TOUT EST DIT

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vendredi 9 décembre 2011

UE : pourquoi Cameron a dit "no"

Alors que la grande majorité des pays de l'UE ont accepté un accord intergouvernemental pour juguler la crise de la dette, le Premier ministre britannique David Cameron s'est opposé à une réforme des traités européens, quitte à isoler son pays du reste de l'Europe. 

Défendant la position britannique de façon très "viril", selon les observateurs à Bruxelles, David Cameron a opposé son veto à toute réforme des traités européens. Le Premier ministre britannique a tenu tête au tandem franco-allemand, quitte à s'isoler du reste de l'Europe. En effet, outre le Royaume-Uni, seuls trois autres pays (Hongrie, Suède et République tchèque) se sont opposés à l'accord intergouvernemental, scellé vendredi matin, et ils pourraient revenir sur leur décision, croient savoir des sources interrogés par les agences de presse.
Il n'y a toutefois rien de surprenant au "clash" entre Londres et les autres capitales européennes. A Bruxelles, de nombreux fonctionnaires européens se disent même étonnés qu'il soit arrivé si tard après l'arrivée de David Cameron au pouvoir, en mai 2010. Pendant la campagne législative qui l'a mené au 10 Downing Street, le chef des Tories, les conservateurs britanniques, était connu pour ses opinions eurosceptiques.

La réforme des traités européens, prétexte au "clash"?

Observant les règles de la Realpolitik, il avait toutefois opposé avec Bruxelles à cause de la présence, dans son gouvernement de coalition, de ses alliés libéraux-démocrates. Ces derniers, traditionnellement europhiles, sont pilotés par le vice-Premier ministre, Nick Clegg, qui a longtemps défendu, en tant qu'eurodéputé, les bienfaits de l'Union.
Mais les pressions de l'aile droite du parti conservateur, qui réclame le rapatriement de certains pouvoirs transférés aux instances européennes, ont contraint David Cameron à durcir le ton. Et, devant l'ampleur de la crise de la dette, les libéraux-démocrates ont fini par céder. Jeudi, avant le début du sommet européen, le Premier ministre était ainsi prêt à en découdre avec ses partenaires. Bien que non concerné par la reconstruction de l'architecture de la zone euro, puisque son pays refuse toute idée d'adhésion, David Cameron a saisi la perche qui lui était tendue pour monnayer le feu vert du Royaume-Uni à l'exercice.

Un affrontement de personnes

"Pour accepter une réforme des traités à 27, David Cameron a demandé, ce que nous avons considéré tous comme inacceptable, un protocole dans le traité permettant d'exonérer le Royaume-Uni d'un certain nombre de réglementations sur les services financiers", a déploré le président français Nicolas Sarkozy, lors de sa conférence de presse matinale, vendredi.
Alliés encore tout récemment lors de l'intervention militaire des occidentaux en Libye, Nicolas Sarkozy et David Cameron sont adversaires en Europe. Le précédent sommet de l'UE fin octobre avait déjà été l'objet d'une franche explication entre les deux hommes, le premier s'agaçant en pleine réunion que le second donne des leçons à la zone euro sur la conduite à tenir. A Bruxelles cette fois, David Cameron a demandé concrètement à pouvoir disposer d'un droit de veto pour permettre à la City de Londres d'échapper à la supervision des autorités paneuropéennes.

Des premières réactions sceptiques

William Hague, ministre des Affaires étrangères, a tenté de justifier la position de son Premier ministre vendredi midi, sur la BBC. Le diplomate a ainsi rejeté toute idée d'isolement de la Grande-Bretagne. "Voudrions-nous au Royaume-Uni être partie prenante d'un accord où l'on abandonnerait davantage de notre souveraineté (...). Non ?", a-t-il argué. Son homologue suédois, alors même que Stockholm "demande à réfléchir" avant d'accepter ou non l'accord intergouvernemental, l'a raillé sur son compte Twitter. Carl Bidlt s'est ainsi dit "préoccupé que la Grande-Bretagne commence à dériver de l'Europe de manière aussi grave", avant d'ironiser : "Pour aller où? Vers une alliance forte avec la Hongrie..."
Reste à savoir si la stratégie partisane de David Cameron peut convaincre ses électeurs. Les éditos de la presse britannique, publiés sur Internet, donnaient quelques éléments de réponse vendredi. Le Daily Telegraph, conservateur, comme le Guardian, plus proche du parti travailliste (gauche), ne s'y trompaient pas : "Le Royaume-Uni est isolé", titraient leurs sites Internet dans la matinée. "L'UE traverse la pire scission de son histoire", lâche le Daily Telegraph alors que le Guardian souligne la position difficile du Premier ministre : "Il pourra dire à ses députés eurosceptiques qu'il a refusé de signer un accord qui mettait en péril les intérêts britanniques."

Grèce et Portugal s'embourbent dans la récession

Le produit intérieur brut (PIB) grec s'est contracté de 5 % au troisième trimestre 2011, sur un an, selon des données révisées de l'autorité des statistiques grecques. En revanche, cette réévaluation ne modifie pas la contraction aux trimestres précédents, de 7,4 % pour le deuxième et de 8,3 % pour le premier.

Les dépenses totales de consommation, privée et publique, ont reculé de 5,1 %, à 42,2 milliards d'euros par rapport au troisième trimestre 2010, ce qui a contribué à réduire de 71,4 % le déficit du commerce extérieur, a précisé l'ESA. Sur la même comparaison, les exportations, à 13,8 milliards d'euros, ont progressé de 3,2 %, tandis que les importations ont reculé de 4,3%, à 14,2 milliards.
Selon le budget 2012, le PIB doit se contracter de 5,5 % pour 2011, et la récession en Grèce, surendettée et soumise depuis 2010 à une cure d'austérité dictée par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, doit se poursuivre en 2012 pour la cinquième année consécutive, avec un recul de 2,8 % du PIB.
FORTE BAISSE DE LA DEMANDE INTÉRIEURE
Le PIB du Portugal s'est quant à lui replié de 0,6 % au troisième trimestre et de 1,7 % en glissement annuel, selon des données définitives publiées par l'Institut national des statistiques (INE).
En glissement annuel, le recul du PIB "est dû à la forte baisse de la demande intérieure", qui a chuté de 4,6 % de juillet à septembre (de 5,1% au 2e trimestre), a expliqué l'INE dans un communiqué.
L'investissement est tombé de 13,7 %, tandis que la consommation des ménages a reculé de 3,3% en raison notamment d'une baisse de 16,5 % en ce qui concerne les biens durables. Le gouvernement portugais table sur une récession de 1,6 % du PIB cette année, qui devrait s'approfondir à - 3 % en 2012 dans un contexte de forte austérité budgétaire.
En échange d'une aide de 78 milliards d'euros de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, le Portugal s'est engagé à réduire ses déficits et à mettre en œuvre d'importantes réformes structurelles.
ards d'euros.

"L'Europe à deux vitesses est la seule bonne nouvelle du sommet"

La Grande-Bretagne refuse de participer à la réforme des traités européens, elle craint notamment un pouvoir plus fort de l'Europe sur son secteur financier. Pour Francesco Saraceno, économiste à l'OFCE la décision d'écarter la Grande-Bretagne permettra enfin d'avancer vers l'unité européenne. Interview.

Pourquoi la Grande-Bretagne s'abstient de participer à la réforme des traités ?

Pour des raisons historiques et économiques. Il faut savoir que chaque avancée de l'Union Européenne en matière de transfert de souveraineté s'est toujours faite sans la participation de la Grande-Bretagne. Alors il n'est pas étonnant que la coopération plus étroite décidée aujourd'hui soit refusée par David Cameron. L'aspect économique est aussi très important. L'Europe veut instaurer une taxe sur les transactions financières. Si elle passe, elle aurait un impact beaucoup plus élevé sur la Grande-Bretagne qu'ailleurs en Europe, sa richesse reposant davantage sur son secteur financier.
Il y a un vrai risque pour la City?Non, cette taxe sur les transactions serait extrêmement faible et aurait des conséquences minimes sur l'économie anglaise. Je pense qu'il s'agit surtout d'un blocage idéologique. La croissance des vingt dernières années à été largement basée sur la finance à Londres et il ne faut pas y toucher. Mais cet impôt est nécessaire en Europe: à l'heure ou l'on taxe le travail, le capital, il est anormal que la seule chose que l'on ne taxe pas soit la finance.
Cette prise de distance avec l'Europe est-elle propre aux conservateurs anglais dans la lignée des Margaret Thatcher et John Major ?Il n'y a pas de spécificité politique entre les Tories et le Labour car les années Blair et Brown n'ont pas non plus marqué de rapprochement avec l'Union Européenne. Certes, Gordon Brown a voulu faire un référendum d'adhésion à l'euro mais les conditions étaient tellement compliquées à mettre en oeuvre que cela revenait à ne rien faire. De ce point de vue, je pense qu'on aurait assisté au même blocage avec les travaillistes. Même si, il faut le reconnaître, le gouvernement en place a une inflexion largement plus eurosceptique et hostile à toute intégration européenne.
Ne risque-t-on pas se retrouver avec une Europe à deux vitesses ?Oui et je pense que c'est la seule bonne nouvelle de ce sommet. Le fait d'ignorer ceux qui bloquent les avancées vers le fédéralisme est une bonne chose, même si au passage je ne cautionne pas le fait de faire avancer l'Europe vers une austérité toujours plus forte. On a trop progressé sur l'élargissement sans avoir de véritable intégration, tôt ou tard il fallait se résoudre à une Europe à deux vitesses. Et ce n'est d'ailleurs pas un danger en soi. Si la zone euro est élargie mais reste restreinte, le processus décisionnel sera plus efficace et plus rapide. Elle sera mieux gérée et redeviendra attractive. Par ailleurs, il n'y a pas de risque que la Grande-Bretagne décide de sortir de l'Union Européenne, elle en tire trop d'avantages. Mieux vaut une Europe plus petite mais qui va plus vite.
Mais ce n'est pas dangeureux pour la crédibilité européenne ?Pas forcément, les Européens ont réussi à exploiter le principe de coopération renforcée avec ce sommet. En clair, les Etats se mettent d'accord entre eux sans avoir besoin de modifier les traités. C'est donc moins risqué pour éviter les blocages et il vaut mieux quelque chose de partiel que de global et inefficace. De toute manière nous n'avions pas trop le choix...

 

"Acheter français est devenu un geste citoyen"

Alexandre Lopepe est un Européen convaincu mais, depuis six mois, il ne veut acheter que des produits français. "J'ai eu le déclic après une série de reportages sur les ravages de la production de coton sur l'environnement en Chine", explique ce Toulousain de 28 ans, informaticien dans le secteur spatial. "Je n'ai jamais été militant mais, là, je le deviens en agissant. " Claire Nahoun, elle, a eu une "révélation l'hiver dernier", se souvient-elle. "Un soir, mon fils, qui travaille en alternance dans un magasin de jouets, m'a dit que 80 % de ce que je possédais était fabriqué en Chine. Cela m'a piquée au vif", explique cette quinqua, assistante dans un cabinet d'avocats parisiens. "Depuis j'épluche les étiquettes et j'ai des surprises, comme de grandes marques de vêtements made in China. Je suis pour la mondialisation mais désormais, j'oriente mes achats."Quant à Thierry Lehoux, gérant d'un bureau d'études à Nantes, sa prise de conscience date d'il y a un peu moins de deux ans, au coeur de la crise mondiale. "Nous avons défendu le libre-échange avec naïveté, commente-t-il. La pollution et les bas salaires sont en Asie et nous avons progressivement perdu nos industries, nos départements de recherche et même nos sièges sociaux. Je privilégie les circuits courts pour faire revenir la production en France."

Atypiques, ces consommateurs ? Bien au contraire. Selon un sondage réalisé par l'IFOP auprès de 1 004 personnes et publié lundi 21 novembre, 66 % des Français annoncent être prêts à payer un peu plus cher (5 ou 10 %) si le produit est fabriqué en France. Des déclarations d'intention, certes, mais qui se retrouvent désormais dans les faits.
Sur le Net, prompt à révéler les tendances, le site Alittlemarket double de taille tous les six mois. Il expose les productions hexagonales de 20 000 artisans - textile, bagagerie, décoration, bijoux : 400 000 visites par mois, 15 millions de pages vues. Huit clients sur dix, sondés en octobre, déclarent acheter sur le site pour faire travailler l'économie locale. "Cent nouveaux créateurs par jour demandent à être exposés sur le site", explique, encore étonné, le cofondateur Nicolas Cohen.
Cet engouement n'a pas échappé à Hervé Gibet et Fabienne Butin. Ces deux pionniers ont, parallèlement à leur travail - lui est journaliste à Paris, elle professeure de peinture à Cassis -, créé en 2008 les sites La Fabrique hexagonale et Madine-France pour aider les consommateurs à débusquer des entreprises fabriquant sur le territoire. "Au début, certains me prenaient pour un pétainiste", explique Hervé Gibet. "Moi, pour une militante d'extrême droite", ajoute Fabienne Butin. "C'est fin 2010 que la tendance s'est inversée : acheter français est devenu un geste citoyen", reconnaissent les deux protagonistes.
Signe des temps, l'entreprise bicentenaire Pleyel, connue dans le monde entier pour ses pianos, a appelé cet été Hervé Gibet pour être référencée en ligne. Désormais, les sites de vente bleu-blanc-rouge se multiplient : 100 % Made in France, France-Avenue, Acheter français n'est pas un luxe, etc. Même les sites destinés aux petites bourses s'y mettent. Ainsi 30eurosmaxi.com estampille les produits hexagonaux d'une petite cocarde. "Nos ventes augmentent de 30 % par an. J'ai été surprise de la diversité des objets français accessibles aux petits budgets", explique sa fondatrice, Hanane El Riz. "L'engouement date d'il y a un peu plus d'un an, ajoute Alexiane Pesenti, responsable marketing de Vilac, dont les poupées Petitcollin sont vendues sur ce site. C'est une conséquence positive de la crise. Le pouvoir d'achat diminue, les Français achètent moins, mais mieux. "
Résultat, certains industriels, à la peine ces dernières années, redressent la tête. "J'ai agrandi cette année le logo "made in France" sur l'emballage de nos jouets, c'est devenu un argument commercial", affirme Jacques Ecoiffier, patron de l'entreprise de jouets homonyme. La gamme Klorofil de l'entreprise Vulli, arborant un drapeau tricolore, se retrouve ce Noël en tête de gondole des magasins de jouets.
La french touch a également le vent en poupe hors des frontières. "Quand dix parcs new-yorkais s'équipent de nos chaises (celles du jardin parisien du Luxembourg), c'est un peu du Quartier latin et de la Sorbonne qu'ils achètent", reconnaît Bernard Reybier, PDG de Fermob, qui réalise près de la moitié de son chiffre d'affaires à l'étranger. Jean-Yves Hepp n'est quant à lui pas peu fier d'aller présenter sa tablette tactile Qooq, 100 % frenchy, dans le temple mondial de la high-tech, le Consumer Electronics Show à Las Vegas, en janvier prochain. "Je vais la vendre aux Américains alors que sa production vient de passer de Shenzhen (Chine) à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) sans que cela me coûte plus cher", explique-t-il.
Point d'angélisme cependant. Le consommateur aura tout de même bien du mal à trouver des produits industriels hexagonaux - hormis l'agroalimentaire, bien sûr - dans les linéaires des super et des hypermarchés. "Certains distributeurs ne jouent pas le jeu et vendent des jouets made in China plus cher que les nôtres", estime Jacques Ecoiffier. Pour une petite société française, il n'est pas évident de séduire la grande distribution, habituée à multiplier par quatre ou cinq les prix chinois et réaliser ainsi des marges substantielles.
Pour se débrouiller autrement, une nouvelle génération d'entrepreneurs se tourne vers des modèles de distribution alternatifs. Le fabriquant de meubles L'Edito, créé en 2008, propose sur son site un modèle séduisant : l'internaute peut certes acheter des meubles 100 % fabriqués à Evry. Mais il peut aussi financer pour partie le développement d'un prototype proposé en ligne. Il pourra alors acheter l'objet au rabais (- 20 %) mais aussi percevoir, en tant que "coéditeur", des "royalties" à chaque vente (environ 1 euro par meuble vendu pour 100 euros investis au départ). L'entreprise n'a pas de stock, n'avance aucun frais de développement et n'a qu'un show-room-bureau à Paris.
Le modèle visiblement séduit : 100 000 euros, soit 10 % du chiffre d'affaires, sera reversé cette année aux internautes, estime son directeur général, Francis Lelong, créateur il y a quelques années du site de chaussures Sarenza. "Nous ne sommes pas des écolos mais avons des valeurs fortes, explique-t-il. Nous pouvons faire aussi bien en produisant français et en étant un peu plus imaginatifs."
Les initiatives se multiplient. Le site Archiduchesse propose depuis 2009 une gamme de 48 couleurs de chaussettes fabriquées à Limoges. 50 000 paires ont déjà été vendues. Jacques & Déméter, marque de chaussures chic à moins de 250 euros, vient de se lancer, en novembre, sur le Net. Aux commandes, un jeune duo de créateurs qui va multiplier, d'ici Noël, sa présence dans les "pop-up", ces lieux de ventes éphémères qui apparaissent un peu partout en France. "C'est un bon moyen d'aller à la rencontre des clients", explique le cofondateur Maxime Van Rothem.
Pour le consommateur, malgré tout, pas si simple de s'y retrouver. "La provenance des produits est bien moins visible qu'il y a vingt ans, témoigne Thierry Lehoux. J'ai voulu acheter récemment une batterie de voiture. J'ai demandé au vendeur d'où provenaient les trois modèles proposés... Il a été incapable de me répondre et m'a seulement dit que tous trois fonctionnaient correctement !" Pour clarifier la situation, un label Origine France Garantie a été lancé en mai. Certifié par un organisme privé, bureau Veritas, il stipule que "50 % de la valeur du produit a été acquise sur le territoire national et que les lieux où il a pris ses caractéristiques essentielles sont situés en France". Une définition plutôt vague... et onéreuse à mettre en pratique.
"J'ai voulu me faire certifier, j'ai reçu un devis avoisinant les 3 000 euros", explique le jeune créateur textile Philippe Gaber, qui s'est résolu à créer son propre logo pour afficher sa "franchitude". L'opticien Atol a, lui, fait certifier sa dernière collection de lunettes Nu.
Quant aux entreprises trop promptes à surfer sur la tendance qui affichent une cocarde... les 60 000 visiteurs mensuels de La Fabrique hexagonale veillent désormais. "Ils sont autant d'envoyés spéciaux bénévoles qui font remonter les informations comme de discrets déménagements de lieux de production", note Hervé Gibet. Le Web 2.0 au service d'un nouveau contrôle citoyen.
Laure Belot

Adieu souveraineté chérie

Si elle est approuvée par les Vingt-Sept, l’union fiscale proposée par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy serait une nouvelle étape décisive vers le fédéralisme européen. Mais tout le monde est-il prêt à payer le prix : le renoncement de l’autonomie budgétaire des Etats ? 
Le souverainisme est en deuil en Europe. Et pour les prochains jours, se prépare le plus grand transfert de souveraineté qu’aient jamais organisé les vieilles nations européennes depuis les traités de Rome et de Maastricht.
Avec le premier, en 1957, les Etats avaient renoncé à leurs politiques douanières, posant ainsi les bases du marché unique.
Avec le second traité, en 1992, ils avaient accepté de renoncer à leur monnaie, symbole national tout aussi important jusqu’alors que les couleurs du drapeau, et à leurs politiques monétaires (qui fixent les taux d’intérêts et de change), posant ainsi les bases de l’actuelle crise de la dette.
Avec ce sommet, les vieux Etats devront renoncer à leurs politiques budgétaires, ce qui équivaut à renoncer à l’âme politique de l’Etat national.
Point de salut dans ce monde global pour les membres de la vieille Europe si chacun joue perso. Mais point de salut non plus pour les pays qui jouent au plus haut niveau et remportent tous les championnats, comme le Barça et le Real Madrid c'est-à-dire l’Allemagne et la France.
Il ne s’agit pas seulement de trouver notre place dans ce monde mais de survivre dans des conditions acceptables, sans mettre en péril le train de vie incroyable dont nous, les Européens, jouissons depuis trente ans.

Une union de stabilité budgétaire et d'austérité

L’orgueil national, les sièges au G20 ou au Conseil de sécurité, c’est à dire le poids, l’influence et la visibilité des Européens dans le monde, ne sont pas seuls en jeu, il s’agit avant tout de résoudre ces problématiques plus proches et plus concrètes que sont tout bonnement notre bien-être et nos modes de vie, qui ne peuvent être préservés que dans le cadre d’une UE qui fonctionne.
Ce transfert de souveraineté donnera lieu à une union fiscale, mais celle-ci sera imparfaite, puisqu’il s’agira d’une union de stabilité budgétaire et de mesures d’austérité et non d'une union de transferts, de solidarité et de croissance.
Du moins pas encore. La méthode utilisée ne sera pas non plus communautaire, avec un rôle accru pour la Commission, le Parlement et la Cour de justice de l'Union européenne, ces institutions qui représentent pour nous directement le fédéralisme et l’européisme.
La prise de décision sera intergouvernementale et n’incorporera pas les 27 membres. Certains parce qu’ils ne le veulent pas, comme le Royaume-Uni ; d’autres parce qu’ils sont encore indécis comme le Danemark, et enfin certains parce qu'ils n’arrivent pas encore à sauter le pas, même s'ils ont pris leur décision, à l'instar de la Pologne.

Des concepts allemands et une rhétorique française

Et ce sont les deux puissances européennes qui se sont le plus battues, même militairement à trois reprises, quand elles étaient encore des Etats souverains ambitieux et parfois expansionnistes, qui vont procéder à cette liquidation.
Personne d’autre ne peut le faire. Il est même probable que seuls ces deux pays soient en mesure de le faire. Et ces deux puissances vont ainsi jouer un rôle unique dans toute l’histoire de l’unité européenne, même si c’est au détriment de leur propre souveraineté. La France et l’Allemagne ont toujours été le moteur européen depuis la création de l’UE mais aujourd’hui plus qu’un moteur, ils en sont le véhicule.
A tel point que le projet qu’ils vont présenter à Bruxelles est conçu afin de fonctionner même si, cas extrême et improbable, seuls ces deux pays sont disposés à la mettre en marche. Il ne s’agira pas d’un directoire européen, mais plutôt d’une Europe franco-allemande, d’un fédéralisme dont les deux membres inviteront à les rejoindre ceux qui le désirent.
Et pour entrer dans les détails, cette apparente symétrie cache des concepts allemands et une rhétorique française, avec la discrétion de Merkel et la pompe et l’ostentation de Sarkozy.
Nous voilà donc revenu à l’étape qui précéda la création de la monnaie unique. L’euro va devenir une sorte de mark européen, tout comme auparavant toutes les monnaies européennes, franc y compris, étaient à la remorque du mark allemand dans le serpent monétaire.
Et l’Europe va se diviser en deux : d’un côté les pays de l’euro, et ceux qui n’y sont pas encore mais qui veulent y entrer un jour, et de l’autre les pays qui n’y sont pas et qui n’en veulent pas, comme avant l’adhésion du Royaume-Uni, avec la puissante Association européenne de libre-échange (AELE) créée pour contrebalancer le protectionnisme de la Communauté européenne.
En résumé nous aurons une Europe sans européisme ou un "fédéralisme sans fédéralistes". Mais toujours avec cet espoir si européen et sans cesse renouvelé qu’un jour la fonction finira par créer l’organe, c'est-à-dire cet européisme et ce fédéralisme politiques qui font aujourd’hui défaut.

Cet étrange débat sur le droit de vote

Droit consubstantiel lié à la nationalité ou expression « pragmatique » d'une participation à la démocratie locale, ces deux conceptions du droit de vote s'affrontent - avec des arguments également légitimes - dans le débat actuel au Sénat. Comme question de philosophie politique, le débat n'est pas négligeable. Mais il est surtout aujourd'hui le prétexte à un jeu politicien inutile. Historiquement, le Parti socialiste n'est pas infondé à déposer sa proposition de loi. La mesure figurait déjà dans son programme de 1981 et la « gauche plurielle » l'avait voté à l'Assemblée en 2000, sans que Lionel Jospin, connaissant l'hostilité de la haute chambre sur le sujet, ne la transmette au Sénat. Inversement, le tollé à droite est assez largement artificiel, surtout au vu des positions contradictoires de Nicolas Sarkozy sur la question. Des changements largement imputables à un positionnement tactique plus qu'à de fermes convictions citoyennes. Mais François Mitterrand avait fait de même dans les années quatre-vingt, agitant ce chiffon rouge à l'égard de la droite et de l'extrême droite. Ces derniers jours, certains à droite, Claude Guéant en tête ont aussi embrayé sur ce terrain fantasmatique. Le paradoxe est qu'aujourd'hui la question a perdu de son poids symbolique : les « étrangers », membres de l'Union européenne peuvent voter depuis 1992. Et une majorité des Français, selon un sondage récent, serait favorable à ce droit de vote élargi aux élections locales. Reste la question de l'opportunité. Alors que l'Europe s'enfonce dans la crise, cette question-là est-elle prioritaire ? On peut en douter.

Double jeu

Le vote des étrangers « non communautaires » aux élections municipales est une question noble qui appelle un débat noble. S’il y a un sujet où la confrontation d’arguments contradictoires est politiquement légitime et intellectuellement stimulante, c’est bien celui-là. S’il est un choix où se disputent le cœur et la raison, c’est encore et toujours celui-là. Ensuite, quand on aura épuisé toutes les rhétoriques ne resteront que les convictions.

Accorder aux immigrés - parlons carrément - le droit d’élire les conseillers municipaux serait une réforme réaliste et civique. Quand un pays ouvert, comme le reste la France, prétend tous les quatre matins «mieux intégrer», au nom de quelle logique pourrait-on interdire à des résidents en France depuis cinq ans de participer à la vie de la cité ? Pourquoi leur claquer la porte des bureaux de vote au nez quand - il suffit pour cela de vivre le quotidien de la ville ! - on les voit participer aux comités de quartier, agir au sein des associations et même siéger dans les commissions municipales ? C’est bien au titre de ce bon sens-là, et de la perception de la France réelle du XXI e siècle, que Nicolas Sarkozy s’était dit favorable, en 2005, à l’avènement de cette nouvelle catégorie d’électeurs.

Hier au Sénat, le premier ministre a opposé à cet élan spontané, partagé - si on en croit les sondages (mais peut-on les croire ?) - par une majorité grandissante de Français, une très brillante théorie de la citoyenneté. Le chef du gouvernement a été séduisant, et sans doute beaucoup plus sincère que le chef de l’État, mais sa démonstration a été celle d’une nation figée, plutôt sur la défensive, et ouvertement méfiante à l’égard d’un changement dont il redoute à tort ou à raison les dérives communautaristes.

La double instrumentalisation de la controverse a des fins politiciennes n’en est que plus détestable. Entre la déformation grossière d’un texte par un ministre de l’Intérieur qui en gomme sciemment tous les garde-fous, et la tentative de passage en force d’une gauche sénatoriale qui sait que la cause législative est perdue d’avance tant que l’alternance au parlement n’aura pas eu lieu, la définition d’un juste statut pour les immigrés est une fois de plus massacrée, caricaturée et au bout du compte sacrifiée aux petits intérêts électoraux des uns et des autres et à leurs médiocres calculs. Au bout du compte c’est la France de demain qui risque d’être ensevelie sous les bulletins de la facilité.

Tant d'attentes

Une monnaie unique au bord du gouffre. Une Union européenne qui flirte avec l'éclatement. Jamais avant cette année, malgré les nombreuses crises du passé, le vocabulaire accompagnant les sommets européens n'avait pris un tour si apocalyptique. La gravité de la crise économique justifie en partie la dramatisation du sommet en cours à Bruxelles. Les postures, propres aux négociations ardues, ont aussi leur part. Mais cette surenchère verbale aide-t-elle à une meilleure compréhension du problème, ou à sa solution ? On peut en douter.

Et pourtant, des attentes considérables accompagnent ce sommet des dirigeants de l'Union européenne, appelés par les circonstances à trouver un accord politique. La plus pressante de ces attentes, parce que potentiellement la plus immédiatement néfaste pour l'ensemble de l'Union en cas d'échec, c'est celle des marchés financiers. Quelle que soit l'architecture institutionnelle que les dirigeants vont pouvoir dessiner pour faire naître une union budgétaire renforcée, c'est l'autorité politique de l'Europe qui sera testée.

Trop d'exemples, des États-Unis à la toute proche Grande-Bretagne, montrent que la spéculation ne s'acharne pas uniquement sur la zone en raison de la dette ou des déficits, au demeurant légèrement moins mauvais que ceux de Londres ou de Washington. Sa cible est le manque d'autorité politique qui caractérise le club des dix-sept pays partageant la monnaie unique. Si, comme on le souhaite, le sommet accouche d'une plus grande cohésion entre pays membres de l'Union européenne ou, à défaut, de la zone euro, cela ne pourra pas reposer uniquement sur le volet purement budgétaire.

Car l'autre grande attente, moins médiatisée mais tout aussi diffuse et sans doute plus profonde, c'est celle des opinions publiques européennes, beaucoup plus proches certainement les unes des autres que les responsables politiques nationaux ne veulent bien l'avouer. À Paris comme à Madrid, Berlin, Rome ou Varsovie, la rigueur n'est plus attendue. C'est une certitude. Ce qui est attendu en revanche, c'est que cette rigueur soit équitable, qu'elle ait un sens et une utilité. Surtout pour les jeunes générations, déjà particulièrement touchées par le chômage.

Si l'euro doit redevenir crédible sur les marchés, comme l'a rappelé la Chancelière allemande hier, les Vingt-sept doivent, eux, être crédibles dans l'opinion. Bâtir une Europe à reculons sans autre sens que celui dicté par la crainte de la noyade collective ne laisse rien présager de bon. On a vu les clichés nationaux resurgir, antigermaniques aujourd'hui comme anti-grecs hier. On voit les thèses populistes, parfois extrémistes, se banaliser sur le continent. On voit pointer les effets sociaux de la crise, les seuls qui, au fond, devraient justifier les tons alarmés.

Le sursaut qui est attendu aujourd'hui à Bruxelles n'est pas celui d'un club de vingt-sept ingénieurs penchés, à huis clos, sur une tuyauterie institutionnelle alambiquée. C'est celui des représentants légitimes de cinq cents millions d'Européens pressés, certes, par une crise financière et économique d'une grande gravité, mais menacés peut-être plus encore par leurs ataviques rivalités nationales. De triste mémoire.

L'euro file à l'anglaise

Il n'y aura pas de réforme des traités européens, mais un accord intergouvernemental sans la Grande-Bretagne. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Premier ministre britannique, David Cameron, a refusé le "pacte budgétaire" voulu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, texte accepté en revanche par le reste de la zone euro. Un accord à 17 et plus si affinités. Telle est la conclusion tardive, tombée peu avant 5 heures du matin, à Bruxelles. Les négociations qui ont suivi le dîner entre les dirigeants européens, jeudi soir, devaient se terminer dans la nuit, vers 2 heures du matin. Ils ont joué les prolongations jusqu'à 5 heures du matin. Le Premier ministre tchèque, Petr Necas, a ouvert les hostilités en début de soirée, se disant opposé à l'intervention du FMI dans la sortie de crise de l'euro. Mais c'est bien sûr, l'Anglais David Cameron qui a embrayé et n'a rien lâché.

Le Premier ministre britannique avait déclaré "s'être mué en pitbull", à son arrivée à Bruxelles jeudi soir. Il n'a pas déçu. Les discussions furent "difficiles", a déclaré Nicolas Sarkozy lors de sa conférence de presse, à la fin de sa nuit blanche, vendredi à l'aube. "Viriles et parfois très violents", traduisent sans détour plusieurs diplomates, interrogés par les agences de presse. A plusieurs reprises, David Cameron s'est écharpé avec le président français, rappelant les grandes heures des négociations entre François Mitterrand et Margaret Thatcher.

Cameron l'eurosceptique

Concrètement, les Vingt-Sept sont d'accord sur le fond, à savoir un "pacte budgétaire" prévoyant un net durcissement de la discipline dans l'UE et plus particulièrement dans la zone euro. Le point de blocage vient de la "forme juridique". Une réforme des traités européens doit être validée par tous les membres de l'Union. Or la Grande-Bretagne refuse les modalités du texte proposé par la France et l'Allemagne qui mettrait en danger, selon Londres, des principes de souveraineté auxquels elle tient.

Ce sera donc un "accord intergouvernemental" à "17 et plus", autrement les membres de la zone euro et ceux qui veulent s'y associer. Ils sont six à s'être prononcés en ce sens (Pologne, Roumanie, Bulgarie, Lituanie, Lettonie et Danemark). Le seizième sommet européen depuis juin dernier se conclut donc sur un semi-échec, même si Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont réussi à imposer leur ligne directrice à toute la zone euro. "Nous aurions préféré un accord à 27, cela n'a pas été possible compte tenu de la position de nos amis britanniques", a réagi le président français devant la presse, précisant que les conditions posées David Cameron pour y adhérer avaient été jugées "inacceptables". Vendredi à l'aube, David Cameron s'est dit lui satisfait : "Il s'agit d'une décision difficile mais bonne." Outre le Royaume-Uni, la Hongrie a décliné l'offre. La Suède et la République tchèque ont dit avoir besoin de temps avant de trancher.
Des sanctions automatiques

Les Etats signataires de l'accord vont devoir durcir la gestion des comptes publics pour l'Union monétaire, avec "règles d'or" dans tous les pays et sanctions quasi-automatiques. Ils espèrent que cela sera suffisant pour convaincre la Banque centrale européenne (BCE) de faire davantage pour les aider à circonscrire l'interminable crise de la dette qui dure depuis plus de deux ans. En outre, il est prévu un droit d'intrusion européen accru dans la préparation des budgets nationaux. Des pays bénéficiant d'une aide extérieure, comme la Grèce ou l'Irlande aujourd'hui, pourront en outre être placés sous tutelle européenne.

Plusieurs solutions évoquées ont buté sur l'inflexibilité de l'Allemagne, qui a rejeté une proposition visant à augmenter les moyens du futur fonds de sauvetage permanent de la zone euro (MES), ou de lui permettre à terme de s'alimenter au guichet de la BCE. Berlin s'est aussi opposé à ce que les euro-obligations soient ne serait-ce qu'évoquées comme possibilité à long terme dans une déclaration finale du sommet. "Le Fonds monétaire international (FMI) va participer" aux "efforts" de la zone euro, a en revanche promis sa directrice générale Christine Lagarde. D'ailleurs, les membres de la zone euro envisagent de renflouer le FMI à hauteur de 200 milliards d'euros, cet argent devant servir ensuite à soutenir des pays fragiles de l'Union monétaire. L'Union européenne attend désormais avec impatience la réaction des marchés.

Sommet européen : accord à 17 sur un nouveau pacte budgétaire

Au terme de leur seizième sommet depuis le début de la crise de la dette fin 2009 et après plus de 10 heures d'intenses tractations, ils se sont entendus sur ce nouveau "pacte", qui repose notamment sur un contrôle plus strict des budgets nationaux, ainsi que sur une réforme limitée du futur mécanisme européen de stabilité, qui sera désormais épaulé par la BCE. La Hongrie et la Grande-Bretagne ne signeront pas ce traité. Revivez les évolutions des négociations de cette nuit avec notre partenaire Euractiv

Les pays de la zone euro ont entamé dans la nuit de jeudi à vendredi une vaste refondation qui, après signature d'un nouveau traité ouvert aux pays n'utilisant pas la monnaie unique, doit les porter vers une plus grande intégration budgétaire.
Au terme de leur seizième sommet depuis le début de la crise de la dette fin 2009 et après plus de 10 heures d'intenses tractations, ils se sont entendus sur ce nouveau "pacte", qui repose notamment sur un contrôle plus strict des budgets nationaux, ainsi que sur une réforme limitée du futur mécanisme européen de stabilité, qui sera désormais épaulé par la BCE.
"C'est un sommet qui fera date", a déclaré Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse qui a débuté peu après 5h00. "Nous aurions préféré une réforme des traités à 27, cela n'a pas été possible compte tenu de la position de nos amis britanniques (...) Ce sera donc un traité intergouvernemental à 17, ouvert à ceux qui voudront le rejoindre", a-t-il ajouté.
La Grande-Bretagne a d'ores et déjà annoncé ne pas vouloir signer ce traité. Les dirigeants suédois, tchèques et hongrois veulent consulter leur parlement et réservent leur réponse, est-il indiqué dans les conclusions du sommet. Les institutions actuelles de l'Union européenne pourront être utilisées dans ce nouveau traité, qui sera rédigé d'ici mars et ne devra pas obligatoirement faire l'objet d'un référendum dans les pays qui le signeront, selon le texte.
Les modalités juridiques précises doivent désormais être discutées mais, sur le fond, ce nouveau traité s'inspirera très largement de la lettre franco-allemande transmise cette semaine à Herman Van Rompuy, ainsi que des propositions de ce dernier. Les pays dont les déficits seront supérieurs à 3% de leur PIB seront visés par des sanctions automatiques qui ne pourront être bloquées que par une majorité qualifiée de pays.
Par ailleurs une "règle d'or" budgétaire permettant de maintenir ces déficits sous le seuil de 0,5% du PIB sur la durée du cycle économique devra être intégrée aux législations nationales, sous le contrôle de la Cour de justice européenne.
MERKEL, DRAGHI SE FÉLICITENT
La chancelière Angela Merkel s'est elle aussi félicitée de l'issue du sommet.
"Je pense qu'après de longues négociations il s'agit d'un résultat très très important parce que nous avons appris des erreurs du passé et parce qu'à l'avenir nous aurons des décisions qui nous engageront, plus d'influence de la Commission européenne, plus de communauté et avec cela plus de cohérence", a-t-elle dit avant de quitter le bâtiment du Conseil européen.
Elle a par ailleurs confirmé que la date d'entrée en fonction du futur mécanisme européen de stabilité (MES) serait avancée à juillet 2012. Sur proposition du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, les membres de la zone euro ont décidé que la BCE deviendrait l'opérateur de ce mécanisme.
"La Banque centrale européenne gèrera le FESF et le MES. Il y a eu une proposition de M. Draghi proposant de mettre les compétences de la banque centrale au service du fonds européen. Nous avons considéré que c'était une très bonne idée (...) C'est un élément de plus qui renforcera la confiance dans ce fonds", a dit Nicolas Sarkozy.
Autre nouveauté, le mode de décision du MES inclura une procédure d'urgence selon laquelle la règle de l'unanimité sera substituée par une majorité surqualifiée de 85%. En revanche, le MES ne sera pas doté d'une licence bancaire comme le demandaient une majorité de pays et sa capacité de prêt cumulée avec l'actuel Fonds européen de stabilité financière (FESF) restera de 500 milliards d'euros.
De manière complémentaire, l'ensemble des Etats membres de l'UE se sont entendus pour étudier dans les dix jours la possibilité de prêter 200 milliards d'euros au Fonds monétaire international pour en renforcer les ressources.
L'ensemble de ces résultats ont été jugés encourageants par Mario Draghi qui, avant le sommet, avait douché les espoirs des marchés d'une intervention rapide de l'institut de Francfort en soutien aux pays en difficulté. "Cela va être la base d'un bon pacte budgétaire et de plus de discipline en matière de politique économique parmi les membres de la zone euro", a-t-il déclaré après la réunion. Il a toutefois prévenu qu'il attendait désormais que des détails soient fournis dans les prochains jours.

 Revivez sur twitter le suivi, minute par minute, des négociations de cette nuit avec notre partenaire Euractiv présent sur place.
View the story "Conseil européen des 8 et 9 décembre 2011" on Storify] Avant le début de ce sommet, la tension est montée d'un cran :
Nicolas Sarkozy : "pas de seconde chance"
A Marseille, à quelques heures du début du Conseil européen à Bruxelles, où la France et l'Allemagne défendront des propositions communes de réforme des traités européens, le président français a dramatisé les enjeux et appelé à "l'esprit de compromis". "Jamais l'Europe (...) n'a été aussi en danger (...) et jamais le risque d'explosion de l'Europe n'a été aussi grand", a-t-il déclaré. "Nous avons quelques semaines pour décider parce que le temps travaille contre nous." "Si vendredi nous n'avons pas un accord, il n'y aura pas de seconde chance".
Angela Merkel : trouver les bonnes solutions
La chancelière allemande s'est dite "convaincue" que les Européens allaient trouver de "bonnes solutions" au sommet de Bruxelles pour faire face à la crise de la dette. "Je suis convaincue que nous allons trouver une solution à toutes les questions", a déclaré Angela Merkel devant le congrès des partis européens de droite (PPE) à Marseille, tout en reconnaissant que les débats "seront difficiles" au sommet européen. 
Selon elle, les dirigeants européens réunis en sommet doivent faire en sorte que l'euro regagne sa "crédibilité" en partie perdue, via un durcissement de la discipline budgétaire commune ancrée dans le traité de l'UE. "Cela veut dire que la Commission (européenne) et la Cour de justice européenne vont avoir davantage de responsabilités" dans le contrôle budgétaire des Etats de l'Union monétaire pour s'assurer qu'ils respectent "véritablement" le pacte de stabilité européen limitant le déficit public et la dette, a ajouté la chancelière.
Merkel a également indiqué ne pas savoir s'il serait possible d'y parvenir via un changement de traité impliquant les 27 pays de l'Union européenne ou via un accord des seuls 17 pays de la zone euro, qui selon elle devraient se retrouver séparément pour une "réunion" dans le cadre du sommet. "L'important pour moi est (de dire) que l'euro ne pourra regagner sa crédibilité que si nous modifions le traité pour évoluer vers une union de stabilité" budgétaire, a-t-elle encore souligné.
José Manuel Barroso : "garantir l'irréversibilité de l'euro"
Le président de la Commission européenne a appelé jeudi les dirigeants de toute l'Union européenne à "tout faire pour garantir l'irréversibilité de l'euro", à quelques heures d'un sommet décisif à Bruxelles. "Je lance un appel aux chefs d'Etat et de gouvernement. Il faut tout faire pour garantir l'irréversibilité de l'euro", a-t-il déclaré à Marseille, à son arrivée à une réunion des dirigeants du Parti populaire européen (PPE), la droite européenne.
Jean-Claude Juncker : "il doit y avoir accord"
Un appel aux bonnes volonté abondé par le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, mais qui se veut plus pragmatique. Juncker a estimé que si les Européens ne pouvaient se mettre d'accord à vingt-sept , un accord devrait être trouvé entre les dix-sept membres de la zone euro.
Il a également décroché quelques flêches à l'égard de l'Allemagne : "je trouve parfois étrange que l'Allemagne se sente entourée de mauvais élèves de la stabilité", a déclaré le Luxembourgeois au quotidien Süddeutsche Zeitung. Il y a toujours eu en zone euro des pays aux finances plus équilibrées que l'Allemagne, a-t-il rappelé. "Il est donc étonnant que les Allemands pensent qu'ils sont les plus vertueux qui doivent payer pour les autres" avant de conclure : "ce n'est pas vrai".
"L'euro lui-même, en ce qui concerne sa valeur interne, en ce qui concerne le régime de change, n'est aucunement menacé", a également affirmé Juncker, avant de renchérir : "nous devons tout faire pour mettre en place des instruments et des mécanismes de pare-feu pour éviter la contagion vers les pays qui relèvent du centre de la zone euro."
Par ailleurs, "en échange d'une réforme à vingt-sept, il ne faut pas donner au Royaume-Uni des espaces de liberté qui lui permettent de faire ce qu'il veut en matière de régulation financière, alors que les autres centres financiers seraient davantage encadrés au sein de la zone euro", a-t-il par ailleurs déclaré jeudi. "Je n'aimerais pas non plus l'idée d'avoir un traité à Vingt-Sept avec des dérogations pour les Britanniques sur les questions sociales", a ajouté le président de l'Eurogroupe.
Jean Leonetti : éviter la paralysie à tout prix
Le pragmatisme de Juncker est partagé par la France. "C'est mieux si c'est à vingt-sept mais si cela ne peut pas être à vingt-sept , cela ne doit pas être un élément de paralysie. Cela veut dire qu'il faut continuer quand même à avancer à dix-sept ou à dix-sept et à quelques autres", a dit Jean Leonetti, ministre français chargé des Affaires européennes. "La situation est grave", a ajouté le ministre français qui juge que "l'euro peut exploser et l'Europe se défaire".
La France doit tenir compte des exigences posées par le Royaume-Uni, qui rejette toute intégration économique et financière supplémentaire, alors que Paris et Berlin ont fait de ce dossier une priorité en même temps que l'accroissement de la discipline budgétaire . 
David Cameron hausse le ton
"Plus les pays de la zone euro feront peser des demandes, plus nous en formulerons en retour", avait déclaré David Cameron. "Ce que nous voulons, particulièrement dans le domaine des services financiers dans lequel notre pays a un énorme intérêt, (c'est) de faire en sorte que nous ayons plus de pouvoirs, ici au Royaume-Uni, sur ces choses-là", avait-il ajouté.
Mardi déjà, il avait menacé de "ne pas signer" un nouveau traité s'il n'obtenait pas de garanties suffisantes pour protéger les intérêts de la City, vache sacrée au Royaume-Uni. Les services financiers britanniques représentent plus de 10% du PIB britannique et un million d'emplois. Mais ces déclarations "bravaches" inquiètent à Bruxelles.
"Il n'est pas acceptable qu'un pays bloque tous les autres", a souligné un responsable européen sous couvert d'anonymat, en jugeant les propos de M. Cameron "à usage purement intérieur". Le Premier ministre britannique "va être tenté, voire obligé, de demander des contreparties", a renchéri un diplomate européen de haut rang pour qui les Britanniques sont "le vrai problème".
Le risque, s'inquiètent des responsables bruxellois, serait que Cameron demande un rapatriement de compétences à Londres en matière de surveillance du secteur financier, alors que tous les efforts de l'UE depuis l'éclatement de la crise financière ont porté sur la création d'instances de supervision paneuropéenne des marchés.
Blocage de Prague ?
Autre épine dans le pied d'un éventuel accord sur l'intégration fiscale et budgétaire : la position de Prague. En effet, si la République tchèque soutiendra toute réforme permettant de stabiliser la zone euro, Prague a fait savoir qu'il serait inacceptable pour elle que les Etats membres soient contraints de soumettre leur projet de budget à Bruxelles avant leur adoption, a déclaré mercredi le Premier ministre tchèque, Petr Necas.
La Pologne et la Roumanie ne veulent pas d'une "Europe à deux vitesses"
Parmi les autres pays qui risque de bloquer les négociations, la Roumanie "ne peut pas accepter une Union européenne avec deux catégories d'Etats membres", a affirmé jeudi le Premier ministre roumain Traian Basescu en référence aux projets envisagés par la France et l'Allemagne pour la zone euro.
Des propos similaires ont également été soutenus par le premier ministre polonais. "La crise scelle notre cercueil si nous choisissons d'aliéner l'Europe à 27", a déclaré Donald Tusk devant le congrès des partis européens de droite (PPE) à Marseille à quelques heures de l'ouverture d'un sommet de l'UE à Bruxelles.
"Il ne suffit pas de répéter constamment que la communauté européenne doit rester unie. Cela doit être suivi de décisions qui n'excluent personne et ne créent pas une Europe à deux vitesses", a-t-il ajouté.
Optimisme grec
Autant dire que l'accord ne va pas être facile à trouver. Venizelos, le ministre grec des finances se veut pourtant rassurant : "je suis sûr que les dirigeants européens vont prendre d'autres décisions et envoyer un message puissant aux partenaires de la zone euro et aux marchés pour dépasser cette crise" et pour que l'Europe reste "une zone de stabilité".

L'UE vers "un nouveau pacte budgétaire"

Les dirigeants des 27 pays de l'UE sont réunis à Bruxlles pour tenter de résoudre la crise.
Les discussions ont débuté jeudi à Bruxelles. La France et l'Allemagne ont soumis à leurs partenaires des 27 un projet commun de révision des traités européens. L'objectif est de renforcer considérablement la discipline budgétaire imposées aux Etats. Ce sommet est jugé crucial pour l'avenir de l'euro. L'agence de notation Standard and Poor's a multiplié les avertissement en menaçant de dégrader la note des pays de la zone euro et s'en est pris mercredi à l'UE dans son ensemble et à ses banques. Revivez la journée de jeudi à Bruxelles.

23h32 : Accord sur un durcissement des règles budgétaires. Les dirigeants des pays de l'Union européenne sont tombés d'accord jeudi soir lors d'un sommet à Bruxelles sur le principe d'un "pacte budgétaire" prévoyant un net durcissement de la discipline dans la zone euro, ont déclaré des sources diplomatiques européennes. "Il y a un accord sur le fond", mais "les chefs d'Etat et de gouvernement n'ont pas encore discuté de la forme juridique" que prendront ces réformes, a dit l'un de ces diplomates.
21h45 : L'Allemagne rejette les mesures du projet. Berlin a dit non. L'Allemagne s'oppose notamment à la licence bancaire du MES, au fonctionnement simultané du FESF et du MES et à l'émission d'obligations communes.
21h30 : Les 27 déterminés à aller vers "un nouveau pacte budgétaire. Selon le projet de conclusion du sommet européen que s'est procuré l'agence Reuters, les dirigeants de l'UE se sont dit déterminés à préserver l'intégrité de l'UE et la cohérence entre la zone euro et les pays hors de cette zone. "Nous nous sommes entendus pour avancer vers une union économique plus forte. Ceci implique d'agir dans deux directions : un nouveau "pacte budgétaire" et un renforcement de la coordination des politiques économiques ; le développement de nos outils de stabilisation pour faire face aux défis à court terme", est-il indiqué dans le document de 12 pages.
Selon le texte, le contrôle des budgets nationaux deviendrait plus strict, les sanctions seraient automatiques sauf à être rejetées par une majorité qualifiée d'Etats et la possibilité d'aller à terme vers des émissions de dette communes au sein de la zone euro doit être étudiée.
Sur le mécanisme européen de stabilité (MES), le document indique que son entrée en vigueur doit intervenir en juillet 2012. Son plafond restera celui initialement prévu de 500 milliards d'euros mais le Fonds européen de stabilité financière (FESF) demeurerait actif jusqu'en 2013. Le MES aurait par ailleurs la capacité de recapitaliser directement les banques et pourrait se voir octroyer une licence bancaire, ce qui lui donnerait accès aux fonds illimités de la Banque centrale européenne.
21h10 : La République tchèque réticente à une aide via le FMI. Le Premier ministre tchèque Petr Necas a fait part des réticences de son pays face aux plans de l'UE de renflouer le Fonds monétaire international (FMI) pour qu'il vole au secours de la zone euro, en arrivant jeudi soir à Bruxelles. "(Pour la République tchèque) il s'agirait selon des calculs préalables d'une somme allant jusqu'à 3,5 milliards d'euros, soit de plus de 10% des réserves en devises de la banque centrale" tchèque, a-t-il dit. "Après des discussions avec la banque centrale, nous le voyons comme très problématique et difficilement acceptable", a ajouté le Premier ministre.
20h55 : L'Autriche plaide pour un rôle accru de la BCE. "La Banque centrale européenne pourrait soutenir plus fortement le fonds de sauvetage" de la zone euro, a déclaré le chancelier Werner Fayman à son arrivée à un sommet européen à Bruxelles. Une des options discutées lors du sommet vise à donner la possibilité au futur Fonds de secours permanent de l'Union monétaire (MES), qui succèdera l'an prochain au dispositif actuel temporaire (FESF), d'aller s'alimenter en argent frais auprès de la BCE. Mais l'Allemagne s'y oppose.
20h45 : S&P n'envisage pas de scénario d'éclatement de la zone euro. "Ce n'est pas du tout un scénario que l'on envisage aujourd'hui", a assuré jeudi le chef économiste Europe de l'agence de notation, Jean-Michel Six. Il a rappelé que les deux hypothèses macroéconomiques retenues pour l'Europe en 2012 étaient appuyées sur un maintien de la zone euro. "Je ne pense pas que la zone euro puisse éclater en 2012 mais je pense que les dangers qui sont présents aujourd'hui sont tout de même extrêmement graves", a-t-il renchéri.
20h10 : Une révision des traités "ne va pas aider" les pays en difficulté, selon les socialistes européens. "Un débat sur la révision des traités ne va pas aider les pays en difficulté à regagner la confiance des marchés financiers", a estimé Martin Schulz, le président du groupe socialiste au Parlement européen. "Je suis sceptique quant à un changement du Traité de Lisbonne. Les citoyens européens ne sont pas intéressés par des années de débat sur les structures et les institutions de l'Union européenne. Ils veulent aujourd'hui des actions décisives pour stabiliser l'euro", a-t-il affirmé.
"Je comprends ceux qui refusent les négociations interminables avec les pays hors de la zone euro", a cependant admis l'eurodéputé allemand. "Mais nous ne pouvons pas permettre une division de l'Europe à 17 pays (ceux de la zone euro, ndlr) contre dix".
19h57 : Le sommet est officiellement ouvert. Tous les invités au sommet de Bruxelles sont arrivés. La réunion s'est ouverte peu avant 20 heures par un dîner. Les discussions commencent donc officiellement même si les tractations se nouent en coulisses depuis plusieurs jours déjà.
Dès 19 heures, le "groupe de Francfort", qui regroupe le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, ainsi que la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, et les présidents de l'UE et de la Commission européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, ainsi que le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, s'était réuni. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, les a rejoints un peu plus tard.
19h45 : La Suède ne soutient pas le changement de traité. Le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a prévenu jeudi soir qu'il n'avait "pas de soutien" dans son pays pour le changement de traité de l'UE réclamé par l'Allemagne et la France. Il a ajouté qu'à ses yeux la priorité n'était pas à un changement de traité mais au reforcement des instruments financiers de la zone euro face à la contagion de la crise de la dette. "Nous sommes prêts à discuter de différentes mesures mais je pense que le coeur des problèmes que nous avons en Europe est économique. Il faut s'y attaquer maintenant et de ce point de vue un changement de traité pourrait prendre trop de temps", a-t-il ajouté.
19h30 : Le Danemark ouvert à un changement de traité, mais à 27. Le Danemark, qui ne fait pas partie de la zone euro, s'est dit prêt jeudi soir à accepter un changement de traité s'il le faut pour le bien de la monnaie commune mais a insisté pour que cela se fasse avec les 27 pays de l'UE et non en petit comité. "Il est très important que nous maintenions les 27 (pays de l'Union européenne) ensemble, cela a fonctionné en d'autres temps et d'autres crises et nous espérons que cela va aussi fonctionner" à présent, a estimé le Premier ministre social-démocrate, Helle Thorning-Schmidt.
19h05 : La Bosnie prête à indexer sa monnaie sur une autre devise que l'euro. La Bosnie indexera sa monnaie, le mark convertible, sur une autre devise étrangère "stable" en cas d'un éventuel écroulement de l'euro, a indiqué jeudi la Banque centrale du pays. Elle dit toutefois espérer que les pays de la zone euro trouveront une solution pour sauver leur monnaie.
La CBBH affirme toutefois faire confiance aux pays de l'Union européenne qui "ont tant fait pour construire une monnaie unique et qui feraient tout pour la sauver".
18h40 : Une sortie de la Grèce de l'euro est "gérable", selon Citigroup. Une sortie de la Grèce de la zone euro plongerait le pays dans une crise encore plus grave mais serait "gérable" pour les autres pays de la zone, a affirmé jeudi l'économiste en chef de la banque américaine Citigroup, Willem Buiter. Dans une note intitulée "Que se passera-t-il si l'euro s'effondre?", cet économiste s'est penché sur diverses hypothèses : un abandon de la monnaie unique par la Grèce, par plusieurs pays dont l'Italie ou enfin par l'Allemagne. La sortie de la Grèce lui paraît la plus probable (une chance sur quatre à cinq), et d'après lui, présente peu d'avantages pour le pays.
Pour les autres pays de la zone, "un défaut de paiement désordonné et une sortie de la zone euro de la Grèce seule est gérable, estime-t-il. La Grèce ne représente que 2,2% du PIB et 4% de la dette publique de la zone", a rappelé l'économiste. Mais "les arguments en faveur d'un maintien de la zone euro semblent solides, d'un point de vue financier, économique et politique, y compris géopolitique", a-t-il conclu.
18h30 : Merkel annonce un probable sommet spécial de la zone euro à Bruxelles. "L'euro a perdu en crédibilité et cette crédibilité de l'euro doit être rétablie et pour cela nous devons dire clairement que nous acceptons davantage d'engagements" en matière budgétaire, a déclaré la chancelière allemande à son arrivée au sommet de Bruxelles. Elle a indiqué ne pas savoir s'il serait possible d'y parvenir via un changement de traité impliquant les 27 pays de l'Union européenne ou via un accord des seuls 17 pays de la zone euro. Angela Merkel a, à ce sujet, annoncé la convocation d'un probable sommet spécial séparé des seuls pays de la zone euro.
La chancelière a par ailleurs souligné que les Etats européens extérieurs à la zone euro avaient un intérêt à ce que le bloc monétaire reste stable.
18h15 : Obama appelle l'UE à rassembler sa "volonté politique". "Je suis évidemment très inquiet de ce qui se passe en Europe", a affirmé Barack Obama lors d'une conférence de presse impromptue à la Maison Blanche, en soulignant toutefois que les Européens "reconnaissent désormais qu'il est urgent de faire quelque chose d'important et d'audacieux" dans ce dossier. "Il n'y a aucune raison qu'ils ne puissent pas résoudre ce problème", a-t-il ajouté, en rappelant le statut de puissance économique majeure de l'UE. Il a estimé que les Européens "avaient la capacité" de lutter contre cette crise, "s'ils rassemblent la volonté politique" nécessaire.
17h50 : Le FMI va participer aux "efforts" contre la crise, annonce Lagarde. Le Fonds monétaire international (FMI) "va participer" aux "efforts" de la zone euro face à la crise de la dette, a déclaré jeudi sa directrice générale Christine Lagarde à son arrivée à Bruxelles pour un sommet de l'Union européenne. "Il y a beaucoup de travail à faire, il faut que ce soit coordonné, que ce soit décisif", a-t-elle affirmé à la presse.
17h30 : Les banques européennes doivent trouver 114,7 milliards d'euros. L'autorité bancaire européenne (ABE) évalue à 114,7 milliards d'euros les besoins de fonds propres des banques européennes si l'on veut être absolument certain qu'elle pourront résister à la crise de la dette souveraine. Pour les banques françaises, le fossé à combler se chiffre à 7,3 milliards d'euros contre 13,1 milliards pour les banques allemandes. Les établissement espagnols devront quant à eux trouver 26,2 milliards, les grecs 30 milliards et les italiens 15,4 milliards. Les banques ont jusqu'au 20 janvier pour présenter leur plan de recapitalisation qui devra ensuite être mis en oeuvre et bouclé d'ici la fin juin 2012.
La fédération allemande des banques privées (BdB) a dénoncé des résultats "arbitraires" qui ne servent guère à stabiliser les marchés. "Il est difficilement concevable d'avoir retenu le niveau de fonds propres durs de 9% décidé arbitrairement tout en prenant en compte les risques résultant des obligations publiques européennes" a tonné le directeur du BdB, Michael Kemmer, dans un communiqué. En clair, il a estimé qu'il était redondant d'avoir exigé l'un et l'autre, car cela a eu pour effet de gonfler artificiellement les besoins de recapitalisation des instituts de crédit. Par ailleurs, le fait que l'Autorité bancaire européenne (EBA) a maintes fois changé ses modes de calcul et ses critères ont "entamé sa crédibilité", a ajouté le BdB.

17h10 : Le pape parle d'"un moment difficile" pour l'UE. Benoît XVI a évoqué jeudi à Rome "un moment si difficile pour l'Italie, pour l'Europe, pour différentes régions du monde", alors que "des couches de brouillard semblent envelopper la réalité", en demandant l'intercession de la Vierge Marie.
16h50 : La Finlande contre un vote à majorité qualifiée pour les réformes du traité. La commission constitutionnelle du Parlement finlandais a rejeté jeudi comme étant "inconstitutionnelle" la proposition franco-allemande de recourir à un vote majoritaire pour réviser le traité de l'Union européenne. Elle a souligné qu'il était "essentiel que des sujets touchant aux nouveaux mécanismes de soutien soient décidés par consensus". Selon la commission, si une procédure par vote majoritaire était adoptée, tout changement au traité constitutionnel européen devrait être approuvé par le Parlement finlandais à la majorité qualifiée des deux tiers.

16h45 : L'Espagne favorable à une modification des traités si nécessaire. Le Premier ministre espagnol désigné, Mariano Rajoy, s'est prononcé pour une modification des traités européens si cela s'avère nécessaire pour parvenir à une plus grande rigueur budgétaire et pour éviter que la crise ne se répète. "Nous avons besoin d'une plus grande rigueur budgétaire et d'établir des contrôles supplémentaires pour éviter qu'une crise comme celle-ci puisse se reproduire. Nous le devons. Et si pour cela, nous devons modifier les traités, modifions-les!", a-t-il déclaré en clôture d'un congrès de la droite européenne à Marseille. Il a également appelé à "mettre en œuvre, sans délai, tous les moyens et recours possibles pour contenir l'hémorragie de la dette souveraine" et plaidé pour une "réponse collective" européenne.
16h30 : Les bourses européennes chutent dans l'attente du sommet. Après une matinée dans le vert, les bourses européennes chutent jeudi après-midi après que le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a une nouvelle fois exclu la possibilité d'intervenir davantage sur le marché de la dette publique comme le réclament certains Etats. En milieu d'après-midi, Paris perdait 2,21%, Milan 3,13%, Madrid 0,71%, Francfort 1,31%. Seule la Bourse de Londres limitait les pertes à -0,31%. Mario Draghi a estimé qu'il serait "légalement très compliqué" que la BCE prête des fonds au FMI, dont elle n'est pas membre, pour aider les pays en difficulté de la zone euro.
16h05 : Un traité "sans ambition" pour Joly et Cohn-Bendit. La candidate EELV à la présidentielle, Eva Joly, et le député européen Daniel Cohn-Bendit ont critiqué, jeudi, dans une tribune à Libération.fr, le "nouveau traité sans ambition" porté par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Ils appellent pour leur part à plus d'union politique. Selon eux, "'Merkozy' propose à l'Europe une union budgétaire boiteuse qui a pour seul horizon la sanction automatique" et l'UE ne peut "se résumer à la seule surveillance des budgets nationaux".
"L'union économique repose pour nous sur 4 piliers indissociables: une coordination des budgets nationaux dans le cadre d'un pacte qui intègre des objectifs de soutenabilité et de cohésion sociale; l'émission d'euro-obligations par un Trésor de la zone euro; l'augmentation du budget européen alimenté par exemple par la taxe sur les transactions financières et la taxe carbone dans et aux frontières de l'UE; et enfin l'harmonisation fiscale", écrivent Eva Joly et Daniel Cohn-Bendit. "L'union politique est la deuxième face de la même pièce. Une Commission européenne aux pouvoirs renforcés doit être mieux contrôlée par le Parlement européen. Comme dans toute démocratie, elle devrait être issue de la majorité au Parlement", ajoutent-ils.

16h00 : Barroso pose ses conditions à une révision du Traité de Lisbonne. "Nous devons être ouverts à une révision du traité si nos Etats membres peuvent garantir qu'ils sont en mesure d'approuver et de faire ratifier les modifications dans le traité", a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à Marseille. "Une révision de traité, c'est toujours un processus complexe (...). Nous pouvons soutenir cet effort s'il est vraiment nécessaire pour aller plus loin", a-t-il dit, avant de détailler les conditions d'une révision.
"Il est essentiel de garantir dans une révision du traité le rôle de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne, de la Cour européenne de justice et du Parlement européen. Une Europe plus forte, c'est une Europe qui a besoin d'institutions plus fortes", a-t-il affirmé. "Nous pouvons dire oui à une révision si c'est pour assurer que l'euro est irréversible, si c'est pour aller vers plus d'intégration européenne et non pas une fragmentation du marché, si c'est pour renforcer notre cohérence et notre unité et non pas pour créer de nouvelles lignes de fracture entre nous, si c'est pour renforcer notre union dans le respect de nos institutions communautaires", a-t-il ajouté. "Je crois que dans ces conditions, nous pourrons trouver un consensus ce soir et demain matin", a-t-il conclu.
15h40 : La Roumanie contre "deux catégories d'Etats membres". La Roumanie "ne peut pas accepter une Union européenne avec deux catégories d'Etats membres", a affirmé jeudi le Premier ministre roumain Traian Basescu en référence aux projets envisagés par la France et l'Allemagne pour la zone euro. "N'importe quelle décision de la zone euro affecte la vie des citoyens roumains", a-t-il affirmé devant le congrès des partis européens de droite (PPE) à Marseille.
15h35 : David Cameron brandit la menace d'un veto. Le Premier ministre britannique David Cameron assure qu'il n'hésiterait pas à opposer un veto à un traité censé régler la crise de la zone euro, si ce traité ne préserve pas les intérêts de la Grande-Bretagne. "Je ferai de mon mieux pour la Grande-Bretagne et j'espère que si nous avons un bon accord, ce sera une bonne chose pour notre pays. (...) Je n'irai pas à Bruxelles sans me battre pour notre pays", a-t-il dit.
15h34 : La Pologne contre à une Europe "à plusieurs vitesses". Le Premier ministre polonais Donald Tusk s'est dit opposé jeudi à une "Europe à plusieurs vitesses", affirmant que "l'Europe, c'est 27 Etats membres, pas 17 ou 17 plus", comme l'envisagent la France et l'Allemagne. "La crise scelle notre cercueil si nous choisissons d'aliéner l'Europe à 27", a-t-il ajouté.
15h10 : Merkel "convaincue" que les Européens "vont trouver les bonnes solutions". "Nous allons trouver de bonnes solutions. Je suis convaincue que nous allons trouver une solution à toutes les questions", a déclaré Angela Merkel devant le congrès des partis européens de droite (PPE) à Marseille. La chancelière a toutefois reconnu que les débats "seront difficiles" au sommet européen. "Je demande la compréhension de ceux qui n'ont pas l'euro. Nous devons exprimer un signe fort à l'extérieur. Les mots seuls ne suffisent pas, il nous faut plus de lien, il nous faut une modification des traités", a-t-elle plaidé.
15h05 : L'UE ne doit pas céder aux exigences britanniques, selon Juncker. Il ne faut pas faire de concessions au Royaume-Uni sur la régulation financière pour prix de son accord sur un nouveau traité européen qui permettrait une meilleure discipline budgétaire, a déclaré le président de l'Eurogroupe. Jean-Claude Juncker a mis en garde contre le risque qu'il y aurait à faire trop de concessions au Royaume-Uni, qui veut éviter toute discipline en matière de régulation financière pour protéger la City de Londres et entend rapatrier certaines compétences, notamment en matière sociale. "En échange d'une réforme à Vingt-Sept, il ne faut pas donner au Royaume-Uni des espaces de liberté qui lui permettent de faire ce qu'il veut en matière de régulation financière, alors que les autres centres financiers seraient davantage encadrés au sein de la zone euro", déclare-t-il. "Je n'aimerais pas non plus l'idée d'avoir un traité à Vingt-Sept avec des dérogations pour les Britanniques sur les questions sociales", a ajouté le président de l'Eurogroupe.
14h30 : "Pas de seconde chance" en cas d'échec, prévient Sarkozy . Le président français Nicolas Sarkozy a souhaité jeudi que les Européens parviennent dès vendredi lors du conseil européen de Bruxelles à un accord sur la réforme de leur gouvernance économique, estimant qu'ils n'auraient "pas de seconde chance". "Il faut décider tout de suite. Plus nous tarderons à prendre cette décision, plus elle sera coûteuse, moins elle sera efficace (...) si vendredi nous n'avons pas un accord, nous n'aurons pas de seconde chance", a lancé le chef de l'Etat devant le congrès des partis européens de droite (PPE) à Marseille.
"Jamais l'Europe n'a été aussi nécessaire, jamais elle n'a été aussi en danger. Jamais autant de pays n'ont voulu adhérer à l'Europe, jamais le risque d'explosion de l'Europe n'a été aussi grand", a-t-il ajouté.
14h15 : Clinton a confiance en l'Europe. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a assuré jeudi les dirigeants européens de sa confiance dans leur capacité à résoudre la crise de la dette mais en prévenant qu'ils devaient pour cela s'accorder sur un plan à leur sommet de jeudi et vendredi.
"Nous avons une grande confiance en l'Europe (...) Mais nous avons besoin d'un plan, que nous pourrons suivre, afin de connaître la voie vers la sortie" de la crise, a-t-elle déclaré au cours d'une conférence de presse au siège de l'Otan.
12h45 : La Russie "préoccupée" par la crise de l'euro. "Nous sommes très préoccupés par cette question parce qu'elle a un impact sur la situation dans le monde entier et également dans notre pays", a déclaré le président russe Dmitri Medvedev. "Les problèmes de l'euro sont liés au fait que pour la première fois une devise est utilisée dans des pays qui ne se ressemblent pas, des pays forts et des pays faibles", a-t-il souligné à l'issue d'une rencontre avec le président tchèque Vaclav Klaus.
De son coté le président tchèque, réputé pour son euroscepticisme, a estimé que "le problème de l'euro n'était que la partie émergée de l'iceberg" se prononçant pour "une transformation de l'intégration européenne".
12h00 : Pour la Suède, changer le traité n'est pas "la solution qu'attendent les marchés". "Des changements légaux aux traités qui pourraient prendre du temps sont peut-être nécessaires, mais je ne crois pas que ce soit la solution que les marchés attendent", a déclaré le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt. "Les marchés veulent savoir si nos pare-feu ont une puissance suffisante et si nous faisons suffisamment pour accroître la discipline budgétaire et les réformes dans les pays qui ont le plus de problèmes. Ce sont là les solutions", a-t-il précisé, sans fermer complètement la porte à un changement de traité. La Suède est membre de l'UE mais pas de la zone euro.
11h30 : : Les Etats-Unis et le monde ont "un très intérêt au succès" du sommet. Les Etats-Unis et le monde ont "un très grand intérêt au succès" du sommet européen de Bruxelles de jeudi et vendredi, a déclaré jeudi à Milan le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner. "Je pense que nous pouvons être encouragés et le monde peut être encouragé par les progrès réalisés ces dernières semaines" par les leaders européens, notamment vers une plus grande intégration budgétaire, "ce qui est très important pour la viabilité de l'union monétaire", a-t-il ajouté.
8h45 : L'Europe doit trouver un accord, dit Juncker. Il faut trouver un accord au sommet européen de vendredi et mettre en place les mécanismes visant à éviter une contagion de la crise au coeur de la zone euro, a déclaré le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker. "L'euro lui-même, en ce qui concerne sa valeur interne, en ce qui concerne le régime de change, n'est aucunement menacé", a-t-il estimé. "Nous devons tout faire pour mettre en place des instruments et des mécanismes de pare-feu pour éviter la contagion vers les pays qui relèvent du centre de la zone euro", a-t-il ajouté. "Il doit y avoir un accord."