TOUT EST DIT

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mardi 13 septembre 2011

Faut-il encore payer pour la Grèce?

Les marchés financiers ne croient plus en l’efficacité des plans de sauvetage. Le scénario d’une faillite de la Grèce fait son chemin avec un coût de 25 à 40 milliards d'euros (Mds€) pour la France.
Des mots à la réalité, il n’y a souvent qu’un pas. L’éventualité d’une faillite de la Grèce, avec son corollaire immédiat, une sortie de la zone euro, constitue désormais une hypothèse de travail pour les dirigeants européens. Et notamment allemands. « Pour stabiliser l’euro, il ne doit plus y avoir à court terme d’interdiction de penser certaines options, dont celle d’une insolvabilité ordonnée », a déclaré hier le ministre allemand de l’Economie.

 Entendez une faillite 
Il y a encore un mois, la simple évocation d’une telle issue suffisait à clouer au pilori ceux qui osaient la formuler. Mais après plus d’un an de plans de « sauvetage » à répétition, il semble que l’Europe se soit rendue lentement (mais sûrement ?) à l’évidence : les milliards d’euros injectés dans l’économie hellénique n’auront pas permis à la Grèce de redresser ses comptes. Pis ! Ces aides, assorties de mesures d’austérité, auront exacerbé la colère des Grecs et risqué de sceller un divorce définitif entre Bruxelles et des opinions publiques nationales amères de voir leurs deniers se déverser à fonds perdus.
Les marchés chutent
Un tel constat de faillite aurait bien sûr un coût. On n’efface pas quelque 350 Mds€ de dettes sans que les créanciers n’en souffrent. Pour la France, l’ardoise est estimée entre 25 et 40 Mds€, supportés par les banques, les assurances (qui les ont provisionnés en partie) et par les épargnants eux-mêmes. « Les banques françaises peuvent faire face à tout scénario grec » et n’ont pas de problème de liquidités ou de solvabilité, a estimé, hier, François Baroin, le ministre des Finances.
Il semble que les marchés, qui chutent de façon vertigineuse depuis la semaine dernière et hier encore, entraînés par les valeurs bancaires, pensent autrement. Certains investisseurs poussent même à une recapitalisation, voire à une nationalisation partielle de BNP Paribas, du Crédit agricole et surtout de la Société générale.
Quoi qu’il en soit, pour qu’une faillite grecque ne débouche pas sur un scénario à la Lehman Brothers, une reconfiguration politique et institutionnelle de la zone euro s’avère indispensable. Un gouvernement économique, une Europe à deux vitesses… La France et l’Allemagne l’ont envisagé cet été. A elles de jouer, il y a urgence.

Danger imminent

Le tabou est brisé. Ce qui il n’y a pas si longtemps encore passait pour une folle spéculation est désormais envisagé : un « défaut » de la Grèce, la faillite du pays et, éventuellement, son retrait de la zone euro sous une nouvelle drachme dévaluée de 40 % ou 50 %…

Le ministre allemand de l’Economie Philip Rössler du lilliputien parti FDP de la coalition gouvernementale n’a pas hésité à dire haut et fort ce que nombre d’économistes pensent tout bas. Une belle gaffe, sans doute, prouvant une fois de plus l’incapacité, voire l’irresponsabilité, des politiques face à la crise, chacune de leur prise de position jetant un peu plus d’huile sur le feu.

Mais sur le fond, c’est l’évidence. Athènes est à bout de souffle et dispose encore de liquidités jusqu’en octobre. Une anecdote qui en d’autres temps ferait sourire témoigne du marasme ambiant : décidée à la hâte dimanche par le gouvernement Papandreou, une taxe d’habitation va être collectée via les factures d’électricité… les pléthoriques services du fisc n’étant pas en mesure de rentrer les impôts ! Il y a plus grave. Les taux d’intérêts atteignent les deux chiffres, et les CDS – ces assurances sur prêts – s’envolent. Ainsi hier, pour une tranche de 10 millions d’euros empruntés par la Grèce sur cinq ans, les CDS se chiffraient à 4 millions.

Les marchés estiment que la Grèce représente désormais un risque absolu. Un risque d’autant plus grand que les tergiversations allemandes et les grands silences ailleurs laissent entendre que la zone euro n’est plus un filet de sécurité.

On connaît les conséquences. Plusieurs grandes banques françaises déjà menacées de dégradation par les agences de notation se sont enfoncées hier. Non pas parce qu’elles seraient trop engagées dans la dette grecque mais par crainte d’un effet domino entraînant le Portugal, l’Espagne et l’Italie, là où les banques et les assurances-vie françaises sont en première ligne !

Car c’est toute la zone euro qui vacille, faute d’une volonté politique impossible à manifester dans l’unanimité du consensus mou qui régit l’Eurogroupe. Avec son blabla sur l’indépendance de la Banque centrale de Francfort et sous les cris d’orfraie que fait pousser la seule évocation des « euro-obligations ». Pourtant, ces « euro-bonds », qui en quelque sorte, « communautariseraient » le service des dettes souveraines, viendront en dernier recours. Malheureusement, peut-être trop tard.

Dans l’immédiat, il n’y a pas grand-chose à attendre de Berlin, du moins pas jusqu’à la fin du mois : la chancelière Merkel ne sait pas sur quelle majorité parlementaire compter au Bundestag lors du vote sur le Fonds européen de solidarité, plusieurs élus de son camp se prononçant contre. Quant à la France, elle touille ses soupes électorales en ne voulant pas savoir que son triple « A » ne tient qu’à l’équilibrisme.

Tous les feux clignotent au rouge. Un « défaut » de la Grèce et ses multiples conséquences, de surcroît suivies par un « Lehman-Brothers » européen, seraient désastreux pour la monnaie unique. Et pour toute l’Europe.

Solidarité


Il a du mérite, notre Premier ministre, à monter au front défendre l’euro. Il le jure, les Européens seront solidaires dans l’adversité pour sauver leur monnaie. Et on aimerait le croire, d’autant que nous jouons dans cette crise l’avenir de nos emplois. Mais la solidarité des Européens tarde à se manifester, et pour tout dire, l’heure paraît plutôt au chacun pour soi. L’Allemagne ne veut pas payer, une fois de plus, et la France pas davantage. D’ailleurs, la lente noyade des Grecs ne nous émeut guère, sauf quand elle menace notre épargne à la Société générale. On peut le regretter mais c’est ainsi, dans l’Europe d’aujourd’hui, l’intérêt national prime sur « Bruxelles », cette espèce de monstre dont on a oublié qu’il était aussi le garant de notre monnaie et de nos porte-monnaie. Pour nous rassurer, Monsieur Fillon explique que l’histoire ne recule pas. Certes, mais parfois, elle déraille.

S'il n'y avait que le risque grec...

Face aux atermoiements politiques, la réponse des Bourses ne s'est pas fait attendre. Avec la propension à l'excès qui les caractérise, elles ont fait descendre, une nouvelle fois, les valeurs bancaires françaises aux enfers.

On peut certes se rassurer, à bon compte, en rappelant que le CAC 40 est une loupe grossissante, déformante... et inexacte. Assurément, les banques tricolores n'ont pas perdu les trois quarts de leur valeur réelle en deux semaines de plongée boursière. Il n'empêche. Dans un climat anxiogène où plus personne ne fait confiance à personne (pas même les banques entre elles), les Bourses restent, qu'on le veuille ou non, un formidable révélateur de risques... Et malheureusement, un accélérateur.

Les marchés, avec leur outrance moutonnière habituelle, mettent le doigt là où ça fait mal. En pulvérisant la langue de bois et une certaine arrogance des banquiers et des assureurs, eux aussi embarqués dans l'aventure. En pointant le risque de faillite de plus en plus menaçant en Grèce. Encore faut-il remarquer que ce pays n'est que la partie émergée de l'iceberg du danger. Foncièrement, les banques françaises ont les moyens de faire face à la faillite grecque. Personne n'en doute vraiment. C'est l'après qui pose problème, c'est-à-dire le probable effet domino d'une crise de la dette publique passant les frontières, bousculant l'Italie et l'Espagne. Les enjeux et les risques financiers des groupes tricolores seraient alors démultipliés.

À coup sûr, un défaut italien ou (et) espagnol serait catastrophique pour nos banques. Pis, pour la croissance, avec l'amorce d'une nouvelle spirale du pire : rationnement du crédit bancaire, asphyxie d'une économie déjà à la peine, récession, chômage massif accru...

On n'en est pas là, fort heureusement, mais trop de clignotants rouges s'allument pour que les politiques puissent se contenter, comme aujourd'hui, de propos vaguement rassurants. La demande insistante de recapitalisation des banques européennes de Christine Lagarde, les menaces de mauvaise note des agences de notation, les confessions tardives des banques elles-mêmes sur leurs expositions risquées, la méfiance des prêteurs américains, les dissensions au sein de la BCE : tout se cumule pour accroître les incertitudes et les peurs, pour accréditer un scénario noir. En prime, les banques font elles-mêmes l'aveu le moins rassurant quand elles reconnaissent ne se prêter entre elles qu'au compte-gouttes et à très court terme.

Bref, l'idée inédite de repasser aux guichets de l'État pour renflouer les banques - ou les prémunir du pire - refait recette. La nationalisation bancaire, fut-elle partielle et passagère, est-elle envisageable en France ? À supposer que sa nécessité soit avérée au-delà des avatars boursiers du moment, elle aurait quelques avantages, ne serait-ce que de contraindre la banque à se recentrer sur sa mission centrale : financer l'économie.

Mais elle se heurte évidemment à un double verrou. Idéologique : aux antipodes du Royaume-Uni, parangon du libéralisme qui avait sauvé une partie de ses banques en 2008 en les nationalisant le temps nécessaire, la France reste en la matière engoncée dans des querelles de religions paralysantes. Prosaïque : désargenté et en pleine cure de désintoxication budgétaire, l'État n'est sans doute pas très pressé de se porter au secours d'institutions bancaires dont les comportements, loin d'être exemplaires, rebutent toujours autant l'opinion...

La cuisine dénaturée par sa surmédiatisation

"Master Chef" ! "Un dîner presque parfait" ! La cuisine envahit chaque jour l'espace public. Outre ces émissions mettant en scène la préparation de repas, des centaines de blogs se consacrant à cette activité fleurissent sur le Web. Cet étrange phénomène contraint à poser deux questions : quel en est le sens ? Notre société n'accorde-t-elle pas trop de place à la cuisine ?

La télévision harponne l'art culinaire avec deux schèmes éprouvés : celui de la télé-réalité et celui du sport. La plupart des programmes combinent ces deux approches, en mettant en compétition sportive des "vrais gens". Ces émissions de cuisine d'un style nouveau prennent le relais de la télé-réalité, dont elles sont un dérivé. Qu'est-ce qui fait plus "vrais gens" que quelques congénères s'affairant aux fourneaux ?
Tous les soirs, sur TF1, une année durant, deux anonymes que l'on ne connaît que par les prénoms se rencontraient autour d'un plat, juste avant la grand-messe du "20 heures". La télévision doit ingurgiter du réel - les fameux "vraies gens", le décor anthropologique de Jean-Pierre Pernaut, un micro-trottoir - le malaxer, le désosser, le mettre en scène sans que rien n'y paraisse pour dégurgiter sur les écrans un produit fini fleurant faussement l'authenticité. Evidemment, il s'agit d'une imposture : la réalité ainsi présentée n'est qu'un produit fabriqué destiné à être jeté afin de pouvoir en consommer un autre le lendemain.
Parodie de l'eucharistie
En instaurant la compétition - sur le patron de la "Star Ac" - la télévision trahit la cuisine dont l'essence réside dans le don, cette grâce, cette gratuité qui soude la convivialité. Dans "Master Chef" - tout comme dans "Un dîner presque parfait" sur M6 - TF1 ne valorise pas la cuisine mais la compétition. En réalité, en transformant la cuisine en avatar du spectacle sportif il la détruit. Ainsi, à l'instar des émissions de télé-réalité, "Master Chef" célèbre le culte de la compétition, de la loi du plus fort, introduit violemment l'activité culinaire dans l'univers de la maxime barbare, "l'homme est un loup pour l'homme".
Longtemps nous avons vécu sous l'identification du religieux et du culturel. La religion fondait l'identité d'une civilisation. Son inscription dans le patrimonial - ce linceul ou ce tombeau qu'est le patrimoine - signe la mort de la religion comme alpha et oméga de la vie collective. C'est alors le patrimoine qui devient l'objet d'un culte, et non plus Dieu ou un prophète - on visite les églises et monastères pour leur beauté, non pour y prier. La folie collective pour la cuisine, si elle prépare à moyen terme sa mort par la patrimonialisation qui l'accompagne (la cuisine française vient d'entrer dans le Patrimoine mondial défini par l'Unesco), substitue à la vieille identification du religieux et du culturel une nouvelle identification : celle du culinaire et du culturel. L'identité d'une civilisation, ce n'est plus sa religion, c'est sa cuisine.
La situation extravagante faite à la cuisine n'est que le symptôme d'une société malade, "une société à la dérive" comme disait le philosophe Cornelius Castoriadis. Cela signifie que la cuisine est vécue, de manière imaginaire, comme le dernier lieu de stabilité, le dernier repère encore debout d'un monde en voie de liquéfaction. Autour d'une table, l'illusion de communauté unie peut se reformer. Autour de recettes, de façons de manger, l'illusion de communication avec toute une civilisation peut renaître - donnant lieu à une parodie involontaire de l'eucharistie.
La télévision démultiplie cette illusion à l'infini, attribuant à une émission culinaire le même office social qu'un match de football ou de rugby : souder, le temps d'un spectacle mercantile, des millions de personnes en leur laissant croire qu'à cette occasion survit quelque chose qui est déjà perdu, la communauté réelle. La cuisine se fait passer pour remède à la crise du sens, dont chacun s'alarme.
La montée en puissance de la cuisine, et sa létale exploitation médiatique, relèvent de la pathologie sociale. Le rôle qui lui échoit - jouer le fantôme du sens - le prouve. Les vrais amateurs de la table et de ses plaisirs voient d'un mauvais oeil cette promotion. Ils savent en effet que la vraie cuisine est sans enjeu, qu'elle n'est ni un spectacle, ni une complétion, ni surtout le dernier réduit du sens et de la culture nationale. C'est parce que la vraie cuisine est vide de ces parasites - les enjeux - qu'accède à la vérité l'adage du vieil Héraclite : "Les dieux sont aussi dans la cuisine."

La stabilité germanique a du plomb dans l’aile

La démission de Jürgen Stark, l’économiste en chef de la BCE, place l’Allemagne devant une réalité : le modèle de discipline monétaire et financière qu’elle a toujours défendu n’est plus adapté en ces temps de crise, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung 

Les institutions sont des forces d’inertie qui suivent toujours le même scénario routinier. Cela engendre une confiance dans les résultats de leur action. Elles détestent l’incertitude et s’adaptent mal au changement. Souvent, cela donne lieu à des débats sur leur raison d’être. A quoi servent-elles, au juste ? Cette question, Jürgen Stark – qui a démissionné de ses fonctions d’économiste en chef de la Banque centrale européenne, le 9 septembre – se l’est également posée.
La BCE a toujours été considérée comme l’enfant légitime de la Bundesbank, toute entière vouée à la stabilité monétaire. Jürgen Stark a un point de vue bien arrêté sur le fait que la Banque centrale achète à grande échelle des emprunts d’Etat à des pays endettés jusqu’au cou : "Dans le contexte actuel, la mise en place d’une politique financière rigoureuse devrait avoir de nombreuses retombées positives sur la confiance, ce que confirment des études de cas : les programmes de redressement ambitieux s’accompagnent rapidement d’effets positifs sur la croissance". Jürgen Stark propose donc de faire des économies, et c’est tout.
Vu sous cet angle, le système financier n’est rien d’autre que le pendant monétaire de l’économie réelle. Les citoyens mettent de côté et les entreprises investissent. C’est à ces conditions seulement que la réduction des dépenses publiques peut avoir, à long terme, des retombées largement positives.

L'épine européenne dans le pied allemand

Mais vivons-nous encore dans ce monde-là ? Le problème grec est tout autre. Le cycle économique dépend des revenus disponibles et des investissements, qu’ils émanent de l’Etat ou du secteur privé. Si tout le monde se serre la ceinture en même temps, l’économie entre dans une spirale récessionniste.
Les Grecs sont de plus en plus pauvres. Pourtant – et par voie de conséquence – ils sont toujours endettés. La Grèce n’est plus un cas isolé : la zone euro et l’économie mondiale sont aujourd’hui menacées par la contagion. Tous tentent de s’adapter, comme le réclame Jürgen Stark. S’adapter, d’accord, mais à quoi ? Dans la construction automobile ou la métallurgie, par exemple, y a-t-il des nouvelles technologies, ou bien des grandes industries mal en point ? La Chine a-t-elle déjà surpassé tous ses concurrents ? Loin de là.
Le problème ne réside pas dans les mutations de l’économie réelle, mais dans la volonté d’assurer le service d’une dette accumulée par le système financier ces quinze dernières années, et qui concerne aussi les emprunts d’Etat. C’est la dernière bulle en date d’un système détraqué. Les Etats ne peuvent réduire leur dette que s’ils n’essaient pas d’assurer le service de la dette passée au détriment du présent. En effet, les vieilles dettes ne sont jamais remplacées que par d’autres. Le désendettement n’est donc possible que si l’Etat dépense moins en phase de croissance qu’il ne lui est possible de faire.
Voilà l’épine européenne dans le pied allemand : Jürgen Stark entend financer la consommation d’hier – et donc la dette – avec la consommation d’aujourd’hui.

La difficulté allemande à s'adapter au changement

Hélas, la Grèce n’est pas le seul pays à poser problème. Actuellement, tous les pays occidentaux sont en crise ou sur le point d’y sombrer. Si tous les pays équilibrent leur budget en même temps, tous se retrouveront dans la même situation : une augmentation des dépenses résultant d’une hausse du chômage, d’une baisse des recettes et d’investissements en berne. La crise totale. Et pourquoi faisons-nous cela ? Non pas pour procéder à des ajustements structurels de l’économie réelle, mais parce que, entre-temps, des gens comme Jürgen Stark ont découvert que notre endettement était bien trop élevé et que nous devions le réduire. Or, réduire la dette de la sorte ne mène à rien : c’est pourquoi l’investissement est au point mort. En effet, les entreprises n’investissent que si elles entrevoient des bénéfices potentiels ou si l’Etat prend la place des investisseurs pendant la crise. Mais l’Etat ne doit pas investir, il doit consolider les finances du pays.
Le processus d’autodestruction finit par gagner l’ensemble de l’économie. Sans confiance, le système s’écroule. Voilà qui promet pour l’avenir. Et que veut Jürgen Stark, et avec lui de nombreux Allemands ? Une BCE qui cherche sa raison d’être dans un objectif devenu vain depuis longtemps : empêcher les Etats de faire faillite au moyen d’une politique de stabilité. A l’évidence, c’est mission impossible.
Ces gens-là vivent dans un monde illusoire, dans un passé depuis longtemps révolu. En tant que première puissance économique du continent, l’Allemagne est désormais la seule à pouvoir garantir la confiance dans les capacités de l’Union. Une faillite de la Grèce ne serait possible que si l’on garantit en même temps que les autres pays de la zone euro ne connaîtront pas le même sort. Mais c’est peu probable : les Allemands n’ont tout simplement pas la détermination nécessaire. Ils préfèrent croire à la raison d’être d’une institution qui s’est depuis longtemps volatilisée. Il est vrai que les Allemands ont toujours eu du mal à s’adapter à un monde qui change.

Cour de Karlsruhe

La fins des eurobonds

Bien que ce fut largement inaperçu, l'arrêt rendu la semaine dernière par la Cour constitutionnelle allemande a peut être fermé la porte à l'idée des eurobonds, en tant que solution à la crise de la dette en Europe. "Le verdict de la Cour ne laisse aucune autre alternative que de conclure qu'ils sont bien anticonstitutionnels", souligne Wolfgang Münchau dans le Financial Times. Les juges de Karlsruhe, explique l'éditorialiste, ont statué que "le gouvernement allemand ne devait pas accepter de mécanismes permanents – par opposition au Fonds européen de stabilité financière (FESF) qui lui est temporaire – avec les critère suivants : s'ils impliquent une dépendance permanente à un autre pays, si ces engagements sont très importants ou difficilement quantifiables, et si les gouvernements étrangers, par leur action, peuvent déclencher le versement des garanties."
"Un eurobond est bien sûr, un mécanisme permanent. Et il implique une perte de contrôle. Leur taille devrait être considérable", remarque Münchau qui ajoute que bien que les responsables allemands commencent à évoquer l'idée d'eurobonds, c'est la raison pour laquelle ils ne pourront peut-être pas suivre leur inspiration.

9/11 2011

Ce siècle avait un an quand il a commencé. Les attaques terroristes de New York et Washington, le 11 septembre 2001, ont ouvert une nouvelle ère géopolitique, dans laquelle les Etats-Unis se sont durablement engagés dans "l'arc de crise" qui va du Moyen-Orient à l'Asie du Sud en passant par le golfe persique, et une nouvelle ère pour nos sociétés, focalisées sur le risque terroriste et le discours d'un choc des civilisations qui traverserait jusqu'à nos pays en plein bouleversement démographique.

Mais comme le montre très justement Timothy Garton Ash, les dix années qui se sont écoulées depuis le “9/11” ont aussi, et surtout, été celles d'un mouvement tectonique à long terme qui modifie radicalement les équilibres planétaires : la montée de la Chine et de l'Asie, l'affaiblissement de l'Occident accéléré par la crise.

Entre ces deux trames historiques, où se situe l'Europe ? Poser la question, c’est un peu y répondre, tant notre continent semble aujourd'hui incapable d'orienter la marche du monde. Et pourtant, cette décennie est riche en leçons.

En 2001, l'UE ne comptait encore que 15 membres, et l'élargissement à 25 puis 27 s'est fait selon une ligne de faille aggravée par le 11 septembre : le rapport aux Etats-Unis. On se souvient qu'en 2003, l'axe Paris-Berlin-Moscou contre la guerre en Irak a été contré par un axe Londres-Rome-Madrid s'appuyant sur les pays de l'ex-bloc soviétique qui s'apprêtaient à rejoindre l'Union. Si la politique extérieure de l'Europe s'était décidée à la majorité, comme le voudrait la logique communautaire, c'est le drapeau européen qui aurait flotté en Irak aux côtés de la bannière américaine.

Le 11 septembre a également accéléré la perte d'intérêt des Etats-Unis pour l'Europe et remis en cause la pertinence de l'Alliance atlantique telle qu'elle existe, sans que les Vingt-Sept ne soient en mesure d'élaborer une vision stratégique qui leur soit propre et appuyé par une vraie politique de défense. La manière dont Washington a obtenu d'implanter son bouclier antimissile sur le sol européen sans concertation avec l'UE en est l'illustration, de même que l'abstention allemande sur l'intervention en Libye.

2001 – qui s'en souvient ? – est également l'année où les Quinze ont créée la Convention sur l'avenir de l'Europe. Dix ans plus tard, après un projet de Constitution mort-né et un traité de Lisbonne adopté dans la douleur, force est de constater que l'Europe ne parle toujours pas d'une voix forte et que personne, y compris ses dirigeants politiques, n'est encore capable de proposer un projet qui réponde à la nouvelle donne mondiale. A l'heure où certains répondent à la crise financière par l'idée d'un nouveau traité, ce constat n'est pas le moins intéressant.

Deux syndicats demandent la mise en faillite de Saab

Deux syndicats ont demandé lundi 12 septembre la mise en faillite de Saab, poussant un peu plus vers la liquidation le constructeur automobile qui croule sous les dettes. Les syndicats ont expliqué avoir fait cette demande de mise en faillite parce que leurs membres n'avaient toujours pas reçu leurs salaires du mois d'août. Or, "le délai de paiement après la demande du syndicat est maintenant expiré", explique Unionen, qui compte 1 100 membres chez Saab, principalement du personnel administratif.

Dans un bref communiqué, Saab dit avoir pris connaissance des demandes de mise en faillite. "Le tribunal a reçu les demandes, mais n'a pas encore rendu de décision, ce qui pourrait prendre quelques semaines", précise Saab. "Nous comprenons que les syndicats doivent faire ce qu'il perçoivent comme étant la meilleure chose à faire pour leurs membres", a dit à l'AFP une porte-parole de Saab, Gunilla Gustavs. De son côté, Saab "tente de parvenir à une solution en faisant appel de la décision de rejet de sa demande de restructuration volontaire", a-t-elle ajouté.
Le constructeur automobile suédois est à nouveau au bord du gouffre. Son propriétaire néerlandais, Swedish Automobile (ex-Spyker), a demandé mardi 7 septembre à la justice la protection de la loi contre les faillites en présentant ce qu'il appelle une proposition de restructuration volontaire. Mais jeudi, le tribunal de Vänersborg a rejeté cette demande après avoir conclu qu'il "n'y avait pas suffisamment de raisons de penser qu'une restructuration de l'entreprise fonctionnerait". Lundi, Saab a interjeté appel de cette décision.

Royal promet de poursuivre Boutin en justice si elle la qualifie encore d'"illuminée"

Ségolène Royal a promis de poursuivre en justice la présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin, "pour injure publique" si celle-ci répétait des propos tenus la semaine dernière lorsqu'elle a qualifié Mme Royal de"profondément méchante" et d'"illuminée".
"Si elle ne me respecte pas en tant que femme politique, qu'elle me respecte en tant que mère de famille", a lancé la présidente de Poitou-Charentes. Mme Royal a toutefois estimé qu'à tout prendre elle "préfér[ait] être illuminée qu'étranglée", en référence à d'autres propos tenus par Mme Boutin lors d'un entretien à Radio Classique, vendredi. Elle avait dit avoir eu envie d'"étrangler" à un certain moment le président de la République, Nicolas Sarkozy.

L'ILLUMINÉE DU POITOU DEVRAIT SE CONTENTER DE CE TERME, CAR CELUI D'IMMACULÉE  FERAIT DÉSORDRE, TANT ELLE EST TÂCHE !

Un super-ordinateur pour prédire les grands événements du monde

L'avenir se lit-il dans le passé, ou du moins dans l'actualité ? C'est le postulat de Nautilus, un super-ordinateur, installé au sein de l'université du Tennessee, qui digère des centaines de millions d'articles de presse en langue anglaise et des rapports publics de provenance gouvernementales – comme ceux issus de l'"Open source center" du gouvernement américain – afin d'essayer de prédireavenir. Les premiers résultats de ce travail mené par le chercheur Kalev Leetaru de l'university de l'Illinois a donné lieu à la publication dans la revue scientifique First Monday d'un article intitulé "Culturomics 2.0 : prévoir le comportement humain à grande échelle grâce à la tonalité des médias internationaux dans le temps et l'espace".

Nautilus est programmé pour extraire deux types d'information : l'humeur et la localisation géographique. Ainsi, à chaque fois que les mots "horreur", "bonheur", "terrible" apparaissent dans un article, ils sont "traités" par Nautilus. Tout comme les données géographiques. Ces données sont ensuite brassées par un ordinateur, très puissant, doté d'une capacité de traitement de 8,2 téraflops. Les méthodes de calcul employées sont "très proches des algorithmes utilisés dans les prévisions économiques", explique Kalev Leetaru, à la BBC.
BEN LADEN LOCALISÉ... DANS UN RAYON DE 200 KM
Pour valider la pertinence de l'expérience, les chercheurs ont essayé de déterminer de manière rétrospective si l'emplacement de la cache de Ben Laden aurait pu être découvert à l'étude des données disponibles. En l'occurrence, seul un article de presse a évoqué la ville d'Abbotabad, où se trouvait le chef d'Al-Qaida. Toutefois, les multiples informations géographiques digérées par Nautilus lui ont permis de localiser Ben Laden... dans un rayon de 200 km autour d'Abbottabad. Un périmètre dans lequel se trouvent également les villes de Peshawar et Islamabad, largement citées dans les articles au sujet de Ben Laden.
L'expérience a également été menée sur le printemps arabe. Les données analysées par Nautilus ont mis en lumière une détérioration des sentiments nationaux avant l'éclatement des révolutions.
Les chercheurs reconnaissent que le système d'analyse est encore imparfait : ils souhaitent lui permettre de fonctionner en temps réel et affiner les données géographiques. Mais M. Leetaru est confiant : "Je compare [notre travail] à des prévisions météorologiques. Elles ne sont jamais parfaites, mais nous faisons mieux que de deviner au hasard."