TOUT EST DIT

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lundi 11 juillet 2011

Un avenir doré pour la Grèce

European Goldfieds vient de recevoir l’autorisation d’extraire de l’or du sous-sol grec. Le mineur deviendrait ainsi le premier producteur d’or primaire en Europe.
La Grèce va-t-elle bientôt rouler sur l’or ? Malgré l’état déplorable de ses finances, une entreprise minière cotée à Toronto et sur l’AUM à Londres, European Goldfieds, vient enfin de recevoir les autorisations environnementales nécessaires pour exploiter des mines d’or et d’autres métaux situées dans le nord-est du pays. La Grèce renouera ainsi avec une tradition qui remonte à l’âge du bronze avec l’exploitation des mines d’argent du Laurion qui avait participée à la richesse d’Athènes. Le mineur, qui compte parmi ses actionnaires Blackrock et Fidelity ainsi que le géant grec de la construction, Ellaktor, estime les réserves de ses projets en Grèce à 9,92 millions d’onces d’or, 79 millions d’onces d’argent, 1,49 million de tonnes de zinc et de plomb et 789 000 tonnes de cuivre.

C’est le ministre grec de l’Environnement, de l’Energie et du Changement climatique, Giorgos Papakonstantinou, qui a finalement signé une autorisation qui attendait depuis avril 2006. « Le nouveau ministre comprend bien la croissance et les créations d’emplois que peuvent amener cette entreprise, aussi bien que son côté environnemental », a apprécié le PDG du mineur, Martyn Konig.  Pour construire les sites miniers et les capacités métallurgiques nécessaires au projet, European Goldfieds va annoncer d’ici à trois mois les modalités de financement des 500 millions de dollars qui seront investis dans les deux premières années. Les marchés seront plus ouverts à financer notre entreprise qu’à prêter à l’Etat, a souligné le dirigeant, précisant qu’il disposait déjà de l’équipement et de la main-d’œuvre indispensable au lancement du projet. 

Le premier métal jaune sera extrait du traitement de stériles au cours du premier trimestre 2012. Globalement, trois sites miniers seront exploités dans la région de Kassandra, proche de Thessalonique, et développés par Hellas Gold, filiale à 95% d’European Goldfieds. Le mineur produit déjà du plomb, du zinc et de l’argent de la mine de Stratoni. L’exploitation des stériles du gisement d’Olympias produira 63 000 onces d’or par an plus de l’argent, du plomb et du zinc. Une mine souterraine produira 125 000 onces d’or supplémentaires à partir de fin 2015. Un autre gisement, Skouries, devrait entrer en activité début 2014 avec une production initiale de 350 000 onces d’équivalent or. A terme, ce sont 1 800 emplois qui seront créés en Grèce grâce à un investissement global de 1,3 milliards de dollars durant les 25 années de vie attendues des projets miniers. European Goldfieds compte devenir le premier producteur d’or primaire en Europe, ayant également des projets en Roumanie et en Turquie.

Le commentaire politique de Christophe Barbier




Bataille diplomatique en Syrie

Il y a trois ans, le 14 juillet 2008, le président syrien Bachar El-Assad dominait de son long cou la tribune officielle installée place de la Concorde, à Paris. On célébrait alors la naissante Union pour la Méditerranée. La stabilisation du Liban, l'antagonisme avec l'Iran, tout plaidait pour ce rapprochement spectaculaire avec Damas. Paris jouait les éclaireurs pour que la Syrie ne fût plus perçue par Was-hington comme un État voyou. C'était une volonté occidentale, c'était aussi une visée stratégique syrienne, sous la férule d'un président Bachar, alors encore soutenu par son peuple pour ses proclamations d'ouverture.

Trois ans plus tard, changement de décor. Changement brutal. Ce ne sont plus les soldats français qui défilent pacifiquement devant le grand Bachar, mais les ambassadeurs de France et des États-Unis en Syrie. Ils étaient, non sans courage, jeudi et vendredi, dans les rues de la ville d'Hama, un des hauts-lieux de l'insurrection en cours depuis quatre mois, assiégée par l'armée syrienne. Une ville où fut perpétré en 1982, loin de toute caméra, le pire massacre contre les Frères musulmans par le régime d'Hafez El-Assad, le père de l'actuel président.

En envoyant leurs ambassadeurs, Paris et Washington ont posé un acte politique dont il est difficile de mesurer tous les ressorts. Les deux hommes ont pu sonder la poche de résistance la plus irréductible au régime en place. Cela pourrait ne pas être anodin si les événements devaient s'accélérer, dans les prochaines semaines.

Mais, avant tout, il s'agit clairement d'un signal de soutien à la population civile, alors que les manifestations ne faiblissent pas dans toute la Syrie et particulièrement à Hama, semée de barricades. Un signal qui a sans doute permis, vendredi, de retenir le bras répressif de l'appareil sécuritaire.

À l'égard du régime, ce geste a, en revanche, tout d'un défi. Depuis quatre mois, Damas agite la théorie du complot étranger et dénonce les infiltrations salafistes qui attiseraient la révolte pour déstabiliser le pouvoir alaouite. C'est une figure classique de tout pouvoir autocratique menacé.

Ce que le régime refuse pourtant de voir, c'est que la fermeture du pays à tout média étranger et la férocité de sa répression, qui aurait fait plus de 1 400 morts depuis quatre mois, réduisent chaque jour davantage les chances d'une transition. Le simulacre de dialogue national ouvert, hier, à Damas, boycotté par les opposants tant que les chars menacent la population civile, n'a aucune chance d'aboutir si Bachar El-Assad ne renoue pas avec le semblant de vélléité de réforme qui lui a valu de succéder à son père avec un certain consensus.

Le peut-il ? À Paris comme à Washington, on a le sentiment que la marge est devenue très très faible. Pour ne pas dire presque nulle. L'onde de choc du Printemps arabe a rendu caduques les stratégies de statu quo. Or, une Syrie instable est un poison pour toute la région. À un tel degré que l'Iran, Israël et l'Arabie Saoudite ont, sur ce point, le même avis.

L'impasse dans laquelle se trouve le pays, c'est en fait celle du parti Baas. Sa nature laïque a pu faire office de garantie contre l'éclatement communautaire à la libanaise, mais son fonctionnement liberticide le rend incapable de se réformer pour espérer perdurer dans le changement. Assad tente ainsi de gagner du temps. Paris et Washington de conjurer une alternative redoutable entre la répression féroce et le chaos.

Combattre ou pas les boules puantes

Si la rumeur est le plus vieux média du monde, c'est bien parce qu'elle est gratuite, au sens propre comme au figuré. Elle est l'arme des lâches. Pour répandre la calomnie, la politique a toujours constitué pour elle un terreau très fertile. Quel bel outil de déstabilisation ! Serait-elle en train de devenir un poison démocratique ? La conjugaison de deux phénomènes le fait craindre : le web en créant un emballement médiatique et en consacrant l'anonymat ; la vie publique et la vie privée en se mélangeant sans pudeur. Martine Aubry le vérifie à ses dépens, elle qui pourtant veille sur son jardin secret. Sur les moteurs de recherche, trois suggestions sont associées à son nom : son mari, sa santé, l'islam. Elle serait atteinte d'une prétendue tumeur au cerveau, d'une addiction supposée à l'alcool, et mariée à l'avocat des causes islamistes. La candidate à la primaire socialiste a choisi, non de se taire, mais de tordre le cou aux malveillants. On comprend son souci d'éteindre l'incendie avant la présidentielle pour ne pas avoir à répondre à des questions qui, bâties sur du sable, salissent sa réputation. Défendre l'honneur de son mari démontre une attitude courageuse. Cette stratégie n'est pas sans risques. Le premier est de se victimiser, de crédibiliser ce qui par nature est incontrôlable. Parler, c'est d'une certaine façon donner corps à l'insanité, au ragot. De même, quand elle assure détenir des témoignages, doit-elle en tirer les conséquences et attaquer ses accusateurs en justice. Ceux-ci toutefois se déshonoreraient s'ils se trompaient de cible : Martine Aubry, c'est l'adversaire politique ; l'ennemi, c'est la rumeur.

La rumeur nait souvent d'un murmure de vérité.
Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose, disait Francis Bacon.
Si Martine Aubry se défend, c'est qu'il y a matière à défendre, non ?

Réunion d'urgence à Bruxelles lundi sur la Grèce et l'Italie

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy organise lundi matin une réunion d'urgence où sont conviés de hauts responsables européens pour évoquer la question de l'aide à la Grèce et les pressions exercées sur l'Italie par les marchés, a-t-on appris dimanche de sources européennes.
Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn ont été invités à cette réunion, ont dit les sources.
Dirk De Backer, porte-parole de Herman Van Rompuy a déclaré "qu'il s'agissait d'une réunion de coordination et pas d'une réunion de crise", ajoutant que l'Italie ne serait pas au menu sans pour autant donner de détail sur les dossiers qui seront à l'étude.
Deux sources ont toutefois déclaré à Reuters que la situation italienne serait évoquée.
L'ITALIE ATTAQUÉE
L'objectif est qu'un consensus se fasse parmi les responsables européens avant que ne soit organisée, lundi également, une réunion des ministres européens des Finances qui doivent s'entretenir du dossier grec et des résultats des tests de résistances subis par les banques européennes qui seront communiqués vendredi 15 juillet.
La crainte de voir la crise de la dette souveraine se propager aux obligations d'Etat italienne a accentué vendredi la glissade des marchés d'actions transalpins.
L'écart entre le rendement de l'emprunt italien à dix ans et le papier allemand à même maturité a touché vendredi un plus haut historique depuis la création de l'euro aux alentours de 2,45 points de pourcentage, portant le rendement italien à 5,28%, à quelques encablures de la fourchette de 5,5% à 5,7% que certains banquiers présentent comme critique pour l'économie du pays.
Le cours des actions des plus grandes banques italiennes a dévissé lors de la dernière séance de la semaine dernière, à l'image de celui d'UniCredit, en baisse de 7,9%.
La pression des marchés sur les actifs italiens s'explique à la fois par l'endettement de l'Italie, qui détient le ratio dette/PIB le plus élevé de la zone euro et par la mollesse de l'économie du pays.
Le sort de Giulio Tremonti, ministre des Finances du gouvernement de Silvio Berlusconi, est également suivi de près, ce promoteur de baisses drastiques dans le budget italien étant dans le collimateur du président du conseil.
"On ne pourra pas se permettre beaucoup d'autres jours comme celui de vendredi", a déclaré un responsable européen, avouant que les instances européennes nourrissaient de grandes inquiétudes sur la question italienne.
Rédaction de Bruxelles, Nicolas Delame pour le service français

La Grèce ou le théâtre d'ombres européen

Alors que l'Europe vient d'adopter un nouveau plan de sauvetage pour la Grèce, Roland Hureaux juge cet acharnement thérapeutique inutile. Selon lui, même si l'Allemagne, mais aussi la France, cherchent à sauver la face, les dirigeants européens savent pertinemment que la situation est désespérée et devraient plutôt songer à préparer l'après-euro. 

Que la situation de la Grèce  soit désespérée  - au moins si on pense que son salut est de rester dans l’euro – qui en doute encore ? Des taux d’intérêts de plus en plus élevés, des plans d’austérité qui l’enfoncent dans la récession,  un endettement de plus en plus lourd, une population de plus en plus révoltée par les  médecines de la BCE et du FMI : qui peut sérieusement croire que la Grèce s’en sortira sans quitter l’euro ?

Si elle quitte l’euro, la pilule sera certes au moins aussi amère pour elle,  ce que ne manquent pas de rappeler les partisans de la monnaie unique, mais elle lui laissera au moins l’espoir d’un redressement, espoir qui, dans la situation actuelle, n’existe pas.

Il est impossible que ceux qui nous gouvernement ne sachent pas tout cela. Alors, pourquoi prolonger la vie du moribond, de plan de sauvetage en plan de sauvetage, comme viennent de le faire encore les Européens la semaine dernière ?

L’aide apporte à la Grèce est certes conditionnée par des exigences chaque fois plus rigoureuses ; mais personne ne pense plus sérieusement que ces exigences, qui surpassent largement les capacités de l’économie et de la société grecque, seront  jamais satisfaites.
  
En fait, ces exigences servent surtout à sauver la face des principaux décideurs. Elles permettent à Angela Merkel qui, au fond, sait qu'elle ne pourra pas refuser une aide supplémentaire, de la faire accepter à une opinion réticente. En France où l’aide est, au contraire, plutôt populaire (par l’inconscience de  l’opinion !), le président se valorise en paraissant faire plier l’Allemagne, alors qu’au fond, les positions des deux pays sont identiques.
 
Pourquoi cette comédie ? 
D’abord, parce que les dirigeants occidentaux peuvent légitimement craindre que l’effondrement de la Grèce (qui pèse tout de même plus que Lehman Brothers) ait  des conséquences incalculables et cela, bien au-delà de l’Europe. Cet effondrement peut relancer la crise mondiale, provoquer une  nouvelle panique boursière ou bancaire. On comprend que personne ne veuille  prendre la responsabilité de déclencher un tel cataclysme, même en sachant  la fin de l’euro inévitable.

En France et en Allemagne, la menace se trouve redoublée du fait de l’engagement des banques auprès de l’Etat grec. La faillite de la Grèce ne serait-elle pas aussi celle du Crédit agricole et de la BNP-Paribas ?  On peut le craindre. Bien sûr, l’Etat viendra à leur secours, mais comme les règles du jeu entre les Etats et le système bancaire n’ont pas été posées clairement depuis la dernière crise, tout le monde est dans l’incertitude. Les Etats font comme si leur appui à un système bancaire défaillant n’était pas acquis d’avance ; ils se gardent, sans doute faute de courage politique - ou même d’indépendance - face au lobby bancaire, d’en poser les conditions (qui pourraient être par exemple une participation au capital et une amputation des bonus au prorata de l’aide !). La véritable incertitude, paradoxalement,  ce n’est pas la Grèce : toute personne sensée sait  qu’elle ne remboursera pas ; c’est ce qui se passera après – or cela, c’est précisément ce qu’on devrait prévoir et qu’on ne prévoit pas.

Ajoutons que dans les méandres du système bancaire international, les obligations grecques, comme les subprimes américaines, sont, tant que la Grèce ne s’est pas effondrée, plus rentables que d’ autres  placements. Dans un portefeuille, les obligations grecques viennent, selon l’expression des traders, « dynamiser »  la gestion des portefeuilles : tant que la pauvre n’est pas mort, l’usurier fait son beurre… S’il n’y avait que des emprunteurs solvables, le métier n’aurait, au sens propre, pas d’intérêt !

La crédibilité de la classe politique en cause

Mais par derrière ce qu’il faut bien appeler un acharnement thérapeutique, se trouve aussi le fait que la classe politique de toute  l’Europe occidentale a engagé sa crédibilité sur l’euro, comme la classe politique de l’Union soviétique sous Brejnev avait engagé sa crédibilité sur la théorie communiste. Cela entraîne une incapacité intellectuelle à voir au-delà et donc le refus collectif de considérer  que  le système pourrait avoir une fin.

Je demandai  une fois à un proche de Sarkozy ce qu’il ferait si l’euro s’effondrait avant mai 2012. Il me  répondit  tout à trac : « Combien faut-il mettre au pot pour que l’euro tienne jusque là ! ». Etonnante réponse ! Il aurait pu  dire : le président est un leader de crise, il saura bien gérer ce genre de situation. Non : le scénario d’une élection présidentielle française après un éclatement de l’euro, pour un certain establishment, est inenvisageable. Le débat sur ce sujet capital est tout aussi absent - qui s’en étonnera ? - de la primaire socialiste.

Autre question : qu’est-ce donc qui peut mettre un terme à cette politique de sauvetage à la petite semaine  et donc  précipiter la fin de l’euro ? Une partie de la réponse réside dans le peuple grec : s’il se révolte de manière si violente  que les engagements de son gouvernement perdent toute crédibilité, peut-être la communauté internationale se rendra-t-elle à l’évidence ?
Une autre partie se trouve chez les juristes  allemands. Certes, la  classe politique allemande  est aussi mouillée dans l’euro que la française et, même si elle a l’air de se laisser tirer l’oreille, la chancelière Merkel boira, n’en doutons pas,  le calice jusqu’à la lie,  pour les mêmes raisons que son homologue français.   Une action a toutefois été engagée devant le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe par un groupe d’économistes et de juristes hostiles à l’euro.  Le même groupe avait  déjà fait admettre à la cour suprême allemande  que le droit européen n’était  pas opposable à un certain nombre de droits fondamentaux du peuple allemand (alors qu’en France, le Conseil constitutionnel a pris le parti  inverse : rien n’est opposable au droit  européen). Il essaye maintenant de faire reconnaître, au nom du droit de propriété et donc de la stabilité de la monnaie, que l’aide à la Grèce  et aux autres PIIGS est illégale : à la fois contraire au traité de Lisbonne et au droit de propriété, car inflationniste. Jacques Sapir a  montré comment le seul moyen de sauver  encore quelque temps l’euro était de monétiser la dette des pays  les plus vulnérables et donc de   lancer l’Europe dans une spirale inflationniste. C’est ce que les Allemands  dont nous parlions  voudraient  interdire. L’affaire a été plaidée le 4 juillet. Si elle aboutit, les mains  de la chancelière seront liées.
Existe enfin la  possibilité que des fonds  de placement off shore , étrangers à la zone euro et   mal contrôlés par l’establishment  anglo-américain - s’il en existe - précipitent la crise en anticipant  l’impossibilité de la régler, du fait du peuple grec, des juristes allemands ou de toute autre cause. Ou que tout simplement les agences de notation anticipent ces anticipations : c’est ce qu’elles commencent à faire avec le Portugal ; des voix s’élèvent déjà pour les réformer ! Face la montée de la fièvre, il en est toujours pour casser le thermomètre.

Il n’y a pas de cas, aucun médecin ne nous contredira, qu’un abcès ne finisse  pas par crever.  C’est pourquoi, si la classe politique européenne est encore responsable, elle devrait déjà s’attacher à préparer  l’après-euro.

 

 

 EN BREF

 Le débat sur l’avortement refait surface

Newsweek Polska, 8 juillet 2011
"L'avortement sur un appel téléphonique", titre Newsweek Polska, notant que si la Pologne a l'une des lois les plus restrictives en Europe (seuls Malte et l'Irlande ont une législation plus stricte), "avorter est plus facile que commander une pizza." Deux possibilités existent : les cliniques privées à l'étranger, par exemple en Slovaquie, ou leurs homologues polonaises qui font leur publicité à l'aide d'euphémismes dans les journaux. Dans les deux cas, la procédure coûte au moins 500 euros. La semaine dernière, le Parlement polonais a reçu un projet de loi prévoyant l'interdiction totale de l'avortement, soutenue par 600 000 signatures. "Il n'y a aucune raison pour l'Etat de maintenir une licence légale pour tuer", explique Mariusz Dzierzawski, auteur de l'initiative.
Les opposants soutiennent qu'une législation plus restrictive ne fera que provoquer le développement de "l'avortement souterrain". Officiellement, seuls 538 avortements légaux ont été effectués dans le pays en 2010 pour une population de 38 millions d'habitants, mais des statistiques non officielles de la Fédération pour les femmes et le planning familial estiment le nombre de femmes qui ont pratiqué un avortement à plus de 100 000 par an. Cela signifie, écrit Newsweek Polska, que la législation actuelle, en place depuis 1993, qui permet l'avortement dans seulement trois cas (viol ou inceste, risque grave pour la vie ou la santé de la mère, ou dommages permanents et irréversibles pour la santé du foetus), "ne marche pas concrètement". Un récent sondage montre que l'opinion publique est divisée sur la question, avec 45% soutenant l'avortement légal et 50% en faveur d'une interdiction absolue. 


Le flou le plus total

De Morgen, 8 juillet 2011
"Pfffff"... En une page blanche, De Morgen exprime la situation de détresse dans laquelle la Belgique se trouve désormais. Le 7 juillet, Bart De Wever (N-VA), le leader du plus grand parti flamand, "a fait du petit bois" de la note que le formateur royal, le socialiste Elio Di Rupo avait présentée 3 jours plus tôt pour sortir de l'impasse institutionnelle. "La note est néfaste pour tous les habitants de ce pays et notamment pour les Flamands", a expliqué De Wever. "La surprise ne porte même pas sur le non de De Wever mais sur sa façon de le dire, estime l’éditorialiste du Morgen. Rien du tout, vraiment que dalle n'est positif dans la note de Di Rupo, qui n’a pas seulement été complètement rasée, mais carrément enterrée à plusieurs mètres sous terre". Et maintenant ? Telle est la grande question que la presse belge se pose. Di Rupo, qui rend compte au roi ce vendredi, n'a pas voulu réagir, mais il semble "particulièrement inquiet quant à l’avenir du pays", conclut le journal.


Murdoch sacrifie News of the World

The Times, 8 juillet 2011
Le geste est radical. Face aux révélations sur les écoutes téléphoniques effectuées par le News of the World sur des dizaines de personnes, le patron de NewsCorp, Rupert Murdoch, a décidé de fermer l'hebdomadaire vieux de 168 ans. "Un morceau d'Angleterre est mort hier, et c'est un moment de deuil", écrit le Times, le quotidien phare du groupe. "Les techniques d'investigation du journal dans ce qu'elles avaient de pire ont entraîné sa fermeture. Mais dans ce qu'elles avaient de meilleur, elles ont produit de grands articles et parfois révélé de grands méfaits." Pour le Times, le scandale ne concerne que "une poignée de personnes [qui] en ont bafoué d'autres qui étaient dans le chagrin et le désespoir. Elles se sont couvertes de honte, ont détruit un journal et endommagé la confiance en la presse libre. Il faudra longtemps avant que cette confiance ne soit regagnée."
Tandis que le quotidien souligne que "la chute catastrophique de la publicité" a été le coup de grâce pour le News of the World, The Independent estime que "le journal a été sacrifié pour une femme", son ancienne patronne, Rebekah Brooks, très proche de Murdoch, qui dirige aujourd'hui le secteur presse écrite de NewsCorp.

Le Watergate des tabloïds anglais

Ça rappelle, pour de vrai, « le torrent de merde » que Manuel Valls décrit à propos du traitement médiatique de l'affaire DSK. Outre-Manche, ce sont les journaux à sensation qui, de perquisitions en interpellations, font la honte d'une nation. L'un d'eux, News of the world (NoW), publie aujourd'hui sa dernière édition. Sabordé par l'homme de presse le plus puissant au monde. Sacrifié sur l'autel du scandale, retentissant, des écoutes illégales. Ce fleuron de l'empire Murdoch avait bâti son succès sur le scoop glauque, l'info trash, la révélation racoleuse. Sans doute, au royaume des tabloïds à gros tirage, se croyait-il protégé par une sorte d'impunité monarchique, ou d'immunité qu'est censée délivrer une audience populaire sans pareille. Sauf que NoW est passé du cochon au crapoteux, du « sexus politicus » à l'espionnage, de méthodes d'investigation louches à des actes d'intrusion dans la vie privée de milliers de personnes. Des « people » ? Pas seulement. Des victimes d'attentats, de la guerre en Afghanistan ou de faits divers sordides ont été les proies de détectives privés et de journalistes qui pirataient leurs téléphones portables pour jeter leurs malheurs en pâture. Le fond du caniveau fut atteint avec la mise sur écoute de la messagerie d'une adolescente assassinée, que ses parents croyaient vivante. S'il fallait une morale à l'histoire : le scandale arrive par ceux, des journaux conservateurs, qui n'ont eu de cesse de dénoncer des pratiques immorales. L'affaire secoue le pays, éclabousse le premier ministre. C'est tout le système politico-médiatique qui est mouillé ; la confiance envers l'un des piliers de la démocratie, ébranlée.

Copé et la France rabougrie du PS et du FN

Dimanche à Maussane, Jean-François Copé a appelé à la mobilisation des troupes UMP pour faire gagner Nicolas Sarkozy en 2012. 

La campagne est lancée. Elle l'est depuis longtemps déjà et l'on s'en était bien aperçu en écoutant attentivement les échanges « cordiaux » entre les dirigeants de l'UMP et ceux du PS. Mais, dimanche, au moins pour un tant, la politique a repris ses droits et juste après avoir qualifié d' « entourloupe » socialiste la volonté affichée par Martine Aubry de porter plainte contre les sites Internet qui colportent la rumeur selon laquelle son époux serait un avocat islamiste, Jean-François Copé a appelé son camp à la mobilisation. 
Devant 2.000 militants réunis à Maussane, Jean-François Copé a motivé ses troupes. La veille, il avertissait par voix de presse Jean-Louis Borloo contre le risque d'un « 21 avril à l'envers ». Dimanche, il prônait la mobilisation générale car c'est, selon lui, l'unique moyen pour l'UMP d'éviter une claque électorale. L'objectif officiel est donc clair : une victoire de Nicolas Sarkozy lors de la prochaine élection présidentielle, face au PS et au FN qui « nous proposent une France rabougrie ». 

Tacles sur Le Pen, Hollande et Aubry

« Je mesure combien les Français attendent de nous de faire des propositions concrètes face aux injures, aux clameurs et aux attaques personnelles », a déclaré Jean-François Copé. Plus d'attaques personnelles, donc. Enfin, pas tout à fait puisque le secrétaire général de l'UMP n'a pas râté l'occasion d'allumer Marine Le Pen, François Hollande et Martine Aubry. 
Sur la première, Jean-François Copé a qualifié ses idées de « folles ». Et, selon lui, la présidente du Front national « a ceci de commun avec la gauche, c'est qu'elle incarne toutes les formes de conservatisme ».
Sur le second, le secrétaire général s'est largement moqué du style made in Hollande. L'ancien premier secrétaire du PS entend être, s'il est élu, un président « normal ». Réponse de Copé ? « M. Hollande mesure sans doute les critères de normalité (...) par rapport aux socialistes, ses amis, a-t-il déclaré. (…) Je vous laisse imaginer la campagne d'idées courageuses qu'il va nous faire. »
Quant à la troisième, Jean-François Copé s'est une nouvelle fois étonné des rumeurs qui porte sur le mari de Martine Aubry, et sur les insinuations de cette dernière, déclarant dimanche au JDD qu'elle savait très bien « qui les lance (ces rumeurs)». 
Les idées attendront encore un peu. Pour mobiliser, rien de tel que de cibler les adversaires.