TOUT EST DIT

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samedi 26 novembre 2011

SAMARAS
LE VRAI TRAITRE C'EST LUI.

La journaliste française agressée en Egypte va porter plainte

Caroline Sinz, la journaliste de la chaîne de télévision France 3 frappée et agressée sexuellement jeudi par des hommes en civil en marge de manifestations au Caire, est rentrée à Paris samedi 26 novembre et va porter plainte.

Selon son mari, lui-même journaliste à France 3, Caroline Sinz devait se rendre dans l'après-midi à l'institut médico-légal de Paris pour des examens, avant de déposer plainte pour les violences dont elle a été victime en Egypte. A sa descente de l'avion, la journaliste a reçu un appel téléphonique du président français Nicolas Sarkozy qui s'est entretenu avec elle "assez longuement", a indiqué à l'AFP son époux. L'Elysée a confirmé cet entretien téléphonique entre Mme Sinz et M. Sarkozy, sans donner davantage de détails.

FAITS DE VIOL

Avant son retour, Caroline Sinz avait expliqué à l'AFP que son cameraman, Salah Agrabi, et elle-même avaient commencé à être pris à partie jeudi dans une rue menant de la place Tahrir au ministère de l'intérieur, où ont eu lieu des heurts violents entre manifestants et forces de l'ordre. "Nous étions en train de filmer dans la rue Mohamed Mahmoud quand nous avons été assaillis par des jeunes de quatorze ou quinze ans", a-t-elle raconté, en faisant état "d'attouchements".

La journaliste et son cameraman ont ensuite été entraînés "manu militari" par un groupe d'hommes vers la place Tahrir et se sont retrouvés séparés. "Nous avons alors été agressés par une foule d'hommes. J'ai été tabassée par une meute de jeunes et d'adultes qui ont arraché mes vêtements" et qui ont procédé à des attouchements répondant "à la définition du viol", avait-elle poursuivi. Après trois-quarts d'heure, elle avait finalement été secourue par des Egyptiens présents sur les lieux.

Cette agression, et celles de deux autres femmes journalistes en Egypte, a été vivement condamnée par le gouvernement français, les médias et des associations de défense de la presse.

JE RÊVE ! 
ENVOYER UNE FEMME EN EGYPTE OU DANS QUELQUE AUTRE PAYS ARABE EST UNE PROVOCATION.
FRANCE 3 DOIT LE SAVOIR, LA FEMME N'A PAS SA PLACE PARTOUT DANS LE MONDE.

Que Sarko éclaire plutôt notre lanterne

La mécanique de campagne de Nicolas Sarkozy est désormais bien en place, un certain François Hollande serait avisé de ne pas s'endormir sur ses lauriers roses. Quand il n'est pas le président en action dans la crise, il est le candidat qui régente le débat autour des propositions - et des failles - de l'adversaire, posture plus confortable que de défendre un bilan qui aura ses faiblesses. Il est le maître du temps et, non sans habileté, ni de mauvaise foi d'ailleurs, il donne le « la ». La séquence lui sourit. Ainsi la question du nucléaire. Elle lui offre l'avantage de recueillir un consensus et de renvoyer aux ambiguïtés de l'accord PS-Verts. Envolé, le Sarkozy du Grenelle de l'environnement ! Exit le traumatisme de Fukushima ! Place au héraut d'une filière emblématique du pacte national, sus à « l'irresponsabilité » des ennemis de l'atome ! Lorsque Hollande dit réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité, Sarkozy fait mine d'entendre destruction d'un fleuron industriel. A lui le progrès social, au rival d'assumer les conséquences sur l'emploi d'un scénario cataclysmique qu'il n'a pas projeté. La ficelle est hénaurme, mais en période d'angoisse collective, brandir les peurs moyennageuses peut valoir quelques points dans les sondages. Les Français ne se contenteront pas d'un débat escamoté. Ils n'attendent pas le retour à la bougie, ils veulent qu'on les éclaire sur le nucléaire. Est-on aussi sûr que le coût d'une sortie - partielle - serait supérieur à celui de son maintien, compte tenu d'un parc vieillissant ? Il est temps pour le candidat du PS, maintenant qu'il est caricaturé en fossoyeur de la filière, de sortir du bois.

Folie contre folie

C’est le mot du jour. Le mot-clé. Le détonateur de fantasme. Le réacteur de la peur... Qui dit mieux? Puisqu’il faut filer la métaphore nucléaro-anxiogène, allons-y, faisons feu de tout bois. Tremblons ou faisons semblant de le faire. «Folie», «folie», «folie»... Scandé ou murmuré. «Folie», «folie», «folie»... L’avenir énergétique du monde développé est une immense interrogation et le voilà hystérisé en cinq petites lettres. «Folie, folie, folie»... L’absinthe de la démagogie donne le vertige au comptoir du bar électoral. Nos démocraties ne seraient-elles pas capables d’affronter les débats essentiels autrement qu’en s’enivrant de caricature et d’invectives?

Alors, c’est vrai, nous en sommes vraiment là? En 2007, le Grenelle de l’environnement, justement et unanimement salué, nous avait laissé espérer un autre niveau de réflexion. Assurément plus mûr que ses élites politiques, le pays est sidéré par tant de couardise devant le réel. Par tant de petits calculs. Par le déni d’un énorme accident à gauche présenté comme un simple «incident de campagne». Par les évitements manifestes devant les données du problème et ses avatars sociaux. Oui ce serait sans doute une «folie» économique à court terme de renoncer brutalement à une énergie qui répond à trois-quarts de nos besoins, même si la question n’est pas du tout posée en ces termes. Et oui, une telle option aurait des incidences anti-écologiques si on est incapable, comme l’est aujourd’hui l’opposition, de mesurer le degré de montée en puissance potentielle des énergies renouvelables.

Mais de son côté, le chef de l’État n’est pas moins aveugle en célébrant sans nuance une réussite industrielle incontestable mais qui repose, il ne faut jamais l’oublier, sur la culture du danger. Peut-on vraiment bâtir un avenir sur des déchets mortels? Sales? Nuisibles? C’est aussi une vraie interrogation. Angela Merkel, «Angela», que le président de la République nous présente comme un modèle serait-elle «folle» et «irresponsable» de prévoir le démantèlement des 17 centrales allemandes? Allons donc! Chacun sait bien que nous assistons au choc de deux réalismes aussi légitimes l’un que l’autre: l’un à court terme, et l’autre à long terme. Est-on vraiment décidé à laisser en héritage aux générations futures une terre empoisonnée, dont la survie économique serait conditionnée à l’acceptation d’un péril mortel? Non. Alors, droite et gauche sont condamnées au compromis mais refusent de l’admettre. Se mentir à ce point sur l’essentiel, c’est fou!

Élargir la vision
 
Le monde est en crise, ce qui semble annoncer des bouleversements dont nous ne soupçonnons pas l'ampleur probable. Ce que l'on a appelé « le printemps arabe », au lieu d'apporter aussitôt, comme beaucoup l'ont cru, douces fleurs et fruits tendres, laisse pointer les épines agressives qui déchirent chaque jour un peu plus les unanimités apparentes.

Si la Tunisie semble avancer dans une certaine cohérence qui n'abolit pas toutes les méfiances, l'Égypte, elle, est de nouveau en proie aux fortes convulsions. Le général Moubarak, héros autrefois, aujourd'hui honni et inculpé, a été sacrifié par ses pairs. Ceux-ci voulaient aussi et peut-être surtout que l'armée, en réalité les cadres militaires, garde ses avantages, ses pouvoirs plus ou moins cachés pour maintenir l'Égypte dans l'ordre qu'ils avaient conçu.

Mais les idées révolutionnaires, les rêves et les ambitions, surgis des manifestions premières, ne s'abandonnent ni ne s'oublient facilement. Laisser traîner les choses comme le maréchal Tantaoui l'a fait, espérant l'oubli et l'apaisement, a finalement abouti à mettre en place les conditions d'une nouvelle explosion. C'est à cela que nous assistons aujourd'hui sans que nous puissions imaginer ses conséquences. En effet, les forces vives, surtout celles de la jeunesse, ne veulent plus accepter d'être traitées comme elles le furent jusqu'à présent.

La Libye va-t-elle trouver unité et stabilité ? Déjà bien des puissances extérieures rôdent autour pour tirer quelques profits de la situation. Là aussi, traînent des relents de pétrole, mais les espérances d'ère nouvelle ne s'éteindront pas facilement.

Non au nombrilisme français

Ne parlons pas du Yémen et des fumeuses promesses successives d'arrangements qui ne garantissent pas de véritables changements. Quant à la Syrie, personne ne sait que faire et le gouvernement attaque ses propres villes avec chars et canons qui ont déjà causé la mort de plus de 3 000 personnes sans compter les blessés, les emprisonnés. Mais la révolution en marche a déjà trop donné et trop souffert pour s'arrêter. Derrière ce pays charnière, se poursuivent les ancestraux et multiples affrontements. Ils retentissent de diverses manières sur les pays voisins armés jusqu'aux dents.

En Europe, nous voyons que la crise, loin de se calmer, menace de s'étendre jusqu'aux pays membres pourtant réputés les plus solides. On recherche activement les moyens de calmer le jeu. Les partis politiques sont désavoués, leurs représentants renversés. On commence, comme en Italie, à en appeler à des techniciens. Mais si les politiciens de droite ou de gauche et aussi les techniciens ne réussissent pas, qui donc les peuples iront-ils chercher ? Par ailleurs, les pays pauvres d'hier s'efforcent de maintenir leur marche vers cette émergence qui réduira leur misère d'hier, encore trop présente aujourd'hui.

Pendant ce temps-là, en France, nous sommes tout à nos affaires électorales. On se partage déjà le fruit des bons résultats électoraux escomptés pour demain. On échange des circonscriptions électorales contre des infléchissements plus ou moins nets dans les politiques énergétiques, sociales et économiques. On parachute des amis ici. Là, on souhaite des départs et des démissions. Bref, on se lance dans des marchandages qui rappellent ceux de nos républiques disparues. On semble bien loin de la recherche assidue du Bien Commun.

Ce nombrilisme français se répercute dans les médias qui n'élargissent guère notre vision. Les responsables politiques se laissent enferrer dans ces petits calculs. Ils seraient pourtant bien inspirés de relever un peu la visière tant qu'il est encore temps pour essayer de trouver les chemins de l'avenir dans un monde en ébullition en rappelant les exigences de la situation. C'est seulement ainsi que pourront être suscités confiance et espoir.

Le nouvel impôt sème la zizanie en Grèce

La surtaxe immobilière ne passe pas. Athènes a finalement exempté les plus modestes

Alors que la troïka des bailleurs de fonds grecs est à Athènes pour verrouiller le plan de rigueur, les services de perception d’impôts sont dans l’incapacité d’encaisser les impôts classiques d’ici à la fin de l’année! Le gouvernement vient de l’avouer: en raison de la restructuration du système fiscal (réduction des centres d’impôts de 289 à 75, et nombreux départs à la retraite), les recettes publiques ont baissé de 3,5% en 2010 tandis que les dépenses augmentaient de 2,5%.
Malgré les mises en place successives d’un impôt de solidarité, de taxes sur le tabac et les alcools, et de l’augmentation généralisée de la TVA à 23%, les caisses de l’Etat ne se remplissent toujours pas. Une idée a donc germé au Ministère des finances.
Les Grecs étant propriétaires à 70% de leur logement, pourquoi ne pas instaurer une taxe spéciale sur les biens immobiliers? Oui, mais comment? Dans un pays sans cadastre (l’Union européenne avait donné d’énormes subventions il y a une quinzaine d’années pour en faire un, mais l’argent est parti en fumée), la seule solution trouvée a été d’inscrire cet impôt sur la facture d’électricité. Et de menacer de couper le courant à quiconque ne payerait pas dans les temps.
Cette loi, bricolée dans l’urgence, instituait pour tous une charge de 4 euros par mètre carré, taxant même les préfabriqués des sinistrés des incendies de l’été 2007… Les Grecs l’ont surnommé «charatsi, du nom de l’impôt ottoman sur la population chrétienne. C’est dire son impopularité. De nombreux Grecs en difficulté se sont ainsi retrouvés dans l’impossibilité de s’acquitter du montant. Face à cette situation, le maire de Nea Ionia, dans la banlieue d’Athènes, a décidé de s’opposer en organisant la défense de ses administrés qui paient leur facture sans la taxe.
Ce mouvement de désobéissance civile a fait tache d’huile et a été suivi par de nombreuses mairies. L’opposition s’est aussi organisée au sein du syndicat des électriciens, qui estime que leur rôle doit se limiter à la fourniture de courant. Depuis dimanche dernier, ils occupaient le centre informatique de la compagnie d’électricité. Jeudi matin, ils ont été délogés par les CRS. En riposte, une grève de 48 heures a été déclarée. Le gouvernement a donc dû fait marche arrière.
Provisoirement, le délai de paiement a été porté à 80 jours et certaines personnes seront exemptées. En attendant, cette loi, déjà désavouée par le commissaire européen à l’énergie, pourrait être déclarée anticonstitutionnelle par le Conseil d’Etat.

Près de deux Français sur trois pour le retrait d'Eva Joly, selon un sondage

Rude semaine pour Eva Joly : sous le feu des critques après sa prise de distance avec l'accord entre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts (EELV), 61 % des Français souhaitent qu'elle se retire de la course à la présidentielle, selon un sondage BVA pour 20Minutes.fr, publié vendredi 25 novembre.

Chez les sympathisants de gauche, le chiffre est le même (61 %) et il atteint 71 % chez les sympathisants socialistes. Sans surprise, seuls ceux d'EELV souhaitent à 60% qu'elle se maintienne, 35 % chez l'ensemble des Français.
DEUX FRANÇAIS SUR TROIS PAS SATISFAITS DE L'ACCORD PS-EELV
Selon la même étude, près de deux Français sur trois (63 %) ne sont pas satisfaits de l'accord conclu entre le PS et EELV.  Interrogés sur "le contenu de l'accord signé entre le Parti socialiste et les Verts", 34 % des sondés se déclarent "pas vraiment" et 29 % "pas du tout satisfaits". A l'opposé, ils sont 3 % à se dire "très satisfaits" et 22 % "plutôt satisfaits" de l'accord. 10 % ne se prononcent pas et 2 % n'en ont pas entendu parler.

L'accord rassemble 41 % de satisfaits chez les sympathisants de gauche. 49 % des sympathisants PS et seulement 36 % de ceux des Verts se déclarent satisfaits.
Pour 42 % des personnes interrogées, "les Verts ont plus cédé au Parti socialiste que l'inverse" pour parvenir à cet accord. 25 % pensent le contraire et 29 % estiment que Verts et PS "ont cédé autant l'un que l'autre".
Enfin, si 37 % d'entre elles approuvent les critiques d'Eva Joly contre François Hollande et l'accord PS-EELV, 59 % les désapprouvent et 4 % ne se prononcent pas.
Le sondage a été réalisé en ligne les 24 et 25 novembre auprès de 1 405 personnes de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas.

Des lois instantanées

Le viol et le meurtre d’Agnès ont mis la classe politique en effervescence. Tambour battant, plusieurs mesures inspirées du drame de Chambon-sur-Lignon ont été ajoutées au projet de loi sur la récidive adopté mercredi en Conseil des ministres. Et cela, moins d’une semaine après le drame !

Quoi de plus naturel, dira-t-on ? La gravité des faits et la carence des textes ne justifient-ils pas une intervention dans l’urgence ? C’est à voir. Car si on examine la situation avec un peu de sang-froid, on
ne dénombre que très peu de cas similaires dans la décennie. Une loi pour quelques cas, n’est-ce pas disproportionné alors même qu’une invitation à la vigilance adressée aux professionnels concernés aurait probablement suffi ? N’est-ce pas céder au fantasme du « zéro risque » et à la tentation de « faire de tout sujet du journal télévisé de 20 h l’objet d’une loi » ?

Mais chacun sait que dans cette agitation très temporaire, ce n’est pas tant le propos explicite qui importe que le subliminal, le message implicite adressé au pays sur le mode : « Dormez bonnes gens, nous veillons sur vous avec sollicitude. » En un temps de victimisation généralisée, ce discours compassionnel est de ceux qui portent, spécialement en période électorale, avec le risque de céder aux facilités du populisme. Les «gens» veulent de la sécurité, il faut leur en donner…

Cette manière de soumettre le droit à la loi de l’événement n’est certes pas nouvelle. À droite comme à gauche, combien de mesures pour la famille annoncées à la veille de la Conférence annuelle des familles où le Premier ministre est invité, combien de dispositifs en faveur des femmes à la veille d’une consultation importante, de projets de loi contre les discriminations à l’égard des homosexuels juste avant la Gay Pride ? Sans compter les cas plus ordinaires de chiens méchants, d’inondations surprises ou d’agissements inédits où l’on fabrique du droit instantané, comme le café en poudre, au risque de normes vite solubles dans le temps.

Si ce mode de gestion publique procure des gratifications symboliques et réelles, il se révèle détestable pour la justice. Et sa nocivité a maintes fois été épinglée par les plus hautes autorités juridiques de l’État. Par le président du Conseil constitutionnel, regrettant que « la griserie de l’annonce l’emporte bien souvent sur les contraintes de la prévision ». Ou par le Conseil d’État, citant parmi les « facteurs pathogènes » de complexité du droit « la communication médiatique autour de la loi et la précipitation du politique… » Et comment ne pas les approuver quand on sait que le nouveau projet de loi adopté n’est que la… 50e modification du Code pénal en dix ans ?

Mais c’est ainsi : notre «légicentrisme » est tel que nous nous sentons nus sans le vêtement chaud de la loi. Et le brouillage des repères éthiques n’a fait qu’accentuer ce travers dont se moquait déjà Montaigne au XVIe siècle : « Nous avons en Franceplus de lois que le reste du monde ensemble. Qu’ont gagné nos législateurs à choisir cent mille espèces et faits particuliers à y attacher cent mille lois ? Les lois les plus désirables sont les plus rares, simples et générales. » Quatre siècles plus tard,
un conseiller d’État lui fait écho en observant qu’ « il devient plus qu’urgent de refroidir le moteur de la production normative» (1). On n’en prend pas le chemin !


(1) Bernard Pignerol, Droit et complexité, Presses universitaires de Rennes, 2007.

Le panache de Bayrou


François Bayrou candidat à la présidentielle, c’est devenu un pléonasme au XXI e siècle. Au nom du centre, cet endroit de la politique où, selon Mitterrand, se gagne l’élection présidentielle sauf quand on s’affiche… centriste. Bayrou veut croire que les logiques politiques ont changé après trente ans de dette et cinq ans de sarkozysme. Après tout, la crise de l’euro, il l’avait écrite et décrite avant tout le monde dans son livre, sans doute parce que la construction de l’Europe est dans l’ADN de ce centriste génétique et entêté. Il se lance au plus fort de la tourmente européenne, au moment où les écologistes s’enlisent, où Hollande patine, avant que son rival du centre, Hervé Morin, ne trépigne tout seul au pied du pont de Normandie. Le Béarnais chevauche en général sans troupes avec son panache orange, digne héritier d’Henri IV. Le moment est bien choisi, le créneau n’est pas occupé, la mode est à « une majorité d’union nationale » qu’il veut incarner. Mais cela ne fait pas un programme audacieux et lisible pour les Français qui aiment y voir clair et distinguer droite et gauche. Bayrou doit encore prouver qu’il reste de la place entre les deux.

Zone euro : les marchés s'attaquent à l'Allemagne

Si même l'Allemagne n'est plus épargnée par les marchés, il y a de quoi s'inquiéter pour l'avenir de la zone euro. C'est en tout cas ce qui ressort des commentaires d'économistes après l'adjudication ratée de titres de dette allemands mercredi : pas moins de 40 % des titres mis sur le marché par le gouvernement allemand n'ont en effet pas trouvé preneur.

Cette opération ne peut être considérée comme un échec. Le rendement du Bund allemand (emprunt d'Etat) se situe en effet autour de
autour de 2,15 % vendredi, en hausse de 0,25 points sur une semaine. Il reste ainsi inférieur au niveau de l'inflation dans la zone euro (autour de 3 % sur l'année). Mais cette opération décevante marque un tournant dans la perception du risque par les investisseurs.
Avant de décréter l'Allemagne "contaminée" par la crise, reste encore à voir si ce mouvement de défiance se confirme au cours des deux ou trois prochaines adjudications. Mais d'ores et déjà, c'est une nouvelle phase de la crise qui s'ouvre, une phase où plus personne n'est épargné. Auparavant cantonnée aux économies dites "périphériques" – Irlande, Portugal, Grèce –, l'aversion des investisseurs s'est déplacée sur des économies de plus en plus importantes – Italie, Espagne –, jusqu'à se faire sentir outre-Rhin, une première.
LES MARCHÉS FONT PRESSION SUR BERLIN
Après avoir fui la périphérie, les investisseurs désertent désormais le cœur de l'Europe, et cette absence est de très mauvais augure pour l'avenir de la zone euro. Si les rendements faibles offerts par l'Allemagne finissent par rebuter même les investisseurs à la recherche d'une valeur refuge inébranlable, c'est surtout la position inflexible du pays sur le rôle de la BCE qui inquiète.
Le gouvernement d'Angela Merkel s'est montré prêt à envisager une modification des traités européens afin de permettre la mise en œuvre de mesures en faveur d'une meilleure surveillance des politiques budgétaires. Mais Berlin n'envisage toujours pas d'élargissement du rôle de la BCE. Et encore moins que celle-ci puisse se doter du statut de prêteur en dernier ressort, qui lui permettrait de garantir qu'aucun pays de la zone euro ne fera défaut.
>> Lire "Réformer la BCE, seule solution pour répondre à la crise ?"
Nombreux sont donc les observateurs à estimer qu'une sanction de l'Allemagne par les marchés est la seule façon de la voir infléchir sa position sur la BCE. D'autant plus que les autorités de l'UE commencent à manquer de munitions : l'attractivité du FESF (Fonds européen de stabilité financière), qui s'est substitué à la BCE pour garantir les dettes souveraines, pâtit de la hausse des taux, et surtout, sa force de frappe – 440 milliards d'euros à l'heure actuelle – est bien trop faible pour contenir la contagion de la crise.
Une révision du mandat de la BCE, considérée comme l'ultime recours susceptible de sauver la zone euro, n'est pourtant pas envisagée comme la panacée par nombre d'économistes. Ainsi, Sony Kapoor, professeur à la London School of Economics, écrivait cette semaine sur son blog qu'une telle mesure conduirait la zone euro dans une situation comparable à celle du Royaume-Uni. La Banque d'Angleterre y a pratiqué plusieurs politiques d'assouplissement monétaire massif, ce que la BCE ne peut pas faire : "certes le Royaume-Uni bénéficie de taux à leur plus bas (...) mais l'économie anglaise se porte-t-elle bien pour autant ? Est-ce qu'elle croît ? La réponse, dans les deux cas, est non.", explique Sony Kapoor
Pour Peter Tchir, économiste chez TF Market Advisors, qui livre son analyse dans les colonnes de l'influent blog économique américain Zero Hedge, "[les] 440 milliards d'euros [du FESF] ne règleront rien, mais cela peut au moins permettre de stabiliser les marchés pendant 3 à 6 mois", le temps de mettre en place des solutions. L'une d'entre elles, suggère Peter Tchir, serait d'essayer de faire jouer un rôle à la Chine et à d'autres économies émergentes en quête d'investissement, en leur proposant l'achat de titres émis par le FESF.
Le directeur général du Fonds, Klaus Regling, devrait d'ailleurs présenter en début de semaine prochaine aux ministres des finances de la zone euro les modalités d'extension de la capacité du fonds, après d'intenses consultations ces dernières semaines avec les investisseurs internationaux. Le FESF réformé ne sera toutefois pas en mesure d'agir avant fin décembre au moins, ont indiqué vendredi des sources proches du dossier à l'agence Reuters.
LA ZONE EURO TOUTE ENTIÈRE PRISE POUR CIBLE
Stéphane Deo, économiste chez UBS Investment Research, écrivait jeudi dans une note de recherche que les marchés, après s'en être pris aux économies les plus fragiles, étaient en train "d'évaluer le prix d'un éventuel effondrement de l'euro". Cette éventualité n'est plus du tout exclue. Au cœur des inquiétudes : le risque de crise de liquidité d'abord, le risque de défaut ensuite, qui persistera tant que la BCE n'acceptera pas de prendre la responsabilité de garantir qu'aucun pays de l'eurozone ne fera défaut.
Petit à petit, des lignes de partage se dessinent entre les pays de l'UE. Les taux auxquels le Royaume-Uni emprunte sont désormais identiques à ceux de l'Allemagne, ce qui en fait un concurrent sérieux, et ce pour la simple raison que le pays bénéficie d'une banque centrale qui n'hésitera pas à assumer le rôle de prêteur en dernier ressort en cas de besoin. Ce repli fait également les bonnes affaires du Trésor américain, dont les bons, malgré un rendement à peine plus élevé que le Bund, font toujours le bonheur des investisseurs prudents.
Malgré son niveau – il vaut toujours plus de 1,32 dollar –, l'euro semble ne plus remplir un de ses principaux rôles, celui de faciliter le financement de l'économie par le biais de l'endettement des Etats. Il le faisait en nivelant le "spread" (l'écart) entre les taux des dettes souveraines émises par des pays aux situations économiques très différentes. Puisque les investisseurs considéraient qu'un euro grec avait la même valeur qu'un euro allemand, les deux pays empruntaient au même taux sur les marchés (autour de 4 % en 2007). C'est loin d'être le cas aujourd'hui.
>> Voir l'infographie : "L'autre notation des marchés : le 'spread' franco-allemand'"
LES EUROBONDS TOUJOURS SUR LA TABLE DES NÉGOCIATIONS
Si l'Allemagne se met à emprunter à des taux qui s'approchent peu à peu des taux français, elle perd donc un avantage considérable par rapport aux autres membres de la zone euro. C'est ce qui pourrait la convaincre de se ranger du côté des partisans des eurobonds, ces obligations communes à toute la zone euro. Celles-ci ont l'avantage de présenter un taux unique et permettent à tous les pays de l'eurozone d'emprunter au même coût. Ces Etats bénéficieraient ainsi, par effet de bord, des garanties apportées par le triple A de l'Allemagne et de la France.
La question est désormais de savoir combien de temps encore la France conservera ce triple A. Plus que jamais, le temps presse.

L’Europe, notre affaire de famille

Des parents sévères, des moutons noirs et de l’amour vache : telle est la famille Europe. Et pour le journaliste de Die Zeit qui en brosse le portrait, elle doit défendre son modèle historique de solidarité. Extraits.

Tous les scénarios semblent possibles dans l’Europe d’aujourd’hui : effondrement, rupture, décadence ou renaissance. Quand les uns parlent de disparition de l’euro, les autres évoquent un renforcement de l’intégration. Alors, assistons-nous aujourd’hui à la fin de la solidarité ou au contraire à un approfondissement sans égal des liens européens par le biais de l’emprunt commun ou de l’intervention de la BCE ?
Jamais nous n’avons été aussi près d’une politique intérieure européenne. Les nouveaux dirigeants en Espagne, en Italie et en Grèce joueront un rôle beaucoup plus important pour l’Allemagne que la nouvelle Grande coalition à Berlin.
Cette soudaine proximité n’est pas sans danger ainsi qu’en témoignent le maladroit baratin cocardier de Volker Kauder sur la prédominance de l’Allemagne ou l’agressivité des réactions de Londres. Tout le monde sent que l’Europe arrive à un tournant décisif. C’est le moment de s’interroger sur le sens de la chose.
Pour cela, il convient de prendre de la distance, disons quelques milliers de kilomètres. La scène se passe dans un café de Lahore, au Pakistan. Après avoir écouté les questions de son visiteur allemand, le Pakistanais commence à interroger son hôte sur son pays.

Une nouvelle façon de vivre ensemble

Un sujet l’intéresse tout particulièrement. Les Allemands ne sont-ils pas des ingénieurs réputés ? Oui. Ne sont-ils donc pas capables de construire des armes ultra performantes ? Oui, peut-être. "Alors pourquoi est-ce que vous n’avez pas la bombe atomique ? Les Français et les Britanniques l’ont. Comment pouvez-vous accepter que d’autres l’aient et pas vous ?"
Pour ce Pakistanais, le fait que l’Allemagne ne se préoccupe même pas de se doter de l’arme nucléaire est une aberration. Pour lui, le voisin qui possède le feu nucléaire est l’ennemi héréditaire, l’Inde.
Pour nous, c’est la France et nous nous fichons bien de son arsenal nucléaire. Nous ne nous préoccupons pas des armes de la France mais de sa notation et ce qui nous inquiète n’est pas de la voir monter mais descendre. Ce raisonnement va à l’encontre de plusieurs siècles d’histoire. Pour 90% de l’humanité, un tel environnement politique relève de l’inimaginable.
Dans la politique post-héroïque, pauvre en hormones, dévelopées par les Européens ces dernières décennies est bien plus que la simple conséquence d’un passé guerrier.
Il s’agit d’une nouvelle façon de vivre ensemble, de relier les peuples et les Etats. La crise précipite aujourd’hui cette expérimentation sur un nouveau terrain : l’économie et la finance. Pour décrire cette forme de vie commune, il existe une image très sage, sentimentale et Helmutkohlesque mais parfaitement adaptée : l’Europe est une famille.
Par famille, on entend la formation de liens naturels de solidarité qui ne sauraient être abrogés par la force, même en cas de faute. Autrement dit, aucune erreur de gestion ne peut faire de la Grèce une étrangère.

Un mélange de bienveillance et de brutalité

Toutefois, toute famille a sa propre façon d’exercer des pressions morales sur les moutons noirs ou quelques cousins alcooliques pour les forcer à suivre une cure de désintoxication. Il n’est pas non plus agréable d’être dépendant des parents, cela peut même être encore plus désagréable qu’être dépendant de sa banque.
Le mélange si caractéristique de bienveillance et de brutalité avec lequel Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont traité les chefs d’Etats endettés lors du sommet de Cannes, avait tout de la manière dont certains parents punissent leurs enfants “pour leur bien”. Et aucun enfant n’aime ça.
Le modèle familial ajoute également un autre élément que l’on pourrait appeler la fin de la diplomatie. Une famille constitue en effet un espace relativement informel : on ne s’embarrasse guère de politesses.
Or, force est de constater que les échanges entre pays européens sont de plus en plus directs. Aussi fâcheuses soient-elles, les diverses sorties sur ces fainéants du Sud, ces égoïstes de Britanniques ou ces mégalos d’Allemands sont autant de signes d’une intimité croissante.

Une inépuisable source d'envie

Depuis longtemps, les uns se mêlent des affaires des autres en gardant la main sur les cordons de la bourse ou un pied sur la pédale de frein. Cela peut potentiellement gravement endommager les relations entre membres. Il ne s’agit toutefois pas d’un retour des vieux démons de la guerre mondiale ou d’avant mais bien des grincements, ajustements et accidents d’un projet expérimental.
Le succès de cette philosophie politique n’est aucunement assuré. Au contraire, le projet européen doit affronter des oppositions plus fortes que jamais. L’Europe est un objet politique inédit, une exception historique.
Vu de Lahore, sur un continent divisé, submergé par les armes, où les hommes sont encore des hommes et les bombes sont encore des bombes, l’Europe est une inépuisable source d’étonnement. D’envie aussi.