TOUT EST DIT

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mardi 25 octobre 2011

Pour toucher François Fillon, Rachida Dati vise une de ses collaboratrices

Rachida Dati envoie ses missiles par salves. Dimanche 23 octobre, à "Radio France Politique", l'ancienne garde des sceaux a lancé plusieurs accusations contre le premier ministre. Outre le recrutement, par le ministère des finances, de Dominique Tiberi, fils de Jean Tiberi, député sortant de la deuxième circonscription de Paris, la maire du 5e a également reproché à François Fillon d'avoir fait recruter par Matignon, une collaboratrice "chargée de suivre les affaires parisiennes pour son implantation à Paris".

Anne Faguer, est en effet entrée dans l'équipe de Pierre Molager, chef adjoint de cabinet du premier ministre le 16 octobre. La jeune femme est conseillère "aux affaires réservées" indique Matignon. "Elle s'occupe de répondre aux courriers des Français qui s'adressent au premier ministre et gère les affaires sarthoises de François Fillon, qui est toujours élu de ce département", précise-t-on. 
EN CHARGE DES "AFFAIRES RÉSERVÉES"
Que cela soit la Sarthe ou Paris, la nouvelle conseillère a l'expérience des deux territoires. En effet, la jeune femme de 26 ans s'est approchée de l'UMP Paris lors de la campagne municipale de 2008. Militante dans l'équipe conduite par Pierre Lellouche, député de Paris et secrétaire d'Etat au commerce extérieur, elle a été recommandée à Jean-François Lamour alors qu'il prenait la présidence du groupe UMP au conseil de Paris. Pendant trois années, elle a été en charge de la communication et déjà, des "affaires réservées" du député de Paris. Anne Faguer a par ailleurs commencé sa carrière professionnelle en 2007 par un stage de six mois au cabinet du président de la communauté de communes de Sablé-sur-Sarthe qui était déjà, François Fillon.
L'attaque de Rachida Dati, contre une collaboratrice "non-stratégique" du premier ministre, "illustre la faiblesse de ses moyens contre le premier ministre" commente une élue parisienne. Depuis la sortie de l'ancienne ministre, François Fillon a pour sa part déclaré, mardi 25 octobre, devant les députés UMP vouloir "ignorer les mesquineries et les provocations".

Zone euro : l'UE demande la contribution d'autres pays

Norges Bank Investment Management, qui gère le fonds norvégien, s'est porté candidat pour contribuer au fonds de sauvetage.

Pour la première fois depuis le déclenchement de la crise des dettes souveraines en Grèce, novembre 2009, l'Union européenne va s'adresser directement à d'autres États et à leurs fonds souverains. Norges Bank Investment Management (NBIM), qui gère le fonds norvégien (397,5 milliards d'euros), s'est d'ores et déjà porté candidat, selon l'agence Reuters.

Techniquement complexe et politiquement peu glorieux dans la mesure où les membres de la zone euro s'en remettent à l'épargne étrangère à défaut d'être solidaires entre eux, le projet esquissé ce week-end à Bruxelles permettrait de constituer un véritable pare-feu. La force de frappe «serait à la hauteur de l'Espagne et de l'Italie», estime Gilles Moec, économiste de la Deutsche Bank à Londres.

Le dispositif envisagé consistera à la fois à démultiplier les capacités du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et à mobiliser les capitaux des pays financièrement excédentaires. Au premier chef, la Chine et des pays émergents, mais aussi des économies avancées, comme la Norvège et le Japon. Ces derniers apporteront leurs contributions dans des trusts, administrés principalement par le FMI, lequel ne mettra pas lui-même au pot, nous précise-t-on.

Le FESF fort de ses 440 milliards d'euros, qui lui ont été confiés par les pays de la zone euro - l'enveloppe restera inchangée -, ne se contentera plus d'apporter sa garantie à l'émission de titres, comme il l'a déjà fait pour l'Irlande et le Portugal. Il jouera également le rôle de «rehausseur de crédit», selon un modèle utilisé aux États-Unis, pour le meilleur et pour le pire, en faveur des collectivités locales et des crédits immobiliers. Ce mode d'intervention reviendra à assurer un certain pourcentage des pertes possibles pour les souscripteurs de titres souverains. Un nouveau rôle pour le FESF: «Il était censé garantir des prêts, il garantirait ex post des pertes», explique Bruno Cavalier, économiste d'Oddo Securities.
Montage à plusieurs niveaux

Klaus Regling, le directeur du FESF, a été chargé d'établir un montage à plusieurs niveaux de façon à créer un effet de levier maximal. Selon la recette des holdings en cascade dans les groupes privés.

À un premier niveau seront constitués des fonds spéciaux alimentés en partie par le FESF, qui apporterait sa garantie, et par d'autres États. À un second niveau, on trouvera un fonds spécial purement européen impliquant des capitaux privés, toujours avec la garantie du FESF. Un troisième canal est envisagé, selon le même principe, mais cette fois les capitaux seront apportés par des États non européens, dans un «trust» administré par le FMI - ce que d'autres appellent un «véhicule spécial d'investissement». Notons que le FMI a une expérience de ce dispositif, à travers le Poverty Reduction and Growth Trust, qui a collecté 13 milliards de dollars en faveur des pays les plus pauvres.

Personne ne semble pour le moment en mesure de déterminer l'enveloppe exacte des financements qui pourraient être offerts. Sachant qu'il lui reste 250 milliards d'euros de capitaux disponibles, selon un diplomate, le FESF serait susceptible de mobiliser au moins cinq fois cette somme, sur la base d'un taux d'assurance de 20%. De nombreux points techniques restent à régler. En particulier l'implication d'un tel système sur les dettes des pays garants, dont la France et son «triple A».

De la crise de l’euro à celle de l’Europe politique

Une même crise, mais des mots différents pour la qualifier. En France, on parle sauvetage de la Grèce, recapitalisation des banques, création d'un fonds européen pour voler au secours des Etats en faillite. En Allemagne, les responsables politiques en sont à l'étape suivante, et tentent de tirer les conséquences politiques de cette crise, la plus grave qu'ait jamais connue l'Union européenne.

Ils ont de nouveau le mot "fédéralisme" à la bouche, la ministre de la santé de la chancelière allemande Angela Merkel, Ursula von der Leyen, allant jusqu'à employer le mot "Etats-Unis d'Europe", prononcé par Winston Churchill, à Zurich, en 1946.
Étonnante différence d'approche, à la veille du conseil européen qui doit décider, mercredi 26 octobre, du sauvetage de l'euro. Les Français restent sur le terrain de jeu fixé par les marchés financiers, tandis que les Allemands, à la tête de la première puissance économique du continent, définissent le débat en termes politiques, dans le cadre d'une démocratie parlementaire mature.
Toute la construction européenne depuis 1945 est en jeu. Le sujet est politique. Nicolas Sarkozy s'inquiète de la faible conscience qu'en ont ses concitoyens. "Notre destin se joue dans les dix jours", a-t-il lancé, le 18 octobre, à l'Elysée, parlant de guerre et de paix, comme jadis le chancelier Helmut Kohl (1982-1998). "Ceux qui détruiront l'euro prendront la responsabilité de la résurgence de conflits sur notre continent", a-t-il averti.
"GAGNER DU TEMPS"
Les plus fédéralistes, à l'instar du social-libéral Jean-Pierre Jouyet, retrouvent espoir. "C'est la grande ironie de l'Histoire : ce sont les marchés financiers qui vont imposer l'Europe politique", assure l'ex-secrétaire d'Etat aux affaires européennes. L'intégration européenne a toujours progressé de crise en crise. Elle serait de retour après le coup d'arrêt donné par le non des Français au référendum de 2005 sur la Constitution européenne.
Au contraire, l'eurosceptique UMP Jacques Myard prédit la fin de l'euro, mal conçu. "La maladie du XXe siècle fut de vouloir construire des systèmes dans lesquels on veut faire rentrer la réalité: cela ne marchera pas. Les dirigeants européens ne font que gagner du temps", accuse le député des Yvelines. La monnaie unique devait faire converger les économies européennes. Affranchies de la contrainte des marchés, qui provoquaient la dévaluation des pays mal gérés, les économies les plus faibles ont perdu de leur compétitivité par rapport à l'Allemagne, se croyant protégées par l'euro, avant que les marchés ne leur fassent payer l'addition.
Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le socialiste Pascal Lamy, résume l'enjeu. "La réalité se rappelle à ceux qui voulaient faire l'euro sans l'union politique. Aujourd'hui, c'est un pas en avant ou trois pas en arrière : si on fait sauter l'union monétaire, on fera ensuite sauter le marché intérieur puis l'union douanière. On se retrouvera chacun chez soi, dans un monde encore plus globalisé."
Le Vieux Continent est sous la menace d'un détricotage d'une Europe fondée sur l'économie, depuis la mise en commun du charbon et de l'acier en 1951, le Marché commun, créé avec le traité de Rome de 1958 et achevé par l'Acte unique de 1986, le tout couronné par l'euro lancé à Maastricht en 1991.
INTÉRÊT VITAL
Le pire n'est pas à exclure. L'étude des années 1930 montre que les dirigeants ne purent empêcher des événements qu'ils virent parfois se profiler. En 2008, l'administration de George Bush n'avait plus le pouvoir politique d'empêcher la faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers qu'elle savait destructrice.
Il ne suffit pas de se savoir au bord du gouffre pour ne pas y sombrer. "Je suis vraiment inquiet", met en garde un haut négociateur français. A la veille du sommet de Bruxelles, il craint une attaque des marchés contre l'Italie, si la réponse des Européens est jugée insuffisante: "L'enjeu est de savoir si les marchés jugent que la faillite de la Grèce est un cas unique ou s'ils considèrent que les peuples auront à l'avenir pour option de ne pas payer leurs dettes."
Pourtant, Paris et Berlin ont un intérêt vital à sauver l'euro. La France a le plus à perdre : depuis soixante ans, elle cherche à faire de l'Europe le levier d'Archimède de son influence et se retrouverait incapable de choisir entre une Europe latine exclue de l'euro et l'Allemagne, son premier partenaire, qui lui sert depuis un demi-siècle de modèle de vertu.
L'Allemagne, elle aussi, a son destin lié à la monnaie unique. Certes, il lui est souvent reproché de vouloir être au choix une petite Chine ou une grande Suisse. Un pays industriel ultra-compétitif, intégré dans la mondialisation, qui n'aurait pas plus besoin de l'Europe que n'en avait la City de Londres sous Gordon Brown. Ou une île au cœur de l'Europe, heureuse de sa richesse et de sa quiétude, soucieuse de ne pas s'impliquer dans les affaires d'autrui.
SAUT FÉDÉRAL ET VIRAGE ÉCONOMIQUE
Tout cela est faux. L'Allemagne réalise la majorité de ses excédents commerciaux avec l'Europe et a intérêt au bien-être de ses voisins, dont l'hostilité lui serait très vite néfaste. C'est une des raisons qui avait conduit Helmut Kohl à renoncer au deutschemark après la chute du mur de Berlin en 1989.
Ainsi fut lancé l'euro à Maastricht. "François Mitterrand avait imposé l'euro à Helmut Kohl, mais l'Allemagne avait imposé ses conditions. Depuis, Nicolas Sarkozy a imposé des réunions des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro dont Angela Merkel ne voulait pas, mais les Allemands veulent imposer leur ligne économique ", résume l'ex-secrétaire général de l'Elysée de François Mitterrand, Hubert Védrine (1991-1995).
Vingt ans après, les deux pays doivent chacun briser leur tabou : les Allemands, qui se jugent trahis par les tricheries comptables des Grecs, doivent accepter ce que les Français appellent gouvernement économique, assorti d'aides financières aux plus faibles et d'une vraie gestion commune des finances publiques ; les Français sont invités à faire à la fois le virage économique de 1983, lorsque François Mitterrand fit le pari de la rigueur et de l'ancrage en Europe deux ans après les désillusions de mai 1981, et le saut fédéral qu'ils ont toujours refusé.
Explication : l'Allemagne réunifiée avait accepté l'euro à condition que la stabilité de la monnaie, qui a fait le miracle économique de l'après-guerre, soit confiée à une banque centrale indépendante. La phobie de l'inflation ne s'explique pas que par la ruine due à l'hyperinflation de 1923, dans la foulée de l'occupation de la Ruhr par l'armée française et des réparations de guerre imposées par Paris. Les Allemands ont été ruinés à deux autres reprises, par l'inflation cachée de la dictature nazie et par la faillite de la RDA.
"TALON D'ACHILLE"
Seconde exigence: marqués par l'éthique protestante, les Allemands voulaient que chacun gère son budget en bon père de famille, et la monnaie serait préservée. "Les Allemands avaient l'illusion qu'on pourrait vivre sur le modèle de l'étalon or et de l'équilibre budgétaire absolu comme c'était le cas jusqu'en 1914", analyse un proche de Nicolas Sarkozy.
Tout a changé avec la Grèce. Angela Merkel a découvert qu'un petit pays, tel un talon d'Achille, pouvait faire sombrer l'Europe entière. La chancelière est prête à prendre ses responsabilités. Ce n'est pas "l'Allemagne paiera" de Georges Clemenceau lors du traité de Versailles en 1919 : elle a déjà payé en étant la première contributrice du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Mais elle va exiger en contrepartie un droit de regard sur les fonds et la gestion budgétaire des autres pays européens. "Le fédéralisme, cela veut dire de l'argent et des contraintes", résume Jean-Louis Bourlanges, président de la fondation du Centre. Les Français sont-ils prêts à l'accepter? Rien n'est moins sûr.
Depuis le lancement de l'euro, la France a toujours renâclé à équilibrer ses finances. Lionel Jospin ne voulait pas casser la croissance. Jacques Chirac fit voler en éclats le pacte de stabilité. A peine élu, M. Sarkozy fila au conseil des ministres des finances européens pour expliquer qu'il ne tiendrait pas les engagements de la France.
Sans cesse, la France reste marquée par l'école keynésienne, soucieuse de piloter la croissance. Un conflit lourd se dessine entre les tenants latins d'un recours magique à l'inflation pour laminer les dettes européennes, et les partisans germaniques de l'austérité, afin de restaurer une compétitivité perdue dans la mondialisation, au risque de sombrer dans la déflation.
TUTELLE DES MARCHÉS
Deuxièmement, les Français se sont toujours crus fédéralistes… à condition d'être certains que leur point de vue s'impose. Ils n'ont jamais fait le choix de l'Europe politique. Sous Pierre Mendès France, les députés ont rejeté, en 1954, la Communauté européenne de défense (CED), ouvrant la voie au réarmement de l'Allemagne via la création de l'Alliance atlantique. Rien n'a changé depuis: l'expédition franco-britannique en Libye a révélé l'absence de défense européenne, qui prive l'Union de toute diplomatie sérieuse.
Après Maastricht, le premier ministre Edouard Balladur (1993-1995) a refusé l'idée d'un "noyau dur" en Europe, formé autour de l'Allemagne, la France et le Benelux, et proposé par deux hommes de confiance d'Helmut Kohl, les députés Karl Lamers et Wolfgang Schäuble. Enfin, les Français ont rejeté en mai 2005 la Constitution européenne.
La révolution induite par le sauvetage de la Grèce remet l'Europe politique à l'ordre du jour. Sous des abords très techniques, les peuples européens n'auront plus le loisir de choisir réellement leur budget, enjeu essentiel des campagnes électorales et prérogative fondamentale des Parlements.
La France, qui n'échappera pas à un tour de vis budgétaire, connaît une campagne présidentielle sous la tutelle des marchés, qui surveillent sa notation financière, et l'œil des Européens. "On va retrouver les débats engagés depuis Maastricht", prédit l'essayiste Alain Minc, qui s'empresse d'ajouter: "Mais, cette fois-ci, on va le gagner." Rien n'est moins sûr. Un responsable du Quai d'Orsay estime que le refus des transferts de souveraineté, acté par le référendum de 2005, persiste.
Or, le fonctionnement actuel souffre de légitimité démocratique. Les décisions sont prises à l'unanimité des dirigeants de la zone euro et ratifiées par les Parlements nationaux. La Cour constitutionnelle de Karlsruhe exige désormais une consultation du Bundestag, qui donnera son aval à Mme Merkel avant le sommet de mercredi. M.Minc fait mine de ne pas s'en inquiéter. "Dieu merci, les Allemands ont un système démocratique qui ne tient pas trop compte de l'opinion publique." En réalité, le système de décision européen octroie un pouvoir jugé exorbitant à une minorité: le Parlement slovaque a failli faire capoter tout le plan de sauvetage grec tandis que les Irlandais, sauvés par leurs partenaires, continuent d'avoir un taux d'impôt sur les sociétés jugé déloyal.
CONTRAINTES BUDGÉTAIRES
La parade consisterait à décider non plus à l'unanimité mais à la majorité. En contrepartie, il faudrait l'aval d'une instance européenne démocratique, pour l'instant introuvable. La Commission s'est tellement appauvrie qu'elle ne peut pas prétendre incarner l'intérêt européen. Les peuples ne reconnaissent pas la légitimité du Parlement européen. Le recours à la Cour de justice européenne, pour valider les budgets nationaux, est jugé impraticable.
Hubert Védrine croit déceler une "tentation post-démocratique". L'idée de soumettre les décisions à un mini-Parlement de la zone euro est envisagée. A court terme, Paris estime qu'il vaut mieux "ruser" en prenant les décisions dans des sommets de la zone euro. Et au lieu de nommer un gendarme européen, l'Elysée suggère d'intégrer dans chaque Constitution nationale des contraintes budgétaires strictes.
A supposer que le cas de la Grèce, mise sous tutelle, reste une exception, les Européens ont deux modèles. Un exemple à ne pas suivre, celui du président du conseil italien Silvio Berlusconi, qui ne passe pas des paroles aux actes, même après s'être fait convoquer par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Face à lui, le premier ministre espagnol, Jose Luis Rodriguez Zapatero, fait figure de pénitent modèle. Il devance l'appel en s'infligeant cure d'austérité et contrainte constitutionnelle. Et accepte de perdre le pouvoir.

Barbus

La barbe irrite, c’est bien connu. Comme nous irritent les barbus de tous poils, qu’ils soient musulmans, juifs, chrétiens, voire laïques, l’intolérance n’ayant pas toujours besoin d’un dieu pour excuse. C’est dire qu’une victoire des barbus en Tunisie ne peut être une bonne nouvelle. Pas plus que l’application de la charia en Libye… Je suis inquiète, dit Madame Aubry. La vigilance s’impose, renchérit Monsieur Juppé. Très bien, il faut combattre une dérive qui emporterait d’abord Tunisiens et Libyens. Tout de même, ces victimes potentielles des barbus, elles auraient aimé entendre Madame Aubry et Monsieur Juppé afficher inquiétude et vigilance plus tôt, quand elles étaient les victimes bien réelles de Ben Ali et Kadhafi -trente à quarante années durant lesquelles la France de Mitterrand puis de Chirac a loué les vertus des deux dictateurs. Comme quoi, on ne s’inquiète jamais assez tôt.

Les variations incertaines de la liberté

Comment ne pas se réjouir de l’immense succès des élections en Tunisie ? Quand 90 % des électeurs se déplacent pour élire une assemblée constituante dans un pays qui n’a aucune tradition démocratique, ce n’est pas seulement un signe politique. C’est un élan irrépressible qui parle, forcément, aux héritiers de la Révolution de 1789 que nous sommes tous. Plus de deux siècles nous ont convaincus que l’expression de la volonté du peuple par le choix de ses représentants - et la conscience de détenir ce pouvoir - était bien l’un des socles d’une nation libre. C’est désormais un acquis. Contre tous les scepticismes.

La force de la participation dans le scrutin tunisien, celle-là même qui suscitait tant d’interrogations, apparaît comme la plus précieuse des victoires fragiles du printemps arabe. Mais l’admiration qu’elle suscite est ambivalente : à un niveau aussi élevé, elle va conférer une légitimité incontestable aux résultats sortis des urnes qui favorisent, comme prévu, le parti islamiste Ennahda. Peut-on vraiment se réjouir de cet épilogue et passer la défaite des mouvements laïques en pertes et profits au prétexte qu’elle est le fruit d’un vote libre ? Bien sûr que non, même si les droits des femmes ont été garantis par le mouvement victorieux tout au long de la campagne électorale, qui sait si la liberté n’accouchera pas d’entraves aux libertés ?

En Libye, la désillusion est bien plus grande encore. Tant d’efforts pour se débarrasser d’un tyran et entendre ses vainqueurs annoncer, le jour de la libération officielle du pays, que le modèle d’organisation juridique sera la charia ! Les pays occidentaux n’ont pas à regretter d’avoir contribué à sauver Benghazi, pourtant, mais la suite des opérations était-elle à ce point improvisée pour laisser derrière elle, et apparemment sans plus d’état d’âme, le risque d’un régime de type religieux où les opposants n’auront guère plus de droits que ceux qui résistaient au colonel mégalomane ?

Aveuglés par la manne pétrolière à récupérer, ni Paris, ni Londres, ni Washington n’ont vraiment réfléchi sérieusement à l’après-Kadhafi, préférant céder au romantisme oratoire d’une libération qu’on savait déjà prête à être confisquée par les combattants les mieux organisés. Il sera difficile pour la France de faire pression sur le Conseil national de transition - incapable de contenir les exactions contre les vaincus ! - en se contentant d’affirmer qu’elle sera « vigilante » sur « le respect des droits de l’Homme et les principes démocratiques ». De telles formules sentent tellement la résignation et l’impuissance diplomatiques…

Prenons garde au pugilat politique

Passée la primaire socialiste, nous voilà entrés de manière plus nette dans la précampagne électorale. Même si Nicolas Sarkozy n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature, la bataille est clairement ouverte entre deux camps. Il est tentant, chez chacun, de s'employer à décrédibiliser l'adversaire. Stratégie dans laquelle viennent clairement de s'engager, front contre front, l'UMP (à l'exception de quelques-uns de ses membres) et le Parti socialiste.

Ce faisant, les uns et les autres oublient très vite l'une des grandes leçons de la primaire socialiste : les Français ont apprécié cette manière de débattre sans anathème, qui poussait chacun des candidats à développer posément ses arguments. Ils ont eu, pour une fois, le sentiment d'être respectés par ceux qui briguaient leur suffrage, et qui abandonnaient partiellement, pour un temps, le jeu des petites phrases assassines...

Cette aspiration à entendre et à pratiquer la politique autrement, sans doute faut-il la rapprocher en partie du succès de François Bayrou au premier tour de la présidentielle de 2007. Le Béarnais n'avait pas seulement capitalisé un vote protestataire. Il avait incarné une véritable attente d'un changement dans la manière de faire de la politique.

Cette attente n'avait ensuite pas trouvé de concrétisation. La crise ne fait que rendre cette attente plus intense. Les Français veulent des explications, des repères. Ils demandent à comprendre, pour pouvoir assumer leurs responsabilités, choisir et, si nécessaire, consentir à des sacrifices, sous réserve qu'ils leur paraissent justifiés.

D'un côté, un probable candidat campe dans la position du meilleur capitaine de navire en tant de crise ; de l'autre, un adversaire dénonce la prétention de son rival à jouer les Superman, opte pour un rassemblement fondé sur le fait de dévoiler le moins possible de ses intentions tout en manoeuvrant au mieux les appareils partisans... Si le débat politique devait se borner à cette opposition de deux postures, il y a fort à parier que la déception serait grande dans l'opinion publique.

Si les partis privilégient, comme cela commence, le travail de démolition de l'adversaire, plutôt que le sens de la responsabilité collective, on ne préparera pas la mobilisation des Français sans lesquels ne seront gagnés ni le pari de la réduction de la dette ni celui de la recherche d'une nouvelle croissance. Si, de surcroît, ce débat se déroule sur un arrière-fond de déballage d'affaires, autant dire que notre vie politique s'engagera sur la voie de la déroute honteuse des Bleus au mondial de foot, plutôt que sur le chemin de la reconquête de l'honneur d'une équipe de France de rugby en difficulté qui a su privilégier la solidarité dans l'adversité.

Dans une élection présidentielle, il est tentant de donner la primeur à la bataille politicienne sur la pédagogie et la délibération citoyenne. La priorité, c'est alors de battre l'adversaire, non de chercher, dans le débat, à construire la meilleure politique. Ce dispositif nous fait perdre du temps, au moment où nous aurions besoin de construire des solutions en commun.

On en a vu les effets caricaturaux au Congrès américain en juillet dernier, où les stratégies de blocage des Républicains ont conduit à la dégradation de la note des États-Unis par Standard & Poor's. Au moment où le triple A de la France est mis sous surveillance, nous avons besoin de davantage d'intelligence politique et d'un plus grand sens de l'intérêt national. La France ne peut pas attendre pour commencer à s'attaquer aux problèmes et aux défis qui se dressent devant elle.

Ennahda, un parti soupçonné de tenir un double discours

Le probable vainqueur des élections tunisiennes de dimanche, le parti islamiste Ennahda (en français, «la renaissance») refuse d'être considéré comme un parti religieux.

Depuis la fuite de Ben Ali le 14 janvier dernier, Ennahda a retrouvé le droit d'exister en Tunisie. Longtemps interdit, il apparaît aujourd'hui comme la principale force politique d'un pays en reconstruction.


• Origines. Ennahda trouve ses origines au début des années 1970. Il est le fruit de la rencontre de Rached Ghannouchi, admirateur de Nasser converti aux thèses controversées des Frères Musulmans depuis son séjour en Egypte, Abdelfattah Mourou, juriste, et Hmida Enneifer, lui aussi proche des Frères Musulmans. Ensemble, ils fondent le Mouvement de la Tendance Islamique (MTI) qui prendra le nom d'Ennahda en 1989.

• Son interdiction Le président Ben Ali prend peur face à la force du mouvement lors des élections législatives de 1989. Ennahda obtient officiellement 14% des voix. Certains annoncent des résultats frôlant les 30%. Sous le prétexte de lutter contre l'extrémisme religieux, Ben Ali fait alors interdire le parti et engage une répression qui jettera des milliers de militants et dirigeants en prison. Rached Ghannouchi quitte la Tunisie et rejoint Londres en 1991, où il obtiendra l'asile politique. En 1992, il est condamné à la prison à vie au pays. Les pays occidentaux, dont la France, laisseront faire, érigeant Ben Ali en rempart contre l'islamisme. Ennahda est légalisé en mars 2011 après la Révolution de jasmin et le retour de Ghannouchi en Tunisie le 30 janvier, quelques jours seulement après le départ de Ben Ali.

• Son programme Issu du travail de 182 experts, universitaires ou hommes d'affaires, le programme en 365 points d'Ennahda se veut un projet de société «pour la renaissance de la Tunisie». Le parti cherche à rassurer et se veut le garant des libertés, du système républicain, de l'économie de marché et de la séparation des pouvoirs. D'un point de vue purement politique, Ennahda se dit favorable à la constitution d'un régime parlementaire doté d'une Assemblée unique chargée d'élire le président de la République, responsable devant elle.

• La religion et la place des femmes Ennahda se défend d'être un parti religieux. Son modèle politique est l'AKP, le parti au pouvoir en Turquie. L'idéal de société qu'il préconise est un Etat basé sur un Islam adapté à la vie moderne. Ennahda se refuse en outre à imposer la charia, la loi coranique qui régit la vie de certains Etats musulmans. Le parti veut également assurer les droits des minorités religieuses. Il affirme enfin vouloir défendre le statut de la femme tunisienne, généralement considéré comme le plus avancé du monde arabe. Mais Ennahda est accusé par ses détracteurs de tenir un double discours, démocratique en façade et intégriste en son sein.

• Un financement remis en question Si aucun chiffre officiel n'est communiqué quant au nombre d'adhérents que compte le parti, sa propension à quadriller le territoire est une preuve de sa force. Ennahda a mené une campagne de grande envergure. Distribution massive de tracts, réunions publiques très suivies : le parti a été plus présent que ses adversaires aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger, en France notamment. Mais pour assurer une telle présence, un parti a besoin de fonds. Hamadi Ghebali, un cadre du mouvement, assure qu'Ennahda bénéficie de dons «de quelque 100.000 adhérents». Ses adversaires parlent de financements en provenance du Qatar mais n'ont jamais été en mesure d'apporter des preuves concrètes.

"Guignols", le coup de vieux


Putain, vingt-trois ans ! Arrivés à l’antenne (sous le titre "Les Arènes de l’info") le 29 août 1988, quatre mois après la réélection de François Mitterrand, "Les Guignols" s’apprêtent à couvrir leur quatrième campagne présidentielle. Ceux qui accéderont au droit de vote en 2012 sont nés après que la parodie de journal télévisé animée par "PPD" a reçu ses deux premiers 7 d’or.Autant dire que l’affaire est techniquement rodée. De la réunion matinale des auteurs jusqu’au direct du soir, le rituel n’a pas varié. Habilleuses, costumières et accessoiristes s’affairent dans le bâtiment qui est réservé aux "Guignols", à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), où s’entassent quelque 350 marionnettes. En fin d’après-midi, marionnettistes et imitateurs enchaînent les répétitions à quelques centaines de mètres de là, au Studio104 de la Plaine Saint-Denis, sous la baguette d’Yves Le Rolland, producteur et grand ordonnateur de l’émission depuis 1995. Au rayon imitateurs, si Nicolas Canteloup (désormais sur TF1 à 20h35) a été discrètement remplacé depuis la rentrée, Yves Lecoq reste fidèle au poste – essentiel, puisqu’il assure en moyenne près de 70% des voix – qu’il occupe depuis l’origine. Bref, tout le monde est là. Y compris les téléspectateurs, que "Les Guignols" ont retrouvés en nombre (plus de 2 millions en moyenne, selon Canal+) depuis que leur diffusion a été avancée à 19h50, face à la pub qui précède la grand-messe des (vrais) JT.
La sextape des Guignols avec DSK en couverture.

La sextape des Guignols avec DSK en couverture.Studio Canal
Seul manque l’écho que suscitait jadis la même émission: le "Mangez des pommes !" de Jacques Chirac victorieux du "couille molle" (Edouard Balladur), la "boîte à coucou" de Johnny, les "tout à fait Thierry" et autres "Jean-Pierre Papin P.A.P. 1" avaient fait les beaux jours des cours de récréation comme des salles de rédaction. Autant de gimmicks qui datent, faute d’avoir été renouvelés. Le dernier DVD de l’année écoulée, La Sextape des Guignols (DSK en peignoir léopard, cigare à la main, sur la jaquette) fait parfois sourire, plus rarement rire.
Ceux qui travaillent quotidiennement sur l’émission le savent et en conviennent volontiers : "On n’est plus à la mode", concède Yves Le Rolland. Tout aussi sincères, les auteurs, Lionel Dutemple et Julien Hervé, arrivés en 1999, et Philippe Mechelen, qui les a rejoints en 2009, font le même constat.
Les explications avancées sont multiples. Primo, le trio d’auteurs de "l’âge d’or" du début des années 1990 (Bruno Gaccio, Benoît Delépine et Jean-François Halin) est a posteriori jugé "brillantissime". "Des orfèvres", estime Julien Hervé. Secundo, le contexte – médiatique et politique – est radicalement différent. Quand l’offre de programmes s’est multipliée, l’esprit "Guignols" – l’art de la dérision et de l’autodérision emblématique de la chaîne cryptée – s’est largement diffusé hors des frontières de Canal+. "Les Guignols ont ouvert une brèche. Tout le monde s’y est engouffré", souligne Lionel Dutemple. "On évite de regarder ou d’écouter les autres. Sinon ça pourrit la tête", ajoute Julien Hervé. "Il est plus difficile d’exister aujourd’hui alors que tout s’est 'guignolisé'", note un de leurs prédécesseurs, Alexandre Charlot.
Bernadette Chirac et son célèbre sac à main.

Bernadette Chirac et son célèbre sac à main.Canal+
La matière a également changé en vingt ans : "Au début, les hommes politiques étaient des espèces d’icônes qu’on voyait peu. Désormais, ils gavent le public d’images", souligne Yves Le Rolland. "On ne rit que de ce qui résiste. Or, le politique ne résiste plus beaucoup", analyse Olivier Mongin, directeur de la revue Esprit et auteur, en 2006, du livre De quoi rions-nous ? La Société et ses comiques, (Plon). Pour lui, "Les Guignols" s’apparenteraient aujourd’hui à "une espèce de Musée Grévin".
La hantise des "Guignols" est de se "bébête-showiser", à l’instar de l’émission de TF1 qu’ils avaient ringardisée peu après leur création. Ils n’en sont pas là. De nouveaux programmes, comme "Le petit journal", de Yann Barthès, ou, depuis la rentrée, la très vive série "Bref", également diffusée dans "Le grand journal" de Canal+, ont menacé de les démoder. Jamais de les détrôner. Quand souffle l’air du temps, les marionnettes d’Alain Duverne plient, mais ne rompent pas. Le latex a la peau dure.
Jean-Baptiste de Montvalon

La Grèce peut-elle s'inspirer de l'Argentine?

En 2001, l'Argentine s'enfonçait dans une crise qui rappelle celle de la Grèce. Dix ans plus tard, le pays affiche une croissance insolente. Avec des leçons à donner à l'Europe? Les réponses de Roberto Lavagna, ministre argentin de l'Economie de 2002 à 2005, principal artisan de la relance du pays.
 Peut-on comparer la situation de la Grèce et de l'Argentine en 2001?
Oui, surtout du point de vue économique. Dans les deux cas, il y a un déficit fiscal important, un déficit des balances de paiement, presque quatre ans de récession. A cela s'ajoute une monnaie fixe qui empêche de dévaluer (l'euro pour la Grèce, le dollar pour l'Argentine en 2001). Et, bien sûr, une dette qui ne cesse de se creuser puisque le PIB recule.
Il y a tout de même des différences...
La situation sociale de la Grèce est moins critique : son PIB par habitant est deux fois plus élevé que celui de l'Argentine en 2001.A l'époque, presque la moitié de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté.
La seconde différence est institutionnelle : l'Argentine était un pays isolé quand la Grèce appartient à un ensemble politique économique extrêmement puissant qui peut l'aider... s'il le souhaite. Jusqu'ici, il me semble que la voie choisie par l'UE n'a pas été la bonne. Il faut agir et vite.
En déclarant par exemple un défaut sur sa dette, comme l'Argentine?A ce stade, une large restructuration de la dette grecque est en tout cas nécessaire. C'est d'ailleurs plus simple qu'en Argentine. Dans notre cas, il y avait plus de 500.000 personnes ou investisseurs qui détenaient des bons du pays, huit monnaies et huit systèmes légaux différents. Dans le cas de la Grèce, la dette est concentrée dans les banques, principalement en euros.
La Grèce doit-elle aussi poursuivre ses efforts d'ajustement?Non, il faut surtout mettre un terme aux programmes proposé par la Troïka et le FMI. Comme en Argentine en 2001, on suggère actuellement à la Grèce de nouveaux prêts d'urgence, en échange de nouveaux sacrifices, des réductions de salaires, etc.Mais quand le chômage augmente, quand l'économie se contracte, il n'y a plus de recettes fiscales. Le problème de la dette ne fait donc que s'accroître. Ce sont ces politiques de rigueur qui ont conduit à l'explosion de 2001. Les programmes qui ne comprennent pas de plan de relance ne servent que les banquiers et certains pouvoirs économiques.
Comment avez-vous opéré cette relance ?Il n'y a pas de relance véritable sans consommation. Il faut soutenir l'emploi, le pouvoir d'achat et augmenter les investissements. En 2002, une des premières choses que nous avons faites a été de redonner à la population ce qu'on lui avait enlevé.
Mas l'Argentine avait un autre atout pour repartir : le "boom" du prix des matières premières qu'elle exporte...Quand j'ai pris mes fonctions en 2002, le cours du soja était à 220 dollars la tonne. Quand j'ai quitté mon poste fin 2005, il n'avait presque pas bougé. C'est à partir de 2007 - donc bien après la relance de l'Argentine - qu'il a commencé à augmenter, jusqu'à frôler les 600 dollars. Aujourd'hui, l'Argentine a plus d'atouts que la Grèce, mais ce n'était pas le cas au moment où il fallait sortir de la crise.
L'Argentine a aussi rebondi grâce à la dévaluation et la fin de la convertibilité peso-dollar. Une sortie de l'euro est-elle imaginable pour la Grèce? Cela ne me semble pas une bonne idée. La force de l'Union européenne devrait permettre d'éviter cette solution. Mais si la politique proposée à la Grèce ne change pas, la crise pourrait pousser le pays à une telle extrémité. Avec un risque de contagion invraisemblable. Hier on parlait de l'Italie ou de l'Espagne, aujourd'hui on parle de la France. Tout cela est le résultat de deux ans de chocs permanents pour le pays. Il faut aujourd'hui du courage politique pour changer de voie.

La presse se fait l'écho des tensions entre dirigeants après le sommet de Bruxelles

Au lendemain du sommet de Bruxelles sur la crise de l'euro, la presse européenne s'accorde à dire que si les priorités font consensus – restructuration de la dette grecque, recapitalisation des banques et déploiement du Fonds européen de stabilité financière –, peu de solutions concrètes ont émergé. "Chacun a été clair sur ce qu'il fallait faire pour le sort de l'Europe. Mais pourtant le succès semble incertain", rappelle Der Spiegel.

De Berlin à Londres, les quotidiens nationaux constatent l'absence de solutions pérennes et attendent de voir le second sommet programmé, mercredi 26 octobre. Peu étonnant, constate Die Zeit, car "la crise est tellement complexe", de l'aveu même des dirigeants européens.
A défaut de solutions concrètes, les quotidiens européens relèvent les dérapages verbaux entre dirigeants européens qui ont émaillé la rencontre de Bruxelles.
"SHUT UP"
La Une du Guardian, le 24 octobre.
La Une du Guardian, le 24 octobre. DR

En Angleterre, c'est le "shut up" qu'a laissé échapper Nicolas Sarkozy à l'adresse de David Cameron qui a retenu l'attention. "You have lost a good opportunity to shut up" ("Vous avez perdu une bonne occasion de vous taire"), a rétorqué le président français face aux critiques anglaises. Mais si tous les journaux britanniques relaient l'anecdote, c'est pour mieux souligner le rôle joué par David Cameron pendant ce sommet.
Le premier ministre britannique a pris la tête de la fronde des pays membres de l'Union européenne mais pas de la zone euro, en obtenant un sommet à 27 mercredi – et non pas à 17 comme initialement prévu. "Le Royaume-Uni craint qu'une nouvelle régulation financière entre membres de la zone euro nuise à la City, centre de la finance globale", s'alarme The Telegraph.
Pourtant, David Cameron joue une partie complexe, rappelle The Guardian. Lundi, au lendemain du sommet, les députés britanniques réfléchissent à un éventuel référendum sur l'Union européenne. "Une mauvaise question au mauvais moment", indique le ministre des affaires étrangères, William Hague, repris sur tous les sites.
ARROGANTS COMME ZIDANE
Il Giornale (Italy)Il Riformista (Italy)
En Italie, aussi, on regrette l'attitude de Nicolas Sarkozy et ses "sourires ironiques" au cours d'une conférence de presse commune avec Angela Merkel . "Sarkozy comme Zidane", titre Il Giornale. "Quand ils sont en difficulté, les Français deviennent arrogants", juge l'éditorialiste. Avant d'avancer son explication : les Français sont jaloux d'avoir perdu la présidence de la Banque centrale européenne au bénéfice de l'Italie.
Mais en Italie comme au Royaume-Uni, les préoccupations nationales prennent le dessus. Les quotidiens italiens se concentrent sur les conséquences du sommet, synonyme pour le gouvernement italien d'une réforme des retraites qui doit être étudiée lors d'une réunion  exceptionnelle du conseil des ministres, lundi à 18 heures. Une mesure qui suscite déjà une levée de bouclier de la part des anciens alliés de la Ligue du Nord et des partis d'oppositions, comme le souligne Le Corriere della Serra.
Quand ce n'est pas Nicolas Sarkozy, seul, qui irrite, c'est son association avec Angela Merkel. "Merkozy", tel qu'on les surnomme dans les travées des institutions européennes. "On se souviendra des amabilités qu'ils se sont échangées", tance un économiste italien dans une tribune publiée par la Repubblica, mais ils n'ont eu aucune réponse à apporter, continue-t-il. Même sentiment du côté de la BBC, où l'on s'interroge sur la subite crainte que suscite l'Italie. Pourtant, "l'Italie est aussi endettée que la France ou le Canada", explique la chaîne anglaise, savants calculs à l'appui.
DES DIRIGEANTS PAS À LA HAUTEUR
En Espagne aussi, on regrette l'attitude d'Angela Merkel, qui a demandé des efforts supplémentaires à Madrid. Alors que, rappelle El Pais, l'Espagne n'est plus à la pointe de la crise et ne craint plus la contagion. Même Nicolas Sarlozy l'a dit, insiste le quotidien.
Une contagion que redoutent de plus en plus les pays membres de l'UE qui ne font pas partie de la zone euro. Pologne, Suède et Royaume-Uni ont fait part de leur inquiétude au cours du sommet, car l'Union européenne n'est pas l'union monétaire, insiste El Pais. "Le mécontentement ne fait qu'augmenter parmi les pays non membres de la zone euro", analyse le quotidien espagnol. Assiste-t-on à la naissance d'une Union européenne "à deux vitesses, où la zone euro prédomine et où les autres Etats ne peuvent que suivre le mouvement" ?
Le sommet européen de dimanche aura donc soulevé plus de problèmes qu'il n'en aura résolu. Pour le Wall Street Journal, les dirigeants européens n'ont pas été à la hauteur de l'enjeu. Pourtant, écrit-il, "les décisions qui vont être prises dans les prochaines semaines détermineront le destin de l'Europe pour des générations".