TOUT EST DIT

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samedi 3 décembre 2011

Vives critiques contre un billet "xénophobe" du "Point" contre Joly

L'association SOS Racisme et le Front de Gauche ont dénoncé samedi 3 décembre un billet "xénophobe" de l'écrivain Patrick Besson, paru cette semaine dans Le Point, et qui moque l'accent de la candidate franco-norvégienne à l'élection présidentielle Eva Joly pour Europe Ecologie-Les Verts.

"Zalut la Vranze !", écrit Patrick Besson en se mettant dans la peau d'une Eva Joly élue à la présidence de la République à la suite de la mort accidentelle de tous les candidats et qui menace de "mèdre en examen et égrouer doute intifitu qui s'élèfera gontre la falitité du scrudin hisdorique te mai 2012".
"RÉACTIVE LE SPECTRE DU 'BOCHE'"
Il s'agit d'un édito "indigne", selon SOS Racisme qui dénonce "la dérive nauséabonde du texte, tournant en 'dérision' l'accent d'une candidate à l'élection présidentielle". Pour l'association, "ce pamphlet ne relève pas de la simple maladresse ou d'un humour (des plus douteux) mais bien d'une vision à connotation xénophobe", dans la lignée de celui de "l'extrême droite française" qui, "à la fin du XIXe siècle, attaquait Léon Gambetta sur son accent toulousain". SOS Racisme demande au Point de "ne pas laisser une telle initiative sans suite".
"Je sors consterné de la lecture du billet de Patrick Besson sur Eva Joly dans Le Point de cette semaine où il invente un discours de présidente ridiculisée par un accent norvégien (ou allemand ?)", écrit François Delapierre, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, dans un communiqué.
"En réactivant le spectre du 'boche' au détriment d'une compatriote, M. Besson fait preuve d'une xénophobie insupportable. Il manifeste un communautarisme atterrant en effaçant les propos d'Eva Joly derrière son origine", estime François Delapierre. "Il sous-entend que les Français nés ailleurs ne sont pas des citoyens à part entière. Il souffle sur les braises de l'affrontement entre les peuples alimenté par la crise comme par la dérive autoritaire de l'Union Européenne. Ce n'est pas simplement grotesque, c'est criminel", conclut-il.

C'EST BIEN NUL TOUT CE VERBIAGE.

Montebourg : «La politique à la Bismarck de Mme Merkel»



Certains socialistes, derrière leur ligne Maginot

Etre membre du Parti socialiste ne constitue pas un sauf-conduit pour tenir des propos germanophobes, même si le but ultime est d'attaquer Nicolas Sarkozy. C'est pourtant ce qu'ont fait plusieurs socialistes. "La question du nationalisme allemand est en train de resurgir au travers de la politique à la Bismarck de Mme Merkel", a déclaré Arnaud Montebourg, le "Monsieur 17 %" du premier tour de la primaire.
Quant au député parisien Jean-Marie Le Guen, il a estimé que la rencontre Sarkozy-Merkel sur l'euro, c'était "Daladier à Munich" - comparant implicitement la chancelière à Adolf Hitler. De tels propos sont inexcusables. Ils n'ont pas été désavoués par Martine Aubry, première secrétaire du PS, qui a, elle aussi, employé un vocabulaire guerrier, accusant M. Sarkozy d'avoir "capitulé partout".

François Hollande a bien tenté de calmer le jeu, mais ces dérapages offrent au ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, l'occasion d'enfoncer le clou : "Par pure tactique politicienne, avec pour seul objectif l'affaiblissement du président français, les socialistes prennent les risques de ressusciter en France les vieux démons de la germanophobie", estime-t-il. Non sans, lui-même, être dépourvu d'arrière-pensées électoralistes.
De fait, la crise de l'euro est suffisamment grave pour imposer intelligence et sang-froid. En 2000, Jean-Pierre Chevènement avait accusé l'Allemagne de vouloir ressusciter le Saint-Empire germanique. L'accusation, qui avait suscité un tollé, avait pourtant un certain fondement : le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder voulait installer l'Allemagne au coeur de l'Europe élargie aux pays de l'Est et affirmer sa puissance politique. Il avait ainsi participé à l'intervention au Kosovo en 1999.
Ces craintes n'étaient pas fondées. Au contraire : l'Allemagne d'Angela Merkel n'est pas intervenue en Libye et on lui reproche davantage d'être une grande Suisse ou une petite Chine que de promouvoir une Europe allemande. Par ses efforts, l'Allemagne a imposé une prééminence économique écrasante. Quand Gerhard Schröder et Jacques Chirac ont, l'un et l'autre, fait voler en éclats le pacte de stabilité européen en 2003, le premier en a profité pour réformer son pays, tandis que le président français y a trouvé un permis de ne pas moderniser la France. Qualifier d'hégémonique l'Allemagne alors qu'elle est la première à contribuer au sauvetage de la zone euro est un non-sens.
En outre, même si elles viennent de chevau-légers, ces critiques socialistes tombent dans le piège tendu par Nicolas Sarkozy, qui a choisi d'instrumentaliser le modèle allemand pour justifier ses réformes.
François Hollande est l'invité d'honneur du SPD, lundi 5 décembre. Il sait que les socialistes français, s'ils accèdent au pouvoir, devront travailler sérieusement avec les Allemands. Le candidat socialiste a d'ailleurs demandé à rencontrer Mme Merkel début 2012. D'ici là, il serait avisé de demander fermement à ses troupes d'abandonner un vocabulaire et des accusations d'un autre siècle.

Vers un désastre climatique ?

La réunion du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) à Durban (Afrique du Sud) soulève un intérêt considérable. Je me borne à parler ici au nom de l'homme de la rue, dès lors qu'il dispose d'un minimum de culture écologique ; l'homme en question connaît bien les éléments essentiels du problème du "réchauffement" qui figurent dans la plupart des revues de vulgarisation scientifique et tout simplement dans la presse. Les médias en sont pleins. Je citerai en toute simplicité les analyses de l'excellente journaliste qu'est Lise Barnéoud dans un article récent de La Recherche :

1. Quantifié, le réchauffement général dont il est si souvent question, sur la base de mesures locales et régionales, océaniques et continentales de plus en plus précises, atteint pour le moins un degré centigrade pour le XXe et le début du XXIe siècle. On peut discuter ce chiffre, mais la tendance est incontestable et de toute manière la notion de réchauffement global est admise pratiquement par ce qu'on peut appeler l'opinion publique éclairée dans son ensemble, y compris et même par la plupart des climatosceptiques, à l'exception de quelques "durs à cuire", c'est le cas de le dire.
Ce réchauffement concerne essentiellement la basse atmosphère terrestre. Un certain accroissement du rayonnement solaire, non négligeable certes a priori, n'est pourtant pas en cause pour l'essentiel ; sinon il affecterait l'ensemble de l'atmosphère et non pas seulement les basses couches de celle-ci.
2. Les océans se réchauffent, en particulier depuis une cinquantaine d'années.
3. Les glaciers reculent dans le monde entier pour la presque totalité d'entre eux. Les glaciers alpins régressent, bien sûr... et se "désépaississent" continuellement depuis les années 1930. Les glaces de l'Arctique et du Groenland rétrécissent de façon considérable.
4. L'élévation du niveau des mers était de l'ordre de 1 à 2 millimètres par an au cours du XXe siècle et le rythme de cette "surrection" tend à s'accroître. La liaison de ce phénomène avec la fusion des glaces polaires, alpines et autres semble être établie raisonnablement.
5. La migration vers le nord dans notre hémisphère d'un grand nombre d'espèces animales, y compris les oiseaux migrateurs et les papillons, semble justiciable d'interprétations réchauffantes analogues à ce qui précède.
6. Les sols se réchauffent en profondeur, en particulier aux dépens du permafrost, autrement dit des sols gelés en permanence sur une certaine épaisseur, en Sibérie et ailleurs.
Ces phénomènes dépendent pour une grande part, en dernière analyse, de l'accroissement des volumes de gaz à effet de serre, CO2 en particulier, projetés dans l'atmosphère par les combustions de toutes sortes telles qu'elles fonctionnent massivement dans l'industrie, l'agriculture, les modes de transport les plus variés.
Il ne serait pas convenable de la part d'un profane d'anticiper sur les conclusions infiniment plus détaillées du GIEC telles qu'elles seront progressivement publiées au cours des mois à venir. Cet organisme a décidé avec raison d'éliminer les quelques "à peu près" qui entachaient çà et là ses précédents rapports tels qu'édités à divers intervalles au cours de la dernière décennie.
L'auteur du présent article n'est pas un scientifique à part entière, simplement un historien du climat qui s'efforce depuis très longtemps de se tenir au courant du dossier présenté par les hommes de science. Ce dossier, tout bien réfléchi, lui paraît crédible.
Cette crédibilité repose aussi sur le fait que, historien professionnel du climat depuis de longues années, depuis 1956 plus précisément, auteur de huit ouvrages sur la question, je crois pouvoir disposer à cet égard, sans plus de prétentions bien entendu, d'une certaine légitimité.
Et d'abord une impression que je partage avec l'historien américain Geoffrey Parker : le réchauffement va s'accompagner, en diverses régions de la planète, de guerres, de troubles sociaux éventuellement graves, voire révolutionnaires.
C'est du reste la conclusion à laquelle était parvenu précisément le professeur Geoffrey Parker pour une tout autre période, celle du petit âge glaciaire, notamment le XVIIe siècle et plus précisément les années 1640. Geoffrey Parker (American Historical Review, 2008) s'était placé résolument à l'échelle mondiale, c'est ce qu'on appelle "big history" aux Etats-Unis.
A propos des années 1640, un peu allongées vers l'amont et vers l'aval, cet auteur envisage le quadruple complexe : accidents météo à répétition, famines, migrations, guerres civiles et étrangères. Le climat est basique mais il dialogue avec d'autres données douées d'une spontanéité spécifique : religion, guerre, politique, masses urbaines et paysannes, etc. Les grandes unités géographiques envisagées dans l'analyse parkerienne s'appellent Chine des Ming puis des Qing, ensuite l'immense Etat polono-lituanien, l'Empire espagnol projeté pour une grande part dans l'hémisphère Sud, l'Empire moghol à l'échelle de l'Inde, l'Empire ottoman, l'Etat des Stuart avec ses pseudopodes en Irlande, voire en Amérique du Nord, les grandes et petites puissances européennes...
Il n'y manque que le pape. Crises et catastrophes atteignent une dimension maximale, si l'on en croit Parker, au cours de cette décennie 1640, quasi médiane du XVIIe siècle. Le climat sous forme d'agression météorologique est bien davantage qu'un junior partner en ce complexe, mais d'autres entités sont en jeu, déstabilisatrices elles aussi, qui n'ont rien à voir pour le coup avec l'écologie : entités, répétons-le, qui sont religieuses, politiciennes, bellicistes, contestataires, rurales, etc. L'énigme de la révolution anglaise des années 1640 et de la Fronde, même extrapolée à l'échelle européenne, n'est qu'une entité parmi d'autres dans ce jeu global, tragique et circumplanétaire. L'accumulation du chaud au cours du XXIe siècle, voire du XXIIe, jouera-t-elle un rôle analogue à ce que fut l'accumulation du froid lors du siècle de Louis XIV et de tant d'autres monarques eurasiatiques en termes de catastrophes dorénavant plus fréquentes ?
Néanmoins, ce n'est qu'une des hypothèses possibles, certes inquiétante. Il faut souligner quand même que le pire n'est pas toujours sûr. L'historien a priori n'est pas un prophète de malheurs ; il a bien assez à faire professionnellement avec les désastres du temps jadis. Sur un tout autre plan, il semble raisonnable de penser qu'à l'histoire fluctuante du climat d'autrefois se substitue progressivement une histoire ascendante, si lente soit-elle en termes de température.
Deux mots sur cette histoire fluctuante. Dans une série de livres parus chez Fayard, notamment les trois volumes de l'Histoire humaine et comparée du climat (2004, 2006, 2009) ainsi que Les Fluctuations du climat de l'an mil à aujourd'hui écrit avec Daniel Rousseau et Anouchka Vazak (322 p., 22 euros), j'ai défini deux types d'oscillations au cours des dix derniers siècles : d'abord, les oscillations séculaires, connues surtout "chez nous" par les avances et reculs des glaciers alpins et, bien sûr aussi, par d'autres critères, ces glaciers étant des appareils très sensibles mais qui procèdent avec une certaine lenteur et qui enregistrent de la sorte les changements majeurs de la conjoncture climatique (poussée fraîche du XIVe siècle, petit âge glaciaire multiséculaire de 1560 à 1855, etc.) ; et ensuite les fluctuations plus courtes, d'une trentaine d'années, mais leur durée est en fait assez variable, pouvant osciller entre vingt et quarante ans ; avec alternance, au sein même de chaque fluctuation de ce genre, d'abord d'une séquence tissée d'années plutôt tièdes suivies d'une séquence tissée d'années plutôt fraîches.
Un bel exemple est celui du dernier quart du XVIIe siècle avec contraste entre les millésimes maintes fois ensoleillés de 1676 à 1686 et les années très fraîches et famineuses de 1687 à 1701. Nous avons diagnostiqué ainsi, Daniel Rousseau, Anouchka Vasak et moi, une quinzaine de fluctuations de ce genre entre 1560 et 2011, mais sur le tard, de 1892 à nos jours, les fluctuations ainsi évoquées sont soulevées par la houle du réchauffement. Je renvoie le lecteur sur ces différents points à notre ouvrage Les Fluctuations du climat de l'an mil à aujourd'hui.
Les différences thermiques moyennes d'un siècle à l'autre d'après le climatologue allemand Franz Mauelshagen, du XVIe au XIXe siècle, n'étaient en général que de deux dixièmes de degré Celsius en plus ou en moins. Au cours des années qui vont de 1900 à 2010, la progression thermométrique, liée elle-même au réchauffement dont il est tant question, serait, de façon caractéristique, plus considérable, pouvant atteindre un degré centigrade - ou même davantage.
Or le GIEC, pour le XXIe siècle, envisage, à propos des événements climatiques extrêmes comme ceux de 2003, une hausse probable ou possible des températures de 1 à 3 0C pour les années 2050 ; et même 2 à 5 0C pour les décennies 2090 ou 2100. De tels chiffres sont calculés, semble-t-il, sur la base d'un prolongement des courbes thermiques actuelles et d'une appréciation des considérables volumes de gaz à effet de serre qui seront injectés dans notre atmosphère pour des raisons évidentes, industrielles et autres, au cours des quatre-vingt-dix prochaines années. Et cela malgré les vaines objurgations et supplications de climatologues toujours plus angoissés...
Sommes-nous vraiment dans ce cas devant une fatalité, un fatum à la romaine ? L'auteur du présent article n'est pas à même de conclure sur ce point redoutable mais l'inquiétude demeure en présence d'accroissements thermiques tellement considérables, du moins si on les compare aux menues oscillations des siècles passés telles que les calculait précédemment le professeur Mauelshagen.

Emmanuel Le Roy Ladurie, de l'Académie des sciences morales et politiques. Professeur honoraire au Collège de France, ex-administrateur général de la Bibliothèque nationale. Né en 1929, il a été un des pionniers de la micro-histoire avec "Montaillou, village occitan" (Gallimard, 1975) et l'auteur d'une "Histoire humaine et comparée du climat" en trois volumes (Fayard, 2004-2009).

L'argent caché des syndicats

Ils touchent 4 milliards par an de la collectivité pour 8 % de syndiqués. Subventions à gogo, permanents par milliers, gabegie... Un rapport parlementaire lève le voile. Décapant !

Des vacances à Dakar aux frais de France Télécom ! En février dernier, 12 délégués syndicaux du groupe se sont rendus au Sénégal, officiellement pour assister au Forum social mondial. Dans leurs valises, un mandat en bonne et due forme du très imposant Comité central de l'unité économique et sociale (CCUES). Pour représenter les salariés de France Télécom face à la «place importante faite au secteur des télécoms, notamment dans le cadre des relations nord-sud», la délégation a reçu un chèque de 12.000 euros. À l'heure où les entreprises serrent les coûts et l'État taille dans ses dépenses, les syndicats ne rechignent pas à envoyer leurs membres au soleil, tous frais payés, simplement «pour nourrir leur réflexion».
Gonflé? Non, une pratique plutôt ordinaire dans une France qui n'aime pas ses syndicats mais les nourrit grassement. Car si le syndicalisme n'a jamais été aussi peu représentatif dans notre pays - seuls 8 % des salariés (public et privé confondus) adhèrent à une organisation, le taux le plus bas de l'Union européenne ! -, la machine syndicale, elle, se porte bien, très bien même. Et pour cause: elle vit aux crochets des autres ! C'est la démonstration choc que font les députés dans un rapport rendu public cette semaine, et que Le Figaro Magazine a pu consulter en avant-première.
(Infographie : Olivier Cailleau/Source : Commission d'enquête parlementaire sur le financement des syndicats)Au terme d'une commission d'enquête de six mois, de dizaines d'auditions, les élus font ce constat: la collectivité fait chaque année un chèque de 4 milliards d'euros pour financer l'activité syndicale. Presque l'équivalent du budget de l'Enseignement supérieur...


(Infographie : Olivier Cailleau/Source : Commission d'enquête parlementaire sur le financement des syndicats)
Les cotisations ne représentent qu'une part infime des budgets syndicaux: guère plus de 3 à 4% pour les organisations représentant les salariés et de 15 à 60 % selon les cas pour les structures patronales.C'est une «exception française en Europe», relèvent les parlementaires, soulignant qu'ailleurs sur le continent, «les cotisations occupent une part primordiale dans les ressources des syndicats, plus de 80% dans l'ensemble». Leur «légitimité» est à ce prix, notamment vis-à-vis des pouvoirs publics, glisse le rapport.
Ici, ce sont les détachements syndicaux, les décharges horaires, les subventions aux comités d'entreprise ou encore la gestion des organismes sociaux et de la formation professionnelle qui fournissent le gros des moyens. Un système bien huilé mis en place au lendemain de la guerre et que personne - même en ces temps de crise - n'a osé remettre en cause. Et surtout pas l'État impécunieux, pourtant avide d'économies. Y trouverait-il son compte?
Lorsqu'il a décidé de se pencher sur cette délicate question, Nicolas Perruchot, ce député centriste qui a fait une entrée tonitruante sur la scène politique en 2001, en évinçant Jack Lang de la Mairie de Blois, savait qu'il avançait en terrain miné. L'annonce de sa commission d'enquête a été fraîchement accueillie «en haut lieu», souffle-t-il. À plusieurs reprises, on m'a fait dire qu'une commission d'enquête parlementaire sur le prix de l'essence serait mieux venue», précise Perruchot, pas mécontent de n'en avoir fait qu'à sa tête.
Les syndicats ne se sont pas bousculés à la porte de la commission. «Nous nous sommes même demandé si nous aurions besoin de faire intervenir la force publique, comme nous en avons le droit», confie-t-il. Les représentants de l'UIMM - la puissante fédération patronale de la métallurgie - ou de FO ne se sont présentés à la convocation des députés qu'in extremis, lors de la dernière semaine d'audition.
On comprend leurs réticences. Le tableau que dressent les élus est décapant: «mécanismes de financement structurellement opaques», «absence de prise en considération (...) des mises à disposition de personnels et de locaux», «dérives»... Le schéma descircuits de financement qu'ils ont tenté de reconstituer vaut son pesant d'or, tant il est incompréhensible.
Les députés se sont fondés pour leur enquête sur de tout nouveaux éléments, fournis par les fédérations elles-mêmes. Car, pour la première fois cette année, les organisations syndicales et patronales ont dû se livrer à un exercice d'un genre nouveau: la publication de leurs comptes, en vertu de la loi d'août 2008 sur la représentativité syndicale. Personne n'avait osé leur demander le moindre bilan depuis la loi Waldeck-Rousseau créant les syndicats en... 1884 !
Certes, une incertitude plane encore sur les obligations des puissants syndicats de la fonction publique. En outre, toutes les organisations ne se sont pas pliées aux nouvelles règles du jeu avec le même entrain, certaines les ont même royalement ignorées. On attend toujours les comptes de FO pour 2010, de même que ceux de l'Union nationale des professions libérales (Unapl). Quant à la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), elle a carrément fait savoir qu'elle n'entendait pas commencer l'exercice avant l'année prochaine.
Bernard Thibault, lui, a fait le choix de présenter le bilan de la CGT à la presse le 14 novembre. Sur 79 millions d'euros de cotisations versés par ses adhérents, un peu moins de 13 ont été affectés à la confédération pour financer ses activités, a-t-il détaillé. Ce qui lui a permis d'affirmer que près des deux tiers des recettes de la CGT provenaient des adhérents. À l'entendre, on serait donc «très loin» de l'image d'un syndicat «fonctionnant avec l'argent public». Simple question de présentation. Ce que l'on nomme par facilité «syndicat» est juridiquement composé d'une kyrielle de structures: sections d'entreprises, unions locales, départementales, fédérations professionnelles... La maison-mère est souvent elle-même incapable d'indiquer avec certitude le nombre de ses affidés. La CGT, par exemple, hésite entre 25.000 et 30.000 entités.
Quoi qu'en dise M. Thibault, l'essentiel de la richesse de la CGT et des autres syndicats de salariés provient des moyens humains - détachements, décharges horaires, etc. - mis à leur disposition par les entreprises et surtout par l'Etat. Ces petites mains se comptent par dizaines de milliers dans la fonction publique. Ou plutôt, elles ne se comptent pas. Car en la matière, l'unité de mesure, c'est l'estimation. Le doigt mouillé.
Pour en avoir le cœur net, l'Inspection générale de l'administration a épluché l'an dernier les mécanismes de mise à disposition pour les syndicats de la fonction publique dans deux départements, le Rhône et le Loiret. Son rapport, resté confidentiel, montre que l'administration n'est pas tatillonne avec les absences syndicales, qu'elle a parfois même renoncé à comptabiliser. Au service des impôts notamment, les syndicats déclarent que tous les droits syndicaux ont été pris quand la direction, elle, fait état d'une importante sous-consommation des heures de détachement ! De manière générale, les administrations peinent à distinguer les différents types d'absence ou de décharge.


(Source : Commission d'enquête parlementaire)
(Source : Commission d'enquête parlementaire)Les abus prospèrent dans un univers où règne le flou. Soumis aux questions des inspecteurs de l'administration, les directeurs des ressources humaines des ministères ont bien dû admettre qu'ils ne disposaient d'aucun tableau de bord détaillé de leurs effectifs. Des réponses au moins aussi vagues ont été données aux députés. Du bout des lèvres, au ministère de la Fonction publique, on reconnaît qu'environ 17.000 agents (en postes équivalents temps plein) seraient mis à la disposition des syndicats dans la fonction publique. Dont près de 1200 à l'Éducation nationale. Les parlementaires ont conclu de cet aveu à moitié officiel que la réalité devait se situer bien au-dessus et Perruchot avance le chiffre de «28.000 équivalents temps plein pour les trois fonctions publiques». Si l'on s'en tient au chiffre officiel, les moyens humains offerts aux syndicats par l'État représenteraient une enveloppe minimale de 1,3 milliard d'euros. «J'ai dit à Valérie Pécresse: rien qu'avec une économie de 10% sur ce budget, je te fais l'équivalent de deux taxes sodas», ironise le rapporteur.
Dans certains services de l'État comme la police, fortement syndiquée, ces mises à disposition ont atteint une telle ampleur que le ministre a dû taper du poing sur la table. Depuis une dizaine de jours, le cabinet du ministre de l'Intérieur reçoit discrètement les syndicats de policiers les uns après les autres. Claude Guéant a lancé un pavé dans la mare en déclarant qu'il comptait «remettre les policiers sur le terrain». Depuis les déclarations du ministre, les langues se délient, et les différentes centrales se renvoient la patate chaude. Les uns ont reconnu des syndicalistes policiers assurant le service d'ordre de manifestation d'un candidat de gauche, les autres dénoncent les moyens humains particulièrement généreux consacrés aux œuvres sociales de la police. Jusqu'où ira le ministre de l'Intérieur? Dans bien des cas, les administrations préfèrent fermer les yeux pour assurer la paix sociale.«Globalement, les quotas de détachement dans la fonction publique ont souvent été dépassés avec la bénédiction des ministères», concède un connaisseur.
Cette stratégie dépasse de beaucoup les détachements de permanents syndicaux. Elle passe aussi par des largesses aux comités d'entreprise, la mise à disposition de locaux et de moyens matériels. Toujours dans la police, à Lyon, les syndicats policiers bénéficient depuis 2008, date de la destruction d'un immeuble ancien, d'un relogement dans le domaine privé pour un loyer annuel de 87.000 euros.
Au fil des ans, certains comités d'entreprise de la sphère publique sont devenus de véritables coffres-forts ! Il est vrai que les patrons n'hésitent pas à mettre la main à la poche bien au-delà des obligations prévues par la loi. Manière d'acheter, au prix fort, la paix sociale. Pierre Mongin, à la tête de la RATP, n'aligne-t-il pas 16 millions par an, c'est-à-dire 7 de plus que ce que lui imposent les textes, dans la caisse syndicale? Durant plus de dix ans à la tête d'Air France, Jean-Cyril Spinetta a mis des sommes importantes à disposition de ses comités d'entreprise (3,1 % de la masse salariale). Un compte courant avait même été mis à disposition par l'entreprise pour éponger les dettes et la gestion hasardeuse du CCE. Air France l'a fermé en 2008 et a accepté d'éponger un découvert de 7 millions d'euros. Une goutte d'eau face aux enjeux poursuivis par la direction: faire passer la privatisation de l'entreprise et la fusion avec le néerlandais KLM.
Même chose à EDF, qui abrite la plus grosse cagnotte de la CGT, l'intouchable Caisse centrale d'action sociale (CCAS). «Les magistrats ne comprennent rien aux impératifs économiques!» s'était emporté un certain ministre du Budget en 2004 alors qu'une information judiciaire était ouverte sur les irrégularités de la gestion du comité d'entreprise (4000 permanents syndicaux). Met-on en cause la gestion d'un syndicat majoritaire à la veille d'un changement de statut de l'entreprise? Chez France Télécom-Orange, la direction a trouvé une méthode tout aussi efficace de mettre de l'huile dans les rouages: acheter des pages de publicité dans les journaux syndicaux ou encore louer des stands dans les grands congrès.
Par comparaison, les entreprises privées «contribuent financièrement assez peu, sauf exception, au financement des syndicats de leurs salariés», note la commission d'enquête parlementaire. Hormis les décharges horaires prévues par la loi et les locaux syndicaux mis à disposition et dûment mentionnés dans leurs comptes. Au total, les députés évaluent le coût de la représentativité syndicale dans le secteur privé à 1,6 milliard d'euros. Un chiffre qui «ne correspond pas, à proprement parler, au financement des "syndicats", mais plus précisément à celui de l'activité de représentation, de défense, de revendication menée par les syndicalistes dans les entreprises», note le rapport. En outre, plus des trois quarts de ces syndicalistes sont élus par le personnel et non désignés par leur syndicats.


(Source : Commission d'enquête parlementaire)
Les organisations syndicales et patronales se partagent enfin également, depuis plus de soixante ans, le gros gâteau du paritarisme. Ce sont elles qui gèrent le circuit de la formation professionnelle en France (un pactole de 6,3 milliards) et le «1% logement». Elles encore qui sont aux commandes des grands organismes de la Sécurité sociale et de l'Unedic, des mastodontes qui assoient leur puissance et font vivre des dizaines de milliers de militants promus au rang d'administrateurs. Indemnités forfaitaires, frais de formation, prise en charge de secrétariat, voyages d'études...: les députés énumèrent les multiples avantages que procure la gestion des organismes paritaires (voir tableau). «Tout le monde se tient, car tout le monde en croque», résume un dirigeant d'une caisse de retraite complémentaire, la galaxie Agirc-Arrco.
(Source : Commission d'enquête parlementaire)Denis Gautier-Sauvagnac, ancien dirigeant de la très puissante UIMM au sein du Medef, n'a toujours pas livré les secrets de la «fluidification du dialogue social». Dix-neuf millions d'euros ont été retirés en liquide des caisses de l'organisation entre 2000 et 2007, qui auraient majoritairement servi au financement occulte de syndicats, selon les soupçons des enquêteurs.
«Je suis parvenu à la conclusion qu'il existe bien un système, une stratégie globale et une alliance objective entre acteurs concernés, analyse Jean-Luc Touly, syndicaliste lui-même, en cours de rédaction de son deuxième ouvrage sur les financements occultes. Si la CGT n'a pas mené la fronde lors de la réforme des régimes sociaux, comme elle aurait pu facilement le faire, c'est que le gouvernement avait une monnaie d'échange: la loi sur la transparence des comptes syndicaux dont l'incidence est limitée. »
Au plus fort de la crise, les confédérations affichent une insolente santé financière. Toutes les centrales sont propriétaires de vastes locaux parisiens : le siège du Medef est valorisé 24 millions d'euros, l'UIMM dispose d'un trésor de guerre de près de 505 millions d'euros, selon le rapport. François Chérèque, à la tête de la CFDT, avoue avoir du mal à cacher ses économies de plus de 350 millions d'euros, dont 34,7 millions de « trésorerie disponible ». Celle de la CGT est de 42 millions d'euros. Les fruits d'une «gestion de père de famille» ont expliqué, sans rire, plusieurs responsables syndicaux...
Des rentiers, les syndicats français? Ils fonctionnent en tout cas très bien indépendamment de leur manque de représentativité. Inutile de grandir pour s'enrichir ! À l'extrême, ils n'auraient guère besoin d'adhérents. Premier syndicat français, la CGT en compte 670.000. Très loin des 2,4 millions d'IG Metall, le syndicat allemand des «métallos».

Crise : d'Athènes à Paris

Un œil un peu avisé. Un vol Athènes - Paris. Et le constat d'une différence d'ambiance. L'anthropologue et blogueur Panagiotis Grigoriousur nous fait vivre le quotidien d'une Grèce en crise.

Mercredi matin à Athènes on se demandait s'il y a grève. « Non, c'est pour demain ». Elle sera générale. Ou presque. La première … papadémique.
Les journalistes en revanche, étaient déjà en grève. Pas d'infos au réveil. Après tout … ce n'est pas si mal. Une épouse fatiguée reprend vite son mari, l'air blasée : « C'est mieux sans nouvelles, je ne veux plus rien savoir, que des catastrophes ….». Il a aussitôt hoché sa tête, compréhensif, la tristesse déjà dans les bagages. En route vers l'aéroport par le Proastiakos, sorte de RER aux wagons propres et neufs. Tarification spéciale aéroport, 8 euros. En revanche ni portillon automatique, ni contrôleur.

Notre Souris, l'hebdomadaire satirique est en kiosque ce mercredi, au lieu du jeudi, à cause de la grève.
Ses… fromages, encore cette semaine, sentent le politiquement pourri. Ecoeurement. Où il est question de récits de frontières sur les comptes bancaires des Grecs en Suisse. En effet, dès 2005, comme vient de révéler un parlementaire helvète d'origine grec, Lossif Ziniadis lors d'une émission de télévision athénienne, les autorités confédérales avaient demandé aux gouvernants de notre Republique Banqueroutière, la signature d'un accord bilatéral, concernant le contrôle et l'imposition des comptes des hellènes en Suisse. Mais depuis, rien. Les gouvernements d'Athènes, réactualisent depuis … leurs calendes grecques … et finalement leurs virements, et les négociations ne progressent pas. Selon Iossif Ziniadis, nombreux députés grecs du PASOK (P.S.) et du parti de Nea Dimokratia (la droite), bloquent l'accord, car parmi eux déjà, il y aurait un grand nombre de détenteurs de ces comptes, fort bien remplis.
Par ce même numéro de la Souris, nous apprenons que rien que la société Siemens a versé au moins cent millions d'euros aux politiciens grecs ces dernières années en pots-de-vin, et nous ignorons, ce que d'autres lumineuses compagnies et vendeurs d'armes divers et variés, ont pu verser également. En tout cas, l'administration Merkel, se voit obligée de fermer le dossier Siemens le plus rapidement possible.

Je remarque qu'à l'aéroport, les prix ont encore augmenté. Cafés, sandwich et croissants au beurre, à portée de la main. Mais, nombreux sont ceux qui hésitent un long moment avant d'acheter, comme si ils achetaient un scooter. Certaines boutiques dans l'aéroport même, ont fermé, elle étaient encore là en août de cette année. Août, c'est déjà très loin. La multinationale allemande Hochtief AG, qui gère l'aéroport d'Athènes ne semble pas en tout cas, vouloir renouveler le contrat de sa concession après 2012 selon la presse, sauve qui peut ?

J'ai pris la low cost. Le vol était plein. Des nôtres et des autres. Une maman crétoise qui emmenait son fils à Paris … pour Disney. Cadeau d'anniversaire, me dit-elle. « Encore cette année … Monsieur car après ...». De la classe encore moyenne à onze mille pieds d'altitude, apparemment c'est possible. « Vous savez Madame, il y a aussi le musée du quai Branly, un musée des arts premiers, vous ne trouverez pas en Grèce une telle muséographie, c'est pour votre fils ». « Est-ce loin des Grands Magasins ? ». « Très loin Madame, même trop … passez un agréable séjour à Paris ».

Orly, RER B, Paris. Ticket à dix euros. Je constate qu'il y a des contrôleurs. Ils sont nombreux, assez polis et relativement plaisants. Surtout, entre eux, ils rigolent en évoquant leurs idées pour Noël prochain. Oui, à Paris c'est encore une vie normale. Certes ce n'est pas la capitale française d'il y a un moment, mais ce n'est pas non plus notre Athènes du Mémorandum. Dans la rue, au métro, dans les cafés, les discussions rappellent les nôtres, d'avant 2010. Métro, boulot, dodo, cela nous manque tant finalement. En tout cas, l'air parisien n'est pas tant empoisonné par la mélancolie collective, comme chez nous. Gardez-le, chers amis et croyez-nous, il est précieux !

Je retrouve un ami de longue date installé à Paris depuis un moment. Il a quitté Athènes peu avant les J.O. de 2004. Ingénieur déjà assez senior dans le secteur de la construction, il a vu la bulle de l'intérieur et il a abandonné son poste en Grèce au moment où, nombreux autres surfaient sur la vague Californienne du côté d'Éleusis. Actuellement, il travaille en tant que cadre à Paris. Deuxième grand constat, les appartements parisiens sont chauffés, je l'avais presque oublié. « Tu sais, je viens d'envoyer de l'argent à ma mère à Athènes, ainsi qu'a mon frère pour qu'ils achètent du fiou. Lui en plus, il a un bébé, c'est le monde à l'envers, je sais que vous grelotez là-bas ...».

« Oh, tu sais, je crois que jusque là, Paris ou Athènes c'est le même hiver qui s'annonce, après on verra, mais il s'agit de la météo seulement, que de la météo ...».

France – Allemagne : ensemble

Nombreux sont ceux qui, en France, souhaitent une meilleure gouvernance européenne. Chacun sait que cela passe par la coopération la meilleure possible entre la France et l’Allemagne. Mais curieusement, dès que l’on parle d’accords renforcés entre les deux pays, on entend des murmures exprimant des craintes et des doutes ou même des protestations.

Dans la « crise extrême » que nous vivons, il paraît pourtant plus que jamais nécessaire de rapprocher les politiques de ces deux grands pays et de surmonter les divergences quand il y en a, sinon l’Europe ira plus mal encore. Cependant, certains ne cachent pas leur désir de voir l’Union s’effondrer. Ils y travaillent directement ou indirectement, brandissant la souveraineté comme un étendard. Ils s’efforcent de faire croire que celle-ci est menacée, alors qu’il n’a jamais été question de dissoudre la France dans cet espace européen que beaucoup souhaitent intégrer et que l’on salue dans le monde comme une avancée vers la paix par le rapprochement des peuples.

Un danger : le nationalisme

Cela n’empêche pas quelques esprits étroits d’attaquer l’Allemagne. Ainsi, un homme politique français a traité Angela Merkel, la Chancelière allemande, de Bismarck. On nous fait ainsi remonter aux pires heures de l’antagonisme franco-allemand, à la guerre de 1870, à la sombre défaite de Sedan. Bravo pour l’esprit prospectif de ce militant politique qui paraît d’un autre âge…

Pourtant, quand on y regarde de près, il y a lieu d’être inquiet devant de tels propos germanophobes. En effet, alors que nous sommes dans l’Union européenne, on se permet de telles invectives. Que serait-ce si l’Union disparaissait ? Réveiller les anciennes oppositions risque de réchauffer les vieilles haines recuites hélas pendant tant d’années. On suscite ainsi des animosités qui peuvent conduire à de nouvelles rivalités et affrontements entre les deux pays.

Méfions-nous, une certaine conception de la souveraineté n’est pas d’abord l’expression du patriotisme qui est le nôtre, mais le déguisement de ce nationalisme qui a fait couler tant de sang en Europe.

La France est notre patrie. Nous devons la préserver, la développer et, comme on disait jadis à l’école primaire, la chérir. Pour éviter qu’elle se trouve diminuée, noyée dans la mondialisation, il n’y a pas d’autres chemins que de coopérer avec les pays de l’Union européenne, à commencer par notre grand voisin : l’Allemagne.

Le scénario de l'industrie du film pour mettre fin au streaming

C'est un dossier de plus de cent pages, complet et très référencé, qu'ont reçu les principaux fournisseurs d'accès à Internet (FAI) et moteurs de recherche français. Publiée par PC inpact (PDF), l'assignation transmise à ces entreprises par trois syndicats de la vidéo détaille, pas à pas, le plan de lutte de l'industrie cinématographique contre les sites de streaming illégal. Un système qui pourrait aussi s'adapter à d'autres types de sites.
Car si la plainte des trois syndicats ne vise, initialement, que les quatre annuaires de liens de la galaxie Allostreaming, elle demande la mise en place d'un système de traitement des infractions à la propriété intellectuelle généralisable qui, s'il était mis en place, aboutirait à établir un outil de contrôle de l'accès aux sites, qu'ils soient ou non hébergés en France.
Un double blocage des sites. Les plaignants demandent aux FAI de procéder à un double blocage des quatre sites sur lesquels se concentre l'assignation : un blocage dit DNS et un blocage de l'adresse IP (Internet Protocol). Les DNS, ou Domain Name Servers, sont des machines qui sont au cœur du fonctionnement d'Internet : ce sont elles qui indiquent aux navigateurs Internet à quelle adresse informatique correspond une adresse "en clair". Par exemple, lorsque l'internaute se connecte à "http://www.lemonde.fr", sa demande est interprétée par un DNS, qui la traduit en adresse IP et permet à l'ordinateur d'afficher la page demandée.
Il est possible de contourner ce type de blocages aisément : plutôt que de saisir "lemonde.fr", l'internaute peut directement écrire l'adresse IP du site, 94.127.75.170 par exemple. Les ayants droit demandent donc, "s'il était établi que la fréquentation des sites 'Allostreaming' ne s'en trouverait pas pour autant réduite à un niveau symbolique", d'ordonner le blocage direct de l'adresse IP de ces sites. Dans ces conditions, le contournement du blocage reste possible, mais est plus compliqué.
Un déréférencement des moteurs de recherche. Les syndicats professionnels ont toutefois envisagé une deuxième étape pour limiter encore davantage l'accès aux sites visés par la plainte : obtenir leur déréférencement des moteurs de recherche. Ils souhaiteraient idéalement pouvoir imposer aux FAI de bloquer les outils de contournement, comme OpenDNS ou Google DNS ; mais dans le cas où cela s'avèrerait impossible "pour des motifs juridiques", ils demandent que les moteurs de recherche déréférencent les sites visés par la plainte.
Pour cela, les plaignants demandent à Google, Yahoo! et Microsoft de "prendre toutes les mesures nécessaires" pour que les sites Allostreaming n'apparaissent plus dans leurs résultats de recherche, non seulement pour les résultats des domaines français (Google.fr, Bing.fr), mais aussi dans l'ensemble de leurs déclinaisons (Google.de, Bing.com…). Cette dernière demande a de fortes chances d'être contestée à plusieurs niveaux ; par le passé, les décisions de justice imposant des blocages de contenus se sont en général limitées à un domaine local.
L'assignation révèle également que Google, tout en contestant la légitimité juridique d'une première demande transmise par les trois syndicats cet été, a procédé au déréférencement des quatre sites Allostreaming dans son moteur de recherche. Seuls des sites au nom proche apparaissent aujourd'hui dans les résultats de recherche.
Un système de mise à jour automatisé. Surtout, et c'est là la principale originalité parmi les demandes des trois syndicats, ces derniers proposent la mise en place d'un système semi-automatisé de l'évolution des sites – et donc des blocages qui seraient mis en place. Un tel système permettrait d'éviter que les sites bloqués changent d'adresse IP ou de nom et échappent ainsi à un éventuel blocage. "Les risques d'évolution des situations constatées (...), la nécessité de prévenir tout effet secondaire indésirable prévisible, tel qu'un surblocage injustifié, ont conduit les demandeurs à missionner l'Alpa et TMG pour mettre au point, dans les limites du possible (…) un processus de vérification et de suivi des adressses IP et DNS."
Avec le concours de l'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle et TMG, le prestataire de très nombreux ayants droit déjà chargé de collecter et de transmettre les adresses de téléchargeurs présumés à la Hadopi, les plaignants ont donc mis au point un système de suivi, décrit succinctement dans l'assignation publiée par PC Inpact. "Un dispositif logiciel a été mis au point pour permettre d'effectuer un suivi permanent et en temps réel des sites, de leurs adresses IP et de leurs noms de domaine, pour signaler et traiter tout changement pouvant intervenir postérieurement à la décision judiciaire de blocage d'accès et de dé-référencement", précise le document. L'outil prévoit également "une intervention humaine (...) pour vérifier une situation signalée par le dispositif logiciel".
Le système décrit ne s'appliquerait, selon les demandes des plaignants, qu'aux sites qui ont déjà fait l'objet d'une décision judiciaire de blocage. Toutefois, le dispositif prévoit qu'en cas d'"apparition de sites nouveaux qui ne constituent que la copie de ceux dont l'accès a été bloqué", ceux-ci pourront être bloqués sans nouvelle décision de justice, après la validation d'un agent assermenté.
"Aucune des trois mesures n'est efficace à 100 % (…). Mais plus le contournement sera difficile, moins d'internautes y auront recours", note le document dans ses conclusions. Le texte évoque également une possible adaptation à d'autres types de diffusion en ligne, sans préciser lesquels ; mais le système décrit pourrait également s'adapter à des annuaires de liens BitTorrent, par exemple. Pour les ayants droit, il s'agit d'un ensemble de "mesures raisonnables et peu susceptibles de provoquer des dommages collatéraux". Une analyse que ne partageront vraisemblablement pas les FAI et les moteurs de recherche cités à comparaître le 15 décembre.

Crise : Merkel veut une "union budgétaire"

La chancelière s’exprimait vendredi devant le Bundestag, le Parlement allemand. Comme Nicolas Sarkozy la veille, elle a répété la nécessité de réformer les traités européens. Dans le but de construire une "union budgétaire". 

Après Nicolas Sarkozy à Toulon, Angela Merkel devant le Bundestag. Dans un discours prononcé vendredi devant les députés allemands, la chancelière a répété son souhait de réformer l’Union économique et monétaire européenne. La dirigeante souhaite précisément une union budgétaire, qui déboucherait ainsi sur une responsabilité conjointe des dettes entre Etats-membres. Un renforcement des compétences communautaires qui pourrait se faire au détriment des souverainetés nationales, comme le critiquait le Parti socialiste français cette semaine.
Mais pour Angela Merkel, cette perspective serait synonyme d’une "union de la stabilité". "Nous ne parlons pas seulement d'une union budgétaire, nous sommes sur le point de la réaliser", a-t-elle affirmé, ajoutant qu’il fallait des "règles strictes, au moins pour la zone euro". Des nouvelles règles qu’il faudra créer en modifiant les traités européens, comme le signifiait la veille le président français. Et "l’élément central" de ces réformes, pour Angela Merkel, réside en "un nouveau plafond d’endettement européen".

L’indépendance de la BCE, "le bien suprême de nos démocraties"

Une mesure que la chancelière défendra dès lundi à Paris. Elle y rencontrera Nicolas Sarkozy afin de s'entendre sur des propositions précises, avant de partir pour Bruxelles en fin de semaine prochaine. C’est dans la capitale européenne que, le 8 et le 9 décembre, se tiendra un nouveau sommet des dirigeants européens. Une réunion une nouvelle fois présentée comme décisive pour sauver la zone euro de la crise de la dette.
La principale division entre Paris et Berlin porte sur les statuts de la Banque centrale européenne. Alors que la France souhaite réformer la BCE pour qu’elle s’engage davantage dans la lutte contre la crise, Angela Merkel a réaffirmé vendredi que son indépendance était "le bien suprême de nos démocraties". Et a rappelé le devoir principal de la BCE, sous les applaudissements de son auditoire : "assurer la stabilité de la monnaie".
Mais la chancelière allemande n’a pas caché l’existence de "difficultés à surmonter" entre les partenaires européens. Et l’a réaffirmé : la solution miracle pour sortir de la crise n’existe pas. Pour tenter d’y remédier, il faut "un processus", a affirmé Angela Merkel. Un processus qui "va prendre des années", a-t-elle précisé.

La revanche de Martine Aubry

C’est de la pure politique-fiction et pourtant ce scénario court de plus en plus dans les discussions privées entre les militants socialistes. De quoi s’agit-il ? Tout simplement de la victoire à l’arraché de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2012, le président sortant étant considéré par une très courte majorité des électeurs comme le meilleur protecteur du pays face à la crise et à ses conséquences dramatiques. Du coup, François Hollande battu, comme autrefois Lionel Jospin, annonce son retrait de la vie politique nationale. La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, reprend alors la direction des opérations, et anime avec courage et pugnacité la campagne des élections législatives. Découragé un instant par sa nouvelle défaite à l’élection présidentielle, le peuple de gauche se reprend vite et se mobilise pour les législatives. Comme en 1997, le Front national, dopé par le très beau score de Marine Le Pen au premier tour, tente vainement de passer des accords avec l’UMP afin d’obtenir un groupe parlementaire au Palais Bourbon. Devant le refus catégorique de la droite, le FN organise partout des triangulaires au deuxième tour et fait battre une centaine de députés sarkozystes, la gauche s’empare de la majorité et, avec les écologistes, exige la direction du gouvernement. Respectueux du scrutin, Nicolas Sarkozy, comme ses prédécesseurs Mitterrand et Chirac, appelle la chef de la majorité à Matignon et Mme Aubry devient Premier ministre de cohabitation. C’est la revanche de la « dame des 35 heures », qui s’entoure de ses principaux soutiens, à commencer par Laurent Fabius que l’on n’avait guère entendu soutenir Hollande mais qui a joué un rôle majeur pour la victoire législative. On a vite oublié la primaire et François Hollande, vive la gauche de cohabitation ! Certains socialistes joueraient-ils leur partie pour que cette fiction devienne une réalité ? On peut parfois se le demander.

Droit de vote des étrangers : Aubry est pour

Martine Aubry s'est déclarée favorable au droit de vote des étrangers, en situation régulière, aux élections locales.
Voilà quelques jours que Martine Aubry ne s'était plus exprimée. Sur des sujets mineurs, la première secrétaire du Parti socialiste restée dans l'ombre de François Hollande. Défaite aux primaires, elle n'avait pas envie de s'exposer. « Il faut parfois savoir un peu se protéger » affirmait récemment un proche de la maire de Lille. Mais voilà, il faut aussi savoir défendre ses positions et surtout montrer les différences entre l'UMP et le PS. Alors, Martine Aubry est sortie du bois sur un sujet cher à la droite et Nicolas Sarkozy, le droit de vote des étrangers.

Contrairement au président de la République, la première secrétaire du Parti socialiste s'y déclare favorable. Dans une tribune parue dans Libération vendredi, elle s'explqiue disant « parce qu'ils participent activement à la vie de la cité, les étrangers en situation régulière doivent enfin prendre part aux élections locales en détenant le droit de vote ». Une position claire et définitive déjà affirmée dans le passé.

"Nous avons démontré la capacité d'une marche en avant"

Selon elle, la république « n'a pas achevé la construction démocratique en France ». « Or, l'on ne peut plus longtemps verser des larmes de crocodile devant les difficultés de l'intégration et refuser d'examiner la forme avancée d'intégration politique qu'offre le vote des étrangers aux élections locales» précise la maire de Lille.
Tout en reconnaissant qu'il faut conserver « la règle de nationalité française pour les élections nationales », Martine Aubry suggère « qu'en ouvrant le droit de vote aux élections locales aux autres Européens, (...) nous avons démontré la capacité d'une marche en avant ». La première secrétaire du PS se dit favorable à cette réforme car « par temps de grande crise économique et sociale, la cohésion et la citoyenneté locales sont des réponses et des remparts face aux populismes, d'où qu'ils viennent ».
Une prise de position qui ravira sans doute François Hollande, s'étant déjà exprimé sur le sujet. Au PS, les ténors veulent conserver l'unité.
C'EST DANS LA PURE TRADITION ÉLECTORALISTE  QUE CETTE GROSSE SALOPE SE PRONONCE. 
SANS PRÉJUGER DES CONSÉQUENCES DE CE TYPE DE LOI, SI UN JOUR ELLE DEVAIT VOIR LE JOUR.