TOUT EST DIT

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jeudi 25 août 2011

Télézapping : les féministes s'inquiètent des conséquences de l'affaire DSK



Austérité en poudre

Le saupoudrage est une vieille recette française. En général, il est utilisé pour distribuer des subventions : les sommes sont d’autant plus minimes que les récipiendaires sont nombreux. François Fillon a montré hier que le saupoudrage fonctionnait aussi dans l’autre sens.

Son plan anti-déficit est une addition de mesures qui paraissent au premier abord moins « méchantes » que les propos alarmants des derniers jours le laissaient craindre. À y regarder de près, cependant, il y a bien un tour de vis, ou, plus exactement, de nombreux tours de vis catégoriels. On ne touche pas aux gros boulons du haut de l’édifice budgétaire, mais on ajoute des rivets un peu partout dans les coins. En d’autres termes, on fait les fonds de tiroir. Les fumeurs, les détenteurs de patrimoine, les très riches et les entreprises sont en première ligne. Les mécontents seront nombreux, mais ils sont assez dispersés pour ne pas être en mesure de constituer un front commun massif. C’est du moins ce qu’espère l’exécutif.

Ce plan sera-t-il suffisant ? À moyen ou long terme, certainement pas, car ce n’est pas de douze milliards d’économies dont la France a besoin pour résorber sa dette et pour garantir sa capacité d’emprunter à des taux raisonnables, mais de bien plus. On se demande d’ailleurs si ces douze milliards sont réalistes, car certaines mesures, telle la taxation exceptionnelle des plus hauts revenus, sont surtout symboliques. La création d’une tranche supplémentaire de l’impôt, comme en Allemagne, la suppression de la TVA à 5,5 % dans la restauration – c’est l’une des niches fiscales les plus coûteuses –, l’abrogation du « paquet fiscal » très dispendieux de 2007, auraient été mieux accueillies, à la fois par les marchés et par beaucoup de Français. Mais de telles mesures auraient obligé Nicolas Sarkozy, qui a déjà été contraint de démanteler son « bouclier fiscal », à désavouer pratiquement toute sa politique financière, ce qui est trop demander à huit mois de la présidentielle.

Le saupoudrage d’hier est un signe pour dire à tout le monde – aux investisseurs comme aux électeurs — que le gouvernement s’attelle à assainir les comptes. Le vrai plan d’austérité est pour les lendemains des élections de 2012, et il s’imposera aux vainqueurs de la présidentielle et des législatives, quels qu’ils soient. L’austérité en poudre de 2011 est un échantillon lyophilisé de celle qui nous attend.

DSK en visite privée au FMI la semaine prochaine

Dominique Strauss-Kahn envisage de venir au Fonds monétaire international (FMI) pour une visite "privée", a indiqué jeudi 25 août à la presse un porte-parole du FMI, David Hawley. "Comme tout ancien directeur général du FMI, M. Strauss-Kahn serait le bienvenu au fonds. Je crois qu'il a l'intention de passer au quartier général, à titre personnel", a déclaré M. Hawley.

"Je m'attends qu'il rencontre le personnel. Je n'ai pas d'autres détails sur cette visite dont toutes les modalités n'ont pas encore été arrêtées", a ajouté le porte-parole de l'institution. "Essentiellement privée", la rencontre "ne serait pas ouverte à la presse ou au public", a-t-il conclu.

FAUT BIEN  QU'IL RENDE VISITE À TOUTES CELLES QU'IL A NIQUÉ !! 
(Oui, c'est bas, mais ça fait du bien !)

53 % de Français contre le retour de DSK dans le débat politique

L'affaire DSK a laissé des traces. Selon les résultats d'un sondage CSA pour 20 Minutes, BFM-TV et RMC, une majorité de Français (53 %) ne souhaite pas que Dominique Strauss-Kahn participe au débat politique dans les prochains mois. Posée lundi et mardi, la question anticipait toutefois un abandon des charges pénales par la justice américaine contre l'ancien directeur général du FMI.
Si le taux est sensiblement le même chez les hommes que chez les femmes, les écarts sont par contre notables selon les convictions politiques : le chiffre grimpe ainsi à 61 % chez les sympathisants de droite mais tombe à 43 % chez les sympathisants PS et à 47 % chez ceux de gauche.
Les sondés avaient par ailleurs le choix avec deux autres propositions, dont une candidature de DSK à la primaire, qu'ils ont approuvée à 23 %, ou une simple prise de position en faveur d'un des candidats déclarés, hypothèse qui a les faveurs de 19 % des personnes interrogées. 5 % des sondés ne se prononcent pas.
HOLLANDE BIEN PLACÉ POUR LA PRIMAIRE...
Concernant la primaire socialiste, 29 % des sondés déclarent qu'ils iront certainement (14 %) ou probablement (15 %) voter, un chiffre en baisse de 4 points par rapport au mois de juillet. Chez les sympathisants socialistes, le chiffre plafonne à 50 %, en baisse de 9 points.
Parmi le sous-échantillon de sympathisants PS désireux de participer à la primaire, François Hollande recueille 45 % de préférences (+ 3 par rapport à juillet), Martine Aubry baisse de 2 points à 39 %, Ségolène Royal passe de 11 à 10 %. Manuel Valls recueille 3 %, Arnaud Montebourg 2 % et Jean-Michel Baylet 1 %. Ces chiffres sont à analyser avec prudence compte tenu de la taille de l'échantillon. "A sept semaines de la primaire, la préférence de choix la plus souvent exprimée se porte sur François Hollande, aussi bien parmi ceux déclarant qu'ils y participeront (37 %) que parmi les seuls sympathisants socialistes", note le sondeur CSA, tout en notant qu'il ne s'agit pas "d'intentions de vote".
... ET DEVANCE SARKOZY
Quant aux intentions de vote pour l'élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy et le candidat du PS, qu'il s'agisse de François Hollande, Martine Aubry ou Ségolène Royal, se qualifieraient pour le second tour si le premier tour avait lieu dimanche, avec une Marine Le Pen en légère baisse à 15 %.
Alors qu'au mois de juillet, Marine Le Pen et Ségolène Royal étaient au coude-à-coude à 17 % derrière le chef de l'Etat (28 %), la présidente de la région Poitou-Charente dépasse désormais la leader d'extrême droite, avec 19 % contre 15 %, mais perd contre le président (19 % contre 26 %). Dans l'hypothèse Aubry, la maire de Lille et le chef de l'Etat sont au coude-à-coude, à 26 %. Seul François Hollande parvient à devancer Nicolas Sarkozy, avec 27 % d'intentions de vote contre 26 %.
Derrière, Marine Le Pen recueille 15 % d'intentions de vote dans les trois scénarios, alors que Jean-Louis Borloo en obtient 8 %. François Bayrou oscille de 7 à 9 %, Eva Joly de 5 à 7 % et Jean-Luc Mélenchon de 6,5 à 9 %. "Une part importante de l'électorat continue à se porter sur l'un des trois candidats de l'espace central, souligne CSA, avec une légère avance de Jean-Louis Borloo sur François Bayrou, cependant que Dominique de Villepin obtiendrait un score nettement plus faible".

IL Y A DONC, PRESQUE 47% DE FRANÇAIS POUR SON RETOUR EN POLITIQUE !?

L’arbre qui cache la forêt

Quel courage à neuf mois de la présidentielle, diront certains ! Quel opportunisme, surtout, en donnant l’impression de s’adapter aux circonstances économiques avec l’art de montrer l’arbre qui cache la forêt ! Car c’est bien «machine arrière» qui a été commandé depuis la passerelle de l’Élysée. «Machine arrière», à petite vapeur certes, pour la loi «TEPA», cette panacée économique du sarkozysme qui a contribué à creuser la dette, passée en cinq ans de 65 % à 85 % du PIB. Même si un arsenal de mesures payées à crédit a aussi permis de passer le cap social des premières crises financières. Pas celle en cours en pleine tempête sur l’euro.

Cependant, reprendre quelques cadeaux fiscaux «à la grecque» et raboter de nouveau les fameuses niches fiscales pour racler un milliard cette année et onze l’année prochaine ne suffiront sans doute pas, même en ajoutant une faible taxation exceptionnelle des plus hauts revenus et – entre autres annonces – une contribution sur les sodas…

Personne n’est dupe, d’autres efforts seront nécessaires pour ramener le déficit budgétaire à 3 % en 2013, voire en dessous en 2014. Déjà les projets sortent des cartons. L’harmonisation franco-allemande de l’impôt sur les sociétés pourrait, outre d’autres bénéfices pour l’État, mettre fin aux multiples exonérations à la française, amplifiées depuis les lois Aubry sur les 35 heures, peaufinées par l’équipe Raffarin et étendues aux heures supplémentaires sous le quinquennat Sarkozy. Et ce serait du positif.

Mais pour le reste, chut ! Ne surtout pas s’étendre sur les mauvaises nouvelles, ne pas parler d’austérité à la veille de deux campagnes électorales décisives, ces grand-messes où chantent les promesses mirobolantes. Silence sur les sujets qui fâchent ! Pas de lamentations non plus, car, selon François Fillon, les Français ne sont pas les plus mal lotis comparés aux Italiens ou aux Grecs. Inutile qu’ils se serrent la ceinture, ils sont juste invités à persévérer dans leur régime hypocalorique. En respectant une diète qui tient dans les gels budgétaires et, notamment dans le gel des dotations aux collectivités territoriales. Avec, forcément, des répercussions sur le quotidien de tout un chacun.

Une cure jusqu’à quand ? Limitée au jour où le déficit budgétaire descendra à 3 % comme pour la taxe sur les hauts revenus ? Inutile de se leurrer. Le projet actuel a pour principal but de maintenir le «triple A» de la France, au moins jusqu’aux échéances du printemps 2012. Sans jamais prononcer ce mot électoralement suicidaire qu’est «impôt», bien que des prélèvements cachés soient déjà décidés (sur les assurances complémentaires). Ensuite, il faudra freiner la dette abyssale (1600 milliards), peut-être grâce à une nouvelle politique européenne, plus sûrement par de nouvelles rentrées. Le chef de l’État qui sortira des urnes en mai prochain n’aura d’autre choix que de serrer la vis. En veillant à ne pas étouffer la croissance. En veillant surtout à l’équité fiscale et sociale. Le moins évident…

La rigueur fait recette

Comment rassurer les marchés sans « désespérer » le monde du travail miné par un chômage massif ? Comment cultiver la rigueur sans casser la croissance ? Comment accroître l'impôt sans froisser l'électeur ? Rarement le devoir budgétaire de rentrée aura été aussi difficile et risqué pour le gouvernement.

La faute au rebond d'une crise protéiforme ¯ boursière, financière, bancaire, économique ¯ venue pour une bonne part de l'extérieur. La faute aussi à quelques relâchements du gouvernement. Avant de se convertir bruyamment à la règle d'or de l'équilibre des finances publiques, Nicolas Sarkozy a pratiqué, comme ses prédécesseurs, le hors-piste budgétaire.

Mis en oeuvre par un orfèvre assumé de l'orthodoxie gestionnaire, François Fillon, le plan d'assainissement fera-t-il recette auprès des marchés et évitera-t-il au pays le noeud coulant de taux d'intérêt asphyxiants ? Difficile de supputer les réactions d'acteurs financiers de plus en plus imprévisibles. En revanche, on peut penser que la potion amère du retour à la bonne santé illustre un volontarisme minimal qui ne donnera pas à l'opposition les ingrédients d'une mayonnaise polémique durable et politiquement très rentable.

Bien sûr, les leaders socialistes auront beau jeu d'ironiser sur la remise en cause bien tardive du dernier emblème de la politique sarkoziste de rupture : la défiscalisation des heures supplémentaires. Une mesure qui s'est avérée coûteuse, inefficace, et même contre-productive en termes d'emplois.

La copie gouvernementale est suffisamment habile pour parer d'éventuelles attaques frontales. D'abord, la rigueur qui en est le moteur assumé n'est plus taboue dans le champ politique français. Son credo fait largement recette de part et d'autre de la frontière majorité-opposition.

Les ténors socialistes comme ceux de l'UMP partagent la conviction de base que la lutte contre les déficits publics est la condition sine qua non de la croissance. Et qu'elle passe inévitablement par une augmentation des impôts, fut-elle ciblée sur les niches fiscales ! Pour un peu, François Hollande et Martine Aubry en remontreraient même à François Fillon dans le rigorisme gestionnaire ! Le socialisme dépensier ¯ keynésien ¯ s'est singulièrement dévalué, ces derniers temps.

Ensuite, la rigueur fait la manche à tous les guichets. Elle n'épargne apparemment pas grand monde. Le rabot de Matignon rase tous azimuts. Mieux, il donne l'impression de privilégier la chasse au gros. Au prix d'un marketing médiatique savamment articulé avec les « victimes » elles-mêmes, le chef du gouvernement cherche à faire accroire qu'il frappe d'abord les plus riches. Alors que la contribution sur les très hauts revenus relève plus, du symbole que d'une lourde ponction sonnante et trébuchante. Elle est centrale dans l'affichage politique du gouvernement, marginale à la caisse.

Enfin, les deux mesures les plus spectaculaires ¯ remodelage de la défiscalisation des heures supplémentaires et taxation exceptionnelle des hauts revenus ¯ montrent bien que la rigueur évite les chemins escarpés des réformes impopulaires. C'est là, sans doute, la vraie faiblesse du plan Fillon: son manque d'audace réformatrice.

Prudence électorale oblige ? Une fois de plus, le pouvoir fait du toilettage là il faudrait de la chirurgie. Il se garde de toucher au coeur du chef-d'oeuvre baroque ¯ inefficace et injuste ¯ que constitue notre fiscalité. Et s'il se décide à rogner, passagèrement, les hauts revenus, c'est pour mieux oublier de s'attaquer aux racines des salaires « exorbitants ». Il en atténue les effets. Il n'en soigne pas les causes.

Apple: Steve Jobs démissionne de son poste de DG

Steve Jobs, le fondateur d'Apple, a annoncé mercredi soir sa démission de ses fonctions de directeur général du groupe dans une lettre adressée à la fois au conseil d'administration et à l'ensemble de la communauté Apple.
Sans surprise, cette annonce a entraîné un décrochage des actions Apple dans les cotations électroniques après-Bourse. Selon les dernières cotations disponibles, le titre Apple se négociait autour de 357 dollars, contre une clôture de plus de 376 dollars hier soir.
Au début de l'année, le patron d'Apple avait déjà décidé de prendre ses distances vis-à-vis du groupe informatique afin de se consacrer à sa santé.
Le dirigeant s'était déjà absenté près de six mois en 2009 pour soigner un cancer du pancréas.
Voici la traduction de l'intégralité du courrier envoyé hier par Steve Jobs:
'Au conseil d'administration d'Apple et à la communauté Apple:
J'ai toujours déclaré que si un jour j'étais dans l'incapacité d'honorer mes responsabilités et les attentes en tant que directeur général d'Apple, je serais le premier à le faire savoir. Malheureusement, ce jour est arrivé.
Je décide en conséquence de démissionner de mon poste de directeur général d'Apple. J'aimerais demeurer, si le conseil le juge opportun, président du conseil d'administration, directeur et salarié d'Apple.
En ce qui concerne mon successeur, je recommande fortement l'application du plan de succession et nomme Tim Cook directeur général d'Apple.
Je pense que les jours les plus brillants et les plus novateurs d'Apple restent à venir. Et je suis impatient d'assister et de contribuer à son succès au sein de mes nouvelles fonctions.
Je me suis fait quelques uns des meilleurs amis de ma vie chez Apple et je vous remercie tous pour les nombreuses années durant lesquelles j'ai pu travailler avec vous.
Steve.'

Le régime minceur du professeur Fillon

Quand il enfile l'habit de père-la-rigueur, on ne peut pas dire que François Fillon soit à contre-emploi, ou que le rôle qu'il endosse lui déplaise. N'avait-il pas été le premier à oser le mot tabou de « rigueur », ou à sonner l'alerte sur la dette, au grand dam de l'Elysée ? Aussi, rien d'étonnant à ce que Nicolas Sarkozy demande à son Premier ministre, qu'il ne doit décidément pas regretter d'avoir relégitimé, de prendre la main pour délivrer les mauvaises nouvelles des arbitrages budgétaires de 2012. Un exercice ô combien acrobatique puisqu'il s'agit à la fois de rassurer les marchés en maintenant le cap de la réduction des déficits publics et, à huit mois de la présidentielle, de faire passer la pilule d'un nouveau tour de vis. En bon artisan de l'orthodoxie budgétaire, François Fillon a donc sorti son couteau suisse pour tailler dans les dépenses, raboter les niches fiscales, limer les hauts revenus, mais aussi dégainé l'arme lourde du tabac. Son plan, substantiel, marque le début d'une cure d'austérité sévère et durable, ainsi qu'un tournant. D'abord Nicolas Sarkozy s'est rallié à l'idée d'une taxation, certes symbolique, frappant les ultrariches. La critique - massive, déstabilisante - des cadeaux fiscaux aux plus riches qui se sont enrichis malgré la crise, a eu raison du dogme conservateur. Ensuite il s'est résolu à continuer à détricoter la loi TEPA, marqueur emblématique du sarkozysme, en rabotant le dispositif de défiscalisation des heures supplémentaires. Dans le premier cas, on peut y voir un pied de nez au projet socialiste, silencieux sur ce point ; dans le second, un petit geste en direction des syndicats. Dans les deux cas, une forme de reniement.

Perspective réaliste

Tout au long du mois de juin, les principaux médias du monde ont beaucoup parlé de la Turquie, généralement en bien. Mais, à mon avis, ils n’ont pas tout dit et rien en tout cas d’une donnée nouvelle qui est venue, depuis peu, transformer l’équation turque.

Mais d’abord où en était la Turquie au début de cette année ? Ce pays de 80 millions d’habitants, qui aspire à devenir membre de l’Union européenne bien que la plupart de son étendue soit en Asie, est en pleine renaissance politique, économique et culturelle depuis le début de ce XXIe siècle.

Héritier d’un grand empire et d’une belle civilisation, il a traversé une longue période de déclin avant d’être rudement secoué, il y a près d’un siècle, par Mustafa Kemal Atatürk.

Mais c’est seulement en 2001 qu’il est entré dans ce cycle vertueux qui l’a conduit depuis lors, pas à pas, vers la démocratie, la prospérité et une grandeur retrouvée.

Les élections législatives du 12 juin 2011 ont donné près de 50 % des voix, une belle majorité au Parlement et le pouvoir pour la troisième fois consécutive à la formation de Recep Tayyip Erdogan, le Parti de la justice et du développement (AKP).

Ce parti héritier d’une formation islamiste a très bien géré l’économie : elle connaît, depuis dix ans, une croissance « à la chinoise » de l’ordre de 8 à 9 % l’an. Le revenu par habitant a doublé et les exportations ont quadruplé en valeur. Les investissements étrangers ont afflué et les émigrés sont revenus.

Membre fondateur de l’OTAN, la Turquie en est aujourd’hui le pays militairement le plus important après les États-Unis. Quant à son économie, elle se classe au 17e rang mondial.

Mais ce dont Erdogan est le plus fier, c’est d’avoir fait de la Turquie en dix ans une quasi-démocratie dont les performances ne cessent de s’améliorer, un pays « en paix avec son identité islamique » et un modèle pour les nations arabo-musulmanes. Avec le président Abdullah Gül et le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, il a élaboré et mis en œuvre une politique extérieure originale qui a fait de la Turquie un acteur remarqué de la scène internationale.

C’est tout récemment que la donnée nouvelle évoquée au début de cet article a été introduite par ce « printemps arabe » dont on n’a pas fini de mesurer l’impact sur la vie internationale.

Il a surpris tout le monde et a déconcerté trois grands pays du Moyen-Orient : Israël, Iran, Arabie saoudite. Ils l’ont non seulement mal accueilli, mais, à ce jour, ne savent pas comment le prendre.

La Chine et la Russie ont eu la même réaction négative et ont fait chorus avec eux.

L’Europe, les États-Unis et la Turquie se sont trouvés, eux, ensemble et dans un camp opposé : celui de pays qui, passé un moment de surprise et d’hésitation, ont décidé courageusement d’épouser le changement et d’aider les peuples à se débarrasser de leurs tyrans.

C’est là un clivage nouveau et important. Pour Israël d’abord : gouverné par le tandem Netanyahou-Lieberman, il va vers un isolement encore plus grand ; pour la Turquie ensuite : son Premier ministre, Erdogan, voit soudain son « nous voulons voir l’Union européenne comme une alliance de civilisations » passer du stade de l’utopie à celui de la perspective réaliste.

En 2023, dans douze ans, sera célébré le centenaire de la République turque fondée par Kemal Atatürk. Est-il irréaliste d’imaginer qu’Erdogan – il n’aura alors que 69 ans et pourra être passé du poste de Premier ministre à celui de président – obtienne, pour cette date charnière, l’adhésion de son pays, la Turquie, à l’Union européenne ?

Ce qu'il faudrait vraiment faire pour réduire le déficit

François Fillon a dévoilé il y a quelques heures les nouvelles mesures d'économies et les engagements de réduction du déficit public. L'ampleur de l'effort est chiffré à 15 milliards d'euros. Or il est possible d'en faire beaucoup plus.

 

François Fillon va détailler ce mercredi à 18 heures les nouvelles mesures d'économies prévues pour tenir les engagements de réduction du déficit public - 5,7% du PIB dès cette année, 4,6% l'an prochain et 3%, le seuil fixé par les traités européens, en 2013. Selon le gouvernement, l'effort nécessaire pour y parvenir correspond à 4 milliards d'économies supplémentaires cette année et 10 milliards l'an prochain. De ce qui a fuité dans la presse ces derniers jours, on connaît les principales pistes du gouvernement, à savoir un nouveau coup de rabot sur certaines niches fiscales et sociales et la d'une taxe sur les ménages les plus riches. De nombreuses voix s'élèvent déjà pour dire que ces mesures d'économies ne sont pas assez ambitieuses. Voici pourquoi.
Raboter toutes les niches fiscalesAu printemps 2010, le gouvernement avait annoncé un coup de rabot de 10% sur les niches fiscales. En réalité, seule une vingtaine - sur plus de 500 - ont été rabotées de 10%, alors que de nombreux parlementaires de la majorité plaidaient pour un coup de rabot généralisée. Celui-ci rapporterait, vu le coût des niches fiscales (75 milliards) et sociales (45 milliards), près de 12 milliards d'euros. Mais le gouvernement préfère, aujourd'hui encore, agir au compte-gouttes. Si le plafond global des niches, fixé à 6% du revenu plus 18.000 euros, pourrait être abaissé, seules quelques niches devraient subir un nouveau coup de rabot - de 10 ou 15%. Il s'agit notamment de réduction d'impôts au titre d'investissements dans l'immobilier (dispositif Scellier, PTZ, dispositif Bouvard, investissements dans les DOM, fin de l'abattement sur les plus-values de ventes des résidences secondaires, etc.).
Supprimer les plus coûteuses les moins efficacesDepuis l'instauration de la défiscalisation des heures supplémentaires en 2007, l'opposition de gauche et les syndicats réclament sa suppression. Selon eux, le dispositif est coûteux (plus de 4 milliards d'euros de manque à gagner par an), rapporte peu de pouvoir d'achat, génère des abus et freine les embauches. Un diagnostic partagé par la Cour des comptes et confirmé par un récent parlementaire. Autre cheval de bataille de la gauche et de la Cour des comptes: la TVA réduite (5,5%) dans la restauration, entrée en vigueur en 2010. Cette niche coûte plus de 3 milliards d'euros par an et ses effets sur l'emploi et sur les prix à la consommation sont contestés. Autres pistes: le service de recherche économique de la banque Natixis vient de publier une étude qui propose une liste de 17 niches fiscales susceptibles d'être supprimées, "sans effets dommageables à long terme sur l'économie française", assurent ses auteurs. Il s'agit par exemple, outre la TVA dans la restauration et la défiscalisation des heures supplémentaires, du taux réduit de TVA pour les travaux de rénovation, de la réduction d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile ou encore du régime du bénéfice mondial ou consolidé pour les entreprises. Gain attendu: 20 milliards d'euros. Las. Le gouvernement envisage de revenir seulement en partie sur la défiscalisation des heures supplémentaires, et seules quelques rares niches sont sur la sellette.
Taxer le capital à hauteur du travailC'est ce que proposent les socialistes. Une autre étude économique de Natixis montre qu'aligner lla taxation du patrimoine des ménages sur celle des revenus (c'est-à-dire augmenter le taux de taxation du capital de 25 points) permettrait de dégager plus de 40 milliards d'euros de recettes fiscales supplémentaires. Le gouvernement envisage de relever de 12,3% à 14% les prélèvements sociaux sur l'épargne (dividendes et plus-values), ce qui porterait le niveau global d'imposition (CSG+ impôts) à 33%, contre 41 pour le taux marginal de l'impôt sur le revenu.
Augmenter les impôtsEn contrepartie de l'allègement de l'ISF voté dans le cadre de la réforme de la fiscalité du patrimoine en juin dernier, de nombreux parlementaires de la majorité - notamment le président de la commission des finances du Sénat, le centriste Jean Arthuis, et le président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée, l'UMP Pierre Méhaignerie - pour la création d'une nouvelle tranche marginale de l'impôt sur le revenu, à 46% contre 41% aujourd'hui, pour les revenus supérieurs à 100.000 ou 150.000 euros. Cela rapporterait au moins 1 milliard d'euro chaque année. Le gouvernement a d'ores et déjà annoncé que les très riches allaient être mis à contribution pour réduire la dette de la France. Mais il semble privilégier une taxe symbolique alors que de nombreux ménages aisés échappent encore en grande partie à l'impôt grâce aux innombrables niches fiscales. La piste qui tient aujourd'hui la corde est une taxe de 1% à 2% sur les revenus dépassant un million d'euros par an. Cela concernerait 30.000 foyers et rapporterait 150 à 300 millions d'euros.

L’UE, pour le peuple mais sans le peuple

Il y a un point sur lequel les populistes ont raison : l'Union n'écoute pas ses citoyens. Et l'action des dirigeants et des institutions ne fait que renforcer l'impression que l'intégration européenne se fait à coups de mesures technocratiques sur lesquelles les populations n'ont pas d'emprise. 

Dès que le philosophe allemand Jürgen Habermas dit quelque chose sur son pays et l'Europe, ses compatriotes ouvrent grand leurs oreilles. En effet, ce fervent Européen de 82 ans, très écouté aux Etats-Unis, prend la parole quand il sent que les choses vont très mal.
Alors forcément, lors de la conférence qu'il a donnée récemment à Berlin, en pleine crise de l'euro, il a captivé son public. Il a accusé les élites politiques de faillir à leur devoir de rendre l'Europe à ses citoyens. "Le processus d'intégration européenne, qui s'est toujours fait sans consulter la population, est aujourd'hui arrivé dans une impasse", a déclaré Habermas pendant une table ronde organisée par le Conseil européen des relations étrangères. "Il ne peut pas aller plus loin sans passer de son système d'administration habituel à une administration impliquant davantage la population".
Les élites politiques "se cachent la tête dans le sable", a-t-il ajouté. "Elles s'obstinent à poursuivre leur projet élitiste et à priver la population européenne de ses droits."
Ceux qui abondent dans le sens de Habermas citent souvent pour preuve le comportement du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, qui représente les 27 Etats membres.

Désignés derrière des portes closes

Ces derniers mois, aucun des deux n'a daigné expliquer au grand public ce qui arrive à l'Europe et à l'euro. Lorsqu'ils donnent des interviews, ils ont tendance à s'adresser à une audience élitaire. Aucun ne cherche à parler aux citoyens. "Je doute qu'ils aient jamais songé à organiser des réunions publiques", commente Paweł Świeboda, directeur de DemosEuropa, un centre de recherche indépendant à Varsovie.
Barroso et Van Rompuy ont été désignés derrière des portes closes. La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy, qui excluent souvent le grand public des questions européennes, ont eu une forte influence sur le choix de la personne qui devait prendre la tête de Bruxelles. Selon les analystes, ils ont préféré des leaders velléitaires qui seraient à leur botte.
Ceux qui demandent davantage de démocratie dans l'Union européenne pour donner une vraie légitimité aux patrons de Bruxelles et les contraindre à justifier leurs décisions en public se heurtent à deux grands obstacles.Le premier est la détermination des Parlements nationaux à s'accrocher à ce qui reste de leur pouvoir. Aujourd'hui, les deux tiers des lois sont approuvés à Bruxelles puis soumises à l'approbation des Parlements nationaux. Il n'est donc pas étonnant que les parlementaires allemands soient aussi préoccupés par la crise de l'euro.

Il faudrait reprendre les traités européens

Le plan consistant à créer un gouvernement économique pour la zone euro, dont Merkel et Sarkozy ont vaguement donné les grandes lignes après s'être réunis à Paris le 16 août, implique que le budget et le système fiscal allemands soient en partie soumis à Bruxelles. Un tel gouvernement est un pas logique vers une plus grande intégration économique. Mais, demandent les parlementaires, où sont dans ce plan la transparence et la responsabilité démocratique ? Pour Habermas, on ne les trouve tout simplement nulle part.
Le deuxième obstacle est que pour avoir plus de démocratie, il faudrait reprendre les traités européens qui, entre autres choses, disent comment les responsables doivent être choisis à Bruxelles et comment doivent fonctionner les institutions. "C'est un grand problème pour la légitimité", explique Krzysztof Bledowski, économiste spécialiste de l'Europe et conseiller en chef à Manufacturers Alliance, un lobby d'Arlington, Virginie, qui suit de près ce qui se passe en Europe. Mais aucun dirigeant européen ne veut revenir sur ces traités laborieusement négociés. L'UE pourrait au moins être démocratisée par petites touches. Mais "l'Europe fonctionne sur la base de la méthode et du processus, et ces choses passent avant la démocratie", précise Świeboda.
Les décisions très importantes comme l'instauration de l'euro ou l'élargissement sont prises dans un premier temps petit à petit, ce qui rend difficile pour les opposants de réunir suffisamment de soutien dans la population au fil des étapes. Et une fois que le processus a pris de la vitesse, il devient encore plus difficile à arrêter. La Commission et les Etats membres allèguent toujours qu'une interruption serait trop risquée et coûterait trop cher. Et que, de plus, tout le monde tirera avantage d'une plus grande intégration.
Il est vrai que l'UE n'existerait pas sous sa forme actuelle sans la "méthode Monnet", comme on l'appelle parfois du nom du père de l'Europe, Jean Monnet, sous la houlette duquel ont été prises les premières modestes décisions sur la mise en commun des productions de charbon et d'acier, au début des années 1950.

Les partis populistes pourraient récupérer l'argument

Pas à pas, et inexorablement, cette méthode a mené à la création d'un marché commun pour toutes les marchandises. Elle a également été appliquée lorsque la Grèce est entrée dans la zone euro en 2001, malgré les mises en garde de certains économistes et investisseurs sur la crédibilité du pays, puis lorsque la Bulgarie et la Roumanie ont rejoint l'UE en 2007, malgré les avertissements des autorités chargées de la sécurité et de la justice sur la corruption endémique et les trafics qui sévissent dans les deux pays. Personne n'a voulu entendre ces sonnettes d'alarme. Le processus ne pouvait pas être arrêté. Les critiques sur cette façon de prendre les décisions ne sont pas non plus bienvenues.
"La réponse du statu quo est que, vu que l'Europe est la solution, il ne faut pas la remettre en cause", explique Świeboda. "Si vous émettez des doutes sur la Commission, par exemple, on vous considère aussitôt comme un eurosceptique." Cette méthode a apporté de l'eau au moulin des partis populistes et eurosceptiques, que les pro-Europe traitent d'anti-Europe. Mais les partis populistes, de plus en plus courtisés par la droite, ont raison sur un point : l'UE n'écoute pas ses citoyens.
"Nous manquons de vrais dirigeants européens", déclare Andrea Römmele, professeur de communication en politique et dans la société civile à la Hertie School of Governance à Berlin. "Il y a tellement de questions nationales et européennes qui sont liées, qu'il est grand besoin que les dirigeants européens communiquent avec leur public et renforcent l'Europe."
La crise de l'euro est le parfait exemple de l'échec des dirigeants dans ce domaine. Pour les partisans d'une plus grande intégration, lorsque l'Europe sortira de cette crise – si elle en sort un jour –, la façon de gouverner à Bruxelles et dans les capitales européennes ne pourra pas rester la même qu'avant. Si les portes de l'UE ne s'ouvrent pas de part en part à la démocratie et à la responsabilité, l'Europe deviendra la proie des populistes.   


Herman Van Rompuy

L’homme à tout faire

L’idée, reprise par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy lors de leur rencontre du 16 août, de désigner Herman Van Rompuy en tant que "M. euro" n’est que la dernière nomination par cooptation au sein des institutions européennes. "Dès son élection à la présidence du Conseil européen, en 2010, l’ancien Premier ministre belge avait mis au clair deux choses", écrit à ce sujet ABC : "Qu’il était conscient que sa désignation était le fruit de la volonté claire des l’axe franco-allemand et qu’il entendait son mandat comme une mission pour sauver l’Etat providence, pilier de l’organisation socio-politique du Vieux continent face aux défis de l’économie mondialisée".
La preuve que "cet homme à l’apparence ductile sait ce qu’il fait", note le quotidien madrilène, "c’est qu’il n’a pas répondu à la proposition franco-allemande sur son nouveau rôle à la tête du gouvernement économique européen, sur lequel l’axe franco-allemand a placé ses espoirs de sauver l’euro. Sa première réaction a été un voyage officiel en Norvège, un pays qui n’appartient ni à l’UE ni à la zone euro, mais dont la monnaie dépend de la monnaie unique, comme si rien ne s’était passé."