TOUT EST DIT

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jeudi 21 juillet 2011

Défaillance de la Grèce : quelles conséquences ?

Réunis à Bruxelles jeudi 21 juillet pour réfléchir à un deuxième programme de sauvetage pour éviter la faillite de la Grèce, les dirigeants de la zone euro n'excluent plus un défaut partiel du pays. Alors que cette option avait été vigoureusement rejetée par le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, des voix dissonantes se sont élevées ces derniers jours, estimant qu'il s'agirait d'un moindre mal, à condition que ce défaut soit sélectif et limité dans le temps.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le défaut de paiement d'un pays n'est pas un événement rare, en tout cas en dehors des pays développés. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'un Etat peut être "liquidé" pour cause de surendettement.
En France, la disparition de l'assignat, papier-monnaie émis après la Révolution pour rembourser une dette abyssale, et dont la valeur a brutalement chuté au début des années 1790 avant son retrait définitif, peut être assimilée à une sorte de défaut de paiement. Plus proche de nous, la retentissante restructuration de la dette mexicaine en 1982, le défaut russe sur les emprunts d'Etat en 1998 et la déclaration d'insolvabilité de l'Argentine en 2001 en sont d'autres exemples.
Dans le cas de la Grèce pourtant, la situation est inédite : c'est la première fois qu'un pays fait défaut au sein d'une union monétaire.

  • En quoi consiste un défaut de paiement partiel ? Quelles en sont les conséquences immédiates ?
Les précautions de langage sont importantes. Dans le cas de la Grèce, les dirigeants européens ont pris soin de bien choisir leurs mots et d'évoquer un "défaut partiel" du pays. "On parle le plus souvent de défaut 'partiel', car le défaut de paiement n'est pas forcément synonyme d'impayé, explique Nicolas Bouzou, économiste et directeur de la société d'analyse Asterès. Il peut s'agir d'allonger la durée des titres de dette ou de baisser leur taux". "Un défaut partiel est une façon de dire que les titres vont être partiellement remboursés", ajoute Francesco Saraceno, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Ce sont évidemment les créanciers de la Grèce qui sont les plus directement affectés par ce défaut. "L'ampleur du défaut est l'objet des discussions qui ont lieu en ce moment. La question est : qui va lâcher quoi ?", indique Nicolas Bouzou. "Il est évident que les banques créancières de la Grèce vont devoir consentir des sacrifices."
"En première ligne se trouvent notamment les porteurs de CDS (credit default swap, instruments financiers destinés à se prémunir contre les risques de crédit, principalement détenus par des "hedge funds" et des banques), puisqu'un défaut entraîne leur déclenchement", rappelle Thierry Charpentier, responsable de l'ingénierie pédagogique chez First Finance, un centre de formation à la finance. En achetant des CDS, les investisseurs se sont engagés à se substituer à l'émetteur défaillant : dès lors que l'émetteur fait défaut, c'est au porteur de CDS de mettre la main à la poche. "Or le montant de ces dédommagements est important", précise-t-il.
Autre conséquence potentiellement dramatique du défaut de paiement : l'impossibilité pour les banques de trouver des financements. Jusqu'à présent, les banques grecques ne trouvant plus de prêteur sur les marchés, elles se financaient auprès de la BCE en fournissant des titres en garantie. "Mais la BCE n'acceptera pas de titres émis dans un pays qui est en défaut de paiement, souligne Thierry Charpentier. Jean-Claude Trichet s'y est formellement opposé. Cela dit, il est impensable que des accords ne soient pas en cours de négociation au niveau européen pour éviter ce genre d'écueil."
  • Comment un défaut de paiement peut soulager la Grèce ? Est-ce un instrument efficace de sortie de crise ?
En principe, un défaut partiel allège considérablement la charge de la dette du pays concerné, et lui permet d'assainir son bilan. Mais cela provoque l'impossibilité de revenir dans l'immédiat sur les marchés pour se financer. Ca n'est toutefois pas une fatalité, nuance Nicolas Bouzou : "A condition que le pays bénéficie d'une croissance solide et d'une saine gestion, le retour sur le marché peut se faire en un temps raisonnable, comme ce fut le cas pour l'Argentine après sa défaillance de 2001-2002".
Plus grave, un défaut de paiement n'est pas compatible avec le principe d'une union monétaire. Jusqu'à présent, toutes les restructurations de dette s'accompagnaient d'une dépréciation de la monnaie nationale. Or une telle mesure est inenvisageable dans un pays de la zone euro. "Dans l'idéal, il faudrait que la Grèce connaisse une déflation (baisse des prix) de l'ordre de 20 à 30 %, estime Nicolas Bouzou. Sans cela, elle ne peut pas redevenir compétitive et relancer la croissance." La Grèce devra donc aller chercher la croissance ailleurs, "dans la consommation intérieure", indique Francesco Saraceno, "ou grâce à l'aide d'autres pays".
"La situation est comparable à la chute de Lehman Brothers, en septembre 2008, explique Thierry Charpentier, un événement dont on n'a pas mesuré les conséquences immédiatement. Le pire n'est pas la perte d'argent immédiate, mais ce qui va se passer ensuite, prévient-t-il. Dans le cas de Lehman, personne n'avait envisagé une telle propagation de la crise. Et Thierry Charpentier d'agiter la "crainte d'une contagion, d'autant plus que nous vivons quelque chose d'inédit : qu'un ensemble de pays se porte au secours d'un autre, c'est une première."
  • Quelles peuvent être les conséquences de ce défaut en Europe ?
Pour Nicolas Bouzou, le risque de contagion est réel : "Si un pays fait défaut au sein de la zone euro, il n'y a pas de raison pour que d'autres, comme le Portugal ou l'Italie, ne suivent pas, en invoquant des problèmes de croissance ou une entrée trop rapide dans l'Euro. La contagion est tout à fait possible, y compris à la France ou à la Belgique, d'autant plus qu'à la suite du défaut grec, les taux obligataires augmenteront, prévient-il. Plus au Portugal qu'en France, c'est évident, mais la France ne sera pas épargnée."

Un avis partagé par Thierry Charpentier, qui estime que la contagion pourrait d'abord frapper le Portugal, qui est le pays le plus faible après la Grèce, avec des fondamentaux très mauvais. "Le niveau de la dette portugaise est inférieur à celui de l'Italie, et ça le rend d'autant plus facilement attaquable : les anticipations des marchés sont auto-réalisatrices, mais elles le sont d'autant plus que le montant de la dette n'est pas trop important".

L'essentiel du nouveau plan de sauvetage de la Grèce

Les principaux termes de l'accord du sommet européen sont désormais connus. De l'allègement de la dette grecque, aux nouveaux outils du Fonds de secours, en passant par la contribution du privé, l'essentiel des mesures adoptées.

 

L'accord qui se dessinait jeudi au sommet de la zone euro pour sauver la Grèce et assurer la survie de la monnaie unique comporte plusieurs mesures, souvent techniques, de l'allègement de la dette d'Athènes, à des nouveaux outils pour le Fonds de secours de l'Union monétaire. Elles figurent dans un projet d'accord, que s'est procuré l'AFP.
Un nouveau plan d'aide à la Grèce: Après les prêts d'un montant total de 110 milliards d'euros sur trois ans octroyés en mai 2010 à la Grèce par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI), une nouvelle aide va lui être accordée. Le montant est en discussion, mais un chiffre de 71 milliards d'euros de prêts nouveaux est évoqué.
Des conditions des prêts assouplies pour tous les pays en difficulté: La zone euro compte porter de 7 ans et demi à 15 ans au minimum, la durée de ses prêts aux pays en difficulté tels que la Grèce, l'Irlande et le Portugal. Parallèlement, le taux d'intérêt qui leur est demandé en échange de l'aide sera réduit de 4,5% à 3,5%, ce qui diminuera la charge de leur dette.
Une contribution des créanciers privés "à la carte". Les créanciers privés de la Grèce (banques, assurances, fonds de pension...) vont eux aussi participer à l'effort. Leur contribution n'est pas encore chiffrée. Ils auront le choix entre trois options:
- Se faire racheter leurs créances, à un prix moindre que celui auquel ils ont acquis les obligations de l'Etat grec.
- Echanger les obligations grecques qu'ils détiennent contre des titres de plus longue durée, jusqu'à 30 ans. Cela permet de rééchelonner la dette.
- Prêter à nouveau de l'argent à la Grèce lorsque celle-ci rembourse les dettes arrivées à échéance.
Un défaut de paiement assumé. Ces solutions impliquent que les créanciers renoncent à une partie des sommes qui leur sont dues. Ce qui réduira la dette globale du pays. C'est pourquoi les agences de notation devraient considérer qu'il s'agit d'un défaut de paiement sélectif, ou partiel, de la Grèce.
En creux, les dirigeants de la zone euro reconnaissant qu'un défaut d'Athènes est probable. "La Grèce est dans une situation d'une gravité unique" qui "requiert une solution exceptionnelle", affirment-ils dans le projet de texte. "Tous les autres pays de la zone euro réaffirment solennellement leur détermination inflexible à honorer pleinement leur propre signature souveraine", préviennent-ils, laissant entendre qu'aucun autre Etat ne sera autorisé à faire défaut.
Un Fonds de secours aux possibilités très étendues: La Facilité européenne de stabilité financière (FESF), ce Fonds de secours de la zone euro mis en place en 2010 et qui a déjà servi à prêter de l'argent à l'Irlande et au Portugal, va voir son champ d'action élargi. Si la Banque centrale européenne (BCE) constate des "circonstances exceptionnelles" et les Etats membres donnent leur accord unanime, le Fonds pourra acheter de la dette publique de pays en difficulté sur le marché obligataire secondaire, là où les investisseurs s'échangent les titres après leur émission. Cela permet de soulager les banques qui détiennent ces titres à la valeur dépréciée. Le FESF pourra aussi, sous conditions, accorder aux Etats des lignes de crédit préventives comme le fait le FMI, ou prêter de l'argent à des pays, y compris s'ils n'ont pas fait appel à un plan d'aide, pour qu'ils recapitalisent leurs banques.
Un "plan Marshall" européen: La zone euro veut redéployer les fonds structurels européens que la Grèce n'a pas utilisés en faveur de la croissance. Elle évoque un "Plan Marshall", mais ne le chiffre pas.

Grèce : les clés pour comprendre la crise de la dette européenne

Comment la Grèce est-elle arrivée là? Quels effets? Quelles solutions? Challenges.fr décrypte la crise grecque en six points. 

 

Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro se plonge jeudi 21 juillet sur le dossier de la crise de la dette en Grèce avec l'espoir de trouver une solution durable afin d'éviter une faillite et une contagion. Comment en est-on arrivé là? Quels effets? Quelles solutions? Challenges.fr décrypte la crise grecque en six points.

- Pourquoi la crise?
En arrivant au pouvoir en octobre 2009, le Premier ministre Georges Papandreou découvre un déficit de 12,9% et une dette publique équivalente à 115% du PIB. Ces prédécesseurs ont triché durant de nombreuses années, déclarant un déficit bien en-deçà de la réalité. Ce décalage est le résultat d'une fraude fiscale massive, d'une économie souterraine qui représente un cinquième du PIB, de dépenses publiques bien supérieures aux moyens de l'Etat. L'exécutif s'engage à ramener son déficit public à 8,7% pour fin 2010 mais peine à convaincre ses partenaires européens. Pris à la gorge par les dettes, Athènes doit se tourner vers l'Union européenne pour espérer s'en sortir. Le gouvernement annonce un plan d'austérité drastique. Les Grecs descendent dans la rue au printemps 2010. Athènes finit par adopter en mai 2010 un tour de vis sans précédent pour réduire le déficit public de 30 milliards d'euros à l'horizon 2014, en contrepartie d'une aide financière de 110 milliards sur trois ans, de la part de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). Ces mesures (réforme des retraites, coupes aux salaires des fonctionnaires, hausse de la TVA, lutte contre l'évasion fiscale) ont réduit le déficit de cinq points en 2010, à 10,5% du PIB. Mais un an plus tard et malgré l'aide, la Grèce ne parvient toujours pas à convaincre qu'elle est sur la voie du rétablissement budgétaire. Le FMI exige notamment comme préalable à une nouvelle tranche de prêt de 12 milliards d'euros en juillet qu'Athènes adopte de nouvelles mesures d'austérité (privatisation à hauteur de 50 milliards d'euros d'ici 2015). Un nouveau plan de soutien est sur les rails.
- Les plans d'aide à la Grèce
Le 2 mai 2010, l'Union européenne et le FMI donnent leur feu vert pour un plan de sauvetage commun de 110 milliards d'euros, un montant sans précédent dans le monde. Cette somme sur trois ans doit lui permettre de faire face à ses obligations, les Etats de la zone euro contribuant à hauteur de 80 milliards d'euros, dont 30 milliards d'euros au cours de 2010, à un taux moyen de 5%. Dès la première année, la Grèce perçoit 45 milliards d'euros de prêts. En contrepartie, Athènes doit adopter un plan de rigueur drastique, aux lourdes conséquences pour la population. Il prévoit notamment la suppression des 13e et 14e mois de salaire dans la fonction publique et une nouvelle hausse d'un à deux points de la TVA (21% actuellement). Des économies de 30 milliards d'euros doivent permettre de ramener le déficit public de la Grèce sous les 3% du produit intérieur brut (PIB), la limite européenne, d'ici à la fin 2014.
Athènes a également obtenu le 3 juin 2011 un feu vert conditionnel au versement début juillet d'une nouvelle tranche de prêts sur l'enveloppe de 110 milliards d'euros décidée il y a un an. Le 2 juillet les ministres des Finances de la zone euro ont donné leur feu vert au versement de 8,7 milliards d'euros pour l'aider à rembourser sa dette à partir de mi-juillet. Le déblocage d'une nouvelle tranche doit être à l'ordre du jour dès septembre. En contrepartie, le gouvernement socialiste grec doit renforcer l'austérité et accélérer les privatisations. Il prévoit 6,4 milliards d'euros d'économies supplémentaires en 2011 et 22 milliards d'ici 2015. Sans compter un programme de privatisations de l'ordre de 50 milliards.
La Grèce se voit également promettre une nouvelle aide financière de la zone euro. Le montant de ce nouveau plan n'a pas encore été fixé. Il viendra s'ajouter au 110 milliards. Si le chiffre de 60 milliards a été à de nombreuses reprises évoqué, il pourrait être de 100 milliards. Il serait abondé par le FMI, l'UE mais aussi les créanciers privés. Tout l'enjeu du sommet de Bruxelles est de s'accorder sur ce nouveau plan d'aide.

- Le rôle des institutions internationales
Le FMI a été appelé à la rescousse en 2010, alors que les Européens ne parvenaient pas à régler la crise "en interne". L'institution de Washington a apporté son expertise dans la négociation du plan de redressement grec et 30 milliards d'euros. Une bonne part de la crédibilité du FMI se joue désormais en Grèce. Dans un rapport annuel sur la zone euro publié mardi, le FMI a sévèrement critiqué la gestion de la crise par les dirigeants européens, pointant du doigt l'absence de plan d'action cohérent pour la suite, et ses possibles conséquences désastreuses pour l'économie mondiale.
La Banque centrale européenne en tant que gardienne de la zone euro, demande plus d'efforts budgétaires aux Etats. Elle s'inscrit contre une restructuration de la dette et toute forme de défaut de paiement d'un pays de la zone euro. La BCE a clairement dit qu'elle n'accepterait aucun défaut de paiement, même partiel. Pour elle, c'est la boîte de Pandore. Une telle situation aurait des répercussions pour l'ensemble de la zone euro. Sans compter qu'elle est très engagée en Grèce, après avoir racheté massivement des obligations hellènes pour soutenir Athènes.
En cas de défaut de paiement, la BCE menace de ne plus accepter les obligations grecques comme garanties pour prêter de l'argent aux banques grecques ou à celles d'autres pays européens. Cette option aurait pour conséquence de pousser les gouvernements à mettre la main à la poche pour renflouer tout le système.

- Quel scénario pour une sortie de crise?
Rééchelonnement des remboursements, renouvellement des prêts, refinancement, défaut de la dette, sortie de la zone euro, taxe bancaire... Autant de scénarios plus ou moins applicables pour la Grèce qui doit rembourser de 80 à 90 milliards d'euros à ses créanciers privés d'ici 2014. Le rééchelonnement des remboursements propose aux créanciers privés d'échanger les obligations d'Etat grecques en circulation contre des obligations à maturité rallongée de sept ans. Si la plupart des pays européens soutiennent cette idée, la BCE est contre, craignant qu'elle ne soit interprété par les marchés comme "un défaut".
Le deuxième scénario, connu sous le nom de processus de "rollover" ou "processus de Vienne", consiste pour les créanciers qui le souhaitent à maintenir leurs engagements. A chaque échéance d'obligation, ils rachètent donc un montant de titres équivalent à celui qui vient de leur être remboursé. Cela devrait permettre mécaniquement de repousser progressivement les échéances de la dette grecque tout en évitant ce que les marchés appellent un "incident de crédit", qui signifierait très probablement un défaut de paiement du pays et l'activation des fameux CDS ("Credit Default Swaps"), des contrats de couverture contre le non remboursement.
Le troisième scénario porte sur un refinancement des besoins de la Grèce. L'idée est de faire de nouveau appel à des fonds du FMI, au Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) ou à des prêts bilatéraux pour couvrir les besoins de la Grèce en échange d'engagements stricts d'Athènes.

Quatrième scénario: le rachat de dette. Les pays de la zone euro pourrait prêter de l'argent à la Grèce, via le FESF pour lui permettre de racheter une partie de sa dette sur les marchés en profitant des prix très bas. le FESF pourrait sinon racheter lui-même les obligations grecques, avec la possibilité ensuite de les échanger auprès des créanciers par des obligations qu'il émettrait lui-même avec la meilleure garantie possible.
Cinquième scénario: la sortie de la zone euro. Un tel choix pourrait entraîner d'autres pays fragiles dans son sillage. Cette solution est défendue notamment par certains économistes américains comme Nouriel Roubini, qui vient de prédire l'éclatement de l'Union monétaire dans un délai de cinq ans. Cette solution n'est en tout cas plus tabou. Un retour à la bonne vieille drachme permet de dévaluer et de relancer les exportations. Le souci, c'est que la dette contractée par l'Etat, les entreprises et les ménages grecs l'a été en euros. Ils doivent donc rembourser dans une monnaie dévalorisée, ce qui augmente d'autant la charge de la dette. Pas sûr que le pays s'en sorte plus facilement.

Il est également question d'une taxe bancaire, une idée suggérée par Paris. Cette proposition aurait l'avantage de faire participer le secteur privé au deuxième plan d'aide à la Grèce sans entraîner un "défaut" de paiement. Mais les banques voient d'un très mauvais œil toute nouvelle taxe.

Les euro-obligations pourraient également faire l'affaire, selon leurs défenseurs, à l'image de Jean-Claude Juncker. Des emprunts communs de la zone euro permettraient de mutualiser les risques des différents pays, les plus fragiles étant ainsi protégés par les plus forts. Le taux d'intérêt de telles émissions serait une moyenne des différents Etats du pot commun. L'Allemagne n'en veut pas, de peur de perdre les taux très alléchants dont elle bénéficie compte tenu de ses bonnes performances.
Parmi tous les scénarios envisagés, le défaut de la dette reste la crainte absolue en raison de son effet contagieux. Les marchés financiers parient sur une telle conclusion, misant sur l'incapacité de la Grèce à rembourser l'intégralité de sa dette de plus de 350 milliards d'euros et sur une nécessaire restructuration. Officiellement , les gouvernements européens ne veulent pas en entendre parler.
- Faut-il craindre une contagion à d'autre pays de la zone euro?
La zone euro veut impérativement stopper l'hémorragie jeudi à Bruxelles. Une faillite de la Grèce menacerait l'Union européenne toute entière. Mais au-delà de ce pays, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne et l'Italie sont également dans le collimateur. Selon Dexia AM, les besoins de financements cumulés de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande se chiffrent à 201 milliards d'euros d'ici à mi-2013. La plupart des analystes craignent l'effet en chaîne d'un défaut de paiement de la Grèce et le compare à un krach équivalant à celui de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008. Cette contagion pourrait se faire via les banques les plus exposées à la dette grecque et à celle des autres pays européens.
- Pourquoi l'Allemagne freine des deux pieds?
Depuis le début de la crise grecque, l'Allemagne joue à contre-courant en Europe, traînant des pieds dans la mise en place de nouveaux outils communautaires pour venir en aide à Athènes. Elle condamne les dérives grecques et pousse le pays à remplir ses obligations. Les Allemands ne veulent pas payer de leurs poches pour les cancres de la zone euro. Ils ont encore en tête les lourds efforts demandés lors de la réunification. C'est pourquoi Berlin met un point d'honneur à ce que le secteur privé participe à la restructuration de la dette (banques, assurances, fonds de pension...). L'Allemagne s'est toutefois mise d'accord avec la France dans la nuit de mercredi à jeudi pour dégager une "position commune" sur le sauvetage de la Grèce.

La tombe du nazi Rudolf Hess a été détruite

Les restes de l'ancien bras droit de Hitler, Rudolf Hess, ont été exhumés et sa tombe, dans un cimetière de Bavière (sud de l'Allemagne), a été détruite près de vingt-quatre ans après sa mort, ont annoncé, jeudi 21 juillet, les autorités locales.

L'exhumation, moins d'un mois de l'anniversaire de sa mort, a eu lieu à l'abri du public et sans que les médias en soient informés, a précisé Roland Schöffel, maire-adjoint de Wunsiedel, confirmant des informations du Süddeutsche Zeitung. "Nous espérons ainsi ne plus avoir ici ce fantôme brun", a-t-il ajouté.
La paroisse protestante de Wunsiedel, une commune de moins de 10 000 habitants, proche de la frontière tchèque, a décidé de ne pas renouveler la concession familiale où reposait l'ancien responsable nazi pour prévenir les rassemblement néo-nazis à l'anniversaire de son suicide, qui avait eu lieu le 17 août 1987.
Les héritiers de Hess ont décidé que ses restes seraient incinérés et ses cendres dispersées en mer, selon la Süddeutsche Zeitung.
DES RASSEMBLEMENTS GÊNANTS
Considéré comme un martyr dans les milieux néo-nazis, l'ancien dauphin de Hitler est l'objet d'un culte des extrémistes de droite en Allemagne, qui se sont longtemps rassemblés devant sa tombe, tous les ans, le 17 août.
La municipalité de Wunsiedel était toutefois parvenue à faire interdire ces rassemblements au terme de plusieurs années de bataille judiciaire. En 2004, quelque cinq mille néo-nazis s'étaient encore réunis dans la petite ville, au grand dam des habitants. Malgré cette interdiction, des nostalgiques du Troisième Reich continuaient de venir dans la commune.
Ancien numéro deux du parti national-socialiste (NSDAP) au début du règne d'Adolf Hitler, Rudolf Hess avait été condamné à la réclusion à perpétuité lors du procès des dignitaires nazis à Nuremberg.
Il s'est suicidé au bout de quarante et un ans d'emprisonnement dans sa cellule de la prison de Spandau, à Berlin-Ouest, dont il était le seul détenu.
Rudolf Hess, qui s'était rendu en Grande-Bretagne en 1941 pour tenter d'y négocier un accord de paix, avait disposé dans son testament qu'il voulait être enterré dans le cimetière protestant de Wunsiedel, où ses parents avaient une maison de vacances. La paroisse avait accepté, pour respecter ses dernières volontés, raconte le Süddeutsche Zeitung. Mais devant l'afflux annuel de néo-nazis, la commune a finalement décidé de ne pas renouveler la concession, qui arrive à échéance le 5 octobre 2011.
Ses descendants avaient pourtant déposé une demande pour renouveler la concession de vingt ans. Mais la petite-fille de Rudolf Hess a assuré au cours d'un entretien avec des représentants de la paroisse qu'elle souhaitait désormais que la tombe soit détruite afin d'éviter qu'elle ne demeure un lieu de pèlerinage des milieux d'extrême droite. "Elle a dit qu'ils ne voulaient plus rien avoir avec ça", a souligné l'ancien élu du canton, Peter Seisser. "Nous étions tous très soulagés", a-t-il ajouté.
La tombe de Rudolf Hess comporte une inscription énigmatique –  "J'ai osé"  –, ainsi que les dates de naissance et de mort du responsable national-socialiste. La stèle a également été détruite.

L'opposition unanime de la BCE à un défaut grec se lézarde

Le patron de la banque centrale autrichienne a évoqué un défaut sélectif de courte durée sur la Grèce, avant de se rétracter. Le refrain de la Banque centrale européenne pour la Grèce, «ni défaut sélectif, ni événement de crédit» a été hier écorné par Ewald Nowotny, le patron de la banque centrale autrichienne, membre de l'Eurosystème, qui en a relativisé les conséquences. «Il y a une palette d'options et de définitions, allant du défaut pur et simple au défaut sélectif, à l'événement de crédit etc., a-t-il déclaré dans le cadre d'une interview à CNBC. Ceci doit être étudié de façon très sérieuse. Il y a des propositions qui prévoient une situation de défaut sélectif de très courte durée qui n'aurait pas vraiment de conséquences négatives majeures». Il a en revanche écarté la possibilité d'un défaut qui aurait «des conséquences très graves».


Ewald Nowotny a aussi soulevé la question du poids des agences de notation dans la détermination des actifs éligibles comme collatéral à la BCE. Elle «ne devrait pas être totalement dépendante des agences de notation. C'est notre propre responsabilité, notre propre décision. Nous l'avons prouvé dans les cas de l'Irlande, de la Grèce et du Portugal, en ce qui concerne le type de collatéral que nous acceptons.»


Quelques heures plus tard, la Banque centrale autrichienne a toutefois diffusé une précision suite à l'interview donnée à CNBC. Ewald Nowotny est «en total accord avec la position de la BCE représentée par le président de la BCE Jean-Claude Trichet. (…) Il est important d'éviter toute constellation qui pourrait empêcher la BCE d'accepter les obligations souveraines grecques comme collatéral», lit-on dans la déclaration.


La BCE serait en train de préparer un dispositif qui lui permettrait de continuer à financer le secteur bancaire grec en cas de défaut sélectif du pays. D'après le Financial Times d'hier, les gouvernements européens pourraient mettre en place un coussin de sécurité pour maintenir l'éligibilité de titres grecs au guichet de la BCE. Ce système serait différent de l'Emergency Liquidity Assistance, un programme déjà utilisée en Irlande par la banque centrale qui finance ainsi son secteur bancaire indépendamment de la BCE et donc sans les mêmes exigences en matière de collatéral. En Grèce, la banque centrale pourrait décider de faire de même pour assurer le financement des banques grecques. Mais, en cas de défaut, l'Etat devrait soutenir la banque centrale, ce qu'il n'est pas véritablement en mesure de faire.

La crise de la dette souveraine atteint son point critique

Alors que la Grèce s’achemine vers un défaut sélectif, Moody's a décidé hier de dégrader la note de l'Irlande en catégorie spéculative.

  Les pays périphériques s’effondrent un à un comme un château de cartes. Après la Grèce et le Portugal, Moody's a décidé hier soir de rétrograder la note de l'Irlande en catégorie spéculative. De «Baa3», la note de la dette souveraine passe à «Ba1», avec une perspective négative qui indique que de nouvelles dégradations sont probables. Alors que S&P et Fitch notent l'Irlande BBB+, trois crans au-dessus de la catégorie spéculative, Moody’s explique que «bien que la note Ba1 de l'Irlande indique un risque de restructuration nettement plus bas que la note Caa1 de la Grèce, la possibilité accrue d'une participation du secteur privé a pour effet de décourager encore un peu plus de futurs prêts du secteur privé et d'accroître la probabilité d'une incapacité de l'Irlande à regagner accès aux marchés en des termes viables dans un avenir proche». L'euro chutait cette nuit à 1,3837, un plus bas de 4 mois.

Le spread entre le rendement des obligations d’Etat à 10 ans irlandais et allemand avait dépassé les 1.100 points de base lundi, avant de revenir hier à 1.080. «Les agences de notation, par leur discours, facilitent le risque de contagion» explique Aurel BGC. Alors que la probabilité d’un «défaut sélectif» de la dette grecque gagne du terrain, l’issue des discussions entre responsables européens, qui se poursuivent vendredi, devrait fixer également le sort de l’Irlande et du Portugal, qui avaient été dégradés en catégorie «junk» la semaine dernière.

Charles Dallara, directeur de l’Institut de Finance Internationale (IIF), lobby de banques détentrices de créances souveraines, qui presse pour un rachat de la dette grecque avec décote et un swap d’obligations pour réduire le poids de la dette, a indiqué au Wall Street Journal que «il y a un monde entre un défaut sélectif temporaire qui fait partie d’un processus courant, et un défaut improvisé. Les marchés ne seront pas perturbés par défaut sélectif s’il se fait dans le cadre d’une solution pérenne pour la Grèce».

Si les économistes considèrent qu’une telle solution peut être transposable au Portugal et à l’Irlande, l’Italie est considérée comme «too big to fail». «L’Italie n’est pas la Grèce et c’est bien cela qui inquiète au plus haut point le marché» estime Natixis. Aurel BGC précise que «système financier européen ne peut pas supporter un défaut sur la dette italienne» et que «la taille du fonds est insuffisante pour financer les besoins du pays».

Le commentaire politique de Christophe Barbier




Paris et Berlin parviennent à un accord sur la Grèce avant le sommet de la zone euro

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont parvenus mercredi soir à une position commune sur un nouveau plan de sauvetage financier de la Grèce et sur une participation du secteur privé, à quelques heures d'un sommet extraordinaire de la zone euro jeudi 21 juillet à Bruxelles. La teneur du compromis obtenu au terme de sept heures de discussions, impliquant aussi le patron de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, n'est pas connue pour le moment. Parmi les idées évoquées figurent un rachat d'une partie de la dette grecque, une taxe sur les banques pouvant rapporter 50 milliards d'euros, ainsi qu'une réduction de la dette du pays jusqu'à 90 milliards d'euros via un échange des obligations détenues par le secteur privé.

L'accord a été soumis au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a précisé l'Elysée, "afin qu'il intègre ces éléments dans les consultations qu'il conduit en vue de la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro". Après des semaines de tergiversations, les marchés financiers attendent des résultats tangibles. A défaut, ils risquent de jeter à nouveau leur dévolu sur les pays considérés comme fragiles, tels l'Italie, l'Espagne, voire la Belgique.
José Manuel Barroso a lancé mercredi un avertissement d'une gravité inhabituelle aux dirigeants de la zone. Ce sommet extraordinaire doit déboucher sur une solution convaincante à la crise de la dette grecque sous peine de déstabiliser l'économie mondiale, a averti le président de la Commission européenne, dans une critique à peine voilée des réticences manifestées jusqu'à présent par l'Allemagne quant aux solutions proposées par ses partenaires.
RÉTICENCES ALLEMANDES
Au centre des tractations : la mise sur pied d'un deuxième plan d'aide à la Grèce pour lui éviter la faillite. Le premier, décidé au printemps 2010, de 110 milliards d'euros, ne suffit déjà plus. Les négociations ont buté jusqu'au bout sur une exigence politique de Berlin de voir cette fois les banques contribuer au financement, quitte à ce que cela provoque un "défaut de paiement" du pays. Plusieurs de ses partenaires, à commencer par la France, ainsi que la BCE, sont réservés en raison des risques.
L'ancienne ministre française de l'économie Christine Lagarde participera au sommet pour représenter le Fonds monétaire international, qui a d'ores et déjà recommandé aux dirigeants de la zone euro de renflouer le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et de lui permettre d'acheter des obligations souveraines sur le marché secondaire. Mais ces deux mesures nécessiteraient une modification des règles du FESF et la ratification des Parlements nationaux, et pourraient donc se heurter à l'opposition de l'Allemagne, des Pays-Bas et de la Finlande.
La chancelière allemande avait déjà refroidi l'atmosphère mardi soir en soulignant que le sommet de jeudi n'était pas la seule étape du processus et qu'il ne fallait pas en attendre de résultat miracle. Mercredi, la France s'employait à l'inverse à assurer qu'un signe fort serait émis afin de parvenir à une "solution durable" à la crise grecque.

Des dirigeants de grandes banques invités au sommet

Plusieurs dirigeants de grandes banques européennes vont participer au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européens sur la Grèce jeudi à Bruxelles, selon des informations du quotidien allemand Bild. Josef Ackermann, l'influent patron de la première banque allemande, Deutsche Bank, fera notamment partie des discussions, d'après le quotidien. Ces représentants du secteur bancaire doivent notamment donner leur feu vert à une participation des créanciers privés à un second plan d'aide à la Grèce dont les modalités doivent être fixées jeudi, après des semaines d'hésitation.

Maître Koubbi sur un arbre perché

Dans la catégorie des jeunes matamores, celui-ci se taille la part du lion. Il arbore, devant les caméras, l’air grave de l’incorruptible redresseur de torts. On dira que l’humilité ne l’étouffe guère. En cas de rejet de sa plainte, déposée huit ans après les faits putatifs, il crie déjà au scandale d’État. Et quiconque, au PS ou ailleurs, viendra contester sa version des événements sera traité “en adversaire”. Bigre.

L’avocat de Tristane Banon, devenu vedette à la télévision, défie le système politico-judiciaire. Du haut de sa nouvelle notoriété, il fait la leçon. Avec lui, la blonde et fragile romancière a trouvé un soutien d’envergure. Une impeccable déontologie guide les pas de l’audacieux pénaliste. Jamais, par exemple, il n’ira mêler son dossier à la procédure américaine contre DSK. Puisque les deux affaires “n’ont rien à voir”, pourquoi les associer ? Pas question de se laisser “instrumentaliser”, encore moins de céder au “cirque médiatique” made in USA.

Bref, toujours soucieux des grands principes, M e David Koubbi refuse les coups bas.

Ce fut donc une énorme surprise, hier, de le voir parader dans les rues de New York. Sortant de chez le procureur Cyrus Vance, fraternisant avec le défenseur de Nafissatou Diallo… Quel show ! Le presque ténor du barreau de Paris connaît son heure de gloire sur Broadway. D’ordinaire si pudique et rigoureux, il assume courageusement cette vulgarité publicitaire. Au nom des intérêts de sa cliente, bien sûr.

Le petit jeu a assez duré

Le sommet extraordinaire de la zone euro qui se tient le 21 juillet est annoncé comme décisif pour le règlement de la crise grecque. Il serait temps, car les Grecs en ont assez de faire ce qu'on leur demande et obtenir trop peu en retour, estime un éditorialiste athénien. 

"Toi, en orange, sort! Toi, en vert cache toi!" C'est un peu à ce genre de jeu de cache-cache que jouent les Allemands envers le problème grec. Angela Merkel s'est laissée convaincre après maintes demandes de se rendre au sommet européen de demain. Mais elle a déjà retiré tout son sens à la décision qui devrait être prise. Elle dit même qu'il risque de ne pas y avoir une solution de fond au problème de la dette grecque. Cela signifie qu'on peut comprendre que le paquet sera petit.
L'une des pertes de la mondialisation est bien l'Etat Nation. La souveraineté d'agir quand les industries transfèrent leur siège là où la main d'oeuvre est moins chère et où les normes environnementales sont plus souples. Pire : que faire de l'argent chaud qui entre et sort de la bourse, ou des obligations qui font des montagnes russes. Sans parler des produits CDS [Credit Default Swaps] que Warren Buffet a très justement caractérisé d'"arme économique de destruction massive".

Ce que nous suivons depuis des mois est un bras de fer entre les pays européens et les marchés. Ces derniers doutent de la solidité de la zone euro parce qu'ils considèrent qu'une union monétaire ne peut exister sans politique globale. Ce qui a commencé sur la Grèce a continué avec l'Irlande et le Portugal, pour continuer à s'étendre comme un cancer sur l'Europe.
Le capitalisme économique et monétaire ne rigole pas. Il pousse l'Europe à avoir une position claire. Le problème, c'est que la politique aime les positions vagues. Une position vague ne t'engage pas sur tes prochains actes. Disons que les Allemands ont souvent dit qu'il soutiendraient l'euro, mais ils ne disent pas avec la même ferveur qu'ils soutiendront la Grèce. Plus précisément, Berlin traîne depuis un an et demi. Et les choses empirent depuis un mois et demi.
Le gouvernement Papandréou a été sous pression pour faire voter le nouveau plan de rigueur, afin qu'on nous accorde un nouveau prêt de 125 millards d'euros pour tenir jusqu'en 2015. La pression était telle qu'on a failli voir l'arrivée d'un gouvernement d'union nationale. Il n'y a finalement eu qu'un remaniement. Le plan a donc été voté mais nous attendons toujours notre prêt. Si demain on ne nous propose pas de solution définitive, les européens auront fait payer un prix politique important au gouvernement d'Athènes sans que celui-ci ne gagne rien en échange!
L'insolvabilité de la dette grecque peut s'expliquer. Quelqu'un doit subir des pertes. Ce seront soit les contribuables du nord de l'Europe qui nous financeront, soit les banquiers et les fonds de pension qui ont acquis nos obligations et nous ont prêté de l'argent. Berlin veut que ceux-ci prennent leur part au règlement de la crise, mais la Banque centrale européenne y met son veto en considérant qu'il s'agit d'une restructuration de la dette, et de facto d'une faillite. Elle ne pourra donc pas accepter des obligations émises par les banques grecques comme garantie pour fournir des liquidités à Athènes. C'est là que nous faisons un blocage. Comme le dit le ministre des Finances, même la pire des solutions est une solution. Ce serait tout de même bien que l'Allemagne nous surprenne agréablement.

Libido


C’est Ubu roi de l’Europe ! Le sommet de la dernière chance se tient en Belgique, c’est-à-dire nulle part. Dans un pays qui, comme jadis la Pologne, a (presque) cessé d’exister. Albert II, en attente de gouvernement depuis plus d’un an, a pleuré hier sur la désunion de son pays, ce creuset de l’Union européenne. Il faut s’y résoudre : Flamands et Wallons n’ont plus vraiment envie de vivre ensemble, le temps est peut-être venu pour eux de se séparer. Mais Français et Allemands ont-ils davantage le désir de continuer leur vie commune ? Et de la partager avec des Grecs, des Finlandais et des Italiens ? Autant l’admettre, les Européens sont victimes d’une grosse panne de libido, dernière étape avant le divorce. Ils sont restés ensemble pour l’enfant, pour l’euro, mais ça ne trompe plus personne. C’est triste, c’est comme ça – et merdre ! aurait dit Ubu.

Ne tuons pas le débat !


La crise de la dette et de l'euro alourdit le climat et pèse déjà sur la campagne présidentielle : les agences de notation vont-elles dicter les règles du débat ? Subsiste-t-il une marge de manoeuvre pour les candidats ? À qui profitent les peurs venues de la Grèce ?

Sauf si elles sont de leur fait, les tourmentes profitent plutôt aux pouvoirs en place. À voir les dirigeants européens danser au bord du gouffre, l'opinion préfère s'accrocher à ce qu'elle connaît, plutôt que d'ajouter de l'incertitude à la peur. Nicolas Sarkozy, lorsqu'a éclaté la bulle des subprimes, a montré une réactivité remarquable qui pourrait resservir. L'hypothèse d'un coup dur signifie que les sondages, défavorables à la droite, n'ont pas de valeur prédictive pour 2012.

Mais, face aux extrêmes, la réactivité ne suffit pas. Les partis de gouvernement devront être assez pédagogues pour combattre les affres d'une sortie de l'euro. Pour expliquer qu'une dévaluation nous étoufferait sous le poids d'une dette libellée en euros, renchérirait nos importations et laminerait notre niveau de vie.

La seconde difficulté sera ¯ est déjà ¯ de démontrer qu'il existe un choix entre plusieurs politiques. En mettant l'accent sur la réduction des déficits et de la dette, Martine Aubry, François Hollande, voire Eva Joly, montrent que le choix ne consistera pas à proposer plus ou moins, mais, dans le cadre d'une dépense contrainte, à mieux répartir les efforts fiscaux et la solidarité sociale et territoriale.

Cette exigence accrue de justice est une difficulté pour la droite, dépendante de son électorat le plus libéral et le plus aisé. Mais la gauche, aussi, marche sur des oeufs. Davantage suspectée de tendances dépensières, la moindre maladresse, le moindre message négatif se paierait cash par un relèvement des taux d'intérêts et de lourds sacrifices supplémentaires.

Le troisième danger réside dans l'affirmation de la droite selon laquelle il n'y a pas d'autre politique possible. Au sommet de l'État, il se dit même que la campagne n'aura pas lieu parce que nous n'avons pas le choix des solutions. La gauche suspecte Nicolas Sarkozy de vouloir dramatiser l'élection en convoquant le Congrès pour faire entrer l'interdiction des déficits ¯ la fameuse « règle d'or » ¯ dans la Constitution.

Mais il y a quelque danger à tuer le débat avant qu'il ne naisse. La posture du « moi ou le chaos » peut conduire l'opinion à se rebiffer et à réclamer des solutions plus radicales que l'opposition classique ne pourrait pas satisfaire, mais dont les extrêmes feraient leur miel.

En réalité, il reste un espace d'abord pour des réformes qui ne coûtent pas, comme la décentralisation, les économies d'énergie, la gouvernance. Rien n'empêche de jouer sur les curseurs des avantages fiscaux ¯ les niches représentent 70 milliards de manque à gagner ¯ pour en répartir les gains entre l'investissement d'avenir et le désendettement. Rien n'interdit d'aligner la taxation des plus-values sur celle des revenus du travail.

On sent bien que la crise risque de brouiller les projets. Elle exige des partis plus d'imagination pour faire mieux sans dépenser plus. Elle suppose de rassembler sur des valeurs et des choix essentiels plutôt que d'opposer sur des clivages accessoires. Mais elle ne doit surtout pas interdire la confrontation, le nerf d'une démocratie vivante.

La grande majorité des Grecs se montrent sceptiques

Pour les Hellènes, le sommet européen n'est qu'une réunion de plus entre dirigeants européens. Et de dénoncer le plan de rigueur qui a été adopté il y a trois semaines.

Entre température caniculaire et troisième jour de grève des taxis contre la déréglementation, le sommet européen laisse la grande majorité des Grecs sceptiques quant au résultat. «C'est seulement une réunion entre dirigeants européens, une de plus », regrette l'économiste Panagiotis Bratsos. «Angela Merkel ne veut pas aller vers une solution globale, même si son refus risque de semer le chaos en Europe. Elle exerce une véritable dictature économique. Les autres pays membres devraient pouvoir la raisonner », déplore-t-il.
Alors que le gouvernement essaie tant bien que mal de contrôler la situation, les réunions de crise se succèdent autour d'Evangelos Venizelos. Le ministre grec des Finances espère, lui, aboutir à une entente, «même la pire des solutions trouvée sera une solution ». Quand au porte-parole, Ilias Mossalios, il affirme que le premier ministre Georges Papandréou se prépare à livrer une bataille «pour garantir que la Grèce restera debout sur ses deux pieds ».
Mais le pays est dans l'impasse. Les 110 milliards d'euros prêtés par l'Union européenne et le FMI, il y a 18 mois, n'ont pas suffi. La récession a freiné l'activité, la dette culmine toujours à 340 milliards d'euros, le déficit se creuse. Et Athènes sera incapable de revenir sur les marchés en 2012.
Les principaux créanciers internationaux reconnaissent tous la nécessité d'un nouveau prêt, en échange de mesures d'austérité supplémentaires parmi lesquelles un large programme de privatisations de 50 milliards d'euros.
«En fait, le gouvernement n'aurait jamais dû adopter ce nouveau plan de rigueur, il y a trois semaines. Au final, les Européens n'arriveront jamais à s'accorder pour nous sauver», prédit Makis Kasidiaris, vice-président du syndicat des chauffeurs de taxi. «Ils veulent nous détruire, en déréglementant notre profession, comme celle des avocats ou des pharmaciens. Nous ne laisserons pas cela se produire, même si malheureusement nous causons du tort aux touristes. »

5000 médecins déjà partis 

La saison bat en effet son plein. Mais les taxis ne sont pas les seuls à vouloir durcir le mouvement. Les médecins du secteur public sont en colère. Les ouvriers du port du Pirée envisagent des opérations «coup de poing» dans les prochains jours.
Les autorités et les agences de voyage arrivent tant bien que mal à acheminer les estivants vers les îles, mais la situation est précaire.
Pour l'analyste politique Babis Papadimitriou, la solution du problème de la zone euro prendra du temps alors qu'il faut aller vite. «Tout le monde parle de défaut ou de semi-défaut de la Grèce. Mais, en attendant, l'économie tourne au ralenti». Et d'ajouter : «À force, beaucoup de Grecs baissent les bras. De plus en plus de gens qualifiés fuient le pays. Près de 5 000 médecins sont déjà partis. Ils vont en Angleterre, en Allemagne, États-Unis, et même en Chine».
Mercredi soir, Georges Papandréou rencontrait à Bruxelles le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Et dimanche, quel que soit le résultat du sommet européen, Evangelos Venizelos s'envolera pour Washington pour rencontrer son homologue américain et Christine Lagarde, la directrice générale du FMI. À tous, il leur dira qu'il entend bien ne pas ralentir le rythme des réformes engagées mais au contraire l'accélérer.

Le forcing de Sarkozy et Merkel pour sauver l'euro

À la veille du sommet des chefs d'États européens, Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel négociaient, mercredi à Berlin, un consensus sur l'aide à la Grèce. 

Comme souvent depuis le début de la crise grecque, Angela Merkel aura attendu l'entrée en scène de Nicolas Sarkozy pour faire un pas en avant. Mardi, les conseillers économique et européen de la chancelière étaient à l'Élysée, et, mercredi, pour la deuxième fois en un mois, Nicolas Sarkozy a fait le déplacement jusqu'à Berlin pour arracher un accord susceptible de rassurer les marchés.
Après avoir soufflé le chaud et le froid ces derniers jours, la chancelière allemande s'est dite mercredi «très confiante» quant aux chances d'obtenir de «bons résultats» lors de la réunion extraordinaire des dirigeants des pays de l'Union monétaire prévue ce jeudi. Ces signaux rassurants ont été émis quelques heures avant l'arrivée à Berlin du président français, en fin de journée pour une séance de travail et un dîner à la Chancellerie. «Les marchés ont besoin d'un nouveau 14 octobre 2008, quand les chefs d'État avaient affirmé qu'ils ne laisseraient faire aucune faillite bancaire», résume un conseiller présidentiel, en établissant un parallèle avec le risque de «défaut» de la Grèce, qu'il faut à ses yeux éviter à tout prix. Une position à laquelle il semblait mercredi très difficile de rallier Angela Merkel.
Cette dernière a prévenu dès mardi qu'il ne fallait pas s'attendre à une «issue spectaculaire» du sommet de Bruxelles. Un point de vue qui, pour une fois, n'a pas contrarié l'Élysée : «Merkel a raison de ne pas vouloir survendre Bruxelles, cela crée des attentes qui sont souvent déçues», tranche un proche du président. En revanche, Berlin peinait à digérer une indiscrétion rapportée par le Canard Enchaîné, selon laquelle le président français aurait déploré le «manque de solidarité» de l'Allemagne, affirme la presse allemande. «L'égoïsme allemand est criminel. Il prolonge la crise», aurait-il dit.
Mercredi soir, le président de la banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a rejoint les discussions, qui devaient se poursuivre tard dans la nuit, pour tenter de parvenir à un compromis suffisant pour rassurer les marchés.

«Union de transferts» 

Vendredi, les Vingt-Sept chercheront en effet avant tout à ficeler un accord sur le sauvetage de la Grèce. Et Nicolas Sarkozy devait mercredi tenter de convaincre son homologue de surmonter les réticences de ses partenaires de coalition libéraux et des faucons de la CDU.
Au-delà, l'enjeu du marathon de ces dernières heures est de parvenir à donner des gages supplémentaires d'union au sein de la zone euro. Dans le cadre du plan grec, mais aussi de façon plus générale, les négociations sur un éventuel élargissement des possibilités d'utilisation du Fonds européen de stabilité financière (FESF) sont à cet égard cruciales. Le FESF est aujourd'hui l'outil européen par excellence, qui mutualise les ressources de tous les pays de la zone et formalise leur solidarité. Jusqu'à présent Berlin s'opposait fermement à ce qu'il fasse autre chose que des prêts directs à un pays engagé dans un programme d'aide UE-FMI. Depuis quelques jours, des missions bien plus ambitieuses sont envisagées (lire ci-dessous). L'Allemagne reste divisée sur l'opportunité de donner à une institution européenne le pouvoir d'engager sans contrôle la signature du Trésor allemand.
Certains patrons de Länder ­(régions) comme le ministre -président conservateur de la Hesse, ­Volker Bouffier, mettent en garde contre tout excès de solidarité, ­jugeant qu'il ne doit pas y avoir d'«automatisme». La Cour constitutionnelle de Karlsruhe, qui examine en ce moment même le premier plan d'aide à la Grèce, pourrait aussi mettre un coup d'arrêt à tout ce qui pourrait créer une «union de transferts» en Europe, du contribuable allemand vers des pays en difficulté.
Selon les médias allemands cependant, plusieurs ténors de la direction de la CDU réclament un changement radical dans la gestion de la crise de l'euro. Helmut Kohl, le chancelier de la réunification et père de l'Union monétaire, se serait selon Der Spiegel récemment désolé en privé : «Angela Merkel est en train de me saccager mon Europe.» À la CDU, certains appelleraient désormais la chancelière à ouvrir la voie à une union de transferts dans laquelle les États membres de la zone euro garantiraient mutuellement leurs dettes. Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances, aurait par ailleurs estimé que l'urgence de la situation est telle que «tous les outils doivent désormais être étudiés, sans tabou».

La Grèce en faillite doit effectuer des réformes en profondeur

Bienvenu dans ce nouveau Close-up sur la crise financière en Europe. Comme beaucoup de choses dans l’histoire de l’humanité : la crise de la dette en zone euro trouve son origine en Grèce. Aujourd’hui, le pays est ruiné et dépendant des soutiens extérieurs : tout le monde en est conscient. Les discussions pour aider la Grèce durent depuis plus d’un an. Mais plus que tout, la Grèce a besoin d’entreprendre des réformes drastiques de société : il s’agit presque d’une révolution culturelle. L‘économie souterraine et les emplois illégaux, l‘évasion fiscale et le népotisme ainsi qu’un secteur public surdimensionné : tout ceci doit disparaître. Sinon le retour à la croissance économique ne sera qu’une illusion. Reste à savoir si la Grèce est prête à faire ce travail en profondeur.
*La rude reconstruction*

 Une nuée de jaune en plein coeur d’Athènes. Les chauffeurs de taxis grecs protestent contre la “dérégulation” de leur métier. Davantage de licences pour améliorer la compétitivité de la profession, c‘était une des conditions imposées par l’UE et le FMI avant l’octroi du premier plan de sauvetage à la Grèce l’année dernière.

Pas d’autre alternative pour les Grecs que d’améliorer la competitivité de leur économie écrasée par le poids de la dette : le calcul est simple, avec un PIB de 230 milliards d’euros face à une dette publique de 350 milliards.

Alors pour combler le gouffre, Athènes espère récolter 50 milliards d’euros d’ici 2015 en privatisant des infrastructures et autres propriétés de l’Etat.

Des mesures qui ne suffiront pas à régler la situation, concède Evangelos Venizelos, le tout nouveau ministre grec des finances.  

“Nous sommes prêts à mettre en œuvre le programme de privatisation, mais nous avons également besoin du soutien réel de nos partenaires parce que, sans l’aide sur le terrain, il n’est pas possible d’atteindre notre objectif, non pas formellement mais efficacement. Nous n’avons pas seulement besoin de chiffres, mais de vrais résultats.”

En effet comment rendre soutenable le remboursement de la dette et faire en sorte que la Grèce puisse retourner sur les marchés pour se financer, alors que l‘économie est en récession, assechée par deux années d’une rude austérité ? 

Selon le FMI, le PIB grec devrait se contracter de 3,8% cette année, rien pour réjouir les habitants frappés par un taux de chômage de 17%, et qui dépasse même les 42% chez les 15-24 ans.

Ces deux dernières années, les prix ont bondi de 7,9%, autrement dit trois fois plus que les salaires. A titre d’exemple, un capuccino vous coûtera à Athènes autant, voire plus, que sur l’avenue des champs Elysées à Paris. Du coup, c’est la principale industrie du pays, le tourisme, qui est directement pénalisée.

Les 15 millions de touristes par an, dont 14% d’Allemands et 12% des Britanniques, représentent à eux seuls 16% du PIB de la Grece.

Un secteur qui va devoir lui aussi rompre avec certaines habitudes bureaucratiques pour améliorer la compétitivité.

“Les grecs sont en colère, ils sont frustrés mais ils gardent l’espoir que le pays va s’en sortir”

Entretien avec Louka Katseli, ancienne ministre du Travail et de l‘économie du gouvernement Papandrou. 


Stefan Grobe, Euronews
“Nous sommes - depuis Athènes – avec l’ancienne  ministre du Travail du gouvernement Papandreou : Louka Katseli fut aussi en 2009 et 2010 ministre de l’Economie. Mme Katseli, vous avez suivi une formation d‘économiste aux Etats Unis et vous êtes politiquement proche du Premier ministre Papandreou. Je commencerai par une simple question : croyez-vous encore à l’euro et à la zone euro ?

Louka Katseli : ancienne ministre grecque du Travail.

Absolument. Mais cela dépend de la volonté des leaders politiques européens à soutenir la zone euro demain, dans les jours qui viennent et les semaines qui viennent afin de décider des mesures appropriées pour  fournir le soutien et la stabilité financière à la zone euro.

Euronews

A part les échauffourées et les protestations dans les rues, comment la crise a-t-elle changé la société grecque ? Est-ce que c’est : “nous avons vécu au dessus de nos moyens depuis trop longtemps et maintenant nous devons travailler dur” ou c’est plutôt : “notre classe politique nous a trahis et nous sommes tous des victimes” ?


Louka Katseli

Il y a un petit peu des deux. Quand vous avez une crise d’une telle magnitude, sans précédent : les gens sont en colère, les budgets familiaux se réduisent, les gens voient leur vie basculer. Le pouvoir d’achat a chuté et le chômage grimpe. Donc il y a de la colère, il y a de la frustration, mais je pense qu’il y a aussi de l’espoir; l’espoir que nous pouvons faire ce qu’il faut pour avancer, retrouver de la croissance et sortir le pays de cette pagaille.

Euronews
Parmi les conditions imposées par vos créanciers internationaux figure un programme d’austérité très sévère et des réformes structurelles. Le gouvernement a choisi une liste d’actifs publics
qui vont être privatisés. Est-ce que cela affecte la fierté nationale ? Nous parlons d’infrastructures, de biens immobiliers voir d’iles grecques.

Louka Katseli
Le dossier des privatisations est un vieux dossier et les réformes structurelles, ça va beaucoup plus loin que les privatisations. Mais les privatisations font partie  intégrante d’un programme d’amélioration de la compétitivité. Il ne fait pas de doute que la plupart des grecs ne feront pas de commentaires sur un programme crédible de privatisations, spécialement dans des secteurs oú le secteur public n’a pas à être présent. Mais ceci doit être fait en toute transparence, avec responsabilité pour garantir que ces actifs quand il seront vendus, le seront à des prix raisonnables et à un horizon convenable.

Euronews

La Grèce n’est pas seulement ruinée, elle est en manque important de compétitivité. Ce qui signifie des années de réformes douloureuses. Est-ce que le pays est préparé pour ça ?

Louka Katseli
Le pays est préparé à faire tout ce dont nous avons besoin pour améliorer notre compétitivité, pour placer l’emploi au coeur de nos préoccupations politiques et renouer avec la croissance. Et pour cela nous avons besoin du soutien européen, parce que nous ne pouvons pas gérer nous-mêmes notre dette. Il faut une solution européenne pour ce problème. Nous avons besoin d’un partage équitable de la charge de la dette et nous avons besoin d’un changement de politique à mesure que les choses s’améliorent pour que cette charge soit équitablement partagée par tous; avec une lutte contre l‘évasion fiscale et l’amélioration des structures de production en restructurant et en attirant l’investissement : voilà ce dont nous avons vraiment besoin”.

Déballage sordide et arrière-pensées

Le grand déballage se poursuit et s'amplifie autour de l'affaire DSK. Depuis la plainte pour viol de Tristane Banon, les auditions des proches et personnes au courant de l'agression présumée s'enchaînent, tout comme les fuites provenant des milieux proches de l'enquête. Une suite d'affirmations ou allégations, de détails privés et de règlements de compte, qui vire petit à petit au sordide, sans que cela n'éclaire vraiment la réalité ou la gravité des faits reprochés. Après l'entreprise de démolition publique menée aux USA, l'étape française est encore plus pernicieuse puisqu'elle salit une bonne partie de l'entourage de l'ancien président du FMI, suspect au mieux de n'avoir pas dénoncé les faits ou d'avoir fermé les yeux. Et si l'image d'un DSK paraît définitivement ternie, sinon pire, une autre cible apparaît en filigrane : François Hollande, qui aurait su, mais n'aurait rien fait. En impliquant dans le dossier, même de manière collatérale, ce candidat du PS à la présidentielle toujours bien placé dans les sondages, les auteurs des fuites savent qu'ils jouent sur les effets pervers de la rumeur et du temps. Un mélange des genres dangereux, dont les médias et les citoyens vont devoir se méfier dans une année préélectorale cruciale. D'autant que le prologue américain et ses rebondissements ultérieurs ont montré la prudence avec laquelle il fallait manier ce cocktail sexe-pouvoir-argent et politique, idéal pour le scandale. Et ne pas oublier les vertus du respect de la vie privée, à l'heure où les excès des journaux trash britanniques sont cloués au pilori.

Marc Fiorentino

Spécialiste des marchés financiers « Les chefs d’État et de gouvernements n’ont pas d’autre choix que de trouver une solution. Sinon, c’est le chaos » Peut-on encore sauver la Grèce ? Oui, je pense. paradoxalement on a eu une chance énorme avec les attaques sur l’Italie...

Spécialiste des marchés financiers
« Les chefs d’État et de gouvernements n’ont pas d’autre choix que de trouver une solution. Sinon, c’est le chaos »
Peut-on encore sauver la Grèce ?
Oui, je pense. paradoxalement on a eu une chance énorme avec les attaques sur l’Italie. Ce fut une sorte de choc, de réveil. Un signal fort lancé par les marchés pour dire : ne revenez pas avec un rafistolage sur la Grèce. C’était une menace très claire pour dire qu’il fallait prendre de vraies mesures.
Lesquelles ?
La question n’est plus de sauver la Grèce. Mais de présenter un sauvetage de la Grèce qui, aujourd’hui, ait suffisamment de crédibilité pour qu’on puisse stopper l’hémorragie. Car on peut toujours sauver la Grèce en rafistolant. Le marché veut autre chose. Il pousse les politiques vers une solution qu’ils ne peuvent pas éviter.
C’est-à-dire ?
Il pousse vers deux choses. La première : une élimination d’une partie de la dette de la Grèce. C’est-à-dire son rachat probablement par un emprunt sur le marché avec une décote. Le problème ce n’est pas tellement de re-prêter de l’argent à la Grèce, on peut le faire, c’est d’arriver à un niveau de dette qui serait supportable.
Et la deuxième ?
La deuxième chose vers laquelle le marché pousse l’Europe, c’est l’émission d’euro-obligations sous une forme ou sous une autre. Ce qui va se passer, probablement, c’est que l’un des fonds de solidarité doté de 400 milliards d’euros ait l’autorisation d’émettre beaucoup d’argent.
Il n’y a donc pas de manque d’argent ?
Le marché et les investisseurs disent : on veut bien prêter à l’Europe dans son ensemble, à 10 % ou moins, mais on ne veut plus prêter aux satellites. On va créer une sorte de fonds monétaire européen qui va émettre de l’argent et ensuite prêter aux différents pays.
Cela implique une solidarité entre les pays. Est-ce donc un problème politique autant que monétaire ?
Absolument ! C’est la seule solution acceptable pour les marchés.
Angela Merkel souhaiterait que les créanciers privés de la Grèce participent au sauvetage d’Athènes. Qu’en pensez-vous ?
Cela me paraît être obligatoire. Il faudra qu’ils participent d’une manière ou d’une autre. Ce qui va se passer c’est qu’en rachetant une partie de la dette sur le marché, on règle le problème d’une autre façon : on les fait participer indirectement.
N’est-ce pas un aveu d’impuissance de l’Europe ?
Pas du tout. On ne peut pas donner une garantie sans limite à des gens qui investissent en Grèce, en Italie, en Espagne… Il faut que chacun prenne ses responsabilités.
Les conséquences pour les contribuables français ?
Aucune. Le problème va se régler entre les banques et le marché.
Vous semblez très optimiste…
Sur le très court terme, oui. Je pense que le problème va être long à régler. Mais je ne vois pas d’autre possibilité que de créer ces euro-obligations. Les chefs d’État et de gouvernement n’ont pas d’autre choix que de trouver une solution.
Sinon ?
Ce serait le chaos.

Le menu du sommet européen en trois questions

Après maintes tractations, les dirigeants de la zone euro ont enfin décidé de se retrouver le 21 juillet pour tenter de dénouer la crise de la dette en Grèce et contenir la contagion qui menace. Les solutions économiques ne manquent pas, reste à décrocher un accord politique.

Pourquoi les dirigeants de l’eurozone se réunissent-ils le 21 juillet ? 
La dernière tranche du plan de 110 milliards d’euros accordé par l’UE à la Grèce a été débloquée au début du mois. Mais les besoins de financement du pays, endetté à hauteur de 345 milliards d’euros, nécessitent un nouveau soutien dès 2013 avoisinant 115 milliards d’euros. De son côté, le FMI a déjà prévenu qu'il n'attendait pas de retour de la Grèce sur les marchés avant 2014.
Conséquence de l’indécision caractéristique des dirigeants européens sur ce dossier, la rencontre intervient tardivement. Le 11 juillet, les ministres des Finances de l’Eurogroupe n’ont pas été capables de s’accorder, repoussant ainsi l’échéance au 15 juillet, où un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’eurozone devait être convoqué. Une initiative abandonnée sous la pression de l’Allemagne, qui réclamait les bases d’un accord avant de rencontrer ses partenaires européens. Un report d’une semaine a donc été concédé. A la veille de la réunion, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont convenu d'une discussion en bilatéral pour tenter d'accorder leurs violons. Preuve que le sentiment d'urgence gagne du terrain.
Quelles sont les solutions sur la table ? 
Trois scénarios visant à associer les créanciers privés coexistent.
  • Le plus récent repose sur l’instauration d’une taxe appliquée aux établissements bancaires, qu’ils soient ou non bailleurs de la Grèce. Les sommes prélevées pourraient atteindre 30 milliards sur trois ans selon des estimations rapportées par l’AFP. Cette voie d’action présente l’avantage de ne pas déclencher d’événement de crédit, donc de dégradation de la note grecque qui conduirait de fait à un défaut. Mais elle déplaît aux banques, surtout si la taxe épargne les fonds d’investissement ou encore les assureurs qui détiennent pourtant des titres souverains grecs. Les créanciers privés ont proposé d’autres scénarios aux dirigeants européens, via l'Institut de la finance internationale. Mais ils n'ont pas été dévoilés en détail.
      
  • Une deuxième piste, longtemps ressassée, reposerait sur la méthode du «roll over». Les détenteurs d’obligations renouvellent automatiquement leurs emprunts à la Grèce une fois qu’ils arrivent à échéance, en contrepartie d’une baisse du taux d’intérêt. Une initiative qui entraînerait un « défaut sélectif » de la Grèce, admet un document de travail que Reuters s’est procuré.
      
  • Une troisième proposition repose sur le rachat de dette grecque auquel serait assorti un « rehaussement » de crédit, qui permettrait à la Grèce d’emprunter moins cher grâce aux garanties apportées par des organismes financiers. Mais ce scénario pourrait entraîner un « défaut complet » selon le document. 
Facteur de blocage permanent, la participation des investisseurs privés est devenue le cheval de bataille de l'Allemagne, soucieuse de montrer à ses citoyens qu'ils ne sont pas les vaches à lait des pays surendettés. Appuyée par les Pays-Bas et de la Finlande, elle fait face à la fronde constante de la BCE, farouchement opposée à tout risque de défaut, même « sélectif ». La France avait quant à elle tenté d'avancer une proposition de compromis, basée sur une contribution "volontaire" des créanciers. Mais ce plan ne suffirait pas à éviter le classement en défaut de la dette grecque par les agences de notation.
Ce rendez-vous va-t-il tout régler ? 
Il ne faut pas attendre de « grande avancée spectaculaire » à l’issue du sommet, a prévenu la chancelière allemande Angela Merkel. « D'autres étapes seront nécessaires », a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse.
Une prudence qui tranche avec l’ambition de la France. La réunion permettra de « franchir une étape supplémentaire et essentielle » pour la Grèce, a assuré François Baroin, sur France Info. Selon le ministre des Finances, un « message fort » devra être adressé, afin de permettre à Athènes d’emprunter à « des taux plus bas » et avec « des durées plus longues ».
Mesurant la gravité de la situation, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a lancé un appel aux Etats membres : « Le moment est venu de tenir parole », a-t-il insisté, exhortant « tous les acteurs », dont « la BCE », à « exercer leurs responsabilités ». Une référence à l’obstination de Jean-Claude Trichet, gouverneur de la BCE, qui n’a cessé de marteler sa différence avec l’Allemagne.
La portée de la décision dira si les gouvernements campent sur une vision court-termiste de la crise. « Le pire serait que les dirigeants fassent une annonce sur la Grèce et oublient que le problème est global. L'Irlande, mais aussi le Portugal, ont besoin d'emprunter à des taux plus bas », rappelle Florence Pisani, économiste chez Dexia Asset Management.

Analyses croisées sur la crise de la zone euro

Retour aux devises nationales, alignement des politiques budgétaires ou fédéralisme accru à travers un budget européen robuste... Les scenarii imaginés sont le reflet de visions politiques très différentes sur l'avenir de l'Europe.

"Un sursis à court terme", "l'euro joue sa survie"… Officiellement, le sommet du 21 juillet réunira les chefs d'Etat et de gouvernement européens pour discuter de la répartition du second plan d'aide attribué à la Grèce. Une rencontre décisive pour l'avenir de l'euro.
En attendant le verdict, éditorialistes, économistes et chercheurs européens livrent leurs scenarii.
Quitter l'euro
Pour certains, le glas de la zone euro a sonné, et cette fin est salutaire. "L'abandon de la monnaie unique pour la Grèce, le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et l'Italie relancerait la croissance de la zone", estime l'économiste Christopher Smallwood, de Capital Economics, un cabinet de conseil londonien. Et "eux aussi se porteraient mieux", ajoute t-il.
Selon lui, le talon d'Achille de l'eurozone n'est autre que sa tendance déflationniste, largement insufflée par l'Allemagne. Pour que d'autres pays, tels que la France, n'aient pas à souffrir de ce comportement, il faudrait "restaurer le deutschemark, cela mettrait fin au surplus commercial et obligerait le pays à booster la demande intérieure", prévoit l'économiste.
Survivre
Mais les personnalités qui ont contribué à créer la monnaie unique refusent de prendre part à cet éloge funèbre.
Dans une tribune commune parue dans le quotidien Le Monde (édition du 15 juillet), Jacques Delors, Felipe Gonzalez, Romano Prodi, Etienne Davignon et Antonio Vitorino, refusent d'envisager le pire. "L'euro doit survivre à cette crise et il survivra", affirment-ils. Et ils rajoutent : "Il en sortira même renforcé".
Pour sauver la monnaie unique, les signataires de la tribune citent la régulation bancaire qui "ne peut plus être cantonnée à un cadre national". Les partisans de la survie de l'euro placent leurs espoirs dans les nouveaux instruments communautaires comme le mécanisme européen de stabilité financière, efficace à partir de juillet 2013. Il faut "une vision claire et partagée pour guider l'action" des politiques européennes, concluent-ils.
Pour d'autres, tirer les leçons de la crise c'est aussi reconsidérer l'importance de la monnaie unique dans l'UE.
Moraliser
Dans une analyse pour la fondation Schuman, le directeur général de la Financière de la Cité, Emmanuel Sales, interprète la crise financière comme un rappel salutaire "à nos obligations".
"Accoutumés à l'utilisation de la monnaie unique, nous en avons oublié le trésor", écrit-il. Pour lui, la fin de la zone euro serait synonyme de la "fin de ce système moral" que représente l'euro. Pour repolicer les pratiques économiques des Européens, le chercheur appelle au "retour à l'équilibre des comptes publics" via "une réforme en profondeur des activités financières".
Mais cette refonte devra tenir compte de la nouvelle donne européenne : les banques et les institutions étatiques sont plus que jamais interdépendantes, précise Nicolas Véron, de Bruegel.
Réinterpréter
L'économiste prend pour exemple les résultats des tests de résistance européens, rendus publics le 15 juillet. Huit banques seulement ont été recalées sur un total de 90, mais le bilan ne rassure pas les marchés. "Cela ne changera pas la donne, contrairement à ce qui aurait pu se passer deux ans en arrière", tranche Nicolas Véron. Autrement dit, les pays en proie au surendettement continueront d'attiser la suspicion des marchés, même si leurs banques sont solvables.
"La crise a révélé que le marché bancaire ne peut pas être pleinement intégré, tant que les banques peuvent implicitement compter sur le renflouement des Etats, fiscalement souverains", observe-t-il.
Relativiser
"Chacun sait, à la fin, que l'Europe aidera la Grèce", écrivait dans son éditorial du 22 juin le président de la fondation Robert Schuman Jean-Dominique Giuliani. Une conviction qui sera mise à l'épreuve de la réunion des dirigeants de l'eurozone, le 21 juillet. Pour le président du think tank, seul "un budget européen véritable" pourra mettre fin à la vulnérabilité de l'Union monétaire.
Avec, à terme, une participation des ressources propres européennes à hauteur de 20% de l'enveloppe totale. "Sortir du punitif" et adopter "des règles budgétaires communes (…) assorties de décisions nationales", tel est l'antidote selon Jean-Dominique Giulani.
A la tête de cette nouvelle architecture budgétaire, le président de la fondation Schuman place "un secrétaire d'Etat européen au Trésor", à qui il donne le pouvoir "de décider des grandes orientations de politique économique et budgétaire".
"On joue à se faire peur et cela est dangereux", conclut-il.