TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 23 juillet 2011

La chanteuse britannique Amy Winehouse est morte

La chanteuse britannique Amy Winehouse, âgée de 27 ans, a été retrouvée morte à son domicile de Londres samedi 23 juillet, rapporte la chaîne de télévision Sky News. La police a annoncé avoiravoir été appelée par le service d'ambulances vers 15 heures GMT (17 heures, à Paris). retrouvé le corps d'une jeune femme de 27 ans dans un appartement de Camden Square, au nord de Londres, après


La police a qualifié le décès "d'inexpliqué", mais la chanteuse se battait depuis des années contre de nombreux problèmes d'addiction, à l'alcool et à la drogue.
ANNULATION DE LA TOURNÉE EUROPÉENNE
Elle avait annulé au mois de juin l'ensemble de sa tournée européenne après un concert désastreux à Belgrade, en Serbie, où elle avait été huée, incapable de chanter ses propres textes. Fin mai, elle avait terminé une cure de désintoxication.

Amy Winehouse devait chanter cet été en Espagne à Bilbao, en Suisse à Locarno et Nyon, au festival de Lucca en Italie, à Wiesen en Autriche, en Pologne, à Istanbul et Athènes. En octobre dernier, la chanteuse avait déclaré avoir décroché de la drogue depuis 3 ans.
Révélée en 2006 par la chanson Rehab, la chanteuse avait obtenu en 2008 quatre Grammys Awards, la plus prestigieuse récompense musicale américaine, dont celui de la meilleure nouvelle artiste et du meilleur album. Mais elle n'avait pas pu assister à la cérémonie à Los Angeles en raison d'ennuis judiciaires.

Dette grecque : l’opposition reste sceptique

Applaudir ou pas? Les candidats aux primaires socialistes ont réagi en ordre dispersé hier après l’annonce du nouveau plan de sauvetage de la Grèce. s’est réjouie « qu’un accord ait été finalement trouvé à Bruxelles » parce que, selon elle, « nous le devions au peuple grec, nous le devions à l’Europe ».

Elle s’est félicitée aussi que « le secteur privé ait été mis à contribution », tout en soulignant que « le cœur du problème » restait entier et qu’il fallait « bâtir le gouvernement de l’euro ». L’accueil a été beaucoup plus froid chez , qui a jugé l’accord « nécessaire, mais tardif et insuffisant ». Le député de Corrèze regrette notamment que l’Europe ne puisse toujours pas emprunter elle-même « pour se substituer aux Etats défaillants ». « Tout le travail reste à faire », estime aussi , qui a réclamé hier la création d’un fonds souverain européen, des engagements précis contre la spéculation, ainsi que la création d’un ministère de l’Economie et des Finances commun à la France et à l’Allemagne. Tout en reconnaissant que le plan permettrait de « relâcher la pression et de gagner encore du temps », Arnaud Montebourg dénonce, lui, « l’obsession de l’austérité » et le retour en force de l’orthodoxie budgétaire. Mais les critiques sont aussi venues du centre hier, par la voix de François Bayrou (MoDem) et de Jean-Louis Borloo (Parti radical). Le premier a prédit « d’autres crises » faute de réformes structurelles. Quant au second, il a regretté que les Européens ne soient pas parvenus à se mettre d’accord pour établir une taxe sur les transactions financières.
NE SURTOUT PAS SALUER NICOLAS SARKOZY !!!
LA GAUCHE FRANÇAISE, LA PLUS DÉSOPILANTE DU MONDE, QUI N'A PAS L'OMBRE D'UNE ESQUISSE EN CE QUI CONCERNE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA FRANCE, NI AUCUNE VISION MODERNE DE SON AVENIR, VIENT DONNER DES LEÇONS DE CRISE. C'EST TOUT DE MÊME UN COMBLE.
LE PS CULTIVE LE CRÉTINISME EXHAUSTIF .

Alain Madelin : "Le feu couve toujours dans la zone euro"

Réunis à Bruxelles jeudi, les membres de l'Eurogroupe sont parvenus à un accord pour sauver la Grèce de la faillite. Pour l'ancien ministre de l'Économie et des Finances Alain Madelin, la zone euro s'est achetée un sursis, mais la crise n'est pas réglée. Selon lui, ce plan de sauvetage ne sera pas le dernier.

Les pompiers sont arrivés à temps, mais le feu couve toujours. Avec l'accord européen, voici donc la sixième solution définitive de la crise de la zone euro en six mois. C'est sûrement mieux qu'une absence totale de solution, mais il ne faut pas se tromper. Soulagement le vendredi, confusion le lundi.
Car, assurément, l'accord intervenu, s'il était nécessaire, n'est pas suffisant pour rendre la dette de la Grèce soutenable. En plus, dorénavant, bien des questions vont se poser : si l'on allège la dette de la Grèce, pourquoi pas celle de l'Irlande ou du Portugal ? Comment va-t-on distribuer les pertes entre le privé et le public ? A l'intérieur du privé lui-même ? Après le soulagement, voici le temps des interrogations, car les choses ne sont pas encore claires.
Dans ces conditions, comment une banque ou un assureur pourrait-il par exemple arrêter ses comptes ? Dans ces conditions, la détente des taux est bien entendu incertaine : la méfiance vis-à-vis des obligations européennes et des actifs financiers européens n'est pas prête de se dissiper. Ce que l'on a acheté, c'est du temps. Ce qui a été décidé, c'est de compléter dans le courant de l'été l'accord entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy par une gouvernance économique de l'Europe - entendez, une police économique pour faire respecter la discipline budgétaire.
La zone euro a aidé la Grèce de la même façon que la France organise des transferts massifs vers la Martinique et la Guadeloupe : c'était nécessaire, mais un tel système de solidarité ne saurait s'étendre, et restera pas nature limité, n'en déplaise à ceux qui souhaiteraient faire de la crise une opportunité pour un bond en avant vers une Europe fédérale.
Une chose est certaine : ce sixième plan de sauvetage de la crise de l'euro en appellera sûrement un autre. En attendant, le pire a été évité.

Le franc suisse menacé par le sauvetage de l'euro ?

Dans les heures qui ont suivi la conclusion du sommet de crise de la zone euro, soldé par un plan de sauvetage à la Grèce de 160 milliards d'euros, le franc suisse s'est considérablement affaibli par rapport à la monnaie européenne. Où va la traditionnelle valeur refuge des investisseurs ?

Comment s'explique la chute brutale du franc suisse (CHF) depuis la fin du sommet de l'euro ?

Stefano Schiavo : La chute du CHF après les (bonnes) nouvelles arrivées de Bruxelles est liée au rôle de valeur refuge que joue la monnaie suisse. Le nouveau plan de soutien à la Grèce a suscité une réaction positive des marchés financiers, et donc une amélioration de la perception de la situation économique européenne et mondiale, ainsi qu'une diminution du risque perçu par les investisseurs.
Dans ces conditions, il me semble assez normal que l'on observe des ventes de devises suisses au profit de l'euro, ce qui entraîne une perte de valeur du CHF.

Au-delà de l'effet de réaction à court-terme, certains observateurs voient dans cette chute brutale la conséquence d'une surévaluation chronique qui aurait des conséquences négatives sur l'économie Suisse : qu'en pensez-vous ?

A la dynamique précédente, on peut probablement ajouter un "effet Suisse" spécifique qui vient du fait que le CHF s'est pas mal apprécié vis-à-vis l'euro depuis 2009, et se situe donc aujourd'hui à un niveau très élevé. Cette "surévaluation" (par rapport à des valeurs historiques) peut suggérer une possible perte de valeur à moyen terme, vu que l'économie suisse et ses exportations commencent à en souffrir.
Donc, la possibilité que le CHF ait un tendance à la baisse, ajoutée à un taux d’intérêt gardé très bas par la Banque Central (SNB), incite les investisseurs à limiter l'exposition au CHF dès que la situation sur les autres marchés européens le permet (comme hier après le sommet de la zone euro).


Le franc suisse restera-t-il encore longtemps une valeur refuge ? L'hypothèse d'une entrée de la Suisse dans la zone euro  à moyen-terme est-elle farfelue ?

Je ne crois pas que la Suisse ait une quelconque intention d'entrer dans la zone euro. Le CHF a servi très bien le pays jusqu'à présent, et il faut se rappeler que la Suisse n'est même pas membre de l'UE...
Le rôle du CHF comme valeur refuge va probablement demeurer important, du moins tant que la situation économique en Europe et aux États Unis restera "volatile" et fragile.
Si l'on observe les difficultés des États-Unis à trouver un accord budgétaire pour continuer à financer leur dette, on voit bien que la Suisse n'est pas seule à avoir quelques problème : elle n'est sûrement pas la première dans la liste des économie en difficulté !
Si (et c'est une hypothèse pour l'instant assez improbable selon moi) les États-Unis arrivent à produire un plan de redressement fiscal et budgétaire de moyen terme jugé crédible par les marchés, et si la situation européenne se calme, alors il est possible que, pour quelques temps, les investisseurs utilisent le CHF comme une monnaie dans laquelle s'endetter pour investir dans d'autres pays (carry trade).
La conjonction d'un taux de change en baisse et d'un taux d’intérêt très bas (0-0,75% en suisse, contre 1,5 pour la zone euro) ferait du CHF une bonne base pour le "carry trade". 
Mais je ne crois pas que le temps du franc suisse comme valeur refuge soit terminé. 

Un carrefour stratégique

On a longtemps dit, à juste titre, qu’il n’appartenait pas à la Banque centrale européenne de piloter les choix économiques de l’Europe. Aux États de prendre leurs responsabilités. La solution choisie hier à propos de la dette grecque, qui rompt avec la doctrine initiale des banquiers, va dans ce sens. A situation d’urgence, solution d’urgence, suggérée par le compromis laborieusement mais utilement mis au point par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.
Ce qui est en cause, c’est l’existence de l’Europe en tant qu’acteur majeur au sein d’une économie mondialisée. La fragilité grecque, irlandaise ou portugaise est moins que jamais le problème de la Grèce, de l’Irlande ou du Portugal ; c’est un problème commun à toute l’Europe. Il est temps que les nostalgiques du chacun pour soi s’en persuadent.
L’Europe se perdra si elle continue à privilégier la gestion tatillonne des querelles internes qui la fascinent autant qu’elles la minent. L’enjeu global est la place de l’Europe face à une Chine qui rêve d’être la première économie du monde et face aux États-Unis. L’euro, en tant que devise de rang mondial, est l’outil de cet objectif.
Les discussions d’hier marquent un tournant. La multiplication des crises nous oblige à nous poser ouvertement la question du saut vers une gestion fédérale de la monnaie européenne même si on sait que triomphe encore largement la préférence pour des politiques budgétaires nationales. Mais l’heure n’est plus aux colmatages, au goudron gentiment tartiné sur la coque du tonneau des Danaïdes. C’est de stratégie et non plus de tactique qu’il faut parler.
L’Europe connaît une récession redoutable, la plus forte de l’après-guerre. Elle a beaucoup trop compté sur le pacte de stabilité, censé faire office de pare-feu et de garde-fou. C’était une illusion trompeuse, dont le pouvoir exécutif de l’Europe s’est servi pour reporter à plus tard les grandes décisions.
L’Europe a pendant des années traîné les pieds, elle a fait semblant de regarder ailleurs, elle a cherché une foule de raisons pour se dispenser de prendre le taureau par les cornes. Et c’est dans les cordes qu’elle a été propulsée par les marchés financiers dont on connaît la brutalité.
Les solutions in extremis négociées au forceps, les séances nocturnes et autres coups de collier de dernière minute font partie de l’histoire de l’Europe. Il est temps maintenant de passer à une vitesse supérieure pour se projeter dans le futur. La voie d’une plus grande intégration économique, fiscale et politique est manifestement en train de se dessiner. Et sans doute de s’imposer. A chacun d’en négocier les règles -de préférence dans le souci de l’intérêt général.

Pécresse : «Si le PS était sincère et responsable…»

La ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, dénonce le refus des socialistes d'inscrire la règle d'or dans la Constitution.

 - Le plan de sauvetage peut-il sauver la Grèce ?
Valérie PÉCRESSE. - C'est un accord historique. Et le mot n'est pas trop fort. Le plan va sauver la Grèce. Il fait aussi franchir à l'Europe une nouvelle étape en jetant les bases d'un gouvernement économique et d'un fonds monétaire européen.
L'opposition a appelé vendredi les dirigeants européens et français à la modestie. Qu'en pensez-vous ?
Nicolas Sarkozy avait, depuis la crise de 2008, une vision claire de l'étape nouvelle qu'il souhaitait faire franchir à l'Europe. Jeudi soir, cette étape a été franchie, le président de la République mettant toute son énergie dans la balance. Il a été le moteur de ce plan avec la chancelière allemande, chacun faisant un pas vers l'autre. Qui peut croire qu'un président de la République «normal», comme se propose de l'être François Hollande, serait parvenu à sauver la Grèce et l'euro?
La règle d'or s'impose-t-elle en France ?
Si la crise grecque a une vertu, c'est celle de nous rappeler que notre situation budgétaire est cruciale. Un pays ne peut vivre durablement au-dessus de ses moyens. À un moment donné, la facture arrive et il faut l'honorer. La règle d'or est une ceinture de sécurité pour notre économie. Son inscription dans la Constitution serait un signal positif puisqu'il contraindrait les gouvernements futurs à revenir à l'équilibre budgétaire, sur lequel nous sommes d'ores et déjà engagés. Et je me félicite qu'il y ait un accord de tous les pays, de droite comme de gauche, pour se doter de règles contraignantes.
Mais en France, les socialistes s'opposent à la règle d'or.
Les socialistes ont des positions contradictoires en matière de finances publiques. D'un côté, ils déclarent qu'ils sont favorables à la réduction des déficits. De l'autre, ils nous expliquent qu'ils s'opposent à l'inscription de la règle d'or dans la Constitution comme ils se sont opposés à la réforme des retraites ou au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite. Ont-ils conscience que la Grèce, qui a laissé filer ses déficits, ne remplace plus qu'un fonctionnaire sur dix partant en retraite? Si le PS était sincère et responsable vis-à-vis des Français, il accepterait la règle d'or et adresserait un signal fort, par-delà les aléas électoraux. Mais je note qu'une fois de plus le PS se dérobe.
Les Français vont-ils devoir payer pour la Grèce ?
Ce second plan d'aide va se traduire, en France, par une hausse de 15 milliards de la dette publique à l'horizon 2014. Mais ce n'est ni un don à la Grèce, ni une dépense supplémentaire pour le budget de l'État de la France. C'est un prêt que la Grèce remboursera.
La France s'est engagée à ramener ses déficits à 3% en 2013. Comment faire accepter ces efforts aux Français ?
Nous nous engageons à répartir les efforts de manière juste et à protéger l'emploi. C'est pour cela que nous ne procéderons pas à une hausse générale des impôts. Seule la réduction des déficits dans laquelle nous nous sommes engagés permettra à la France de garder sa note AAA. Si nous devions la perdre, l'augmentation des taux d'intérêt auxquels nous aurions à faire face nous obligerait à consacrer plus d'argent au remboursement de la dette, moins au financement du service public et de la protection sociale.

Grèce: les qualités d'un défaut

Ce qui était tabou ne l'est donc plus: pour la première fois un état de la zone euro pourrait, au moins provisoirement, être déclaré en état de «défaut partiel». Le prix, sous la pression des événements, d'une avancée vers une Europe plus fédérale.

Ainsi donc les chefs d'Etats européens ont-ils fini par faire taire leurs égoïsmes nationaux pour sauver la Grèce et du même coup l'euro. En tout cas, au moins provisoirement. Que peut-on retenir du nouveau psychodrame qui s'est joué à Bruxelles ? Que l'Europe vient d'aligner à nouveau 160 milliards après les 110 du premier plan décidés en mai de l'année dernière. Que d'ores et déjà -François Fillon l'a annoncé hier aux parlementaires de la majorité puis aux présidents des deux Assemblées- la solidarité avec les Grecs produira mécaniquement un surcroît de déficit de 15 milliards pour notre pays qui n'avait pourtant pas besoin de cela. Que Nicolas Sarkozy comme Angela Merkel ont fini par céder chacun un peu sur leurs propres exigences ou principes de départ pour parvenir à cet accord. Ainsi la France a-t-elle fini par accepter la condition réclamée par les Allemands d'une participation des banques, des assurances et des fonds de pension. De leur côté, les Allemands ont fait une grosse concession en acceptant que le Fonds européen de stabilité financière puisse racheter lui-même de la dette. Ce qui revient à mutualiser une partie de la dette grecque et signifie donc concrètement qu'une nouvelle fois l'Allemagne va devoir mettre la main au portefeuille. Ce qui était tabou pour Nicolas Sarkozy -sur la même ligne pour une fois que Jean-Claude Trichet, le sourcilleux patron de la BCE- ne l'est donc plus: pour la première fois un état de la zone euro pourrait, au moins provisoirement, être déclaré en état de «défaut partiel». Le président français a beau clamer comme le fait la chancelière allemande qu'il serait vain pour d'autres pays de la zone euro -on pense au Portugal, à l'Espagne et même à l'Italie- d'attendre qu'un tel «cadeau» se reproduise, pas sûr que les redoutables agences de notations soient aussi convaincues par la promesse... Sans doute les marchés le seront-ils bien plus par l'avancée qui, sous la pression des événements, vient d'être accomplie vers une Europe plus fédérale ou en tout cas plus décidée à adopter un socle minimal de politique économique commune. Ce n'est certes qu'un petit pas mais c'est peut-être le début d'une prise de conscience de la nécessité d'une meilleure harmonisation des politiques économiques, sociales et fiscales en Europe. Au niveau franco-français, on ne peut s'empêcher de souligner le sens politique dont a fait une nouvelle fois preuve Nicolas Sarkozy. Même si le coup de fil donné par un Obama très inquiet en début de semaine a sans doute été déterminant pour «attendrir» Angela Merkel et la pousser à faire de nouveaux sacrifices, Nicolas Sarkozy n'a pas non plus hésité à s'engager en forçant à son tour la porte de la chancellerie. Un forcing qui a déjà été récompensé par cet accord. Et dont le Président entend bien -sur le plan intérieur cette fois-ci- continuer à percevoir les intérêts.

Fumée blanche au pays de Spirou

400 jours sans gouvernement. Les Belges viennent de battre un record mondial. La patrie de la bière n’a pas volé son inscription au Guinness.

Pendant qu’un exécutif fantôme expédiait les affaires courantes, les initiatives les plus farfelues ont germé à travers le royaume pour mettre un terme à la jachère gouvernementale. Estimant les caprices des partis politiques sans doute rasoir, des artistes sont allés jusqu’à cesser de se tailler la barbe tant que la lame de la désunion menaçait l’unité du royaume. Même le groom Spirou est sorti de ses gonds pour réclamer une issue à la crise.

Le salut est finalement venu du roi et la fumée blanche s’est échappée du Belvédère, le palais royal. Albert II, 77 ans aux prunes, a trouvé le bon accent pour rabibocher Flamands néerlandophones et Wallons francophones. Le médiateur entre les huit partis ennemis, joliment nommé là-bas formateur pour un gouvernement, n’a plus qu’à se mettre à l’ouvrage. Ce socialiste bon teint tient entre les mains l’avenir du berceau de l’Europe dont l’éclatement aurait donné un méchant signal à tous les sécessionnistes du Vieux continent. Et il n’en manque pas…

Prudent, le roi a cependant annoncé la reprise des négociations seulement à la fin août. En attendant a-t-il conseillé aux dirigeants des partis, reposez-vous. Sous entendu, laissez-nous souffler. Puisse-t-il être entendu au-delà des Flandres…

Solidarité renforcée

Le dos au mur, les Européens ont encore trouvé un accord qui assure l'essentiel en offrant à la Grèce les moyens de couvrir ses besoins. Au-delà de ce deuxième règlement de la crise pour ce pays, le plan de sauvetage est plus global avec des prêts plus longs et à meilleurs taux. Il montre une volonté commune de résistance de la zone euro face aux marchés qui, depuis deux ans, profitent de toutes les failles de l'Union. Il y en a une nouvelle depuis hier puisque l'accord prévoit le défaut partiel de paiement grec. En levant ce tabou, les Européens prennent un risque. Ils l'estiment calculé, grâce à la batterie de mesures de soutien financier. On verra si les spéculateurs lâchent vraiment prise.

Le couple franco-allemand a, de nouveau, fonctionné et, au prix de concessions réciproques, ouvert la voie à un compromis encore plus difficile cette fois-ci. Il y avait un troisième larron, dans le bras de fer berlinois, la Banque Centrale Européenne. Angela Merkel a obtenu le recours au secteur privé, et fait avaler à la BCE le risque de défaut partiel, mais celle-ci a obtenu des garanties financières.

Nicolas Sarkozy peut être satisfait. Il a, cette fois, géré discrètement son duo avec Angela, et, pour ne pas aggraver les tracas de la chancelière, déjà très critiquée chez elle, il a privilégié le silence aux coups de gueule et menaces. Et surtout, il a obtenu un renforcement et une flexibilité pour le Fonds européen de stabilité financière. Ses interventions nouvelles, par exemple pour le rachat de dettes, ouvrent la voie en fait à une union monétaire d'une autre nature.

La solidarité sort donc renforcée de la crise. Après avoir trop longtemps tergiversé, les 17 de la zone euro se sont rendus à l'évidence. Ils ne peuvent se sauver qu'ensemble, non dans le repli national. Ils ont compris la nécessité d'alléger le poids de la dette qui écrase les peuples. Hier, on a eu droit à une relance in extremis, avec promesse de progrès prochains pour une vraie gouvernance et une convergence économique. Sauver la Grèce et l'euro, c'est sauver l'Europe, mais elle a encore trop goût de dettes et d'austérité pour donner envie.

Les sept plaies de la Grèce

Le deuxième plan de sauvetage de la Grèce soulagera le pays d’une partie du fardeau de la dette mais ne résoudra pas ses problèmes structurels. 
 Le deuxième plan de sauvetage de la Grèce soulagera le pays d’une partie du fardeau de la dette mais ne résoudra pas ses problèmes structurels. Ceux-ci ne relèvent pas de la comptabilité nationale. Ils sont le résultat de l’Histoire, relativement courte, de la Grèce moderne. L’Etat indépendant existe depuis moins de 200 ans et les brassages de l’empire ottoman qui ont mélangé les populations des Balkans. Les Grecs d’aujourd’hui, quoiqu’ils affirment, ne sont que des lointains descendants des Grecs de l’Antiquité.
Pour l’avoir rappelé peu de temps avant sa mort en 2007, l’écrivain Jacques Lacarrière, grand voyageur et grand admirateur de la Grèce, s’est brouillé avec ses meilleurs amis. Les problèmes structurels sont aussi la conséquence des expériences d’après la deuxième guerre mondiale, la guerre civile, la dictature des colonels de 1967 à 1974, puis du retour à la démocratie. Comme l’Egypte de la Bible, la Grèce souffre de sept plaies.

Un Etat hypertrophié et inefficace

1 Depuis l’indépendance en 1821, l’Etat est la principale source de revenu des dirigeants et des élites. Dès la fin du XIXe siècle, la bureaucratie grecque était, relativement, la plus nombreuse des Etats d’Europe. Elle compte aujourd’hui «environ» un million de fonctionnaires pour 11 millions d’habitants, soit un salarié sur quatre actifs (1 pour 5 en France). «Environ», parce que le gouvernement lui-même ne sait pas précisément le nombre de ses employés.
Le gouvernement de George Papandréou a lancé une enquête peu de temps après son arrivée au pouvoir à l’automne 2009 pour recenser les fonctionnaires, priés de se faire connaître. La masse salariale de la fonction publique a été multiplié par deux en dix ans. Elle représentait 85% du budget de l’Etat avant les dernières mesures d’austérité.
Mais l’Etat est moins là pour gérer des services publics souvent vétustes ou déficients – avec quelques exceptions comme le métro d’Athènes, développé au moment des Jeux olympiques de 2004 – que pour assurer des sinécures, accorder des privilèges à quelques groupes professionnels ou verser des rentes aux autres. La Grèce ne compte pas moins de 136 professions «protégées», des chauffeurs de poids lourds, aux coiffeurs, boulangers, pharmaciens, masseurs, avocats, etc. Les licences sont distribuées au compte goutte selon des critères assouplis par l’appartenance politique et/ou un coup de pouce sonnant et trébuchant.

Un clientélisme généralisé

2 Les partis politiques, y compris ceux qui proposent un programme très «idéologique», sont d’abord et avant tout des machines à distribuer des faveurs contre un bulletin de vote. C’était déjà le cas avant la période des colonels où la vie politique était dominée par deux grandes forces, centre et droite (la gauche, assimilée au communisme, était marginalisée). Les partis étaient des associations de notables locaux, réunis au niveau national autour de quelques personnalités.
Avec la modernisation de la société, l’apparition d’une classe moyenne nouvelle, ces stéréotypes se sont peu à peu transformés. Les affiliations politiques traditionnelles tendent à laisser place à une mobilité électorale plus grande, caractéristique des démocraties occidentales. Toutefois, la coexistence d’un Etat distributeur de prébendes et d’un système politique fondé encore largement sur un échange de services rendus, renforce ce clientélisme.

La domination des grandes familles

3 La vie politique grecque est dominée depuis des décennies par trois grandes familles dont les rejetons se succèdent au pouvoir, mises à part quelques périodes exceptionnelles. Au centre et à gauche, la famille Papandréou: le patriarche, George, était le chef de l’Union du centre avant la dictature. Son fils, Andréas, a repris le flambeau après 1974, en créant le Pasok, le parti socialiste panhellénique, après des années d’exil. Le petit fils, dit Giorgaki – le petit Georges —, est l’actuel Premier ministre. Né et grandi aux Etats-Unis, sa première langue est l’anglais, alors qu’il parle grec avec un accent étranger. Sa vocation première n’était pas la politique mais sa mère, une Américaine, l’a poussé à poursuivre la tradition familiale.
A droite, les Karamanlis et les Mitsotakis. Constantin Karamanlis, le premier chef du gouvernement après la chute des colonels et le président de la République pendant dix ans (1980-1985 puis 1990-1995), a été ministre dès 1947. Il a ensuite cumulé les postes gouvernementaux, déjà comme premier ministre de 1955 à 1963. Son amitié avec Valéry Giscard d’Estaing, nouée alors qu’il était en exil à Paris, a permis à la Grèce d’entrer dans le Marché commun en 1981, malgré des performances économiques et sociales insuffisantes. Son neveu, Costas Karamanlis, a été aussi chef du gouvernement grec de 2004 à 2009.
Quant à Constantin Mitsotakis, Premier ministre de 1990 à 1993, il est le neveu du grand dirigeant grec de l’entre deux guerres, Elefteros Venizelos (l’actuel ministre des finances, Evangelos Venizelos, n’a aucun lien de parente avec lui). Sa fille, Dora Bakoyannis, a été ministre des affaires étrangères dans le cabinet de Costas Karamanlis. A la faveur de la crise financière, elle a quitté la Nouvelle Démocratie, pour fonder son propre parti.

L’évasion fiscale

4 Considérée comme un sport national, elle est difficilement chiffrable. Les évaluations varient entre 15 et 40 milliards d’euros pour des recettes fiscales de quelque 50 milliards. Elle concerne tout le monde, les petits comme les gros contribuables, les premiers ne comprenant pourquoi ils devraient payer à la place de ceux qui ont des facilités ou des connivences pour échapper à l’impôt. Elle est aussi favorisée par un système de perception vétuste – les premiers ordinateurs permettant de centraliser les données viennent de faire leur apparition dans l’administration fiscale – et par le peu d’empressement des fonctionnaires des impôts, mal payés, à faire leur travail. Ils arrondissent d’ailleurs souvent leur salaire en conseillant les contribuables sur le meilleur moyen de frauder le fisc.
Résultat, les professions libérales déclarent moins de revenus que les ouvriers. Quant aux armateurs, ils sont exemptés d’impôts, sauf pour leurs activités locales, officiellement à cause de la «contribution» qu’ils apportent à l’économie globale du pays (7% du PIB). Sans doute les professionnels du tourisme pourraient en dire autant, mais contrairement aux armateurs, ils ne peuvent pas menacer l’Etat de délocaliser leurs activités et de se présenter sous des pavillons de complaisance.

La corruption

5 Selon Transparence International, la Grèce se classe au 74e rang sur 180 pays considérés, au voisinage de la Jordanie, de la Corée du sud et du Costa Rica, pour le niveau de corruption. En Europe, elle est pratiquement au dernier rang, en compagnie de la Roumanie et de la Bulgarie. Les sommes versées en pots de vin sont évaluées à plus de 700 millions d’euros par an, dont un tiers dans les hôpitaux. Dans le système de santé, la pratique des «fakelaki», les petites enveloppes, distribuées aux médecins, est, si l’on ose dire, monnaie courante. C’est une garantie de qualité des soins.
La corruption explique en partie pourquoi la Grèce n’a pas profité, comme elle l’aurait pu, des aides versées depuis trente ans par les communautés européennes. L’équivalent de 240 milliards d’euros ont été dévolus à la Grèce, soit l’équivalent d’un an de son PIB. C’est la plus forte moyenne par habitant dans un «ancien» membre de l’Union européenne. Ces fonds ont servi à améliorer les infrastructures et à financer un Etat-providence généreux mais aussi à enrichir quelques intermédiaires.

Un patrimoine foncier mal connu

6 La Grèce était encore récemment le seul pays européen avec l’Albanie à ne pas avoir de cadastre. L’occupation ottomane, des catastrophes naturelles, comme des incendies ou des tremblements de terre, avaient détruit les quelques données foncières existantes. Depuis les années 1990, une administration cadastrale se met péniblement en place, avec l’aide de l’Union européenne. Trois milliards d’euros de fonds communautaires devaient être consacrés à cette tâche entre 2000 et 2015, soit le coût de la construction du nouvel aéroport d’Athènes avant les Jeux olympiques. L’entreprise est gigantesque, étant donné le nombre de parcelles dans tout le pays (évalué à 15 millions).
Et là encore, le soutien européen a été détourné de ses objectifs. La Grèce a dû rembourser 60 millions d’euros d’aide à cause des «dysfonctionnements» constatés dans l’établissement du cadastre, un euphémisme pour détournements de fonds. Le coût de l’opération sera deux fois élevé pour une couverture cadastrale trois moins étendue que prévue, ont constaté les fonctionnaires de Bruxelles.
L’absence de cadastre favorise évidemment la corruption et l’évasion fiscale, voire la criminalité. Comment contrôler et taxer un patrimoine foncier inconnu de l’administration? Exemple, les incendies qui ravagent la Grèce presque tous les étés. Tous ne sont certes pas d’origine criminelle. Mais les soupçons sont renforcés quand les incendies touchent des terrains non constructibles qui le deviennent après que la forêt a été détruite.
Autre exemple: la vente en cascade de terrains à la propriété douteuse. Il suffit que le premier vendeur d’un terrain qui n’«appartient à personne» le cède, moyennant la complicité intéressée de l’administration concernée, à un intermédiaire qui lui-même le revendra à un acheteur de bonne foi pour que le dit terrain devienne «légalement» constructible avec la plus-value afférente.

L’exception orthodoxe

7 L’Eglise orthodoxe est un des fondements de l’identité grecque. Son rôle est ancré dans la Constitution de la République. Ce facteur identitaire a une conséquence patrimoniale et économique. L’Eglise est le premier propriétaire foncier et immobilier de la Grèce, avec environ 10% du patrimoine national. Pourtant elle ne payait pratiquement pas d’impôts. C’est un privilège qui remontait au milieu du XIXe siècle.
L’Eglise avait été amenée alors à céder des terres distribuées à des paysans pauvres. En contrepartie, elle avait été exemptée d’impôts. Cette situation a duré jusqu’en 1945. L’Eglise a alors été taxée, faiblement, sur ses revenus. Comme ceux-ci étaient difficilement contrôlables, l’impôt était devenu si dérisoire que le gouvernement socialiste de Costas Simitis l’a supprimé au tournant des années 2000. Il couvrait à peine 5% des 300 millions d’euros que l’Etat verse chaque année à l’Eglise orthodoxe pour le salaire des prêtres.
Victime elle aussi de la crise, l’Eglise orthodoxe a été priée par le gouvernement Papandréou de s’acquitter d’un impôt de 20% sur ses revenus. Elle proteste en menaçant de couper dans ses œuvres caritatives. Les moines du mont Athos qui jouissent d’un statut spécial ne sont pas touchés par la nouvelle législation.
Exemptions, corruption, clientélisme, hypertrophie et inefficacité bureaucratiques, tout se conjugue pour entraver une modernisation équilibrée de la Grèce. Cependant, les raisons d’optimisme ne manquent pas. Si au lieu de multiplier les obstacles à l’initiative individuelle, l’Etat encourageait l’esprit d’entreprise, beaucoup de Grecs sont prêts à relever le défi et à s’engager pour une transformation économique et sociale. La diaspora a montré que les Grecs ne manquaient pas de dynamisme quand les conditions de leur épanouissement étaient réunies.