TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 4 août 2011

La crise engendre aussi quelques paradoxes

Résistance de l'euro en pleine crise de la dette européenne, deux poids deux mesures des agences de notation, ruée vers le yen -devise du pays le plus endetté au monde-, la crise qui frappe l'économie mondiale met aussi en lumière quelques paradoxes.
L'euro résiste face au dollar en pleine crise de la dette européenne
Pourquoi la monnaie européenne résiste et tend même à s'apprécier face au billet vert ? La Grèce est pourtant quasiment en situation de défaut de paiement, le Portugal, l'Espagne ou l'Italie empruntent à des niveaux inédits sur les marchés.


La bonne tenue de l'euro s'explique car le dollar n'a jamais été aussi peu attractif aux yeux des investisseurs. La croissance des Etats-Unis a nettement ralenti pendant l'hiver et les analystes craignent une récession au second semestre.
Par ailleurs, les programmes d'assouplissement monétaire mis en place par la Réserve fédérale américaine depuis 2008 ont fragilisé le billet vert en faisant tourner la planche à billet.
Fort par rapport au dollar, l'euro résiste toutefois mal face au yen ou au franc suisse, deux valeurs refuge.
Les agences de notation: deux poids deux mesures ?
Pourquoi Moody's, Standard and Poor's et Fitch concentrent leur pression sur certains pays de la zone euro alors que d'autres Etats sont tout autant voire davantage endettés ? La Grèce est considérée comme le pays le moins fiable de la planète, si l'on en croit la liste des pays notés par Standard and Poor's, avec une dette qui représente 152% du PIB du pays. La Jamaïque est en revanche beaucoup mieux notée alors que la dette de l'île atteint 137% de son PIB.
Accusées de laxisme après la crise des "subprimes", les agences se veulent sévères envers la zone euro, d'autant que l'hypothèse d'un défaut de paiement de l'un de ses membres, la Grèce, n'est plus exclue. Or, s'il intervient, les créanciers privés d'Athènes subiront de fortes pertes, ce qui a obligé les agences à dégrader fortement la note de la Grèce.
De nombreux experts critiquent aussi le rôle de "pompiers pyromanes" des agences. Ainsi, si l'une d'entre elles était amenée à dégrader la note de l'Italie parce que celle-ci a de plus en plus de mal à emprunter sur les marchés, les investisseurs vont s'affoler et les taux d'emprunts s'envoler encore davantage pour Rome.
Une ruée vers le yen
Pourquoi les investisseurs plébiscitent tant la devise du pays le plus endetté au monde ? La monnaie nippone approche de son plus haut niveau face au dollar depuis 1945, une flambée totalement déconnectée des fondamentaux économiques du Japon assez peu reluisants.
Le yen a toujours bénéficié de son rôle de valeur refuge, surtout en période de dégradation économique. En effet, même si l'endettement du pays est le plus élevé au monde, atteignant 252% du PIB, il est en très grande partie financé par l'épargne des Japonais.
Le cours du yen menace le redémarrage de l'économie de l'archipel, déjà en convalescence depuis le seisme du 11 mars, faisant perdre beaucoup d?argent aux exportateurs japonais comme ceux du secteur automobile.
Pour tenter d'affaiblir sa monnaie, le gouvernement est intervenu jeudi directement sur les marchés, pour la première fois depuis septembre 2010, mais cette action conduite unilatéralement devrait avoir un effet limité aux yeux des experts.
Politique d'austérité et croissance atone: un cocktail explosif
Au moment où la croissance semble ralentir des deux côtés de l'Atlantique, les gouvernements des Etats-Unis et des Etats de la zone euro sont engagés dans des politiques d'austérité, peu propices à la relance de l'activité économique.
Mais leur dette a explosé et ils sont sous la surveillance étroite des marchés, et des agences de notation, qui réclament une réduction des déficits. Faute de relance de la croissance par la dépense publique, les Etats voient leur marge de manoeuvre se réduire comme une peau de chagrin.

Des montagnes russes à la roulette russe

Les montagnes russes sont le manège préféré des marchés financiers. Après le sauvetage de la Grèce, ils sautent au déficit des USA, puis replongent sur la zone euro et les finances italiennes et espagnoles… Avec à chaque fois, un court yoyo des bourses, optimistes puis en recul, histoire d'encaisser quelques bénéfices… Et chaque nouvel indicateur économique, négatif, d'emploi, de consommation, de croissance, provoque un nouveau soubresaut. Une instabilité qui rend fou, puisque chaque hoquet des agences de notation malmène les finances des états, qui dépensent des centaines de milliards pour se défendre ou lancent des plans de rigueur. Et ils se font ensuite malmener car soit trop dépensiers, soit en récession. La peur s'auto-alimente. Les signaux négatifs des dettes publiques et la menace d'une dégradation de note et d'une hausse de taux d'intérêt rendant le remboursement plus onéreux appellent des plans de rigueur et la frilosité des investisseurs, inquiets, alimentant la récession. Suivent une baisse de la consommation, puis de la production et des échanges mondiaux et des crises sociales, pouvant se propager d'Occident en Orient. Ce scénario à la grecque est pourtant totalement contraire aux intérêts même des marchés. Un jeu de roulette russe que seules des décisions politiques fortes, instaurant de vrais outils de régulation, notamment via la Banque centrale européenne, peuvent encore empêcher. Et si la volonté manque encore, il ne semble pourtant pas qu'on puisse attendre le prochain sommet du G20 à Cannes, en novembre, pour réagir et montrer leurs limites aux marchés.

L’asile en Europe reste un mirage

Encore récemment, 25 migrants sont morts asphyxiés dans la cale du bateau qui les conduisait en Italie. Ce nouvel épisode du drame qui se joue depuis des décennies au sud de l’Europe fait partie d'une stratégie de dissuasion mise en place pour lutter contre l’immigration, estime un éditorialiste allemand. 

La mer Méditerranée est un cimetière. On y dénombre déjà 1 820 morts depuis le début de l’année : des réfugiés qui avaient pris le bateau pour l’Europe. Ils sont morts de soif au-dessus des flots, se sont noyés en haute mer ou au large de Lampedusa, victimes d’une politique glaçante des pays européens envers les réfugiés politiques.
L’île de Lampedusa est comme un radeau de sauvetage pour les réfugiés qui traversent la mer Méditerranée. Rares sont ceux qui l’atteignent mais ceux qui y parviennent ne s’en trouvent pas mieux puisqu’ils n’y restent pas. La plupart sont immédiatement renvoyés là d’où ils viennent.
La politique de rapatriement est sans doute ce qui fonctionne le mieux dans la politique européenne envers les réfugiés. Quand ils peuvent reconduire les anciens accords avec les nouveaux gouvernements d'Afrique du Nord, les ministres européens de l’Intérieur et des Affaires étrangères sont ravis. "Loin des yeux, loin du cœur", telle est la maxime de ces accords de reconduite.
On dépense beaucoup d’argent pour faire arriver le droit d’asile dans les pays d’où partent les réfugiés, et l’on ne s’intéresse guère au sort de ceux qui se retrouvent ainsi laissés-pour-compte. Nous nous en lavons les mains, comme Ponce Pilate.

L'Europe protège ses frontières, pas les réfugiés

L’Europe protège ses frontières mais pas les réfugiés. Ces morts sont victimes de non-assistance à personne en danger. Vingt-cinq jeunes hommes viennent de mourir étouffés par des gaz d’échappement dans la cale d’un bateau qui devait les emmener de Libye en Italie. Les morts de réfugiés sont devenues une routine inquiétante. On en parle comme de destins auxquels on ne pourrait rien changer. L'Europe prend le sort de ces réfugiés en mer Méditerranée – que les Romains appelaient Mare Nostrum – comme une fatalité de crainte d’en attirer davantage en leur prodiguant de l’aide. L’assistance serait comme une incitation à l’exil.
Voilà pourquoi aucun bateau de secours maritime ne vient en aide aux migrants, et pourquoi il n’existe aucun programme européen d’aide et d’accueil aux réfugiés. La mort de ces réfugiés fait partie, qu'on le veuille ou non, de la stratégie de dissuasion mise en place par l’Europe.
Frontex, l'agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, est chargée d’intercepter les réfugiés, pas de les aider. La multiplication des contrôles de l’agence dans les airs et sur terre oblige les réfugiés à prendre toujours plus de risques. Le texte des conventions de Genève sur les réfugiés, vieux de 60 ans, est fragile. L'engagement de l’Union européenne à constituer un espace de libertés, de droit et de sécurité ne vaut que pour les citoyens européens.

Un nouveau rideau de fer

Lorsque l’association allemande d’aide aux réfugiés, Pro Asyl, fut fondée il y a 25 ans, la plupart des migrants venaient d’Europe de l’Est. Fuyant les dictatures socialistes ou la guerre dans l’ancienne Yougoslavie, ils demandaient asile en Allemagne. L’arrivée de ces réfugiés était le signe annonciateur de la chute du bloc soviétique, explique Jürgen Micksch, président de Pro Asyl. Il en va de même pour les réfugiés actuels. Ces candidats à l’exil sont le signe avant-coureur de bouleversements politiques, sociaux et culturels dans les pays du sud de la Méditerranée. Mais les pays européens continuent de se comporter de la même manière avec ces Etats, aussi bien pendant qu’après les bouleversements.
De premières négociations ont été menées avec les insurgés afin de les inciter à signer des accords de rapatriement. Est-ce là le plus urgent pour les démocraties européennes ? Est-ce là l’image que le printemps arabe devra retenir de l’UE : la démocratie européenne comme grande organisation exclusive et se suffisant à elle-même ?
Les bateaux de réfugiés aujourd’hui quotidiens en Méditerranée ont fait leur apparition il y a vingt ans exactement : en août 1991, les premiers réfugiés albanais arrivaient par bateau dans le sud de l’Italie. Pourchassés par les soldats dans les rues de Bari, ils étaient enfermés dans des stades où ils ne recevaient ni à boire ni à manger, pas même les femmes et les enfants. C’était la panique. Les soldats devaient patrouiller en mer Adriatique pour intercepter des réfugiés encore dans l’eau. A l’époque, cela passait pour une absurdité. Aujourd’hui, c’est devenu une stratégie européenne.
L’Europe doit arrêter d’essayer de construire un nouveau rideau de fer. Elle doit de nouveau protéger les persécutés et offrir une chance aux immigrés. L’Europe sans humanité n’est plus l’Europe.

Vote sur la dette, le djihad du Tea Party

Avec l'accord sur les coupes budgétaires qu'ils ont imposé à la Maison-Blanche, les républicains jouent contre l'Amérique, qu'ils vont contraindre à se brider jusqu'aux élections de 2012.

En 2008, dans les mois qui ont suivi son élection, Obama avait dit qu'il ressemblait probablement à un test de Rorschach. Cet exercice très prisé des psys, dans lequel le patient interprète librement, à sa manière, selon ce qu'il ressent ou perçoit, le pâté laissé par une tache d'encre sur une feuille de papier blanc. Rarement la métaphore aura été aussi justifiée, après une séquence au cours de laquelle le président des États-Unis vient, sur le fil du rasoir, de sauver son budget et d'éviter à son pays d'être déclaré en faillite. Car au lendemain de cette date butoir fatidique du 2 août, selon que l'on soit républicain ou démocrate, financier ou industriel, que l'on appartienne aux classes les plus aisées ou à la petite et moyenne bourgeoisie, on pense qu'Obama a cédé sur l'essentiel. Et qu'il a dû rengainer ses idées trop étatiques ou qu'il a piégé les républicains et empêché les idées anarcho-libérales du Tea Party de bloquer le programme social sur lequel il a été élu.
Bien sûr, cette bataille au couteau entre une Chambre des représentants à majorité républicaine et un Sénat à la tripe démocrate a donné un aperçu de ce que sera la campagne présidentielle de 2012. Mais est-ce cela, cette empoignade très politicienne, qui compte vraiment ? Ce qui importe pour l'Amérique et compte tenu de sa puissance et de son influence sur l'économie mondiale, c'est de savoir si les coupes dans les dépenses décidées par l'accord entre le Congrès et la Maison-Blanche - toutes les dépenses y compris militaires - ne vont pas affecter une croissance déjà bien atone : 0,8 % au premier semestre.
Idéologie suicidaire
Dans un éditorial du New York Times, Joe Nocera, citant un expert d'une firme d'investissement, explique qu'en économie "c'est comme dans un problème de fractions, il y a un numérateur et un dénominateur". Le numérateur, c'est la dette, le dénominateur, c'est la croissance. "Le problème, ajoute-t-il, c'est que nous avons augmenté sans cesse le numérateur et empêché le dénominateur de suivre. Il aurait fallu beaucoup de croissance pour diminuer la dette. Les mesures décidées cette semaine ne vont pas favoriser le PNB. Et donc doper le dénominateur."
En fait, ce sont les Bourses qui, comme souvent aux États-Unis, ont donné la vraie mesure de ce qui s'est passé cette semaine, et que le monde entier salue avec un assez lâche soulagement. Or, elles étaient largement orientées à la baisse. Le verre est donc plutôt à moitié vide qu'à moitié plein. Car même s'ils n'ont pas complètement réussi leur pari, les républicains, qui endossent de plus en plus les idées radicales du Tea Party, ont réussi leur coup : pour résorber la dette, ce ne sont pas les impôts des plus fortunés qui vont augmenter, comme il était prévu qu'ils le soient, ce sont les dépenses sociales, notamment pour les classes moyennes, qui vont être amputées. Un commentateur va même jusqu'à comparer le travail de sape qui a failli ruiner la confiance que le monde entier a dans la puissance américaine à une nouvelle forme de djihad. Une guerre sainte lancée cette fois non pas par des fanatiques venus d'ailleurs, mais par de bons Américains dévoyés par une idéologie suicidaire pour les États-Unis.

Pourquoi être attentif ?

On entend souvent des gens dire, pour s'excuser d'une inattention ou d'un oubli : « Désolé, je ne suis pas physionomiste. » Ou bien : « Je n'ai pas de mémoire. » Comme si cela suffisait. En réalité, bien souvent ces gens manquent tout simplement d'attention. À l'opposé, on rencontre des personnes qui, plusieurs mois, plusieurs années après, se souviennent de vous ou d'un événement, d'un nom, de détails étonnants, non parce qu'ils ont des capacités, des mémoires exceptionnelles, mais simplement parce qu'ils font attention.

Ce sont les mêmes qui se montrent curieux de l'évolution du monde. Ils montrent ainsi une prédisposition à la connaissance scientifique, qui commence par un regard étonné et patient. Sauf handicap particulier, la mémoire est largement une affaire d'attention, de concentration, d'intérêt « porté à »...De même, d'ailleurs, que l'intelligence se révèle être autant une affaire de volonté et de courage de penser, qu'un don inné. Elle est une prise de risque devant laquelle beaucoup reculent.

Plus qu'une attitude, l'attention constitue une orientation de l'existence. Ce qui n'est pas soi-même prend une place particulière, « primordiale » estime le philosophe Lévinas, pour qui tout commence par le « après vous », dit au passage d'une porte. Faire attention suppose un minimum de concentration sur l'objet d'étude ou la personne présente, à l'opposé de la dissipation-dispersion dans un brouillard où plus rien n'existe vraiment que le « moi ». Le « fais donc attention » des parents est valable aussi bien pour le savoir que dans la relation à autrui où l'on se plaindra volontiers des « manques d'attention ».

Mais comment être attentionné si l'on ne commence pas par être attentif ? Tout le travail d'une vie consiste à l'orienter comme le tournesol dans la bonne direction, ainsi nous devenons accessibles, vulnérables, capables d'être touchés par l'autre.

Le temps des vacances est propice aux exercices d'attention, comme il y a des « exercices d'admiration ». Et tout commence dans la relation par le regard qui fait vivre. J'ai été témoin du ravissement d'une personne disant de son père : « Il m'a considérée ! », au sens d'« envisagée ». Ensuite, vient l'écoute, cette écoute tellement en souffrance aujourd'hui. On parle, on se parle beaucoup et l'on s'écoute si peu, chacun suivant son monologue dans un pseudo-échange où l'autre tient souvent lieu de simple miroir et de faire-valoir. Apprendre à se taire devrait être l'une des premières maximes de l'éducation. Comme le disait Cocteau à propos d'Anna de Noailles : « Ah, si elle pouvait enfin se taire, que je puisse enfin commencer à l'écouter ! ». L'attention est à ce prix.

Elle constitue à sa manière l'une des plus belles formes de don. Celui qui la pratique se donne à autrui à des degrés divers. Mais elle passe aussi par la demande. Étonnant ? Pas vraiment, car l'une des plus belles manières de prendre au sérieux autrui consiste à lui dire « J'ai besoin de toi », avec en retour pour celui-ci un sentiment de reconnaissance : « S'il a besoin de moi, c'est que je compte à ses yeux. » Avec un double risque, celui du refus et celui de la dette ainsi créée.

Mais n'est-ce pas ce qui constitue la vie sociale ?

Espagne et Italie dans la spirale

Chaque jour qui passe affaiblit davantage les deux pays face aux marchés. Plus financer leur dette coûte cher, moins ils ont de chance de sortir de la crise. Et pour l'heure, nul ne sait comment stopper cette dynamique.
Cette semaine, la flambée des primes de risque espagnole et italienne (celle de l’Espagne a dépassé les 403 points de base par rapport aux taux sur les obligations allemandes et a clôturé au-dessus de 380) a placé les deux pays en situation d’urgence. L’inquiétude politique déclenchée par la punition infligée sans fin par les marchés boursiers et financiers a donné lieu à des consultations entre le chef du gouvernement, José Luiz Rodríguez Zapatero, et les partis de l’opposition, afin d’étudier les scénarios possibles face à la sérieuse détérioration de la solvabilité espagnole, et de conjurer les craintes concernant un éventuel sauvetage de l’Espagne, démenti par Bruxelles.
Les attaques constantes des marchés contre les dettes espagnole et italienne n’augurent rien de bon pour la survie de la zone euro. Celle-ci est en effet pratiquement sans défense, car toujours dépourvue des outils politiques nécessaires pour empêcher la spéculation sur les dettes nationales.
Le diagnostic est posé, mais l’Europe ne résout toujours pas le problème de fond de la crise grecque, et n’offre toujours pas l’image d’une direction économique unique. Pendant ce temps, l’Espagne et l’Italie restent piégées dans la contradiction insoluble qui se présente lors de l’application d’un plan drastique de redressement fiscal. Plus les coupes budgétaires exigées d’un pays sont importantes, plus les perspectives de croissance s’effondrent. Les investisseurs comprennent que sans croissance, les financements accordés ne peuvent être remboursés. Ils augmentent donc le coût de leur refinancement, ce qui restreint encore un peu plus leur activité déjà exsangue. Et ainsi de suite, jusqu’à un inévitable sauvetage.
Le mois d’août s’annonce comme une épreuve difficile pour l’Espagne et l’Italie. Les investisseurs n’ont pas tenu compte des élections anticipées [qui se tiendront en Espagne le 20 novembre] car c’est un élément marginal face aux facteurs économiques mentionnés ci-dessus ainsi que le rachitisme du potentiel de croissance (avec de la chance, le PIB espagnol atteindra 0,7 % de croissance pour cette année), la stagnation de l’économie mondiale (évidente dans le cas des États-Unis) et la gestion politique calamiteuse de la crise en Europe.

La peste ou le choléra

Ni l’Allemagne ni la BCE n’ont finalement pu concrétiser les critères de réforme financière exposés lors du dernier sommet européen. Pendant ce temps, l’Europe se dirige droit vers une crise irréversible. Si l’Italie et l’Espagne, troisième et quatrième économies de la zone euro, devaient demander un plan de sauvetage, le désastre serait total pour la monnaie unique.
La marge de manœuvre du gouvernement espagnol l’oblige à choisir entre la peste et le choléra. Si la prime de risque ne baisse pas, l'augmentation du coût du service de la dette engloutira toute velléité de politique publique. La reprise est déjà difficile avec un différentiel de dette supérieur à 100 points de base ; à 400 points de base d’écart, il est impossible de sortir de la stagnation, de créer des emplois et de faire baisser le chômage de manière significative.


Une réponse orthodoxe (telle que celle suggérée par le FMI) consisterait à présenter à l’Europe et aux marchés des mesures de réduction budgétaire supplémentaires, autour de 2 % du PIB. Mais cette décision aurait des effets sur la croissance équivalents à l’étranglement produit par l’augmentation démesurée des coûts financiers. Cela équivaudrait à renoncer à toute reprise pendant les 5 prochaines années.
Les dés sont jetés. Et face à l’échec des formules les plus orthodoxes, il est nécessaire de chercher de nouvelles voies, passant par une action volontaire et immédiate de la BCE (achat massif de dettes espagnoles et italiennes) et l’acceptation d’une dette européenne se substituant aux dettes nationales.

Zone euro

Le remède ne sera pas disponible de sitôt

Face à la perspective d'une extension de la crise vers l'Espagne, l'Italie et Chypre, "les gouvernements de la zone euro intensifient leurs efforts pour renforcer le plan de sauvetage de 440 milliards d'euros", rapporte le Financial Times. Le 21 juillet, "ils ont convenu de donner au FESF la possibilité de racheter les obligations des gouvernement touchés sur des marchés libres, de leur fournir des lignes de crédit à court terme et des liquidités pour aider à recapitaliser les banques en difficulté". Avec les primes de risque espagnole et italienne en hausse, "la capacité de racheter les obligations espagnoles ou italiennes à des prix dérisoires serait un moyen d'aider à stabiliser les marchés."
"Pourtant, les diplomates et responsables européens ont reconnu que cela prendrait des semaines – voire des mois – avant de pouvoir mettre à profit les nouveaux pouvoirs du FESF", note le FT, qui explique que les responsables de la zone euro accélèrent leur travail pour produire un premier projet. Le texte final devra alors "être signé par les 17 gouvernements de la zone euro, puis subir le processus de ratification qui comprend l'approbation parlementaire dans la plupart de ces pays."

Syrie, silence on massacre…

En Syrie, les chars de Bachar al-Assad vomissent la mort. La ville d’Hama, symbole de la contestation, est le théâtre d’une véritable boucherie. Il y a 20 ans les forces d’Hafez al-Assad, le père de Bachar, avaient déjà fait 10 000 victimes dans cette ville. Le fiston a encore de la marge pour égaler feu papa. Faisons-lui confiance, la répression est une seconde nature dans la famille…

Le régime baasiste agit à l’abri des regards et dans un silence assourdissant, le pays est verrouillé. Seules de rares vidéos transmises par les insurgés secouent de temps à autre les bonnes consciences. Trop peu, la compassion se nourrit d’images…

Depuis que la révolte a éclaté, la communauté internationale montre ses muscles et noircit des communiqués. Les condamnations sont vigoureuses, les coups de menton volontaires, le régime voué aux gémonies et les avoirs à l’étranger du clan au pouvoir menacés de gel. Mais dans le huis clos de l’Onu, l’ambiance se fait bizarrement plus feutrée. On avait connu le Conseil de sécurité plus va-t-en guerre…

Il est vrai que la Syrie n’est pas la Libye et Bachar moins seul que Mouammar. La Russie, la Chine et l’Iran chouchoutent le tyran. Entre gens de bonne compagnie… Même Israël préfère ce voisin infréquentable à un plongeon dans l’inconnu. D’autant que l’aventure occidentale sur Tripoli n’incite guère à de nouveaux exploits casse-cou.

Bachar al-Assad peut massacrer son peuple, le reste du monde n’a pas encore trouvé son chemin de Damas.

Comment ça fonctionne, un pervers narcissique ?

Ils nous entourent et sont plus nombreux qu'on ne peut le penser. Ils n'hésitent pas à mentir ou à manipuler pour arriver à leurs fins : ce sont les pervers narcissiques. Dans son livre sur le sujet, le psychanalyste Jean-Charles Bouchoux décrit ces personnages dans leur fonctionnement au quotidien. Extraits.

Le pervers narcissique structurellement accompli utilise le lien familial, professionnel ou amoureux pour assujettir l’autre. Il a besoin de cette proximité pour exercer son emprise et ne permettra pas à sa victime de prendre de la distance. Il est froid intérieurement, ne connaît pas la culpabilité et n’hésite pas à culpabiliser les autres. Ses valeurs, ses sentiments et son comportement changent en fonction des gens et du contexte qui l’entourent. Extérieurement, il est aimable et peut feindre la compassion et la sympathie. Il est séducteur et si nécessaire, peut être ponctuellement très serviable, surtout si cela lui permet d’atteindre ses objectifs, bien souvent aux dépens des autres. Il ne prend jamais en compte les besoins et les sentiments des autres, sauf pour s’en servir, manipuler sa victime, l’isoler et l’amener à faire ce qu’il veut. Il est égocentrique, exige de l’autre la perfection.

Un communicant habile  

C’est aussi un menteur. Généralement habile avec la parole, il se sert largement du double sens des mots pour manipuler, se positionner en victime pour se faire plaindre ou rendre l’autre volontairement mal à l’aise. Même s’il n’a aucune valeur propre, il utilise la morale et les valeurs des autres pour arriver à ses fins. Il peut mettre en avant des raisons apparemment très logiques pour justifier ses passages à l’acte, il peut être jaloux et infidèle. Il ne supporte pas la critique mais critique sans cesse. Pour se revaloriser, il se nourrit de l’image de sa victime : plus il la dévalorise, plus il se sent fort. Qu’il ressente une angoisse et rapidement, cette angoisse habite l’autre. Par des mécanismes que nous allons étudier, il fait porter aux autres ce qui devrait être sa rage, ses peurs et sa culpabilité, autant dire sa folie.
Or si le pervers narcissique accompli existe, il faut savoir que nous sommes tous amenés à utiliser à certains moments des mécanismes pervers narcissiques. Aussi, plus qu’un essai sur le pervers narcissique, cet ouvrage tente de présenter une cartographie des mécanismes et des origines de la perversion mentale. Il se propose d’esquisser la limite entre normalité et perversion.

Des illustres exemples

À ce sujet, les personnages de Dom Juan et Casanova, par exemple, sont bien difficiles à situer. Dom Juan séduit des femmes et leur donne des rendez-vous auxquels il ne se rend pas mais envoie son valet Sganarelle vérifier qu’elles sont bien venues. Si c’est le cas, il est satisfait. Quant à Casanova, il séduit des femmes, se rend, lui, au rendez-vous, « consomme » puis disparaît. L’un comme l’autre se défendent d’une angoisse liée à l’idée qu’ils se font de leurs pouvoirs. Dom Juan vérifie le pouvoir de son image et Casanova s’assure qu’il n’est pas castré. Nous pourrions donc voir en Casanova un pervers sexuel et en Dom Juan un pervers narcissique. Toutefois, les deux s’enfuient après avoir séduit car une relation amoureuse les mettrait trop en danger.

Un dangereux personnage

Le pervers narcissique tel que nous allons l’étudier séduit sa proie à l’instar de Dom Juan mais la conserve ensuite et cherche à détruire l’image de sa victime. Il s’en nourrit et projette sur elle sa propre folie. Il assujettit son souffre-douleur et le pousse à la dépression, à la violence, à la perversion, à la folie, à la maladie voire dans les cas les plus graves à la mort par suicide ou par accident.