TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 10 janvier 2012

L'aspirine préventive à petites doses fait plus de mal que de bien

Les risques posés par la prise d'une faible dose d'aspirine chaque jour pour des personnes sans maladie cardiovasculaire dépassent les bénéfices en termes de prévention d'un accident cardiaque, selon une étude publiée mardi dans la revue spécialisée Archives of Internal Medicine.

L'étude dirigée par des chercheurs britanniques de l'université de Londres a examiné les données portant sur 100 000 participants à neuf essais cliniques. Les résultats montrent certes une diminution de 10 % du risque de maladie cardiovasculaire, sans conduire pour autant à une baisse significative des décès dus à un accident cardiovasculaire ou à un cancer. En revanche, la prise régulière d'aspirine à faible dose a entraîné un risque 30 % plus élevé de saignements internes mettant en danger la vie du patient.
L'étude conclut que pour des patients en bonne santé, sans pathologie cardiaque détectée, la prise d'aspirine à petite dose entraîne davantage de risques que de bénéfices. L'aspirine, qui prévient la formation de caillots, est administrée aux patients souffrant d'une maladie cardiovasculaire, par exemple après la pose d'un stent. Mais des médecins ont également commencé à prescrire la prise de faibles doses d'aspirine de façon préventive, sans pathologie connue.
Or, l'aspirine à long terme peut entraîner des saignements de type ulcère mais aussi des saignements oculaires. "L'effet bénéfique de l'aspirine dans la prévention des maladies cardiovasculaires pour des personnes ayant fait des attaques ou des AVC [accidents vasculaires cérébraux] est indiscutable", a estimé le docteur Rao Sehasai, de l'université de Londres-St George, engageant ces patients à poursuivre leur traitement.

"Mais les bénéfices pour des personnes qui n'ont pas ces problèmes sont beaucoup plus modestes qu'on le croyait, et un traitement à l'aspirine peut entraîner potentiellement des dégâts majeurs consécutifs à des saignements", a-t-il ajouté. L'étude n'a en outre pas trouvé de preuve que l'aspirine pouvait prévenir des décès par cancer. Plusieurs études précédentes publiées dans The Lancet ont fait état d'effets protecteurs de l'aspirine contre plusieurs cancers courants (colon, prostate, poumon).

"La création se déplace inéluctablement en dehors des Etats-Unis"

Observateur avisé des nouvelles technologies de l'information, Francis Pisani livre les tendances du secteur. Au coeur de ses réflexions, la "mobiquité" et le déplacement de l'innovation vers l'Afrique.

Comment voyez-vous le futur des nouvelles technologies de l'information ?
Trois grandes tendances se dessinent pour les quatre à cinq ans qui viennent. Il y a d'abord l'hyperconnectivité. Les gens et les objets sont de plus en plus connectés. Via les réseaux sociaux bien sûr (800 millions de personnes sur Facebook !) et le déploiement accéléré des téléphones mobiles, presque 6 milliards aujourd'hui. Les objets aussi sont connectés. Ils sont de plus en plus équipés de puces qui contiennent des identifiants et des données qui alimentent la couche informationnelle. La technologie RFID ["radio frequency identification" ou radio-identification, Ndlr] permet d'identifier et de suivre ces objets tout au long de leur parcours.
Il y a ensuite ce que j'appelle le "tsunami des données". L'hyperconnectivité que je viens de décrire contribue à une production massive d'informations. Les réseaux sociaux sont des foyers de production de données importants. Puis il y a les capteurs qui fournissent les informations issues des objets connectés. Nous avons aujourd'hui accès à des milliards de "datas" concernant le moindre aspect de la vie. Et nous disposons d'outils pour traiter ces données. C'est essentiel pour analyser les phénomènes contemporains et prendre des décisions. Par exemple, une enquête est actuellement en cours sur les délocalisations américaines en Chine ; elle est réalisée à partir du brassage de milliards de données de ces deux pays et donne une vision plus précise et plus nuancée que celle que nous avions jusqu'à présent. On constate parallèlement le développement de l'infographie, qui aide à visualiser ces masses de données, et de ce qu'on appelle le "journalisme de données" qui doit nous les rendre plus compréhensibles.
Les États-Unis ont d'ailleurs avancé très vite dans le traitement des données juste après le traumatisme du 11 Septembre. Ils ont investi beaucoup d'argent dans le domaine du "data mining", par exemple à partir d'In-Q-Tel, un fonds de capital-investissement, qui finance les entreprises et les nouvelles technologies dans les domaines qui intéressent la CIA.
La troisième tendance est celle de la "mobiquité", une notion qui combine l'idée de mobilité et d'ubiquité. Sans l'infrastructure, omniprésente sur une grande partie du monde, nous ne pourrions pas être connectés aux informations et aux gens quand nous nous déplaçons. La seule notion de mobilité ne rend donc pas complètement compte de ce qui est en jeu. Avec un mobile, on n'emporte pas simplement avec soi un outil de communication, mais tout son contexte, son univers personnel. Cela entraîne chez l'individu un bouleversement important de l'espace-temps, de ce que le théoricien russe du roman, Mikhaïl Bakthine, appelait le "chronotope". Tout récit, toute vie, s'insère dans une telle matrice. Or, nous connaissons un nouveau chronotope partiellement défini par cet écrasement du temps et des distances. Il altère la perception du monde par les individus ainsi que leurs relations aux groupes, à l'information, aux contextes. Ces notions évoluent et les technologies ne cessent d'avancer. La géolocalisation, par exemple, permet de savoir où chacun se trouve et à quel moment. Les applications et les opportunités sont innombrables dans ce secteur. Notons que la mobiquité n'est pas étrangère à une évolution de la consommation culturelle. On ne cherche plus à posséder livres ou CD, à les emporter avec soi, mais à accéder aux textes ou aux morceaux de musique, où que l'on soit.
Entre la mobiquité et l'hyperconnexion, c'est la consécration du "big brother" de George Orwell ?
Le citoyen doit veiller à garder la maîtrise des données. Et de leur utilisation. Par exemple, il se développe des applications de "geofencing", qui déclenchent un envoi automatique d'information lorsqu'on entre dans un périmètre géographique. Il faut que nous puissions refuser.
Il y a des risques, bien sûr, mais je préfère voir dans la pénétration accrue des technologies de l'information et de la communication (TIC) l'ouverture de nouveaux espaces de lutte. Il faut lutter contre la concentration excessive, par exemple, contre l'abus de surveillance, pour l'accès aux données publiques, ce qu'on appelle l'"open data". En ouvrant la porte sur les secrets diplomatiques, Wikileaks nous a servis. Il faut maintenant institutionnaliser, en tout cas partiellement, le processus. Il faut se battre pour l'accès, le contrôle et la récupération des données. C'est un des nouveaux devoirs du citoyen.
N'oublions pas que les mouvements de contestation de "big brother" et des systèmes autoritaires de toutes sortes utilisent massivement les nouvelles technologies de l'information pour agir au niveau local et développer de nouvelles formes de démocratie. Dans ce domaine, nous avons beaucoup à apprendre de ce qui se passe en Espagne où les "indignés" - de même que les différents "occupy" - recherchent l'autonomie et déploient leurs propres réseaux sociaux.
Le Net semble aujourd'hui dominé par quelques grands acteurs américains...
Bien sûr, Apple, Google, Amazon... sans oublier Microsoft qui a lancé des choses intéressantes, récemment comme Kinect et son Windows Mobile. Mais cette concentration n'est pas le problème le plus grave. Je crains la progression des "jardins entourés de murs", ces zones du Net fermées sous le contrôle d'une entreprise, comme Apple, ou la volonté de centralisation de Facebook.
Mais le monde s'ouvre. C'est pour mieux le comprendre que j'ai lancé Winch5 (Winch5.blog. lemonde.fr), un projet d'enquêtes sur le terrain et de veille sur les acteurs du changement qui utilisent les nouvelles technologies aux cinq coins du monde. Force est de constater qu'il y a un déplacement inéluctable de la création en dehors des États-Unis. La Silicon Valley s'essouffle. Il y a plus d'internautes en Chine qu'aux États-Unis aujourd'hui. Et rappelons que 600.000 ingénieurs sortent des universités chinoises chaque année... On voit émerger des acteurs chinois très importants comme QQ, un géant qui combine messagerie instantanée, réseau social et jeu social et qui réunit... 700 millions d'utilisateurs actifs ! Mais surtout, il faut regarder au-delà des pays émergents. En Afrique subsaharienne, on voit naître beaucoup d'innovations dans le secteur des technologies de l'information. Par exemple, M-Pesa ["pesa" veut dire argent en swahili, Ndlr], développé au Kenya, est le premier service de transfert d'argent sur mobile. En Afrique, où j'étais récemment, geeks, entrepreneurs et activistes ne cessent de se croiser et d'échanger. Ils ont en commun la volonté de "changer le monde" alors que les entrepreneurs de la Silicon Valley s'assèchent parce qu'ils ne s'intéressent plus qu'à l'argent.

Pourra-t-on encore l'appeler SeaFrance ?

Elle était touchée, elle est coulée. La liquidation définitive de SeaFrance a été prononcée hier, c'est dire l'ampleur du désastre économique et l'urgence à rembourser les créanciers. Elle était la seule compagnie de ferries transmanche à battre pavillon français ; elle laisse à quai 880 salariés. Renaît-on d'une liquidation ? Les « SeaFrance » peuvent-ils espérer ? Tous les acteurs de ce dossier explosif veulent le croire, qui voient poindre une catastrophe pour l'emploi. Or, des deux solutions susceptibles de relancer l'activité - du moins une activité -, aucune n'offre de garantie de viabilité. La première, une coopérative financée par les indemnités des licenciés, majorées par la SNCF, repose sur une alliance avec Eurotunnel. La SNCF qui n'est pas exempte de responsabilité vis-à-vis de sa filiale d'une part ; de l'autre, l'exploitant du tunnel, concurrent direct de SeaFrance et qui d'une certaine façon a précipité la crise, sorti tel un diable de sa boîte. L'option de la Scop, paradoxalement, ou malicieusement, n'est pas rejetée par l'Élysée, mais combien d'ex-salariés sont-ils prêts à courir le risque d'une aventure ? La seconde option, un partenaire extérieur adossé à un armateur danois, fait peser une hypothèque sur l'emploi et des doutes sur le contrat social. Elle a déjà été retoquée et signerait la fin du pavillon français. Le drapeau du low cost flotte dans l'air calaisien. Le sauvetage est périlleux, il ne manque pourtant pas d'attirer les convoitises de « prédateurs » alléchés par un marché annuel de deux millions de passagers. SeaFrance, c'est l'histoire annoncée d'un gâchis national, amplifié par les errements d'un syndicat nageant en eaux troubles.

Une question de cohérence

Peut-on faire, dire ou écrire à peu près n’importe quoi en période préélectorale ? La question s’adresse à tous les candidats à l’élection présidentielle de 2012. Elle n’est pas si outrancière si on en juge par la propension des impétrants à privilégier l’effet d’annonce au-delà du raisonnable. D’une certaine façon, Angela Merkel leur a répondu. En ne cédant pas au caprice du président français, qui voudrait lui imposer une taxe sur les transactions financières dont elle ne veut pas en l’état, la chancelière a tracé les limites de ce que son interlocuteur considère comme une audace exemplaire et qu’elle n’est pas loin de qualifier, elle, de précipitation dangereuse tant que l’ensemble de la zone euro ne l’adopte pas.

Pendant la séance de vœux de la presse, à Matignon, le Premier ministre s’est pourtant donné beaucoup de mal pour justifier la démarche du chef de l’État et infirmer la thèse d’un spectaculaire revirement : cette taxe, la France en portait l’idée depuis « un an et demi » ! À preuve, une proposition de directive européenne — en réalité très nébuleuse et résolument attentiste — était en chantier…

Soyons clairs : le président de la République a parfaitement le droit de changer d’avis- il n’y a que les imbéciles qui ne le font pas -, lui qui dénonçait par avance les ravages d’une initiative unilatérale… Mais par pitié qu’on nous épargne une réécriture de l’histoire mettant en avant la vertu d’une France qui irait « de l’avant ». Dans une période où sans cesse le sol se dérobe sous leurs pieds, les opinions ont besoin de clarté et d’un minimum de cohérence. Il y a moins de deux mois, le gouvernement n’avait-il pas voué aux gémonies un amendement de la majorité de gauche au Sénat qui prévoyait une mesure franco-française tout aussi hardie, et en tous points semblables ?

Tout cela ressemble à une politique de gribouille. En voulant jouer sur un sentiment populaire sévère à l’endroit des pratiques — moralement contestables — des circuits financiers, M. Sarkozy joue ouvertement sur la crédulité générale. Ce faisant, il ne peut produire que de la déception. Après le « nein » clair de Mme Merkel, au moins pour le moment, la taxe « Tobin » en version uniquement française ne deviendrait, au mieux, qu’une modeste taxe boursière sans grand intérêt. Un simple produit électoral dont l’Élysée ne peut pas garantir la mise en place avant le premier tour, et qui n’a même pas réussi à piéger la gauche. Un triomphe ! La France a-t-elle vraiment les moyens et l’énergie de gaspiller du temps dans ces enfantillages quand elle a d’autres chats à fouetter ?

Trop petites, nos régions ?

C'est un vieux refrain. Il a repris de la vigueur récemment lors de l'élaboration du projet de réforme territoriale : les régions françaises sont trop petites face à leurs homologues européennes. Il faudrait donc en réduire le nombre pour qu'elles atteignent une mythique « taille standard européenne » leur permettant de s'affirmer. Passons de vingt-deux régions métropolitaines à quinze, disent certains ; voire à huit, disent d'autres ; et même, pourquoi pas à quatre, ajoutent les plus téméraires...

L'Ouest n'échappe pas à ce constat de faiblesse. Pour y remédier, toutes sortes de scénarios sont échafaudés : les deux Normandie pourraient fusionner ; la Loire-Atlantique rejoindre la Bretagne ; Basse-Normandie, Pays de la Loire et Bretagne ne faire plus qu'une seule région, etc. On manie les ciseaux dans tous les sens...

Mais il y a un « hic » : sur quel critère peut-on s'appuyer pour dire que nos régions de l'Ouest sont trop petites ? Leur superficie ? Non : elles supportent même plutôt bien la comparaison. La Bretagne, qu'on dit souvent trop étroite, est plus vaste que chacune des régions belges ou hollandaises, mais aussi que la plupart des régions allemandes ou italiennes ou même que l'État du Mississippi !... Leur démographie ? Pas davantage : les Pays de la Loire, souvent présentés comme de taille trop modeste, sont plus peuplés que la Galice ou le Pays Basque. Et la Basse-Normandie compte presque autant d'habitants que bien des pays de l'Est (Lettonie, Slovénie, Estonie...) Leurs productions ? Toutes les statistiques montrent que nos régions supportent aisément la comparaison... Bref, sur la base de tous ces critères, les territoires de l'Ouest ne sont ni plus petits ni plus grands que la moyenne européenne.

En revanche, il existe une mesure qui traduit, mieux que toute autre, la vraie taille des régions : c'est l'importance de leurs pouvoirs et de leurs budgets. Là, effectivement, nos régions apparaissent comme des nains. Dans les nations où l'État est très centralisé et délègue peu de compétences, comme en France, les ressources des régions sont automatiquement limitées, puisque leurs obligations sont faibles ; inversement, au coeur des nations décentralisées, où l'État fédéral a transféré bon nombre de ses prérogatives aux régions, leurs ressources soient importantes.

Il apparaît ainsi que le gabarit-type de la « région européenne » n'existe pas. La vraie dimension d'une région est avant tout affaire de pouvoirs, c'est-à-dire d'aptitude à définir des stratégies et de capacité à les mettre en oeuvre. Cette dimension peut s'estimer, d'une part, à l'aune de l'ampleur des compétences qui leur sont attribuées (enseignement, santé, infrastructures...), d'autre part, au regard de la réalité des pouvoirs qu'elles détiennent, tant sur le plan juridique (peuvent-elles s'imposer aux autres collectivités ou édicter des normes ?) que sur le plan financier (possèdent-elles une autonomie fiscale ? Peuvent-elles lever des impôts ?).

Vouloir accroître la taille des régions, au prix de redécoupages, réunifications ou fusions en tous genres, est certes concevable, mais ce serait en pure perte si on n'accroissait pas simultanément leurs compétences et leurs pouvoirs : « Trois grenouilles, même bien gonflées, n'auront jamais la puissance d'un boeuf. » En France, toute évolution dans ce sens constituerait évidemment un profond changement dans notre organisation politique et territoriale.

La reconquête de l’Europe selon Geert Mak

L’Union est-elle entrée en phase terminale ? Dans un essai, le journaliste et historien néerlandais Geert Mak estime qu’en 2012, elle doit choisir la voie politique qui la fera sortir de la logique de l’argent. Sous peine de perdre sa place dans le monde. 
Cela ne faisait pas vraiment partie de ses projets immédiats. Geert Mak écrit actuellement un livre sur les Etats-Unis, l’Europe était donc un peu passée au second plan. Mais quand l’hebdomadaire allemand Die Zeit s’est demandé pourquoi les intellectuels européens se muraient dans le silence, il a écrit De hond van Tišma. Wat als Europa klapt? [Le chien de Tišma. Et si l’Europe explosait ?]
Le chien de Tišma est un sombre petit livre. Avec Norman Davies, historien spécialiste de l’Europe, Geert Mak en est venu à la conclusion que le sommet des dirigeants européens en décembre a englouti son dernier espoir. "Je crains que ce ne soit fini."
C’est l’histoire de trop peu, trop tard. Trop peu d’argent pour le fonds de sauvetage, trop peu de possibilités de sanctions, trop peu de vision et en définitive trop peu de direction européenne. "L’Allemagne de Merkel, écrit Geert Mak, a manqué une occasion historique de devenir le véritable dirigeant de l’Europe. Par peur du mauvais spectre, le spectre de l’inflation, l’Allemagne pousse l’Europe dans une récession". "C’est une erreur, dit Geert Mak. Mieux vaudrait faire tourner la planche à billets. Et ne pas serrer la vis au Sud au point de l’étouffer".
Il faut reconquérir l’Europe, qui doit cesser d’obéir à une logique de l’argent, écrivez-vous. Mais comment ? En 1989, l’Occident libre l’a emporté sur le communisme. Et a autorisé un terrible dérapage vers un capitalisme de casino.
Quand on fait des affaires, on prend des risques. On peut voir ses efforts récompensés, mais cela peut aussi mal tourner. Tous les marchands forains le savent. Mais le libre-échange est perturbé par les banques, qui ont quasiment amorcé une révolution antidémocratique. Elles se sont emparées du pouvoir. Tout le monde sort extrêmement malmené de cette crise, sauf ceux qui en sont responsables. Les banques ne courent aucun risque et le secteur public en fait les frais.
Récemment, j’ai assisté à une réunion où un grand économiste chinois et un responsable africain de banque centrale chapitraient un groupe de spécialistes européens du secteur financier. Un revirement historique intéressant.
L’Africain disait : vos banques sont remplies de personnes extrêmement compétentes, mais elles ont commis toutes les erreurs possibles et imaginables. Cela ne peut s’expliquer que parce que d’autres facteurs sont intervenus dans leurs décisions. En Afrique, nous qualifions ces autres facteurs de corruption. Il y a eu un silence dans la salle. Il faisait référence aux primes, et il avait parfaitement raison.
L’Europe était une tentative de hisser la démocratie au-dessus des frontières nationales. La démocratie est-elle incapable d’affronter un marché mondial débridé ?
C’est bien ce qui m’attriste profondément. Malgré tous ses défauts, malgré toutes ses plaies et ses bosses, l’Union européenne est une expérience fantastique dans ce domaine. C’est pour cela que nous devons la défendre bec et ongles. En ce XXe siècle féroce, l’UE devrait être le modèle qui sert à maintenir debout les valeurs démocratiques. Si cela disparaît, d’autres combleront le vide laissé par l’Europe. Les Américains, les Chinois, les Brésiliens, les Russes.
L’UE est un produit caractéristique de la foi dans la faisabilité d’une vie communautaire. Les populistes vont-ils finir par avoir raison ? Cela ne fonctionne donc pas ?
Non. Ils ont raison sur un seul point : un sentiment de malaise s’abat sur l’Europe comme un brouillard. Aux Pays-Bas, ce sentiment est très fort. D’autres pays ronronnent encore de satisfaction. Les populistes traduisent ce malaise. Je comprends les critiques vis-à-vis de l’Europe. Mais se replier sur soi, c’est croire à la magie. Un mythe national est incroyablement séduisant.  Parfois il m’arrive aussi de me dire le soir dans mon lit : et si j’étais de droite pendant un quart d’heure. Ce serait délicieux !
Ce malaise est tangible dans votre livre. Vous êtes européen dans l’âme, et vous portez le regard d’un historien. Mais vous ne vous en sortez pas. Vous finissez par admettre que cela ne fonctionne pas.
C’est peut-être triste, mais je n’étais pas surpris. Dans le dernier chapitre de mon livre In Europa [Voyage d’un Européen à travers le XXe siècle, traduit du néerlandais par Bertrand Abraham, Gallimard, 2007, NdT], j’écrivais déjà que le bateau est très déséquilibré avec 27 capitaines sur le pont. J’avais annoncé que cela poserait de très gros problèmes en cas de tempête. Et maintenant, la tempête fait rage.
Votre petit livre se termine sur une note sombre. Quel est votre espoir pour 2012 ?
L’année à venir, la question est de savoir à quoi va ressembler l’Europe. Va-t-elle rester un système communautaire sous la direction d’une puissante Commission européenne ou va-t-elle devenir un système intergouvernemental décentralisé, comme le souhaitent les Allemands. Les Pays-Bas peuvent jouer à cet égard un rôle d’intermédiaire. Nous ne sommes pas aussi dogmatiques que les Allemands. Jouons donc ce rôle pleinement, rien que dans notre intérêt personnel. Car nous sommes, et nous demeurons, un pays tourné vers le monde.

L’anniversaire de Jeanne à Orléans

« Avec Jeanne », ce sera une belle année !

Nous étions bien cinq cents, samedi matin, en la cathédrale d’Orléans qui s’ouvre avec éclat à la célébration du 600e anniversaire de la naissance de la sainte et de l’héroïne de la patrie. Cinq cents personnes de tous âges ont rempli et fait déborder l’immense chœur de Sainte-Croix de belle et sobre liturgie, de chants aimables et solennels : la cathédrale était froide de ce froid pénétrant des jours humides de l’hiver, le décor nu, mais quelle foi, quelle espérance… Quelle chaleur profonde et quel réconfort que de voir la divine, l’extraordinaire liturgie reprendre ses droits dans ce vaisseau intimement lié à l’histoire de France !

Lorsqu’on y entre, on est d’ailleurs saisi d’un esprit de victoire. Contre les hauts piliers de la longue nef, les blasons des compagnons d’armes de ce général de dix-sept ans redonnent à la cathédrale des couleurs et une gaîté toute médiévale (même celui de Gilles de Rais !) et devant le nouvel autel du transept, la bannière de Jeanne semble claquer comme à la bataille… ou au Te Deum de 1429.

C’est à l’appel de l’association « Avec Jeanne », lancé le mois dernier juste avant le tourbillon de la Noël et du Nouvel An, annoncé dans « notre » presse et guère ailleurs, que cet événement s’est créé. Evénement, oui, car il marque – avec les autres initiatives qui commencent à se multiplier – le grand besoin qu’ont les fidèles de s’en remettre à Jeanne d’Arc, et le grand secours qu’elle peut apporter, pourvu que cela lui soit demandé, en cette année 2012. Qu’il s’agisse d’une « année johannique » en fait d’abord et surtout une année d’espérance. Cela a été dit joliment et avec une érudition nourrie de poésie par Yves Avril, qui mit fin aux repas pris en compagnie des pèlerins d’« Avec Jeanne » en soulignant la commune espérance de Jeanne d’Arc et de Péguy.

Le moindre signe de cette espérance ne fut pas l’accueil réservé aux pèlerins de Jeanne par le recteur de la cathédrale, le père Claude Girault, fier de l’édifice (il le présenta avec panache) et pénétré de l’histoire de Jeanne, qui, il y a un peu moins de six cents ans, y entra victorieuse et remercia Dieu de la victoire, voyant exactement ce que nous voyons, nous, en 2012.

Le moindre signe de cette espérance ne fut pas l’amicale et très chrétienne coopération, pour l’occurrence, de l’abbé Guillaume de Tanoüarn, de l’Institut du Bon Pasteur, initiateur de la journée, et de l’abbé Vincent Ribeton, supérieur de district de la Fraternité Saint-Pierre en France venu avec diacre et sous-diacre pour célébrer selon le rite traditionnel, et cédant avec élégance la parole au premier pour une homélie centrée sur l’esprit d’action de Jeanne d’Arc : un esprit tout spirituel.

On trouvera le texte complet de l’homélie de l’abbé de Tanoüarn sur son « Metablog » (ab2t.blogspot.com) qui a rappelé la vraie nature et le vrai combat de Jeanne, et la qualité de son espérance :

« Quelle est cette espérance ? On a trop tendance à s’imaginer l’espérance comme une vertu passive, simple capacité à attendre ce que la Providence nous aura ménagé. Le paradoxe de Jeanne d’Arc, c’est qu’elle est à la fois le signe historique de cette attente et sans doute le personnage historique qui aura le plus détesté attendre. »

Et de rappeler l’histoire de son épée, trouvée grâce à la « prescience véritablement divine » de Jeanne en creusant derrière le chœur de Sainte-Catherine de Fierbois :

« On découvrit l’épée à quelque profondeur. Et on la lui rapporta immédiatement : c’était une belle épée qui n’avait qu’à peine servi. Pourquoi cette épée ? Pourquoi là ? A Sainte Catherine de Fierbois, Charles Martel passait pour avoir offert l’épée avec laquelle il avait fait reculer les Maures. »

Encore un signe. Ou un intersigne, si vous voulez.

Comme est un signe le jour de la naissance de Jeanne, traditionnellement fixée au 6 janvier ; l’abbé de Tanoüarn allait rappeler combien Jeanne d’Arc est du même esprit que celui des Mages : une fois la vérité connue, ils passent à l’action. « Hardiment », « volontiers », pour reprendre les mots si chers à Jeanne. Nourris de son espérance surnaturelle qui lui permettra de se battre sans récuser l’aide de ses vertus naturelles.

« Face à tous les Cauchons, face à tous les Hérode, Jeanne représente la résistance spirituelle. Pas politique. Pas nationaliste d’abord. Non : spirituelle. Dans les grandes crises, dans la crise sociale sans précédent que traversait un Royaume livré aux écorcheurs et aux grandes compagnies, c’est le spirituel qui décide de l’issue bonne ou mauvaise de la conjoncture », dit l’abbé de Tanoüarn.

C’est bien là la leçon pour notre temps, celle qui nous accompagnera en cette année johannique, an de grâce comme tout temps donné par Dieu : prendre les batailles quelles qu’elles soient à bras-le-corps, mais n’oubliant jamais Messire Dieu premier servi.

La disparition de l’Euro n’est pas possible !

Quelles que soient les raisons invoquées, l’Euro baisse ! On parle de la Crise de l’Europe ! La Crise de la Dette  et donc de la Crise de l’Euro ! L’Euro baisse et c’est tout de même une bonne nouvelle pour l’Europe, en particulier pour les exportateurs Européens. On ne peut pas se plaindre quand l’Euro est au plus haut et aussi quand il est au plus bas !
Dans une phase économique « molle » telle que nous la vivons, « un peu de carburant supplémentaire » (baisse de l’Euro) injecté dans l’économie ne peut pas faire du mal (augmentation des exportations).
Pour l’Europe, il n’y a pas d’autres moyens (dans cette guerre des changes) d’annoncer de mauvaises nouvelles pour faire baisser sa monnaie !
Mais est-ce que l’Euro peut disparaitre et peut-on revenir à notre ancienne monnaie ?
Clairement NON ! Il n’y a aucunes chances même avec une Crise extrêmement grave ! L’Euro sera maintenu ! Quand un pays connaît une crise grave, sa monnaie est dévaluée et ne disparait pas ! Cela sera la même chose avec l’Euro : si la Crise de la dette Européenne s’accélère, l’Euro continuera à baisser et même si elle atteint son record de baisse (0,80), il n’y aura pas de disparition.
On peut cependant imaginer qu’il y aura un Euro à 2 vitesses :
_ Un Euro noyaux dur pour les pays tels que l’Allemagne….etc.
_ Un Euro « mou » qui serait « une sorte de purgatoire de transition pour les pays en grandes difficultés ».
Dans tous les pays en Crise, on a connu cela : « Les Doubles Cotations » : cela aurait l’avantage de maintenir un socle pour la monnaie Européenne tout en permettant d’offrir « une bouffée d’oxygène temporaire » pour les pays en difficultés avec un Euro « mou » qui pourrait arbitrairement dévaluer !

L’Euro : Ne rêvez pas ! Il ne disparaîtra pas !

   Quand j’entends que l’Euro est la cause de la crise, de l’augmentation des prix, de « l’origine du mal et du réchauffement climatique »…..etc. Et que certains partis politiques préconisent le retour au Franc, je ne peux m’empêcher de penser que la mémoire de l’être humain est sujette à Alzheimer !
   Rappelons-nous pourquoi a été fait l’euro ! Quelles étaient ses objectifs et motivations ? Pourquoi n'y avait-il pas une autre solution que l’Euro ? 
A l’époque nous étions au sein du marché unique. Ce n’est pas très loin et c’est facile de se rappeler avec un minimum d’effort ! Le 1er janvier 2012, l’euro a 10 ans. En mars 1998, l’ancien commissaire européen disait  « l’euro est totalement irréversible, le monde entier ne comprendrais pas qu’on ne le fasse pas et l’Europe ne serait plus crédible sur la scène internationale ».
Pourquoi a-t'on fait l’euro ?
L’euro a était faite pour sauver le marché unique. Les 2 tiers du commerce entre les pays européens se font entre eux, par conséquent on avait des monnaies qui fluctuaient parce qu’il y avait de la spéculation avec des très grandes disparités. Pour arrêter cela et faire que le marché fonctionne normalement, la monnaie unique a été créée.
 On a sauvé le marché commun en faisant l’euro car un marché unique sans euro, cela n’allait pas marcher : cela bloquait !
 Les résultats de l’euro depuis sa création jusqu’à la crise des surprimes Américaine : c’est 2% d’inflation, des taux d’intérêts bas, 15 millions d’emplois dans la zone euro créés contre 5 millions dans la décennie précédente… et pour les entreprises, cela a était une source de simplification extraordinaire du point de vue administrative et financier. Quand l’euro a été fait, il y a eu en place des règles de gouvernances économiques et les Etats se sont engagés à respecter de réduire leurs déficits (ce n’est pas un sujet d’aujourd’hui !). Il faut bien dire que ces décisions n’ont pas été appliquées ! 
Ce n’est pas l’Europe et sa commission qui sont responsable de la non application des règles mais belle et bien les Etats QUI ont fraudés, qui n’ont pas appliqué leurs règles. La situation actuelle n’est pas une crise de l’euro mais c’est une crise de solvabilité de l’Europe qui vient du fait que les Etats n’ont pas respecté leurs engagements pris.
 
Alors pourquoi certains Etats à l’époque qui ne devaient pas  rentrer dans  la zone Euro le sont au final ?
Il faut noter qu’à l’époque du Commissaire Européen, Yves Thibault de Silguy (le père de l’euro !) la Grèce n’était pas apte à rentrer et que la Commission ne le suggérait pas ! Alors pourquoi est-elle rentrée?????
L’euro joue toujours son rôle de bouclier protecteur !
Si on n’avait pas l’euro, avec la crise des surprimes Américaine et la crise de solvabilité Européenne, on aurait de la spéculation avec une crise de change et une fuite des capitaux. On aurait aussi une crise de taux d’intérêt et une crise bancaire et donc plus de chômage. On aurait pour les pays les plus endettés des ruines totales…..etc.
Quand on dit aujourd’hui, qu’il faut sortir de l’euro ! Ce n’est pas le problème ! Le problème est de faire face à l’urgence  de la situation : On a 3 incertitudes majeures :
-          _ Les dettes souveraines : Les marchés ont besoin de sécurité pour l’avenir !
-          _ La bonne discipline budgétaire : une mesure claire, simple et convaincante : c’est à dire  la prise en compte en 1er par la Commission Européenne des budgets nationaux, si on avait fait cela avant, il n’aurait pas eu le cas de la Grèce !
-          _ Il faut redonner du dynamisme à l’économie en faisant un plan de relance non budgétaire si possible pour débloquer l’investissement. Par exemple, rallonger la durée des concessions faites par les Etats comme les autoroutes (c’est autant d’investissement en moins pour l’Etat).
 Peut-on sortir vraiment de l’euro ? La réponse est simple : NON ! Ce n’est pas prévu juridiquement ! Et dites aux entreprises françaises que demain on revient au Franc ; elles ne savent pas faire et cela gèlerait le tissu économique. Alors de grâce, un peu de mémoire et de raisonnement !
Par ailleurs, je vous envoie à un article de 2010 : La disparition de l’Euro n’est pas possible !