TOUT EST DIT

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dimanche 9 octobre 2011

PRIMAIRE LEÇON

Barroso met en garde sur les conséquences d'un défaut grec

Un défaut de la Grèce aurait des conséquences imprévisibles, avec notamment le risque de voir la crise de la dette de la zone euro gagner d'autres pays, déclare le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, cité dans le quotidien allemand Bild.
Les discussions entre Athènes et les inspecteurs de la mission Fonds monétaire international (FMI)-Union européenne (UE)-Banque centrale européenne (BCE) se poursuivent en vue d'un versement d'une nouvelle tranche dans le cadre du plan d'aide international au pays.
La Grèce pourrait être à court d'argent dès le mois de novembre sans cette tranche de huit milliards d'euros.
"Si nous abandonnons la Grèce, il y a de plus fortes chances pour la crise se propage à d'autres pays", a dit José Manuel Barroso dans un entretien que publiera Bild lundi.

Le président de la Commission européenne a souligné que personne n'avait jamais fait l'expérience d'une faillite d'un Etat membre de la zone euro.
"Nous sommes entrés dans un territoire inconnu et nous sommes en train de discuter de solutions qui n'ont jamais été testées auparavant."
Didier Reynders, ministre des Finances belge, a également tenu des propos plutôt alarmistes en disant que la Grèce devait être aidée pour éviter un contagion financière à l'échelle de ce qui s'était passé lors de l'effondrement de Lehman Brothers à la toute fin de l'été 2008.
"Si nous ne résolvons pas le problème grec, s'il y a un danger de contagion à l'Espagne et à l'Italie, alors le pire des scénarios pourrait se matérialiser", dit-il dans une interview publiée samedi par le magazine grec Proto.
Nicolas Sarkozy s'est rendu ce dimanche à Berlin pour des pourparlers de crise avec Angela Merkel, avec pour priorité de surmonter leurs divergences sur les modalités d'une recapitalisation des banques européennes.

En annonçant fin septembre son déplacement à venir dans la capitale allemande, le président français avait indiqué qu'il discuterait avec la chancelière "des voies et des moyens pour accélérer l'intégration économique de la zone euro et mettre en place le plus rapidement possible" le nouveau plan d'aide à la Grèce approuvé le 21 juillet par les Européens.
RÉDUCTION DE LA DETTE GRECQUE SOUS-ESTIMÉE, DIT SCHÄUBLE
Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemand, a déclaré que l'Europe avait peut-être sous-estimé le montant de la dette grecque qui devait être réduit lors du sommet du 21 juillet.
Ce sommet, qui a établi le principe d'un deuxième plan d'aide à la Grèce et celui d'un élargissement des pouvoirs du FESF, prévoit que les créanciers privés consentent à une décote de 21% sur leurs titres de dette grecs.
"Il est possible que, en juillet, nous ayons retenu un niveau de réduction de dette trop bas", déclare Wolfgang Schäuble, cité par le journal Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung.
Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, a dit il y a quelques jours que les ministres des Finances de la zone euro passaient en revue l'ampleur de l'implication du secteur privé dans le deuxième plan de sauvetage de la Grèce.
"Il y a des risques importants pour que la crise s'aggrave et s'élargisse", souligne Wolfgang Schäuble.
La Grèce est à la croisée des chemins et devra mettre en oeuvre "des réformes structurelles beaucoup plus strictes" pour éviter le défaut, a estimé le chef de la mission du FMI en Grèce, Poul Thomsen, cité par le journal dominical allemand Welt am Sonntag.
"La Grèce est à la croisée des chemins", dit Thomsen. "Il est clair que le programme ne marchera pas si les autorités ne prennent pas une voie qui nécessite des réformes structurelles beaucoup plus dures que celles que nous avons vues jusqu'à présent". 
"La Grèce fait deux pas en avant, un en arrière", dit Thomsen. "Le gouvernement grec comprend qu'une grande partie des changements les plus difficiles sont à venir".
Au sujet des mesures d'austérité, Didier Reynders a toutefois averti qu'il ne fallait pas aller trop loin : "Nous ne voulons pas d'un remède qui tuera la Grèce".
Le Premier ministre socialiste grec George Papandreou pourrait proposer la formation d'un gouvernement d'union nationale à l'opposition afin de tenter de sortir son pays de la crise financière, rapporte un journal local samedi.
Le gouvernement a toutefois démenti les informations publiées par le quotidien financier Imerisia qui évoque la possibilité d'une démission de Papandreou afin de dégager un consensus politique et de rassembler une large majorité au parlement soutenant un gouvernement de coalition.
Harry Papachristou à Athènes, Sarah Marsh et Angelika Stricker à Berlin, Benoit Van Overstraeten pour le service français

Gisèle Bundchen censurée : quand les féministes deviennent le bras armé du puritanisme

Une campagne de publicité mettant en scène la top model brésilienne Gisèle Bundchen en lingerie a été interdite au Brésil. Le combat pour l'égalité des sexes doit-il perdre tout sens de l'humour ou de la mesure ? 

Suite à la campagne de publicité de la marque de lingerie Hope avec comme égérie l’enfant chérie du pays, Gisèle Bundchen, la censure a frappé au Brésil. Le Ministère des affaires féminines (appellation sexiste …) a interdit cette campagne publicitaire qui selon lui présente la femme comme un objet sexuel.
 De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’une succession de scènes comiques et relativement ordinaires de la vie de couple. La belle Gisèle annonce à son mari que sa mère va habiter avec eux, une autre fois qu’elle a dépensé en shopping de manière excessive. Jusque là pas de quoi fouetter un chat, ni même une féministe effarouchée. C’est l’effet comique choisi par la marque Hope qui a provoqué l’indignation. En effet, pour se faire pardonner Gisèle préconise de se mettre en sous-vêtements pour mieux faire passer la pilule à son mari. À ce moment, il s’en suit une série de séquences où la belle montre ses jambes interminables … 

Que dire de cette publicité et du mouvement de contestation qui l’a accompagnée ? Cette campagne publicitaire n’a rien d’exceptionnellement sulfureux. Il s’agit de la énième campagne où l’on voit un top model dénudée représentant une marque de vêtements. La seule différence est que cette fois-ci, au lieu de suggérer à l’acheteur que le fait d’être belle et en sous-vêtements pouvait donner un avantage sur les hommes, on l’a dit et mis en scène avec Gisèle Bundchen. Les féministes brésiliennes et certaines autres associations dans le monde se sont émues de cette campagne qui selon elles, constitue un recul des grandes avancées que les femmes ont acquises de haute lutte.

Pour elles, le fait de voir une femme se mettre en sous-vêtements et se rendre sexy pour se faire pardonner quelques aléas de la vie quotidienne, est tout simplement inacceptable. Au-delà des analyses un peu clichées que l’on peut faire de ces diverses prises de position, ce qui doit cristalliser la réflexion, est le rapport de force entre les hommes et les femmes dans la société. Or, ce rapport de force, même dans cette publicité, que l’on présente constamment et de manière idéologique au désavantage des femmes, n’est pas si évident…

Tout le monde le sait mais personne n’ose le dire : dans le rapport homme-femme, la séduction et l’attirance physique jouent souvent en faveur des femmes. Certaines d’ailleurs l’ont compris depuis longtemps et n’hésitent pas à en jouer... Toutes les femmes ne sont pas victimes de la domination sexuelle masculine. Toutes les femmes ne sont pas sous la dépendance financière de leur mari. Heureusement, il existe de nombreuses femmes libres et indépendantes et qui aiment être belles, féminines et sexys. Dans cette campagne publicitaire on pourrait aussi dire que c’est Gisèle Bundchen qui a le pouvoir sur son homme, perchée sur ces hauts talons. Une autre lecture de cette publicité pourrait consister à dire : « Regarde chéri, maman va venir habiter à la maison, j’ai cassé la voiture, et dépensé 10.000 euros, mais je suis belle, alors tais-toi… » !

Où est donc la vérité ? La réalité de la vie et des relations homme-femme est plus complexe.

Ce que je cherche à démontrer est simple : le rapport homme-femme est ambigu et délicat. Il relève dans bien des cas de la vie privée et il est difficile d’avoir des prises de position aussi tranchées que les féministes et le gouvernement brésilien.

Pour moi, le plus grave n’est pas de savoir si les hommes dominent les femmes ou si les femmes dominent les hommes. Le plus grave, c’est la moralisation constante de la vie privée par les pouvoirs publics et le mouvement associatif féministe. Nous assistons depuis plusieurs années, notamment en France, à un retour en force de la morale…de la morale que par pudeur certains appellent « morale laïque » mais qui correspond à la bonne vielle morale chrétienne et aux bons vieux principes des pères jésuites.

Quand un gouvernement au nom de principes moraux commence à interdire la liberté d’expression et à s’immiscer dans la vie privée des citoyens et des citoyennes, pour moi, il y a un danger pour la République. Les mouvements féministes de gauche ou altermondialistes rêvent d’une société lissée, asexuée, aseptisée, à l’image d’un bon vieux confessionnal. Le message est le suivant : les hommes ne doivent pas être trop virils et les femmes ne doivent pas être trop féminines. Vive la société asexuée et androgyne !? Et pour réaliser un tel miracle, elles appellent les pouvoirs publics à intervenir dans la vie privée et dans le goût des personnes.

Bien sûr il faut corriger les inégalités homme-femme, les inégalités salariales, la question de la parité en politique, les violences faites aux femmes…Personne ne peut nier ces évidences et tout le monde doit s’engager dans ces combats, les hommes comme les femmes.

En revanche, il faut s’indigner rapidement de cette moralisation, à pas feutrés, de notre société : obligation de nier les différences de genre, contrôle du contenu des programmes scolaires, contrôle de l’humour, contrôle des pratiques sexuelles (campagne Osez le Clito…), contrôle de la répartition des tâches domestiques au sein du couple, …

En cela, les débats de la primaire socialiste ont été relativement édifiants. La moralisation de la société à laquelle ils aspirent ressemble à une croisade qui n’ose déclarer son nom. Les associations féministes qui soutiennent ces mêmes candidats sont naturellement dans le même cheminement intellectuel désastreux.

Pour moi, le lissage des différences de genre, de culture et l’émergence du fantasme d’une « World Community » est stupide et dangereux, car il masque une idéologie puissante et moralisatrice qui a pour ambition d’encadrer la liberté individuelle. Le féminisme ne doit pas être un bras armé de cette idéologie moralisatrice de la société. Il doit rester une idéologie de proposition, d’action, de construction d’une société plus juste et plus équitable.

Alors je l’avoue sans complexe, je préfère voir une France remplie de mini-jupes qu’une France remplie de soutanes ! Vive Gisèle !

Quand Mitterrand refusait les Mac de Steve Jobs... et autres symboles d'une France qui peine à innover

La scène se passe quelque part au milieu des années 1980. A l’initiative de Jean-Jacques Servan Schreiber, Steve Jobs rencontre François Mitterrand. JJSS est persuadé qu’il faut à la France valoriser la filière informatique et construire des Macintosch. Le choix est à l’opposé, la stratégie industrielle nationale consacre Thomson. Mitterand ne croque pas la pomme, la fierté industrielle française croise la trajectoire de ce qui n’était encore qu’un petit rat de l’Opéra de l’innovation et dont les intuitions géniales sont aujourd’hui unanimement saluées.
Cette scènette n’a rien de symbolique et recouvre exactement ce qui allait être le début du décrochage de l’économie française, elle préfigure largement les insuccès des choix économiques aberrants qui s’enchaîneront avec une précision technocratique. Exemple emblématique, le Minitel, la lada du web, censément l’entrée en lice en grande pompe, et finalement gros sabots, de la France dans l’ère numérique, au total pas davantage qu’une amulette opposée à Apple, un flagrant déni d’innovation, et dont d’ailleurs le même Steve Jobs avait averti François Mitterand du caractère inopérant. Rétrospectivement, c’est depuis les années 1980 que les courbes de notre investissement dans la recherche et le développement commencent à piquer du nez, ce qu’aucun gouvernement n’aura réussi à conjurer, fallait-il encore que cette situation en émût certains. Au total, il n’existe plus aujourd’hui un seul constructeur informatique sur notre territoire.

L'innovation : grand absent du discours politique français

La rencontre, l’affiche Jobs-Mitterand serait un bon point de départ de film, n’était-ce le fait que toute allusion à des personnages ayant existé serait tragiquement réaliste, correspondant à des visions du monde difficilement conciliables qui au-delà des hommes qui pensent les déterminer, expriment largement des choix de société. Le charme de l’évocation contemplative du monde face à la volonté de sa transformation organique. L’homme de l’État, sa toilette de cour, son verbe élégant, le cocon d’une culture apprise à peine reformulée, face à la créativité tous azimuts, l’imagination dans tous ses modes, la reformulation permanente d’un monde à-venir
Nous aimerions que l’anecdote rapportée ci-dessus fût un fait divers, mais notre incapacité à construire une économie réellement innovante est une tendance de fond. En témoigne, les projets présentés par les candidats de tous bords. Pas un instant, nous ne les sentons travaillés par l’urgence de rejoindre le cours d’une économie nouvelle, sous l’ impulsion de laquelle notre économie aura engranger ces siècles derniers de formidables gains de productivité et créer une croissance soutenue, riches d’emplois et d’améliorations substantielles des conditions de vie. Or, non content de rouler à contre-sens de l’histoire, on accélère. Ainsi, dans le nuage de mots bien fumeux du dit-débat public, les références à l’innovation sont d’une pauvreté saisissante, en lieu et place de quoi sont évoqués et invoqués la démondialisation et ses avatars de relocalisation. 

Apple : quand la créativité crée des emplois

Or, Apple, première capitalisation boursière au monde, est la preuve s’il en fût qu’il est possible de créer des dizaines de milliers d’emplois pour peu que l’on forme le choix de la sur-créativité. En l’espèce, Apple aura complétement reformulé la convergence des supports et des services, aura frappé de son innovation chacune des étapes de sa production, depuis la conception, le design, jusqu’au service après vente d’une redoutable efficacité. Les consommateurs consentent à payer davantage des produits dont la qualité est irréprochable. (Pour mémoire, une étude récente d’OC&C montrent qu’en France les achats en ligne ne s’orientent pas nécessairement vers les produits les moins coûteux). Plus généralement, les Français acceptent de consentir les efforts dont ils savent et conçoivent l’utilité.
Bien entendu, Apple dont on loue aujourd’hui le succès exceptionnel, ne fait pas figure d’exception. Facebook, Google, Twitter qui n’existaient pas encore il y a quelques années, sont valorisés aujourd’hui à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Ce sont là des gisements remarquables de croissance et d’emplois. Dans le prolongement, rappelons ici qu’en France le seul poste économique qui affiche une croissance à deux chiffres est le e-commerce.

Seule issue à la crise : l'innovation

Le point est ici crucial. Tous les pays qui aujourd’hui démontre une formidable capacité de résilience à la crise sont précisément ceux qui ont fait le choix résolu de braquer leur économie vers l’innovation.
Ainsi, les pays Scandinaves figurent dans le top ten de tous les classements mondiaux de l’économie numérique. La Suède arbore une croissance à 3.5% et est attendue cette année à 4.5%, Stockholm a été la place boursière qui aura connu la plus forte croissance en 2010, le degré d’appropriation des technologies numériques par la population confère une profondeur de marché telle que le pays est en train de devenir une des places fortes mondiales pour le lancement des start-ups. En prime, la Suède ne connaît pas de déficit de la Sécurité Sociale.
De la même façon, ne nous y trompons pas, la santé de l’économie allemande ne tient pas à un climat fiscal particulièrement propice, mais à l’investissement massif dans ce qu’il est convenu d’appeler la compétitivité hors-prix au travers de la recherche d’une valeur ajoutée essentiellement technologique. Le principe en est simple, dans un contexte de concurrence fiscal et de dumping social particulièrement féroce, il s’agit de vendre de la qualité plutôt que du prix.
Il semble donc que la fracture Nord-Sud traverse aujourd’hui l’Europe.

Cette économie française vieillissante...

Cependant en France, une économie vieillissante, assise sur une base industrielle datée, est maintenue sous respiration artificielle du fait de visions politiques peu enclines à revoir leurs fondamentaux et où la subvention tient lieu d’acharnement thérapeutique. Attitude typique, la consécration du modèle de la grande entreprise souveraine et ses dépendances de petites entreprises, consiste à consolider le risque systémique, la déroute de l’une défaisant toutes les autres.
A l’inverse, l’exemple d’Apple devrait figurer dans les fournitures idéologiques de l’ensemble de ceux de nos responsables politiques qui trouvent dans la mondialisation l’ennemi commode autant qu’il témoigne du dénuement intellectuel face à un phénomène où peu font l’effort d’en deviner les formidables opportunités. Les solutions de repli identitaire ont trouvé leur exact symétrique, aujourd’hui connu sous le nom de démondialisation et sa formulation atténuée mais tout aussi menaçante, la relocalisation. La peur de l‘immigré laisse place à celle du Chinois, que l’on avait déjà crû reconnaitre dans les traits du plombier polonais. Le réflexe est ici tout à la désertion face à une transformation radicale du monde, où les révolutions technologiques se succèdent et se dépassent les unes les autres à une cadence jamais égalée.

Un repli national dangereux

Certes, le crédit impôt recherche, les investissements récents du grand emprunt, le e-G8,  témoignent d’une prise de conscience certaine,  mais l’absence total dans le débat des nouvelles technologies et plus généralement des sciences dont la crainte culmine dans le principe de précaution, devraient interpeller et tenir lieu pour une inculture intolérable. plus grave, la contre-lecture de l’extraordinaire mouvement où les économies, les cultures, les sociétés échangent est coupable. Le repli petitement national est dangereux et lorsqu’il consiste à apaiser la crainte des Français à l’endroit d’un mouvement dont ils ne sont les perdants que dans la mesure où nous n’en sommes pas. Alors le repli est violent.
Lorsque l’on prétend pouvoir asseoir des emplois sur la base de produits protégés, alors l’on ment aux Français. En effet, on soutient l’économie, mais comme la corde le pendu.

«La primaire révèle la faiblesse idéologique du PS»

Pour le directeur de la Fondapol, Dominique Reynié, le candidat qui sera désigné mènera, s'il est élu, «une politique de centre droit». 

Professeur des universités à Sciences Po, Dominique Reynié est directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), proche de l'UMP.
-Comment jugez-vous la situation actuelle du PS?
Dominique REYNIÉ. -Je vois quatre paradoxes: le Parti socialiste est devenu un parti d'élus dont les électeurs n'appartiennent plus aux classes populaires; ennemi historique de l'élection présidentielle, le PS est devenu, avec la primaire, le plus présidentialiste des partis; électoralement, le PS est dépendant des salariés de l'État, qui représentent pourtant, dans le monde du salariat, les catégories les moins exposées à la nouvelle économie; enfin, aujourd'hui, la gauche étant minoritaire en intentions de vote (40%), le PS ne peut gagner en 2012 sans un apport massif du centre droit.
La primaire ne montre-t-elle pas la vitalité du PS?
Elle forme une procédure d'arbitrage des ambitions personnelles dans des partis où l'autorité intellectuelle et politique a disparu. C'est une manière de trancher quand personne ne parvient à faire valoir un point de vue. Les commentaires ont exagéré leur valeur. La primaire traduit aussi bien la fragilité de nos organisations politiques que le désarroi intellectuel de leurs chefs. La primaire étant une procédure de sélection, il y aura nécessairement un candidat choisi, mais cela n'implique pas que ce candidat aura fait triompher son point de vue, ni même qu'il possédera un véritable point de vue. Le parti se ralliera au résultat de la procédure plus qu'aux idées du candidat. La primaire révèle la faiblesse idéologique du PS.
Le recours à la primaire est malgré tout une avancée démocratique.
Si vous me permettez un jeu de mots, les primaires marquent le ralliement du PS à la présidentialisation avec «âme et bagages». Leur mise en place va propager en profondeur dans le parti une culture politique de la personnalisation. Pour compter au sein de ce parti, il faudra en passer par là. Les primaires traduisent le renoncement du PS à son grand projet institutionnel, qui a toujours reposé sur l'idée d'un pouvoir collectif et non personnel.
Le PS serait-il coincé par son électorat naturel issu de la fonction publique?
Au cours des trois débats, pas une seule mesure de réduction de la dépense publique n'a été proposée ! Les candidats ne sont pas parvenus à s'émanciper de leur clientèle électorale historique que constituent les membres de la fonction publique. Au contraire, on a entendu des promesses de création de postes et de valorisation des rémunérations. Pourtant, les candidats savent bien que pour gagner en 2012, les socialistes devront montrer qu'ils sont déterminés à rétablir l'équilibre budgétaire, ce qui est impossible sans réduction de la dépense publique. Du coup, on a beaucoup entendu parler d'impôt…
La social-démocratie a-t-elle encore un avenir?
En Europe, nous vivons l'épuisement de l'État-providence pour des raisons démographiques, économiques et financières. Après l'effondrement du communisme, en 1989, on assiste depuis 2008 à la disparition de la social-démocratie. Aujourd'hui en Europe, lorsque la gauche accède au pouvoir, ce qui devient très rare, elle y parvient dans un contexte qui la prive des moyens d'appliquer son programme. Du coup, les partis de gauche qui veulent rester des partis de gouvernement organisent leur glissement vers le centre. Le PS n'y échappe pas. C'est à mon avis le projet de François Hollande, récemment conforté par le renoncement de Jean-Louis Borloo. En ce sens, il y a une «droitisation» du Parti socialiste. Hollande fait le pari que l'électorat centriste lui fournira l'apport nécessaire à la victoire. Compte tenu de la crise des finances publiques, le candidat du PS devra donc tenter de rassurer la fonction publique sans inquiéter les salariés du privé, car sans l'apport des électeurs centristes, il sera battu au second tour. Dimanche, les électeurs de gauche vont choisir un candidat qui, s'il est élu, mènera une politique de centre droit.

La France a beau célébrer Steve Jobs, elle continue de mépriser les entrepreneurs

Le Président du Parti libéral démocrate Aurélien Véron pointe l'incohérence de la France qui célèbre Steve Jobs et entretient dans le même temps "le culte du principe de précaution, de l’aversion au risque et du rejet de l’entreprise".

La disparition de Steve Jobs a donné lieu à une vague d’hommages sans précédent. Même la France n’a pu échapper à ce moment d’idolâtrie mondiale pour un patron. La veille pourtant, les six candidats à la primaire du PS n’avaient presque pas parlé de l’entreprise. Le sujet semble absent de leur campagne. La droite ne semble pas davantage concernée par le secteur privé et les entrepreneurs. Devant le mutisme de notre classe politique qui préfère consacrer ses discours à l’État et aux taxes nouvelles, cet emballement populaire pour une grande figure du capitalisme globalisé peut surprendre. Les Français seraient-ils moins anticapitalistes qu’on veut nous faire croire ?

Steve Jobs ne rentre pas dans nos schémas nationaux. C'est un élève médiocre au regard des standards de la méritocratie française. Il sèche ses cours de fac pour suivre des cours en auditeur libre, assister à des cours de calligraphie…et fonder une petite entreprise dans le garage de ses parents. Nous sommes loin du pantouflard issu sorti de l’ENA ou du jeune sorti de la très élitiste école ESCP ou HEC. En fait, Steve Jobs est un pur entrepreneur. Très vite, son génie en action contribue au déclenchement de la révolution informatique et Internet. Il fabrique le premier micro-ordinateur du marché en 1976 a prix de 666.66 $. Il lance le premier micro-ordinateur compact, le Macintosh, puis le premier mulot, etc. Il participe à tous les sauts technologiques jusqu’au smartphone en 2007, et la tablette en 2010.

La dimension marketing de ses créations est incontestable. Mais elle vient enrober des innovations sans lesquelles Google, Facebook et d’autres applications du net n’existeraient pas aujourd’hui. Steve Jobs illustre bien à quel point le capitalisme, loin de se limiter à des principes économiques abstraits, est un moteur de changement du monde. Depuis 50 ans, aucun homme politique n’aura eu autant d’influence sur notre quotidien et sur les mentalités qu’Apple. Au contraire, un certain nombre de gouvernements sont tombés grâce aux révolutions technologiques directement ou indirectement dues à Steve Jobs. Larry Page, Sergey Brin ou Mark Zuckerberg sont tous les enfants de Jobs. Les outils du net sont devenus de formidables moyens d’échanger, mais aussi dans le même temps des armes de résistance contre toutes les formes de censure, contre les menaces de gouvernements prédateurs.

Si les Français partagent un tel engouement pour ce grand patron qui a érigé son entreprise au rang des plus grosses capitalisations boursières au monde en 35 ans, pourquoi n’avons-nous pas de tels entrepreneurs dans notre pays ? Le génie est aussi présent en France qu’ailleurs. Nos ingénieurs sont remarquables, l’esprit d’entreprise n’est pas éteint. Peut-être devons-nous chercher ce retard dans notre modèle économique et social ? On peut citer pêle-mêle les multiples normes et réglementations, le poids des charges sociales, la menace que fait peser le code du travail sur des activités risquées et la paperasse comme obstacles à la création et au développement des entreprises. Mais la raison essentielle n’est sans doute pas là. Le contenu de notre enseignement, notre classe politique et une bonne part de nos médias entretiennent le culte du principe de précaution, de l’aversion au risque, du rejet de l’entreprise. Nous ne sommes d'ailleurs jamais loin de la chasse aux riches, qu'elle cible les rentiers ou les entrepreneurs.

Yannick Noah, ce tennisman richissime reconverti dans la chanson qui vit à l’étranger pour échapper au fisc, a pu rester classé personnalité favorite des Français pendant des années. Mais un entrepreneur qui crée des emplois et de la richesse est immédiatement condamné dans l’opinion s’il procède de même. Cet esprit de défiance explique la schizophrénie bien française. Entreprendre, c’est bien tant qu’on parle des petits patrons laborieux. Les entreprises offensives qui grandissent son facilement vues de travers. Le paroxysme est atteint avec les grandes entreprises suspectes de connivence avec un pouvoir politique qui n'inspire pas plus confiance. En fait, la valeur du succès est polluée par le doute qu’alimente l'omniprésence de l'Etat dans l'économie française. Comme ailleurs, nous respecterons davantage nos grands entrepreneurs le jour où l'Etat limité ne sera plus un acteur majeur du marché par ses monopoles, ses commandes et ses interventions administratives ou réglementaires. Ce jour-là, nous aurons nos Steve Jobs.

SALAUDS DE BOCHES ?

"L’Europe vue des Etats-Unis : ce nouveau Tiers Monde... ?"

C'est le livre dont tout le monde parle aux États-Unis. Grèce, Irlande, Islande... la crise européenne vue par Michael Lewis, la star du journalisme économique américain.

La crise européenne vue par un auteur américain à succès : c'est Boomerang, travels in the new third world (en français : "Boomerang : voyage dans le nouveau tiers monde"), un livre de 213 pages, signé Michael Lewis qui intéresse les médias américains. Il y parle aussi bien de l'Islande que de la Grèce, l'Irlande ou l'Allemagne et fait le récit de ses voyages dans les pays concernés, passant d'un monastère grec soupçonné de corruption à la compagnie des banquiers allemands qui étaient les derniers à acheter des produits toxiques auprès des traders de Wall Street avant que la crise de 2008 éclate.

Michael Lewis cherche les causes de la crise dans les caractères nationaux des pays concernés, entre des Grecs menteurs et peu enclins à payer des impôts, des Allemands naïfs sur les marchés car trop respectueux des règles ou des Irlandais et des Islandais qui n'étaient culturellement pas prêt à passer de sociétés rurales à des sociétés à la pointe des produits financiers. 

Le New York Times considère que Lewis -qui s'est fait connaître par ses livres sur les excès de l'univers de la finance- a le talent rare de rendre compréhensible et intéressant les problèmes les plus complexes, en s'appuyant sur sa connaissance des finances alliée à son talent d'écrivain voyageur. Les lecteurs du Vanity Fair seront toutefois moins admiratifs, puisqu'ils y retrouveront les articles que Lewis a écrit pour ce magazine. 
Il explique dans ce livre que si le monde s'inquiète tant à propos de la Grèce, c'est parce que si ce pays plonge avec ses 400 milliards de dettes, les banques européennes qui ont prêté l'argent plongeront aussi, et plusieurs pays seront au bord de la banqueroute. 
En Grèce, ce ne sont pas les banques qui ont coulé le pays, c'est le pays qui a coulé les banques, c'est ce qu'a retenu ABC News qui rappelle que lorsque George Papaconstantinou est arrivé au ministère des Finances, le déficit du budget grec n'atteignait pas 2,7% comme prévu mais 14%.
Lewis donne quelques statistiques édifiantes comme on en a déjà lues dans la presse européenne : par exemple que 600 professions ont réussi à se faire classer d'une manière ou d'une autre comme pénibles (du coiffeur au musicien en passant par le présentateur radio), ce qui leur permet de partir plus tôt à la retraite entre 50 et 55 ans. En Grèce, la masse des salaires de la fonction publique a doublé sur les 12 dernières années avec des salaires moyens dans le public désormais trois fois plus élevés que les salaires dans le privé. 
Il ne manque pas de souligner le rôle ambigu de la firme américaine Goldman Sachs, arrivée en Grèce en 2001, qui a utilisé des artifices en apparence légaux pour aider le gouvernement grec à cacher sa dette.
Concernant l'Islande, Lewis écrit que depuis que les trois plus grandes banques du pays et le système économique se sont effondrés en 2008, la dette du pays a explosé : elle aurait atteint 850% du produit national brut, ceci pour un pays qui a la taille de l'état du Kenctucky, alors qu'elle atteint 350% aux États-Unis. 
Lewis note que l'un des points communs de la crise irlandaise et de celle de Wall Street, c'est que les femmes n'y ont que très peu de responsabilités. Le monde de la pêche qui était une des richesses de l'Islande en Irlande et celui de Wall Street sont dominés par les hommes. Reste qu'aujourd'hui l'Islande a à sa tête la première femme Premier ministre de son histoire, Jóhanna Sigurðardóttir.
Concernant l'Irlande, Lewis considère que c'est la spéculation immobilière qui a provoqué la crise, avec des prix qui se sont envolés à 500 % pour une maison moyenne à Dublin, avant leur effondrement. Il remarque également que les Irlandais ont "un plus grand talent pour supporter la souffrance" que les Grecs et que si la Grèce avait imposé à sa population les mêmes efforts que ceux réalisés en Irlande, il y aurait eu des morts dans le pays méditerranéen. 
Enfin, le New York Times considère que la crise qui monte en Europe, décrite dans ce livre, menace le monde. Le journal oublie que la dette américaine contribue lourdement à la situation...

Morin : "voter Bayrou, c'est voter socialiste"

Le président du Nouveau centre (NC) Hervé Morin, qui pourrait être candidat à l'élection présidentielle, juge que voter pour le président du MoDem François Bayrou "c'est voter socialiste au second tour", dans un entretien au Parisien dimanche.
Pour Hervé Morin, l'"opposition radicale" de M. Bayrou, "son mépris envers Nicolas Sarkozy, même s'il tente depuis quelques mois de le gommer pour des raisons tactiques, le conduiront inévitablement vers François Hollande" (PS), favori des sondages pour la présidentielle.
"C'est celui qui se rapproche le plus d'une démarche social-démocrate", dit encore l'ex-ministre de la Défense à propos de François Bayrou. "Le MoDem aura tout intérêt à jouer cette carte pour reconstruire un groupe parlementaire, ce qu'il ne pourra pas faire avec l'UMP".
ENCORE UN TROUBLION QUI DIVISE LA DROITE.JE NE COMPPRENDS PAS CEUX QUI SE CROIENT UN DESTIN, ALORS QU'ILS N'EN N'ONT PAS.

Sauver ou lâcher la Grèce

Le sort de la Grèce est entre leurs mains. Angela Merkel reçoit Nicolas Sarkozy dimanche en fin d’après-midi à Berlin avant un dîner entre chefs d’État. Il n’est plus seulement question de soutenir un pays dans l’impasse financière. Les deux dirigeants vont avoir "une discussion très politique", souligne-t-on à l’Élysée, sur le scénario d’une faillite, sur l’avenir d’Athènes dans la zone euro et les risques de contagion. Le rendez-vous de Berlin n’est que le début d’un processus, souligne-t-on dans l’entourage du Président. "Il est encore trop tôt pour prendre des décisions". Le couple franco-allemand prépare le terrain du prochain sommet européen qui se tiendra à Bruxelles les 17 et 18 octobre.
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vont-ils sauver Athènes ou la lâcher? Le président de la République défend la première option. Il souhaite que l’Europe renforce les mécanismes de soutien aux États en difficulté. Pour la chancelière la voie est beaucoup plus étroite. Elle est invitée par les siens à sanctionner les Grecs et les banques créancières. "La difficulté est de son côté. Son parlement, son opinion poussent le gouvernement à envisager des choses dangereuses pour la stabilité de la zone euro. Elle ne le souhaite pas", explique-t-on à l’Élysée.

Deux solutions pour un même résultat

La France et l’Allemagne s’accordent sur un point : le plan d’aide décidé en grande pompe le 21 juillet n’a pas ramené la confiance sur les marchés. Surtout, la Grèce ne redresse pas ses comptes comme promis. L’Europe reste suspendue au prochain rapport de la troïka (Union européenne, BCE et FMI) qui révélera l’ampleur des dégâts. Samedi, Nicolas Sarkozy a reçu la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, pour évoquer ces sujets. Rien n’a filtré de leur réunion.
Les deux dirigeants veulent sortir du piège. S’ils organisent un défaut de paiement de la Grèce vis-à-vis du secteur bancaire, ils risquent de faire tomber certaines banques et de replonger la zone euro dans la récession. Mais s’ils coupent les vivres à Athènes, voire sortent le pays de la zone euro, ils risquent de faire fuir d’Europe les investisseurs. Pour le même résultat à l’arrivée… "Une solution est de créer un pare-feu, un acheteur public qui reprenne les titres grecs. Cela rassurerait les marchés", argumente-t-on à Paris. Reste à en convaincre Angela Merkel…

Recapitalisation des banques?

La France et l’Allemagne vont par ailleurs accorder leurs violons sur la recapitalisation des banques. Paris et Berlin fixeront dans les prochaines semaines un calendrier et le niveau de fonds propres requis. Les établissements français seront concernés, bien qu’ils soient peu exposés à la dette grecque. Mais leur valeur a fondu en Bourse. "Il faut donner un signal pour rassurer les marchés, même si c’est un peu irrationnel", admet-on à l’Élysée.
Les banques auront mission de trouver de l’argent frais auprès d’investisseurs privés. En cas d’échec, les États ou l’Union européenne prendront des participations au capital des établissements, promet-on. Sans doute sous forme d’actions. Samedi, le Frankfurter Allgemeine Zeitung (le FAZ) affirmait que les cinq principales banques françaises accepteraient une recapitalisation de l’État de 10 à 15 milliards d’euros. Selon nos informations, la plupart des groupes bancaires européens, parmi lesquels de nombreuses banques allemandes en panne de liquidités, préféreraient un mécanisme européen, pour ne pas être stigmatisées. L’Autorité bancaire européenne (EBA) pourrait en être la tour de contrôle. Dans ce cadre, BNP Paribas serait demandeuse à hauteur de 7 milliards d’euros et la Société générale à hauteur de 3 à 4 milliards.

Les banques de la discorde

«Quand nous avons un différend, le chancelier Schröder et moi, nous coupons la poire en deux», aimait dire l’ancien président Chirac. En sera-t-il de même aujourd’hui à Berlin lors de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ? Rien n’est acquis, tant le sujet est brûlant : la recapitalisation des banques européennes.

Certes, sur le principe, il y a désormais accord. Après avoir longtemps nié l’évidence, malgré les avertissements du FMI et les spéculations sur les établissements français, Paris a été mis devant le fait accompli par l’écroulement de Dexia. Par quelques sérieuses pressions aussi, notamment de la part des États-Unis qui redoutent un «Lehman Brothers» comme en 2008, d’origine européenne cette fois-ci. À cause de l’exposition des banques du vieux continent, quelques belles enseignes françaises en tête, aux dettes souveraines grecque, espagnole ou italienne. Et cette crise majeure avec ses risques de contagion, l’Europe ne la traiterait que par «saucissonnage», selon le directeur de la Banque mondiale, l’Américain Robert Zoellick. Il appelle, pour sortir du marasme, à la création rapide d’une vraie union économique, financière et politique. Aux États-Unis d’Europe, en quelque sorte, du moins pour la zone euro…

On en est très loin ! En attendant, la recapitalisation des banques européennes s’apparente à une nouvelle tranche de l’arme «saucisson». Elle est estimée dans l’Euroland à 100 milliards par le FMI, davantage avec les banques britanniques hors euro. Les établissements français nécessiteraient 10 à 15 milliards. Mais plus, si, dans leur portefeuille, les titres des États en difficulté devaient subir une dépréciation encore plus forte dans le cadre d’une restructuration des dettes, en commençant par celle de la Grèce.

Les banques sont appelées à fournir elles-mêmes l’effort le plus important, avant de venir le cas échéant (et fort probable) tendre la sébile aux États. Ce dernier recours, la France le voudrait auprès du Fonds de stabilité FESF. Ce que Berlin refuse avec véhémence : le FESF élargi de 440 milliards, déjà en voie d’assèchement avant d’être mis en place (reste l’obstacle slovaque), ne peut servir à cela, surtout pas quand un pays est encore en mesure d’emprunter.

Et c’est là que le bât blesse. Paris a senti passer le vent du boulet qui vient de s’abattre sur l’Espagne et l’Italie sous forme d’une nouvelle dégradation de leur note. Déjà sur la corde raide, la France perdra son triple « A » à force de solliciter les marchés. Avec à la clé une hausse des taux d’intérêts alourdissant encore la charge de la dette qui représentera en 2012 le premier poste budgétaire de l’État.

L’impact serait énorme, l’effet psychologique aussi en pleine campagne électorale : l’opinion accepterait-elle une nouvelle aide publique aux banques ?

Pour sortir de ce dilemme, Nicolas Sarkozy compte sur Angela Merkel pourtant liée par les irrédentismes de sa coalition gouvernementale. Mais peut-être y aura-t-il le traditionnel compromis «à l’européenne»: quelques belles paroles pour «étudier» le problème…

Le PS à l'aube d'une ère nouvelle

« Primaires citoyennes » - comme les ont nommées leurs organisateurs - ou primaire socialiste - selon la grammaire et la réalité politique - les élections de ce dimanche sont déjà historiques. Première étape, peut-être, d'une ère politique nouvelle où la démocratie élective prend le pas sur le militantisme. Il faut reconnaître à ses initiateurs, Arnaud Montebourg et Olivier Ferrand (du « think tank » Terra Nova), d'avoir réussi à imposer avec succès leur proposition. Avec plus ou moins d'enthousiasme, tous les leaders socialistes se sont accommodés de l'opération. Ironie de l'histoire, c'est même l'un de ceux qui lui était le plus opposé, François Hollande, qui en est le favori désigné… Les pièges tendus par la droite à la rentrée (matraquant sur le risque de « fichage ») comme le risque d'une campagne tournant aux déchirements sanglants ont été déjoués. Et, à défaut de réelles révélations (sinon Jean-Michel Baylet en radical « ganja » sur le cannabis), les candidats ont su se différencier, ce qui ouvre à un vrai choix, même limité, aujourd'hui. Reste désormais à connaître les motivations des électeurs. Qu'ils aillent, majoritairement, voter pour faire gagner une ligne politique ou pour choisir le candidat qui apparaît le plus à même de l'emporter en 2012 (soit donc Hollande cette fois comme ce fut Royal en 2006) et le résultat pourra en être modifié. Reste, surtout, à voir l'ampleur de la participation. De son importance pourra naître, ou pas, une dynamique porteuse pour l'échéance de l'an prochain. Mais, ce matin, quoi qu'il en soit, le PS a perdu l'entière maîtrise de la désignation de son candidat.

Maxime Brunerie appelle à voter Ségolène Royal... qui crie à la "manipulation"

L'auteur d'une tentative d'assassinat contre Jacques Chirac offre un encombrant soutien à la candidate à la primaire socialiste.

À la veille du premier tour de la primaire socialiste, c'est un soutien pour le moins inattendu qu'a reçu Ségolène Royal. Samedi après-midi, Maxime Brunerie a officiellement appelé à voter pour la candidate, via un communiqué de presse envoyé par texto. Il explique que son choix s'est "fondé en raison de ses positions courageuses face à la récidive des crimes sexuels". Il ira d'ailleurs lui même voter.

L'auteur d'une tentative d'assassinat contre Jacques Chirac en 2002 a précisé par téléphone au Point.fr les raisons de ce choix : lorsqu'il était en prison, il a vu les erreurs commises par l'administration pénitentiaire. "Tout le monde était mélangé", explique-t-il, avant d'ajouter : "Royal a des positions courageuses, sur ces questions auxquelles je suis sensible." Brunerie prône la création "d'établissements adaptés" pour les auteurs de crimes sexuels.

"Manipulation sordide"

L'équipe de Ségolène Royal, jointe par Le Point.fr, tombe des nues en apprenant qu'elle reçoit cet encombrant soutien... Et ne croit pas une seconde qu'il soit anodin. "C'est une manipulation sordide de fin de campagne, destinée à contrer la candidate la plus dangereuse pour Nicolas Sarkozy", répond-on. L'équipe n'identifie toutefois pas qui pourrait se cacher derrière "cette manipulation".

Ancien militant d'extrême droite, Brunerie avait adhéré au MoDem, fin juillet, avant de se voir radier des listes du parti de François Bayrou. L'ancien candidat à la présidentielle l'avait d'ailleurs traité de "déséquilibré. S'il avait trouvé ces propos blessants, il ne garde pas de rancoeur particulière "Si je dois m'engager en politique aujourd'hui, ça sera plutôt au niveau local", assure-t-il.

Villepin quitterait la vie politique ? Ses proches crient au complot

Une rumeur annonçait le retrait de l'ancien Premier ministre de la vie politique vendredi. Son entourage dénonce une "intoxication" élyséenne.

"C'est de l'intox ! L'Élysée est à la manoeuvre !" Jean-Pierre Grand en est certain. L'info qui buzzait vendredi après-midi sur Internet, selon laquelle Dominique de Villepin serait en passe de se retirer de la vie politique (info i>Télé), viendrait directement du "château". Elle n'aurait rien de fondé. "Ils ont eu Borloo, ils veulent débrancher Boutin, Morin, et bien sûr Villepin", tonne-t-il. "D'ailleurs, je l'ai eu cet après-midi au téléphone... Il aurait été assez courtois pour me prévenir, quand même !" ajoute Grand. Un drôle d'argument quand on sait que le député de l'Hérault avait été pris au dépourvu, ou presque, il y a 15 jours, lorsque l'ancien Premier ministre a annoncé, à la surprise générale, en plein bureau politique, qu'il quittait République solidaire (RS), le mouvement - ou ce qu'il en reste - qu'il avait lui-même créé, et refilait le bébé à.... Jean-Pierre Grand. Sur des images tournées par un participant, on peut même l'entendre plaisanter : "Merci du cadeau !"
Contacté au moment de cette annonce, François Goulard, un autre proche de Dominique de Villepin, confiait de son côté au Point.fr qu'il ne pouvait interpréter ce premier retrait autrement que comme "une volonté de s'éloigner de la vie politique". Un ancien membre du staff présidentiel de Villepin, encore incrédule face à la démission du président de RS, approuve et en rajoute une couche : "Je ne serais pas surpris du tout qu'il se retire ! Il y a 15 jours, on a tout simplement assisté à un suicide politique en direct. Donc soit il est fou et il y croit encore, soit il s'en va. En même temps, je suis désormais convaincu que cet homme n'a aucun sens politique..." Et de soupirer : "Sarkozy avait raison..."
"Les hommes d'État peuvent faire ça..."
Pour l'heure, l'info reste fermement démentie par l'entourage de l'ancien Premier ministre. À commencer par lui-même, qui, vers 19 heures vendredi, tweetait : "Je n'ai que faire des rumeurs. Ma détermination politique n'en est que renforcée..." Sans surprise, Brigitte Girardin, ex-secrétaire générale du mouvement, à qui Villepin avait "demandé de le rejoindre pour constituer une équipe", dément elle aussi. Quant à Jean-Pierre Grand, il n'en démord pas : "C'est de toute évidence une nouvelle intoxication de l'Élysée. On a eu le croc de boucher (l'affaire Clearstream, NDLR), on a eu la une du