvier, mois charnière... C'est précisément en janvier que les sondages font de François Hollande un grand favori, et de Nicolas Sarkozy un challenger. En janvier que le président-candidat donne l'impression d'être saisi par le doute. Il envisagerait la défaite, la retraite. Vrai ou faux ? Qu'il soit permis d'en... douter. Aucun de ses prédécesseurs dans sa situation n'a jamais pu imaginer un revers. Pourquoi lui ? S'il est une qualité à ne pas lui mégoter, c'est de croire en lui et en sa capacité à réussir l'impossible. S'il fallait définir le sarkozysme, trois mots : homme de certitudes. Aussi ce moment d'égarement, ce « off » sur l'oreiller médiatique, quand bien même il a plus de chance de retrouver Carla à plein temps que de rempiler, a été maîtrisé. Un coup de com' plutôt que de blues. L'une de ces confidences qui vous humanise un homme d'État et remobilise des troupes estourbies. Déjà, il est reparti sabre au clair, continuant de semer les vœux et de porter la charge contre un adversaire qu'il juge flasque. Dimanche, il contre-attaquera à la télévision. Prestation cruciale car s'il n'est pas parvenu à se représidentialiser, son rival, lui, s'est présidentialisé. S'il ne convainc pas - il ne s'agit plus de savoir s'il va ou non accélérer son entrée en campagne -, alors oui, à cent jours, on ne verrait plus très bien comment il pourrait se sortir du guépier. Mais coup de mou, mon œil ! Jusqu'au bout il bougera, annoncera des réformes. Quand on bouge, c'est pour franchir le premier la ligne d'arrivée.

Il va bien, merci


C’est fou ce que l’information politique est conformiste ! À quoi bon s’agiter à réclamer une déclaration de candidature à Nicolas Sarkozy comme si elle devait marquer son entrée officielle en campagne ? En campagne, il l’est déjà ! Et depuis un bon moment. Il faudrait vraiment qu’il soit masochiste pour s’infliger une figure imposée, rarement valorisante pour un sortant, qui ne lui rapporterait rien de plus et lui coûterait beaucoup. Elle le priverait ipso facto de la partie la plus précieuse de son capital, son statut de président en exercice, quand la normalité du candidat ne lui serait d’aucun secours pour regagner le terrain perdu. Lucide, il ne rejouera pas 2007.


L’épisode « Coup de blues en Guyane » façon « Plus belle la vie » ne doit tromper personne. Il n’y a que des médias en mal de mièvrerie pour passer deux jours à commenter un simple état d’âme probablement surjoué. Que les amis du président de la République se rassurent : même si leur champion ne redécolle toujours pas dans les sondages, il va bien. Évoquer une possible défaite, c’était une simple mise en condition avant un rendez-vous fin janvier qu’il s’était fixé pour allumer, après Kourou, le deuxième étage de sa fusée électorale. C’était aussi un aveu original. Il est dans la bataille. Dos au mur. Des conditions qui ont toujours inspiré, voire bonifié, ce bagarreur né. Hier matin, encore, il a eu du réflexe, pour ridiculiser sans prendre de gants, la proposition hasardeuse de François Hollande d’intégrer la loi de 1905 dans la Constitution, tout en reprenant habilement à son compte les inquiétudes alsaciennes.


Dimanche soir, le chef de l’État pourra ainsi profiter, en tout bien tout honneur de la surprenante docilité des cinq chaînes de télévision qui ont accouru au premier claquement de doigts pour retransmettre son intervention d’une heure en prime time. Un traitement de monarque républicain pour répondre, 48 heures après, à l’assaillant du Château. Va-tout ? Il pourra encore se passer tant de choses en 80 jours...

Idiot

« C’est l’économie, idiot ! » Bill Clinton avait affiché ce pense-bête mobilisateur dans son bureau de candidat, en 1991. Et il avait été élu président contre George Bush père, figure respectée mais à la tête d’une économie dégradée… Vingt ans plus tard, les candidats présidentiels français devraient tous placarder dans leurs sièges de campagne : c’est l’économie, idiot ! Ou, plus précisément : c’est l’emploi, idiot ! Oui, point besoin d’avoir fait sciences-po ni d’étudier les sondages pour comprendre notre premier souci à tous : ne pas perdre notre boulot, ou en trouver un. Quand le chômage augmente au rythme de mille chômeurs de plus par jour, l’instinct de survie commande de ne pas être emporté par la vague – et tout le reste n’est que littérature ou propagande. À voir maintenant qui, parmi les candidats, s’affirmera le plus crédible, ou le moins « idiot ».

Des milliards et de l'intelligence


La réalité est vertigineuse. Elle tient en trois chiffres : nous avons plus de 90 milliards de déficits. Pour commencer à s'exonérer du fardeau de la dette, il conviendrait donc d'en rembourser au moins autant chaque année. Dans l'idéal, le pouvoir devrait trouver environ 200 milliards de dépenses en moins et/ou de recettes en plus, pour retrouver toute sa marge de manoeuvre.


La solution est compliquée. Pour tous les présidentiables. Minimiser le passif ou s'acharner contre les prétendues faiblesses de François Hollande n'est d'aucune utilité. Noircir le bilan ne ferait que déprimer un peu plus les Français. Disserter sur la responsabilité respective de la crise, des pouvoirs précédents et de la gestion Sarkozy n'offre pas de travail à nos 2,8 millions de chômeurs.


La solution est économiquement lourde. Sabrer la dépense ou alourdir les prélèvements peut plonger le pays dans la récession et tuer le malade que l'on prétend guérir. Elle est politiquement périlleuse et risque de faire voler en éclats tout pouvoir qui tenterait de gouverner seul contre tous et sur des critères injustes.


François Hollande proposera, ce matin, de stabiliser la dépense publique - pas de politique nouvelle qui ne soit pas financée - et de prélever 30 milliards de charges et impôts nouveaux. À ce niveau d'effort, supporté essentiellement par les hauts revenus, il évite la récession. Mais sans croissance, sans relance européenne, ce chiffre n'est pas à la hauteur des besoins.


Sans projet présidentiel connu pour l'instant, on ignore l'ampleur de ce qu'imagine Nicolas Sarkozy. L'addition des budgets supplémentaires et des plans de rigueur récemment votés rend déjà la facture salée. Dimanche, il annoncera des mesures d'urgence, entre autres l'impopulaire transfert vers la TVA de 35 milliards de charges. Mais la compétitivité est une plante à croissance lente, qu'il aurait fallu arroser hier pour qu'elle rapporte quelques fruits au moment où le pays manque de vitamines.


François Bayrou propose de baisser la dépense de 50 milliards et d'accroître la recette d'autant. Encore imprécis dans la déclinaison de son projet et incertain dans sa capacité politique à le mettre en oeuvre, il offre une perspective - beaucoup de rigueur et un peu de relance - proportionnée à l'enjeu.


Quel que soit le... malheureux élu, la solution est à haut risque politique. L'ampleur des remises en cause permet d'anticiper qu'il ne suffira pas de décréter, en haut lieu, un plan d'énarque pour que les Français s'y conforment docilement. De convoquer un sommet social de deux heures ou de faire payer les riches pour que tout soit réglé. Ni de lâcher, au Bourget, des déclarations qui ne se transformeraient pas en preuves d'amour.


Sans méthode, le courage serait synonyme de suicide politique. Pour offrir le meilleur service public au moindre coût, pour trouver un juste équilibre contributif entre la production, la rente et la spéculation, pour fluidifier le marché du travail, il faudra avoir l'humilité d'écouter, l'intelligence de coopérer et la force d'arbitrer. Pour que de la contrainte naisse l'innovation !

Un président honnête, ça n'existe pas !

Hervé Gattegno, rédacteur en chef au "Point", intervient sur les ondes de RMC du lundi au vendredi à 8 h 20 pour sa chronique politique "Le parti pris".

Selon un sondage CSA publié par le site Terrafemina, 53 % des Français considèrent que la qualité principale à attendre du prochain président de la République est l'honnêteté. Votre parti pris va les décevoir : un président honnête, ça n'existe pas ! Vous en êtes sûr ?
Attention : il ne s'agit pas de souscrire à la méchante rengaine du "tous pourris". Il ne faut pas confondre un président honnête et un président intègre. Les citoyens sont évidemment en droit d'espérer que l'État soit dirigé avec probité - c'est-à-dire par quelqu'un qui n'abuse pas du pouvoir pour s'enrichir, favoriser ses proches ou monnayer ses décisions. C'est même la moindre des choses que ce critère-là soit retenu comme une condition sine qua non. D'ailleurs, les candidats en font souvent un argument de campagne en promettant "l'État impartial" ou "l'État irréprochable". En réalité, il y a toujours des reproches à faire à un dirigeant. Le président est juridiquement irresponsable, mais il n'est jamais insoupçonnable.
Ça ressemblerait à quoi, un président honnête ?
D'après le dictionnaire, l'honnêteté, c'est à la fois l'intégrité et la franchise. On peut exiger l'intégrité, mais est-ce qu'il est réaliste d'attendre d'un président une franchise totale ? Il est évident que non. D'abord, il y a des choses qu'un chef d'État ne peut pas divulguer sans compromettre les intérêts du pays : dans des négociations internationales ou quand existent des menaces contre la France. Le pouvoir oblige à mentir. Et la conquête du pouvoir, au moins autant. Il y a un exemple fameux : de Gaulle savait qu'il ne pourrait pas garder l'Algérie française ; est-ce qu'il a eu tort de le faire croire ou de permettre l'indépendance ? Churchill a dit : "C'est une belle chose d'être honnête, mais il faut aussi avoir raison." En politique, il vaut parfois mieux tenir un cap que tenir sa parole.
Est-ce qu'on ne peut pas, malgré tout, espérer un président - et des candidats - qui disent la vérité ?
C'est un objectif louable, mais chimérique. La promesse de vérité est une arme formidable devant l'opinion. Mendès, Barre, Rocard ont fait carrière sur ce créneau - mais aucun n'a été président. Mitterrand et Chirac, eux, ont été élus alors que c'étaient de grands menteurs. Quand Jospin a dit "l'État ne peut pas tout" à des ouvriers dont l'usine fermait ou quand il a admis avoir été "naïf" à propos de la sécurité, c'était vrai, mais il l'a payé cher. Est-ce qu'on supporterait d'entendre Nicolas Sarkozy dire qu'on ne sait plus quoi faire contre le chômage ? Ou qu'on a échoué en Afghanistan ? Non - pourtant, ça en a tout l'air... Et est-ce que François Hollande peut se faire élire en annonçant que les impôts augmenteront ? Probablement pas. Il ne faut pas espérer de nos dirigeants qu'ils disent toute la vérité. Mais on pourrait au moins attendre d'eux qu'ils reconnaissent leurs erreurs.
Si j'ai bien compris, les électeurs qui privilégient l'honnêteté peuvent se préparer à être déçus...
Oui et, au fond, ils le savent. C'est logique d'espérer qu'un chef ait toutes les qualités, mais c'est impossible. Là où le sondage de Terrafemina peut surprendre, c'est que la deuxième qualité qui est citée, c'est le courage, mais que le réalisme vient plus loin, et l'autorité et l'indépendance bien plus loin encore ! Ce sont pourtant des qualités morales qui sont vraiment essentielles à un homme d'État - bien plus que l'honnêteté. Ce qui prouve qu'en toute honnêteté les Français aussi peuvent se tromper...

DESSINS AU HASARD DE LA PRESSE.




Fonctionnaires : les calculs du camp Hollande

Lors de son meeting au Bourget, dimanche 22 janvier, François Hollande a, en partie, clarifié ses projets pour la fonction publique. "Il sera mis fin à la règle aveugle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite", a déclaré le candidat socialiste. Entre 2008 et 2012, 150 000 postes de fonctionnaires partis en retraite n'ont pas été pourvus du fait de cette règle édictée par Nicolas Sarkozy.

M.Hollande a ainsi donné satisfaction aux syndicats : "Je ne l'avais jamais entendu le dire aussi nettement", a déclaré au Monde Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, à l'issue d'une rencontre avec M.Hollande, lundi 23 janvier. Le candidat du PS "s'est cette fois bien engagé à renversé un des dogmes du gouvernement Sarkozy", se félicite Brigitte Jumel (CFDT Fonction publique).
Ils gobent tout,  les augmentations de salaires, la renégotiation avec Merkel, enfin la lune quoi !

PAS D'AUGMENTATION DU NOMBRE DE FONCTIONNAIRES
Au Bourget, dimanche, M.Hollande a également indiqué que "le nombre de fonctionnaires n'augmentera pas". Il s'agit là d'une confirmation. "Il n'y aura pas de postes supplémentaires créés dans la fonction publique d'Etat", avait déclaré, lundi 16 janvier, Jérôme Cahuzac, député (PS) du Lot-et-Garonne, chargé des finances dans l'équipe de campagne de M.Hollande. Les 150 000 postes non pourvus du fait de la règle des un sur deux ne seront donc pas compensés. Sauf en partie dans l'éducation nationale, la justice et la police.
13 000 nouveaux fonctionnaires par an. M.Hollande a, en effet, confirmé, dimanche, sa proposition de créer, sur la totalité de son mandat "60 000 postes supplémentaires dans l'éducation, pas seulement de professeurs, mais de surveillants, d'infirmières, d'assistances sociales". Soit 12 000 postes par an. Ces créations nettes viendront s'ajouter aux postes désormais de nouveau pourvus à chaque départ en retraite dans l'éducation. M.Hollande a également déclaré qu'il créerait "1 000" postes "chaque année, dans la justice, dans la police, dans la gendarmerie ". En tout donc, 13 000 nouveaux fonctionnaires par an.
Sachant qu'il raisonne "à effectif constant dans la fonction publique d'Etat, […] il y a une marge de manœuvre que François Hollande décidera d'affecter selon ses choix politiques", expliquait le 16 janvier, M. Cahuzac. En clair, "il s'agit de redéployer et de mettre des moyens supplémentaires en personnels dans l'éducation nationale pour réparer ce qui a été détruit depuis cinq ans", avait déclaré M.Hollande le 5 janvier.
"REDÉPLOIEMENT", LE MOT QUI FÂCHE
Au Bourget, dimanche, M.Hollande n'a guère évoqué de redéploiement. Il faut dire que le mot fâche au PS. Mardi 17 janvier, Henri Emmanuelli, député (PS) des Landes, Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice (PS) de Paris et Benoît Hamon, porte-parole du PS ont exprimé leur crainte de voir les nouveaux postes créés par simple "redéploiement". Leur communiqué commun faisait suite aux propos de M.Cahuzac qui sur France 2, lundi 16 janvier avait, pour sa part prononcé le mot.
>> Lire : "60 000 postes dans l'éducation : la gauche du PS met en garde M. Hollande"
Pas de privatisation."On ne peut parler de redéploiement car on ne prendra pas des agents des finances pour les mettre à l'éducation", a expliqué, lundi 23 janvier au Monde, Bruno Julliard en charge de l'éducation dans l'équipe de campagne de M.Hollande. "En revanche, il y aura bien 13 000 postes non pourvus dans certaines administrations centrales", précise-t-il, évoquant Bercy, ou le ministère de l'équipement. Depuis plusieurs semaines, l'équipe du candidat a toujours précisé qu'il n'était pas question que ces postes ne relèvent pas du secteur public. Vincent Peillon, chargé de piloter le "pôle éducation et enseignement supérieur" dans l'équipe Hollande, indiquait ainsi, le 18 janvier, que tout décision se prendrait "à périmètre constant de la fonction publique de l'Etat".
Pas de transfert aux collectivités. Bien que le candidat ait annoncé, au Bourget, dimanche, "un nouvel acte de la décentralisation", il est bien clair, pour son équipe, que les 13 000 postes à créer ne seront pas non plus pris en charge par les collectivités locales. Un point qu'il a clarifié lundi 23 janvier, en recevant tour à tour, outre la FSU, l'Unsa et la CFDT. Il a chaque fois "été catégorique", selon M. Julliard. "Les 60 000 nouveaux postes dans l'éducation nationale seront bien pris en charge dans le budget de l'Etat (...)"Dans son esprit, il ne s'agit pas de décentraliser pour permettre à l'Etat de faire des économies", précis M. Julliard.
Reste à savoir dans quelle administration centrale les 13 000 postes annuels ne seront pas renouvelés.
Lundi, l'UMP ne s'est pas privée de poser la question. Citant les "1 000" policiers que M.Hollande veut créer dans les " zones prioritaires de sécurité ", Claude Guéant a ironisé : " Par rapport à la cacophonie qui a régné dans son entourage les jours précédents [ M.Hollande] a apporté quelque chose de neuf. Ce qui est très important, il a dit : je les créerai mais je les financerai par redéploiement. C'est à dire en supprimant d'autres emplois dans la fonction publique. Ce qu'il faut maintenant dire c'est quels emplois ", a observé le ministre de l'intérieur. De son côté, François Sauvadet, ministre de la fonction publique a qualifié, lundi, M.Hollande de " prince de l'ambiguité ".

La fonction publique est "antisarkozyste", selon le Cevipof

Cinq ans après l'entrée en vigueur de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), et trois mois avant l'élection présidentielle, le Centre de recherches politiques de Science-Po (Cevipof) publie une étude sur le vote des fonctionnaires. Dans cette note, Luc Rouban, spécialiste de la fonction publique, note un phénomène principal : le rejet du président de la République, Nicolas Sarkozy.

L'étude pointe également une poussée de Marine Le Pen dans certaines parties de la fonction publique, même si elle n'est pas généralisée. "Si l'élection ne voyait voter que les seuls agents du secteur public, François Hollande affronterait Marine Le Pen au second tour", résume l'auteur d'une formule choc.
Ce travail est fondé sur les résultats d'une enquête réalisée en décembre 2011. L'auteur prend soin de préciser qu'il n'existe pas, à proprement parler, de "vote des fonctionnaires" homogène. "La grande différence entre salariés du public et salariés du privé n'existe pas", explique M. Rouban, qui note l'importance du "niveau du diplôme et de responsabilité (…) dans le degré de politisation ou d'engagement à gauche". Mais, précise-t-il cependant, il demeure que " la fonction publique constitue en 2012 le point nodal de l'antisarkorzisme".
LE PEN EN TÊTE CHEZ LES POLICIERS ET LES MILITAIRES
Le Cevipof sépare, dans son étude, au moment d'étudier les intentions de vote du premier tour de la présidentielle, le vote des fonctions publiques d'Etat, hospitalière, territoriale, et celle des entreprises publiques. Il ventile également les votes, dans une autre classification, selon les métiers : cadres, enseignants, employés, policiers et militaires.
M. Rouban constate que les intentions de vote en faveur de Mme Le Pen sont "très marquées dans la fonction publique hospitalière comme dans les entreprises publiques". La candidate du Front national fait, dans le premier cas, jeu égal avec M. Sarkozy, à 18 %. Dans les entreprises publiques, sa cote s'établit à 24 %, loin devant celle du chef de l'Etat (13 %).
Dans l'analyse par métier, Mme Le Pen pèse très peu chez les cadres (4 %) et les enseignants (3 %), mais beaucoup plus chez les employés (18 %) et surtout chez les policiers et les militaires (37 %). Dans cette dernière catégorie, Mme Le Pen devance nettement M. Sarkozy (27 %), M. Bayrou (11 %) et M. Hollande, qui n'obtient que 8 % des intentions de vote.
Dans cette étude fondée sur des résultats de décembre, M. Rouban s'attarde aussi sur le vote en faveur de François Bayrou, en net recul. "Les cadres du public avaient voté pour lui à hauteur de 21 % et les enseignants de 26 %. Les deux intentions de vote de ces deux catégories, fin 2011, ne sont plus respectivement que de 11 % et 10 %", précise-t-il. C'était avant la poussée du candidat centriste dans les sondages de janvier.

Hollande/Juppé sur France2 : Ça sent la poudre

C'est Alain Juppé qui affrontera François Hollande jeudi soir sur France2. Un adversaire de poids pour le candidat PS, et une pièce maîtresse du dispositif de campagne de Nicolas Sarkozy.

Non seulement François Hollande n'a vu aucun inconvénient à se trouver face à Alain Juppé jeudi soir dans le cadre de l'émission Des paroles et des actes sur France2, mais il en serait presque flatté. Ancien Premier ministre de Jacques Chirac qui voyait en lui le « meilleur d'entre nous », actuel ministre des Affaires étrangères, celui qui avait été l'homme le plus impopulaire de France lors des grandes grèves de 1995, balayé par la dissolution ratée de 1997, puis contraint à l'exil au Canada en raison de ses ennuis judiciaires, bénéficie désormais d'une popularité flatteuse et d'une image de sage.
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En attendant d'affronter, peut-être, Nicolas Sarkozy lui-même entre les deux tours de la présidentielle, il s'agit donc d'un adversaire de choix pour le candidat PS François Hollande, un personnage aussi courtois que brillant, qui a l'avantage de l'élever au-dessus des petites joutes politiques. « On allait quand même pas envoyer Nadine Morano ! », rigole un député UMP. Dans l'entourage du candidat socialiste, on rend donc hommage à « un homme intelligent, qui a un passé d'homme d'Etat et des fonctions estimables », bref « quelqu'un d'important ». « C'est un bon ministre des Affaires étrangères, quelqu'un d'estimable et de respectable », insiste un autre responsable PS.

"Il sera sans complaisance, peut-être arrogant"

Pour autant, Hollande va à ce débat sans « crainte ». « La politique étrangère de Nicolas Sarkozy mérite discussion, souligne un proche. On peut débattre avec Alain Juppé sans se sentir écrasé par l'homme : il est ministre des Affaires étrangères ; François Hollande est candidat à la présidentielle ». Au Parti socialiste, on table aussi sur une certaine rigidité d'Alain Juppé pour marquer des points. « Il sera sans complaisance, peut-être arrogant, c'est son défaut », estime un responsable socialiste.
Reste que Juppé ne lui fera aucun cadeau : il a déjà annoncé qu'il entendait réclamer des « éclaircissements » sur les dépenses que Hollande envisage, et critique les « vieilles lunes » ressorties, selon lui, par le candidat PS. Au meeting du Bourget dimanche, « c'était un peu retour à Mitterrand, le mur de l'argent, la finance », a-t-il ironisé mardi. « C'est très bien de se désigner un adversaire sans visage, comme ça, on est sûr qu'il ne répondra pas ».
A droite aussi, on applaudit au choix d'Alain Juppé. « Heureusement qu'il est là ! », s'exclame Bernard Debré, reflétant un point de vue largement partagé parmi les parlementaires UMP. « Il est solide, sérieux, c'est pas un rigolo. Il est très fort dans ses bottes et ça va être difficile pour Hollande », pronostique le député de Paris.

Demain à Matignon?

Sollicité de toutes parts à l'UMP, Alain Juppé apparaît plus que jamais comme une pièce maîtresse du dispositif de campagne de Nicolas Sarkozy. Avec le Premier ministre François Fillon - qui affrontera à son tour Martine Aubry le 2 février sur France2 - et le patron de l'UMP Jean-François Copé, chargé de mobiliser militants et parlementaires, il bat les estrades et multiplie les interviews pour préparer le terrain avant l'entrée officielle en campagne du chef de l'Etat. En meeting mercredi soir à Nice, il sera ainsi Havre le 9 février et à Strasbourg le 15 février.
Lors des réunions à l'Elysée, il a l'oreille du président, qui le pousse ostensiblement en avant ou le prend par le bras pour de longs apartés en marge des sommets internationaux. Il dispose aussi d'une rare liberté de parole en sarkozie. Récemment, il critiquait ainsi publiquement la proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien, soutenue par l'Elysée. Cette autonomie lui aussi permet de tendre la main à son ami, le candidat du MoDem François Bayrou. « Juppé a été Premier ministre. Il devrait être à sa place. Alors plus Sarkozy le valorise, plus il se valorise lui-même », relativise un visiteur régulier de l'Elysée.
Alain Juppé jouera donc gros jeudi soir : s'il est mis en difficulté, cela affaiblira son camp et pèsera sur son avenir, alors que certains le voient déjà à Matignon après 2012. Mais François Hollande, lui, ne peut tout simplement pas se permettre de trébucher alors même que sa campagne semble trouver un souffle depuis le meeting du Bourget dimanche.