TOUT EST DIT

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lundi 12 septembre 2011

Si la Grèce sortait de l'euro...

 La possibilité d'une faillite de la Grèce serait désormais envisagée par la zone euro. Athènes pourrait alors abandonner la monnaie européenne pour revenir au drachme, misant sur sa dévaluation pour sortir de la crise.

Le sujet n'est plus tabou. D'après des informations de l'hebdomadaire allemand Spiegel dévoilées ce dimanche, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble envisagerait sérieusement une faillite d'Athènes, laquelle pourrait se solder par une sortie du pays de l'euro. Même si cette information a ensuite été «démentie par l'Allemagne», selon le ministre grec des Finances Evangélos Vénizélos, elle intervient alors que les marchés sont de plus en plus sceptiques concernant un sauvetage de la Grèce, dont la situation économique ne cesse de s'aggraver. A cela, il faut ajouter les publications récentes d'économistes, qui publient maintenant des «fictions» concernant l'abandon de l'euro par Athènes.
Économiste chez Natixis, Patrick Artus a ainsi décrypté ce scénario dans une analyse publiée lundi dernier. En prenant en compte les niveaux de la dette, des déficits public et extérieur de la Grèce, il estime qu'Athènes devrait déprécier sa monnaie de 55% pour équilibrer ses comptes. Dans l'immédiat, le pays essuierait une forte récession «pour les 18 mois suivants». Celle-ci se caractériserait par une chute de croissance et d'«une forte dégradation du pouvoir d'achat» due à l'inflation, conséquence de la dévaluation («avec une flambée des prix à l'importation d'environ 30%») et de la monétisation des dettes publiques tant que le déficit extérieur persiste. Dans la même veine, la banque UBS évoquait dans une note publiée début septembre un coût de 9500 à 11.500 euros par personne la première année d'une sortie de la monnaie européenne.

Un scénario «imaginable» et «supportable»

D'après Patrick Artus, cette mauvaise passe devrait alors s'achever au bout de « deux ou trois ans », avec une reprise de la croissance. Mais pour l'Europe, la facture serait salée, puisqu'en sortant de l'euro, la Grèce devrait convertir sa dette publique dans sa nouvelle monnaie. Ce qui coûterait aux banques et investisseurs institutionnels de la zone euro quelques 166 milliards d'euros, selon la dévaluation retenue par Natixis.
Une sortie de l'euro d'Athènes demeure «imaginable» et «supportable», avance Patrick Artus. Toutefois, «[il] ne tenterait pas le coup», insiste-t-il, de peur que les marchés se mettent en tête que d'autres pays en difficulté ne quittent à leur tour la monnaie unique. Avec en ligne en mire, l'Italie et l'Espagne (sous perfusion de la BCE via un programme d'achat d'obligation), dont la sortie de l'euro n'est, cette fois-ci, «pas du tout imaginable», étant donné la taille de leurs économies.

Dépenses publiques ou austérité budgétaire ?

Pour l'économiste, seule une politique de relance de la croissance en Grèce permettrait de sortir la tête de l'eau. «Il faut arrêter cet acharnement envers Athènes concernant la réduction de son déficit, s'emporte-t-il. On est en train de tuer le pays. Au lieu de lui donner trois ans pour réduire son déficit, qu'on lui en donne six, et qu'on aide ses entreprises à retrouver le chemin de la croissance et de la compétitivité.»
Un point de vue que partage l'économiste Nouriel Roubini, qui préconise de réactiver le levier des dépenses publiques sous peine de sombrer dans une «Grande dépression». Mais que tance Jürgen Stark, l'ex-économiste en chef de la BCE, pour qui «un stimulus budgétaire ne ferait qu'accroître le niveau de la dette et ne ferait donc qu'accroître encore ces risques». Quoi que décide la zone euro, elle devra dans tous les cas agir vite pour éviter que les «tabous» ne se transforment en scénarii catastrophes. Comme l'a déjà été la contagion de la crise à Rome et Madrid.

Françafrique et « France à fric » de retour

Rarement un homme de l'ombre se sera autant mis en lumière. Et rarement le financement occulte des partis politiques aura été évoqué de manière aussi limpide, que par l'avocat Robert Bourgi, hier dans le Journal du dimanche. Des révélations qui relèvent, au choix ou simultanément, du bon coup de presse, de la vengeance bien sentie, du règlement de comptes politique ou peut-être du mauvais polar. Le récit, hallucinant par sa simplicité, du convoyage de billets des chefs d'État africains jusqu'à l'Élysée, par le porteur de valises (voire de djembés !), bénéficie en tout cas d'un luxe de précisions assez inédit, dans le dévoilement des dessous de la Françafrique, voire ici de la France à fric… Cette mise en cause frontale de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin arrive alors que le procès du premier vient de reprendre et que la décision d'appel sur l'affaire Clearstream, concernant le second, est attendue sous peu. Elle a lieu aussi à trois jours de la sortie du nouveau livre de Pierre Péan sur… la République des mallettes, qui vise justement à dévoiler ces mêmes pratiques de financement. Et alors que la question africaine est aussi à l'ordre du jour, via la « normalisation » - controversée - des relations entre la France et le Rwanda, avec la rencontre, depuis hier à Paris, de Paul Kagamé et Nicolas Sarkozy. Coïncidences plus que troublantes… Chirac et Villepin ayant déjà fait part de leur intention de porter plainte, la justice devrait donc se saisir de l'affaire. En attendant, ce nouvel épisode ne grandit pas la vie politique française, et ses effets collatéraux pourraient bien atteindre au-delà des deux cibles actuelles.

Comédies

C’est comme si le film défilait devant nous : des valises bourrées de dollars par des rois nègres, convoyées à Paris par des barbouzes, enfin ouvertes, comptées puis coffrées dans les palais de la République… C’est le scandale du jour, et le très vieux film de la Françafrique. Nous l’avons déjà vu et revu, avec des acteurs de gauche et de droite. C’est grave, bien sûr, et hautement condamnable. Mais ce n’est qu’une triste comédie, à côté de la vraie catastrophe qui menace : l’éclatement de l’euro. Impossible, nous expliquent les gens raisonnables, les conséquences en seraient trop dramatiques… Drôle de raison. L’euro est mortel, et les Européens donnent chaque semaine davantage l’impression de vouloir en hâter le terme. Alors, dissertons de la Françafrique, mais sachons qu’à l’échelle de nos vies quotidiennes et de nos emplois, l’implosion de l’euro serait beaucoup, beaucoup plus douloureuse.

Ground Zero a vécu

On avait imaginé une commémoration planétaire, et c’est une cérémonie à taille humaine que le monde a suivie. Une émotion simple et dépouillée, forte, à la hauteur de ces années d’attente que chacune des familles des victimes du 11 septembre 2001 a vécues. Cette dimension à la fois grave et lumineuse - celle de la vie qui continue - va sans doute permettre à New York d’échapper enfin à l’ombre gigantesque et fantomatique que les Twin Towers continuent de projeter sur la ville dix ans après avoir disparu de sa skyline.

Il fallait ces moments d’intimité pour chasser l’horreur. Ces mains qui caressent doucement l’identité, gravée pour l’éternité, d’un mari disparu, comme si elles le retrouvaient; ces prénoms égrenés un à un, déchirant l’anonymat de l’événement qui les a engloutis; ces visages souriants que des parents, debout, brandissent comme pour repousser l’atrocité de la mort d’un fils; l’hommage, fier et tremblant de ces garçons et de ces filles à un père ou une mère qu’ils n’ont connus que par le récit qu’on leur en a fait... et qui peuvent enfin se l’approprier; ces moments de communion et ces étreintes où l’on s’abandonne, toutes défenses à terre, parce qu’enfin tout est vraiment fini.

«Ground Zero» n’existe plus, et il faudra le rayer de notre vocabulaire. Il n’évoquait que le néant d’une destruction. Depuis hier, le no man’s land où erra trop longtemps un souvenir insaisissable est devenu un lieu où l’avenir peut à nouveau regarder vers le ciel. Un site pensé à travers un dédale de volontés contrariées, mais finalement inspiré. Bien inspiré. Ici, au rythme de l’eau et du recommencement inlassable des cascades qui l’emportent et la ramènent, la mémoire, jamais prisonnière du béton ou du marbre, sera toujours en mouvement. Définitivement libre.

Le 11 septembre de 2011 a vaincu celui de 2001. Si les New-Yorkais veulent maintenant effacer de leurs cauchemars les images des Boeing-suicide, des boules de feu et des gratte-ciel qui s’abattent, ils savent qu’ils n’oublieront jamais dans les trépidations du quotidien l’épisode qui a marqué, pour toujours, leur existence. Les voilà prêts à assumer, collectivement, ces stigmates d’un destin commun.

Discrets et volontairement brefs, Barack Obama et George Bush l’ont bien compris. L’un invoqua Dieu, l’autre Lincoln, les deux références indiscutables partagées par les Etats-Unis tout entiers. Ce jour n’était pas politique. Ni républicain, ni démocrate, ni guerrier, ni pacifiste, il n’appartenait ni à un président, ni à son successeur. Ils ont été seulement les spectateurs d’une Amérique qui s’est rassemblée au sommet au moment où, pourtant, les incertitudes économiques, la dette intérieure et les bouleversements des grands équilibres du monde fragilisent sa suprématie déclinante. Hier, New York, brave, a enterré dix ans de tragédie pour affronter l’angoisse de la décennie qui vient.

Économie : le grand dérèglement

Au terme du G7 « marseillais » des argentiers des pays riches, conclu sur des engagements aussi fortement affichés qu'ils sont flous sur leurs moyens de mise en oeuvre, la semaine et les mois à venir s'ouvrent sur des perspectives incertaines, pour ne pas dire chahutées. La Bourse, le révélateur caricatural des dérèglements de la planète libérale, n'est sans doute pas prête à retrouver de sitôt sa sérénité. Tant les signaux cumulés confirment qu'il n'y a pas de vrai pilote dans l'avion de l'économie mondiale, alors que les moteurs tournent au ralenti, que l'emploi est en panne, et que des bombes potentiellement ravageuses (Grèce, banques) restent à désamorcer. Encore heureux qu'il n'y ait pas, pour l'heure, une fronde généralisée des citoyens.

La réponse internationale « forte et coordonnée » promise par le G7 ne doit guère faire illusion. Ce que la rencontre de Marseille a d'abord illustré, ce sont les dissensions profondes de la gouvernance mondiale face à la crise financière et économique. Il y a bien un océan entre le choix américain du soutien coûteux à la relance et la volonté germano-européenne de privilégier l'apurement des dettes publiques. Ce qui augure mal de l'efficacité du prochain G20 made in France, dans le droit fil, il est vrai, d'un déclin quasi continu des sommets à 20, depuis celui de Londres en avril 2009. Cimentée hier par la peur d'un effondrement généralisé, la foi collective s'est délitée avec le retour en trompe-l'oeil de la croissance. Peut-elle renaître de la menace réapparue ?

Pour ne rien arranger, le pilotage européen lui-même laisse toujours autant à désirer. Ce n'est pas un hasard si les Bourses ont dévissé sur la simple annonce de la démission du chef économiste de la banque centrale européenne. En d'autres temps, cela aurait été anecdotique. Or là, les marchés ont immédiatement compris que la défection de Jurgen Starck signait une énorme réticence de l'Allemagne à voir la BCE, dont elle est le pilier, à payer pour les mauvais élèves de la zone euro. Difficile de leur donner tout à fait tort. Même si la France et l'Allemagne vont afficher, ce jeudi, des propositions communes sur la gouvernance européenne. Une nouvelle fois, dira-t-on, c'est bien ça le problème.

Ces inconséquences et ces défaillances du pilotage européen et mondial pourraient s'avérer très dangereuses pour une économie mondialisée qui avance sur le fil du rasoir. Le ralentissement général de la croissance - y compris dans les pays émergents - n'est pas un fantasme de boursier. C'est une donnée réelle qui produit du chômage et de l'angoisse, et qui peut faire exploser les deux bombes suivantes.

En Grèce, il est de plus en plus évident que l'équation de base « peu d'État, peu d'impôts » (et réciproquement) mène le pays au défaut de paiement. Au-delà de la nouvelle visite de la troïka de contrôle des comptes (FMI, BCE, UE), il est sans doute temps de se préoccuper d'un plan B, d'une alternative à un plan de redressement grec qui ne semble plus crédible. Pour l'autre bombe, bancaire, la situation est d'autant plus embrouillée que les banques françaises se font massacrer en Bourse malgré leurs assurances réitérées de bonne santé. Sans doute récoltent-elles les fruits amers d'une politique de non-transparence ou de crash test déconnectés des risques réels. De là à les recapitaliser dare-dare, voire les nationaliser, il y a un grand pas ! La fureur de la Bourse est souvent mauvaise conseillère.

Les États devront-ils voler au secours des banques ?

Les investisseurs ne cessent d'attaquer depuis plusieurs jours les valeurs bancaires exposées par la crise de la dette.

Chaque jour qui passe, surtout quand il est marqué comme vendredi par un coup de bambou en Bourse, met un peu plus de pression sur les banques. Les États européens devront-ils, comme en 2008, les aider? Aucune réponse certaine n'existe. Car ceux qui, à la tête de l'État, des banques et des banques centrales, ont une idée précise de la gravité de la situation ne parlent pas ou tiennent des discours lénifiants pour ne pas ajouter de la crise à la crise. Ceux qui ne sont pas aux affaires évoquent plus librement des scénarios de crise. Comme Ségolène Royal qui, samedi, a déclaré sans vergogne que «les banques vont sans doute redemander l'aide de l'État (…) sans doute dans la semaine».
• Pourquoi les banques auraient-elles besoin d'argent public?
Deux écueils les guettent potentiellement. Le premier serait l'assèchement complet de leurs ressources: les banques ont besoin d'emprunter sur les marchés pour financer leurs activités. Mais la crise des dettes d'État en Europe dissuade de plus en plus de prêteurs. L'éviction du marché dont ont été successivement victimes les établissements grecs, irlandais et portugais, puis espagnols et italiens, semble désormais gagner l'ensemble de la zone euro. Certes, les banques s'adaptent, en empruntant à plus court terme, en «coupant» leurs positions pour économiser leur cash et, enfin, en se procurant de l'argent frais à la Banque centrale européenne. Mais ces solutions ne sont pas pérennes et certaines banques européennes se retrouvent aujourd'hui en situation de grande fragilité sur le front de la «liquidité».
Le deuxième danger qui menace les banques, ce sont les pertes qu'elles pourraient avoir à encaisser du fait du ralentissement économique et de la crise des dettes d'État, la menace la plus immédiate étant celle de la dette grecque. Selon la presse allemande, Berlin prépare d'ailleurs un plan de soutien public au secteur financier, activé en cas de faillite de la Grèce.
• Toutes les banques auront-elles besoin d'aide?
Il est probable que certaines banques auront besoin d'aide. Le défi sera alors de circonscrire l'incendie. Dans le climat actuel de stress, l'annonce d'un sauvetage peut créer une crise systémique, les investisseurs achevant de ne plus prêter à aucun établissement, les épargnants préférant retirer leurs avoirs. En 2008, les États avaient mis en œuvre des plans d'aide extensifs, noyant dans la masse les cas des banques les plus fragilisées. Cette fois, essaimer large pourrait être contre-productif car cela accréditerait la thèse que l'on prépare l'ensemble du secteur bancaire à un choc majeur sur la dette souveraine. «Comme si les politiques envoyaient le signal qu'ils ne croient pas à leurs propres mesures» de sauvetage de la zone euro, relevait la semaine dernière le patron de la Deutsche Bank, Josef Ackermann.
• Quelle forme l'aide pourrait-elle prendre?
Pour les banques qui en ont besoin, l'idéal serait de se recapitaliser sur fonds privés. Fin juillet, deux banques grecques ont aussi annoncé une fusion rendue possible par une injection de fonds… du Qatar. Mais, sauf exception, les États européens seront bien en première ligne. Ce qui pose deux problèmes. Le premier est financier: certains pays déjà fragilisés risquent d'avoir du mal à porter des bilans bancaires parfois équivalents à leur PIB. La solution pourrait venir du Fonds européen de stabilité financière (FESF). L'accord européen du 21 juillet dernier - qui n'est pas encore validé par les parlements nationaux - prévoit qu'il puisse assumer cette mission.
Le deuxième sujet est politique: les opinions publiques accepteront-elles de «sauver» encore une fois les banques? «Seulement si elles paient beaucoup plus cher qu'en 2008 le capital qui leur est fourni et l'argent qui leur est prêté», répond un politique pour qui: «Un sauvetage justifierait aussi de nouvelles exigences en matière de rémunérations, de renouvellement des dirigeants et de séparation des activités.»
• Les banques françaises sont-elles en première ligne?
Les banques françaises, qui avaient plutôt bien traversé la crise de 2008-2009, sont plus chahutées par celle de 2011. Leur expansion en Europe, notamment en Grèce et en Italie, est devenue une faiblesse. Elles sont aussi assez consommatrices de liquidités sur les marchés pour deux raisons: leur modèle «universel» en fait des acteurs significatifs dans la banque d'investissement, et la structure du marché de l'épargne a déporté celle-ci vers l'assurance-vie et les OPCVM plutôt que dans les bilans bancaires. À ce panorama s'ajoutent les faiblesses réelles ou supposées de chacune: une grosse dépendance aux financements de marché chez Dexia, une réputation entamée et de fortes positions de marché à la Société générale, une filiale grecque au Crédit agricole…

Turquie: +8,8% du PIB au 2e trimestre

L'économie turque a connu une croissance de 8,8% au second trimestre 2011, confirmant ses performances depuis 2010, selon les données officielles publiées lundi par l'institut de la statistique (Tüik).

La croissance turque avait déjà atteint 8,9% en 2010, dépassant les prévisions du gouvernement, qui tablait sur une progression d'environ 7,0%. Le Tüik a par ailleurs révisé à la hausse le taux record du premier trimestre 2011 de 11,0% à 11,6%.

La Turquie, pays d'environ 73 millions d'habitants et 17e économie mondiale, conserve un des plus forts taux de croissance au monde. Le produit national brut (PNB) par habitant s'est chiffré à 10.079 dollars pour 2010, selon le Tüik, contre 8.590 dollars en 2009. En 2009, plongée dans la récession du fait de la crise mondiale, l'économie turque s'était contractée de 4,8%.

Va-t-on nationaliser les banques?

Après une nouvelle semaine agitée en Bourse et avant des décisions capitales sur la Grèce... 
 Que faire face à la chute des Bourses et au pilonnage des valeurs bancaires? Lorsque les rumeurs de défaut de la Grèce gagnent en crédit et que les dissensions sont telles au sein de la Banque centrale européenne qu’elles poussent à la démission son économiste en chef, l’Allemand Jürgen Starck? À Marseille, ces deux derniers jours, les ministres des Finances du G7 et les banquiers centraux ont martelé leur confiance envers le système bancaire européen et juré que les banques étaient à l’abri d’un krach… L’Allemagne, pourtant, plancherait sur un plan de sauvetage pour parer à un défaut grec. À Paris, l’Élysée et Matignon suivent désormais de très près le sort de la Société générale. Le massacre des banques en Bourse rappelle, séance après séance, leur fragilité. La crise des dettes souveraines, qui pèsent sur leurs bilans, confirme que la solution est politique et européenne. Passe-t-elle par une nationalisation, comme le soutiennent plusieurs experts, le moyen radical de sauver les maillons les plus faibles de la planète finance?

Marc Fiorentino, PDG de Monfinancier.com : "Prendre 30 % du capital tout de suite"
"Les banques ont besoin d’être recapitalisées et le seul acteur qui puisse les aider, c’est l’État". Le nouveau vent de panique qui a soufflé vendredi sur le secteur bancaire semble donner raison à Marc Fiorentino, expert des marchés. La Société générale a de nouveau fait les frais de l’inquiétude ambiante, son cours clôturant la semaine à – 13,8 % tandis que les autres valeurs bancaires chutaient de plus de 7 %. Pour le PDG de Monfinancier.com, une intervention radicale s’impose. "Elle doit prendre la forme d’une participation de l’État au capital des banques françaises de l’ordre de 30 %". L’expert chiffre le coût de la mesure entre 50 et 100 milliards d’euros. Pour la financer, la France pourrait emprunter en recourant au besoin au fonds de stabilité européen. Cette nationalisation ne suffira pas. Elle doit s’accompagner d’un recentrage des activités bancaires sur le financement de l’économie et non plus sur la spéculation financière. "Elles nous ont menti en 2008 et nous ne savons pas aujourd’hui si elles cachent d’autres bombes toxiques dans leurs bilans".
René Ricol, ancien médiateur du crédit : "L’urgence, les protéger de la spéculation"
Tous les banquiers parisiens, dont Frédéric Oudéa, patron de la Société générale, seront à New York mardi pour rencontrer des investisseurs internationaux. Un rendez-vous de longue date qui prend maintenant une importance capitale. De nouveaux chiffres –rassurants– seront diffusés à cette occasion. Suffiront-ils à calmer les Bourses et les gérants d’actifs qui font plonger les cours? "Il est impossible de rester sans réagir face aux attaques dont fait l’objet la Société générale. Il faut d’urgence arrêter les spéculateurs qui jouent sur tous les marchés : matières premières, obligations, comme actions des sociétés cotées", insiste René Ricol. Pour lui, la qualité des fondamentaux des banques françaises et ceux de la Société générale en particulier sont sains. "Il existe une batterie d’outils pour protéger un établissement : une garantie publique ou la mise à disposition de financements par des organismes gouvernementaux", ajoute-t-il. Coût de l’opération? Jusqu’à 10 milliards d’euros, selon plusieurs experts qui ont regardé le dossier. L’économiste Élie Cohen avance d’autres pistes : une augmentation de capital, une intervention du Fonds européen de stabilité ou l’entrée au capital d’un fonds souverain. "Sans un tsunami financier avec des défauts grec, italien ou espagnol en cascade, il n’y a pas de raison de nationaliser".
Georges Pauget, fondateur d’Économie, finance et stratégie : "Cela n’a pas de sens aujourd’hui"
La faillite de l’État grec peut encore être évitée. "Tout comme une intervention de l’État en faveur des banques françaises. Cela n’a pas de sens aujourd’hui", plaide Georges Pauget. Pour l’ancien patron de l’une des plus grandes banques françaises, le Crédit agricole, aujourd’hui à la tête du cabinet de conseil Économie, finance et stratégie, parler de nationalisation, même en cas de défaut grec, est excessif. L’exposition totale des établissements français à la Grèce se chiffre à environ 8 milliards d’euros. Soit ce qu’elles gagnent en un semestre. La solution, selon Pauget? "Un apport en garanties, sur le modèle de ce qui a été fait en 2008, permettrait de restaurer la capacité d’emprunt des banques".
François Hollande, candidat à la primaire socialiste : "En cas de défaut grec, l’État doit entrer au capital"
En pleine campagne des primaires socialistes, François Hollande ne veut pas verser dans l’idéologie des années Mitterrand. Mais il n’exclut pas une mesure de sauvegarde. "S’il advenait qu’il y ait un défaut de la Grèce et que les banques soient amenées à constater des pertes, il y aurait un appel à l’État, comme cela s’est produit dans la crise des subprimes. Dans ce scénario, à la différence de 2008, je recommanderais que l’État ne prête pas aux banques mais prenne une participation à leur capital", déclare-t-il au JDD. Un scénario où l’État deviendrait un actionnaire minoritaire et se retirerait en cas de retour à meilleure fortune. Pour Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP, la méthode est dépassée : "Il existe des techniques sophistiquées qui permettent d’éviter la nationalisation". Les banques françaises sont exposées à un défaut de paiement de certains pays. "À ce stade, ce risque n’existe pas. Nous devons tout faire pour empêcher que les banques ne se trouvent en cessation de paiements pour protéger l’épargne des Français. En 2008, le gouvernement leur avait fait des avances remboursables. Ce dispositif a protégé les banques et l’argent des Français, tout en ne coûtant rien au contribuable. Au contraire, les banques ont payé les intérêts dus à l’État".

La Grèce veut vendre du soleil à l'Allemagne

Le Premier ministre grec, Georges Papandréou, a confirmé aujourd'hui l'intérêt de l'Allemagne pour "acheter du soleil" grec, en important de l'électricité produite par des parcs photovoltaïques en Grèce.

Georges Papandréou, qui donnait une conférence de presse de rentrée économique à Salonique, a indiqué qu'il se rendrait fin septembre en Allemagne pour discuter de ces projets avec son homologue allemande, Angela Merkel lors d'un congrès d'industriels allemands. "Nous pouvons fournir aux Allemands de 10.000 à 15.000 MW", a-t-il précisé, soulignant toutefois l'urgence pour le pays de lutter contre "la corruption et la bureaucratie", qui ont par le passé fait naufrager d'innombrables plans d'investissements.

Il a fait état d'un "énorme intérêt" allemand envers les capacités grecques de production d'énergies renouvelables, au vu de l'abandon prévu de la production d'énergie nucléaire en Allemagne, et des doutes pesant sur la stabilité politique de la rive sud de la Méditerranée.  "Il y avait un projet au Sahara, mais il est remis en question par les évolutions politiques", a-t-il indiqué.

Après la visite en Grèce d'un responsable allemand, dans le cadre d'un plan commun de promotion des investissements pour aider à la relance grecque, le ministère de l'Environnement avait indiqué travailler sur un projet d'installation de parcs solaires de 20.000 hectares destinés à l'exportation vers l'Allemagne.  Selon la presse, ce projet, baptisé "Helios", du nom antique du dieu soleil, est doté d'un budget initial de 20 milliards d'euros.

Le ministre allemand de l'Economie Philipp Rösler est attendu en Grèce en octobre en vertu d'un accord entre Athènes et Berlin conclu en mars pour coopérer en matière de développement d'énergies renouvelables. Le gouvernement socialiste grec cherche à attirer des investissements dans les énergies renouvelables pour remplacer les emplois perdus du fait de la récession exacerbée par des mesures d'austérité prises pour régler le problème de la dette. Il a également promis de rendre la production électrique progressivement moins dépendante du lignite, une variété de charbon très polluante.

Semaine cruciale pour les banques

Moody's pourrait dégrader les notes de crédit de la Société générale, BNP Paribas et Crédit agricole. 

La semaine qui s'ouvre s'annonce à hauts risques pour le secteur bancaire européen en général, et les établissements français en particulier. Littéralement massacrées en Bourse depuis le début de l'été, les banques s'apprêtent à affronter de nouveaux vents contraires. Alors que les Européens doivent finaliser cette semaine le deuxième plan de sauvetage de la Grèce, l'agence de notation Moody's pourrait, selon certaines rumeurs, abaisser la note de crédit de trois banques françaises, BNP Paribas, Crédit agricole et Société générale. Le 15 juin, l'agence les avait placées sous «surveillance» pour trois mois, avec «perspective négative», en raison de leur exposition à la Grèce. Si elle s'en tient à ce qu'elle avait indiqué avant l'été, Moody's abaisserait d'un cran les notes de BNP Paribas et du Crédit agricole et de deux crans celle de la Société générale. Pendant le week-end, Moody's et les trois banques concernées se sont refusées à faire tout commentaire.
En pleine tempête boursière, ce changement de note, même anticipé, sera un nouveau coup dur pour ces banques qui s'efforcent de rassurer les investisseurs sur leur capacité à se refinancer. Le climat reste délétère: l'action de la Société générale, la plus attaquée par les marchés, a ainsi perdu 56% depuis le 1er janvier, BNP Paribas, 37% et Crédit agricole, 43%. L'indice bancaire européen a dans le même temps chuté de 35%.

La troïka à Athènes

La tension est montée d'un cran vendredi lorsque le très orthodoxe chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE), l'Allemand Jürgen Stark, a démissionné pour marquer son désaccord avec l'aide apportée par l'institut monétaire aux pays fragiles de la zone euro, y compris l'Italie et l'Espagne, sous forme de rachat de leurs emprunts obligataires sur le marché. Pour ne rien arranger, les banques rechignent à se prêter entre elles. Les dépôts au jour le jour des banques de la zone euro auprès de la Banque centrale européenne (BCE) sont à un niveau record.
Cette semaine, les représentants de la troïka (Union européenne, Fonds monétaire international et BCE), chargés de surveiller les comptes de la Grèce, y feront leur retour. Ils étaient partis de façon inopinée début septembre, estimant qu'Athènes n'avait pas rempli ses promesses en matière de privatisations et de réformes économiques. Le gouvernement grec a donné dimanche des gages supplémentaires et le commissaire européen Olli Rehn s'est dit confiant dans la perspective d'un accord d'ici à la fin du mois. Le temps presse en effet: la Grèce a absolument besoin du feu vert de la troïka pour recevoir une nouvelle tranche d'aide de 8 milliards d'euros tirée du premier plan d'aide de 2010. Un refus signifierait le défaut de paiement. Les banques qui lui ont prêté de l'argent, subiraient, alors de lourdes pertes.
Dans ce contexte, le débat fait rage pour savoir si les banques européennes, qui détiennent dans leurs bilans des paquets d'emprunts d'États de pays fragilisés de la zone euro sont suffisamment capitalisées.
Le 27 août, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, avait estimé qu'il était «urgent» que les établissements financiers européens se renforcent avec de nouveaux capitaux. Samedi, elle a atténué ses propos, précisant, que le chiffre de 200 milliards d'euros de besoin de recapitalisation des banques européennes n'était qu'une estimation provisoire «actuellement en discussion»…


IN REMEMBERANCE












Les Allemands anticipent une mise en faillite de la Grèce

Organiser l'insolvabilité plutôt que la subir. À Berlin, c'est le nouveau credo d'une bonne partie des experts économiques n'écartent plus l'hypothèse du pire.

L'Allemagne a-t-elle déjà lâché la Grèce ? Selon plusieurs sources gouvernementales, la question n'est en tout cas plus de savoir si la Grèce va faire faillite mais plutôt comment. Histoire d'anticiper les conséquences pour le reste de la zone euro, et surtout ses banques.
Selon le magazine allemand « Der Spiegel », les troupes du ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, étudient deux hypothèses de sortie de crise brutale : l'une avec maintien de l'euro dans le pays, l'autre avec retour à la drachme. Le fonctionnement du Fonds européen de stabilisation financière, qui avait été adopté le 21 juillet dernier, pourrait être remanié lors du sommet du ministère des Finances prévu en fin de semaine en Pologne. Et ce, afin de parer au plus pressé en cas de scénario du pire. Dans l'hypothèse d'une faillite de la Grèce, les États en difficulté, comme l'Espagne ou l'Italie, se verraient automatiquement attribuer des lignes de crédit, tout comme les banques exposées à la dette grecque. Dans le quotidien « Die Welt », c'est le ministre de l'Économie, Philipp Rösler, qui évoque « l'insolvabilité ordonnée de la Grèce ». Des solutions destinées à limiter les risques de contagion, mais aussi à faire pression sur le gouvernement grec.
Un gouvernement grec qui a présenté dimanche une série de nouvelles mesures pour endiguer le dérapage de son budget, et tenter de convaincre ses créanciers de prolonger leur soutien. Des représentants du FMI (Fonds monétaire international), de l'Union européenne et de la BCE avaient quitté Athènes début septembre, en protestant contre le manque de coopération du gouvernement. Ce que le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, a vivement démenti ce week-end en expliquant que ce départ était « planifié ». Une nouvelle taxe foncière sur tout l'immobilier du pays sera ainsi appliquée dès cette année, et collectée d'après les factures d'électricité. Au total, le pays s'engage à réaliser 2 milliards d'euros d'économies supplémentaires en 2011, ce qui limitera le déficit du pays à... 17,1 milliards d'euros.
Pour les marchés, qui avaient fondu vendredi sur l'euro, le marché obligataire et les banques les plus exposées à la crise grecque, les mesures risquent de ne pas suffire. La dégradation de la note de trois banques françaises que pourrait annoncer Moody's cette semaine devrait faire sortir du bois de nouveaux grecquo-sceptiques. Vendredi, le commissaire européen à l'Énergie, Günther Oettinger, avait suggéré de mettre en berne à Bruxelles les drapeaux des pays « pécheurs » pour cause de méga-déficit...
L'Allemagne a-t-elle réellement intérêt à ce que la Grèce sorte de la zone euro ? Pas si sûr. En effet, avec un retour à la drachme, les autorités d'Athènes pourraient utiliser l'arme de la dévaluation monétaire. Dans un premier temps, cela pourrait relancer l'économie grecque. Mais cela constituerait aussi le meilleur moyen de faire une croix sur toutes les créances du pays, puisque la valeur des actifs serait ramenée à zéro ou presque. Cela pénaliserait fortement les banques allemandes très exposées à la Grèce, tout comme les françaises. Or, une banque préférera toujours récupérer un peu que rien du tout.
Par ailleurs, une dévaluation obligerait les banques à déprécier leurs créances. Si les établissements semblent avoir correctement provisionné leur exposition à la dette souveraine, ce que contestent toutefois plusieurs spécialistes, « cela n'est pas forcément le cas de la dette privée », indique un analyste. Pour les banques qui détiennent des réseaux bancaires grecs, comme Crédit Agricolegricole avec Emporiki et Société Généralecute; Générale avec Geniki, l'impact d'un défaut de la Grèce et d'un retour à la drachme serait évidemment dramatique. Un tel scénario serait long à mettre en place. Ne serait-ce que parce que le traité de Maastricht ne prévoit rien cet effet...