TOUT EST DIT

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dimanche 7 août 2011

Le modèle, c’est Pékin

La loi controversée de Victor Orbán sur les médias est entrée en vigueur en juillet. Bilan un mois plus tard : les journalistes critiques à l’égard du régime sont licenciés à tour de bras et le chef du gouvernement est accusé de mettre les médias publics à sa botte et de donner à son régime une tournure de plus en plus autoritaire. 
Ces licenciements ne seraient pas fondés sur des considérations politiques et ne viseraient pas à se débarrasser d’observateurs gênants. Mentiraient-ils donc, ces journalistes remerciés qui affirment que l’État les a mis à la porte en raison de postures trop critiques à l’égard du régime ? L'attachée de presse de la chaîne publique MTVA, une structure complexe de création récente présentée sous le nom de Fonds pour les services médiatiques et le patrimoine, nous reçoit dans son bureau de Budapest. Elle parle d’une voix calme, et sourit beaucoup. Mais voici que son sourire s’efface brusquement. "Quand on formule de telles attaques, on donne son nom".
Ce que feraient bien volontiers les quelque 550 journalistes et collaborateurs des médias publics qui ont été licenciés en juillet. Bon nombre d’entre deux seraient prêts à ouvrir la bouche et donneraient volontiers leur nom pour demander des comptes. Ou tout au moins une explication. Si ce n’était cette clause dans leurs contrats de travail.
Quiconque évoque ses conditions de travail sans y avoir été autorisé au préalable par son employeur perd l’intégralité de ses indemnités. Quiconque a un enfant ou plus à charge réfléchira à deux fois avant de s’y risquer. Voilà pourquoi les journalistes se taisent, officiellement. Même s’ils ont beaucoup à dire.

 "La grande enveloppe, ça voulait dire que c'était terminé"

Le 5 juillet dernier, un homme calme aux cheveux grisonnants – appelons-le A. – s’est vu prié de se présenter le lendemain matin à 10h sur son lieu de travail. Un courrier électronique a suivi, visant à s’assurer que l’information était bien parvenue à son destinataire.
C’était la première étape d’une vague massive de licenciements dont A. n’était qu’une des nombreuses victimes. Le lendemain, relate-t-il, A. s’est donc présenté sur son lieu de travail. Quatre collègues attendaient déjà dans le couloir. L’un après l’autre, ils ont été appelés. Ceux qui sortaient du bureau avaient à la main soit une enveloppe, soit une feuille de papier. "La grande enveloppe, ça voulait dire que c’était terminé", explique A. "La feuille de papier, ça voulait dire qu’on avait de la chance". La feuille en question était un nouveau contrat de travail, signé directement sur place.
A. est entré le troisième dans le bureau. Aucun entretien n’a duré plus de cinq minutes. Il est entré et s’est assis face à trois personnes qui lui étaient inconnues. "Vous n’êtes pas sans savoir que des restructurations sont en cours et, malheureusement…" À partir de là, A. savait ce qui l’attendait. Il a pris l’enveloppe et s’en est allé. Des entretiens de ce type se sont poursuivis toute la journée. "Ce n’était pas humain", confie A.
Le fait que les victimes de licenciements aient une impression d’injustice n’est pas rare. Ce qui est plus rare, en revanche, c’est que leurs collègues qui ont eu le droit de rester la partagent également. Parmi ceux qui ont été poussés vers la sortie figuraient les meilleurs, confient ces derniers. À leurs yeux, il ne fait aucun doute que ces licenciements avaient pour objectif de se débarrasser de journalistes gênants.

Des licenciements étaient nécessaires

Parmi les rédacteurs remerciés figurent des lauréats du prix Pulitzer hongrois, des présentateurs connus au-delà des frontières du pays, des jeunes journalistes prometteurs distingués par des prix. Parmi les promus figurent des journalistes qui, du jour au lendemain, ont été nommés responsables de journaux télévisés alors qu’ils s’occupaient jusqu’alors de programmes de variétés.
Ou des rédacteurs comme Dániel Papp, 32 ans, ancien porte-parole du Jobbik en charge des médias, qui a récemment trafiqué un sujet sur le Vert Daniel Cohn-Bendit, connu pour être un critique du régime de Victor Orbán. En cours d'interview, Cohn-Bendit s’est vu demander s’il considérait que le harcèlement sexuel des mineurs faisait partie des droits fondamentaux européens. L’intéressé a fourni une réponse exhaustive au journaliste. Pourtant, dans le sujet tel qu’elle a été diffusé, le responsable politique semble quitter le plateau sans mot dire. Dániel Papp n’a pas été licencié. Il a été nommé directeur de la rédaction.
A. ne conteste pas que certains licenciements étaient nécessaires. Avec ses 3 000 collaborateurs et plus, l’audiovisuel public hongrois est une machine coûteuse et hypertrophiée qui rencontre une audience limitée et se distingue par son inefficacité, sa corruption et ses problèmes de financement. L’ancienne loi sur les médias datait de 1996 ; depuis lors, aucun gouvernement n’a entrepris de restructuration digne de ce nom – ni n’a essayé de maintenir l’audiovisuel en dehors des politiques partisanes. Y compris les socialistes.

Une force d'opposition en pleine croissance

Viktor Orbán aborde ce dossier comme il aborde tous les autres : il repère un dysfonctionnement réel – et s’en sert pour propager son idéologie. En avril de l’année dernière, le Fidesz, son parti, a remporté une majorité des deux-tiers au Parlement. Depuis lors, Viktor Orbán se fait un devoir de mettre en œuvre son idéologie d'"unité nationale" en Hongrie. Il a fait adopter une nouvelle constitution, a affaibli le conseil constitutionnel, a placé ses partisans dans les plus hautes instances de l’État. Même s’il n'était pas réélu, il pourrait ainsi continuer à exercer son pouvoir.
Adoptée cet hiver, la nouvelle loi sur les médias, qui dissout les anciennes structures de l’audiovisuel, vient d’entrer en vigueur en juillet. Tous les journalistes de l'audiovisuel public sont désormais aux ordres de MTVA. Les productions, les programmes, tout est contrôlé par MTVA, qui produit même les journaux télévisés de toutes les chaînes au sein de sa propre agence.
Et les acteurs privés du secteur ? Deux chaînes jugées critiques à l’égard du gouvernement ne savent toujours pas si leurs licences seront prolongées, ni à quelles conditions. Voilà déjà longtemps que l’État ne leur propose plus de contrats publicitaires. Une réunion, un jour d’été pluvieux, à Budapest : plusieurs dizaines de journalistes sont là, presque tous remerciés. Ils regardent d’un œil soupçonneux les journalistes encore en poste venus y assister – en signe de solidarité ? À moins qu’il ne s’agisse de taupes qui feront plus tard un rapport de l’événement ?
Un jeune reporter se dit fier d’avoir été licencié car cela lui confirme qu’il a bien fait son travail. Il désigne les nombreux journalistes licenciés présents et confie en riant: "Ils font partie des meilleurs. Viktor Orbán vient de créer contre lui une force d’opposition la plus dangereuse qui soit".
Et une force en pleine croissance. Les prochains licenciements sont attendus en septembre. Ils concerneront cette fois quelque 400 collaborateurs.

Vu de Budapest

Déçus d’Orbán, les Hongrois rêvent de Matias Corvin

Les polémiques sur la loi sur les médias n’étaient pas encore retombées que, début août, le Premier ministre conservateur Viktor Orbán a annoncé son intention de porter plainte contre les gouvernements précédents (socialistes), accusés d’avoir laisser filer la dette publique du pays, passée de 53% du PIB à 80% entre 2002 et 2010. Pourtant, écrit Attila Mong sur le portail Komment.hu, les Hongrois sont aujourd’hui extrêmement déçus par ce même exécutif qu’ils avaient plébiscité il y a un peu plus d’un an : "Après le changement de régime [communiste], ils ont cru que l'anarchie disparaîtrait. Mais leur sentiment est que les politiciens hongrois, ceux d’hier comme ceux d'aujourd'hui, travaillent seulement dans leur propre intérêt".
Voilà pourquoi, estime Mong, les citoyens pensent que le gouvernement actuel "devrait rendre des comptes pour les lois trop sévères et controversées, et pour avoir caché la vérité" sur la dette publique. Pas étonnant dès lors que "les Hongrois rêvent d'un leader semblable au roi Matias Corvin". Mais, rappelle Mong, "le Juste", qui règna au XVe siècle et dont le souvenir est omniprésent en Hongrie, "est mort depuis longtemps".

MORT DE RIRE !

Crise : Royal dénonce le "manque de courage"

Ségolène Royal, candidate à la primaire socialiste pour 2012, a réagi samedi à la dégradation de la note des Etats-Unis par Standard and Poor's, s'ajoutant à la crise de la dette dans la zone euro, en dénonçant le "manque de courage" des Etats pour mener certaines réformes. "L'urgence en Europe comme aux Etats-Unis, c'est la relance de l'activité économique", fait valoir dans un communiqué la présidente de Poitou-Charentes. Pour cela, ajoute-t-elle, les Etats doivent enfin "imposer au système financier des règles maintes fois annoncées mais jamais réalisées par manque de courage et en raison d'une idéologie libérale dramatique pour l'avenir de nos peuples".
"Pourquoi les décisions prises par la zone euro en 2008 ne sont toujours pas appliquées concernant la moralisation du capitalisme?", s'interroge la rivale malheureuse de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007. Ainsi "la taxation des mouvements de capitaux, la réforme du système bancaire, l'interdiction de spéculer sur les dettes des Etats ne sont toujours pas en vigueur", dénonce-t-elle.

Le monde au bord du krach

La note des Etats-Unis a été dégradée vendredi soir. La crise de la dette menace la zone euro. Les chefs d'Etat du G7 se concertent tout le week-end. 

Le monde est au bord du précipice. La semaine qui s’ouvre s’annonce cruciale. Les marchés vivent désormais dans la peur du krach. Les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays du G7 (États-Unis, Allemagne, Japon, France, Canada, Italie et Grande-Bretagne) sont en contact tout le week-end, mais aucun sommet n’est prévu pour le moment. Hier, Christine Lagarde, directrice générale du FMI, s’est entretenue avec le ministre britannique des Finances George Osborne. François Baroin, ministre des Finances, a interrompu ses vacances jeudi pour revenir à Paris. L’Élysée et Matignon sont aussi sur le pied de guerre. Le stress revient au galop à l’approche de l’ouverture des Bourses mondiales, dès ce soir en Asie et demain matin en Europe.
La semaine écoulée a été la plus explosive que les marchés aient eu à connaître depuis le 15 septembre 2008 et la chute de Lehman Brothers. Sur les dix dernières séances, le CAC 40 a décroché de près de 15%, et entre jeudi et vendredi, de plus de 5%, alors que la croissance donne de sérieux signes de faiblesse. En Europe, l’inquiétude s’est concentrée sur l’endettement de l’Italie, qui frôle 120% de son PIB, et sa capacité à emprunter. Un scénario noir qui a basculé dans l’horreur hier. La plus grande agence de notation financière du monde, Standard & Poor’s, a retiré la notation "AAA" à la dette des États-Unis. Pour la première fois de son histoire, la première économie du monde n’est plus considérée parmi les meilleurs payeurs de la planète. Après plusieurs semaines d’affrontements entre républicains et démocrates, le président Obama a appelé samedi "les élus à s’unir pour renforcer l’économie et rétablir la situation budgétaire".

"Ça va continuer à déraper"

Les difficultés américaines et européennes se mélangent dans un timing épouvantable, au cœur de l’été, et plongent le monde dans une crise majeure. Cette semaine, les dirigeants de BNP Paribas, Société générale et AXA ont affiché un calme de façade pour rassurer. Mais leurs équipes ont la peur au ventre et s’attendent à une semaine encore électrique. "Je suis assez inquiet du manque de confiance sur les dettes européennes", estime l’économiste Élie Cohen. Fait plus grave, l’Italie est entrée dans la zone de turbulences. Ses taux d’intérêt ont continué à augmenter en fin de semaine jusqu’à plus de 6%, dépassant même ceux de l’Espagne. "Ses créanciers perdent confiance et vendent sa dette. Ça va continuer à déraper", prédit le patron d’une banque française. Le scénario du défaut de paiement est pour l’heure écarté, mais un manque de liquidités est à craindre. "Si personne ne veut prêter d’argent à l’Italie, la seule solution reste l’aide de la Banque centrale européenne", ajoute-t-il.
Preuve que la crise est critique, la BCE commencera à racheter de la dette italienne dès demain afin de la soutenir et d’éviter une flambée de ses taux d’intérêt. Son gouverneur, Jean-Claude Trichet, a tardé à réagir en fin de semaine, alors que l’Allemagne rechignait à intervenir. La BCE reste la seule arme immédiate de la zone euro. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), doté de 400 milliards d’euros pour aider les États en difficulté, n’est toujours pas opérationnel. Les Parlements des pays membres doivent ratifier sa création en septembre.

Course contre la montre

Une véritable course contre la montre se joue. Si l’Europe s’embrase, les dirigeants devront trancher. "La seule solution serait de mutualiser les dettes des pays de la zone euro pour emprunter ensuite au niveau européen", explique un gérant français. L’aggravation de la situation pourrait forcer le destin de l’Europe économique et faire émerger une véritable gouvernance de la zone euro malgré les réticences de Berlin.
Et la France? "C’est la prochaine sur la liste. Je n’exclus pas un effet de contagion", juge Élie Cohen. D’autant que la perte du "AAA" des États-Unis a levé un tabou. Avec un taux d’endettement de 84%, le gouvernement français devra réagir vite pour éviter l’engrenage. Dans un mois, la présentation du budget 2012 aura valeur de test. S’il s’annonce déjà serré, avec un déficit maximal de 3% conforme à la nouvelle "règle d’or", la pression actuelle sur la dette pourrait pousser Bercy à le rendre encore plus austère. Et donc à mettre en place des mesures fortes pour stabiliser l’endettement sans toutefois provoquer la colère des Français. L’Élysée craint de voir surgir des "indignés" comme en Grèce et en Espagne. À huit mois de l’élection présidentielle, le gouvernement devra arbitrer entre la réalité politique ou la loi des marchés.

La méfiance règne

Alors que Rome et Madrid s'acharnent à rassurer les marchés sur leur solvabilité, la presse européenne est sceptique quant à la capacité des Vingt-sept et des institutions européennes à incarner un acteur crédible face à la crise.
Quinze jours ont passé depuis le Conseil européen de Bruxelles et l'adoption du nouveau plan de sauvetage de la Grèce ainsi que d'une ébauche de "FMI européen". C'est que, comme le rappelle Público, "l'Europe bouge à une vitesse proportionnelle à sa taille : très lentement. Et ce qui a été adopté en juillet ne prendra effet qu'après septembre (certains Parlements doivent approuver les mesures adoptées à Bruxelles)". Mais, ajoute le quotidien, "les marchés, eux, n'attendent pas. Les taux d'intérêts de la dette publique italienne et espagnole frôlent à présent les niveaux qui avaient poussé l'Irlande, la Grèce et le Portugal à demander l'aide extérieure". 



Mais si "la spéculation s'acharne", écrit Le Soir, c'est qu'"on lui en donne les moyens", en oubliant de doter le Fonds du budget qui va avec et en misant sur un équilibre impossible entre mesures d'austérité et relance de la croissance. Résultat : "l'Europe manque encore sacrément de crédibilité". "Cette crise de foi prend sa source dans le manque flagrant d'esprit de solidarité entre pays", poursuit Le Soir, pour qui

il est politiquement plus rentable de rentrer d'un sommet européen en disant à ses électeurs que l'on a préservé leurs intérêts à court terme. La résolution de cette crise, qui sera encore longue et difficile, passera par la mise en œuvre de mécanismes de solidarité inébranlables, comme la création d'une agence européenne de la dette, émettant des obligations qui financeront indistinctement les pays de la zone euro. Cela suppose un abandon de souveraineté et un nouveau traité. Ce sera long, douloureux, mais indispensable.
"L'Europe doit agir tant qu'il est encore temps pour enrayer la défiance", avertit également Les Echos, selon lequel José Manuel Barroso "n'a aucune crédibilité". Voilà sans doute pourquoi les déclarations du président de la Commission européenne, qui a qualifié le 3 août de "clairement injustifié" le traitement de l'Espagne et de l'Italie par les marchés, "n'ont apparemment pas été très utiles", explique La Vanguardia. Dans les colonnes du quotidien catalan, qui titre sur la "Résignation" qui s'empare des Espagnols, l'économiste Manel Pérez estime à 2 500 milliards d'euros la dotation nécessaire pour que le "FMI européen" soit "capable de se faire respecter au sein des marchés". En attendant que la politique soit "capable de trouver une solution entre les exigences des créanciers et l'impossibilité des débiteurs de payer", la BCE "peut provisoirement gagner du temps, si elle annonce aujourd'hui [le 4 août] des achats massifs de titres de la dette" des pays en difficulté, écrit Pérez.
Une hypothèse à laquelle semble croire De Standaard, selon lequel, si elle ne devrait pas annoncer de hausse de son taux directeur à court terme, "la Banque centrale européenne devrait montrer qu'elle est prête à acheter des obligations. Un exercice difficile, mais très important" attend ainsi son patron, Jean-Claude Trichet, car "un message mal reçu pourrait à nouveau déchaîner l'inquiétude des marchés et rendre plus coûteuses les prochaines phases des plans de sauvetage".

Les bronzés

Angela Merkel : "Qu'est-ce que c'était ?!?"
Nicolas Sarkozy : "Peut-être l'Espagne, ou l'Italie…ou les deux !?"
Alors que l'euro traverse une tempête sans précédents suite aux risques de défaut de paiement de l'Italie et de l'Espagne, les Parlements et les leaders des Vingt-sept ont pris leurs quartiers d'été, renvoyant à la rentrée la mise en oeuvre des mesures d'urgence censées mettre la monnaie unique à l'abri des spéculateurs.

Grèce : bientôt une clôture barbelée contre l’immigration clandestine ?

La Grèce s’apprête à construire une clôture en fil barbelé d’un peu plus de 10 km, au nord du pays, sur la frontière gréco-turque pour tenter de lutter contre l’immigration clandestine. Parallèlement, elle poursuit la construction d’une tranchée de 120 km, également près du fleuve Evros pour protéger la région des crues récurrentes et également empêcher les clandestins d’entrer dans le pays.

Le fleuve Evros, au nord-est du pays, sépare la Grèce et la Turquie. C’est le point d’entrée de la plupart des clandestins. Pour tenter de remédier à cet afflux, la Grèce envisage de construire une clôture. “Elle comprendra deux barrières parallèles en fil barbelé longues de 10,3 km chacune et d’une hauteur de 2,5 à 3 mètres” indique le gouvernement grec. Le dossier est évoqué depuis plusieurs mois.
Le coût s’élèverait à 5,4 millions d’euros. Le projet pourrait être financé par le Fonds des frontières extérieures de l’UE. On devrait en savoir plus le 20 août prochain.
La Turquie ne s’est pas opposée au projet mais la Commission européenne avait initialement émis des réserves, quand Athènes début janvier avait annoncé la construction d’un mur pour empêcher le flux des sans papiers.
La frontière terrestre gréco-turque, qui court sur quelque 150 km, est devenue le principal point de passage des sans-papiers dans l’UE avec près de la moitié des entrées illégales détectées. Le gouvernement grec estime que quelque 128 000 clandestins sont passés par ce fleuve pour rejoindre l’UE l’année dernière. Cela représente en moyenne de 350 clandestins par jour.

Un fossé antichar de 120 km

Parallèlement à ce mur de barbelé, la Grèce poursuit l’édification d’une tranchée longue de 120 km, toujours près de l’Evros. A la fois pour lutter contre les clandestins mais aussi pour protéger la région des crues fréquentes. La construction de cette tranchée, large de 30 m et profonde de 7m a démarré l’année dernière.
Avec la grave crise économique qui secoue la Grèce depuis plus d’un an, et l’afflux massif de clandestins, la délinquance explose dans tout le pays. L’année dernière en Grèce, les vols à main armée ont augmenté de plus de 42% par rapport à 2009.

CE N'EST PAS UN MAL CETTE CLOTURE, LA GRÈCE N'EST PAS VIVABLE AVEC TOUS CES MÉTÈQUES. 

Le monde replonge-t-il dans la crise ?

Les spécialistes n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la gravité de la situation. 
  Le CAC 40 a chuté jeudi de 3,90 %, au terme de sa neuvième séance de baisse consécutive. Les indices des grandes places dégringolent, les investisseurs s'affolent. Les experts ont du mal à s'accorder sur la nature du phénomène. D'un côté, économistes et universitaires évoquent la matérialisation d'une crise en gestation depuis plusieurs années, dont les conséquences pourraient être catastrophiques. De l'autre, analystes et acteurs du marché ont plutôt tendance à relativiser. Ils reconnaissent une tension conjoncturelle forte, mais pas exceptionnelle. Qu'en est-il ?
La "grande contraction", le scénario catastrophe
Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du FMI, affirme dans Les Échos que cette crise n'est pas une "grande récession", mais une "grande contraction". Et ça change tout. Une récession désigne en effet un ralentissement passager de l'économie, plus ou moins prononcé, auquel on peut remédier par l'usage des mécanismes d'ajustement des politiques budgétaires et monétaires, de façon assez classique. Une contraction en revanche ne saurait être résolue par un plan de relance ou d'austérité. Elle est causée par un facteur endémique profond, en l'occurrence l'endettement des pays, d'après l'analyse de Kenneth Rogoff. Une contraction s'inscrit sur le long terme : alors qu'une économie peut sortir de la récession en un an environ, il faut en moyenne quatre ans pour revenir d'une contraction, c'est-à-dire pour retrouver un niveau de revenu par habitant égal à celui d'avant la crise, toujours selon l'économiste.
Si la structure du problème est différente, Kenneth Rogoff souligne que la solution l'est aussi. Les gouvernements et les Banques centrales ont multiplié les annonces de plans de relance, de sauvetage ou d'austérité. Mais le problème central est commun : l'endettement abyssal de certains pays ne leur permet plus de payer leurs factures. Relever le plafond de la dette, c'est-à-dire le montant à partir duquel le pays est considéré comme étant en faillite, comme l'ont fait les États-Unis cette semaine, c'est reculer pour mieux sauter. Le pays se donne un peu d'air, évite le défaut, mais ne résout pas le problème.
Un plan de sauvetage, comme celui que les membres de la zone euro ont annoncé pour la Grèce, équivaut à cautionner une mauvaise gestion des finances publiques depuis des dizaines d'années, et contribue à véhiculer l'image d'une Europe économique laxiste et sans pouvoir coercitif. Enfin, les plans de rigueur, à l'image de celui de l'Italie, sont une réponse potentiellement efficace dans une situation de récession, mais inappropriée en cas de "grande contraction". L'impact direct sur le porte-monnaie des citoyens pourrait déprimer encore plus la croissance, nécessaire à la reprise économique. D'autre part, le geste ne suffirait pas à rassurer les marchés.
Morosité du mois d'août
Pourtant, du côté des analystes, pas question de s'alarmer. Selon Clémentine Gallès, spécialiste en macro-finance au département des études économiques de la Société générale, l'économie est toujours en période de reprise après la crise de 2008. Une "reprise molle", car accompagnée d'une faible croissance, mais une reprise quand même. L'analyste attribue les plongeons du marché en partie au mois d'août, mois durant lequel traditionnellement les marchés sont "peu liquides". "Le risque de tension financière est grand", précise Clémentine Gallès, mais le schéma n'est pas exceptionnel. Outre la dette, "deux types de facteur ont contribué à la morosité des marchés au cours du premier semestre 2011", analyse-t-elle, "la catastrophe de Fukushima, qui a fait plonger la croissance japonaise et les marchés internationaux, et les fluctuations du cours du pétrole, en forte hausse au début de l'année à la suite des troubles politiques constatés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient."
"Sur le long terme, ces événements se traduisent par un resserrement des politiques monétaires dans les pays émergents, et budgétaires dans les pays développés", poursuit-elle. "Le problème pourrait naître d'un manque d'assurance grandissant des marchés. Leurs prévisions, influencées en partie par les agences de notation, ont tendance à s'autoréaliser. Donc s'ils n'ont pas confiance, les taux de rendement obligataire des pays vont continuer à augmenter, et les gouvernements ne pourront effectivement plus payer." Selon l'analyste, la rentrée pourrait débloquer les choses. "Le problème aujourd'hui par rapport aux années précédentes, c'est qu'après la crise de 2008 les marges de manoeuvre se sont considérablement réduites", conclut-elle.
Les avis sont donc partagés quant à la nature profonde de la conjoncture. Crise, "grande contraction" ou morosité du mois d'août ? Si l'endettement des pays reste pour tous un symptôme fiable et durable d'un malaise économique profond, l'apaisement ou l'aggravation de la situation pourraient dépendre en grande partie des prévisions, donc du moral des marchés.

COMPRENDRE LA CRISE FINANCIERE EUROPEENNE

Depuis que la crise financière a bouleversé l'économie mondiale en 2008, une vague de crises de l'endettement frappe l'Union Européenne. Elle menace de nombreux pays et met l'euro en danger. Quels sont les ressorts de cette crise?
Cette enquête propose une explication de la crise pays par pays et révèle ses conséquences pour l'économie mondiale et les économies africaines, en particulier celles des pays liées à l'euro, comme ceux de la zone CFA.

La Grèce : Ce pays avait en 2001 une dette de plus de 100% la valeur de son PIB lorsqu'elle adopté l'euro. Mais l'entrée dans l'euro lui a permi de réduire le taux d'intérêt de sa dette, dès lors que le marché des obligations n'était plus inquiété par l'inflation ou une monnaie dévaluée. La Grèce a alors connu un boom économique entretenu par des taux d'intérêt bas et un endettement permanent encouragé par le faible loyer de l'argent. Le pays avait loué les services de plusieurs compagnies financières de Wall Street, en particulier Goldman Sachs, pour l'aider à maquiller son endettement afin d'échapper aux contraintes des règles strictes de l'UE. En Octobre 2009, le gouvernement conservateur est battu aux élections et le nouveau gouvernement socialiste annonce que le déficit est le double de ce qui avait été estimé. La dette de la Grèce est alors immédiatement dégradée par les agences de notations.
La situation s'aggrave en 2010, lorsque les porteurs d'obligations institutionnels se mettent à revendre la dette grecque et que les agences de notation persistent à dégrader sa côte. Le gouvernement réagit par une série de mesures d'austérité. En Avril 2010, le premier ministre grec, Georges Papandreou, demande au Fonds monétaire international et à l'Union Européenne de mettre en place un plan de sauvetage. L'initiative est suivie par un abaissement de la dette grecque par Standard & Poor's (S&P). La Grèce est désormais classée pays à risque, un statut qui lui est également appliqué par Moody's. La Banque centrale Européenne s'engage alors à renflouer le pays. Puis l'UE et le FMI mettent en place conjointement un plan de sauvetage d'environ $145 milliards conditionné à des mesures d'austérité visant à ramener l'endettement à 13% du PIB. L'UE met en place, dans la foulée, un dispositif appelé Facilité Européenne pour le financement de la stabilité dont le but est de profiler les prochains plans de renflouement pour des pays en difficulté.
Pourtant le plan de sauvetage va se solder par un échec avec une érosion de la croissance qui a aggravé la situation financière de la Grèce. Au mois de juin dernier, S&P réduit la note de la dette grecque à CCC, la plus faible note attribué dans le monde à un gouvernement. Ce qui conduit Andreas Papandreou a remanier son gouvernement et à soumettre ce dernier à un vote de confiance devant le parlement. Malgré des manifestations populaires de ses concitoyens opposés au plan d'austérité, le gouvernement obtient la confiance du parlement pour l'appliquer et y ajouter d'autres mesures toutes aussi sévères. Entretemps, la France et l'Allemagne ont finalisé un autre plan de renflouement avec l'UE qui va apporter $145 milliards supplémentaires et encourager des porteurs d'obligations privés d'apporter leur soutien. Moody's n'en a pas moins degradé une nouvele fois la dette grecque estimant que la faillite était "virtuellement certaine à 100%".
L'Irlande : Contrairement à la Grèce, l'Irlande avait un budget équilibré avant d'être frappé par la crise. Toutefois, elle avait également une immense bulle spéculative dans le secteur immobilier, encore plus importante que celle des Etats Unis. Avant la crise, 25% de son économie était impliquée dans la construction immobilière, alors que dans les économies normales, ce taux est de 10%. Lorsque la crise financière frappe en octobre 2008, la bulle éclate et le gouvernement annonce qu'il va couvrir toutes les pertes des banques, dans le but de calmer les marchés. Mais cette promesse s'est révélé désastreuse, car le système bancaire a fini par imploser. En janvier 2009, l'Irlande nationalise une des ses plus importantes banques et en octobre 2010, elle opére un renflouement de certaines autres. A ce moment là, son budget est handicapé par un déficit représentant 32% de son PIB. Le mois suivant, l'UE et le FMI lancent un plan de sauvetage de $90 milliards pour l'Irlande.
En mars dernier, le gouvernement en place est écarté du pouvoir à l'issue des élection générales et le nouveau gouvernement a promet de réduire les intérêts des finacement engagés par le plan de l'UE et du FMI. Une promesse honorée en juillet. Pourtant le 12 juillet Moody's dégrade la dette Iralandaise en la classant comme étant à rique.
Le Portugal : A la différence de l'Irlande et de la Grèce, le Portugal possède un des meilleurs records en matière de redressement au cours de la première phase de la crise économique. Toutefois la panique créée par la crise grecque a affecté le pays entre la fin 2009 et le début 2010. Ceci principalement à cause de la peur de ce que le pays ne pourrait pas s'en sortir sur le long terme, mais aussi à cause des prévisions annonçant un important déficit. Sa productivité est en dessous de la moyenne et le système légal considéré par certains comme dépassé. Par ailleurs les lois sur le droit du travail sont jugées restrictives et considérées comme un frein pour la croissance.
En novembre 2010, le marché a poussé les taux d'intérêt à la hausse à tel point qu'il a fallut envisager un plan de sauvetage face à l'endettement. Finallement le gouvernement portugais a fait appel au plan de renflouement de l'UE qui a approuvé un montant de $116 milliards. Un parti de centre-droit est maintenant au pouvoir qui s'est engagé à respecter le plan de sauvetage, tout en indiquant qu'il pourrait y avoir nécessité d'un deuxième plan.
L'Espagne : Comme l'Irlande, l'Espagne a connu une bulle spéculative sur le marché de l'immobilier qui a conduit à la crise. Celle-ci a frappé la croissance du pays malgré le fait que celui-ci possède un secteur financier plutôt bien géré. Mais face à des déficits largement supérieur à ce qui était prévu, l'Espagne a adopté une série de mesures d'austérité en mai 2010. L'agence de notation Fitch a réagit en abaissant sa dette qui était alors à AAA, craignant que ces mesures heurtent la croissance. Moody's a suivi en septembre. Pourtant en mars 2011, l'Espagne a annoncé qu'elle a atteint son objectif de réduction du déficit de l'année précédente.
Mais Moody’s l'a une fois encore dégradé, souligant les inquiétudes sur une croissance au ralenti. Ces derniers jours, alors que les inquiétudes sur une faillite de la Grèce ne cessent de croitre, les taux d'intérêts ont bondi en Espagne, suscitant la peur que le pays ai besoin d'un plan de sauvetage que les autres pays Européens ne seraient pas capable de supporter. Les dirigeants espagnols affirment qu'ils envisagent un nouveau tour de vis dans l'austérité. Quant à Moody's elle a mis la dette du pays en alerte pour une eventuelle autre baisse de sa notation.
L'Italie : Face à sa dette colossale et sa faible croissance, la peur de voir l'Italie connaitre une crise de sa dette s'est installée depuis plusieurs mois. Mais celle-ci s'est accentués après que S&P ai abaissé la notation de la dette italienne en mai dernier. Au mois de juin Moody's a également menacé de la dégrader soulignant la hausse du loyer de l'argent et la perspective de voir le premier ministre Silvio Berlusconi, qui fait face à une procédure juduciaire, être éjecté du pouvoir. Ces derniers jours les taux d'intérêt ont bondi face à la menace d'un effet domino provoqué par la crise grecque qui entrainerait l'Espagne et l'Italie.
La Facilité Européenne pour le financement de la stabilité pourrait sûrement permettre de financer l'Espagne. Mais l'Italie, la troisième économie de la zone Euro sera probablement trop chère, voire impossible à renflouer.
Quelles conséquences pour la zone euro ? De nombreux experts soutiennent que le modèle économique de l'Union Européenne qui concentre la politique monétaire au sein de la Banque centrale Européenne et laisse la responsabilité de la politique fiscale aux Etats n'est pas efficace car elle prive les gouvernements des leviers de la politique monétaire indispensable pour soutenir les efforts de redressement. C'est cette politique monétaire qui peut permettre de réguler les taux d'intérêt et les tenir bas. Deux options se dessinent dans les thèses avancées par les experts. La première est que la zone euro va perdre des membres tels que la Grèce, l'Espagne et l'Italie soit tous les trois soit un des trois, avec pour conséquence de repenser complètement l'union monétaire. L'autre option est de mettre en place une union fiscale européenne plus stricte pour faire en sorte que la politique fiscale soit coordonnée au niveau continental, en donnant à l'UE les prérogatives d'un état souverain.
Quelles conséquences pour les Etats Unis ? les institutions financières américaines possèdent d'importantes intérêts Européens qui pourraient être perdus si la zone euro s'installe dans la crise. Par exemple, la dette européenne représente près de la moitié des fonds du marché monétaire des holdings. Cette crise entraine également des coupes dans les dépenses et la réduction des emprunts, ce qui affectent les exportations américaines vers l'Europe et fragilise le redressement américain.
Quelles conséquences pour la zone CFA ? La principale menace est une dévaluation du franc CFA, car les économies de la zone sont exposées au renchérissement de leur produits alors que la poussée inflationniste dans la zone euro rend plus chers leurs importations. Mais la crise européenne paradoxalement les poussent de plus en plus vers les pays émergeants comme la Chine, l'Inde ou le Brésil pour financer leurs projets d'insfrastructures et les réaliser. Ce qui n'est pas forcémment une mauvaise chose.