TOUT EST DIT

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samedi 6 août 2011

La révolte des “On ne paiera pas”

Confrontés à la dure réalité des salaires impayés, des entreprises en faillite et du chômage de masse, les Grecs ont de plus en plus recours à la désobéissance civile. Va-t-on vers une reconfiguration du paysage politique grec ? 

A Thessalonique, parmi les bars élégants qui s’alignent sur le front de mer historique, un restaurant attire les regards. "Rendez-nous notre argent !", clame une banderole accrochée à la devanture de cette franchise d’Applebee’s [chaîne américaine de restaurants-grills]. A l’intérieur, 12 salariés ont changé les serrures. Ils servent des canettes de bière de supermarché et dorment à tour de rôle sur le sol du restaurant pour protester contre des retards de salaires qui durent depuis plusieurs mois et la fermeture soudaine du restaurant. On a là un nouveau symbole de la crise financière grecque : une grève de serveurs avec occupation des locaux.
Margarita Koutalaki, une serveuse de 37 ans à la voix douce, divorcée et mère d’une fille de 11 ans, a travaillé ici à temps partiel pendant huit ans. Elle gagnait environ 6,50 euros de l’heure. Aujourd’hui, elle a installé son matelas gonflable dans une pièce à l’étage, occupant les locaux tandis que ses parents gardent sa fille.
"On me doit environ 3 000 euros de salaires impayés", explique-t-elle, rappelant qu’elle partage le sort d’une multitude de salariés dans toute la Grèce, qui ont plusieurs mois de salaire en retard, leurs entreprises étant en difficulté.
"On nous a d’abord dit qu’on nous paierait le mois suivant, puis la paie s’est arrêtée complètement et on nous a appris par téléphone que le restaurant fermait. Nous travaillons toujours, nous faisons tourner l’entreprise, nous fournissons de la nourriture et des boissons à ceux qui nous soutiennent. Nous avons davantage de clients qu’autrefois. C’est la seule action que nous puissions faire, cela s’est imposé comme une évidence."
Les serveurs proposent des boissons bon marché et des dîners à prix réduits à ces "indignés", dont le mouvement est apparu il y a quatre mois. Auparavant, cette nouvelle clientèle, souvent gauchiste, n’aurait jamais mis les pieds dans ce bastion de l’impérialisme. Une banderole en anglais appâte les touristes en proposant des souvlakis et des boulettes de viande bon marché "pour soutenir les travailleurs".
Voilà un mois que la Grèce est paralysée par une grève générale anti-austérité. Ainsi, la place Syntagma, à Athènes, a été le théâtre d’importantes mobilisations, avec des batailles rangées entre la police et les manifestants.

Le mouvement n'a pas faibli pendant les vacances d'été

Les Grecs se méfient plus que jamais de la classe politique et doutent de sa capacité à les sortir de cette crise financière sans précédent. Les sondages font apparaître un mépris grandissant envers tous les partis, ainsi qu’un discrédit du système politique. Le chômage touche 16 % de la population active, atteignant des sommets parmi les jeunes. Ceux qui ont la chance d’avoir encore un emploi ont subi de fortes baisses de salaire, ce à quoi vient s’ajouter l’augmentation des impôts.
Récemment, les médecins et les infirmières se sont mis en grève pour protester contre les coupes budgétaires dans les hôpitaux. Ces deux dernières semaines, les chauffeurs de taxi en grève ont perturbé la circulation dans toute la Grèce, protestant contre l’ouverture de leur secteur à davantage de concurrence. Ils ont notamment bloqué les accès aux ports et occupé le bureau de délivrance des billets pour l’Acropole, laissant passer les touristes gratuitement.
Fait essentiel, le mouvement de désobéissance civile n’a pas faibli pendant les vacances d’été : des citoyens lambda refusent toujours de payer les péages, les tickets, les hausses des honoraires médicaux, etc. Le mouvement "Nous ne paierons pas" se veut l’expression par excellence du "pouvoir du peuple". Ses organisateurs annoncent que l’offensive pourrait reprendre de plus belle en septembre, lorsque le gouvernement va lancer une nouvelle série de mesures d’austérité.
Sur la route principale Athènes-Thessalonique, tandis que les automobilistes regagnent Thessalonique après un dimanche à la plage, une foule de manifestants en gilets de sécurité orange montent la garde au poste de péage principal menant à la deuxième ville de Grèce. Leurs gilets sont frappés du slogan : "Désobéissance totale". Ils soulèvent les barrières rouges et blanches et invitent les conducteurs à passer sans payer les 2,80 euros de péage. Sur leurs banderoles, on peut lire : "Nous ne paierons pas", ou encore : "Nous ne donnerons pas notre argent aux banquiers étrangers". Les automobilistes passent, reconnaissants, certains adressant un signe d'encouragement aux manifestants.

Les partis de gauche ont adhéré

"Nous allons assister à un résurgence de la désobéissance civile à l’automne", nous déclare Nikos Noulas, un ingénieur civil de Thessalonique, dans un café du centre, tout en déroulant une série d’affiches appelant au refus de payer.
Dès le début de l’année, le mouvement battait son plein : les voyageurs étaient invités à resquiller dans le métro à Athènes, les manifestants ayant recouvert les distributeurs de tickets sous des sacs plastiques, et à Thessalonique, les usagers ont pendant longtemps refusé de payer le bus après la hausse du ticket imposée par des sociétés privées subventionnées par l’Etat. D’autres refusent de payer leur redevance de télévision.
Les partis de gauche ont adhéré au mouvement, lui donnant une plus grande visibilité. En mars, plus de la moitié de la population était favorable au principe du refus de payer. Le gouvernement a pourfendu ce qu’il qualifiait de "parasitisme" irresponsable, affirmant que les resquilleurs nuisaient à la réputation du pays et privaient l’Etat de sources de revenus indispensables. De nouvelles lois contre le resquillage ont été adoptées et la police a sévi.
"C’est le début d’un divorce entre les Grecs et leurs responsables politiques, affirme l’écrivain Nikos Dimou. Dans tous ces mouvements, on retrouve un même ras-le-bol de la classe politique". A Thessalonique, les esprits sont particulièrement échauffés. Fin juillet, les "indignés" ont dû replier les tentes qu’ils avaient déployées sur la place Syntagma, mais la Tour blanche de Thessalonique, située sur le front de mer, est toujours entourée de tentes et tendue de banderoles affichant "A vendre" et "Pas à vendre".

"La Grèce vit un tournant de son histoire politique"

Il faut dire que le nord de la Grèce a été particulièrement frappé par la crise. Des entreprises ont commencé à mettre la clé sous la porte avant même le début de la débâcle financière. Résultat, l’activité économique est au point mort, et la mairie de Thessalonique a même pu afficher une nette amélioration de la qualité de l’air dans cette ville jusqu’alors congestionnée. Le 10 septembre, quand le Premier ministre grec Georges Papandréou se rendra à la célèbre foire internationale de Thessalonique pour présenter ses nouvelles mesures économiques, il sera accueilli par des manifestations.
Les indignés de Thessalonique pratiquent le flash-mobbing (mobilisations éclair), notamment devant des banques ou des bâtiments publics. Leur dernière cible a été le consulat d’Allemagne, devant lequel des dizaines de manifestants ont scandé des slogans et peint les trottoirs à la bombe, exigeant de l’Union européenne un plus gros effort, tandis que des policiers en civils se contentaient de regarder.
Antonis Gazakis, professeur de langue et d’histoire, affirme qu’il est frappé de voir qu’aujourd’hui le mouvement fait de nouvelles recrues, issues de toutes les tendances politiques, certains manifestants [de la Tour blanche] n’étant liés à aucun parti et ne s’étant jamais mobilisés auparavant. Ils veulent tous participer pleinement à ce débat sur les moyens de renouveler un système politique et parlementaire qu’ils jugent corrompu. "La Grèce vit un tournant de son histoire politique, assure Gazakis. C’est pourquoi je compte bien rester ici cet été. La dernière fois que le peuple est descendu dans la rue pour exiger un changement de constitution d’un telle importance, c’était en 1909. C’est une occasion idéale, un changement de modèle. La Grèce s’est réveillée."

Fuite de cerveaux

Les jeunes disent adieu à un pays en crise

Comme leurs homologues portugais, espagnols, irlandais ou italiens, c'est vers l'étranger que les jeunes Grecs se tournent, face à l'absence de perspectives et aux ravages de la crise économiques. A en croire Le Figaro, "déjà, plus de 70.000 Grecs seraient partis pour les États-Unis, plus de 15.000 auraient rejoint l'Allemagne, l'Angleterre et la France". "Tous n'ont pas la même opportunité", précise le quotidien parisien : "ils s'adressent donc à des professionnels. De plus en plus d'agences de chasseurs de têtes proposent aux Grecs de leur assurer une activité à l'étranger. L'entreprise suédoise Paragona multiplie les publicités dans la presse hellénique ou sur Internet, en garantissant un emploi à la hauteur des compétences de chacun et un bon salaire". "Depuis quelques mois", raconte encore Le Figaro, "le ministère grec des Affaires étrangères croule sous les demandes de création ou de renouvellement de passeports. 'Le téléphone n'arrête pas, surtout en ce moment, tous sont pressés de partir. On a l'impression de vivre cette vague de migration qu'a connue la Grèce au début du XXe siècle. Sauf qu'il n'y a ni guerre ni famine!' confie un diplomate".

L’euro vit-il ses dernières grandes vacances ?

La bureaucratie européenne est lente et l’Allemagne s’obstine à refuser le seul remède capable de sauver l’euro et l’Europe : une prise en charge commune de la dette publique et le renoncement à la souveraineté nationale en matière de politique budgétaire. 

Les marchés se sont glissés dans une des nombreuses failles du système européen, générant un énième effondrement boursier et une nouvelle envolée des taux d’intérêts, devenus désormais les accélérateurs de la crise des dettes souveraines au cœur de la zone euro. Mais cette tempête aussi, comme celles qui ont précédé, est le symptôme d’un déséquilibre politique.
Or si une solution n’est pas trouvée à ce déséquilibre, l’Europe pourra difficilement survivre. La brèche qui a offert cette fois le prétexte de l’attaque est l’incroyable retard de la bureaucratie européenne dans la mise en pratique des décisions prises au sommet des chefs de gouvernement le 21 juillet.
Si tout va bien, les décisions qualifiées d’"urgentes" prises en juillet ne deviendront opérationnelles qu’à la fin septembre. Et à ce moment-là, elles s’avéreront insuffisantes. Le 4 août, précisément au moment où le président de la Commission José Manuel Barroso appelait les gouvernements à une rapide mise en  œuvre des décisions prises en juillet "qui manifestement n’ont pas l’effet attendu", la Banque centrale européenne (BCE) a tenté de colmater la énième voie d’eau de la barque de l’euro, en annonçant qu’elle avait décidé "à une écrasante majorité" de reprendre les acquisitions sur le marché secondaire [où ces bons sont revendus par leurs acheteurs] de bons du trésor des pays en difficulté.

La BCE a agi de mauvais gré

Depuis mai, Francfort avait suspendu les interventions, demandant que cette responsabilité soit transférée au Fond européen de stabilité financière (FESF). Mais étant donné que le Fond est bloqué par les lenteurs bruxelloises, la BCE a dû encore une fois entrer en action. Et elle l’a fait de mauvais gré. Certes, la décision a été prise à la majorité, probablement malgré un vote hostile des Allemands. Et cela n’a pas suffit à calmer les marchés.
La tempête, donc, est destinée à durer. Ou du moins à se répéter à intervalles de plus en plus rapprochés. Au moins aussi longtemps que les gouvernements ne comprendront pas la nécessité de réfléchir, sur la "complexité et le caractère incomplet des décisions prises jusqu’à maintenant", comme le demande José Manuel Barroso.
À dire vrai, chacun connaît le seul remède capable de sauver l’euro et l'Europe. Mais l’Allemagne d’Angela Merkel continue à refuser la thérapie et les autres gouvernements n’ont pas la force de la faire changer d’avis, tandis que les marchés parient depuis plus d’un an sur la mort du patient avant qu’il ait pu recevoir les soins dont il a besoin.
En dépit de l’extrême complexité de la crise actuelle, la question est simple : les marchés n’ont pas tout à fait tort de ne pas croire que la monnaie unique puisse continuer à exister si l’on reste accroché au principe du chacun pour soi en matière de dette publique, et donc si on continue à appliquer des taux d'intérêts différents pour les titres émis par chaque pays de la même monnaie.

La solution existe, mais elle est bloquée par l'Allemagne

La solution, partagée par plusieurs des acteurs, consiste à accepter une responsabilité commune pour la dette publique accumulée. Cet objectif peut être atteint, au moins en partie, grâce à l’émission d’un eurobond pour une part significative de l’endettement européen. La contrepartie politique de cette manœuvre consiste à renoncer à la souveraineté nationale sur les politiques budgétaires, qui seraient déléguées à un "ministre des Finances européennes". D’ailleurs, les marges d’autonomie des gouvernements nationaux sur la gestion des budgets sont aujourd’hui déjà extrêmement réduites.
Mais jusqu’à maintenant, la solution du problème a été bloquée par l’Allemagne, dont les comptes sont en ordre et qui ne veut pas prendre en charge les énormes dettes accumulées par des pays comme l’Italie ou la Grèce. Pour contourner le veto allemand, on a eu recours à des systèmes extrêmement complexes et peu efficaces, comme le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Mais il est désormais évident que ce type de palliatif a surtout un rôle d’incitation à la spéculation, qui continue à jouer sur les différences entre les taux d’intérêts. Nombreux sont ceux qui ont dénoncé ces derniers mois "l'égoïsme" des allemands et lancé des appels à une fantomatique "solidarité européenne".
En réalité, le problème ne pourra être résolu que si et quand l’Allemagne comprendra que la fin de l’euro et du marché unique et l’inévitable catastrophe financière qui en résulterait, pourraient lui coûter bien plus cher que la prise en charge de la dette commune. Jusqu’à ce jour, aucun gouvernement n'a eu le courage de mettre Angela Merkel au pied du mur.
Mais si les gouvernements se défilent, les marchés sont déjà en train de s’en charger. Avec l'Italie sous le feu des attaques, le moment de la décision finale ne peut guère tarder. Si l’Allemagne dit oui, l'euro et l'Europe seront sauvés. Dans le cas contraire, préparons-nous au pire. L’Allemagne y compris. 

Le monde vu par les agences de notation

Les pays développés, européens en tête, voient leurs notes financières menacées par les agences de notation. Seuls celles des émergents grimpent toujours plus haut.







Tous les pays n'ont pas souffert des foudres des agences de notation ces derniers mois. Les pays développés ont payé les conséquences de niveaux de dettes qui ont explosé durant la crise. Les pays émergents, pour leur part, ont fait figure de bons élèves depuis le début de la reprise économique, rapportent les agences Fitch et Moody's dans des rapports distincts.
Moody's souligne dans son rapport portant sur l'année 2010 que plus des deux tiers des dégradations (70%) de notes qu'elle a dû mener ont concerné l'Europe. Sur 18 relèvements de note à travers le monde l'an dernier, un seul pays de la région Europe, telle que définie par Moody's, a vu sa note relevée: la Turquie. Les émergents ont monopolisé les autres hausses: 56% des améliorations ont profité aux pays d'Amérique latine, 39% aux pays d'Asie, du Golfe et d'Afrique.
Même constat chez Fitch en 2010: «Les avis positifs sur les dettes des États en voie de développement ont recueilli la majorité des avis favorables de l'agence, tandis que les économies avancées comptaient le plus d'avis défavorables sur leur endettement».

Retournement de situation

Ce retournement de situation observé durant l'après-crise s'explique par une meilleure résistance des finances publiques des émergents aux bourrasques économiques et financières. Et, surtout, par des perspectives de croissance bien meilleures que dans les pays développés, explique Moody's. En Amérique latine, par exemple, les petits pays sont tirés par la croissance brésilienne, tandis que ceux d'Asie profite du boom chinois.
Au contraire, «les dégradations de note des pays européens reflètent leur faible croissance relative pour les trois à cinq prochaines années et par la hausse prévisible des taux d'intérêt, qui étaient à des niveaux historiquement bas», analyse Moody's.
Toutefois, la moyenne des notes des émergents reste inférieure à celle des pays avancés. Malgré les nombreuses dégradations de note, rapporte Moody's, l'Europe conserve ainsi une moyenne située à A2, tandis celle de l'Amérique latine atteint seulement le cran B1. Mais l'écart se resserre.

Pour la première fois de son histoire, la première puissance économique du monde perd son tripe A. L'agence de notation pointe des «risques politiques» face aux enjeux du déficit budgétaire du pays.

La sanction était attendue mais elle sonne quand même comme un choc. Dans la nuit de vendredi à samedi, l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's (S&P) a osé abaisser la note attribuée à la dette publique des États-Unis, ainsi privés de leur «AAA» pour la première fois de leur histoire. S&P a annoncé dans un communiqué avoir dégradé d'un cran cette note, la meilleure possible, pour la porter à «AA+». Elle a par ailleurs ramené sa perspective à «négative», ce qui signifie que Standard and Poor's pense que la prochaine fois que cette note changera, ce sera pour être dévaluée de nouveau. Les États-Unis étaient notés «AAA» par S&P depuis la création de cette agence en 1941. Ils le restent chez les deux autres grandes agences, la doyenne Moody's (depuis 1917) et Fitch Ratings.
Standard and Poor's, qui avait prévenu dès avril qu'elle envisageait cet abaissement, a justifié sa décision par «des risques politiques» de voir le pays prendre des mesures insuffisantes contre son déficit budgétaire. Pour elle, le débat politique sur ces questions n'est pas à la hauteur des problèmes causés par une dette publique de plus de 14.500 milliards de dollars. «Le plan de rééquilibrage du budget sur lequel le Congrès et l'exécutif se sont récemment mis d'accord est insuffisant par rapport à ce qui, de notre point de vue, serait nécessaire pour stabiliser la dynamique à moyen terme de la dette publique», a expliqué S&P, invoquant la loi dite de «contrôle du budget» votée mardi.
S&P est donc la deuxième agence de notation a dégrader la note américaine, après la chinoise - moins puissante - Dagong. Les autres - principalement l'américaine Moody's et la française Fitch - restent pour l'instant à l'écart.

La dette publique américaine à plus de 100% du PIB

La première puissance du monde n'est, ainsi, plus aussi sûre qu'avant. Les États-Unis rejoignent ainsi le Japon, l'Espagne et l'Irlande qui ont perdu ce statut envié. La perte de ce sceau d'excellence devrait avoir des répercussions brutales sur les marchés financiers , difficiles à imaginer dans l'immédiat. Mais alors que la planète finance est sens dessus-dessous, le risque de voir les marchés continuer à plonger est élevé. L'annonce de S&P intervient en effet alors que les marchés ont fermé pour le week-end, clôturant de part et d'autre de l'Atlantique une semaine noire.
La Chine, de loin le plus grand créancier mondial des États-Unis, a jugé qu'elle avait « désormais tous les droits d'exiger des États-Unis qu'ils s'attaquent à leur problème structurel de dette». Deuxième détenteur mondial de la dette américaine, Tokyo a assuré, lui, que sa confiance dans les bons du Trésor américain et sa stratégie d'achats de ces bons restaient inchangées. En France, le ministre de l'Économie François Baroin réaffirme sa «totale confiance dans la solidité de l'économie américaine
Il y a deux jours, la dette américaine a passé un cap symbolique. Elle a dépassé en effet le seuil de 100% du PIB, juste après le relèvement du plafond de la dette par le Congrès. Les États-Unis ont vu leurs finances publiques plombées par la dure récession qu'a traversée leur économie de fin 2007 à mi-2009. Depuis, la croissance économique est revenue mais ils ne sont pas parvenus à rétablir la santé de leurs finances publiques. Selon les estimations du Fonds monétaire international, ils devraient accuser cette année, avec environ 9% du produit intérieur brut, le déficit budgétaire le plus élevé des pays du G20, Japon mis à part. Il reste seize pays notés «AAA» chez Standard and Poor's, dont quatre du G7: l'Allemagne, le Canada, la France et la Grande-Bretagne.

Grèce: suspension de la grève des taxis

 Les propriétaires des taxis ont annoncé ce matin "la suspension" de leur grève entamée le 18 juillet pour protester contre la dérégulation du métier, qui a fortement affecté le tourisme en plein été. "Le mouvement est suspendu jusqu'au 5 septembre, le dialogue se poursuit", a indiqué un communiqué de la fédération des taxis, selon la télévision publique Net.

Cette décision a été prise à la suite d'une réunion extraordinaire de plusieurs heures des 20 syndicats de la fédération à Athènes, convoquée par le président des taxis d'Athènes, Thymios Lybéropoulos.  Depuis le 18 juillet la fédération panhellénique des taxis avait lancé une grève sine die protestant contre le dérégulation du secteur.

Le bras de fer avec le gouvernement a été provoqué quand le nouveau ministre des Transports, Yannis Ragoussis, avait refusé d'appliquer un accord survenu avec son prédécesseur, avant le remaniement du 17 juin, qui prévoyait de lier "le nombre de taxis à la population de chaque ville".  Ce compromis aurait permis de limiter le nombre de voitures en circulation, ce que demandaient les taxis qui estiment que la libéralisation va "créer un encombrement" de voitures, et "faire chuter la valeur" de leurs licences chèrement acquises.

Le mouvement a fortement affecté le tourisme, provoquant d'énormes embouteillages aux ports du Pirée et dans d'autres îles ainsi qu'à l'aéroport international d'Athènes en raison des manifestations des conducteurs des taxis. Selon les médias grecs, la grève aurait causé 1,2 milliard de pertes au Pirée, certains bateaux de croisière renonçant à accoster et continuant plus loin en Méditerranée pour débarquer leurs touristes.

Comme celle des routiers l'an dernier, la dérégulation des taxis s'inscrit dans le cadre de mesures, dictées par les créanciers du pays (l'Union européenne et le Fonds monétaire international) visant à ouvrir à la concurrence des métiers protégés en Grèce, avocats, pharmaciens ou ingénieurs, afin de relancer l'économie en récession depuis trois ans.

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La politique poursuit la France sur le sable

Si les vacances vident plus sûrement le porte-monnaie que la tête, elles demeurent une bulle bienvenue loin du fracas du monde et des palabres ordinaires.

C’est curieusement ce moment privilégié que les partis politiques choisissent pour mettre en branle leurs caravanes d’été sur les plages.

La France est sur le sable pensent-ils, elle n’aura pas la force d’aboyer…

Il y a quelques années, les jeunes militants de l’UMP avaient distribué larga manu des collections de tongs made in China. Avec une trouvaille que seuls les crânes d’œuf du marketing politique pouvaient oser : elles laissaient l’empreinte des trois lettres du mouvement sur le sable, de quoi se fâcher avec 47 % de ses voisins de serviette.

Cet été, la présence politique sur les lieux de villégiature se fait plus discrète. Le temps n’est pas venu de casser les pieds à l’électeur avec 2012…

Seul Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, chausse les espadrilles. En plein doute sur la monnaie européenne, il écume le littoral avec un slogan qui tombe pile-poil, “l’euro te protège”.

Dans un raccourci saisissant, il joint le geste à la parole et distribue des préservatifs. Des billets de banque auraient été plus convaincants, mais n’est-ce pas l’intention qui compte.

Au Grau-du Roi, il compte captiver un camping avec une table ronde sur l’euro.

Lui qui avait présenté ses vœux aux Français dans sa cuisine, casserole à la main, on lui conseille d’arriver à l’heure de la vaisselle…

Realpolitik et impuissance face à la Syrie

« Bien entendu, nous n'allons rien faire. » Cette phrase de Claude Cheysson, ministre du gouvernement Mauroy, au sujet de l'instauration de la loi martiale en Pologne en 1981, est restée comme un symbole de la realpolitik. Alain Juppé n'aura sans doute pas la même postérité, après avoir dit, songeant à la Syrie, que « l'Occident ne sait pas faire de miracles ». Mais le fond est similaire. En plus diplomatique, cette impuissance s'enrobe généralement de vœux pieux, comme ce mercredi à l'ONU. Reste qu'au-delà de l'indignation morale, la communauté internationale peut-elle intervenir efficacement dans un pays en guerre civile, quand le dictateur au pouvoir n'est lâché ni par l'armée, ni par la majorité de sa population ? La situation libyenne apporte aussi un triste contre-exemple au « droit d'ingérence ». L'intervention volontariste impulsée par la France a incontestablement permis d'éviter à Benghazi un massacre comme à Hama. Mais le glissement de l'objectif de l'opération (de la préservation des populations civiles à la chute de Kadhafi) la transforme en nouvelle opération de police de l'OTAN, avec le même risque d'enlisement qu'en Afghanistan ou en Irak. Le meilleur moyen de faire tomber un autocrate reste le soulèvement victorieux de son peuple, non une intervention militaire extérieure. En revanche, les démocraties peuvent s'abstenir de légitimer inutilement des dictateurs en place, comme Nicolas Sarkozy invitant Bachar El Assad aux cérémonies du 14-Juillet voilà trois ans… Le vrai cynisme est celui qui faisait dire au président Eisenhower, parlant du Nicaraguayen Somoza : « C'est un salaud, mais c'est notre salaud. »