TOUT EST DIT

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mardi 16 août 2011

EN GREC : ΑΓΟΡΕΣ veut dire marchés


Sarkozy et Merkel veulent un gouvernement pour l'Europe

La France et l'Allemagne vont proposer à leurs partenaires européens la création d'un «véritable gouvernement de la zone euro». Ils souhaitent que le poste revienne à l'actuel président de l'Union européenne Herman Van Rompuy.

La France et l'Allemagne vont proposer à leurs partenaires européens la création d'un «véritable gouvernement de la zone euro», a annoncé mardi le président français Nicolas Sarkozy à l'issue d'un sommet à Paris avec la chancelière allemande Angela Merkel. «Nous allons vers une intégration économique renforcée de la zone euro», a ajouté le chef de l'État.
«Nous voulons dire notre volonté absolue de défendre l'euro (...) et d'avoir sur tous ces sujets une identité de vues et de propositions entre la France et l'Allemagne», a déclaré le président français. Dans une lettre qui sera adressée mercredi à la présidence de l'Union européenne, France et Allemagne proposent de créer un «gouvernement économique de la zone euro». Constitué du conseil des chefs d'Etat et de gouvernement, il se réunira deux fois par an et élira un président stable pour deux ans et demi.
Les deux dirigeants ont proposé que ce nouveau poste, dont le titulaire sera nommé pour deux ans et demi, revienne à l'actuel président de l'Union européenne Herman Van Rompuy, a déclaré Nicolas Sarkozy au cours d'une conférence de presse.

Règle d'or pour les 17 États membres

Par ailleurs, les deux pays vont proposer que les 17 États membres de la zone euro adoptent la «règle d'or» sur l'équilibre budgétaire avant l'été 2012, a annoncé le président Nicolas Sarkozy à l'issue de son entretien avec la chancelière Angela Merkel.
Le premier ministre François Fillon prendra les «contacts nécessaires» avec les différentes forces politiques françaises pour voir si un consensus est possible pour faire adopter cette «règle d'or».
La France honorera ses engagements sur la réduction des déficits publics, soit les ramener à 4,6% du produit intérieur brut en 2012 (contre 5,7% cette année), avant d'atteindre 3% en 2013 et annoncera pour ce faire des mesures la semaine prochaine, a déclaré mardi Nicolas Sarkozy. «La semaine prochaine, le premier ministre entouré du ministre de l'Economie et de la ministre du Budget auront l'occasion d'annoncer un certain nombre de décisions qui permettront de mesurer la volonté absolue de la France d'être en rendez-vous de nos engagements», a-t-il dit. L'objectif de la France est de ramener son déficit public à 3% du PIB en 2013, mais il est actuellement compromis par une croissance moins forte que prévu.

Taxe sur les transactions financières

Autre annonce forte, la France et l'Allemagne vont proposer au mois de septembre que l'Union européenne instaure une taxe sur les transactions financières. «Les ministres des Finances allemand et français déposeront sur la table des instances européennes une proposition commune, dès le mois de septembre prochain, de taxe sur les transactions financières», a déclaré Nicolas Sarkozy.
Cette taxe sur les transactions financières est une «nécessité évidente», a déclaré pour sa part la chancelière allemande. Les deux dirigeants n'ont pas précisé les modalités de cette mesure. Une des possibilités, popularisée par l'économiste James Tobin, consiste à taxer à un taux très faible les mouvements internationaux de capitaux.

Pas d'euro-obligations

Nicolas Sarkozy a par ailleurs indiqué que l'introduction prématurée d'euro-obligations pourrait mettre en danger les pays stables et qu'il fallait attendre le fin du processus d'intégration. Pour sa part, la chancelière allemande Angela Merkel ne croit pas «que les euro-obligations nous aideraient aujourd'hui». «Les eurobonds un jour, peut-être, mais à la fin d'un processus d'intégration, pas au début du processus d'intégration», a précisé le président français. Nicolas Sarkozy a ajouté, lors d'une conférence de presse, que si l'on garantissait sans limite la dette des Etats en déficit, la crédibilité du système disparaîtrait.

La crise pousse les Grecs à dénoncer les fraudeurs au fisc

La brigade antifraude locale a reçu 18.500 dénonciations en 2010.

La délation a le vent en poupe. Alors qu'en Grande-Bretagne les pouvoirs publics appellent les citoyens à dénoncer les émeutiers, en Grèce, les signalements de fraudeurs présumés au fisc affluent comme jamais. La brigade antifraude locale a ainsi reçu 18.500 dénonciations en 2010, contre 4500 l'année précédente et 4000 en 2008. La tendance se maintient puisque 7500 signalements ont déjà été enregistrés au premier semestre. Dans la plupart des cas, il s'agit d'appels téléphoniques ou de courriers électroniques anonymes dénonçant des commerçants ayant «omis» d'émettre des tickets de caisse ou des professions libérales (médecins, avocats…) ne délivrant pas de reçus.
Restée impunie pendant des décennies, la fraude fiscale est désormais sérieusement combattue par les autorités, sous la pression de l'Union européenne et du FMI. De leur côté, les Grecs, frappés de plein fouet par les plans d'austérité, sont de plus en plus prompts à signaler ceux qui ne respectent pas les nouvelles règles du jeu. Qu'ils prennent cependant garde: voilà près de vingt-cinq siècles, la démocratie athénienne a beaucoup souffert des sycophantes. Ces délateurs professionnels, qui s'enrichissaient grâce à leurs accusations, ont largement contribué au déclin grec.

Tour d'Europe des plans d'austérité

Italie et Espagne ont rejoint dans la rigueur la Grèce et le Portugal. Objectif : convaincre qu'ils ramèneront comme prévu leur déficit à 3% du PIB en 2013.
Pour tenter de rassurer sur la crise de la dette, les plans de rigueur s'accélèrent en Europe. Les États le plus dans le collimateur des marchés doivent convaincre qu'ils tiendront la date de 2013 pour ramener leur déficit public sous la barre des 3 % (un an plus tard pour les pays sous plan de sauvetage), comme convenu avec la Commission européenne. La grande inconnue reste l'impact sur la croissance, dont les chiffres pour le deuxième trimestre sont publiés ce mardi à Bruxelles.
L'Italie 
Rome a adopté vendredi un plan de rigueur drastique visant à récupérer 45,5 milliards d'euros d'ici à 2013, à base notamment de hausses d'impôts, de suppressions massives de sièges d'élus locaux et de regroupement ­d'ad­mi­nistrations.
Pour la première fois, une taxe de solidarité sur les revenus les plus élevés a été ­introduite, atteignant 5% pour les revenus supérieurs à 90.000 euros par an et 10% au-delà de 150.000. Le Parlement avait déjà voté en juillet un plan de rigueur de 48 milliards d'euros sur trois ans. Mais l'Italie n'a pas le choix : son endettement massif (120% du PIB) la place en première ligne des possibles victimes de la crise de la dette. L'envolée de ses taux obligataires à des niveaux records la semaine dernière avait contraint la BCE à racheter elle-même de la dette italienne, en échange de conditions très strictes sur le durcissement de l'austérité.
Dimanche, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, s'est félicité de ces mesures «cruciales» pour l'Italie, mais aussi «pour la zone euro dans son ensemble». Les Européens savent que, après les plans de sauvetage pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal, la chute de l'Italie pousserait la monnaie unique en territoire inconnu.
L'Espagne 
Considéré comme un autre maillon faible par les investisseurs, Madrid s'apprête à voter fin août un durcissement de la rigueur, visant à faire rentrer 4,9 milliards d'euros supplémentaires dans les caisses. Ce nouveau tour de vis complète le plan drastique adopté en 2010 pour économiser 65 milliards sur trois ans. Cette fois, ce sont l'assurance-maladie et les grandes entreprises qui seraient mises à contribution.
La Grèce 
Athènes, dont les déboires budgétaires ont catalysé la crise de la dette, a adopté fin juin un plan d'austérité sévère prévoyant des économies de 28,4 milliards d'euros d'ici à 2015 (partagées également entre hausses d'impôts et baisses de dépenses publiques) et une vague de privatisations ­devant rapporter 50 milliards d'euros. C'était la condition posée par le FMI et les partenaires européens pour débloquer leur aide.
Le Portugal 
Lisbonne, également contraint à un plan de sauvetage, veut aller au-delà des attentes des bailleurs de fonds internationaux. Pour contrer tout dérapage des finances publiques, le gouvernement a annoncé en juillet des mesures drastiques : impôt extraordinaire équivalent à 50 % du quatorzième mois des revenus supérieurs au smic, hausse de la TVA de 6 à 23 %... Ces coupes s'ajoutent à un train de mesures (hausse de 15 % des tarifs dans les transports, fermetures d'écoles primaires…) déjà décidées en dépit de leur impopularité.

Cette Europe qui saigne la Grèce pour rien

La nouvelle est tombée discrètement la semaine dernière : le PIB de la Grèce a baissé de 6.9% au second trimestre 2011. Encore une information qui démontre que les plans européens ne résolvent rien et ne font qu’aggraver une situation au lieu de s’améliorer.
Athènes dans une impasse
Il y a trois mois, les statistiques indiquaient pourtant que le PIB de la Grèce avait progressé au premier trimestre. En réalité, les chiffres ont été révisé et sur un an, le PIB de la Grèce reculait de 8.1%. Au second trimestre, la première estimation fait état d’une baisse de 6.9%. Bref, la récession est sauvage et met à mal les prévisions beaucoup trop optimistes de la troïka bureaucratique qui comptait sur une progression du PIB en 2012 dans les plans arrêtés ces derniers mois…
The Economist est revenu sur la situation de la Grèce et dresse un constat extrêmement négatif puisque, chose dont personne ne parle en France, le déficit budgétaire a dérapé de 30% au premier semestre par rapport à l’année passée. Sans les plans d’austérité, le dérapage aurait été de 60% ! En clair, l’effet de la récession économique est deux fois plus important que ceux des plans d’austérité. Du coup, le déficit de la Grèce devrait au mieux rester autour de 10% du PIB en 2011, comme en 2010.
En clair, les politiques suivies sont totalement absurdes, car, comme on pouvait le prévoir, l’austérité est tellement brutale que les économies réalisées sont plus que contrebalancées par la récession sauvage qu’elle provoque. La situation de la Grèce empire avec le temps, le fardeau de sa dette augmentant alors que l’économie se contracte. Il y aura bien un défaut sévère du pays dans les années à venir, quoiqu’en disent les technocrates européens.
Honte sur l’Europe !
Les politiques imposées à la Grèce sont vraiment révoltantes car elles provoquent une immense régression sociale : officiellement, le chômage a atteint 15.9% en avril, les salaires baissent, tout comme les prestations sociales. Et tout cela pour rien. Car même avec le plan décidé le 21 juillet dernier, il est bien évident que la situation d’Athènes est intenable. Dans deux ou trois ans, la dette pourrait bien approcher 200% du PIB et le pays sera alors contraint de faire défaut, comme l’Argentine.
Cette saignée est d’autant plus choquante qu’entre temps, les créanciers privés auront réussi à faire récupérer plus de 200 milliards d’euros de créances sur ce pays aux pays européens et au FMI (et donc, in fine, aux contribuables européens), qui devront alors assumer le futur défaut. S’il est normal de gérer rigoureusement l’argent public, il est totalement absurde d’imposer une telle austérité qui empire la situation au lieu de résoudre les problèmes.
A ce titre, je suis particulièrement fier de défendre Nicolas Dupont-Aignan, l’un des seuls parlementaires qui a eu l’intelligence d’alerter l’opinion publique Française sur l’absurdité de ces plans, dès le printemps 2010. Que la France aide la Grèce, c’est souhaitable. Mais là, nous ne faisons qu’aider les créanciers du pays et participons à une saignée inutile de la population. Combien faudra-t-il de temps à nos dirigeants pour enfin admettre que la politique qu’ils suivent est absurde ?
Il n’y a pas trente-six solutions. Comme on pouvait l’anticiper dès décembre 2009, la Grèce finira tôt ou tard par sortir de l’euro et faire défaut. La population ne pourra pas accepter indéfiniment ces politiques absurdes et le bradage du pays. La question aujourd’hui est seulement de savoir quand.

Lagarde: "ne pas tuer la croissance"

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a appelé hier soir les Etats du monde entier, et en premier lieu les "économies avancées" à ne pas tuer la croissance en luttant contre la dette.

"Le rééquilibrage budgétaire doit résoudre une équation délicate en n'étant ni trop rapide no trop lent", écrit Christine Lagarde dans une tribune publiée par le Financial Times et intitulée "Ne laissons pas le coup de frein budgétaire bloquer la reprise mondiale".

Pour Christine Lagarde, "l'effervescence actuelle des marchés [...] a ébranlé la confiance dans l'économie à travers le monde et a incité beaucoup de gens à conclure que toutes les possibilités politiques avaient été épuisées", mais "cette impression est fausse et pourrait conduire à la paralysie".

La directrice générale du FMI, qui a pris ses fonctions en juillet, assure ainsi la continuité du message de son organisation.

Sous son prédécesseur, Dominique Strauss-Kahn, le Fonds monétaire plaidait en effet depuis plus d'un an pour que les pays avancés, qui ont vu leur dette publique s'envoler avec la crise financière apparue en 2007, mettent en oeuvre des stratégies d'assainissement des finances publiques qui soient favorables à la croissance.
Si les "stratégies de sortie de crise" évoquées fin 2009 et début 2010 ne sont plus de mise pour les économies avancées, le FMI rappelle régulièrement qu'il y a encore de la place, à court terme, pour des mesures de relance budgétaire bien calibrées à condition qu'elles soient assorties d'un engagement à réduire fortement les déficits à moyen et long terme.

Aux Etats-Unis, c'était la voie choisie initialement par le gouvernement du président Barack Obama mais que celui-ci est dans l'impossibilité de suivre depuis que les républicains ont repris la Chambre des représentants en janvier. Ceux-ci ont fait de la réduction du déficit leur principal objectif politique et ne veulent pas entendre parler de relance par la dépense.

La tribune de Mme Lagarde paraît alors que les plans d'austérité votés ou en cours de préparation dans un certain nombre de pays européens nourrissent des inquiétudes du fait même de leur ampleur.


EN BREF

 

“L'Europe réagit”

La Vanguardia, 12 août 2011
Ainsi titre le quotidien La Vanguardia, qui fait écho des dernières décisions prises pour contrôler l'agitation au sein des bourses européennes. L'annonce de la réunion de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel mardi 16 août "pour renouveler le pari pour l'euro" a eu un effet positif et tranquillisé les marchés. Tout comme l'initiative commune de suspendre pendant 15 jours les ventes à terme à découvert adoptée par la Belgique, l'Espagne, la France et l'Italie et annoncée par le régulateur européen des marchés financiers (ESMA), qui pourrait être prolongée le cas échéant. Une pratique, celles des ventes à découvert, "dévastatrice dans un marché à la baisse", dénonce le quotidien barcelonais, faisant référence à "l'avertissement" lancé en ce sens par la BCE dans son bulletin mensuel du 11 août.

Leçons d’histoire pour l’Europe
Time, 12 août 2011
"Le déclin et la chute de l'Europe", telle est la redoutable une du magazine Time. "Son union économique se délite, Londres est en feu et le partenaire commercial le plus fiable du continent, les Etats-Unis, est trop faible pour sauver la situation – ou l'euro", rapporte le magazine américain. "Dites au revoir à l'ancien ordre établi."
"L'Union a créé une monnaie unique, mais elle n'a pas forgé d'union politique ou fiscale plus profonde", poursuit le magazine. Les opinions divergent sur l'opportunité de poursuivre la centralisation, ou d'en finir avec l'UE.
Dans les deux cas, il existe des précédents : il suffit de regarder comment le rouble russe s'est effondré lorsque "les disparités économiques sont devenues trop importantes" entre les ex-républiques soviétiques qui ont essayé de continuer à l'utiliser après la chute de l'URSS. D'autre part, il faut se souvenir de la crise du mécanisme des taux de change en 1992, qui a poussé de nombreux pays européens "vers une intégration économique plus étroite". Peu importe la manière, "la crise révèle un choix, et un choix doit être fait."

Un pays sous tutelle

L'Espresso, 12 août 2011
"Les bourses coulent à pic, l'euro est dans les cordes, Obama et les Etats-Unis sont à la merci des marchés" : bref, rien ne va plus selon L'Espresso, notamment pour cette "pauvre Italie". Le pays est en effet à présent "au coeur de la tempête. Avec un gouvernement mis sous tutelle par l'UE et incapable de prendre les mesures nécessaires". La responsabilité incombe selon le magazine romain à "la médiocrité de notre gouvernement", un exécutif qui doit s'apprêter à vivre avec "une épine dans le flanc" à partir du mois de novembre : Mario Draghi. Le nouveau président de la Banque centrale européenne "donnera son feu vert à toutes les mesures et les plans d'ajustement du gouvernement". Pour l'heure, note L'Espresso, celui-ci "compte intervenir sur le système de retraites", alors que "la perspective d'une récession pèse une fois encore sur les jeunes générations".

Maçons de la haine

Les murs qui séparent finissent toujours par s'écrouler sur ceux qui les construisent. Les habitants d'Allemagne de l'Est en général, et de Berlin en particulier, étaient tellement heureux en « République démocratique d'Allemagne », qu'ils fuyaient le régime communiste par millions. Rien qu'à Berlin, 2,5 millions d'Allemands de l'Est avaient rejoint l'enclave capitaliste de l'Ouest quand le mur a été érigé dans la nuit du 12 au 13 août 1961. On se souvient, ou on imagine l'euphorie qui a gagné le peuple d'outre-Rhin à la chute de ce rideau de béton, le 9 novembre 1989. Quelle hystérie que ces murailles infranchissables, parfois doublées de miradors et de pièges mortels ! La Corée, Chypre, Israël-Palestine, États-Unis-Mexique, Maroc-Europe… Pour se protéger contre le terrorisme, empêcher de fuir ou interdire un accès, ces barrières divisent avant tout des peuples. Leurs inventeurs ne reculent devant aucune dépense : deux millions de militaires garderaient le 38e parallèle en Corée, aidés de mines, détecteurs de mouvements ultramodernes et autres folies que seule la haine peut générer. Les maçons de la séparation humaine ne bâtissent que de la honte, qualificatif retenu à Berlin. Là-bas, hier, la commémoration a fait de la liberté et de la démocratie le socle d'une société contemporaine respectable. Ces replis sur soi animés par la xénophobie devraient être fermement condamnés par la communauté internationale. Quand on voit son incapacité à s'élever contre les tueries du régime syrien, il ne faut se faire aucune illusion. On verra aussi ce que répondra l'ONU à la demande d'adhésion de la Palestine, le 20 août.

Mariage de raison

On ne lui demande pas de l’embrasser sur la bouche. On sait qu’elle n’est guère son genre, qu’il les préfère taille mannequin et moins germaniques d’esprit. On n’attend pas qu’elle partage ses vacances, tant la dame est agacée par ses manières bravaches qui lui rappellent la trivialité du latin Berlusconi. À vrai dire, on n’attend pas grand-chose de leur tête à tête aujourd’hui et pourtant le ciel de leur relation conditionne le baromètre des marchés au bord de la crise de nerfs. Il suffit qu’ils regardent dans la même direction, celle d’une économie européenne intégrée, le début d’un flirt en somme. C’est culturel, historique, l’équilibre du continent a toujours reposé sur l’axe franco-allemand. De Gaulle et Adenauer, Schmidt et Giscard, Mitterrand et Kohl se sont pris la main. C’est ainsi que l’édifice s’est consolidé. Alors qu’il est au bord de l’implosion, l’un et l’autre doivent surmonter leurs péchés. Elle, oublier ses cavaliers seuls ; lui, ses leçons de maîtresse d’école. À travers le je t’aime moi non plus de Merkel et Sarkozy, c’est la France et l’Allemagne qui se cherchent et se jaugent. Elle ne veut pas de ses euro-obligations ? Qu’importe, leur mini-sommet est un signe de rapprochement. Lucide, lui a compris que pour jouir de sa dot, il lui fallait garder sa note triple A et réduire ses déficits. Séduite, elle pourrait le suivre vers un fonds monétaire européen. Alors, les traders du monde entier pourront jeter leurs cigares comme autant de grains de riz saluant les mariés parvenus à la raison.

Un dictateur mordu par les « rats »

On se croirait dans Tintin avec une rhétorique digne du général Tapioca quand il insulte copieusement le général Alcazar. S’il n’était pas à la tête d’un État, Mouammar Kadhafi pourrait être un personnage de bande dessinée aussi coloré qu’amusant. Et la lecture de son dernier discours dans lequel il s’en prend aux « rats » — les rebelles — qui « fuient devant les masses qui les chassent » serait distrayante pour nous changer des platitudes mièvrement correctes de la politique française.

Hélas, le « guide » libyen existe bien en vrai, il est à la tête du principal pays pétrolier de la Méditerranée depuis 42 ans, et la dernière fois qu’il est venu à Paris, il y a été reçu en grande pompe, lui l’homme qui avait commandité l’explosion de deux 747, et avait failli — c’était à un délire près — exécuter des infirmières bulgares totalement innocentes…

A quoi bon se demander comment un peuple a pu supporter d’être dirigé par un tel homme depuis si longtemps ? La situation libyenne échappe totalement à la raison, à la logique et même aux rapports de force sur le terrain.

Depuis cinq mois, on annonce régulièrement le départ imminent du dictateur, sans suite… Et une fois encore, l’échéance serait très proche avec jet tri-réacteur et hélicos prêts à décoller pour un pays d’accueil.

Mais comment y croire ? Pressées d’en finir sur un théâtre d’opérations que leurs forces n’ont jamais réussi à maîtriser, les diplomaties occidentales ont tant de fois pris leurs rêves pour des réalités, comme si l’épilogue qu’ont connu la Tunisie puis l’Égypte allait de soi.

Certes les opposants semblent pouvoir se prévaloir d’avancées décisives et l’étau se resserre objectivement sur la capitale libyenne. Mais rien n’est clair, tant les forces fidèles au régime continuent de contrôler une partie des zones « conquises », rendant du même coup leurs positions très fragiles, comme à Brega ou à Zawiyah, verrou qui contrôle l’approvisionnement par la Tunisie.

Cet entremêlement des protagonistes hypothèque une suite en douceur des événements. Contrairement aux scénarios tunisiens et égyptiens, le départ du dictateur ne réglera pas d’un coup la résistance de ses partisans.

Plus que Ben Ali ou Moubarak, Kadhafi dispose encore d’une aura personnelle dans une partie de la population. En face de lui, l’opposition, elle, n’offre toujours pas un front uni capable de ramasser le pouvoir et encore moins de l’exercer immédiatement dans des conditions satisfaisantes. Avec un aussi considérable arsenal d’armes circulant dans un si vaste pays, la guerre est de toute façon loin d’être terminée.

Les « Alliés » occidentaux feraient bien d’intégrer ce paramètre. Cette inconnue. La fébrilité de l’Égypte de l’après-Moubarak montre assez que la démocratie, avec ou sans ONU, ne s’impose pas si facilement sur les décombres laissés derrière elle par la défaite d’un tyran.

Crise : pour ou contre le système euro




On finira par croire que l’argent, même dans sa version toc façon euro, a le même effet que le pôle magnétique, tant les places boursières s’affolent à la moindre occasion. Impossible de dire si elles sont à la hausse ou à la baisse : la situation aura certainement changé à l’heure où Présent sera imprimé, et une nouvelle fois à celle où vous le lirez…


Ce qui est sûr, c’est que notre économie bat la breloque. L’Insee signalait vendredi que la croissance française a été nulle – vraiment nulle : 0,0 % ! La précision décimaire a son importance !


Sur les places financières, c’est plutôt le yoyo – à ceci près qu’il y manque la régularité. Il est vrai que, lorsque l’on évoquait une perspective semblable à la situation que nous connaissons aujourd’hui il y a encore un an, l’on passait pour un dément. Ou un béotien.


Aujourd’hui, on n’évoque même plus la crise grecque. Il y a quelques mois, on voulait croire qu’il s’agissait d’une crise indépendante, dont on feignait de croire qu’elle pouvait faire tache d’huile. On voit désormais que ceux qui convainquaient alors les politiques de mensonge avaient raison : la crise athénienne n’est que l’épiphénomène d’une crise systémique qui touche tout le monde. Les Grecs, peut-être plus gourmands que les autres, ont été un peu plus rapides que nous à toucher le fond, c’est tout.


Or, nos banques ont de la dette publique grecque dans leurs bilans, voire quelques autres. Et elles dégorgent, bien sûr, de dettes françaises.


Cette situation, par le jeu de mécanismes compliqués, favorise la spéculation. Et on n’a de cesse, ces jours derniers, de crier haro sur les spéculateurs. Mais on se garde bien de les nommer, de peur, sans doute, d’un effet boomerang…


Selon le président de l’Autorité des marchés financiers (AMF), notre gendarme boursier, « on [sic !] a voulu tester la résistance française ». Et, pour contrer les non-dits spéculateurs, Jean-Pierre Jouyet a annoncé l’interdiction pour quinze jours des ventes à découvert de onze valeurs financières : « Voilà notre réponse, elle est comme toujours très déterminée et elle le sera face à tous ceux qui veulent nous tester. »


On suppose qu’ici il convient d’applaudir !


Rappelons pourtant que la vente à découvert – qui consiste à vendre à terme un titre que l’on ne possède pas encore, et dont on espère qu’il aura baissé le jour où on le payera soi-même – a habituellement le soutien (encadré certes !) de l’AMF qui, dans un rapport de février 2009, considérait qu’il n’était « ni justifié ni opportun de proposer la proscription de toute forme de “vente à découvert” ».


Effectivement, la spéculation est l’un des fondements de notre système économique. Mais aujourd’hui, alors qu’un grand nombre de valeurs financières françaises sont dans l’œil du cyclone, l’on s’aperçoit qu’elle peut aussi générer un krach.


De son côté, le gouvernement, par la voix de son ministre chargé des Affaires européennes, Jean Leonetti, soutient la mise en place d’une taxe sur les transactions financières internationales, au niveau européen, voire mondial.


L’économie à la Sarkozy, c’est le capitalisme chez les Soviets !


Et ce n’est pas fini… Pour calmer le jeu, on le fait s’emballer. La Banque centrale européenne se dit prête à racheter de la dette publique tant qu’il faudra. Et George Soros, qui dénonce en cette affaire un certain protectionnisme allemand, estime nécessaire la mise en place d’un système d’euro-obligations. Sous peine, affirme-t-il, de voir la zone euro éclater.


Sarkozy est d’accord. Il devrait s’entendre – discuter en tout cas ! – la semaine prochaine avec Angela Merkel sur la gouvernance de la zone euro.


L’accord doit se faire sur la zone euro et donc, en l’occurrence, contre les Etats. Il est vrai que ceux-ci n’ont plus d’argent propre depuis qu’ils empruntent aux banques ; et moins encore depuis qu’ils ne battent plus monnaie. Or un Etat désargenté ne peut assurer l’économie de son pays. L’Etat, chez nous, est devenu le point d’achoppement.


On veut nous faire croire qu’en allant plus loin encore dans le système qui a provoqué la crise, on arrivera à la juguler. En faisant tout exploser sans doute…


Et si la solution, selon l’expression de notre confrère Le Monde, était « Terminus pour l’euro ».


L’erreur a sans doute été de croire qu’il s’agissait d’une fiction…

Le Mur divise encore les générations

Il y a tout juste 50 ans, le Mur de Berlin était construit. Il y a plus de vingt ans, il a été abattu. Pourtant, il perdure dans les familles, écrit un jeune Berlinois, car parents et enfants ne parlent toujours pas ouvertement de la vie à l’époque de la RDA. 

Les évocations de la construction et de la chute du mur sont bien rodées. On a mis au point un discours qui commence par une description de l’Unrechtsstaat [nom donné à la RDA, littéralement : l’État de non-droit] pour arriver à la réunification en passant par la révolution pacifique. Cette version collective fait toutefois l’impasse sur un chapitre essentiel : la troisième et dernière génération d’Allemands de l’Est.
Nous, les jeunes Allemands de l’Est, avions quelque chose comme huit ou dix ans lorsque le mur est tombé. La majeure partie de notre existence, nous l’avons passée dans l’Allemagne réunifiée, avec toutes les libertés qui allaient avec. Et nous n’étions pas loin de penser nous-mêmes que nous étions parvenus à laisser derrière nous le vieux fossé Est-Ouest.
Et pourtant, le mur perdure en nous. D’abord, il nous reste quelques souvenirs jaunis de nos premiers après-midis chez les "pionniers" [mouvement d’encadrement de la jeunesse communiste]. Des œillets que certains d’entre nous, faisant aveuglement confiance à nos parents et à nos enseignants, portaient pour l’anniversaire du parti. De notre tristesse lorsque nos parents se voyaient refuser une autorisation de sortie du territoire. Aujourd’hui comme hier, la honte et la fierté se côtoient comme dans un mouchoir de poche.
Mais ce n’est pas tout. Dans les familles aussi, nous sentons encore aujourd’hui la présence du mur, bien que vingt années soient passées depuis sa démolition. Il se dresse entre les parents et leurs enfants, imposant une certaine forme de mémoire ainsi qu’un tri dans les souvenirs.

Un courrier administratif pouvait provoquer des angoisses existentielles

Avec la RDA se sont effondrés tous les repères jusque-là en vigueur. Du jour au lendemain, ce n’est pas juste une frontière qui est tombée, mais aussi une protection. Et, avec elle, un pays que peu de gens aimaient, mais dans lequel tous ou presque trouvaient leurs marques.
Du jour au lendemain, nos parents ont dû résoudre des problèmes qui leur étaient parfaitement étrangers. Ils ont dû combler leur retard et trouver leurs repères dans un système qui ne ressemblait pas à celui qu’ils avaient imaginé. Un courrier lapidaire d’un avocat ou d’une compagnie d’assurances pouvait ainsi provoquer chez eux des angoisses existentielles, car personne n’en saisissait le sens exact.
Soudain, les projets de nos parents ne comptaient plus. Soudain, c’était comme si tout ce qu’ils avaient vécu était factice. Soudain, nos parents étaient devenus faibles. Ils ont découvert par eux-mêmes que ni la le parti Chrétien-démocrate, ni les permanentes, ne tenaient leurs promesses. Peu importait que vous soyez fils d’ouvrier, de pasteur ou de permanent du parti. Nul n’avait de repères, tout le monde était déboussolé.
Ce sentiment de confusion qui régnait dans les familles et dans la société en général, nous unit, nous, la troisième génération d’Allemands de l’Est. Nos grands-parents ont connu la guerre. Ils ont joué un rôle clef dans la construction de la RDA et d’un nouveau mode de vie. Nos parents sont nés dans les années 1950 et 1960 et n’ont rien connu d’autre que ce pays.

Les parents ont la mémoire collective

Entre 1975 et 1985, la RDA a vu naître quelque 2,4 millions d’enfants. Ils sont la troisième génération d’un pays qui n’existe plus. Nous non plus ne savions rien du nouveau régime, mais nous étions jeunes et n’avions rien à perdre. Nous en percevions davantage les possibilités que les dangers. Nous avons un peu expliqué le monde à nos parents.
Le profond sentiment de perplexité qui régnait à l’époque a entraîné l’apparition d’une mémoire sélective pour tout ce qui touchait à la RDA. Nos parents se sont réfugiés dans des souvenirs stéréotypés. Ils parlent peu, se bornant généralement à raconter ce qui ne peut plus les mettre dans l’embarras aujourd’hui. Ils ne veulent pas mettre en péril leur nouvelle identité. Quand ils évoquent leur vie, ils en livrent donc une version lacunaire et policée. Ils parlent des collectivités dans lesquelles tous ont travaillé. Ou des "manifestations du lundi" et des voyages organisés. Mais nous, les jeunes, les avons laissé faire. Jusqu’à présent, nous ne leur posions pas de questions. Nous nous taisions.
Nous nous taisions parce que nous ne voulions pas rendre leur monde plus compliqué qu’il n’était. Nous étions là quand ils se sont acheté une voiture, quand ils ont effectué leurs premiers voyages à l’Ouest, quand ils ont perdu leur emploi, quand ils se sont réfugiés dans les jardins ouvriers.

Mettre fin aux non-dits

Nous n’avons rien dit non plus lorsque le débat public s'est emparé de la RDA et de la période post-révolutionnaire. Nous étions très jeunes à l’époque et nous ne convenions pas dans un débat qui produisait des interprétations unilatérales de l’Histoire. Et puis, qui avait envie d’afficher publiquement qu’il était de l’Est ? Nous sommes intégrés, nous sommes ambitieux, pleins d’avenir et souvent plus capitalistes que bien des Allemands de l’Ouest. Nous préférions passer notre origine à la trappe plutôt que d’en faire l’objet d’un débat.
Cette paix, ce silence, avaient un prix. Nous ne posions pas de questions à nos parents. Comment était-ce de vivre dans un État totalitaire ? Comment a-t-il pu durer aussi longtemps ? Comment avez-vous réagi quand on vous a dit qu’il fallait faire l’armée si vous vouliez faire des études ? Où est votre dossier de la Stasi, que je le lise ? Ces questions doivent être posées pour que nous puissions initier un nouveau débat, plus diversifié et plus contradictoire que le dernier.
Nous voulons avoir d’autres choix que l’Unrechtsstaat ou la nostalgie falote de l’Est. En mettant fin aux non-dits, nous ferons tomber une fois pour toutes le mur qui se dresse au sein des familles.


Vu de Berlin

Un "Disneyland de la Guerre froide"

La capitale allemande serait-elle devenue un "Disneyland de la Guerre froide"? C'est en tout cas la question que se posent en ce moment certains politiciens et historiens allemands, rapporte Der Spiegel. Alors que l'Allemagne s'apprête à commémorer les 50 ans de la construction du Mur, l'hebdomadaire évoque une ville où "l'on a débattu pendant des années de la forme que pourrait prendre la mémoire, pendant que des entrepreneurs et des investisseurs privés jouaient avec les lieux les plus symboliques de la division, avec leurs propres concepts et projets commerciaux". Des promenades le long des restes du Mur en Trabant Made in DDR à la reconstitution des contrôles à la frontière entre Est et Ouest, "la RDA revit sous la forme d'une attraction pour touristes", explique l'hebdomadaire. 
Pourtant, "pendant des années, le Mur ne devait avoir qu'une destinée : la disparition", rappelle le Spiegel, évoquant l'aversion des anciennes générations pour cette barrière qui a longtemps été celle de la honte. Aujourd'hui, ces quelques kilomètres de béton  pourraient faire partie d'un "Centre de la Guerre froide", un projet de musée qui réunirait "les différents aspects de la division" entre RFA et RDA et fournirait au visiteur "une explication globale". Et le Spiegel de conclure: "avec 5,5 millions de visiteurs dans les musées et lieux historiques de la ville, l'intérêt pour l'histoire moderne à Berlin n'a jamais été si grand."