TOUT EST DIT

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mercredi 14 décembre 2011

Les variations de François Hollande sur les retraites

"François Hollande a menti sur la retraite à 60 ans. Le PS s'était engagé à revenir sur la retraite à 60 ans. Il s'apprête à ne pas respecter ses engagements." Le premier ministre, François Fillon, n'a pas mâché ses mots, mardi 13 décembre, en réagissant aux propos tenus par le candidat socialiste à la présidentielle le matin-même.
Mardi matin, au micro de RTL, celui-ci avait expliqué que "ceux qui ont commencé leur vie professionnelle à 18 ans, qui ont fait 41 années de cotisations, 42 ans, pourront partir à 60 ans. Ceux qui n'ont pas leur durée de cotisation, ne le pourront pas". Le député de Corrèze a-t-il donc "menti" ou simplement "redit ce qu'il a déjà dit", comme l'ont au contraire expliqué ses soutiens, de Jean-Marc Ayrault à Pierre Moscovici pour le défendre ? En réalité, c'est un peu des deux.
Sur l'âge légal de départ à la retraite, M. Hollande a en fait simplement clarifié sa position et détaillé son interprétation du projet socialiste sur ce sujet : "Nous rétablirons l'âge légal de départ à 60 ans (qui permettra à ceux qui ont commencé à travailler tôt ou exercé des métiers pénibles de pouvoir partir au même âge) et l'âge de départ sans décote à 65 ans", est-il écrit dans celui-ci (document .pdf).
POSITION CHANGEANTE SUR LES DÉPARTS AVEC DÉCOTE...
En revanche, là où le candidat s'écarte du projet du PS et même de ses propres propos, c'est sur la possibilité de partir sans décote. A plusieurs reprises, M. Hollande a précisé qu'il serait possible pour tout le monde de partir dès 60 ans, mais au prix d'une décote.
Lors du débat de l'entre deux tours de la primaire face à Martine Aubry, le 13 octobre, le journaliste de France Inter, Patrick Cohen lui avait posé cette question : "Ceux qui n'auront pas leurs 41 années auront une décote mais auront le droit de partir à 60 ans ?" Ce à quoi M. Hollande avait répondu : "C'est la liberté. Effectivement ils auront une décote qui ne les conduira pas nécessairement à prendre leur retraite à 60 ans."
Changement de ligne donc pour le candidat socialiste : "Il n'y aura pas de départ possible avec décote avant 62 ans", a en effet confirmé mardi au Monde Marisol Touraine, chargée de la protection sociale au sein de l'équipe de campagne de François Hollande.
...MAIS CONSTANCE SUR L'AUGMENTATION DE L'ÂGE LÉGAL
Lors de son intervention au micro de RTL, François Hollande a par ailleurs à nouveau évoqué une possible augmentation de la durée de cotisation, semblant prêt à ne pas remettre en question l'augmentation progressive de l'âge légal de départ. Sur ce sujet, rien de changeant puisqu'en avril 2010 déjà, il avait déclaré, sur le plateau de l'émission "C politique", sur France 5 : "Il y a un principe qui doit être posé : chaque fois que l'espérance de vie s'allonge, il n'est pas anormal que la durée de cotisation suive."
En outre, en juin 2011, il avait également expliqué qu'"à l'avenir, il n'y aura plus d'âge légal de la retraite" et que "tout sera déterminé par rapport à la durée de cotisation". En tout état de cause, pour François Hollande, le rétablissement, pour tous et dans tous les cas, de l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans n'est désormais plus d'actualité.
Hélène Bekmezian

Plus


Monsieur Wauquiez est ainsi fait qu’il en fait toujours plus. Depuis tout petit, d’ailleurs : de la maternelle à l’ENA, il a accumulé à lui tout seul deux fois plus de diplômes que notre Président et son Premier ministre réunis. Aujourd’hui ministre, il est devenu le Monsieur Plus de la majorité. Il suffit qu’un collègue avance une idée, pour qu’il propose la même en mieux. La mode étant au tricolore, notre ministre a ordonné hier aux Français d’acheter français. Comme l’avaient fait les opposants Monsieur Bayrou et Madame Le Pen. Mais surtout plus fort que son chef, notre Président, qui s’est borné à encourager le produire français. C’est une question de patriotisme économique, a expliqué Monsieur Wauquiez. Très bien, mais alors acheter européen, c’est être un mauvais Français ? Et acheter allemand, c’est trahir la patrie ? La politique du plus vire vite à la politique du pire.

Tête de gondole

C’est triste une friche industrielle. Mélancolique, comme un paysage silencieux et vide d’où la vie s’est enfuie. On y cherche désespérément les vibrations évanouies d’une activité qui a déserté les lieux, et on n’y trouve que l’absence. Le mot fin qui rôde dans les vestiges de ce qui fut un projet. L’échec d’une entreprise humaine. Il faut avoir vécu les derniers moments d’une usine avant sa fermeture, en Alsace, dans les Ardennes, en Lorraine ou ailleurs pour comprendre tout ce que représente l’arrêt d’un site de production, bien au-delà d’une simple décision économique dictée par la rentabilité. La disparition d’un savoir-faire, l’éparpillement d’une communauté de travailleurs, l’extinction d’un quotidien. Et ce sentiment de manque après une perte qu’on sait irréparable...

Pendant trente ans la France a pensé qu’elle pourrait compenser toutes ces soustractions et son cortège de nostalgies par le développement, et l’excellence, de son secteur tertiaire. Elle s’est même enivrée de cette certitude avant de se dégriser : la division planétaire du travail n’a pas ouvert les horizons d’un avenir radieux pour les nations les plus développées, et la désindustrialisation accélérée est devenue un handicap national !

C’est très naturellement que la relance de la production nationale s’est invitée sur l’estrade de la présidentielle. Un thème noble qui prend un pays aux tripes parce qu’il touche doublement à son identité. Parce qu’il est charnel. Visuel. Physique. Parce que l’énergie d’une nation ne peut être seulement immatérielle.

Le défi c’est de rendre compatible cet élan politique instinctif avec la réalité implacable d’un monde ouvert. « Made in France », c’est une belle ambition, un objet de fierté que toutes les forces électorales peuvent légitimement revendiquer, mais à condition de ne pas en faire un slogan incantatoire, le moteur d’une « préférence nationale » dont l’efficacité se limiterait à un protectionnisme frileux qui n’offrirait que l’apparence d’une sécurité trompeuse.

Le « Achetez français » ne peut être une idéologie de crise. Il aura la valeur d’un choix seulement si on l’inscrit dans la compétition internationale. Si les Français, qui seraient prêts à payer 15 à 20% de plus pour un produit fabriqué sur leur territoire, en font un paramètre dans leurs habitudes de consommation.

Les politiques, eux, en ont déjà fait un réflexe. François Bayrou a été le premier à le mettre en tête de gondole de façon séduisante. Et pour une fois, le président-roi du marketing, Nicolas Sarkozy, a été pris de vitesse...

L’UE, une tête de Turc à la mode

De plus en plus de responsables turcs, portés par la dynamique économique et politique de leur pays, critiquent une Union européenne empêtrée dans la crise. Mais cela ne doit pas compromettre la volonté d’Ankara d’adhérer à l’UE, estime un éditorialiste turc. 

Critiquer l'Union européenne est devenu très tendance ces derniers temps en Turquie. Désormais, ces critiques viennent même de personnalités politiques de haut rang, qu'il s'agisse de ministres ou même du président de la République, qui emboitent désormais le pas de ceux qui s'en prennent très durement à l'Union européenne, voire qui s'en moquent.
Les propos tenus par le président Abdullah Gül lors de sa visite officielle au Royaume-Uni [fin novembre 2011] où il a qualifié l'UE de “miserable” [en anglais dans le texte] illustrent cette nouvelle donne.
C'est dans ce contexte qu’a commencé à se manifester l'inclination à désigner l'UE comme une "organisation qui se disloque et s'effondre". Ceux qui partent de ce postulat concluent qu'une Turquie qui "ne cesse de se renforcer n'a plus besoin d'une Union européenne de toute façon au bord du gouffre".

Un complexe de supériorité

Doit-on conclure de ces propos que la politique de l'Etat turc vis-à-vis de l'UE est en train de changer ? Dès lors que l'UE est une organisation "misérable" sur le point de s'écrouler, pourquoi la Turquie se donnerait-elle encore tant de peine pour en devenir membre ?
A moins que cet objectif et la vision qui l'accompagne soient en train d'être abandonnés ? Pourquoi une Turquie qui progresse à grandes enjambées vers la prospérité voudrait-elle donc rejoindre un tel club et y jouer une scène des Misérables ?
Nous connaissons tous très bien les raisons qui ont conduit Abdullah Gül à tenir de tels propos. L'attitude très négative que l’UE a adoptée, depuis un certain temps déjà, envers l'adhésion de la Turquie, a provoqué de la déception dans l'opinion turque en général mais aussi parmi les plus fervents partisans de l'UE qui ne cachent plus leur désillusion, leur rancœur et leur désespoir.
Les sérieux soubresauts économiques et sociaux auxquels sont confrontés les Européens alors que nous sommes en pleine ascension économique et politique créent ce genre de sentiment. Dans ce contexte, les reproches adressés à l'Europe sont l'expression d'une confiance en soi qui, d'une certaine manière, a pris la place d'un ancien complexe de persécution.
Mais lorsque cet état d'esprit débouche sur un complexe de supériorité excessif minimisant l'Union européenne, affublée de qualificatifs inappropriés, cela ouvre la voie à une déconsidération du projet européen chez nous, et fournit de nouveaux arguments aux opposants européens à l'adhésion de la Turquie.

L'UE n'est pas encore sur le point de s'effondrer

Certes, l'UE connait aujourd'hui une des périodes les plus difficiles de son histoire. La crise financière a conduit au bord de la faillite, les petits pays faibles, mais aussi ceux réputés pour être riches et avancés. Cela n'est pas sans provoquer des secousses sociales et politiques.
Néanmoins, il est tout aussi vrai que l'Union européenne n'est pas encore sur le point de s'effondrer ou de se dissoudre. Si l'Europe apparaît aujourd'hui comme un être “malheureux” ou “malade”, elle a encore les moyens de se ressaisir et de recouvrer la puissance qui lui fait actuellement défaut.
Les responsables politiques turcs n'ignorent pas cette réalité et sont tout à fait conscients de la philosophie et des valeurs qu'incarnent encore l'Union européenne pour la Turquie.
Par conséquent, l'opinion publique turque ne doit surtout pas interpréter les réactions de ses responsables politiques comme un renoncement au projet européen. Idem pour les dirigeants européens irrités par ces mêmes réactions.

L’Europe souffle le chaud et le froid

A Durban, l’UE n’a pas été capable d’adopter une position commune sur les quotas d’émissions de gaz à effet de serre après 2012. La faute en partie aux pays de l'Est de l'Europe qui ont défendu les quotas actuels qui leur sont particulièrement avantageux. 

Selon la plupart des observateurs, les Etats-Unis et la Chine sont les deux ogres de Durban, les pays égoïstes qui sont arrivés en Afrique du Sud avec en tête uniquement leurs intérêts.
Pendant ce temps-là, d'autres nations bien moins puissantes ont essayé de sauver le Protocole de Kyoto sous prétexte de protéger la planète, mais avec l'intention sous-jacente de continuer à profiter, comme ces dernières années, de cet accord singulier et complexe prévu pour lutter contre le changement climatique.
Ce sont les pays de l'Europe de l'Est, les ex-membres de l'URSS et ses Etats satellites, qui continuent à s'enrichir en mettant sur le marché leurs droits d'émissions de gaz à effet de serre pour que d'autre pays, comme l'Espagne, puissent réduire leurs émissions conformément à leurs objectifs. Et à moins que l'Union européenne prennent des mesures au cours des prochains mois, ces objectifs seront atteints.

Quand l'industrie communiste contaminait la planète

Pour qu'un pays comme la Russie, l'un des plus polluants au monde, puisse adhérer en 1997 au Protocole de Kyoto, une clause a été ajoutée pour servir de carotte, une contrepartie lucrative à côté de quoi tous les autres compromis sont devenus dérisoires : la possibilité de vendre à d'autres pays ses quotas excédentaires d'émissions.
Pour chaque pays, le protocole fixait la quantité maximale de CO2 pouvant être rejeté dans l'atmosphère. Les pays plus vertueux étaient autorisés à vendre leurs droits excédentaires. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que Kyoto a pris pour référence les émissions de 1990 : à cette époque, l'industrie soviétique, extrêmement nuisible, contaminait la planète à vitesse grand V.
Dans les années 1990, toute cette puissance industrielle a disparu, ou a réduit son pouvoir polluant grâce à quelques changements, suite à quoi les émissions de cette région se sont effondrées –  du moins sur le papier.
Voilà pourquoi aujourd'hui, un pays comme la Lettonie peut se vanter d'avoir réduit ses émissions de CO2 de 478 %, un excédent qui représente des sommes d'argent considérables sur le marché des droits d'émissions.

La Pologne a voulu jouer ses cartes

Parmi les pays qui ont le plus réduit leurs rejets de CO2, on trouve également l'Estonie (- 73 %), la Lituanie (- 71 %), la Russie (- 66 %), la Finlande, la Biélorussie, la Roumanie (- 64 % chacun) et l'Ukraine (- 60 %).
L'Espagne a acheté des tonnes de CO2 à plusieurs de ces pays à différentes occasions, pour tenter de respecter les engagements pris à Kyoto. Ce traité a profité à tout le monde de l'autre côté du rideau de fer.
A Durban, la Russie, principal pays à avoir créé cette situation, n'a pas voulu faire partie du petit groupe d'Etats qui tablent sur une prorogation du protocole de Kyoto. Mais la question de l'air chaud, à savoir les énormes surplus de droits d'émission dont disposent les pays de l'Est, n'est toujours pas résolue.
La faute en revient principalement à l'UE, incapable une fois de plus de se mettre d'accord. D'une part, certains pays souhaitent une remise en cause de ces privilèges "collatéraux" qui permettraient à tous les Etats, qu'ils soient acheteurs ou vendeurs, de remplir leurs obligations sans lever le petit doigt ; d'autre part, les pays de l'Est considèrent ces droits d'émission comme des sortes de fonds de cohésion devant leur permettre de reconvertir leurs industries.
Cerise sur le gâteau, la Pologne, l'un des Etats ayant le plus bénéficié de ce marché depuis un semestre, exerce la présidence tournante de l'UE.
Le texte que les derniers adhérents de Kyoto, outre l'UE, la Suisse, la Norvège, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, entendent adopter pour prolonger le traité jusqu'en 2017 ou 2020, prévoit uniquement d'évaluer les "conséquences de la prorogation" sur le volume des réductions d'émissions de gaz à effet de serre imposées à chaque pays.
"Il est clair qu'il s'agit d'un problème important auquel l'UE doit s'attaquer, explique Aída Vila, la porte-parole de Greenpeace sur le réchauffement climatique, de retour du sommet de Durban. A Durban, les pays de l'UE n'ont pas été capables de parler d'une seule voix, notamment en raison de la manière dont la Pologne a voulu jouer ses cartes".

L'Europe de l'Est se remplit les poches

Greenpeace espère que la situation se débloquera lors de la prochaine réunion du Conseil européen, qui aura lieu à Bruxelles en mars prochain. Deux mois plus tard, les signataires de Kyoto 2 devront avoir communiqué leurs objectifs de réduction ou de limitation quantifiée des émissions. Il est ensuite prévu d'entrer dans une deuxième période d'engagement, qui débutera au 1er janvier 2013.
"Bruxelles devrait mettre fin à cette situation, estime Vila. Même si cela promet de ne pas être facile". A l'en croire, il faudrait au moins s'engager sur une “option intermédiaire” qui réduise au maximum cet énorme ballon plein de futurs gaz polluants, grâce auxquels l'Europe de l'Est se remplit les poches.
"L'objectif de Kyoto n'était pas de faire des affaires ni de rester les bras croisés en achetant des droits d'émission, regrette l'écologiste. On pervertit la véritable intention du protocole". Selon ses calculs, les quotas d'émission deviennent si bon marché qu'on pourrait se retrouver dans la situation où tous les pays l'UE rempliraient les objectifs de la deuxième période de Kyoto sans que “personne ne fasse rien”.

Fillon-Dati, l’autre bataille de Paris

À Paris, les coups pleuvent. Pas entre droite et gauche, ce serait trop banal. Mais au cœur de l’UMP.

Rachida Dati, maire du V e arrondissement, rêve d’un siège de député. Celui qu’elle occupe à Bruxelles n’est sûrement pas assez dans la lumière…

Elle a jeté son dévolu sur une circonscription également visée par son ancien patron, le Premier ministre. Lassé des charmes de la Sarthe, François Fillon cherche un point de chute pour son parachutage. De préférence pas trop risqué. C’est justement ce que lui reproche sa concurrente. Elle y voit une “régression” de la part du chef du gouvernement. Encore un peu et elle le traiterait de petit bras.

Et ce n’est pas son seul grief. Montée sur ses ergots, à moins que ce ne soit ses talons aiguilles, Dati accuse Fillon de “faute triste”. Au bord des larmes elle voit surtout dans son éviction annoncée une atteinte à la diversité, d’origine et de sexe. Une façon élégante de qualifier Fillon de réac.

Nadine Morano, qui n’en manque pas une, conseille à Dati de se présenter en Saône-et-Loire, sa terre natale. Jadis les punis étaient expédiés à Limoges. À croire que la province, c’est le bagne…

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a peut-être trouvé une adresse pour ces nomades de la politique. Il veut créer une aire d’accueil des gens du voyage dans un parc au beau milieu de la capitale. Près de l’avenue Foch, en plein XVI e…

Le paysage politique change

Normalement, l’annonce, hier, de la candidature de Dominique de Villepin aurait dû être un nonévénement. En quête d’argent, de militants, de signatures et de tranquillité judiciaire, le monsieur 1 % des sondeurs devrait être le compétiteur le plus ignoré. Or, voici que la droite, surprise par sa fougueuse persévérance, ne parle que de lui.

Concurrencé par l’extrême droite et le centre, Nicolas Sarkozy pensait la voie assez dégagée, après le retrait de Jean-Louis Borloo, pour effectuer un premier tour prometteur. L’incertitude FN, que l’on pressent plus puissant que ne le disent les enquêtes, et la multiplication des candidats – sept entre Bayrou et Le Pen – compliquent la tâche du Président.

Certes, tous les compétiteurs n’auront pas les moyens d’aller jusqu’au bout. Mais un pour cent par ci, un pour cent par là, peuvent suffire à provoquer un 21 avril à l’envers ou à cantonner le candidat de l’UMP dans un score médiocre. Dans cette affaire, pourtant, le plus intéressant n’est pas l’arithmétique, mais ce qu’elle dit de l’état d’une droite divisée sur des questions fondamentales.

La crise et le creusement des inégalités, accéléré depuis trois ans, accentuent la fracture entre deux droites autour de l’Europe, du social, de la sécurité, de l’immigration… Entre la « droite populaire », aile radicale de l’UMP, et le Front national, qui affiche un visage républicain et une aspiration à gouverner un jour, la porosité idéologique s’accélère.

En termes de valeurs, voire de propositions, les démocrates chrétiens et les gaullistes de la majorité ont autant à voir avec les centristes, et même la gauche progressiste, qu’avec cette droite conservatrice.

Recomposition en direct

C’est dans ce climat qu’il faut évaluer l’impact de la candidature Villepin, un homme allergique aux extrêmes. Elle est le signe supplémentaire qu’une défaite de Nicolas Sarkozy s’accompagnerait, ce que tous ses dirigeants redoutent, d’un éclatement de l’UMP. C’est avec ces lunettes qu’il faut regarder l’utilisation à la va-vite, hier, du thème du « made in France » pour recoller des pôles divergents de sa majorité.

La gauche n’est pas à l’abri de cet émiettement. Au fur et à mesure que François Hollande et François Bayrou semblent converger, sans bien sûr le dire, vers des solutions combinant rigueur, relance et égalité, montent des voix menaçantes. Dans le même débat qu’à droite – ouverture au monde/protectionnisme – le candidat socialiste se trouve en porte-à-faux avec une partie des écologistes, et surtout avec les amis de Jean-Luc Mélenchon et d’Arnaud Montebourg.

Mais il y a une différence avec la droite : dans les électorats de gauche, l’envie de chasser Nicolas Sarkozy du pouvoir est plus forte que les oppositions entre leurs leaders. C’est pour cela que François Hollande s’encombre peu des rodomontades qui viennent de sa gauche ou des concessions qu’on lui réclame. Il sait qu’une grande partie de cette opinion, par envie de changer d’ère plus que par adhésion à son projet, lui sera acquise.

Derrière la forte désapprobation envers Nicolas Sarkozy et la faible approbation de la gauche dure envers François Hollande, on assiste en réalité à une recomposition en direct du paysage politique.
Reste à savoir combien de temps les appareils résisteront aux forces qui les traversent.

Les 8 propositions du patron des patrons en faveur des PME

Laurence Parisot, présidente du Medef, a proposé mardi, lors de son point de presse mensuel, des mesures ayant trait au financement, à la fiscalité, à la complexité administrative et à la création d'emplois dans les PME.

C'est un appel à l'unité et aux bonnes volontés, de tous bords, qu'a lancé ce mardi Laurence Parisot, la présidente du Medef, pour garantir la croissance des PME, des TPE et des ETI (entreprises de taille intermédiaire). Pour ce faire, elle propose 8 mesures ayant trait au financement, à la fiscalité, à la complexité administrative et à la création d'emplois qui passe « essentiellement » par ces entreprises. Rappelant que la régulation prudentielle de Bâle III ou de Solvency II va « limiter les offres de crédits des banques aux entreprises », le Medef souhaite travailler avec Nyse-Euronext pour « créer des plates-formes qui favorisent l'accès à la Bourse des PME et ETI », notamment le marché obligataire.
Dans le registre fiscal, la présidente du Medef demande aux collectivités locales de geler deux taxes : la TLPE (taxe locale sur les enseignes et publicités extérieures) et la taxe transports que « certaines communautés de communes envisagent d'augmenter dans des proportions inadmissibles », explique-t-elle. Dans le même esprit, le Medef demande au gouvernement d'ajourner les dispositions envisagées sur la révision des valeurs locatives dont une nouvelle étape était prévue en 2012 et souhaite que ce dossier « ne soit pas réouvert tant que nous ne sommes pas sortis de la crise ».
L'extension du champ d'application de l'impôt sur les sociétés à taux réduit pour un certain nombre de PME est une autre proposition fiscale du Medef. Concrètement, celui-ci propose de faire passer le seuil de chiffres d'affaires pour l'IS à taux réduit de 7,6 millions d'euros à 10 millions d'euros.
Revenir au « Zéro charge »
Au plan administratif, et dans un souci de convergence avec l'Allemagne, Laurence Parisot demande l'abrogation du privilège du Trésor sur les entreprises, car sa dimension de « créancier prioritaire » est « prise en compte par le banquier et réduit d'autant plus l'offre de prêt du banquier ». Et souhaite la suppression de l'inscription aux greffes du tribunal de commerce des privilèges Urssaf et assimilés, la mesure handicapant, selon elle, les entreprises. Enfin, dernière mesure récurrente préconisée : le rétablissement du « Zéro charge » pour les TPE, créé en décembre 2008 et supprimé fin juin 2010. Laurence Parisot, qui reconnaît que des embauches auraient eu lieu malgré lui, rappelle que le dispositif a créé 1,1 million d'emplois (alors que sur un an, en 2007, les créations d'emplois dans cette taille d'entreprises s'élèvent à 700.000) pour un coût évalué à « 500 millions d'euros ». Le Medef, qui avoue avoir été très étonné d'un certain nombre d'amendements qui ont été débattus, voire votés au Sénat et n'étaient pas « PME friendly », compte bien remettre cette proposition sur la table lors du sommet social sur l'emploi convoqué à l'Elysée à la mi-janvier.

Economies émergentes : la fête est-elle finie ?

Le Fonds monétaire international (FMI) ratisse large, et ce n'est pas moins de 150 pays, de l'Afghanistan au Zimbawe, qu'il classe dans un groupe "pays émergents". Parmi ceux-ci, les "BRICS" (selon l'expression inventée en 2001 par Jim O'Neill, économiste chez Goldman Sachs) – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – font figure de superstars.

Affichant des taux de croissance à faire pâlir d'envie les économies développées, ils apparaissaient au début des années 2000 comme les grands gagnants de la décennie à venir. A tel point qu'on a presque cru, pendant un court moment, qu'ils échapperaient complètement au brutal retournement économique de 2007-2008, qui a plongé les pays riches dans la crise des subprimes, puis dans une crise de la dette dont ils ne voient pas la fin.
Si les modèles de développement des cinq membres du groupe ont chacun leurs spécificités – difficile en effet de comparer l'Inde et la Russie, aux régimes politiques et dynamiques économiques fort différents –, l'accélération de leur croissance au début du siècle témoigne de profondes modifications structurelles au sein des économies émergentes, qui ont constitué autant d'arguments en faveur de la théorie du découplage.
Cette théorie, déterrée au début de la crise des subprimes, affirme que les pays émergents vont, à terme, se désolidariser des pays développés pour poursuivre leur croissance à leur propre rythme, sans être touchés par les fluctuations des "vieilles" économies.
Quatre ans après les premiers soubresauts de la crise, cette théorie se vérifie-t-elle ? Si le Brésil, la Chine et l'Inde voient leur dynamisme sensiblement ralenti ces derniers mois, les taux de croissance enregistrés cette année et ceux envisagés pour l'année prochaine restent bien au-dessus de ceux des pays riches.
  • Une décennie de croissance spectaculaire
Les chiffres des dix dernières années sont impressionnants : en pourcentage du PIB, à monnaie constante, le Brésil part de moins de 2 % de croissance en 2001 pour arriver à 6 % en 2007. Après une légère contraction en 2009, le PIB repart à la hausse, et la reprise s'établit à 3,7 % en 2011. Du côté de la Russie, le membre le plus "à la traîne" des BRICS, le PIB a crû de 5 % en 2001, 8,5 % en 2006 et d'un peu plus de 4 % en 2011.
Du côté de l'Inde, la poussée est marquée : la plus grande démocratie du monde enregistre un petit 3,8 % en 2001, avant de frôler les 10 % en 2007, pour redescendre à un peu moins de 8 % en 2011. La Chine est de son côté le pays de tous les superlatifs, avec 8,3 % de croissance en 2001, pas moins de 14 % en 2007 et 9,5 % en 2011. L'Afrique du Sud, petit nouveau du groupe, n'a pas à rougir : de 2,7 % de croissance en 2001, elle passe à 5,6 % en 2006 pour s'établir à 3,4 % en 2011 (source : FMI).
Si ces chiffres vertigineux sont en grande partie dus à un phénomène de "rattrapage", ils traduisent également une solidité économique récemment acquise par les pays émergents. Oubliés les plans d'ajustement structurels des années 80, les crises financières et les banqueroutes des années 90 : les BRICS représentent désormais à eux seuls près de 40 % de l'économie mondiale. Et c'est sans compter sur les autres "outsiders" : le Mexique, la Corée, Israël, la Turquie, l'Indonésie, pour ne citer qu'eux.
  • Des avantages structurels
En 2007, lorsque la crise des subprimes éclate aux Etats-Unis, les pays émergents semblent immunisés. Tout d'abord parce qu'ils ont, en une dizaine d'années, accumulé des excédents considérables. A l'inverse, les pays développés n'ont cessé de creuser leurs déficits : en 2006, celui des Etats-Unis atteignait 6,2 % du PIB, alors que la balance des paiements chinoise enregistrait un excédent équivalent à 9,4 % de son PIB la même année.
Les émergents ont également profité du mouvement de libéralisation et de dérégulation des marchés au tournant des année 1990-2000 pour développer leurs places financières. Enfin, l'adoption de politiques de changes relativement rigides empêche ces pays de retomber dans la spirale de la crise financière, comme dans les années 90, et permet d'accumuler des réserves de devises. Ajoutons à cela le cas particulier des pays producteurs de pétrole, pour lesquels chaque hausse du cours de l'or noir se traduit par des rentrées d'argent supplémentaires.
Par ailleurs, les Indiens et les Chinois épargnent énormément : le taux d'épargne dépasse les 50 % du PIB en Chine, et frôle les 35 % en Inde (contre 18 % en France et 12 % aux Etats-Unis).
Combinés, ces facteurs permettent un financement interne efficace du développement économique, même si la taille encore modeste des marchés financiers, sévèrement régulés (c'est notamment le cas de l'Inde), rend toujours indispensables les financements externes et les investissements étrangers.
Ces réserves atteignent de tels sommets, notamment dans le cas de la Chine, que les émergents apparaissent de plus en plus comme les grands créanciers du monde : le montant total des réserves qu'ils détiennent représente les deux tiers des réserves mondiales (PDF). La Chine est devenue en quelques années le premier investisseur de la planète.
Cette indépendance financière, variable d'un émergent à un autre, permet pour les mieux placés d'enregistrer une croissance solide et surtout les rend beaucoup moins vulnérables aux chocs économiques mondiaux, soulignait début 2008 une étude publiée par un ancien directeur du FMI (accès payant). Pourtant, quelques mois plus tard, des économistes de la BNP Paribas constatent les premières répercussions de la crise des subprimes sur les économies des BRICS, et des autres.
  • Des faiblesses révélées par la crise
Ce puissant développement ne se fait en effet pas sans dommages collatéraux, ni sans révéler des fragilités qui pourraient, sous le coup de la crise touchant les pays développés, ralentir l'expansion économique des émergents.
Premier danger d'une croissance aussi forte et rapide : les risques inflationnistes. Et ce risque est loin d'être un détail, surtout dans des géants démographiques comme l'Inde, où plusieurs dizaines de millions de personnes ne mangent encore pas à leur faim. Or le développement d'un marché intérieur est une des clés de la pérennisation de la croissance, surtout en période de crise mondiale, quand le commerce se contracte. En plus de l'inflation, le spectre des bulles – boursière, immobilière, sur les matières premières – terrorise la population : le prix du sac de riz grimpe, les loyers flambent, le secteur du BTP s'écroule et ce sont des millions de travailleurs immigrés qui sont obligés de rentrer au bercail.
L'étude de la BNP n'est cependant pas alarmiste à ce stade : les émergents bénéficient en effet de marges de manœuvre budgétaire importantes, de fondamentaux plus solides que dans les années 80 et 90 et surtout, ils sont très peu exposés aux crédits "subprimes", qui sont alors en train de faire tomber tant de banques aux Etats-Unis et en Europe. Les BRICS n'ont donc pas à craindre de "credit crunch" (tarissement du crédit) dans l'immédiat, ce qui leur permet de maintenir un écart de croissance "significatif" avec les pays développés, estiment les analystes de la BNP.
  • Atterrissage en douceur ou retournement de conjoncture ?
Trois ans plus tard, alors que la crise des subprimes a laissé la place à celle de la dette, les économistes sont plus pessimistes car depuis plusieurs mois certains indicateurs font moins bonne figure qu'avant. Dans une note interne publiée début décembre, HSBC souligne le ralentissement de la production manufacturière en Inde en cette fin d'année, combiné à une baisse de l'emploi dans ce secteur. En cause, une baisse des commandes et des délais de livraison allongés, du fait de coupures de courant, mais aussi l'inflation, qui renchérit le prix des achats pour les industriels indiens. Pour Leif Eskesen, chef économiste chez HSBC pour la zone Inde et Asean, c'est bien la demande interne qui est affectée.
En Chine, la tendance au ralentissement est encore plus marquée : pour les économistes de HSBC, la hausse de la production manufacturière a enregistré en novembre son point le plus bas depuis mars 2009. Là encore, "la demande intérieure faiblit, et la demande extérieure ne peut que ralentir encore". Pour autant, les indices ne sont pas encore dans le rouge, soulignent les économistes de HSBC, et surtout, "les tensions inflationnistes se résorbent plus vite que prévu, ce qui libère de la marge de manœuvre à Pékin et lui permet d'organiser un atterrissage en douceur".
Au Brésil, la croissance a marqué un arrêt brutal (lien abonnés) après trois ans de hausse continue : après une excellente année 2010 (plus de 7 % de croissance), portée par de généreuses mesures de soutien à la consommation des ménages, la croissance ne devrait pas dépasser les 3,5 % en 2012. Mais, contrairement aux économies développées, les marges de manœvre sont plus nombreuses : avec des taux directeurs à 11 % et des mesures de relance en préparation, Brasilia a encore plusieurs leviers à actionner, surtout avec un taux de chômage qui ne dépasse pas les 6 %. De quoi faire rêver Barack Obama, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron réunis.
Audrey Fournier

"Ce qui manque en Grèce, c'est le passage à l'acte"

L'Allemand Horst Reichenbach est à la tête de la Task Force. Une unité forte de 45 personnes dont 15 à demeure à Athènes, spécialement créée pour aider la Grèce. Ses principales fonctions sont d'une part d’assister les autorités grecques dans leurs efforts pour débloquer des fonds de l’Union européenne dans le cadre de la politique de cohésion et d'autre part de fournir aux autorités grecques l’aide technique nécessaire pour répondre positivement aux exigences et conditions de la Troïka. Entretien avec econostrum.info alors qu'il effectue sa deuxième mission dans le pays. 

Econostrum.info : Quelles sont les difficultés majeures qui empêchent en Grèce la reprise économique ?
 
Horst Reichenbach : Les mesures d’austérité ont eu un impact très fort sur les revenus et le pouvoir d'achat de la population, aussi retrouver la voie de la croissance et de la création d’emplois est capital.
Pourtant, selon les pronostics de la Commission et d’autres intervenants, l’année qui vient ne sera toujours pas une année de croissance et de baisse du chômage, mais une année qui posera les fondements d'une reprise économique.

Les éléments essentiels qui permettront d’atteindre cet objectif sont que la vraie économie, c'est-à-dire le secteur privé, ait accès aux financements, que l’environnement des entreprises soit amélioré notamment par une simplification de la bureaucratie et une administration publique plus efficace.
 
 Econostrum.info : Si je vous comprends bien un des problèmes majeurs, c’est la façon dont fonctionne l’administration grecque ?
 

HR : Vous avez bien vu la récente publication du rapport de l’OCDE sur l’administration publique. Ce rapport est très clair et explicite sur quelques problèmes qui doivent être résolus.
 
Econostrum.info : Êtes-vous d’accord avec ce rapport ?
 
HR :  Nous connaissons les conclusions de ce rapport depuis un moment et nous avons pris ce rapport comme point de départ afin d’entamer une coopération très étroite avec le ministère des reformes administratives et les autorités françaises dès qu’une première identification des points à améliorer a été faite.

Bien travailler ensemble

Econostrum.info : Qu’attendez-vous à présent de la part du gouvernement grec ?
 
HR : Je m’attends à ce que l’année 2012 soit une année ou les questions posées auront leurs réponses avec beaucoup d’ouvertures.
En 2011, nous avons dû surmonter un nombre de grands problèmes. Je pense que les fondements sont posés à présent pour bien travailler ensemble et réaliser des choses importantes dans les mois à venir et toute l’année 2012
 
Econostrum.info : Vous dites un nombre de grands problèmes a du être surmonté, pouvez-vous les nommer ?
 
HR : Vous avez pu voir durant toute l'année écoulée que la question budgétaire a été très compliquée. La discussion sur l'octroi des tranches successives des prêts accordés au  pays a été difficile. J’espère que l’année prochaine les autorités grecques fourniront en temps et en heure ce qui est nécessaire afin de surmonter ces problèmes.
 
Econostrum.info : Vous travaillez dur pour trouver des solutions pour les problèmes grecs, mais nous avons l’impression que les agences de notation rendent caducs vos efforts, que dites-vous sur ce sujet ?
 
HR : La situation des finances est un sujet majeur. Le gouvernement a devant lui cette tâche importante de négocier la participation du secteur privé dans les semaines à venir. Il nous faudra attendre les résultats de toute cette négociation pour avoir une bonne connaissance de la situation concernant le financement de l’économie réelle.
 
Econostrum.info : Ma question était votre position, sur l’impression laissée que quels que soient les efforts du gouvernement grec ou de personnes essayant de travailler pour améliorer la situation en Grèce,  ces efforts semblent minés par les agences de notation. Partagez-vous cette impression ?
 
HR : je n’ai aucun commentaire sur les agences de notation.
 
Econostrum.info : Est-ce que les élections anticipées présentent un obstacle supplémentaire pour le pays dans son effort pour sortir de la crise économique ?
 
HR : Le fait que le gouvernement actuel a un large support dans le parlement est un point positif. Il nous faudra attendre les résultats des futures élections pour pouvoir nous prononcer, mais je pense que le gouvernement fera tout son possible pour stabiliser la Grèce après la tenue de ces élections.

Un manque de capacité

Econostrum.info : Avez-vous des propositions spécifiques pour réformer la fiscalité en Grèce ? Car, cela semble être le problème majeur.
 
HR : Oui, la collecte des impôts est une des grandes priorités dans la coopération des autorités grecques avec la Task Force.
Nous avons identifié quatre priorités majeures.
La première est avant tout l’encadrement de la collecte des impôts et sa gestion. La seconde est le renforcement du système de résolution d'un point de vue juridique, c'est-à-dire accélérer le règlement des différents sur l’imposition qui traine devant les tribunaux,  la troisième est un renforcement des audits des contribuables d'un point de vu informatique et quatrièmement un contrôle accru des contribuables les plus fortunés.
 
Econostrum.info : Vous avez identifié les problèmes. Ensuite que se passe-t-il ? Comment parvenir à une solution ?
 
HR : Je crois, et l’OCDE confirme cela que la coopération entre le niveau politique et administratif  grec peut être améliorée.
Mais en ce qui concerne votre question sur l’application des reformes, l’idée est que l’assistance technique qui est fournie par le FMI, les autorités françaises et la Task Force, aidera spécifiquement à la mise en pratique des recommandations qui ont été exprimées afin d’avoir des résultats concrets et pas uniquement des  écrits sur des circulaires.
Plus généralement je dirais que pour la Grèce nous n’avons pas un manque d’analyse des choses à changer ou de recommandations à faire. Ce qui manque, c'est le passage à l'acte .

Econostrum.info : Si ce n’est pas un manque d’analyse, est-ce un manque de volonté ?

HR :
Je ne pense pas qu’il y ait au niveau politique un manque de volonté, mais de capacité. Et c’est là une des raisons pour laquelle la Task Force a été créée.
Les  autorités grecques ont  reconnu et accepté qu'il existe un manque de savoir-faire. Les lacunes se situent là.
Mais si vous visualisez l’ampleur de la tâche qui nous attend, ce n’est pas surprenant.
Les Grecs ont réalisé et accepté qu’ils ont besoin de supports européens, des états membres,  du FMI et de l'OCDE. C’est très positif.
Nous sommes là avec la Banque centrale européenne pour organiser ce support.
 
La question ne se pose pas en terme de coût social Econostrum.info : Quand vous dites un manque de capacité, vous me rappelez un écrivain grec qui soutient que la seule solution est d’apporter des étrangers pour former des Grecs pour faire le travail, car le système est tel ici qu’ils ne peuvent pas travailler, êtes vous d’accord avec cette vue ?
 
HR :  Mon avis est qu'il est important d’avoir une forte participation grecque. Or, nous ne pouvons avoir un effort et une participation grecque si ce sont les étrangers qui font le travail. C’est pourquoi je pense qu’il vaut mieux assister les autorités et le gouvernement grecs dans ce qu’ils veulent atteindre, plutôt que déléguer à des étrangers qui leur diront simplement ce qu’il faut faire.
 
Econostrum.info : Mais s’ils ne savent pas faire ? Il faut bien apprendre à faire un travail ?
 
HR :  C’est pourquoi je suis ravi que l’administration française soit réellement prête à assister l’administration grecque. Un nombre de missions avec des fonctionnaires français hautement qualifiés a déjà eu  lieu en Grèce afin de former leurs collègues grecs sur comment bien organiser une administration.
 
Econostrum.info : L'application du mémorandum donne aux Grecs un espoir de pouvoir rester dans la zone euro, en même temps il creuse la récession qui entre maintenant dans sa cinquième année. Est-ce vraiment la seule option ?
 
HR : Oui il n’y a pas d’autre solution parce que la Grèce a besoin du financement par les créanciers européens et du FMI et ce financement va avec des exigences de reformes avec des conditions qui doivent être remplies. Je ne pense pas qu’il existe une alternative à cette voie là.

Econostrum.info : D’où puisez-vous votre optimisme que la Grèce pourra rester dans la zone euro, on parle de plus en plus de sa sortie de la zone euro ?

HR :
Avant tout je suis optimiste, car la grande majorité des Grecs veut rester dans la zone euro, et ça, c’est un signal très clair envers le gouvernement. Il doit faire tout son possible pour rester sur cette voie. Je suis persuadé qu'il fera le nécessaire. Il l’a prouvé cette année.
Mon optimisme vient aussi du fait que nous avons maintenant mis le doigt sur les points faibles et qu’ensemble avec le gouvernement et l’administration grecque nous pouvons coopérer.
Nous pouvons faire de l’année 2012 une année de réussite et non de problèmes.
 
Econostrum.info : Peu importe le coût social ?
 
HR :  je pense que la question ne se pose pas en termes de coût social, mais en terme de voie ouverte par le Conseil de l’Europe en octobre.
 Une voie qui permettra à la Grèce de revenir à la croissance et la création d’emplois si, et uniquement si, les réformes structurelles nécessaires sont réellement mises en application aussi rapidement que possible.

Econostrum.info : Il y a un an presque jour pour jour M Georgakopoulos en charge à l’époque de la collecte des impôts m’avait déclaré que l’État désormais se donnait les moyens de collecter ses impôts d’une manière plus juste, même auprès de ces citoyens plus fortunés, mais il semblerait que des promesses de faire rentrer des douzaines de millions d’euros dans les caisses de l’État n’aient pas été réalisées. Vous avez  un commentaire ?

HR : Effectivement, la collecte des impôts est un des problèmes majeurs en Grèce.
C’était en quelque sorte un test pour voir si le gouvernement et l’administration étaient sérieux ou pas, décidés à réussir ou pas. Beaucoup de choses ont déjà été faites, mais le pas décisif ne s’est pas encore produit.
Il faudra dans les mois à venir mettre toutes ses forces pour obtenir des résultats.

Econostrum.info :  Il y a déjà eu il y a plus de dix ans de ça une tentative d’informatiser le fisc grec sans succès. On avait fait venir des experts américains qu’on a renvoyés par la suite. Des employés du ministère des Finances nous ont à plusieurs reprises assurés qu'il était tout simplement impossible d’atteindre les objectifs à cause des moyens vétustes, des sous-effectifs dramatiques, et surtout  d'une absence de volonté. Quelle est votre opinion là-dessus ?
 
HR : Plus de transparence et moins de marge d’interprétation dans un cadre fiscal plus simple serait sans nul doute des objectifs souhaitables.