TOUT EST DIT

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jeudi 20 octobre 2011

Nourrisson

L’arrivée d’un nourrisson, c’est un moment banal, a commenté la future maman. Assurément: il naît chaque jour en France trois dizaines de milliers d’enfants - alors un de plus ou un de moins... Oui mais voilà, la maman s’appelle Carla Bruni-Sarkozy. C’est au palais de l’Elysée, devant les caméras, qu’elle a évoqué ce moment banal. Quant au futur papa, après être passé la voir à la clinique, il s’en est allé au pot de départ d’un collègue de travail - sauf que le collègue est patron de la Banque centrale européenne, et que les chips étaient servies à Francfort. C’est ainsi, nos réflexes égalitaires n’y changeront rien, un Président n’est pas un homme normal, et le nourrisson d’un Président ne peut être banal. D’ailleurs, voyez son futur adversaire, qui a quitté la mère de ses quatre enfants pour une plus jeune - qui prétendrait que l’histoire du couple Hollande-Royal est banale ?

Danse politique sur une poudrière

On ne nous dit pas tout ! Ni la droite qui nous embrume l'esprit avec des mesurettes sans rapport avec la gravité de la situation. Ni la gauche qui prétend financer une partie de ses promesses avec les fruits fiscaux d'une utopique croissance à 2,5 %.

De quoi parle-t-on sur les bancs du Parlement ? D'une taxe sur les sodas, d'un prélèvement sur le transfert des joueurs de foot, d'une légère surimposition des très hauts revenus... Ensemble, ils rapporteraient quelques centaines de millions. La belle affaire ! Le plan Fillon, malgré ses douze milliards de recettes en plus et de dépenses en moins, n'est déjà pas à la hauteur.

Regardons la réalité en face : en 2012, à côté des dépenses utiles, la France doit trouver plus de 200 milliards. La moitié pour combler les déficits du budget et de la Sécu, l'autre moitié pour payer l'annuité de sa dette.

Deux cents milliards - un milliard par jour ouvré ! - à condition que la croissance ne plonge pas. Que les taux d'intérêts n'augmentent pas sous la menace des agences de notation. Et que les déficits n'explosent pas pour cause de soutien aux banques et de solidarité européenne.

La conséquence est que le budget en débat à l'Assemblée risque d'être caduque avant d'être voté. Et qu'il faudra des décisions drastiques, dès dimanche à Bruxelles, pour sauver l'euro et l'Europe. Et dans les mois qui viennent pour éviter à la France de se faire taper sur les doigts par les agences de notation et de se laisser aspirer par une spirale récessionniste, en pleine présidentielle.

Les candidats dansent sur cette poudrière. La moindre promesse non financée de l'opposition ou l'affirmation par la majorité que les impôts n'augmenteront pas sont autant d'allumettes jetées sur les marchés financiers. Qui se fichent pas mal que la rigueur ou le laxisme soient de droite ou de gauche.

Et la moindre annonce qu'il faudra se serrer très fort la ceinture ferait courir à celui qui la prononcerait le risque d'une indignation sociale généralisée et d'une défaite politique.

Le résultat du 6 mai 2012, quoi que laissent penser les sondages qui placent François Hollande en apesanteur, n'est pas encore écrit. Une accélération de la crise, à deux mois de l'échéance - le scénario cynique qui prévaut à droite - pourrait profiter à Nicolas Sarkozy. N'a-t-il pas fait de sa réactivité de pompier international son meilleur atout électoral ?

À l'inverse, un plan de rigueur frappant davantage les classes moyennes que les riches, ou obligeant la droite à renier sa politique fiscale, donnerait raison à François Hollande, voire à François Bayrou. À défaut d'offrir la lune, ils pourraient toujours promettre plus de justice et plus de morale.

Pour l'instant, le pouvoir fait encore le pari de la méthode douce. Elle consiste à assainir lentement les comptes pour préserver le peu de croissance qui reste. Mais le spectre de la tour infernale interdit d'exclure une stratégie plus violente.

La manière dont la France, l'Allemagne et l'Europe s'extirperont de la dette déterminera largement la forme de la campagne et l'ambition des programmes. L'adaptation des projets vaut autant pour François Hollande, qui devra être très imaginatif pour réenchanter le rêve français, que pour Nicolas Sarkozy, de plus en plus le dos au mur.

Le mythe d’un marché du travail européen

Malgré la crise de la zone euro, les statisticiens n'ont pas encore observé un exode significatif de migrants grecs, espagnols ou portugais fuyant le chômage et les bas salaires vers les régions les plus prospères de la zone euro. Le rêve d'un marché du travail européen n'est donc toujours pas atteint. 

Quelque 340 Portugais, 518 Espagnols et 630 Italiens. Ce sont les chiffres qui correspondent aux flux nets de migrants originaires du Sud de l’Europe qui sont venus aux Pays-Bas depuis le début de 2011, en cette deuxième annus horribilis consécutive au sein de la zone euro. Ces chiffres n’ont rien d’astronomique sachant qu’à l’heure actuelle, 1 Portugais sur 8 et 1 Espagnol sur 5 n’ont pas de travail. Il n’y a pas de chiffres récents concernant la Grèce (où le chômage est de 1 sur 6), mais la migration en provenance de ce pays reste limitée.
Bien que l’Union européenne souhaite former un marché unique, elle se compose encore de 27 marchés du travail différents, constate Jules Theeuwes, directeur du bureau néerlandais d’études économiques SEO. "Nous avons supprimé les frontières, et les marchandises et les capitaux peuvent circuler librement, mais la migration du travail a toujours été moins importante qu’on aurait pu s’y attendre. Quand on compare, dans ce domaine, le marché du travail européen par rapport au marché américain, l’Europe n’est pas un marché dynamique."

"Une économie plus équilibrée"

L’idée d’un marché du travail flexible, au sein duquel aurait lieu une importante migration interne, a toujours été un des piliers à la base du concept de marché commun européen. "C’était un des solides arguments en faveur de l’Acte unique européen et de tout le processus d’intégration économique", fait remarquer l’économiste Francesc Ortega du Queens College, à New York. "En un sens, la migration offre une certaine assurance contre les chocs macroéconomiques soudains."
La rigidité du marché du travail dans bon nombre de pays européens est une des principales considérations politiques qui ont incité la Suède, le Danemark et le Royaume-Uni à ne pas entrer dans la zone euro. Ces trois pays, qui ont un marché du travail extrêmement ouvert, craignaient que les pays où les marchés sont fermés aient moins de marge de manœuvre en cas d’évolutions économiques défavorables. Les pays pouvaient auparavant surmonter les difficultés en dévaluant leur monnaie, mais avec l’euro ce n’est plus possible.
"Lorsque nous avions encore notre propre monnaie, nous pouvions dévaluer la peseta quand l’économie allait mal, pour rendre nos exportations meilleur marché. Maintenant, quand les pays sont frappés par une crise, il n’y a plus que deux solutions : réduire les coûts, ou émigrer vers des lieux moins durement frappés", dit Juan José Dolado, professeur d’économie à l’Université Carlos III de Madrid.
Pour l’instant, les flux migratoires de l’Europe méridionale ne sont pas suffisants pour stimuler l’économie européenne. Si les chiffres augmentaient, ce serait possible, selon Juan José Dolado. "Cette migration va entraîner une pénurie de personnes hautement qualifiées dans les pays d’origine, par conséquent les salaires vont augmenter. Si des Espagnols vont aux Pays-Bas, par exemple, il y aura là-bas une offre abondante, qui provoquera une baisse des salaires. L’économie sera donc plus équilibrée. C’est une recette économique de base."

Une redistribution au détriment de certaines régions

"Qu’attend-on d’un marché du travail ?", s’interroge Jules Theeuwes. "Que les meilleures personnes arrivent aux meilleurs endroits, où elles sont les plus productives. Ce que l’on observe actuellement en Europe, c’est l’apparition prudente de pôles économiques comme celui de la Silicon Valley, comme aux Pays-Bas le pôle technologique autour d’Eindhoven ou encore le pôle agricole autour de Wageningen. On constate que les régions deviennent peu à peu plus importantes que les pays. S’il existait un plus grand marché du travail européen, des ingénieurs originaires d’Espagne et de Finlande travailleraient dans ces pôles. Cela arrive, mais pas à grande échelle."
Risque-t-on d’assister à une hémorragie des talents dans l’Europe méridionale ? Un pays comme l’Espagne recevrait nos retraités et les Pays-Bas la fine fleur de la nation espagnole. Jules Theeuwes ne s’en inquiète pas. "Le principe de base, c’est que le marché du travail européen en tire parti. Ce genre de redistribution provoque peut-être une fuite des cerveaux à l’intérieur de certaines régions d’Europe, mais elle est favorable à l’Europe dans son ensemble."

Le retour à la terre

Tandis que les grèves paralysent le pays et que les politiques débattent du sort de l’économie la plus touchée de la zone euro, les Grecs sont contraints de revenir en arrière pour joindre les deux bouts, comme à Naxos, dans les Cyclades. 

“Dans le coin, les gens reviennent dans les fermes qu’ils ont abandonnées il y a des années pour faire pousser des pommes de terre, des choux et des légumes afin de survivre à la crise,” déclare Petros Citouzouris en taillant ses vignes sur les hauteurs de Naxos, la plus grande île des Cyclades. Même les régions les plus isolées de Grèce sont emportées par la catastrophe financière.
Indiquant du doigt de nouvelles cultures en terrasse le long d’une ancienne léproserie délabrée à Sifones, Citouzouris ajoute que depuis le début de la crise, “des maçons et des mineurs sans emplois, ainsi que des retraités, ont commencé à revenir dans les fermes familiales dont ils avaient hérité il y a une génération, mais qu’ils n’avaient jamais exploitées”. Il estime que sur les vingt propriétés des environs, dix appartiennent aux nouveaux venus. “Ils n’arriveront pas à faire pousser assez pour vivre, mais ça va les aider à tenir,” commente-t-il.

Des habitants qui travaillent dur

Si les touristes ont déferlé cette année encore, les autres secteurs de l’économie sont en berne. Tout Naxos est touché, et il y règne une atmosphère d’angoisse à peine voilée, de désespoir manifeste. Partout, on redoute que, aussi dure que soit la situation aujourd’hui, elle ne soit pire demain. L’île n’a rien perdu de son extraordinaire beauté, couverte de vestiges antiques et de tours vénitiennes, ses villages aux murs blancs et aux terrasses arrosées agrippés aux flancs de montagnes qui dominent des vallées verdoyantes et encaissées. Les oliviers et les vignes prospèrent sur ce sol fertile qui attire les cultivateurs depuis cinq mille ans.
Contrairement aux mythes qui ont cours en Europe du Nord et qui veulent que les Grecs se vautrent sans vergogne dans le confort aux dépens des banques étrangères et des prêts de l’UE, le plus frappant, chez les 18 500 habitants de Naxos, c’est de voir à quel point ils travaillent dur. Beaucoup ont toujours eu plus d’un emploi, aucun n’étant vraiment bien payé.
Les ouvriers du bâtiment sont généralement aussi des agriculteurs, ils possèdent des moutons, des chèvres, des oliviers et de la vigne. Cet argent supplémentaire leur permet souvent de financer les études de leurs enfants à l’université.

La fin des espoirs de la classe moyenne

Des espoirs qui, aujourd’hui, s’évaporent. Naxos regorge de jeunes chômeurs hautement qualifiés, qui ne parviennent pas à trouver de travail, quel qu’il soit. “Les jeunes mendient pour travailler, dit Manoulis Koutelieris, un maçon qui emploie dix personnes. Hier soir, il y en a un qui m’a appelé pour avoir du travail, et il pleurait.” Officiellement, le taux de chômage dans l’île serait de 20 % ; Koutelieris, lui, situe plutôt ce chiffre aux alentours des 35 %. L’impact de la crise est progressif, mais inexorable. Avec le départ des touristes, plus personne ne dépense, les boutiques et les restaurants sont vides.
C’en est peut-être fini des espoirs de la classe moyenne embryonnaire, mais d’autres sont dans une misère encore plus noire. Les réductions des dépenses publiques ont frappé ceux qui, jusqu’alors, joignaient à peine les deux bouts. Dans une maison exiguë de la ville de Naxos, Irène Polykretis nous explique que son mari, un pêcheur du nom de Panagiotis, et elle ont toujours été pauvres. “Quand j’étais enfant, on ne pouvait pas se payer de l’aspirine,” raconte-t-elle. Grâce à sa dot, un petit bateau de pêche, Panagiotis gagnait juste assez pour la famille, parce qu’il avait également un emploi de balayeur sur le port.
Mais les ennuis se sont succédés. Le bateau a été endommagé par le sillage d’un hors-bord, et Panagiotis ne peut s’offrir le luxe de le faire réparer. Au cours du même incident, son fils a été blessé, et il ne peut pas travailler. Puis le gouvernement a décrété qu’il avait versé trop d’allocations familiales à Irène, et il a interrompu tout paiement jusqu’à la fin de l’année. Panagiotis est amer. “Personne ne s’est proposé de nous aider, lâche-t-il. Pour eux, nous ne sommes que des déchets.”
Peu d’habitants de l’île ont vu leurs existences bouleversées, mais les mauvaises nouvelles continuent d’affluer. Les salaires des fonctionnaires et des retraités sont en baisse. La plupart des gens du cru sont propriétaires, et c’est avec appréhension qu’ils attendent de voir combien ils vont devoir payer dans le cadre de la nouvelle taxe sur le logement. “Là, le gouvernement a vraiment trouvé le filon,” grince un propriétaire morose.La nouvelle taxe devrait être perçue par le biais des factures d’électricité, avec la menace tacite d’une coupure des prestations en cas de non-paiement.

"Les banques ont aidé les Grecs à devenir fous"

A qui la faute ? Dmitris Lianos, adjoint au maire de Naxos, accuse les banques d’avoir accordé des prêts bon marché à n’importe qui : “Les banques ont aidé les Grecs à devenir fous. Elles proposaient des prêts pour Noël, pour les voyages de noces. Nous vivions dans un monde de fantasmes, un monde factice.” Pour l’heure, les banques ne réclament pas d’être remboursées, mais les gens s’inquiètent de ce qui se passera quand elles le feront.
Partout à Naxos, on a le sentiment que l’argent circule de moins en moins. Le bâtiment est le seul secteur qui s’est écroulé, mais tout le reste semble fragile. Pour l’essentiel, les affaires se concluent à coups de reconnaissances de dettes douteuses, qui ne sont pas encaissées et ne pourraient pas être honorées de toute façon. “J’ai 30 000 euros de chèques en bois. Qu’est-ce que je peux faire ?” s’interroge Manoulis Koutelieris.
Tous se plaignent d’une bureaucratie byzantine. Autour d’un verre d’ouzo, Yannis Karpontinis, propriétaire d’une carrière de marbre, raconte, dépité, comment, pendant plus de deux ans, il n’a pu ouvrir une carrière qui appartenait à sa famille. Comme ils l’avaient louée pendant un temps, il lui avait fallu obtenir toute une série de nouveaux permis. Face à la crise, il s’efforce, avec un certain succès, de parvenir à l’autosuffisance. Il fait son propre pain, son huile d’olive, son vin, et même du savon. Karpontinis pense que la Grèce est condamnée à un effondrement économique et social inévitable. “Pour le moment, la classe moyenne va payer plus de taxes, parce qu’elle a peur d’une faillite de l’état et de voir disparaître ce qu’elle a sur ses comptes en banques, analyse M. Diskalakis. Mais dès que les gens auront le sentiment qu’il est impossible d’échapper à la faillite, ils arrêteront de payer, et le gouvernement va le sentir passer.”

Vu d'Athènes

Bras de fer entre syndicats et gouvernement sur l’austérité

Alors que les Vingt-sept se préparent à discuter le 23 octobre d’une éventuelle réduction de la dette grecque, depuis hier soir minuit et pour 48h, “la Grèce est paralysée” titrait Ta Nea ce 19 octobre. Au matin, la grève générale décrétée par les syndicats –  la cinquième depuis le début de l’année –  était en effet très suivie, note le quotidien athénien : "les bateaux et les train sont à quai, les écoles, les administrations, les banques et même les commerces privés sont fermés. La liste est longue : cette fois les Grecs sont bien décidés à continuer le mouvement quoiqu’il arrive aujourd’hui. Ils manifestent contre l’austérité, contre les taxes et contre l’atteinte à leurs acquis sociaux." Pour le gouvernement, c’est "l’heure de vérité", observe pour sa part To Vima, pour qui "nombre de manifestants veulent détrôner les socialistes au pouvoir", accusés d’étrangler le pays pour satisfaire ses créanciers internationaux.  "Les Grecs organisent des grèves tous les jours et le pays ne peut pas fonctionner", ajoute-t-il : "tous les ministères sont occupés par leurs personnel, les gens ne peuvent plus payer leur factures et ils refusent les nouvelles taxes ; quant à ceux qui ne peuvent pas faire grève, ils ralentissent leur activité”. Et pendant ce temps, "des montagnes d’ordures continuent d’envahir la capitale”, ironise To Ethnos, car "personne ne veut les ramasser et les émanations toxiques menacent notamment les enfants."

La faillite de la Grèce sera salvatrice pour la crise

OU L'ANALYSE D'UN CRÉTIN QUI MÉPRISE LES PEUPLES. 

Grèce : 70.000 personnes contre l'austérité à Athènes