TOUT EST DIT

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jeudi 15 septembre 2011

Que se passerait-il si la Grèce faisait défaut ?

Le risque de défaut de la Grèce devient un problème mondial : téléconférence en urgence d'Angela Merkel, de Nicolas Sarkozy et de Georges Papandréou ; réunion vendredi des ministres de la zone euro en Pologne, en présence de Timothy Geithner, le secrétaire américain au Trésor ; inquiétudes de la Chine. Quels scénarios de sortie ? « La Tribune » en a recensé six.


Alors que les dirigeants européens se lancent dans une énième « opération de la dernière chance » pour sauver la Grèce et la zone euro, il est temps de s'interroger sur les scénarios possibles. Avec pour principal objectif pour l'Europe, comme le remarque Bruno Cavalier, le chef économiste d'Oddo Securities, de « tenter de définir celui où elle sera la moins perdante possible et où elle pourra restaurer la confiance ». Revue de détails.

1 - Le statu quo ou la fuite en avant

C'est encore le scénario officiel. Il repose sur la nouvelle aide à la Grèce de 109 milliards d'euros décidée le 21 juillet dernier. Il suppose que le FMI continue à payer sa quote-part et qu'Athènes poursuive ses réformes. La Grèce est désormais à l'abri de la faillite puisqu'elle ne dépend plus des marchés pour se financer, mais de ses partenaires qui entendent la soutenir à tout prix. « Jusqu'à cet été, souligne Bruno Cavalier, cette stratégie permettait de gagner du temps avant les échéances électorales françaises et allemandes en 2012 et 2013. » Mais les attaques contre l'Espagne, l'Italie et la France et celles sur les banques rendent cette stratégie intenable. « Que gagne-t-on désormais à suivre cette voie ? » s'interroge l'économiste. Du reste, ce schéma est illusoire : avec une dette équivalente à 160 % de son PIB, la Grèce devra dégager des excédents considérables pour rembourser son dû, au risque d'étrangler son économie. Et si ses partenaires financent avec leur propre dette une dette irrécouvrable, ce sont eux bientôt qui seront menacés de faillite.

2 - La faillite « ordonnée »

Pour Bruno Cavalier, l'insolvabilité d'Athènes étant évidente, il faut restructurer sa dette « d'au moins 50 % ». Evidemment, cette option est très risquée du fait des contagions inévitable et de l'impact de ces suites sur le bilan des banques européennes. Beaucoup évoquent alors une « faillite ordonnée ». Terme flou, qui renvoie à des procédures de droit privé offrant, pour les calmer, des garanties aux créanciers comme des nantissements de revenus fiscaux ou d'entreprises publiques. Mais « dans le contexte de tensions sur les marchés et de déprime économique, je ne crois pas à cette option », estime Bruno Cavalier.

3 - La faillite « désordonnée »

Pris à la gorge, par exemple, par le retrait du FMI du plan d'aide et par le refus des Européens de se substituer à lui, Athènes peut décider unilatéralement de faire défaut. « Il faudra alors allumer des contre-feux très puissants », considère Bruno Cavalier, qui évoque un redéploiement de l'aide prévue pour Athènes vers les banques et des rachats massifs de titres italiens sur le marché secondaire par la Banque centrale européenne (BCE) pour contenir la contagion. « Si l'on compare à ce qu'ont fait la Fed et la banque d'Angleterre, elle a les moyens d'agir », juge-t-il. L'euro devrait faire les frais de ces mesures, mais ceci jouera favorablement sur la compétitivité. Les conséquences de l'opération sur l'économie grecque et la situation politique et sociale en Grèce sont, en revanche, difficiles à estimer.

4 - La faillite... et l'intégration fédéraliste

La douloureuse faillite grecque peut réveiller les consciences européennes. Moyennant l'abandon d'une grande partie de leur souveraineté fiscale et budgétaire, les États pourraient accepter une solidarité élargie entre eux. Cette évolution sera nécessairement lente et difficile, car il faudra réviser les traités et, surtout, convaincre les opinions publiques. L'échec de la constitution en 2005 reste dans toutes les mémoires. La Grèce pourrait, elle, faire figure de « laboratoire » : avec des Européens la soutenant financièrement à condition de disposer du contrôle sur le budget. Ce scénario rappellerait alors le cas de Terre-Neuve, indépendant jusqu'à sa faillite en 1932, puis géré durant 14 ans par une commission britannique avant d'intégrer la fédération canadienne.

5 - La faillite... et la sortie grecque de la zone euro

Il n'existe pas de lien de nécessité entre faillite et sortie de la zone euro. Les traités proclament l'adoption de l'euro « irréversible » et ne prévoient de sortie éventuelle que de l'Union européenne. Aucune « exclusion » n'est possible. La Grèce pourra cependant décider unilatéralement de dénoncer ces traités et d'introduire une nouvelle monnaie. Les experts de la banque UBS ont exploré les conséquences d'une telle décision. La conversion forcée des comptes et des créances en euros en néo-drachmes, dont la valeur pourrait chuter de 60 % par rapport à la monnaie unique, provoquerait un vent de panique, un effondrement du système bancaire et une série de défauts des entreprises grecques. Selon la banque japonaise Nomura, les importations, mêmes de produits de première nécessité comme l'alimentaire, deviendraient difficiles. Dès lors, Athènes devra recourir à des mesures autoritaires pour sauver ce qui peut l'être, avec des conséquences sociales et politiques imprévisibles. En retour, la dévaluation compétitive apportera bien peu à un pays dont l'économie dépend davantage du tourisme, qui dans un tel contexte chuterait, que des exportations industrielles.

6 - La sortie de la zone euro de l'Allemagne

Excédée de payer pour l'indolence grecque et lassée d'appartenir à une Union qui refuse de se plier à la discipline budgétaire, l'Allemagne pourrait décider de quitter la zone euro. Seule ou en compagnie des pays « vertueux » du « nord », comme l'a récemment conseillé l'ex-patron des patrons allemands, Hans-Olaf Henkel. Mais une telle décision aura un coût : la nouvelle devise s'appréciera rapidement, devenant une valeur refuge, et ruinera la compétitivité allemande. Les déboires actuels de la Suisse montrent la difficulté de l'exercice. Il faudra aussi recapitaliser un système bancaire dont les actifs en euros se déprécieront. UBS estime que le coût pour l'Allemagne sera de 20 à 25 % de son PIB pour la seule première année ! Sans compter que, politiquement, ce retrait aurait pour conséquence la fin de la construction européenne. Les Allemands ne semblent pas prêts à assumer pour le moment un tel coût.

 Des mesures, pas de mesurettes

Des accents dramatiques au Parlement de Strasbourg, une téléconférence Sarkozy-Merkel-Papandréou, des pays émergents et la Chine proposant leur aide, les États-Unis qui s’affolent jusqu’à dépêcher leur secrétaire d’État au Trésor à la prochaine réunion des ministres des Finances de l’UE... Mais où en est arrivée l’Europe, et particulièrement la zone euro? Au point de devoir accepter les mains secourables du Brésil et de l’Inde, des pays auxquels les Européens n’ont cessé de donner des leçons de développement ?
Hormis le provisoire effet placebo d’une méthode Coué appliquée par téléconférence, rien ne semble convaincre, faute d’un vrai leadership politique. Même les annonces drastiques comme le plan de rigueur de 54 milliards adopté par Rome font flop sur les marchés : les taux  des émissions italiennes n’ont pas baissé. Peut-être par manque de confiance, en subodorant un de ces coups de bluff dont Berlusconi est coutumier. Peut-être parce que l’austérité à l’italienne risque d’entraîner la troisième économie de la zone euro dans la récession, avec contamination assurée.
Tout ce marasme à cause de la Grèce ? Allons, Athènes touchera les huit milliards promis depuis le plan de 2010 pour encore assurer une fin de mois. Et les aides annoncées le 21 juillet dernier seront également versées. Non pas pour sauver la Grèce de la faillite mais pour secourir le secteur bancaire européen. C’est la vraie raison de tant de « sollicitude » car un « défaut » de la Grèce ferait tache d’huile : toutes les grandes banques européennes, et pas seulement la Société Générale et le Crédit Agricole, regorgent de dettes souveraines italiennes, espagnoles ou portugaises.
Bien que ces perfusions en milliards calment les symptômes (pour combien de temps?), elles ne guérissent pas le mal  dont souffre la zone euro. Une thérapie de choc est nécessaire. Mais qui l’appliquera, qui mettra de l’ « ordre dans la maison », selon le conseil donné (avec raison) par la Chine ? Seules la France (en campagne électorale) et l’Allemagne (en proie à des problèmes politiques internes) prennent ostensiblement la question à cœur, les quinze autres de l’euro se taisant prudemment. Et jusqu’à hier devant les eurodéputés, la Commission de Bruxelles ne faisait guère plus que tirer la sonnette d’alarme. Désormais, pour son président Barroso, les euro-obligations ne sont plus un tabou, à la grande satisfaction des bourses, et il verrait bien son collège de commissaires se pencher à son tour au chevet du malade. Avec une arrière-pensée : que le « gouvernement économique de la zone euro » proposé par Paris et Berlin ne se limite pas aux 17 de la monnaie unique, qu’il ne relègue pas la Commission au second plan...
Mais l’heure est à l’urgence, jusque, si cela est nécessaire, dans la refonte des traités régissant la monnaie unique et la BCE. Malheureusement, «urgence» et «Europe» semblent à jamais antinomiques. Or, la crise exige cette réponse rapide et pérenne. À défaut, les marchés s’en chargeront à leur manière. En continuant leur frénésie cyclothymique à l’écoute de la moindre rumeur. En mettant l’euro et l’Europe en péril.

Euro : peser les mots et agir vite

Peser les mots, agir vite et de concert. Si l'Europe pouvait sortir ces trois jokers simultanément, la crise de la dette serait déjà, pour une bonne part, surmontée. Mais on en est loin. Ces derniers jours, la cacophonie anxiogène vient d'atteindre des sommets. L'action des dix-sept membres de la zone euro traîne en longueur. Quant aux divisions, elles s'étalent jusqu'au coeur de l'Europe, à Berlin.

Depuis une semaine, on a en effet entendu successivement un haut responsable allemand de la BCE démissionner au coeur de la crise, un ministre allemand parler ouvertement d'une faillite de la Grèce, la Chancelière le démentir et appeler à mesurer le langage. Un appel faiblement entendu au Bundestag. Hier, la fronde parlementaire des alliés libéraux d'Angela Merkel illustrait l'ampleur des divisions Outre-Rhin.

Hier encore, dans l'attente d'une téléconférence Sarkozy-Merkel-Papandreou, c'est le ministre polonais des Finances qui renchérissait dans l'alarmisme, en évoquant la fin de l'Union européenne si la zone euro devait se fissurer. Au même moment, une agence de notation déclassait sans frémir la note de cinq régions espagnoles, dont la Catalogne. L'Italie votait dans la contestation son projet de budget. Jamais l'orchestre européen n'a paru si désaccordé, désuni et sans guide.

Depuis décembre 2009, le film de la crise grecque, qui est avant tout une crise de la dette, s'est transformé en crise de l'euro. Ni le directoire franco-allemand ni les sommets à répétition n'ont permis, jusqu'ici, d'inverser la tendance. Deux plans de sauvetage de la Grèce ont été adoptés par les dirigeants. Le premier est depuis longtemps devenu inutile, le second attend encore le feu vert des Parlements des dix-sept. Le colmatage, manifestement, ne prend pas.

Alors, les autres puissances se penchent sur le cas Europe. Washington s'inquiète. Pour la première fois, le secrétaire au Trésor américain, Tim Geithner, participera à la rencontre des ministres des Finances de l'Union européenne, vendredi et samedi en Pologne. L'image sera d'ailleurs un bon résumé du problème de la gouvernance économique de l'euro, de ce qui différencie l'Europe des États-Unis dans la gestion de la crise. D'un côté, vingt-sept ministres, de l'autre un seul.

Les émergents, les seuls à disposer de liquidités, sont là, eux aussi, autour du patient. On les invite à racheter de la dette en Europe, ce que la Chine a déjà commencé à faire. Le marché européen, le plus développé du monde, fort potentiellement de ses cinq cents millions d'âmes, de son savoir-faire, serait le nouveau grand malade. Même si son déficit et son endettement restent inférieurs à celui des États-Unis.

Drôle de climat que celui de ce psychodrame financier qui flirte de plus en plus dangereusement avec une crise réelle. Et la répétition de ce schéma brouille les critères ordinaires de la communication politique. Quand la confiance fait défaut, le poids des mots peut être redoutable. Les marchés, dit-on, y sont sensibles. Mais aussi pondérés soient-ils, les mots à eux seuls ne peuvent plus combler un manque de vision, de réaction, de projet, d'unité. Tout ce qu'il est encore temps de donner à l'Europe, à condition de le vouloir.

Écrans

Six candidats ce soir chez David Pujadas, un revenant dimanche chez Claire Chazal… Les socialistes occupent nos écrans, dans des registres bien différents. Ce soir, c’est politique, première télévisée d’une primaire qui mêlera grandes envolées et coups bas, boules puantes et promesses d’espoir. Car des six réunis ce soir sur France 2, il n’en restera qu’un, au lendemain du 16 octobre, pour affronter l’épreuve présidentielle – cela vaut bien qu’on y débatte à deux fois et davantage. Dimanche soir sur TF1, ce ne sera plus politique, mais people : Claire, l’amie d’Anne Sinclair, reçoit Dominique, le mari d’Anne. La destinée de DSK a hésité entre l’Élysée et la prison, il nous dira ce qu’il en espère désormais. Peut-être même présentera-t-il ses excuses à tous ceux qui auraient rêvé de le voir chez Pujadas, triomphant de ses concurrents... Il y a mille manières de jouer les vedettes, sur le petit écran.

20 pays où il ne fait pas bon vivre

Freedom House publie le classement des 20 pays où les droits de l'Homme et la démocratie sont bafoués.
 

Corée du Nord

SELON LE CLASSEMENT établi par Freedom House [PDF], le peuple le moins libre au monde est celui de la Corée du Nord. Kim Jong Il dirige le pays depuis 1994, année de la mort de son père (Kim Il Sung, chef d’État et fondateur de la Corée du Nord), et détient tout le pouvoir politique du pays. Le régime maintient un réseau de camps d’emprisonnement, où des milliers de prisonniers politiques subissent des mauvais traitements.
Toutes les facettes de la vie privée —l’emploi, l’éducation, le logement, et l’accès aux soins de santé sont déterminées par un système semi-héréditaire, qui classifie les citoyens en sous-groupes définis en fonction de la «loyauté» de chaque famille vis-à-vis du régime.
Après des décennies d’une gestion calamiteuse, le pays dépend directement de l’aide alimentaire extérieure —étroitement contrôlée par le pouvoir—, et sa population meurt de faim. Cette année, la Corée du Nord a procédé à différents changements au sommet de l’État: plusieurs membres clés de la famille de Kim Jong Il ont été promus en prévision de sa succession. Son fils, Kim Jong Un, apparaît aujourd’hui comme son probable successeur.
Freedom House
Freedom House est une organisation non gouvernementale indépendante qui soutient l'expansion des libertés dans le monde. L'organisation soutient le changement démocratique, surveille l'état de la liberté dans le monde et défend la démocratie et les droits de l'Homme.

Traduit par Jean-Clément Nau

Crise: la guerre de Grèce n'est pas perdue

Tenir bon jusqu'au Bundestag... Si les gouvernements tiennent tête aux marchés, alors l’Europe sortira de la pire tempête qu’elle a connu et, dès lors, l’eurozone sera inoxydable. 
 Et si les gouvernements gagnaient la guerre de Grèce contre les marchés? Et si l’ensemble des décisions prises –à savoir la quasi mise sous tutelle d’Athènes par les envoyés de la Troïka (la Commission, la banque centrale européenne et le FMI), la mise en œuvre des deux plans d’aide de 110 milliards d’euros chacun et, troisième volet, l’abandon «volontaire» par les banques de 20% de leurs créances– si ces décisions permettaient d’éviter le krach?
Il suffit pour cela que, dans la douleur et les larmes, le gouvernement Papandreou et la Troïka parviennent à imposer les mesures prévues d’austérité, quitte à en rajouter encore si la récession (le PIB va se creuser de plus de 5% cette année) tarit encore plus le robinet des recettes fiscales.
Il suffit pour ça que le gouvernement grec n’ait pas besoin de lever plus de liquidités que ne lui en versent les autres membres de la zone euro.
Ce passage de cap est oh combien difficile! Il faudra mois après mois maintenir à flot la trésorerie de l’Etat. 
Mais certains au sein des gouvernements de l’eurozone y croient encore. S’ils ont raison, si un «défaut» grec est évité, alors l’Europe sera sortie de la pire tempête qu’elle a connu et, dès lors, l’eurozone sortira inoxydable.
Les gouvernements auront fait un pas considérable en créant les outils de gestion de crise qui manquaient, dont le Fonds européen de stabilité financière. L’euro entrera dans l’âge adulte, fort et presque inattaquable.

Et l'euro deviendrait plus fort que le dollar

C’est d’ailleurs cette perspective d’un sauvetage européen réussi qui, selon les tenants du «complot américain», crée des frayeurs à Wall Street: l’euro jeune monnaie est déjà une monnaie de réserve (avec une part du «marché» mondial de 30%), elle sera alors à même de passer à l’étape suivante et de devenir monnaie d’échange (par exemple payer son gaz en monnaie européenne). Avec toutes les conséquences que cela implique, comme le déplacement de milliers d’opérations financières et d’emplois de New York vers l’Europe (vers Londres sans doute) et la perte symétrique pour les grands banques américaines.
Cette hypothèse est au cœur du relatif immobilisme d’aujourd’hui: il suffit de tenir bon, jusqu’au vote par le Bundestag du deuxième plan d’aide à la Grèce, vote qui aura lieu le 29 septembre.
Tenir bon, ne pas changer de ligne et faire taire les sceptiques: c’est ce à quoi s’est employée Angela Merkel sur une radio allemande le 13 septembre, en imposant le silence dans ses rangs. La chancelière, sans doute invitée à ce geste par le président français, estime qu’il n’est pas nécessaire d’en rajouter à l’affolement des marchés par des déclarations anticipant un défaut grec voire une sortie de l’euro.
Maintenir la ligne: ne rien faire de plus, en particulier pour les banques européennes dans l’immédiat. Si elles sont attaquées, c’est uniquement à cause de la crise des Etats, il n’y a pas d’autre cause. Les craintes qu’elles défaillent sont irrationnelles. Contre l’irrationalité, il n’y a rien à faire que d’attendre que les marchés se calment.
Est-ce possible? Peut-on rêver encore s’en sortir avec ce dispositif? Ce serait évidemment l’idéal: puisque les banques ont accepté «volontairement» de faire une croix sur 20% de leur dette grecque, on ne peut pas parler juridiquement de défaut.
Autrement dit, la zone euro se serait sortie d’affaire sans faire défaut, comme le souhaite Jean-Claude Trichet avec vigueur et constance depuis le début.
Un mirage? Pour les marchés financiers et, désormais, beaucoup de monde au sein des gouvernements, cette stratégie ne suffira pas. Elle ne va pas tenir jusqu’en 2013, date butoir visée car à cette date le «défaut» juridique devient possible: à partir de 2013, les nouvelles créances comporteront une clause de risque de défaut à la charge des investisseurs privés. L’honneur de Trichet sera sauf. C’est donc tout l’objectif des gouvernements que de tenir jusque-là.
Mais donc, selon les marchés, c’est trop loin. L’examen des échéances grecques convainc que le pays manquera de liquidités avant 2013, probablement même avant la fin 2011.

L'idée du pare-feu

Dès lors, il faut une autre stratégie. Et celle-ci, celle d’un «vrai défaut» grec,  est préparée en coulisses. Il ne s’agit même plus d’un secret. Mais que se prépare-t-il exactement? Un défaut de la Grèce sur 50% de ses dettes? Un sauvetage de ses banques, aspirées dans le vide dans ce cas? Sûrement.
Mais il y a fort à parier qu’il faudra aller encore plus loin, jusqu’à l’organisation d’un grand pare-feu complet et global.
Cette idée de pare-feu avait été envisagée, avant le vote du deuxième plan, mais elle a été repoussée par Jean-Claude Trichet qui s’arc-boute à la pureté d’une zone euro «sans défaut».
Elle est reprise actuellement mais en quelque sorte mise au réfrigérateur avant le 29 septembre. On ne va la promouvoir et abandonner le deuxième plan alors que les députés allemands, si réticents, sont convoqués et qu’il faut, en tout état de cause, qu’ils votent la transformation et le refinancement du FESF. Attendre le 29 septembre, voilà le cœur de la stratégie actuelle des gouvernements.
Ensuite, le 30 septembre, soit la crise s’apaise –le rêve. Soit elle reprend –mais alors les Etat seront mieux armés.
Que pourront-ils faire? Anticiper les effets d’un vrai défaut grec sur les autres pays surendettés; calculer de combien il faut aussi prévoir un défaut portugais (par exemple un défaut de 15% des dettes), idem pour l’Irlande; s’occuper des conséquences pour les banques de ces pays et des autres et mettre de côté de quoi les renflouer; enfin, imaginer une solution pour l’Italie.

Les pauvres au secours des riches

L’Europe seule est trop petite pour la sauver en cas d’attaque, il faut mondialiser le plan. La Chine, un moment contactée, a refusé d’acheter des titres italiens. Il reste les Etats-Unis: en clair, il faudrait dire (et cela suffirait) que la Federal Reserve américaine est partie prenante du plan.
Reste aussi… les autres pays des Brics: Brésil, Russie, Afrique du Sud ou Inde… Le ministre de Finances brésilien,  Guido Mantega, a annoncé le 13 septembre que ces pays allaient se réunir à Washington la semaine prochaine (à l’occasion de l’assemblée du FMI) «pour savoir comment aider l’Union européenne à sortir de la crise». Une déclaration absolument historique sur laquelle il faut s’arrêter: les pauvres viennent au secours des riches.
La Grèce, vieux creuset de la civilisation européenne, aura-t-elle présidé à sa chute au second rang des nations du monde?

"Les Grecs vont dépenser l'aide en ouzo"

Le premier ministre estonien Andrus Ansip a jugé mercredi "primitives et insultantes" les insinuations de membres de l'opposition parlementaire en Estonie selon lesquelles les Grecs "dépenseront l'aide (européenne) en ouzo, pour danser ensuite le sirtaki". "C'est insultant, non seulement pour la nation et l'Etat grecs, mais aussi pour tous les chefs des Etats membres de l'UE et les employés de la Banque centrale européenne", a déclaré M. Ansip lors d'un débat au parlement estonien.

Plus tôt, la députée de l'opposition centriste Marika Tuus-Laul a considéré comme "injuste" une contribution estonienne au fonds européen d'aide, après les années où les Estoniens ont dû se serrer la ceinture avant que leur pays puisse rejoindre la zone euro au 1er janvier 2011. "Les sommes que l'Estonie doit débourser paraissent aux gens très importantes et injustes", a-t-elle déclaré. "Nous avons procédé à de nombreuses coupes et gelé nos retraites. Aujourd'hui, j'ai l'impression que les Grecs veulent boire du vin et continuer à verser des retraites élevées à leurs personnes âgées, alors que c'est nous qui serons obligés de payer pour cela", a-t-elle dit.

Le parlement estonien va prochainement débattre et voter sur le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et la création en 2013 d'un mécanisme de sauvetage permanent. La coalition de centre-droite de Andrus Ansip dispose de 56 voix dans le parlement de 101 sièges.