TOUT EST DIT

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dimanche 11 décembre 2011

Medvedev en désaccord avec les manifs

Le président russe, Dmitri Medvedev, a déclaré aujourd'hui être en désaccord avec les critiques formulées par l'opposition au cours des manifestations sans précédent hier contre les résultats des élections législatives du 4 décembre remportées par le parti au pouvoir.

"Je ne suis d'accord ni avec les slogans ni avec les déclarations des manifestants" qui ont dénoncé des fraudes et réclamé de nouvelles élections, a écrit Dmitri Medvedev sur sa page Facebook. "Néanmoins, j'ai donné l'ordre de vérifier toutes les informations qui proviennent des bureaux de vote et concernent le respect de la législation électorale", a réitéré M. Medvedev au lendemain de la mobilisation.

Au cours d'un déplacement à Prague jeudi, le président russe avait déjà déclaré: "Il faut examiner tous les soupçons d'irrégularités. Pour cela, nous avons la commission électorale et les tribunaux". L'un des leaders de l'opposition, l'ancien ministre Boris Nemtsov, a aussitôt qualifié de "moquerie" les déclarations de M. Medvedev sur les vérifications.

Une réaction modérée du pouvoir

En effet, les autorités ont d'ores et déjà refusé d'examiner la question de la démission du président de la commission électorale, une des revendications de l'opposition qui accuse ce dernier d'avoir orchestré les fraudes. Pour sa part, Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, a qualifié les manifestations de "protestation démocratique d'une partie de la population qui est mécontente des résultats officiels", selon un communiqué. "Nous respectons le point de vue des manifestants, nous entendons ce qu'ils disent et nous allons continuer à les écouter".

La mobilisation a été exceptionnelle à la manifestation à Moscou où les rassemblements d'opposants - pour la plupart non autorisés - réunissaient jusqu'à présent en général quelques centaines de personnes. Alors qu'elles avaient observé un quasi black-out depuis le début de la contestation, des chaînes de télévision contrôlées par l'Etat russe ont ouvert leurs journaux sur ce sujet hier soir.

Selon une source au Kremlin citée par le principal site russe d'informations en ligne gazeta.ru, cette décision aurait été prise par Dmitri Medvedev qui aurait également donné pour instruction à la police de Moscou de se comporter avec modération. La manifestation dans la capitale s'est achevée sans la moindre interpellation alors que des dizaines de personnes ont été appréhendées dans dans d'autres villes du pays.

Cette mobilisation intervient à moins de trois mois de la présidentielle du 4 mars, à laquelle Vladimir Poutine a annoncé son retour au Kremlin où il pourrait rester théoriquement jusqu'en 2024 après avoir y avoir déjà passé huit ans (2000-2008).

Marine Le Pen se déchaîne contre la gauche

Marine Le Pen veut être la "candidate des oubliés", celle des "oubliés, des invisibles (…) de ceux qui ne se plaignent pas, de ceux que l'on ne veut pas voir, que l'on ne veut pas entendre". Lors de son premier grand meeting de campagne, à Metz, dimanche 11 décembre, la candidate du Front national a renvoyé dos à dos la droite et la gauche et appelé les déçus des deux bords à la rejoindre.

"Ouvrez les yeux ! Le voile de décennies de mensonges se déchire. (…) Osez regarder la vérité en face, même si cette vérité vous fait mal, même si elle vous blesse ! Le pacte sacré entre la droite affairiste et immorale et la gauche boboïsée et corrompue vous a laissés au bord du chemin", a notamment lancé Mme Le Pen devant plus de mille personnes – pour 800 places assises – moyennant 5 euros l'entrée.
Mme Le Pen se veut aussi la candidate du "retour au réel". "Je dirai peu et je ferai beaucoup, a-t-elle promis. Les Français vont faire le choix du patriotisme à la tête de l'Etat. Un président qui aime profondément la France, (...) un président du retour au réel dans lequel vivent tous les oubliés de la politique française."
"REGARDEZ CE QU'ILS ONT FAIT DE VOS ESPOIRS"
Dans cette Lorraine en majorité conservatrice, où de nombreux déçus du sarkozysme rejoignent le parti d'extrême droite, la présidente du Front national s'est d'abord adressée aux "hommes et femmes de droite". "Les promesses qui vous ont été faites n'ont pas été tenues, et les promesses qui refleurissent à quelques mois des élections sont des berceuses", a-t-elle déclaré.
Mais elle a surtout attaqué la gauche. Il est vrai que l'actualité la sert. Les soupçons de corruption pesant sur la fédération PS du Pas-de-Calais, que Marine Le Pen, plusieurs fois candidate à Hénin-Beaumont, dans ce departement, dénonce depuis des années, lui ont servi pour tenter de capter un électorat dont elle est convaincue qu'il constitue un important réservoir de voix.
"Hommes et femmes de gauche, regardez ce qu'ils ont fait de vos espoirs ! Regardez ce qu'elle est devenue, la gauche qui devait apporter le progrès, soutenir les plus faibles, défendre ceux qui travaillent et qui peinent, leur offrir des lendemains qui chantent !" a déclaré Mme Le Pen. Pour elle, la gauche "a tout abandonné, elle a tout trahi, elle est aujourdh'ui corrompue jusqu'à la moelle par l'argent et le pouvoir". Elle l'a aussi présenté comme complice de "l'immigration massive, incontrôlée, dérégulée", des délinquants et, partant, de l'insécurité.
LA CIBLE DU PAS-DE-CALAIS
Evoquant le droit de vote des étrangers, qui servirait à "fabriquer" des électeurs de gauche, Marine Le Pen a insisté sur  sa dénonciation extrêmement virulente de la corruption qu'elle attribue au Parti socialiste, ainsi que celle de ces "voyous [qui mènent] grande vie" . Elle a stigmatisé "la gauche sans morale, du sud au nord, qui fait mine de détourner les yeux et de se pincer le nez devant les Guérini, les Dalongeville, les Kucheida alors qu'elle savait depuis toujours la corruption, elle savait l'argent sale, elle savait les juges achetés".
"Hommes et femmes de gauche, pour le pouvoir et pour l'argent, ils ont tué vos rêves, a-t-elle lancé. Comme de vulgaires affairistes de droite, ils se sont soumis aux marchés financiers, à l'Europe ultra libérale, à la concurrence sauvage, défendant les banques et la monnaie des banques : l'euro."
Evoquant les délocalisations et les fermetures d'usines, Mme Le Pen a mis en avant un nouveau clivage, celui qui oppose la "caste" des "mondialistes" (UMP et PS) aux "nationaux" (FN). Elle a longuement évoqué, comme rempart à la mondialisation et à ses "complices", "francophobes et européeistes", la notion de patrie, avec, parfois, des accents rappelant les meetings de Jean-Marie Le Pen. Ainsi a-t-elle fait huer les noms de Bernard-Henri Lévy et Georges-Marc Benamou, deux éditorialistes et écrivains situés à gauche et entretenant des relations avec Nicolas Sarkozy. S'appuyant sur un article paru dans le magazine Globe en... 1985, la présidente du Front national les accuse, implicitement, de ne pas être patriotes.

La démocratie à tout prix ?

Nous sommes champions du monde pour donner des leçons de démocratie. Nous observons le monde à travers un filtre implacable : « Ce qui se passe respecte-t-il la démocratie ? » Le prix Nobel de la Paix a été remis, hier, à trois femmes, figures de proue du « printemps arabe » que nous regardions avec gourmandise comme la victoire de la démocratie sur les dictatures. Élections sans doute truquées à Moscou ; désignation des candidats aux législatives par les partis en France, sans souci du choix des militants ; manifestants syriens tués par les forces de sécurité ; on en parle moins, mais réélection contestée, sûrement pipée, de Joseph Kabila en République Démocratique du Congo (le D de RDC est une arrogante usurpation !)… Les situations où la démocratie est bafouée ne manquent pas. Les Droits de l'Homme aussi - ça va de pair. Et l'Homme lui-même dans tout ça ? Au Congo, est-ce important de prouver que des urnes étaient pré-remplies ? La démocratie n'existe pas dans ce pays, comme dans tant d'autres. On comprend que certains, éclairés, aspirent au droit du peuple à choisir ses gouvernants. Mais l'urgence est le retour à la paix, au calme, à la vie « normale » : les périodes électorales sont, là-bas, synonymes de violences, de tensions, de chaos parfois, de morts. Devons-nous nous accrocher à l'idéal démocratique pour des peuples dont la culture en est éloignée ? Le rôle de la communauté inernationale est d'abord de veiller à ce que l'absence de démocratie - ou pas ! - ne soit pas synonyme de crimes contre l'humanité. La régularité des élections devient secondaire, pour ceux qui souffrent de violences aveugles.

"L'accord européen devrait réduire les tensions sur les taux"

L'accord trouvé par la quasi totalité des membres de l'Union européenne doit répondre à toutes les incertitudes et permettre de détendre les taux d'emprunt des Etats de la zone euro. C'est ce qu'a affirmé le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui s'est voulu plutôt optimiste, vendredi 9 décembre.

Ce membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a par ailleurs qualifié de "totalement erronée" l'idée que les banques françaises puissent avoir besoin d'un soutien financier public. Il a souligné que leurs besoins en capitaux étaient très inférieurs à leurs bénéfices. Interrogé, par LCI, sur les décisions annoncées jeudi par la BCE, notamment les lignes de financement sur trois ans, il a expliqué que la banque centrale utilisait son "bazooka à travers les banques" et qu'"il n'y a pas besoin de quelque chose de plus massif".

BONNE COOPÉRATION FRANCO-ALLEMANDE

Vendredi, la chancelière allemande, Angela Merkel, s'est elle aussi félicitée de l'accord européen. "La coopération franco-allemande a fait ses preuves. Si nous n'avions pas énormément réfléchi ensemble à la façon de développer les choses, je pense que nous n'aurions pas autant progressé", a-t-elle estimé lors d'un point presse.

"Certes, parfois on s'en plaint", a-t-elle reconnu en référence aux critiques en Europe contre l'approche du tandem franco-allemand, surnommé "Merkozy". "La France et l'Allemagne, avec leur détermination commune à faire de l'euro une monnaie à succès, ont vraiment très, très bien coopéré", a-t-elle ajouté.

Outre-Atlantique, la Maison-Blanche a elle aussi salué vendredi des "signes de progrès" contre la crise de la dette en Europe, tout en continuant à appeler l'Union européenne à "agir de façon décisive" face à la crise qui l'ébranle.

"LE CŒUR DE NOTRE RELATION RESTE IDENTIQUE"

Malgré la bonne entente de façade au sein du couple franco-allemand, des voix se sont élevées au sein de l'Union européenne pour critiquer la position de la Grande-Bretagne, qui a refusé d'accepter un changement du traité de l'Union européenne, entraînant de facto un accord à vingt-six.

Le premier ministre britannique, David Cameron, a eu beau jeu d'assurer que le Royaume-Uni n'était pour autant "pas exclu" de l'Union européenne. "Bien sûr, cela représente un changement dans nos relations avec l'Europe, a estimé le chef du gouvernement conservateur. Mais le cœur de notre relation – le marché unique, le commerce, l'investissement, la croissance, l'emploi – reste identique."

"Mais nous ne sommes pas dans la monnaie unique, nous ne voulons pas l'être, nous ne sommes pas dans la zone de libre circulation Schengen et j'en suis heureux parce que je veux que nous utilisions nos frontières pour nous protéger contre l'immigration illégale, les armes et la drogue", a-t-il ajouté.

LE ROYAUME-UNI S'EST "AUTO-EXCLU"

Pour sa part, l'Italie a regretté "l'auto-exclusion" du Royaume-Uni, selon le mot du chef du gouvernement italien, Mario Monti. "Il est difficile de dire comment le rôle du Royaume-Uni dans le processus de prise de décision va évoluer, mais il y a un isolement certain et cela va avoir un impact sur sa capacité d'influence", a-t-il estimé au cours de sa conférence de presse.

"Personnellement cela me déplaît, car il est dans l'intérêt de l'Italie d'avoir des pays en mesure de contre-balancer l'influence de pays comme la France, a-t-il expliqué. Mais les conditions posée par Cameron étaient inacceptables, même pour moi."

Et maintenant ?

La seizième réunion de crise consacrée au sauvetage de la zone euro et, au-delà, de l’Union européenne, aura-t-elle été la bonne ? C’est vrai, pour la première fois depuis l’automne 2009 existe une véritable volonté politique dans une unanimité que seul brise le « no » britannique. Mais cela suffira-t-il ? Avec Standard and Poor’s en tête des agences de notation, les marchés le diront très rapidement. Et malheureusement, bien que douteuse, leur appréciation comptera.

Plus réalistes sont les premières réactions américaines. Pour Washington, les décisions prises à Bruxelles passent pour un « progrès ». Le terme employé signifie déjà que pour la Maison Blanche l’aboutissement est encore loin. Manqueraient toujours la « mutualisation » des responsabilités financières via des « eurobonds » et un vrai comportement de banque centrale de la part de la BCE agissant au nom d’une monnaie qui se veut unique et commune.

Ce n’est pas tout. Les mesures d’austérité qui découleront forcément de la discipline budgétaire institutionnalisée freineront ou empêcheront la croissance. En Europe d’abord, puis par contagion aux Etats-Unis à un moment où la Chine, l’autre grand acteur de l’économie mondiale, connaît aussi des difficultés.

Curieusement, ces analyses américaines rejoignent des propos entendus dans les partis de gauche européens.

Car les problèmes sont légion. D’abord au nom de cette « règle d’or » sur les déficits budgétaires que doivent s’imposer les Etats de l’UE. Fixer des limites arbitraires d’endettement paraît artificiel car l’économie d’un pays, liée à celle de l’Europe et du monde, est en constante évolution comme d’ailleurs devrait l’être la valeur d’une monnaie. Ensuite, quelque chose d’inouï a été officialisé : les investisseurs financiers sont pratiquement affranchis de toute responsabilité si un Etat fait faillite. Aux contribuables de payer l’ardoise !

Enfin, reste la grande question de la démocratie dans cette nouvelle Europe « intergouvernementale » à 26. Pour le citoyen, l’UE n’est plus que synonyme de fric, de commerce et de réglementations décidées par une pléthorique et opaque technocratie. De quoi perdre tout euro-enthousiasme ! Le Parlement européen, jusqu’à présent l’instance démocratique d’une Europe communautaire, semble être ravalé au rang d’assemblée consultative, juste bonne pour les discours du dimanche. On attend sa réaction, à partir de demain à Strasbourg.

Cette Cour qui fait des miracles

Dans leur ville, ils sont partout chez eux. Ils connaissent les habitants par leur prénom, surtout ceux qui leur doivent quelque chose. Ils gèrent, embauchent, facturent, président, distribuent. Ils se font réélire royalement par des électeurs qui les aiment, les craignent ou ont besoin d'eux.

Ces maires peuvent être actifs et énergiques, dévoués à l'idée qu'ils se font de l'intérêt général, jaloux de leurs prérogatives, mais aussi de celles de leur commune. Ils sont souvent chaleureux, affectifs, autoritaires, un peu « grandes gueules ».
Ils règnent sur leur ville depuis si longtemps qu'on n'imagine plus la vie sans eux. Ils ont huilé des réseaux qui tournent à leur service. Le débat a bien sûr déserté la vie politique locale. Les décisions se prennent en solitaire. Les adjoints font de la figuration. L'opposition se lasse.

Ces élus ne sont pas majoritaires, mais on en trouve partout, de toutes les couleurs. Certains d'entre eux perdent un jour contact avec le réel. Tout cède si facilement, tout dépend tellement d'eux, ils font tant pour cette ville, que tout est un peu à eux.

Se confondent alors les comptes personnels et publics. On prend goût aux bonnes et belles choses : on voyage loin, on mange bien, on s'habille chic, on se meuble cher, on reçoit grand, aux frais du contribuable.

Vient un moment où il faut acheter le silence et la complicité. On nomme alors des soutiens, des amis, la famille, à des postes importants pour des salaires mirifiques, au mépris de l'équité et du mérite. On confie les marchés à des entreprises choisies, qui renvoient l'ascenseur.

Rien de tout cela n'est nouveau. Mais la crise s'installe, et la rigueur avec. Les citoyens savent qu'ils vont consentir des sacrifices, et les plus pauvres souffrir davantage encore.

Les colis du CCAS prennent un drôle de goût quand on sait que le maire et quelques amis s'assoient aux meilleures tables pour des repas qui coûtent un SMIC.

Personne n'en saurait jamais rien sans la Cour des comptes et les chambres régionales des comptes. Ces austères et discrets magistrats ont la capacité d'ouvrir les livres, la compétence pour les analyser, et l'autorité pour dévoiler les résultats quand ils doivent l'être. Nos journaux, ces derniers jours, en étaient pleins.

Dans un pays qui a inventé la séparation des pouvoirs et qui la pratique très mal, ils constituent un exceptionnel contrepoids aux délires et aux dérives des gestionnaires de tout bord.

Les moins pétitionnaires des citoyens, ceux qui n'ont jamais manifesté ou qui ne l'ont pas fait depuis longtemps, devront faire une exception si par malheur on venait un jour à rogner les pouvoirs ou les moyens de cette miraculeuse juridiction.

Le yaourt : une arme de protestation massive en Grèce

Exit les manifestations et autres mouvements sociaux. Pour exprimer leur mécontentement, les Grecs ont une nouvelle arme : le yaourt. Hommes, femmes et enfants, riches ou pauvres, jeunes ou vieux, tous sont désormais adeptes du « yaourtoma ». 
 En Grèce, le peuple a trouvé un moyen original pour manifester son mécontentement. Exit les grèves et autres mouvements sociaux ; place au jet de yaourts. Cette nouvelle tendance, sur laquelle s’est penchée Le Courrier International, aurait d’ores et déjà été adoptée par l’ensemble des citoyens, tout âge, sexe et classes sociales confondus.
La Society for the Anthropology of Food and Nutrition (Safn) qui étudie depuis 1974 les rapports entre la nourriture et les sociétés a baptisé « yaourtoma », ce phénomène grec de « food fighting » (bataille de yaourts). Et pour Leonidas Vournelis, professeur à l’université de l’Illinois, le choix de cet aliment ne doit rien au hasard. En effet, comme la feta ou l’huile d’olive, les yaourts sont une des bases de l’agriculture et de l’alimentation grecque. « Les cibles de ces jets de yaourt sont les représentants et les responsables, aux yeux des manifestants, de l’état dans lequel se trouve la Grèce aujourd’hui », analyse-t-il.
« Nous répondons aux filous politiques par des actes filous, se justifient quant à eux les indignés grecs en demandant, par ailleurs, la dépénalisation du « yaourtoma ». Nous sommes une organisation terroriste avec pour seule arme le yaourt. » Et si les autorités cherchaient à mettre fin à leurs agissements ? « Elle constateraient seulement que nous avons une préférence pour le yaourt non allégé, gras et crémeux », ironisent-ils.

"Poutine et Russie unie sont allés trop loin"

C'est le point d'orgue d'une semaine de manifestations en Russie. Mobilisés contre le résultat des législatives du 4 décembre, remportées par le parti "Russie unie" mais entachées de fraudes, des dizaines de milliers d'opposants au premier ministre Vladimir Poutine se sont rassemblés, samedi 10 décembre, à Moscou et en province.

>> Lire l'éclairage de notre correspondante : "Le régime russe a des raisons de s'inquiéter"
Malgré les intimidations du gouvernement (les débordements seront réprimés "par tous les moyens légitimes" a prévenu jeudi Vladimir Poutine), des dizaines de milliers de personnes se sont réunis à Moscou, pour dénoncer les résultats du scrutin. La police, citée par l'agence de presse Ria Novosti, a évalué le nombre des manifestants à 25 000. L'opposition, elle, avance des chiffres allant de 50 000 à 80 000 personnes. L'estimation semble plausible : la place Bolotnaïa, dans le centre de Moscou, où pouvaient se rassembler 30 000 personnes selon les autorités, était pleine au point la foule débordait largement sur les ponts enjambant la Moskova, les quais et les esplanades adjacents.
"NOUS SOMMES LE PEUPLE !"
D'après Alexandre Billette, un des correspondants du Monde sur place, nombreux, parmi les protestataires, descendaient dans la rue pour la première fois. C'était le cas d'Igor Stepouchkine, un juriste de trente ans, venu manifester "pour que le Kremlin laisse l'opposition exister". "Pas question d'appeler à la révolution, a-t-il expliqué, mais Poutine et 'Russie Unie' sont allés trop loin dans la fraude et le monopole du pouvoir."
Dans la foule, des milliers de jeunes alertés via Facebook et vKontakte (réseau social très populaire en Russie) côtoyaient des personnes plus âgées.
Dans la foule, des milliers de jeunes alertés via Facebook et vKontakte (réseau social très populaire en Russie) côtoyaient des personnes plus âgées. AP/Mikhial Metzel

"Rendons au pays les élections !", "Exigeons un nouveau comptage des voix !", "La Russie sans Poutine !", pouvait-on lire sur les banderoles. A la tribune, se sont succédé des représentants de l'opposition, un mélange disparate allant de l'extrême gauche aux libéraux en passant par le mouvement nationaliste "Les Russes". "Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev ont fait une découverte très désagréable pour eux aujourd'hui. La Russie a un peuple", a déclaré Sergueï Mitrokhine, chef du parti libéral d'opposition Iabloko. "Nous sommes le peuple !", lui a répondu la foule.
Une lettre du blogueur Alexeï Navalny, condamné à quinze jours de prison après avoir manifesté le 5 décembre, a été également lu par les organisateurs du mouvement.
>> Lire : L'encombrante popularité du blogueur Alexei Navalny
Dans la foule, des milliers de jeunes alertés via Facebook et vKontakte (réseau social très populaire en Russie) côtoyaient des personnes plus âgées. Du jamais vu depuis la manifestation de 2001 contre le rachat par Gazprom de la chaîne de télévision privée NTV, symbole de la liberté d'expression des années 1990. A l'époque, 20 000 personnes s'étaient rassemblées place Pouchkine.

>> Lire : Contestation en Russie : le systême" se fissure
LE CENTRE VILLE DE MOSCOU BOUCLÉ
Le centre de la capitale était quadrillée par une concentration sans précédent de forces de l'ordre, avec des centaines de camions de policiers anti-émeutes et de fourgons cellulaires, de part et d'autre du Kremlin, aux accès de la Place Rouge, près du siège du FSB (ex-KGB) sur la place de la Loubianka, jusqu'à la Place Pouchkine et sur un pont franchissant la Moskova. Un hélicoptère survolait également le centre-ville à basse altitude.

Le centre de la capitale était cadrillée par une concentration sans précédent de forces de l'ordre.
Le centre de la capitale était cadrillée par une concentration sans précédent de forces de l'ordre.AFP/ANGREY SMIRNOV
Manifestants et forces de l'ordre se sont néanmoins fait face pacifiquement. "L'événement 'Pour des élections justes' s'est déroulé sans excès", notait pour sa part le site de la chaîne officielle d'information en continu Rossia 24, qui a ouvert l'édition de 19 heures de son journal sur le mouvement de protestation. Les jours précédent, l'antenne s'était abstenue d'évoquer les rassemblements de l'opposition.

À Saint-Pétersbourg, la police a évalué à 10 000 le nombre des protestataires, rassemblés en début d'après-midi, sur la place Pionnierskaïa dans le centre de l'ex-capitale impériale. Plus tôt dans la journée, des manifestations s'étaient également tenues dans les villes de l'Extrême-Orient du pays. "Annulez les résultats des élections!" et "Les falsificateurs en prison !", réclamaient environ 500 manifestants à Vladivostok, le port russe de la côte Pacifique, à sept fuseaux horaires de Moscou.
A Khabarovsk, une autre ville importante de la région, 400 personnes ont manifesté et environ 50 personnes ont été interpellées, selon un responsable du parti communiste. Des défilés, rassemblant entre des centaines et des milliers de personnes, ont également été signalées notamment à Blagovechtchensk, Tchita, Tomsk, Barnaoul, Orenbouret, Kemerovo et Oulan-Oudé (villes de Sibérie), de même qu'à Tcheliabinsk dans l'Oural.

Le meeting de l'opposition russe à Vladivostok, le 10 décembre.
Le meeting de l'opposition russe à Vladivostok, le 10 décembre.REUTERS/YURI MALTSEV
Pendant ce temps, le Journal officiel russe publiait, samedi, les résultats officiels des élections, confirmant la victoire du parti au pouvoir Russie unie avec 49,32 % des voix et une majorité absolue de 238 mandats sur 450 à la Douma (chambre basse).
>> Écouter la retrospective de notre correspondante : "En Russie, le face-à-face de l'opposition et du système Poutine"

PAPANDREOU BALANCE SUR LA FRANCE ET IL N'A PAS TORT.

En Russie, de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer les fraudes électorales

Moscou Correspondante - Près de 5 000 manifestants, des jeunes surtout, ont défilé, lundi soir 5 décembre, dans les rues de Moscou, pour protester contre les fraudes électorales aux législatives et réclamer le départ de Vladimir Poutine du pouvoir. L'appel à manifester avait couru sur les réseaux sociaux toute la journée. Pour une fois, la manifestation était autorisée.

Selon des résultats quasi définitifs, Russie unie, le parti du premier ministre Poutine, a recueilli lors du scrutin, dimanche 4 décembre, 49,5 % des suffrages - contre 64 % il y a quatre ans -, soit 238 des 450 sièges que compte la Douma, la chambre basse du Parlement. C'est le plus mauvais résultat électoral de M. Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000, Russie unie ayant perdu 13 millions de voix par rapport aux législatives de 2007.
Les observateurs russes n'ont cessé de dénoncer des falsifications à tout-va, films et documents à l'appui. "Il s'agit des élections les plus sales que j'ai jamais vues", a constaté Lilia Chibanova, directrice de l'ONG Golos. Même son de cloche des observateurs européens, affligés par "les bourrages d'urnes" et "l'ingérence de l'Etat à toutes les étapes du processus électoral". Le Kremlin nie. Le président Dmitri Medvedev, estimant que le scrutin avait été "équitable et démocratique", s'est réjoui de la nouvelle composition de la Douma : "Ça sera un Parlement joyeux.".
Le rassemblement de lundi soir, du jamais-vu à Moscou - la "ville des nantis" - en dit long sur la désillusion ambiante. Aux cris de "Révolution !" et de "Poutine voleur !", les manifestants ont réussi à percer le cordon des forces de l'ordre. Décidée à marcher sur le Kremlin, la foule en a été empêchée par les "cosmonautes" (les forces antiémeute). Près de 300 personnes ont été interpellées.
Parmi les jeunes qui défilaient, beaucoup ont donné leur voix aux communistes, aux sociaux-démocrates et aux ultranationalistes, non par conviction mais pour protester contre Russie unie. Voter pour les formations assurées de franchir le seuil de représentativité (7 % des suffrages), tel était le réflexe.
"Voleurs et escrocs"
Selon le système proportionnel en vigueur en Russie, les voix des partis qui ont recueilli moins de 7 %, de même que les bulletins de votes non valables, sont répartis entre les formations gagnantes. C'était donc à qui ne donnerait pas sa voix à Russie Unie. Pourquoi ? "Parce que ce parti a un tchékiste (membre des services de sécurité) à sa tête. C'est pas suffisant ?", affirme Varia, la trentaine. "Russie unie m'agace. Ça n'est pas un parti mais un rassemblement de "voleurs et d'escrocs" comme on dit aujourd'hui. Voleur, passe encore, mais ils ont zéro idée sinon celle de se maintenir au pouvoir", explique Marc, 25 ans. Sacha, 27 ans, renchérit : "J'aime mon pays, je veux que mes enfants grandissent ici et non en Grande-Bretagne. Mon mari est anglais, il est choqué de ce qui se passe. Moi j'ai honte. Je ne veux pas que Poutine reste. Je veux que la Russie soit libre, choisisse enfin la vérité."
Les mensonges éhontés des autorités agacent. Les jeunes qui voyagent, lisent et surfent sur le Net, souffrent d'être pris pour des imbéciles. Un sentiment compréhensible lorsqu'on observe les résultats du scrutin diffusés par la chaîne publique Rossia 24. Pour Rostov, une province du sud de la Russie, le panneau informatif donne le décompte des voix pour les sept partis en lice avec un total de... 146,37 % ; 115 % pour Sverdlovsk, 129 % à Voronej, etc..
Or ces résultats sont officiels, ils émanent de la Commission électorale centrale (TsIK) dirigée par Vladimir Tchourov, un proche de M. Poutine. Drôle de façon de compter. "Des voix ont sans doute été rajoutées à Russie unie mais on a oublié de les enlever aux autres partis ", a expliqué lundi Dmitri Mouratov, le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta sur la radio Echos de Moscou.
Les commentateurs assurent que Russie unie n'a pas pu avoir guère plus que 30 % des suffrages. C'est le cas, là où le scrutin n'a pas été "retouché" : en Carélie (32 %), à Arkhanguelsk (31,8 %), à Irkoutsk (34 %), à Iaroslavl (29 %), et aussi dans le quartier Gagarinski de la capitale, où vote le "père de la nation", (23,7 % pour Russie unie ; 26,35 % pour le Parti communiste). "Comment, ayant recueilli moins de 30 %, Russie unie obtient 50 % ?", titrait le quotidien Vedomosti mardi matin.
Le Nord du Caucase a "sauvé la mise" : 99 % en Tchétchénie, 91 % en Ingouchie, 91 % au Daguestan. Dans les casernes, les prisons (91 % en Mordovie, zone pénitentiaire de l'Oural), et les hôpitaux psychiatriques, le parti de M. Poutine a fait un tabac. "Hospices, lieux de détention, asiles psychiatriques sont leaders dans le soutien à Russie unie", confirme Vedomosti.

"Le régime russe a des raisons de s'inquiéter"

Après une semaine de manifestations en Russie contre le résultat des législatives du 4 décembre, remportées par le parti de Vladimir Poutine, des dizaines de milliers de personnes doivent se rassembler en fin de matinée, samedi, à Moscou et en province.

Marie Jégo, correspondante du "Monde" en Russie, a répondu vendredi à vos questions sur ce sujet : "La contestation peut-elle ébranler le système Poutine en Russie ?".
Michel75 : On voit beaucoup ici d'images de manifestations mais quelle est l'ambiance générale à Moscou ? Que pense l'homme de la rue ?
Marie Jégo : On observe quand même comme une sorte de tension, de nervosité. Il y a de l'inquiétude sur ce qui va se passer dans les jours qui viennent. Le thème de la manifestation et du mécontentement est beaucoup abordé par les radios, par exemple, qui posent des questions et les auditeurs appellent pour donner leur sentiment. Les opinions sont partagées. Certains disent qu'ils vont aller à la manifestation de l'opposition, samedi 10 décembre. D'autres disent que c'est dangereux et qu'ils craignent des provocations. Et donc, ils n'iront pas. Toutefois, 34 000 personnes ont déclaré leur intention de participer au rassemblement sur Facebook.
Le chef des services sanitaires russe, Guennadhi Onichtchenko, a dit à la population de ne pas aller à la manifestation parce que les rassemblements de masse dans les rues "favorisent la diffusion rapide des virus et infections respiratoires". Il est coutumier de ce genre de déclaration. Il y a quelques mois, il avait dit que "le persil frisé était une drogue". Semant le doute chez les propriétaires de datcha.
Atomic : Qui mène le mouvement de contestation ? Voit-on naître une véritable opposition ?
Marie Jégo : A l'heure qu'il est, l'opposition russe, non parlementaire, celle qui a appelé à manifester, est très marginalisée. Elle n'a jamais eu l'autorisation de s'enregistrer en tant que parti. Il y a plusieurs mouvements dans cette opposition et elle est assez divisée. Toutefois, il y aura à la manifestation de samedi de nombreux mouvements sociaux et associatifs, comme les "seaux bleus", qui sont les automobilistes qui protestent contre le girophare et les passe-droits accordés aux hauts fonctionnaires. Il y aura aussi tous les mouvements anti-corruption.
Bruxelles : Quelles sont les revendications des manifestants ?
Marie Jégo : Les manifestants veulent une enquête sur les élections législatives du 4 décembre. Ils demandent que soient jugés les présidents des commissions électorales qui ont pris part aux fraudes. Et la mise en cause de la Commission électorale centrale qui, selon les témoignages d'observateurs, a retouché les bordereaux de décompte des voix.
Ldn_44 : Peut-on envisager un soulèvement de type printemps arabe ou n'est-ce qu'une manifestation post-électorale qui s'essouflera avec le temps ?
Marie Jégo : Il est à craindre que ce mouvement s'essouffle, parce qu'il n'est pas organisé. Il faut voir que la société russe vient de sortir du totalitarisme. L'écroulement de l'URSS s'est produit il y a vingt ans, presque jour pour jour. Et la confiance politique des gens est très peu développée. Ce qui est intéressant dans la contestation à laquelle on assiste aujourd'hui, c'est que les jeunes qui sont dans la rue se disaient jusque-là apolitiques. Le sentiment du Russe ordinaire, et il y en avait aussi dans les manifestations des Russes d'en-bas, c'est qu'on l'a humilié parce qu'on lui a volé son vote. Mais à vrai dire, cette contestation pourrait très bien s'essouffler.
Une page a quand même été tournée. Car le mythe du dirigeant bien-aimé, du chef de la nation, s'est fissuré. Le point de départ de ce sentiment, c'est l'annonce, le 24 septembre 2011, que Vladimir Poutine allait revenir au Kremlin pour six ans. Le premier ministre est d'ailleurs allé à la Commission électorale centrale au lendemain des législatives pour poser sa candidature à la présidentielle du 4 mars 2012. Le fait d'annoncer avant les élections qu'il revenait au Kremlin en prenant Dmitri Medvedev comme premier ministre avait tout l'air d'un arrangement conclu de longue date derrière les murailles du Kremlin, avant l'assentiment des électeurs. Le mythe de Poutine adulé s'est brisé lors d'un combat d'arts martiaux au stade Olympiiski, quand il a été hué par une bonne partie du public.
Michel Eltchaninoff : Y a-t-il un risque que les ultra-nationalistes s'allient avec les "nouveaux indignés" et l'opposition démocratique ?
Marie Jégo : Oui, c'est un risque. Par exemple, le blogueur anti-corruption, Alexeï Navalny, très populaire chez les internautes, ne cache pas ses sympathies pour les ultra-nationalistes. L'extrême-droite, qui est comme les mouvements de l'opposition non-parlementaire, marginalisée, ne manquera pas ce rendez-vous.
Cyril : Ces manifestations font-elles transparaître une scission générationnelle entre la population vieillissante et nostalgique des années URSS et la jeunesse "Internet/média" ?
Marie Jégo : Oui, on voit aujourd'hui l'émergence d'une jeunesse qui n'a pas connu l'URSS, qui voyage, est informée, mais apolitique. Sa caractéristique, c'est qu'elle n'a pas peur et qu'elle est tout de même un peu mieux organisée grâce aux réseaux sociaux. Samedi 10 décembre, des manifestations sont prévues à Saint-Pétersbourg et dans des villes de province. Mais le mouvement, bien sûr, est nourri avant tout par la jeunesse urbaine.
Yohann : Le régime russe se sent-il vraiment menacé par ces manifestations ? A-t-il des raisons de s'inquiéter ?
Marie Jégo : Oui, le régime russe a des raisons de s'inquiéter surtout quand on lit les commentaires abondants à propos des falsifications sur Internet. Il y a surtout une chose qui revient, c'est le sens de l'humour. Il y a énormément de blagues sur le tandem Vladimir Poutine et son protégé Dmitri Medvedev. Un dirigeant politique dont on se moque ne peut pas être un dictateur.
On a vu ces jours-ci les autorités inquiètes qui font pression sur les sites d'information, les sites des ONG, les journalistes de la télévision avec des propositions de limiter l'accès aux réseaux sociaux. Par ailleurs, le directeur du Facebook russe, Pavel Dourov, a confié subir d'importantes pressions du FSB (les services de sécurité) pour bloquer les interventions des opposants.
Harry : Quelles falsifications sur Internet ?
Marie Jégo : Sur Internet, les observateurs indépendants ont mis des vidéos, des documents. Par exemple, ils ont donné les bordereaux des résultats qu'ils avaient signés pour leurs bureaux de vote. Quand on compare avec les résultats officiels, publiés sur le site de la Commission électorale centrale, cela n'a plus rien à voir. Les experts, ici, soulignent que la falsification la plus importante, c'était la réécriture des bordereaux de décompte des voix. Il y a aussi beaucoup de témoignages de gens ordinaires qui font état de pression de leur hiérarchie pour voter pour le Parti Russie unie qui l'a emporté avec 49,5 % des votes. Selon l'ONG "Le Citoyen observateur", 20 % des votes auraient été falsifiés. Il y a eu aussi des votes multiples quand des électeurs sont amenés en bus dans plusieurs bureaux de vote. L'AFP cite le témoignage d'un jeune homme, à Saint-Pétersbourg, qui aurait voté dix fois contre une somme d'argent.
Yann : Qu'est ce qui pousse les Russes à descendre dans la rue ? Ce n'est pas la première fois qu'une élection est falsifiée en Russie...
Marie Jégo : Il y a toujours eu des falsifications, c'est vrai. Paradoxalement, les élections les plus propres étaient celles de 1989-1990. C'est-à-dire à l'époque de Gorbatchev. Cette fois-ci, quand même, les autorités y sont allées un peu fort. Par exemple, la Commission électorale centrale a donné, le soir du vote, des résultats par région, avec les pourcentages des votes pour chaque parti. Ces images ont été diffusées et commentées à la télévision. Le plus incroyable, c'est que lorsque l'on fait le total des votes par région, on obtient 147 % pour Rostov, 129 % pour Boronej et 115 % pour Sverdlovsk. Les gens se sentent humiliés par ces mensonges éhontés. Et par la propagande du pouvoir. De là, le sursaut citoyen.
Ces falsifications sont vécues comme une humilitation. De plus, le Kremlin a perdu la bataille sémantique. Partout, dans la blogosphère et dans la rue, les gens ne disent plus "Russie unie" mais "le Parti des voleurs et des escrocs".
Acaila : Peut-on espérer une intervention d'ordre "juridique", de la part de l'Europe, concernant ces élections, une commission d'enquête ?
Marie Jégo : L'Europe se montre très prudente. Beaucoup plus prudente que les Etats-Unis, car elle ne veut pas froisser Moscou. Il y avait quand même des observateurs de l'OSCE et du Conseil de l'Europe. Leur rapport fait état de bourrages d'urnes et de fraude. Ce qui a suscité des critiques de la direction russe. L'Europe, engluée dans ses problèmes financiers, ne risque pas de mener la bataille pour des élections honnêtes en Russie. Et d'ailleurs, le mouvement de contestation, qui a surgi après les législatives à Moscou et à Saint-Pétersbourg, n'est en rien manipulé de l'extérieur, comme voudrait le faire croire Vladimir Poutine. Mais ces allégations rendent l'Europe encore plus timide car elle ne veut pas entrer en conflit avec la Russie. Il n'y a pas de vraie politique étrangère européenne à l'égard de la Russie. Et les autorités russes favorisent les relations bilatérales.
Harry : Poutine accuse les Etats-Unis d'influencer ce mouvement. A-t-on plus d'informations sur l'implication potentielle américaine ?
Marie Jégo : En disant cela, ce qui est à l'évidence une bêtise, Vladimir Poutine montre d'où il vient, c'est-à-dire du KGB soviétique dont la principale marotte consistait à voir partout des espions étrangers. A la veille du vote, un film a ainsi été montré à la télévision NTV pour salir l'ONG Golos, active dans la formation d'observateurs. Dans ce film, il était dit que cette ONG agissait pour le compte des Etats-Unis. Or, elle est financée, certes, par la Commission européenne et par les think-tanks américains, mais ce n'est pas pour autant qu'elle est en quoi que soit dans les falsifications. De plus, il y avait beaucoup d'autres observateurs, notamment de l'ONG russe Citoyen observateur.
Guest : Un nouveau suffrage est-il aujourd'hui envisageable ?
Marie Jégo : Des opposants aujourd'hui demandent l'organisation d'un nouveau scrutin là où les falsifications sont avérées. Toutefois, il y a peu de chance que cela ait lieu, ou très partiellement. Les autorités nient toute fraude à grande échelle. Elles ont donc intérêt à minimiser leur ampleur. Quand bien même il y aurait une Commission d'enquête, elle sera confiée, le président Medvedev l'a déjà dit, à la Commission électorale centrale, laquelle est soupçonnée les avoir orchestrées. Comme la Russie n'est pas un Etat de droit, les manifestants, même s'ils parviennent à faire entendre leurs voix, sont assurés d'échouer. Il n'y a pas de recours possible.
Pour la manifestation, même s'il s'agit d'un mouvement d'ampleur, par rapport à ce que l'on voyait ces dernières années, 34 000 personnes c'est peu pour une grosse ville comme Moscou qui compte 12 millions d'habitants. A Kiev, en 2004, il y avait 1 million de personnes sur Maydan, la place centrale. A l'échelle de Moscou, il en faudrait 2 millions. Mais même si le mouvement de protestation est limité aux villes, on peut dire qu'il y a un sentiment de ras-le-bol, largement partagé, même en province où la population ne ménage pas ses critiques envers Russie unie, le parti de Poutine.
Xavier : Pensez-vous qu'une escalade violente des manifestations est à craindre ? Le déploiement massif des forces de sécurité russe est-il suivi d'une répression brutale ou s'agit-il "simplement" d'éviter les débordements ?
Marie Jégo : La manifestation de samedi 10 décembre est autorisée. Il ne devrait donc pas y avoir de débordement dès lors que les manifestants restent dans le périmètre autorisé. D'importantes forces de l'ordre seront déployées, comme toujours, pour empêcher justement les débordements. Ici, à Moscou, nombreuses sont les personnes qui disent craindre une provocation. On ne peut malheureusement rien exclure. Mais mon sentiment, c'est que l'opposition et le Kremlin n'ont pas intérêt à jeter de l'huile sur le feu.
Il y a une incertitude. La manifestation était au départ prévue place de la Révolution pour 300 personnes, car en Russie, les autorités et les organisateurs doivent s'entendre sur le nombre de participants avant la manifestation. Comme la place de la Révolution est petite, lorsque 34 000 personnes ont répondu présent, la municipalité de Moscou a proposé un autre lieu, la place du Marécage, plus vaste. Des opposants obstinés, comme Edouard Limonov, chef du Parti "L'Autre Russie", a appelé ses militants à aller place de la Révolution et à marcher dans Moscou vers l'autre lieu de rassemblement. Si cela se passe, il y aura probablement des échauffourées.
Chat modéré par Hélène Sallon

BRAVO PEUPLE RUSSE, NE TE LAISSE PAS FAIRE PAR POUTINE ET SA BANDE DE BRIGANDS







Les séries rattrapées par le traumatisme irakien

A quoi ressemble un concert de louanges ? Pour s'en faire une idée, il suffit de jeter un œil aux critiques dithyrambiques qui ont salué la mise à l'antenne des premiers épisodes de "Homeland" cet automne sur la chaîne américaine du câble, Showtime. De Washington à Philadelphie, de Boston à Chicago, cette série d'espionnage déclinant une nouvelle fois la menace terroriste a non seulement accru son audience au fil des douze semaines de sa diffusion – loin, certes, des 6,5 millions de fidèles aux zombies de "The Walking Dead" – mais elle a surtout enthousiasmé la presse, pour une fois unanime. "La meilleure série de la saison", a estimé le Los Angeles Times, "le meilleur thriller de la télévision américaine" a enchéri le New York Post. Idem pour le critique du Boston Globe et celui de Time.
Nerveux, lourd d'ambiguïté, tendu sur le plan psychologique, ce feuilleton s'inscrit dans la veine conspirationniste, chère aux Américains, qu'ont ravivée les attentats du 11-Septembre. Elle marque toutefois un tournant idéologique après une décennie placée sous l'influence de "24 heures chrono" (l'agent de l'unité antiterroriste Jack Bauer y sauvait l'Amérique d'ennemis qui s'apprêtaient à la frapper sur son sol, cela durant huit saisons). Or, ce sont précisément Howard Gordon et Alex Gansa, les producteurs exécutifs de "24" qui, sous le titre "Homeland" ont adapté "Hatufim", une série israélienne qui, en 2009, mettait en scène la difficile réadaptation, après leur libération, de deux prisonniers de guerre.
Dans "Homeland", l'agent de la CIA Carrie Mathison (Claire Danes) est persuadée, pour avoir quelques mois plus tôt recueilli la confidence d'un terroriste condamné à mort à Bagdad, que le soldat américain Nick Brody (Damian Lewis) a été "retourné" : porté disparu en 2003, il a été retrouvé huit ans plus tard lors d'un raid mené par Delta Force dans une planque appartenant au terroriste Abu Nazir.
Cette série donne donc à voir une figure ambivalente de vétéran, un marine hanté par les sévices qu'il a endurés en captivité, répugnant à satisfaire la curiosité des journalistes qui assiègent sa maison et à délivrer un message patriotique pour promouvoir l'engagement militaire en Irak.
Acclamé en héros national, ce rescapé d'une guerre sale est-il le nouveau visage de l'ennemi ? L'homme a-t-il été brisé ou conditionné par les méthodes de torture – peut-être comparables à celles que les Etats-Unis ont pu employer à Guantanamo – afin de servir les desseins d'Al-Qaida ? L'intrigue sème des indices contradictoires en faveur de l'une ou l'autre hypothèse. D'autant qu'en face, le doute subsiste sur la fiabilité de l'agent de la CIA, guidée par un flair hors pair ou, qui sait, par une obsession paranoïaque relevant de troubles bipolaires.
"Homeland", dont Canal+ vient d'acheter les droits de diffusion, est la dernière série en date traitant de la guerre en Irak ou du retour au pays des soldats, et la première qui sera renouvelée pour une deuxième saison. Les précédentes s'étaient arrêtées après une saison, faute d'audience.
Innombrables, cependant, sont les personnages de vétérans d'Irak ou d'Afghanistan dans les séries télévisées, où ils ont succédé à ceux de la guerre du Vietnam, qui tendent à s'effacer en raison de la pyramide des âges.
Avec Apocalypse Now, Full Metal Jacket et Platoon, le cinéma avait pris l'avantage de la représentation de la guerre du Vietnam, la télévision refusant de s'y confronter par frilosité, sinon de biais et sur le ton de la comédie ("M*A*S*H*", "Papa Schultz").
"La guerre du Vietnam a été le conflit le plus montré à la télévision, et à plusieurs reprises quasiment en direct et sans aucune censure des images tournées par les journalistes. C'est aussi, à ce jour, la seule défaite des Etats-Unis, et la durée, l'absurdité et la violence de ce conflit ont traumatisé la population américaine. Les chaînes de télévision ont longtemps hésité à diffuser une série qui revisiterait frontalement cette guerre", rappellent Pierre Sérisier, Marjolaine Boutet et Joël Bassaget, les auteurs de Sériescopie (Ellipse, 688p., 23euros).
Trente plus tard, l'industrie audiovisuelle, plus éclatée, richement diversifiée, n'a pas raté le coche. En 2005, à peine deux ans après le déclenchement de la guerre en Irak, chiche en images d'actualité, apparaissait à la télévision "Over There" retraçant le parcours de sept recrues, dont deux femmes. Les maîtres d'œuvre de cette série, Steven Bochco et Chris Gerolmo, s'étaient défendus, à l'époque, de tout parti pris politique, mettant en avant une volonté de réalisme étayée par de nombreux entretiens conduits avec des officiers.
Atrocités de la guerre et crudité de langage: "On est là pour tuer, bordel ! On veut pas de votre pétrole, on veut votre peau !" Et l'ennemi de répliquer : "Vous m'emmenez à Abou Ghraib ? La tête dans un sac ? A poil ?" Diffusée sur FX Network, cette série avait divisé la presse américaine au nom du patriotisme. Au mieux la trouvait-on inopportune.
En 2008, "Generation Kill" de David Simon et Ed Burns, les créateurs de la saga magistrale "The Wire", n'a pas connu non plus de suite après sept épisodes sur HBO. Ce brillant feuilleton, sobre d'effets, s'inspirait des reportages d'Evan Wright, journaliste à Rolling Stone qui, "embedded", avait suivi un bataillon de reconnaissance figurant parmi les premières troupes sur place. Sur le site Internet Big Think, le journaliste expliquait avoir voulu démystifier l'image du soldat, ni héros ni méchant : "Après la diffusion du premier épisode de "Génération Kill", (…) je crois que certaines personnes ont été choquées que les marines d'aujourd'hui ne parlent pas comme Tom Hanks dans un film sur la seconde guerre mondiale. La vérité, c'est que les marines de 22 ans sont plongés dans la même culture que ceux de 22 ans qui ne sont pas marines. (…) Mon intention était de connecter, d'une manière honnête, les gens aux troupes qui se battent, non de les glorifier ni de les rabaisser, mais juste de les montrer tels qu'ils sont."
Si elles offrent un nuancier d'opinions éthiques, politiques, et multiplient les angles de vue par leur structure chorale, ces séries restent étroitement centrées sur les Américains. La place faite aux Irakiens y est rare, réduite à l'irruption de snipers ou de tortionnaires.
Tel ne fut pas le cas d'"Occupation", mini-série de la BBC multi-primée en 2009, qui tient à la fois du film de guerre et du drame intimiste. Soit le parcours croisé de trois soldats britanniques envoyés à Bassora (au sud de l'Irak) en avril 2003. A la fin de leur période d'engagement, ces amis originaires de Manchester vont rempiler, l'un par amour, le deuxième par appât du gain en cofondant une société privée de sécurité, et le troisième par volonté de reconstruire le pays aux côtés des Irakiens.
La fiction les suit pendant quatre ans au cours desquels l'humanité se mêle au cynisme, la peur à l'héroïsme, la sincérité aux mensonges. Si elle s'attache davantage au coût humain qu'aux retombées politiques de l'invasion de l'Irak, "Occupation" témoigne toutefois des impasses actuelles : manque de perspectives, corruption, règlement de comptes entre chiites et sunnites, montée du fondamentalisme religieux…
Pour l'anecdote, rappelons qu'une nouvelle version télévisée de "Sherlock Holmes", diffusée par la BBC en 2010, s'ouvrait sur la rencontre du célèbre détective et de son futur acolyte, Watson, médecin militaire, souffrant, à la suite de son engagement en Afghanistan, d'une claudication aux origines psychosomatiques. Or rien n'a été inventé. Les auteurs se sont juste montrés fidèles… aux romans de Conan Doyle

Le "janot", ancêtre du troll

Sur mon bureau, depuis quelques jours, deux dicos bourrés de bons mots me narguent. Epatants mais à mille lieues l'un de l'autre. Il s'agit de Quand votre culotte est devenue pantalon, de Daniel Lacotte (Pygmalion), et de l'Encyclopédie de la web culture, de Titou Lecoq et Diane Lisarelli (Robert Laffont).

Deux cadeaux de Noël utiles. Lacotte nous retrace l'histoire de mots savoureux, comme "pantalon" qui vient de Pantalone, le sale bonhomme de la commedia dell'arte, "rodomontade" issu de Rodomonte, le matamore du poème épique Roland amoureux (1487), ou "sacripant" du nom d'une fripouille du même poème. Lecoq et Lisarelli, eux, nous présentent des personnages hauts en couleur de la Toile : "hackers", "geeks", "nerds", "kikoolols", Frédéric Lefebvre ("intarissable source de rigolade sur le Net")... Et le fameux "troll".

Qu'est-ce qu'un troll ? C'est un e-sacripant qui vient pourrir une discussion, un forum, un blog par ses "coms" (commentaires) vicieux, stupides, provocateurs, importuns. Parfois, le troll est juste un imbécile qui n'a même pas lu le texte qu'il commente, mais tient à ramener sa science, à tirer la discussion vers ses obsessions.

Mais nos webencyclopédistes distinguent des sous-population de cette engeance : le troll de base (le c...), le troll ontologique (à l'intelligence perverse), le troll flatteur (qui couvre d'éloges étouffants Alain Minc ou Jean Daniel), les trolls chasseurs (qui attaquent en bande - trollent - ) et quelques trolls-stars.

Notons au passage que le troll de base s'exprime souvent dans un français approximatif, emporté qu'il est par l'importance et l'urgence de son commentaire.

Et c'est là qu'intervient l'aimable érudition de Daniel Lacotte. Dans son ouvrage, il évoque un ancêtre du troll de base : le "janot". L'acteur et auteur de théâtre Louis Dorvigny a popularisé ce personnage dans sa pièce de 1776 Janot, ou les battus paient l'amende. Janot est un parfait idiot qui s'exprime dans une syntaxe approximative. Du coup, le "janotisme" signale aussi bien la bêtise crasse qu'une phrase idiote par défaut de construction. Quant à la "janoterie", c'est une plaisanterie de mauvais goût. Nous sommes bien avec le janot au royaume troll des remarques débiles bourrées de fautes.

Pour autant, faut-il interdire les commentaires stupides ou malveillants sur Internet ? La réponse est dans la question : Internet étant un espace de liberté quasi absolu, on ne saurait y interdire quoi que ce soit. Lecoq et Lisarelli préfèrent nous donner de bons conseils pour calmer le troll et éteindre les feux des coms assasins : ne pas répondre, laisser dire, ne pas exciter le troll, l'ignorer.

Au fait, pour ceux des lecteurs qui se posent la question : un kikoolol est un(e) préado qui s'exprime en langage SMS sur son skyblog ou sur les réseaux sociaux. Lecoq et Lisarelli nous précisent qu'on les appelle aussi des "kevin" ou des "jean-kevin". Quant à Lacotte, il nous dit tout sur l'origine du mot venant du grec "lycée"... où les kikoolols se préparent à entrer.

Le droit de vote n’est pas une pochette surprise

Le Sénat passé à gauche a voulu donner dans le symbolique plutôt que dans les problèmes d’urgence en mettant à son ordre du jour le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales. Cette mesure n’a en toute hypothèse aucune chance de devenir effective avant l’élection présidentielle de 2012, mais elle mérite réflexion pour tous les citoyens français. Je suis personnellement contre pour deux raisons, l’une électorale et l’autre de fond.

– Le droit de vote accordé aux étrangers résidant en France est l’une des 110 propositions de François Mitterrand qui n’a jamais été votée lorsqu’il en avait les moyens. L’habile président a préféré s’en servir comme d’un chiffon rouge agité devant les électeurs à chaque consultation. Dans le but unique et efficace de faire progresser électoralement le Front national et, partant, d’affaiblir la droite de gouvernement. La gauche d’aujourd’hui fait la même chose avec le même objectif. – Sur le fond maintenant, je considère que le droit de vote ne doit pas être accordé à la légère. Les résidents étrangers qui sont en France depuis beaucoup d’années ont un moyen simple de l’acquérir : il leur suffit de faire une demande de naturalisation et le processus, s’il est trop compliqué, devra être allégé. Mais pour les autres, ils peuvent comprendre qu’on ne trouve pas le droit de vote en France dans une pochette surprise, fut ce pour les élections locales seulement. Ces droits de vote accordés sans acte volontaire pour être français pourraient être manipulés et déboucher sur des bastions ethniques, religieux ou communautaristes, contraire à notre conception de la laïcité. Objecter que les citoyens européens, eux, ont le droit de vote local depuis 1992 est une franche rigolade car cela concerne quelques dizaines de milliers d’Européens alors que le droit de vote à tous les étrangers en concerneraient plusieurs centaines de milliers !

Bye Bye Britishs

Décidément le général de Gaulle avait raison qui fit longtemps barrage à l’entrée des Anglais dans l’Europe communautaire sous prétexte que ceux-ci choisiraient toujours le grand large ! On en eut une éclatante illustration au sommet européen de Bruxelles avec le veto du Premier ministre britannique, David Cameron.

Cameron eut le mérite d’expliquer sans fioritures que son pays ne voulait pas aller au-delà d’une simple zone de libre-échange et qu’il n’était pas question pour lui d’accepter un nouveau traité plus contraignant : la City l’a emporté !A partir de là, c’est une nouvelle Europe qui commence à 26. Ces pays vont signer d’ici mars 2012 un accord intergouvernemental qui prévoira une stricte surveillance budgétaire, une règle d’or et des sanctions automatiques. C’est un succès pour Madame Merkel et Monsieur Sarkozy dont la solidarité aura été sans failles, heureusement.

Est-ce pour autant un succès pour l’Europe et une chance de sortir d’une crise à répétition ? Il faudra attendre pour voir les résultats car le schéma compliqué d’une Banque centrale européenne qui renfloue le FMI pour que celui-ci prête aux Etats en difficulté ressemble à une usine à gaz peu séduisante pour rassurer les marchés. Il sortira peut-être un plus de cette nouvelle crise européenne : mieux vaut se battre à 26 pays solidaires qu’avec une Grande-Bretagne qui ne partage pas les mêmes conceptions économiques, financières et politiques.

Le grand tort des Européens avait été au cours des trente dernières années d’ouvrir largement en passant de 6 à 27 pays sans se donner les moyens de cette ouverture. Pour la première fois aujourd’hui, on serre les boulons. Ce peut être le début d’une refondation sans les Anglais et c’est bien dommage !