TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 21 janvier 2012

Le chemin de la correction passe par la Grèce

La France a perdu son Triple A. Elle n'est pas la seule... et tout le monde s'accorde à dire que ce n'est pas si grave, qu'on peut bien continuer comme ça, qu'on emprunte d'ailleurs moins cher maintenant que lorsqu'on avait encore le sacro-saint AAA.

Certes.

Mais n'oubliez pas que M. le Marché trouve toujours le moyen d'arriver à ses fins... même s'il lui faut pour cela emprunter des chemins détournés. En l'occurrence, les fins de M. le Marché actuellement sont de corriger les excès de dette qui se sont sédimentés dans le système économique mondial, l'étouffant et l'empêchant de fonctionner correctement.

Pour y parvenir en Europe -- et en France plus précisément --, M. le Marché devra visiblement passer... par la Grèce. Il y a rupture des négociations avec les créanciers privés ; la décote de 50% sur la dette grecque a du mal à passer. Par conséquent, les risques de défaut de paiement pur et simple se multiplient.

Or comme l'expliquait Simone Wapler jeudi dans La Stratégie de Simone Wapler, parmi les "créanciers privés" en première ligne dans le conflit grec, il y a peut-être... vous.

"Les créanciers privés sont les banques, les assureurs et les fonds d'investissement. Ce peut être vous, à votre insu, au travers de votre assurance-vie, de vos SICAV monétaires, de vos souscriptions à des fonds de complément de retraite", nous dit Simone, qui parle de "zizanie" concernant les produits dérivés assurant contre un défaut grec :

"Il y a en l'occurrence deux espèces bien distinctes : ceux qui n'entendent pas que l'affaire grecque deviennent un événement de crédit et les autres. D'un côté, il y a ceux qui voudraient que tout le monde prenne 142 milliards d'euros de pertes en serrant les dents ; de l'autre, ceux qui aimeraient pouvoir faire jouer ces fameux CDS (credit default swaps), instruments dérivés censés justement les assurer contre un événement de crédit".

Pour bien comprendre comment nous en sommes arrivés là, poursuit Simone, il faut en revenir aux débuts de la Zone euro :

A cette époque, "certaines banques [avaient] trouvé le bon filon pour gagner de l'argent : prêter à la Grèce, nouveau membre de la Zone euro, à un taux moins élevé que ce que pouvait prétendre ce pays du temps de la drachme -- mais quand même à un tarif plus élevé qu'à l'Allemagne ou la France. Ces banques n'étaient pas obligées de prêter. Elles auraient dû faire leur enquête (due diligence). La Grèce ne se serait pas alors surendettée !"

"Le ciel économique s'assombrit cependant avec la crise américaine du crédit subprime. Les banques engagées en Grèce demandent la fabrication de CDS, censés assurer leur risque. Au début, ce seront les banques américaines qui vont fabriquer ces CDS. De l'autre côté de l'Atlantique, on a encore foi en l'Europe, semble-t-il".

"Aujourd'hui, pour que ces CDS ne soient pas 'actionnés' et ne deviennent pas payables, il faut que les créanciers privés acceptent de perdre ce qu'on leur demande en s'engageant à ne pas faire de 'déclaration de sinistre'. C'est l'intérêt du clan des investisseurs privés émetteurs de CDS : Morgan Stanley, Goldman Sachs, BOA Merrill Lynch, Barclays, Deutsche Bank, UBS et Crédit Suisse, Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole, Natixis".

"Dans l'autre clan, on trouve certaines banques prévoyantes, les assureurs (dans la mesure où ils n'ont pas trop d'actions bancaires dans leur portefeuille) et les fonds. Avec les CDS, nous entrons dans le monde mystérieux du shadow banking et il est très difficile de savoir exactement qui possède quoi".

En tout cas, une chose est certaine : "les pays les plus exposés sont la France, l'Allemagne (pas si vertueuse qu'on veut bien le dire) et la Belgique".

Nous sommes en train de mener une enquête approfondie pour savoir quelles conséquences cette exposition aura sur votre assurance-vie, cher lecteur : les conclusions arrivent bientôt, alors... restez à l'écoute !

Meilleures salutations,

BAYROU CANDIDAT



"Le debrief de l'actualité" de Tanguy Pastureau... par rtl-fr

Guerres

Quatre morts de plus, et la question, inévitable : à quoi ça sert, la guerre ? Cela dépend des guerres. Celle d’Afghanistan a débuté il y a dix ans, au lendemain des attentats contre les tours du World Trade Center. Souvenons-nous, nous étions alors tous d’accord ou presque pour aller combattre Ben Laden et ses protecteurs, les talibans de Kaboul. Depuis, avec l’aide de nos soldats, les talibans ont été chassés de Kaboul et Ben Laden est mort. Mission remplie, mais victoire en trompe-l’œil : l’Afghanistan est aux mains d’un pouvoir fantoche, sans influence au-delà des faubourgs de la capitale, proie facile pour de nouveaux talibans. Et ceux-là mêmes qui devraient l’empêcher, les militaires afghans que nous formons, sont ceux qui tuent nos soldats… Alors, tout ça pour ça ? Oui, et sans doute fallait-il quand même la faire, cette guerre, sans illusion — comme il faudra savoir l’arrêter.

François Hollande, l'heure de vérité

Pour le candidat socialiste, c'est la semaine de tous les dangers... Ou de tous les espoirs.
Le candidat socialiste, en l'espace de quelques jours, doit surprendre les Français en faisant preuve à la fois de charisme, de crédibilité et de pugnacité. Du charisme, ce mélange rare d'autorité et de proximité, il a l'occasion d'en montrer enfin lors de son premier grand meeting de campagne, au Bourget, dimanche 22 janvier. L'élu de Corrèze compte sur cette réunion publique, comme sur les suivantes, pour établir un lien particulier avec ses concitoyens. Sur un mode tour à tour intimiste et solennel, il replacera son parcours dans celui de la gauche et du pays.
Ce leader si pudique et rationnel saura-t-il se hisser au-dessus de lui-même, fendre l'armure, comme avait dit Lionel Jospin, et trouver le ton personnel qui manque encore au candidat "normal" ? Il se dit déterminé à relever ce défi-là, fût-ce au prix d'une dramaturgie qui ne lui est pas familière. L'homme raisonnable devra s'effacer devant le chef habité. Deuxième preuve à fournir, celle de la crédibilité. Ce sera pour jeudi prochain, au matin de son intervention télévisée sur France 2, lors de l'émission "Des paroles et des actes". Seront alors dévoilées ses principales propositions. Fini, les cafouillages, bonjour, les commentaires !

L'époque copain, c'était hier

La droite se ruera sur les mesures tant attendues et ne manquera pas de les trouver soit pusillanimes soit dispendieuses, le tout étant inévitablement considéré comme irresponsable. Les observateurs, comme l'on dit, jugeront de la cohérence de l'ensemble et de sa compatibilité avec l'état des finances publiques. Le candidat soulignera bien sûr que son action sera plus juste et plus efficace que celle du président sortant. L'opinion, via les sondages, tranchera : le Corrézien sera-t-il sorti du "flou" en mettant les Français de son côté ? Enfin, le soir, il devra faire preuve de pugnacité. Non seulement face aux journalistes, exercice auquel il est bien rodé, mais face à Alain Juppé, qui sera son contradicteur politique.
L'ancien Premier ministre, en bon élève, sera ferré à blanc. Il pourra même se prendre, l'espace d'une demi-heure, pour le vrai challenger du socialiste, rôle dont il a toujours rêvé et a été privé. Autant dire qu'il aura à coeur de se montrer performant, quitte à donner des remords à la majorité de ne pas lui avoir confié la mission de la représenter au scrutin suprême. Rude affaire, donc, pour le champion de la gauche. S'il se sort bien de cette séquence à trois volets, il aura peut-être fait le plus dur. Certes, les électeurs n'attendent plus un super héros, un Zorro mirobolant, un marchand d'illusions, mais au moins un père de la nation. L'époque copain, c'était hier. L'ère président, ce sera, peut-être, demain.

Les guitares Gibson ont trop saigné le bois malgache

"Voulez-vous du bois illégal dans votre guitare ?", interpellait la chanteuse malgache Zaia Saïd à l'entrée du Convention Center d'Anaheim (Californie), où se réunissait la National Association of Music Merchants (NAMM), jeudi 19 janvier. Avec l'ONG Friends of the Earth, elle mène campagne contre le fabricant américain de guitares Gibson, qui utilise, selon elle, du bois de rose abattu illégalement sur l'île de Madagascar.

Le légendaire fabricant d'instruments de musique est aussi accusé de faire pression sur le Congrès américain pour qu'il annule certaines dispositions du Lacey Act. Cette loi, adoptée en 2008 pour prévenir l'importation de bois précieux illégalement abattus, impose aux acquéreurs de déclarer la provenance de leur marchandise et de prouver leur légalité. A défaut, ceux-ci risquent de lourdes amendes. En 2011, les usines Gibson de Nashville ont fait l'objet de "descentes" des services de contrôle des autorités fédérales. Le fabricant était soupçonné d'utiliser du bois d'ébène en provenance d'Inde.
Zaia Saïd a entamé son combat en 2007, de retour d'un voyage dans son village natal, Antalaha, devenu l'un des lieux du trafic de bois sur la Grande Ile. "Je voyais même des proches impliqués dans ce commerce souvent nocturne, se souvient-elle. Les profits étaientdémesurés, une palette de bois achetée 10 à 15 dollars se revendant jusqu'à 1 million de dollars (773 000 d'euros) !"
Pour alerter l'opinion, elle a lancé la pétition "Musicians Against Illegal Logging" ("musiciens contre la déforestation") et, en octobre 2011, elle a organisé Réveillez-vous Masoala, un festival qui a connu un grand succès auprès de ses compatriotes.
"Des milliers de gens ont marché cinq jours pour assister aux concerts à l'orée du parc national de Masoala, où la forêt est le plus en danger", raconte-t-elle. Les Amis de la Terre ont replanté 20 000 arbres, bois de rose, ébène, palissandre...
CONFISCATION
Au même moment, à Nashville, l'industrie du disque organisait sa riposte en tentant d'effrayer les musiciens sur la possible confiscation de leur instrument si le message de Zaia Saïd était entendu. Mais c'est mensonger, rétorque la chanteuse : "Les musiciens détenteurs de guitares Gibson ne seront jamais inquiétés, seul le fabricant sera visé par les autorités fédérales."
Devant cette querelle mettant à mal l'un de leurs principaux concurrents, des représentants des guitares Taylor, fabriquées à San Diego, commentent sereinement : "Il n'y a pas de bois illégal dans les guitares Taylor, notre direction a toujours été très soucieuse de l'environnement." Ce que les défenseurs de la forêt ne remettent pas en cause. Un marchand de guitares constate toutefois que, depuis le début de cette campagne, ses clients posent davantage de questions sur l'origine exacte du bois de leur cher instrument à cordes.

L’arabisme n’est plus : voici l’oumma

Beyrouth, le 19 janvier 2012, 23 h. – C’est ce samedi 21 janvier que débutera le démantèlement du principal pont qui mène de Beyrouth vers Jounieh sur cet axe vital que les Libanais osent appeler « l’autoroute » Beyrouth-Tripoli. Conséquence immédiate de l’effondrement de l’immeuble d’Achrafieh dimanche dernier. Cela fait des années que nous savons que ce pont de Jal-El-Dib risque de s’effondrer à n’importe quel moment. Le trafic y est toujours aussi dense. Je l’ai même emprunté aujourd’hui. Nous n’avons guère le choix d’ailleurs. A partir de la semaine prochaine commenceront deux ans de très longs travaux, et pour les automobilistes qui n’ont pas d’autre choix, des heures noires au volant de leurs voitures. Ce pont est vraiment à l’image du pays. Mais là n’est pas vraiment mon propos de ce soir.

Notre actualité reste et demeure la Syrie, les suites des élections en Egypte, en Tunisie, la situation chaotique en Libye, la victoire réelle, certaine ou annoncée des Frères musulmans, la présence et le rôle incontournables de la Turquie sur la scène proche-orientale !

L’analyse du dernier discours de Bachar el-Assad nous a frappé par l’usage immodéré du terme « arabisme ». Mot devenu rare chez lui depuis son étroite alliance avec l’Iran. Avec les Perses comme l’axe adverse les nomme. « Arabisme », concept inconnu aussi dans les slogans et discours des révolutionnaires en Egypte, en Tunisie ou encore en Libye, mais que l’on retrouve encore au sein du Conseil National Syrien qui milite pour une « République arabe syrienne », perdant du même coup, comme nous l’avions vu la semaine dernière, le soutien de l’opposition kurde. Et le fléau de la balance de l’histoire penche inexorablement vers l’islamisme des Frères musulmans. Comme une revanche.

Quand à la fin du XIXe siècle l’Empire ottoman vit ses dernières heures, des voix turques se lèvent pour tenter de sauver l’empire au nom du Califat, au nom de l’islam… mais l’heure était aux nations. Au droit des peuples de disposer d’eux-mêmes. A Istanbul les Jeunes-Turcs prennent le pouvoir et abolissent tous les particularismes qui avaient permis aux nations de l’Empire de survivre. Les millets n’existaient plus. Et les Chrétiens en seront les premières victimes. Reconnus citoyens ottomans, alors que l’islam ne leur reconnaissait qu’un droit d’étranger vivant sur le territoire de l’empire, ils seront massacrés et les dates s’égrènent en un chapelet sanglant : 1840, 1860, 1905, 1915… et je ne les cite pas tous.

L’empire se disloque et les Etats du Proche-Orient sont créés. Ils n’ont pas d’histoire propre. Ce sont des parcelles d’empire. Seules ont une histoire les communautés qui les composent, leurs villes – les mortes et les autres – qui furent des royaumes… Mais ils ont un idéal, une « identité » : ils sont arabes. Les Ottomans sont turcs. Et au nom de cette arabité ils se sont battus contre les Ottomans. Oubliant en chemin que ce concept d’arabité avait été mis en avant par les Chrétiens qui se cherchant un point commun avec leurs voisins musulmans ont trouvé l’arabité. Les Ottomans pendront pour trahison des Chrétiens et des Musulmans à Damas comme à Beyrouth.

Peu à peu, les mots en isme étant la règle, c’est au nom de l’arabisme que les révolutions se firent au Caire avec Nasser, à Tripoli avec Khadafi, à Damas avec Assad Père… et à Bagdad, Saddam Hussein étant alors le vice-président de l’Irak. Nous étions loin de ces années d’entre-deux guerres où tout semblait encore possible. Ces révolutions et ces dictatures qui s’installent marquent toutes des dates noires pour les Chrétiens qui partent alors en masse pour les Amériques, l’Europe et l’Australie… Pour durer, ces dictatures n’hésiteront jamais à prendre à leur compte le discours et la logorrhée de leur principal ennemi, l’islam pur et dur des Frères musulmans.

Aujourd’hui la confrérie des Frères musulmans n’attend plus que la chute d’Assad. Et les rêves d’Oumma des Tunisiens et des Libyens seront alors possibles. Les rêves d’empire des Turcs aussi. Il n’est plus de mise aujourd’hui de se souvenir qu’ils ne sont pas arabes. Ils sont musulmans et puis c’est tout. Ils ont la puissance militaire et économique et même culturelle (!) : les feuilletons turcs sont sur toutes les chaînes, doublés en arabe.

Et encore une fois se pose la question de la place des Chrétiens dans le monde arabe de demain devenu un monde d’abord musulman…

La tour de Babel

La prise de conscience de la situation difficile de notre économie fait son chemin. La dégradation de la note de la France et de huit autres pays de l'Union européenne a marqué les esprits. Cette opération technique ne changera pas le réel, mais elle doit nous inciter à agir pour arrêter la spirale descendante dans laquelle nous nous sommes engagés.

Le monde a changé en quelques décennies, ne serait-ce qu'en ce qui concerne la population mondiale. En 1960, celle-ci s'élevait à trois milliards d'humains. Aujourd'hui, nous en sommes environ à sept milliards. Nous serons neuf milliards en 2050, une évolution inouïe dans toute l'histoire de l'humanité.

Nous voyons émerger des pays continents (Brésil, Inde, Chine) qui étendent de plus en plus leur influence. Pendant ce temps-là, l'Occident se replie après s'être stupidement épuisé dans des guerres perdues qui se sont avérées inutiles, même contre-productives, et qui demeurent meurtrières comme on l'a vu encore hier en Afghanistan. Son économie fatiguée s'essouffle en poursuivant à marche forcée une croissance mythique, oubliant que ce qui compte, plus que la croissance, c'est le développement. Ce développement intégral qu'appelait de ses voeux, dans les années 1950, un homme d'église, dominicain de son état, le Père Lebret : « Le développement doit être intégral, c'est-à-dire promouvoir tout homme et tout l'homme. Il est le passage pour chacun et pour tous d'une condition moins humaine à une condition plus humaine, au rythme le plus rapide possible, au coût le moins élevé possible, compte tenu de la solidarité entre les fractions de la population nationale et de la solidarité entre les nations. »

C'était à la fois un appel et un avertissement qu'il avait lancés dans son livre Suicide ou survie de l'Occident, titre prémonitoire car la question est posée aujourd'hui plus encore qu'hier.

Que nous disons-nous ? Où allons-nous ?

Un incroyable naufrage, celui du Costa Concordia, devrait aussi nous conduire à plus de réflexion sur tous ces problèmes qui surgissent de nos rêves, de nos ambitions, assistés de nos si performantes techniques.

- Le gigantisme des cités mondiales, mégalopoles, villes-États où la sécurité, l'hygiène sont de moins en moins assurés, où l'approvisionnement ne serait-ce qu'en eau est de plus en plus difficile et incertain, sans parler de la pollution atmosphérique qui handicape les personnes.

- Gigantisme des moyens de transport, trains et tunnels de longueurs interminables, avions gros-porteurs de passagers dont l'évacuation nécessairement rapide sera difficile en cas de catastrophe, navires-cités armés d'équipages disparates venus du monde entier qui ne parlent pas la même langue, se comprennent à peine.

- Vitesse, course infernale qui lancent tous les hommes dans un tourbillon incessant et que contemplent avec stupéfaction, mais pour combien de temps encore, ces populations rurales souvent laissées pour compte comme si elles étaient figées dans le passé.

- Tourbillon informatique du Net avec, tout autour du monde, des transmissions instantanées d'informations techniques, politiques, financières, ce qui amoindrit le temps nécessaire à la réflexion pour la prise de décision.

Le magnifique et orgueilleux paquebot Costa Concordia nous rappelle aujourd'hui à l'humilité. Il a été vaincu par un tout petit rocher qui l'a ouvert comme une vulgaire boîte de conserve. Miracle que sur 4 200 personnes, il n'y eût qu'une dizaine de victimes, mais une seule évidemment eut été de trop.

Le Costa Concordia était bel et bien à l'image de notre monde : rapide, massif, technicisé, automatisé mais fragile. C'était une sorte de tour de Babel, cette Babel qui fut victime de sa propre grandeur, son ampleur ayant rassemblé tant d'hommes pour sa croissance démesurée qu'ils finirent par ne plus se comprendre, ni même comprendre ce qu'ils voulaient faire et ce qu'ils construisaient.

Le Costa Concordia, couché sur le flanc, lamentable, impuissant, est comme une parabole nous montrant la confusion du langage, la confusion des valeurs, la confusion des objectifs. Cette parabole devrait nous inciter à nous interroger : que nous disons-nous ? Que voulons-nous ? Où allons-nous ?

C'est dans ce questionnement que nous devrions réfléchir à la crise majeure qui nous étreint.

Corruption et trahison de la classe politique grecque

En Grèce, l’enquête sur le gonflage artificiel du déficit public pointe la responsabilité du gouvernement Papandréou.

En septembre 2011, un ancien membre du conseil d’administration de l’Institut national de statistique en Grèce à accusé publiquement l’allemand Walter Rademacher, directeur général de Eurostat, organisme chargé de l’information statistique à l’échelle communautaire, Giorgos Papakonstantinou, ministre de l’Economie de l’époque, et Andréas Georgiou, président du conseil d’administration de l’Institut national de statistique (ELSTAT), d’avoir dérogés à certaines règles relatives au calcul du déficit public, et cela dans le but de le faire artificiellement augmenter. Deux mois après cette révélation, un procureur du pôle économique, Grigoris Peponis se saisit de l’affaire, et convoque plusieurs témoins (liste en bas). Plusieurs parmi eux mettent en cause Andréas Georgiou, qui est rapidement convoqués comme suspect par le procureur. Il nie les accusations, et ne sera pas davantage mis en cause, demeurant même président d’ELSTAT.

Dans son dossier, dont quelques passages ont fuités dans la presse grecque, le procureur énonce que « de l’ensemble des preuves collectées (témoins et documents écrits), et essentiellement des témoignages, des éléments sont apparus mettant en exergue des infractions à la loi commises sous la responsabilité de ministres et de personnes occupant certaines positions dans le gouvernement de la Grèce ». Il ajoute que « régulièrement dans les témoignages, référence est faites au gonflement et à la détermination arbitraire du déficit public de 2009, et par connexion, à la responsabilité du Premier ministre de l’époque, Giorgos Papandréou, des membres de son gouvernement, et du ministère de l’Economie. »(1)

Après avoir manipulé les statistiques à la baisse avec l’aide de Goldman Sachs(2) pour pouvoir faire partie de la zone euro, chose qui arrangeait plus les grands pays européens comme l’Allemagne ou la France, notamment pour la vente d’armes(3), que la Grèce elle-même. Le gouvernement grec aurait donc cette fois-ci manipulé les chiffres à la hausse, sous l’oeil de Papandréou, lui-même mandataire des institutions européennes. Entre immunité et impunité, les irresponsables politiques ne sont jamais inquiéter. Ni en cas d’incompétence, pas non plus en cas corruption, encore moins pour les actes commis durant l’exercice de leur fonction. La sanction électorale ne suffit pas. Elle n’a même aucun sens dans un pays qui se revendique démocratique, dès lors qu’en démocratie personne ne peut détenir indéfiniment le pouvoir. Le départ ne peut pas être une punition lorsqu'il est inévitable.

A cette heure, l’Islande demeure le seul pays à avoir traduit en justice un responsable politique, en l’espèce son ancien Premier ministre, pour sa responsabilité dans la crise(4). En Grèce, les députés, les ministres ou le Président de la République se font hués et « yaourtés » à chaque apparition public. Le 15 décembre 2010, Kostis Hatzidakis, député de droite, ancien ministre du Développement, est passé à deux doigts du lynchage(5). La méthode est différente, mais l’objectif ne change pas, punir.

En Islande, la population est sortie dans la rue, à poussée son gouvernement à la démission, et réécrit actuellement sa constitution démocratiquement sur Internet(6), chacun étant libre de participer à sa rédaction. En Grèce, la population est sortie dans la rue, elle s’est faite matraquée(7) et intoxiquée par des gaz périmés. Le gouvernement actuelle est dirigé par Lucas Papademos, technocrate non-élu, ancien vice président de la Banque Centrale Européenne et surtout ancien président de la Banque Centrale de Grèce entre 1994 et 2002, et qui a donc participé à cet effet aux trucages des comptes opérés par Goldman Sachs à l’époque(8). La décision politique n’est pas complètement impuissante devant les circonstances, celles-ci, lorsqu’elles sont extrêmes, révèlent juste le vrai visage des décideurs.


Liste des témoins :

- Zoi Georganta, ex-membre du conseil d’administration d’ELSTAT
- Nikolaos Stroblos, ex-directeur de la Direction des Comptes Nationaux d’ELSTAT
- Nikolaos Logothétis, ex-vice-président d’ELSTAT
- Konstantinos Skordas, ex-membre d’ELSTAT
- Nikolaos Choudis, député européen
- Sofia Voultepsi, journaliste
- Georgos Kassimatis, professeur de droit constitutionnel
- Georgos Romanias, économiste
- Anna Zoirou, économiste
- Stavros Beriatos, chef du département gouvernance générale et compte économique
- Andres Filippou, ex-membre d’ELSTAT
- Anastasia Pateraki, chef à la Direction du PIB
- Georgos Simigiannis, ex-membre d’ELSTAT
- Stella Balfousia, économiste
- Konstantinos Kuriakopoulos, journaliste
- Epanimondas Marias, professeur d’université

(1) http://news247.gr/oikonomia/oikonom...
(2) http://www.nytimes.com/2010/02/14/b...
(3) http://international.blogs.ouest-fr...
(4) http://www.lefigaro.fr/conjoncture/...
(5) http://www.youtube.com/watch?v=i6hD...
(6) http://www.lemonde.fr/idees/article...
(7) http://www.youtube.com/watch?v=VlVM...
(8) http://www.lemonde.fr/europe/articl...


En Grèce, la vérité des chiffres serait-elle un mensonge perpétuel ?

Un scandale concernant de nouvelles manipulations statistiques du déficit public risque de mettre un coup à la déjà très faible légitimité du gouvernement grec, et cela peu avant l’annonce de grandes mesures d’austérité qui seront difficiles à faire accepter à la population.
 Décidément l’Etat grec et les statistiques ne font pas bon ménage. Après avoir cacher le véritable montant de sa dette publique pour respecter les critères de Maastricht et rentrer dans la zone euro, pratique qui perdura jusqu’en 2009 avec l’aide de la banque Goldman Sachs, un nouveau scandale impliquant l’Etat et des manipulations de statistiques vient d’éclater. Il risque de ne pas rester sans conséquences dans un pays où le climat social et politique est actuellement si tendu.
Il y a quelques jours, Zoi Georganta, ex-membre du conseil d’administration de l’Institut national de statistique duquel elle vient de démissionnée, a accusée l’allemand Walter Rademacher, directeur général de Eurostat, organisme chargé de l’information statistique à l’échelle communautaire, ainsi que Giorgos Papakonstantinou, ministre de l’Economie de l’époque, et Andrea Georgiou, président du conseil d’administration de l’Institut national de statistique, d’avoir déroger à certaines règles relatives au calcul du déficit public, et cela dans le but de le faire artificiellement augmenter. En effet, Andrea Georgiou a subitement décidé en 2009, sans demander l’accord, ni même informer son conseil d’administration, de comptabiliser dans le calcul du déficit public certains organismes et entreprises publiques qui ne l’avaient jamais été auparavant, et cela dans aucun autres pays européens, excepté la Norvège. D’après ces révélations, l’objectif était de faire passé le déficit de la Grèce au dessus de celui de l’Irlande, à savoir 14%, afin que ce soit elle qui joue le rôle du maillon faible de l’Europe. Ainsi le déficit grec est passé cette année là de 12% à 15,4%, et la Grèce est depuis dans une rude cure d’austérité.
Zoi Georganta considère que le gouvernement grec a agi ainsi car il s’est soumis à la volonté de l’Allemagne et de Eurostat, et qu’il a mis en scène une situation plus dramatique qu’elle ne l’est en réalité. Elle a tentées d’alerter le Premier ministre, Georgios Papandréou, et le Président de l’Assemblée nationale, Filippos Petsalnikos, mais ses appels sont évidemment restés sans réponses. Ses propos ont depuis été relayés par un autre membre du conseil d’administration de l’Institut national de statistique, M.Skondras, dans une lettre qu’il a écrit à la commission des finances de l’Assemblée. Tous les membres de ce conseil vont, suite à son président, être appelés à témoigner devant cette commission. Giorgos Papakonstantinou, ministre de l’Economie de l’époque, a également des chances d’être convoqués suite à la demande de trois partis politiques ; le KKE (parti communiste), le SYRIZA (extrême-gauche), et le LAOS (extrême-droite). Cette demande sera prochainement votées à l’Assemblée et requiert deux cinquièmes des voix pour être appliquées.
 Enfin, lundi a été publié un mail de Andrea Georgiou, président de l’Institut nationale de statistiques, a destination de Paul Thomsen, le chef de mission du Fonds Monétaire International pour la Grèce, dans lequel il lui décrit ses relations conflictuelles avec les autres membres du conseil d’administration, qui n’appréciaient pas d’avoir été mis à l’écart du traitement statistique de la dette. Suite à cette publication prouvant ses liens étroit avec celui qui est aussi le représentant permanent de Eurostat en Grèce, Andrea Georgiou n’a pas fait de déclaration, en revanche il a porter plainte contre X au Service des crimes éléctroniques. Cette affaire risque de nourrir la défiance de la population à l’égard de son gouvernement, ainsi que d’entretenir le sentiment très répandu chez les grecs selon lequel ils vivent sous la dictature des institutions européennes et du FMI.
 Après deux plans d’austérité, et peu avant un troisième, la situation sociale en Grèce s’est radicalement dégradée. Au delà des manifestations et des grèves récurrentes, l’expansion de la pauvreté engendre des phénomènes nouveaux pour le pays. Le nombre de SDF a augmenter de 30% en deux ans, le taux de suicide de 40%. On peut voir dans tout Athènes des personnes âgés de plus de 60 ans sortir le soir pour faire les poubelles, espérant que la nuit atténuera leurs sentiment de honte. Les héroïnomanes se sont multipliés, et le fait que la durée moyenne d’attente pour rentrer dans une cure de désintoxication soit de 7 ans parait irréelle au regard de l’étendue du problème. La dégradation de la situation n’est malheureusement toujours pas à son paroxysme, et pourtant la contestation sociale n’est pas loin d’atteindre le sien. C’est peut-être ce à quoi l’on aboutit quand on a la possibilité de faire dire tout et n’importe quoi aux chiffres, et que l’on choisi de leurs faire dire n’importe quoi.

 

Si la Grèce sort de l’euro, c’est l’Allemagne qui explose en premier !

Le débat fait rage chez les économistes allemands. La Bundesbank, qui possède 465 milliards d’euros de créances sur l’Eurosystème, est de plus en plus exposée à l'éclatement de la zone euro. 

Lors de la création de l’euro, les pays ont gardé leur banque centrale, bien qu’ils entraient dans une monnaie unique. La structure formée de toutes ces banques centrales et de la Banque centrale européenne (BCE) se nomme « l’Eurosystème ». Il s’agit d’une bizarrerie, normalement à une monnaie doit correspondre une seule banque centrale. Une étude d’Eric Dor de l’Ieseg met en lumière les effets délétères de cette construction baroque.
Au lieu d’avoir une banque centrale qui centralise les transactions de l’ensemble des banques européennes, chaque banque est en liaison avec la banque centrale de son pays. 
La liquidité est fournie par les différentes banques centrales, et les banques commerciales déposent leurs réserves non pas à la BCE, mais dans leur banque centrale.
Ainsi, quand une entreprise grecque achète un produit allemand, une banque grecque transfère de l’argent à une banque allemande. Et la Bundesbank (la banque centrale allemande) se retrouve avec une créance d’autant sur la Banque centrale de Grèce. A cela se rajoute les fuites de capitaux : personne ne prête aux banques grecques qui doivent donc se tourner vers leur banque centrale, et en plus les déposants grecs vident leurs comptes pour les transférer à l’étranger.
On comprend ainsi que les banques centrales des pays exportateurs accumulent des créances de plus en plus importantes sur celles des pays importateurs : les prêts de la Bundesbank au reste de l’Eurosystème atteignent le chiffre record de 465 milliards d’euros (en octobre 2011) ! En contrepartie, les dettes des banques centrales des pays de la périphérie de la zone euro se sont envolées, pour atteindre 118 milliards d’euros pour l’Irlande, 108 milliards d’euros pour l’Espagne, 101 milliards d’euros pour la Grèce, 89 milliards d’euros pour l’Italie ou 57 milliards d’euros pour le Portugal.
Les risques pour l’Allemagne sont énormes. Au cas où la zone euro éclaterait, la Bundesbank subirait des pertes gigantesques sur ces créances, car les nouvelles monnaies (drachme, etc.) perdraient de la valeur par rapport à l’euro. Dans un tel scénario, la Bundesbank devrait être recapitalisée par l’État allemand, qui verrait sa propre dette publique s’envoler.
Et même sans rupture de la zone euro, la Bundesbank s’expose à des pertes potentielles. En effet, la Banque centrale de Grèce fournit de plus en plus de liquidité aux banques grecques, on l’a vu, mais en échange de quoi ? En échange d’actifs (le « collatéral »), mais il faut gratter les fonds de tiroir et ceux-ci sont de moins en moins bonne qualité (des bons du Trésor grecs par exemple…). A un moment il faudra bien enregistrer des pertes sur ces actifs dévalués, et ils seront à la charge de l’Eurosystème tout entier (dont la Bundesbank est « actionnaire » à hauteur de 30%, soit autant de pertes).
Cette information est stupéfiante. On aurait voulu mettre un mécanisme d’autodestruction au cœur même de l’euro qu’on ne s’y serait pas pris autrement. On comprend les cris d’horreur de nos gouvernants lorsqu’est évoqué une sortie de la Grèce de la zone euro : cela provoquerait une implosion du cœur de la zone euro, le pays le plus vertueux, l’Allemagne, étant le plus touché ! On voit aussi qu’une faillite bancaire en Grèce impacterait instantanément toute la zone euro.
Il s’agit clairement d’un vice de construction de l’euro. Peut-on d’ailleurs encore parler de monnaie « unique » quand plusieurs banques centrales peuvent interagir et créer un risque systémique ?