TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 13 octobre 2011

Primaire PS : Aubry reproche à Hollande d'employer "des mots de droite"

Martine Aubry reste offensive au lendemain du débat qui l'a opposée à François Hollande. La maire de Lille a estimé une nouvelle fois jeudi 13 octobre sur RTL que son adversaire de la primaire socialiste manquait de clarté, l'accusant d'avoir employé "des mots de droite" lors de leur confrontation, la veille.

En réponse, François Hollande a marqué sa différence, sur Europe 1 : "Je ne veux pas être dans la dévalorisation, je n'ai pas besoin, moi, de dénigrer, de dévaluer, de dénoncer. J'ai besoin simplement de convaincre autour d'un projet parce qu'après, j'aurai à rassembler", a dit le député de Corrèze.

>> Voir les temps forts du débat en vidéo
"JE NE SUIS PAS LA GAUCHE SECTAIRE"
Assurant qu'elle "gagnerait" dimanche prochain, lors du second tour car elle a "une ligne, une cohérence" et n'a "pas besoin" de changer son discours entre les deux tours, contrairement à son adversaire, la maire de Lille a lancé : "Je ne suis pas la gauche sectaire", en guise de réponse à l'attaque de M. Hollande à son encontre, la veille. "Je n'ai pas aimé qu'il reprenne les termes de la droite pour la CMU, pour les 35 heures", a-t-elle ajouté.
Alors que le journaliste de RTL, Jean-Michel Aphatie, lui a demandé si la phrase lancée par son concurrent la veille l'avait blessée, Mme Aubry a répondu : "Cela ne m'a pas blessé mais c'est des mots de la droite et ca me gêne toujours quand un homme de gauche utilise les mots de la droite."
HOLLANDE NE VEUT "PAS TOMBER DANS CES CARICATURES"
"J'ai trouvé qu'il y avait des points de flou" chez M. Hollande, a assuré la finaliste de la primaire, citant tour à tour les sujets sur lesquels elle juge que le député de Corrèze "a changé d'avis", selon elle : l'éducation, le cumul des mandats ou les licenciements boursiers... "À l'évidence, la gauche que je propose n'est pas la sienne", a ajouté Mme Aubry, qui n'a pas voulu reconnaitre qu'elle visait François Hollande lorsqu'elle parle de "gauche molle".
Sur ces points précis, M. Hollande a répondu sur Europe 1 : "Je ne veux pas tomber dans ces caricatures, il n'y a pas ici des durs et des mous, les flous et les clairs". "La gauche n'a à être ni sectaire, ni fragile. Elle a à être elle-même : capable de lutter contre les inégalités et de redresser le pays", a-t-il énoncé. "Je n'ai pas cherché à blesser qui que ce soit" mais "je ne peux pas accepter l'idée qu'il y aurait une gauche molle", a commenté François Hollande, assurant : "Je ne fais jamais rien qui puisse heurter et diviser dans mon camp."
CLINS D'OEIL AUX ÉLECTEURS DE MONTEBOURG ET ROYAL
Avant le second tour, Martine Aubry et François Hollande ont aussi tenté de séduire les électeurs d'Arnaud Montebourg, qui n'a toujours pas pris position pour l'un des deux finalistes, et ceux de Ségolène Royal, qui a annoncé son soutien à François Hollande mercredi.
La maire de Lille a indiqué au sujet du député de Saône-et-Loire : "Je ne sais pas du tout" qui il va soutenir. "Je l'ai eu au téléphone et j'ai répondu à sa lettre". "Ségolène Royal sait mieux que quinconque que je n'ai pas triché" lors du congrès de Reims, en 2008, a aussi lancé Mme Aubry. Cette dernière a tout de même reconnu que le ralliement de Mme Royal pour M. Hollande l'a "déçu" car elle pense être "plus proche" de l'ancienne candidate à la présidentielle et de ses électeurs, que ne l'est M. Hollande, citant "des sujets" qu'elles ont "en commun", notamment les licenciements boursiers ou l'indépendance de la justice.
De son côté, celui qui est arrivé en tête au premier tour de la primaire socialiste a déclaré en direction des électeurs de M. Montebourg : "J'entends les messages, je suis sensible à cette inquiétude qui n'est pas nouvelle dans le pays sur la mondialisation et ses excès, et l'absence de protection (...) Mais je ne suis là que pour convaincre les Français sur une ligne cohérente."
Au sujet du ralliement de Mme Royal, il a redit qu'il trouvait ce geste "élégant" sur le plan personnel et "fort" sur le plan politique. Et pour conclure, François Hollande a assuré que s'il l'emportait dimanche en finale de la primaire face à Martine Aubry, celle-ci ferait la campagne "comme première secrétaire du PS".


Martine Aubry, maire de Lille, candidate à la... par rtl-fr



Hollande : "moi, j’évite la caricature" par Europe1fr

LA TRUIE AUBRY VOIT QUE BIENTÔT ELLE VA FINIR EN TERRINE, RILLETTES ET PATÉS DIVERS.

Socialisme primitif

Nous avons eu des primaires socialistes, mais pas de socialistes primaires. Ils restent primitifs.
Oui, je sais : depuis que le grand humaniste que fut Jacques Chirac l’a décrété, on ne doit plus parler « d’art primitif », mais « d’art primaire ». Primaire, cela veut dire qu’il y a eu innovation : l’art s’est développé à partir de premières expressions qui contenaient tous les éléments de sa croissance future. Primitif, cela implique une forme désuète dont on ne doit garder qu’un vague souvenir et qui n’a sa place que dans les musées ou les grottes.
Alors, les socialistes français : primaires ou primitifs ?

La réponse ne fait guère de doute. Nos socialistes s’étaient alliés avec communistes et radicaux de gauche pour proposer dès 1973 un Programme Commun qu’ils ont soigneusement appliqué pendant les tout premiers mois du septennat Mitterrand. Entre 1973 et 1981, ils n’avaient pas eu le temps d’adapter ni leur discours ni leurs mesures au changement radical de politique qui s’effectuait alors, dans le sens du libéralisme. Thatcher (1979), puis Reagan (1980) avaient donné le ton. Les « chocs pétroliers » avaient enfin eu raison de quarante ans de dirigisme et de keynésianisme, une période appelée à tort celle des « trente glorieuses ».
C’est ce même décalage que l’on retrouve aujourd’hui. Nos socialistes cultivent la nostalgie des lendemains qui chantent – le chant des sirènes sans doute. Ils sont toujours viscéralement contre le capitalisme, contre le marché, contre les riches, contre les patrons. Ils sont toujours viscéralement pour l’étatisme, pour la réglementation, pour la redistribution, pour la lutte des classes. « Je suis marxiste » déclarait François Mitterrand à la veille de son élection en 1981. Les candidats présents à ces primaires lui font implicitement écho, même s’ils n’ont pas la franchise de dire « Nous sommes marxistes ».
Les commentateurs essaient de percevoir des nuances entre les candidats. Hollande, vainqueur annoncé de la consultation, ne serait-il pas plutôt social-démocrate, voire centriste ? Manuel Valls ne serait-il pas quelque peu libéral, puisqu’il est le seul à avoir fustigé l’archaïsme de son parti ? Montebourg ne serait-il pas le plus gauchiste de tous, et Martine Aubry la plus traditionnelle fille de la SFIO ? C’est, à mon sens, faire trop de crédit à ces braves gens, car tous ont apposé leur signature au bas du programme du PS.
Il y a bien sûr une large part de démagogie dans ces 30 propositions. Qui ne serait pas en faveur de « la réussite de chaque jeune » ou pour « l’épanouissement des tout petits », ou pour « remettre l’hôpital au cœur du système de santé ». De même, certaines propositions rejoignent hélas, les discours de certains à droite : émission d’emprunts européens, fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG et progressivité accrue, des droits de douane européens, une TVA verte et bien d’autres mesures qui définissent le « politiquement correct » français.
Mais il y a malgré tout le « socialistement correct » : attaque des sociétés, attaque de la finance, mépris pour la propriété (blocage des loyers, interdiction des licenciements « boursiers » (?), alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail (bonne idée !), et enfin une banque publique d’investissement (l’appellera-t-on Gosbank, comme en URSS ?).
On me fera remarquer, non sans quelque raison, que le socialistement correct a pénétré aussi les rangs de la majorité présidentielle. J’ai protesté contre cette droite « caméléon », qui mange à tous les râteliers, y compris ceux des gauches et droites les plus extrêmes. Je ne sais, finalement, ce qu’il y a de pire : une droite illisible, ou des socialistes trop lisibles pour être suivis.
Comme les choses seraient plus simples si les socialistes français, à l’instar de la plupart des socialistes du monde entier, acceptaient pour bases de l’économie la libre entreprise et le libre échange, et pour bases de la société le respect de la propriété et le jeu de la responsabilité !
Dès 1959, les socialistes allemands, avec la Charte de Bad Godesberg, avaient rompu avec le marxisme. C’est un chancelier socialiste, Gerhard Schroëder, qui a rendu au marché du travail sa fluidité, ce qui vaut à l’Allemagne un taux de chômage qui est la moitié de celui de la France. En Nouvelle Zélande et en Australie, ce sont les socialistes qui ont réformé les retraites en passant de la répartition à la capitalisation. Au Canada, ce sont les gauchistes du Parti Libéral qui ont privatisé et réduit de 75 % le nombre des fonctionnaires.
Nous avons eu des primaires socialistes, mais pas de socialistes primaires. Ils restent primitifs.

Râleur

Appelez-moi le Directeur !…. Ainsi devra commencer la diatribe de chacun des concurrents du Championnat de France des Râleurs, organisé ce week-end à Lyon. Après cette mise en gueule imposée, les candidats se livreront à un exercice libre de rouspétance, grogne et autre râlerie sur les voisins, la famille ou le boulot… Belle invention que ce Championnat. Il nous fait souvenir que le Français, en plus d’être un veau selon le Général, est un grognard congénital, justement capable de virer son Général quand il en a marre. Et il nous fait douter fortement des résultats d’une étude publiée hier : elle nous explique que le sentiment de bien-être des Français augmente avec les revenus, et diminue avec la maladie et le chômage. Jusque-là, on suit. Mais l’étude ajoute que, globalement, et contre toute tradition râleuse, les Français seraient plutôt contents de leur sort… Appelez-moi le Président !

Malgré la division

Personne ne pouvait croire sérieusement, dans un contexte de chômage massif, que la journée de contestation et de manifestations de ce 11 octobre allait déboucher sur un rebond de mobilisation important. Le service syndical minimal était affiché en gare, où la CGT a dû renoncer ces derniers mois à ses leviers de mobilisation mécanique, comme dans le privé, où les organisations représentatives ne parviennent pas à s'implanter significativement.

Les syndicats n'ont pas fini de payer la note de leur long combat perdu contre la réforme des retraites en 2010. Autant que le prix de leur incapacité à peser durablement sur les décisions du gouvernement et à emmagasiner des résultats tangibles dans les entreprises.

Privés d'une cible de contestation aussi emblématique que les retraites, les syndicats ont renoué depuis la rentrée avec les vieux démons, sinon de la division, du moins d'une unité limitée et de façade. Le ciment anti-austérité, qui agglomère dans l'action CGT, CFDT, FSU, Solidaires et Unsa, est aussi fragile que leurs convictions et leurs intérêts sont divergents. Il n'est que défensif. Enfin, la période d'une élection politique majeure est traditionnellement propice à l'arrêt des hostilités conflictuelles, ou plutôt au transfert des frustrations et des revendications sociales sur le terrain directement politique.

Mieux que le minimum syndical

Et pourtant, on doit reconnaître que les nombreuses manifestations de terrain d'hier ont assuré sensiblement mieux que le minimum syndical, pour plusieurs raisons. La raison d'opportunité, illustrée par les perturbations de la fonction publique et surtout du transport, est celle des élections professionnelles (elles s'achèvent le 20 octobre) qui concernent actuellement pas moins de 3,5 millions de fonctionnaires. L'enjeu s'annonce déterminant pour les grandes confédérations - CGT, CFDT -, qui jouent leur leadership. Mais aussi pour les petits syndicats (CFTC, CFE-CGC...) qui jouent leur peau dans le cadre des nouvelles règles de représentativité. D'où une surenchère classique de combativité.

Plus globalement, le relatif succès local de cette journée d'action symbolique s'appuie à la fois sur la braise de conflits de proximité enracinés dans l'industrie (Marseille, Gandrange, Vénissieux) et, surtout, sur un climat de refus grandissant de la politique de rigueur. Le gouvernement devrait légitimement s'en inquiéter. Les sondages n'indiquent pas seulement un rejet un peu vague de l'austérité. Ils constatent que la contestation plonge ses racines dans la réalité vécue et les mesures concrètes annoncées.

À cet égard, le gouvernement s'est lourdement trompé en croyant qu'il pouvait taxer, une nouvelle fois, les complémentaires santé sans autre forme de procès ou de discussion. Il n'a pas mesuré que, dans le contexte d'un accès à la santé de plus en plus cher et inégalitaire, c'était le signal de trop d'une politique discriminatoire. Peut-être ne mesure-t-il pas mieux, aujourd'hui, les effets à moyen terme de la mise en panne délibérée de la démocratie sociale. Même la présidente du Medef, Laurence Parisot, s'en désole, c'est dire...

La “Main de Dieu” a encore frappé

Autant est curieux le deux poids deux mesures du pouvoir, plus encore l’est l’indifférence du citoyen face à ce genre d’actions qui ne sont rien qu’une autre forme de corruption. Les gouvernements et les banques centrales pervertissent le marché pour leur bénéfice propre.

En 1988, Ronald Reagan créa le Groupe de travail sur les marchés financiers, qui se matérialisa au travers du décret-loi 12.631, avec pour but d’« améliorer l’intégrité, l’efficacité, l’ordre et la concurrence des marchés financiers [des États-Unis], en même temps que de maintenir la confiance des investisseurs » [sic]. C’est-à-dire la manipulation éhontée du marché. Curieusement, si un particulier faisait la même chose, il irait en prison aux États-Unis, mais si e gouvernement le fait, il gagne des électeurs.

Initialement, Reagan créa la loi pour constituer un espèce de soviet ou groupe de travail financier qui veillerait sur le marché. Telle fut, au moins, l’excuse. Le temps nous a montré que le propos réel fut de manipuler le marché au profit du politique. Le « Groupe » vit que sa capacité pour changer les choses étaient beaucoup plus grande qu’on ne l’avait imaginé. Ils peuvent transformer des jours de baisses en hausses, ou faire en sorte que les grands investisseurs ou les Hedges Funds achètent comme des possédés quand le marche chute.
En réalité, personne ne sait ce que fait ce groupe. Ses actions sont aussi opaques que celles de la mafia. À tel point que, pendant de nombreuses années, les analystes croyaient qu’il s’agit d’un conseil politique supplémentaire qui se consacrait à passer facture pour ne rien faire. Malheureusement, il n’en est pas ainsi.
Le membre du Congrès Ron Paul a demandé à plusieurs reprises ce que faisait ce groupe et comment il travaillait. Bernanke a toujours esquivé les questions de Paul, et en beaucoup d’occasion n’a pas répondu du tout puisque rien ne l’oblige à répondre aux questions du Congrès. D’un autre côté, un ancien membre de la Fed, Robert Heller, affirma dans le Wall Street Journal avant la crise que le Réserve fédérale « au lieu d’inonder toute l’économie de liquidités, et par conséquent augmenter le risque d’inflation, pourrait être en train d’acheter des actifs à taux variable directement sur le marché des futures ». Maintenant, nous savons que la Fed fait l’un et l’autre.
Depuis la crise de 2008, l’intervention de ce groupe, connu comme la « Main de Dieu » et qui a créé des séquelles en Europe, a augmenté son activité même si c’est toujours nié. Beaucoup d’analystes qui avant ne croyaient pas au pouvoir réel de ce groupe, semblent admettre maintenant son intervention directe sur le marché.
[Le] mardi [4 octobre], il se passa quelque chose de curieux avec l’indice Standard & Poor’s (S&P). à la première heure, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, vint déclarer que si l’économie stagnait, la Fed prendrait les choses en main et créerait plus de stimulus. La bourse ne réagit pas à la nouvelle et continua à baisser pendant toute la journée jusqu’au trente dernières minutes. Alors, d’un coup, et sans aucune raison, elle commença à monter. Le S&P passa d’une perte à un gain de 2%. Encore une fois était intervenu la « Main de Dieu ». L’inexplicable remontée soudaine fit que les courts (ceux qui misaient à la baisse), commencèrent à racheter pour limiter les pertes, ce qui augmenta encore plus la montée presque verticale du S&P et du Dow Jones.
Autant est curieux le deux poids deux mesures du pouvoir, plus encore l’est l’indifférence du citoyen face à ce genre d’actions qui ne sont rien qu’une autre forme de corruption. Sans besoin de rechercher le gain direct, les gouvernements et les banques centrales pervertissent le marché pour leur bénéfice propre pour gagner électeurs et pouvoir sur la société. Quel sens cela a-t-il que le gouvernement fasse des lois de transparence financière, mille régulations et après être le seul à les enfreindre ?
Probablement le mythe du bon gouvernement persiste-t-il chez le citoyen imprudent dans sa croyance que toutes le atrocités des bureaucrates sont positives quand elles sont travesties de gloire et de bonté, comme le fit Reagan en affirmant que la régulation « améliore l’intégrité, l’efficacité et l’ordre… du marché ». Le résultat de tant de « bonté » est l’augmentation de la volatilité, de l’incertitude, des pertes et une économie planifiée qui ne vit que pour financer les vices et les ambitions des banquiers centraux et des politiciens. Avec ces stratégies, le gouvernement peut tromper les gens, mais il ne les sortira pas de la crise.
Article original

La voie argentine pour la Grèce ?

Recapitaliser les banques pour sauver l'euro


Le pari européen de gérer la crise des risques souverains en gagnant du temps pour permettre à la Grèce de retrouver l'accès au marché tout en préservant les banques et les institutions de la zone euro est perdu. Le second plan d'aides arrêté par le Conseil européen du 21 juillet dernier est caduc avant même d'entrer en application. La Grèce (dette de 160 % du PIB, déficits public et courant de l'ordre de 9 % du PIB, récession de 5 % et taux de chômage de 16 %) est définitivement insolvable. Les pertes prévisibles pour les banques et pour les Etats (8 milliards à ce jour pour la France) alimentent le blocage de la liquidité du système financier et la crise des risques souverains. Des pays périphériques, la contagion a gagné l'Espagne et l'Italie (qui représentent 12 et 17 % du PIB de la zone euro et affichent 2 800 milliards d'euros de dettes pour un besoin annuel de financement de 320 milliards, à comparer aux 440 milliards du fonds de stabilité), puis le coeur de la zone euro. La France est ainsi menacée d'une dégradation prochaine de sa notation financière en raison de son incapacité à baisser ses dépenses publiques et relancer les privatisations, mais aussi du fait de ses engagements européens. A l'image du Japon, la zone euro se dirige donc vers une croissance nulle et un chômage structurel. Au lieu de créer de la confiance, l'Europe a renforcé l'incertitude et l'instabilité.

Les responsabilités de ce désastre sont avant tout politiques. La croissance mondiale est certes en phase de ralentissement. Mais c'est l'Europe qui a fabriqué son krach par son aveuglement face à ses problèmes structurels, son retard dans les décisions, son inconséquence dans leur exécution. Responsabilité de la Grèce, qui ne peut rembourser ses dettes et continue à tergiverser en matière de fiscalité et de privatisations - ce qui va entraîner la suspension de l'aide du FMI. Responsabilité des Etats qui ont différé les indispensables plans d'austérité jusqu'à les rendre incompatibles avec la croissance tout en retournant à des stratégies non coopératives dès la fin de la récession de 2009. Responsabilité de l'Allemagne, qui, forte de ses réformes et protégée des marchés par la puissance de son industrie, bloque, pour des raisons de politique intérieure, toute stratégie active de gestion de la crise. Responsabilité des instances communautaires - y compris la BCE, du fait de ses relèvements de taux et de la surévaluation de l'euro -, qui ont totalement failli tant dans la réponse à la montée des risques souverains que dans la coordination des politiques économiques requise par la survie de l'euro ou dans la régulation du secteur financier. A refuser tant le défaut grec que la mutualisation des dettes, l'Europe a fabriqué une crise systémique née de l'interaction entre le surendettement des Etats et la désintégration des bilans bancaires, qui menace les acquis de 60 ans d'intégration.

Il faut casser d'urgence la spirale du surendettement des Etats et de la faillite des banques en faisant la vérité sur les pertes. Les dettes de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande doivent être restructurées en leur appliquant la décote du marché, soit 50 %, en contrepartie de la stricte application des programmes d'ajustement. La non-réalisation des conditions, notamment la dérive persistante des comptes publics, sera sanctionnée par la sortie de la zone euro des Etats défaillants. Cette restructuration obligera les Etats qui ont souscrit aux programmes d'aides, mais surtout les banques, à constater leurs pertes. D'où un besoin de recapitalisation des institutions financières d'environ 200 milliards d'euros qui devra être couvert soit par des augmentations de capital, soit par une nouvelle intervention des Etats. Celle-ci devrait être réalisée sous la forme d'actions de préférence liées à des warrants afin de garantir la valeur de l'investissement public. Elle sera conditionnée à la séparation des activités de banque de détail et de banque de marché, à l'encadrement strict des rémunérations, à la régulation effective des marchés (credit default swaps, exchange traded funds) et des opérateurs (shadow banking). La recapitalisation des banques pourrait être coordonnée par un fonds d'investissement européen ouvert aux fonds souverains d'Asie et du Moyen-Orient. Elle devra être accompagnée d'une mise à zéro des taux d'intérêt, de l'accélération des achats de titres de dette publique par la BCE et d'une baisse agressive de l'euro dans le droit-fil de la politique conduite par la Banque nationale suisse.

Faire la vérité sur les pertes impose de faire aussi la vérité sur la fin des modèles de croissance à crédit et sur la réforme des institutions de la zone euro. Dans l'économie ouverte, nul - pas même les Etats-Unis - ne peut s'installer durablement dans la sous-production et la surconsommation. Les erreurs de l'Allemagne dans la gestion de la crise n'invalident nullement la justesse de sa stratégie de reconstruction d'une offre compétitive dans la mondialisation. Il n'y a pas d'alternative à l'austérité et aux réformes structurelles pour les Etats déficitaires, mais elles doivent avoir pour contrepartie des politiques de soutien de la consommation dans les Etats excédentaires. Il faut par ailleurs refonder la gouvernance de la zone euro. Tous les principes fixés pour la monnaie unique par les traités de Maastricht en 1992 et Amsterdam en 1997 ont été invalidés : critères et pacte de stabilité, impossibilité d'un défaut, absence de solidarité budgétaire, interdiction du financement monétaire des déficits publics. L'Europe paie très cher pour constater qu'il ne peut y avoir de monnaie unique avec des budgets, des fiscalités et des Etats providence qui demeurent nationaux. La survie de l'euro est donc indissociable de la solidarité financière et de la responsabilité budgétaire, qui impliquent un gouvernement économique et une refonte des statuts de la BCE. A cette condition pourraient naître des eurobonds qui ont vocation à être adossés à des institutions fortes, à moins d'aller vers de nouvelles crises avec des instruments fédéraux sans réassurance politique. La modernisation des modèles économiques et de la gouvernance de l'euro suppose ainsi une capacité de leadership et une conscience de l'intérêt supérieur de l'Europe qui font tragiquement défaut à ses dirigeants actuels. A moins d'un ressaisissement rapide, l'euro risque de rejoindre l'Union latine et le bloc-or dans le cimetière des unions monétaires mort-nées

PS : la tiédeur est éternelle

Vertige de l'inutilité des foules, et illusion d'avoir fait l'histoire. Le succès de la primaire aboutit à un score de congrès, l'exacte mesure d'une éternité socialiste, à laquelle même deux millions et demi de citoyens ne pouvaient rien changer. Quand les pionniers de Terra Nova entreprenaient de convaincre la forteresse de Solférino de s'ouvrir aux primaires, ils avaient en leur besace un argument rassurant : les sympathisants voteraient comme les militants, apportant simplement le réconfort aux invariants de la maison. Nous y sommes. Regardons-la bien, cette primaire, au-delà du charisme et des larmes, des petites phrases et des commentaires, et admirons sa perfection !

Le héros Montebourg ? De toute l'histoire socialiste, les courants organisés de gauche ont pesé entre 10 et 25 % des mandats. Marceau Pivert, Zyromski, Chevènement, Dray, Mélenchon, Emmanuelli, Hamon, Montebourg, c'est le même étiage au fil des ans. Valls ? De toute l'histoire socialiste, ceux qui demandent au parti d'assumer l'aggiornamento et la pratique du pouvoir ont perdu les batailles internes. Royal ? Depuis que la social-démocratie existe, la seule vérité est celle des barons locaux, des fédérations et des élus. Suivistes et puissants à la fois, lâches ou darwiniens, peu importe, ils sont la réalité du socialisme français. Royal 2006, celle de la primaire, avait capté les barons (Hollande, Rebsamen, Mauroy, Ayrault, Collomb, etc), sidérés par son populisme, mais captivés par ses sondages ; Royal 2011 a vu son score électoral rejoindre la désaffection de ce parti réel...

Hollande est un mitigeur, Aubry une douche écossaise

Hollande et Aubry enfin ? De toute éternité, un même corps central gouverne le PS, qui se fracture parfois pour le jeu dialectique ou par tempérament. Comme il faut bien nourrir les sincérités militantes, on se colorie en rose plus ou moins vif, et on choisit des sujets divergents. Le recrutement des enseignants, ou l'assignation à résidence des médecins, ou la retraite à 60 ans sont aujourd'hui les habillages d'un affrontement sans idéologie, comme jadis la guerre Fabius-Jospin. En réalité, Aubry et Hollande sont deux jumeaux du socialisme : ENA, Mitterrand (Élysée pour Hollande, ministère du Travail pour Aubry), delorisme, jospinisme. Ils sont le fruit de toute une histoire, pas déshonorante, mais réputée insuffisante à force de tiédeur, la social-démocratie n'a rien d'autre en magasin. Cette tiédeur aimable, pour l'emporter, doit passer des compromis avec les vertueux, louvoyer et godiller. Ensuite, chacun fait selon son tempérament. C'est la vie.

Hollande se pose en gouvernant, mais s'en ira titiller la démondialisation. Aubry, la joue à gauche, s'est lestée néanmoins de strauss-kahnisme, et s'est vantée de ses compréhensions patronales. Lors du dernier débat de la primaire, la dame qui pourfend le Medef rappelait qu'elle avait été numéro trois d'un grand groupe industriel (Péchiney) ; elle aurait pu aussi se rappeler que l'élite du patronat la soutenait dans les années 90, et qu'elle était, choix politique, la préfacière du livre de Tony Blair en 1997...

Mais elle aurait pu ajouter qu'elle avait poignardé son ancien employeur, Jean Gandois, devenu patron des patrons, en lui imposant les 35 heures... Aubry est ainsi, entière dans ses contradictions, prônant alternativement le réalisme et la révolution, avec la même puissance et la même sincérité. Très brûlante, puis très froide, pour fouetter nos sangs. Hollande, lui, abhorre ces violences, pèse au trébuchet ses avancées, et pratique l'art immémorial de la synthèse. Hollande est un mitigeur, quand Aubry pratique la douche écossaise. Mais à l'arrivée, c'est la même moyenne et la même eau. C'est presque rassurant.

En débat, Martine Aubry et François Hollande ont surjoué leurs différences

C'était tant attendu entre les deux finalistes de la primaire socialiste, au moment où la tension monte entre les deux camps, à l'approche du second tour. Mais au final, cette heure quarante-cinq d'émission, sur France 2 avec Le Monde et France Inter, a donné des échanges parfois techniques. Les oppositions de style, de posture politique, ont certes été plutôt plus vives que dans les débats précédents, mais elle n'ont pas vraiment fait bouger les lignes, Martine Aubry comme François Hollande restant dans le positionnement adopté depuis le début de la campagne.

>> voir les temps forts du débat en vidéo
>> revivre le débat décrypté en direct
Des confrontations parfois très techniques. Faute de vrais désaccords de fond, les candidats ont poursuivi leur confrontation autour de points parfois ardus, comme la "règle d'or", ou le nombre de postes d'enseignants qu'il serait nécessaire de créer : sur ce dernier point, Martine Aubry conteste son chiffrage : "60.000 fonctionnaires, c'est bien 2,5 mds d'euros ? Donc tu mets 2,5 milliards ?...". François Hollande répond en évoquant le coût du reboublement, chiffré récemment à 2,5 milliards lui aussi. S'en suit une bataille de chiffres qui brouille l'opposition sur le thème de l'éducation, pourtant assez important à gauche.
Même chose sur la réforme des retraites que propose le PS, où à force de chercher à s'opposer, les deux adversaires en sont venus à des points accessibles seulement aux spécialistes. Martine Aubry en est venue à citer une prise de position du député de l'Ardèche Pascal Terrasse, soutien de M. Hollande, qui aurait selon elle évoqué dans une "dépêche" un passage de l'âge légal de départ à 65 ans. "Tu as dû mal comprendre", a assuré M. Hollande, tandis que le député Terrasse apportait sur le réseau Twitter un "démenti formel". Même tonalité sur les licenciements "boursiers", mesure proposée par Ségolène Royal. A ce sujet, François Hollande, que l'ex- candidate soutient désormais,  juge que "le problème de la justice, c'est qu'elle est trop tardive". "Il faut une procédure en référé", dit-il, alors que Martine Aubry évoque "la possibilité pour les salariés de saisir le tribunal de commerce", voire de "mettre sous tutelle l'entreprise". Une divergence réelle, mais qui concerne les modalités d'application d'une volonté commune.
Autre affrontement feutré : le cumul des mandats, thème que Martine Aubry martèle depuis la rentrée, fustigeant le changement de position de son adversaire sur cette question. "Moi j'ai un principe incontestable (...) je respecte les décisions de mon parti", rétorque François Hollande, en référence à la décision de l'ex-première secrétaire de reporter, sous la pression des élus PS, l'application de la règle de non-cumul votée au sein du PS à l'après 2012. Reste une petite différence : Hollande n'appliquerait la loi qu'en 2014, Aubry en 2012.
- Des oppositions de postures. Sortis des débats exigeants sur les mesures, on a vu des piques visant les styles respectifs des candidats. Résolument offensive, Martine Aubry a de nouveau attaqué son adversaire : ne parlant plus de "gauche molle", elle a toutefois estimé que "face à une droite dure, face à une crise qui dure, il faut une gauche forte". Réponse de François Hollande: "On sort de cinq ans d'une présidence brutale, et on serait une candidature sectaire ? Non, je ne le suis pas."
A la fin du débat, les deux candidats ne s'affrontaient plus sur leurs idées mais sur leurs personnes. "On a confiance en moi parce que je suis claire. François Hollande a changé de position sur certains points. (...) Le flou est la pire des choses", a lancé Martine Aubry. "Chacun a son expérience et sa clarté, ça sera mesuré par les Français dimanche", a répondu François Hollande. Les deux candidats ont eu bien du mal à promettre que chacun d'eux respecterait le vainqueur du second tour et s'unirait derrière lui.
Dans cette opposition de postures, chacun a gardé le positionnement adopté depuis le début de la campagne. Tout en l'affinant. M. Hollande a rappelé qu'il avait été "constant" et "candidat à l'âge de 26 ans" et avait remporté circonscriptions qui ne lui étaient pas offertes, une allusion au fait que Mme Aubry a succédé, à Lille, à Pierre Mauroy, figure de la gauche. Il n'a pas non plus hésité à faire allusion au congrès de Reims de 2008, suite auquel Martine Aubry avait été accusée d'avoir triché pour l'emporter face à Mme Royal.
Martine Aubry a de nouveau taclé François Hollande sur son manque d'expérience. Elle a rappelé souvent son passé de "ministre" et cité plusieurs fois, comme contact international, Poul Nyrup Rasmussen, président du parti socialiste européen, au risque de perdre le spectateur. Quand on lui a demandé si elle ferait de M. Hollande son premier ministre, elle a lâché : "Il faut avoir un premier ministre plus jeune que soi."
Des signaux vers les électeurs de Montebourg, Royal et les écologistes. Les deux opposants ont aussi utilisé toutes les occasions possibles pour lancer des appels du pied à différentes catégories d'électeurs. François Hollande a ainsi évoqué les "licenciements boursiers" chers à Ségolène Royal, ou des "débats citoyens" qui rappellent la "démocratie participative" de Ségolène Royal. Cette dernière, qui a rallié Hollande, a été saluée par les deux débatteurs.
Mais la cible principale était Arnaud Montebourg, le "troisième homme" du premier tour. Sur ses positions de prédilection - protectionnisme européen et encadrement des banques -, Martine Aubry et François Hollande ont musclé leurs positions, évoquant pour l'une les "dégâts du libre échange" et sa proposition de "juste échange", tandis que l'autre se disait favorable à "l'économie ouverte, pas l'économie offerte" et parlait de "réciprocité" dans les échanges internationaux.
>> Lire Montebourg dément avoir annoncé son soutien à Hollande
>> Lire Martine Aubry a répondu à la lettre d'Arnaud Montebourg Tous deux ont également cherché à séduire des niches électorales, les écologistes pour François Hollande, qui a parlé de "'taxe carbone aux frontières de l'UE", et les femmes pour Martine Aubry, qui s'est adressée à elles à la fin de l'émision.
Dans leur conclusion, Aubry et Hollande se sont opposés mais encore dans la lignée de la campagne  : "Si on ne change pas profondément notre système, la France sera dans le déclin, c'est cela que j'appelle la gauche forte", lançait Martine Aubry. "Il faut rassembler, rassurer, réconcilier. Trop de promesses ont été faites, il faut des actes", a rétorqué son adversaire. L'un a promis le "progrès", l'autre la "victoire".

Pourquoi la Slovaquie s'est opposée au fonds de secours européen

C'est sans doute la première fois que la Slovaquie attire l'attention de la sorte. La décision des députés slovaques de rejeter, mardi 11 octobre dans la soirée, le renforcement du Fonds de secours financier de la zone euro (FESF), a placé l'une des plus petites économies de l'Union européenne sous le feu des projecteurs mais aussi des critiques.

Le dernier des 17 pays de la zone euro qui devaient approuver l'élargissement à 440 milliards d'euros de ce fonds de secours, décidé le 21 juillet, est en effet le seul à avoir dit "non", mettant un coup d'arrêt au moins temporaire aux efforts européens pour stopper la contagion de la crise de la dette.
HOSTILITÉ À L'EUROPE
S'il place dans l'embarras les dirigeants européens, ce vote — 55 voix pour, 9 contre et 60 abstentions — n'est en réalité pas une surprise. L'une des factions de la coalition quadripartite au pouvoir depuis juillet 2010, les libéraux du parti Liberté et Solidarité (SaS), était en effet dès le départ farouchement opposée à un renforcement du FESF.
Pour le chef de file du SaS, Richard Sulik, l'unique solution à la crise de la dette réside dans le respect par l'ensemble des Etats membres des règles d'équilibre budgétaire. La Slovaquie n'a pas à payer pour l'irresponsabilité de la Grèce, assène-t-il. Bratislava avait d'ailleurs déjà été la seule à avoir refusé de participer au premier prêt d'urgence accordé à la Grèce en 2010.
Ce discours rencontre un écho particulier dans une société de plus en plus hostile à l'Europe, alors que s'atténue l'enthousiasme de l'adhésion à l'Union européenne en 2004 et à la zone euro en 2009. Selon les sondages, 70 % des Slovaques sont opposés au renforcement du fonds de stabilisation, de même que de nombreux hommes politiques de tous bords.
DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES
Car la Slovaquie, durement touchée par la crise économique, est aujourd'hui l'une des économies les plus pauvres de la zone euro, bien plus fragile que la Grèce. Dans les années 2000, le pays post-communiste, surnommé le "Detroit de l'Europe" (en référence à la ville américaine), mise sur l'industrie automobile. Elle attire de grands constructeurs étrangers comme PSA Peugeot Citroën, Audi, Kia ou Volkswagen et se développe rapidement. Jusqu'en 2007, la croissance oscille autour de 10 %, tandis que le déficit budgétaire et le chômage sont au plus bas.
La crise économique change la donne. "L'industrie automobile était exportatrice à 80 %. Lorsque les marchés se sont rétractés, la Slovaquie a perdu beaucoup d'argent", dit Etienne Boisserie, chercheur à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) et spécialiste de la Slovaquie. Aujourd'hui, la croissance dépasse difficilement la barre des 1 %, le déficit a atteint 8 % du PIB et le pouvoir d'achat ne représente que les trois quarts de la moyenne européenne. Avec 780 euros, la moyenne des salaires slovaques se hisse juste au-dessus du salaire minimum grec, qui atteint 750 euros.
Le renforcement du FESF, un outil destiné à venir en aide aux pays en difficulté financière (dont la Grèce, lourdement endettée), s'apparente donc un réel effort pour les Slovaques. Si la contribution de la Slovaquie représente "seulement" 7,7 milliards d'euros en valeur absolue, soit 1,75 % des 440 milliards d'euros du fonds, cette part grimpe à 10 % rapportée au PIB.
"COUP POLITIQUE"
Ces derniers mois, la Slovaquie a tout fait pour repousser le vote du renforcement du fonds, espérant qu'un autre pays s'y oppose avant elle. Mais mardi, Bratislava, dernière sur la liste de ratification, était au pied du mur. Et si les députés ont au final rejeté le texte, c'est aussi en raison de divergences politiques.
"Ce vote négatif met en lumière les faiblesses et le manque de cohérence de la coalition de centre-droit actuellement au pouvoir, notamment sur les questions économiques", estime Etienne Boisserie. Sans les 22 députés libéraux du SaS, qui n'ont pas participé au vote, la coalition et ses 55 députés restants ne pouvait en effet pas songer à obtenir la majorité requise de 76 élus sur 154. Par contre, les 64 voix de l'opposition sociale-démocrate (Smer-SD), favorable au renforcement du fonds, auraient pu faire pencher la balance en faveur du plan européen. "Les sociaux-démocrates estiment, à l'image d'une partie de la coalition, que la solidarité doit primer au sein de l'Union européenne, et que l'on ne peut profiter de ses avantages sans pâtir de ses inconvénients", explique Grigorij Meseznikov, politologue à l'Institut des affaires publiques de Bratislava.
Mais lors de ce vote, les enjeux de politique intérieure slovaque ont pris le dessus sur les préoccupations européennes. La première ministre, Iveta Radicova, affaiblie depuis plusieurs mois, a assorti le vote du renforcement du fonds d'un vote de confiance du gouvernement. Et l'opposition a saisi l'occasion pour fragiliser le pouvoir en place. "Les sociaux-démocrates ont préféré s'abstenir plutôt que de soutenir le gouvernement, analyse Etienne Boisserie. Mais surtout, ils ont fait un coup politique en proposant un accord au gouvernement : ils voteront en faveur du plan européen à condition de dissoudre le Parlement et de convoquer des élections législatives anticipées."
"Le gouvernement d'Iveta Radicova n'a eu d'autre choix que d'accepter car il a perdu toute légitimité", assure Grigorij Meseznikov.
RATIFICATION ASSURÉE... DANS QUELQUES JOURS
L'accord a été scellé mercredi. L'opposition a obtenu des élections anticipées pour mars 2012 en contrepartie desquelles elle s'est engagée à voter en faveur du renforcement du Fonds de secours de la zone euro, conférant ainsi à la coalition une majorité confortable de 119 sièges. Le second vote aura lieu au Parlement d'ici "vendredi au plus tard", a indiqué le chef des sociaux-démocrates, Robert Fico, assurant que "le parlement va ratifier le FESF sans le moindre problème".
Malgré le rapide retournement de situation, l'image de la Slovaquie sur la scène européenne pourrait pâtir de ce jeu de poker menteur. Mercredi, les président de l'Union européenne et de la Commission européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, ont en effet rappelé à l'ordre Bratislava, l'incitant dépasser les considérations politiques à court terme et à utiliser la prochaine occasion pour adopter rapidement un nouvel accord".
"Pendant trois jours, Bratislava aura peut-être une image de vilain petit canard, confirme Etienne Boisserie. Mais elle sera vite effacée car une majorité de députés a conscience de l'urgence et du fait que si la Slovaquie n'adopte pas le plan, elle en paiera le prix pendant de nombreuses années."

Les deux candidats PS proposent un contrôle des banques

Les deux candidats à l'investiture socialiste en vue de la présidentielle de 2012 ont proposé mercredi le placement sous contrôle public des banques qui seraient recapitalisées par les deniers publics.

Ils répondaient ainsi indirectement lors d'un débat décisif sur France 2, quatre jours avant le second tour de la primaire, aux propositions d'Arnaud Montebourg, qui a obtenu 17,2% des voix au premier tour et a suspendu ses consignes de votes pour le second tour aux prises de positions des deux finalistes.
François Hollande a proposé trois mesures, l'instauration d'un droit de veto de l'Etat quel que soit le niveau de son entrée au capital d'une banque, la séparation des activités de dépôt et d'investissement, et une "mutualisation" des profits qui seraient réalisés par certains établissements.
"Il faut que les banques qui ont fait des bénéfices financent les banques qui font des pertes", a-t-il dit. "Si j'étais président, la première règle sera qu'une présence au capital signifiera droit de veto."
Martine Aubry a fait des propositions identiques, à l'exception de l'idée de "mutualisation" des profits bancaires, empruntée à Arnaud Montebourg, qu'elle n'a pas citée.
Le ton des deux candidats a été assez ferme vis-à-vis des banques. "Il faut arrêter de spéculer avec l'épargne des Français", a dit Martine Aubry.
Les deux candidats débats débattaient alors qu'un défaut partiel sur la dette de la Grèce est désormais envisagé, ce qui suppose ensuite un soutien aux banques, notamment françaises, qui perdront certaines de leurs créances.