TOUT EST DIT

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mardi 21 juin 2011

Le commentaire politique de Christophe Barbier




Grèce : une aide sous condition

Dimanche soir, la zone euro a ouvert la voie au versement d'une tranche de prêts d'urgence à la Grèce, mais à condition qu'Athènes fasse aussi des efforts.
 Oui, mais. A l'issue d'une énième réunion sur la crise grecque entamée dimanche à Luxembourg, et qui a duré jusque tard dans la nuit, les ministres des Finances de la zone euro ont laissé entrevoir à la Grèce un déblocage "d'ici mi-juillet" de la prochaine tranche des 110 milliards d'euros de prêts qu'ils ont promis l'an dernier au pays avec le Fonds monétaire international. Ils l'ont toutefois lié "à l'adoption de législations clés sur la stratégie budgétaire et les privatisations par le Parlement grec".
 La Grèce doit montrer "d'une façon crédible" qu'elle tient ses engagements, et pour cela "il faut attendre le vote final sur le programme" sur lequel elle s'est engagée envers ses interlocuteurs internationaux, a insisté le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker. "Pour prendre la décision (sur le déblocage des prêts) début juillet, nous aurons besoin d'avoir la décision du Parlement grec" sur un nouveau plan d'austérité et de privatisations, lui a fait écho le ministre belge, Didier Reynders.

Ce plan, sur lequel le Parlement grec doit se prononcer d'ici fin juin, est si impopulaire que le Premier ministre socialiste, Georges Papandréou, a été obligé de remanier son gouvernement pour améliorer les chances qu'il soit adopté. Il a encore réclamé dimanche un "accord national" des partis politiques à un "moment crucial" pour le pays. Mais l'opposition s'y refuse jusqu'ici, et réclame des élections anticipées.
 
Vers un deuxième plan pour éviter une faillite

Au-delà des financements immédiats, la zone euro doit aussi mettre sur pied un deuxième plan d'aide pour éviter une faillite de la Grèce à plus long terme, car les premiers prêts promis l'an dernier s'avèrent insuffisants. Les "paramètres principaux d'une nouvelle stratégie de financement claire" devraient être définis "d'ici début juillet", ont assuré les ministres, qui commencent enfin à parler d'une seule voix sur l'un des points les plus sensibles, la participation des banques et autres créanciers privés d'Athènes. Berlin notamment exige depuis le début cette participation du privé au deuxième plan d'aide, qui s'ajouterait à de nouveaux prêts et à des privatisations. Le volume total se chiffrerait ainsi à une centaine de milliards d'euros, selon plusieurs sources. Preuve de sa bonne volonté, Papandréou a indiqué que l'Etat et le gouvernement étaient "déterminés à prendre la bonne voie avec le programme".
Mais les modalités de cette participation ont longtemps fait débat, car elle risquait d'être assimilée à un défaut de paiement de la Grèce susceptible de provoquer la panique des marchés et une contagion de la crise à d'autres pays de la zone euro. "Nous nous sommes mis d'accord sur l'implication volontaire du secteur privé alors qu'il y a une semaine ou deux, différentes options étaient sur la table", s'est félicité Jean-Claude Juncker. Les ministres ont en effet salué l'objectif d'une participation privée "sous la forme de roll-overs informels et volontaires de la dette grecque existante arrivée à maturité", selon leur communiqué.

Le "debt roll-over" désigne, en jargon financier, le fait que les créanciers, quand leurs prêts arrivent à maturité, les remplacent par d'autres de même montant. C'est le scénario qui était défendu notamment par la France, la Commission et la Banque centrale européenne. Les ministres soulignent que cette opération devrait représenter un apport "substantiel" au programme grec, une autre exigence de Berlin, "tout en évitant un défaut (de paiement) sélectif" du pays, qui par effet de domino risquait de mettre toute la zone euro en danger. Les ministres de la zone euro se retrouveront le 3 juillet pour une réunion extraordinaire avec l'objectif de finaliser l'aide financière.
Un référendum de la Constitution à l'automne
Un référendum sur une réforme de la Constitution se tiendra en Grèce à l'automne pour tenter de mettre un terme à la crise, a annoncé lundi le nouveau porte-parole du gouvernement, Elias Mossialos. Il sera "précédé, en septembre, d'un large dialogue auquel seront conviés tous les citoyens soucieux d'exprimer leurs points de vue", a déclaré à la presse M. Mossialos. "La réforme constitutionnelle inclura prioritairement le système politique lui-même et les troubles auxquels il fait face", a-t-il ajouté sans autres précisions.

Dette : Fitch menace à son tour les Etats-Unis

L'agence de notation a menacé ce mardi de placer la note souveraine des Etats-Unis en surveillance négative si le plafond d'endettement de l'Etat n'était pas très vite relevé.

L'agence de notation Fitch a menacé ce mardi de placer la note souveraine des Etats-Unis en surveillance négative si le plafond d'endettement de l'Etat n'était pas relevé d'ici le 2 août prochain.
"Si nous arrivons au 2 août sans une hausse du plafond d'endettement, Fitch placera sous surveillance négative la note souveraine des Etats-Unis", a indiqué Andrew Colquhoun, en charge des questions de dette souveraine chez Fitch pour l'Asie Pacifique, lors d'une conférence.
Le Trésor américain a prévenu que l'Etat commencerait à faire défaut à ses obligations si le Congrès ne relevait pas le plafond d'endettement fixé pour le moment à 14.300 milliards de dollars d'ici le 2 août.

Le sacre d'une pratique populaire

Quand François Mitterrand est élu président de la République, en 1981, la gauche n'a pas encore idée du pouvoir d'attraction de la musique chez les Français. Certes, elle en a eu un avant-goût place de la Bastille, le soir du 10 mai, mais personne n'imaginait possible d'instituer une fête nationale populaire. Il suffisait pourtant, ce soir-là, d'observer à Paris, Marseille ou Nantes, la place symbolique accordée à la chanson, à la poésie et aux instruments pour deviner qu'un désir nouveau d'expression avait émergé.

Entre-temps, les nouvelles générations s'étaient mises à fréquenter les conservatoires ouverts sous Malraux puis, sous l'influence de la pop et du rock, à acheter des instruments de musique (plus de 4 millions !). C'est si vrai que lorsque Jacques Higelin, figure de proue artistique de la gauche se met, le 21 juin 1982, à crier Beauté Crachée sur son char, entre Bastille et République, la foule y a reconnu une sorte de sacre de la pratique musicale populaire.

La Fête de la musique était née. Dans sa cacophonie naturelle, elle a offert, sous les auspices de Jack Lang, le visage pluriel et coloré d'une nouvelle conception de la fraternité républicaine. Trente ans après, cette fête reste une énigme. Non seulement elle perdure, mais elle a pris racine dans près de 120 pays ! Même à New York, où on l'a longtemps boudée, elle est aujourd'hui devenue un must.

Les raisons d'un tel succès sont à rechercher à la fois dans son principe et dans ses objectifs. Sur le fond, la Fête a, malgré les vaines tentations politiques de la contrôler, réussi à conserver son caractère spontané, voire « libertaire ». Même si le ministère de la Culture en est le facilitateur, il n'intervient aucunement dans les choix artistiques. Ce sont, pour l'essentiel, les associations, les collectivités locales, les musiciens eux-mêmes qui en décident. Un site (www.fetedelamusique.culture.fr) sert seulement de plate-forme technique à la régulation générale, et ça marche.

Quant à ses finalités, la Fête incarne, le jour du solstice d'été, l'idée que les amateurs et les professionnels, les jeunes comme les moins jeunes, les spectateurs comme les musiciens, toutes les musiques sont sur un même pied d'égalité. Ils sont, d'après d'Insee, 79 % de Français à avoir participé à la Fête au moins une fois en tant que spectateurs ; un sur dix à y avoir joué ou chanté alors qu'en 2010, 1 700 000 jeunes Français pratiquent désormais un instrument. Et malgré les contraintes sécuritaires qui pèsent de plus en plus sur l'organisation de cet événement, des millions de gens sont et seront dans la rue, partout dans le monde au même moment. Peut-être est-ce tout simplement là la magie de cette fête...



(*) Auteur de 21 juin, le Sacre musical des français, au Seuil.

Quoi de neuf, docteur ?

Pour être franc, pas grand-chose. Rien n'a vraiment changé depuis hier matin. Les ministres européens sont toujours en train de passer leurs journées en meeting, à vérifier leurs mails sur leurs BlackBerry, pendant que tour à tour ils passent à la tribune pour donner leur avis sur les solutions à employer pour sauver la Grèce, mais comme ils ne s'écoutent pas mutuellement, vu qu'ils vérifient leurs mails sur leurs BlackBerry, à la fin on repousse la décision encore et encore. Finalement, on n'est pas plus avancés qu'avant mais comme on ne peut quand même pas simplement rentrer à la maison sans avoir rien fait ; on interprète.

Oui, les intervenants interprètent les « non-actions » de nos responsables politiques. Dans un premier temps, les intervenants européens ont assez mal vu la chose, envoyant l'ensemble des indices du vieux-continent dans le rouge. C'était sans compter sans l'optimisme latent aux USA qui estimait que tout espoir n'était pas perdu et que ces rebuffades à répétition étaient plutôt le signe « encourageant » que la Grèce obtiendrait cet argent dont elle a tant besoin. Comme vous le voyez et comme le disait Coluche ; « on s'autorise à penser, dans les milieux autorisés, qu'un accord secret pourrait être conclu »...La suite..

Cercles vicieux

Les pompiers européens n’en finissent pas d’arroser l’incendie grec. Au propre comme au figuré, puisque tous les pays de la zone euro mettent la main à la poche, y compris le Portugal et l’Irlande qui touchent eux-mêmes une aide… à laquelle contribuent les Grecs. La France a déboursé, jusqu’à présent, 8,9 milliards d’euros, sur un total de 16,8 milliards voté par le Parlement. Tant que les Grecs paient leurs mensualités, cet argent rapporte des intérêts. Problème : comme tout surendetté, ils sont contraints d’emprunter pour rembourser… leurs emprunts en cours. C’est ce qu’on appelle un cercle vicieux, ou encore une spirale infernale, dans laquelle créanciers et débiteurs sont étroitement imbriqués. Si les pays de la zone euro arrêtent de perfuser Athènes, ils ne retrouveront jamais leurs billes. Leur propre endettement grimpera en flèche, et ils seront attaqués à leur tour.

Voilà un an que la fuite en avant a débuté. Elle ne pourra pas continuer indéfiniment, car plus les Européens et le FMI aident les Grecs, plus ils leurs demandent des efforts pour être sûrs de se faire rembourser. Et ces efforts entraînent Athènes et le continent dans un deuxième cercle vicieux : l’austérité étouffe la croissance au moment où il faudrait, au contraire, la relancer au décuple !

Les médecins ont fait beaucoup de progrès depuis le Moyen Âge ; les économistes pas vraiment. Ils sont restés au bon vieux principe de la saignée. Pour un malade anémié, il y a mieux. Problème : l’Europe libérale – et même ultralibérale avec la Commission Barroso – ne peut pas imaginer d’autres remèdes que la vente des bijoux de famille. Elle demande à Athènes de privatiser jusqu’à la Poste, mais n’envisage pas une seconde de remettre en cause son mot fétiche – « concurrence » — qui, sous prétexte de gagner des parts de marchés en Asie ou en Amérique, dresse les entreprises et les peuples européens les uns contre les autres. Troisième cercle vicieux de cette crise : au lieu de renforcer la solidarité, l’UE creuse le fossé entre ceux qui, comme l’Allemagne, peuvent courir à la poursuite des Chinois, des Indiens et autres Brésiliens, et ceux qui, comme les Grecs (et les Français), tirent la langue parce qu’ils manquent de force.

On ne fera pas sortir Athènes du trou en cravachant les Grecs. Mais si ceux-ci s’effondrent, ils entraîneront dans leur chute l’ensemble de la zone euro.

Crise : 780 milliards pour sauver l'euro

Les garanties du Fonds européen de stabilité financière (FESF) seront portées par les membres de la zone euro à 780 milliards d'euros pour permettre une capacité de prêt de 440 milliards d'euros. En juillet 2013, un nouveau mécanisme succédera au FESF créé au plus fort de la crise financière le 9 mai 2010. 
 Les ministres européens des Finances de l'Eurogroupe se sont mis d'accord lundi à Luxembourg. Pour rassurer les marchés et financer le plan d'aide à la Grèce, les garanties de ce fonds ont été fortement augmentées. Jean-Claude Juncker a par ailleurs précisé que l'Estonie, qui a rejoint la zone euro début janvier, participerait désormais au fonds. Le traité permettant la création du mécanisme européen de stabilité financière à partir de mi-2013 sera signé très prochainement par les ministres européens des Finances.

« Assurer la stabilité de la zone euro »

Ce mécanisme, qui prendra la suite du Fonds européen de stabilité financière (FESF) à partir du 1er juillet 2013, ne disposera pas d'un statut de créancier préférentiel dans le cas des pays ayant déjà reçu un plan d'aide de la zone euro - Grèce, Irlande et Portugal - ce qui devrait permettre de favoriser un retour de ces pays sur les marchés. « L'accord d'aujourd'hui souligne la détermination des Etats membres de la zone euro de faire tout ce qui est nécessaire pour assurer la stabilité de la zone euro », a déclaré le président de l'Eurogroupe lors d'une conférence de presse. Le Premier ministre luxembourgeois a par ailleurs indiqué avoir convoqué pour le dimanche 3 juillet une réunion extraordinaire des ministres des Finances de la zone euro pour discuter de la situation en Grèce.

Le PCF prend sa carte chez Mélenchon

Les communistes avaient besoin d'un candidat qui ait la pêche pour aller à la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon piaffait d'impatience. Maintenant qu'il est adoubé, il peut « avoir la banane » ! Il a remporté la primaire mais il est loin d'obtenir un plébiscite car beaucoup, attachés à une certaine orthodoxie, ont manifesté leur désaccord, ou leur frustration. Sa désignation a eu des allures de parcours initiatique. Mélenchon a dû se plier à bien des exigences. À commencer par un pacte donnant-donnant : à lui le combat majeur et les tribunes télévisées, au PCF le gros du gâteau aux législatives. Le parti se devait en outre de sauver les apparences en offrant un choix aux militants. Lesquels - singularité ou anomalie démocratique - se sont prononcés après que les cadres eurent exprimé leur préférence en faveur... d'un ex-sénateur socialiste. C'est la première fois depuis le Mitterrand de la conquête du pouvoir que le PCF s'efface derrière un « faux frère », issu du trotskisme et suspect de social-démocratie. On réalise le symbole du reniement pour les communistes mais leur parti, en perte de repères et d'influence, ne pouvait risquer un nouveau crash électoral. Une aventure commence pour le Front de gauche. À moins qu'un rapport de forces s'engage. Comment, pour Mélenchon, partager un programme et mener une campagne collective quand on préfère dire « je » que « nous » ? Comment, pour le PCF, canaliser le style Mélenchon, et calmer sa boulimie médiatique ? Dans une compétition aussi personnalisée, il faut une tête de gondole. Il faut également que l'intendance suive dans l'arrière-boutique...

Crise grecque : l'Europe peut-elle encore éviter la contagion ?

Crise gouvernementale et sociale à Athènes, disputes au sein de la zone euro, notamment entre l'Allemagne et la Banque centrale européenne (BCE), exigence d'un plan de rigueur supplémentaire pour débloquer de nouvelles tranches de prêts européens et du Fonds monétaire international (FMI) alors que l'économie du pays est exsangue : les ingrédients de la crise grecque forment un cocktail explosif pour l'avenir de la zone euro.

La Grèce et sans doute aussi le Portugal n'ont probablement aucune chance de résoudre l'équation financière à laquelle on les soumet en échange de l'aide européenne.
Stabiliser la dette d'ici à 2015 et redresser la balance des paiements courants au prix d'une austérité draconienne supposerait, selon les calculs des économistes de Dexia AM, de subir une croissance légèrement négative jusqu'en 2015, et ensuite que les marchés financiers retrouvent confiance et se remettent à leur prêter à des taux abordables (pas plus de 5,5 % pour la Grèce).
SPIRALE DÉPRESSIVE
Ce scénario, hautement improbable, obligerait en outre ces pays à s'enferrer dans une spirale dépressive et déflationniste dangereuse, tuant les espoirs de sortie de crise.
Les bailleurs de fonds de la Grèce restent ainsi "prisonniers de la logique du donnant-donnant", regrette Anton Brender, directeur des études économiques de Dexia AM. "L'austérité est dangereuse car elle casse la croissance, et parce qu'elle pose un risque social extrêmement fort. Idéalement, il faudrait être capable d'aider les pays fragiles sans imposer de mesures d'austérité, et de prêter à des taux beaucoup plus faibles", plaide-t-il.
Sauf à changer de logique - monétiser la dette, financer un plan d'investissement européen -, la restructuration de la dette grecque s'imposera. Mais à quelle date ? Et à quel prix ?
Même le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, considéré comme l'un des plus coopératifs avec ses partenaires européens au sein de l'équipe gouvernementale à Berlin, veut que les créanciers privés soient mis à contribution pour toute nouvelle aide à la Grèce.
Mais la BCE est opposée à tout "événement de crédit", c'est-à-dire à toute modification des conditions de remboursement de la dette grecque qui serait considérée par les marchés financiers comme un défaut de paiement de facto.
Dans ce cas, elle refuserait de prendre en garantie les titres d'Etat grecs, asséchant les financements des banques grecques, ce qui précipiterait la sortie du pays de la zone euro. A travers le sauvetage de la Grèce - même s'il doit se faire en partie à fonds perdus - se joue ainsi l'avenir de la zone euro.
Le danger, en effet, est celui de la contagion d'un défaut de paiement grec. Selon les calculs de Dexia AM, les besoins de financements cumulés de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande atteignent 201 milliards d'euros pour les vingt-quatre prochains mois, d'ici à la mi-2013.
Cela représente une contribution des pays aidants, comme la France et l'Allemagne, de l'ordre de 2,5 points de produit intérieur brut (PIB).
"RISQUE SYSTÉMIQUE"
"Jouer aux allumettes est beaucoup plus dangereux si on est assis sur un baril de poudre. En cas de restructuration de la dette grecque, compte tenu des dynamiques à l'oeuvre sur les marchés, on est sûr de la contagion à l'Irlande et au Portugal", juge M. Brender.
L'attention se porterait alors sur les pays jugés par les marchés financiers comme à risque intermédiaire : l'Espagne, mais aussi l'Italie et la Belgique. En ajoutant l'Espagne, le montant passe à 523 milliards d'euros.
Les différents mécanismes de financements européens et du FMI - qui peuvent atteindre jusqu'à 750 milliards d'euros - permettraient encore d'y faire face, s'ils sont effectivement mis en place. Mais une contagion à l'Italie ferait plus que doubler le besoin de financement (1 123 milliards d'euros).
L'idée serait donc de gagner du temps. Mais elle n'a de sens que si l'on peut espérer, parallèlement, une reprise de l'économie mondiale, une baisse de l'euro ou encore la mise en place de financements publics - par exemple via la BCE - venant soutenir des investissements favorables à la croissance dans la zone euro, afin de contrebalancer les efforts de rigueur des comptes publics.
Cela est également logique si la solidarité européenne se renforce à terme, grâce, par exemple, à l'adoption d'un budget fédéral et des transferts fiscaux. "En gagnant du temps, on a une chance d'arriver à restructurer, à un moment où la vulnérabilité de l'Espagne aura disparu", estime M. Brender.
Si tel n'est pas le cas, en revanche, le danger persistera et le refus social ne fera que grandir dans les pays en crise. "Si la restructuration de la dette grecque avait été réalisée en octobre 2009, le risque systémique aurait sans doute été moins grand qu'aujourd'hui.
Et si on attend un an de plus, le risque sera encore plus grand", avertit l'économiste Antoine Brunet, président d'AB Marchés.
En dernier ressort, on peut alors imaginer que la BCE soit confrontée à un dilemme: laisser la zone euro exploser ou suivre l'exemple de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui, dans le cadre de ses opérations dites d'assouplissement quantitatif de la masse monétaire, a acheté, entre novembre 2010 et juin 2011, pour 600 milliards de dollars d'obligations du Trésor américain dès leur émission.
En deux ans et demi, elle a ainsi absorbé au total 2 000 milliards de dollars de titres privés et publics pour soutenir l'économie.
La "monétisation" directe de la dette est interdite par les traités européens, ce qui n'a pas empêché la BCE de procéder, face à la crise, d'abord à l'achat de 60 milliards d'euros d'obligations bancaires dites "sécurisées" sur le marché, puis, plus récemment, de 75 milliards d'euros de titres de dettes publiques grecque, portugaise et irlandaise.
Ces montants restent homéopathiques au regard du remède de cheval administré par la Fed, car la BCE ne veut prendre aucun risque inflationniste.
Mais une extension de la crise la mettrait au pied du mur. "Dans la crise de la zone euro, ça se jouera sur l'Espagne dans les prochains mois et les prochaines semaines ; ou ça passe ou ça casse", pronostiquait l'économiste Jacques Mistral, lors d'une table ronde à l'Institut français des relations internationales (IFRI), le 24 mai, sur l'avenir de l'euro.
"L'Espagne jouera le rôle de juge de paix pour dire ce que l'Europe veut ou ne veut pas, et ce qu'elle consent ou pas ", ajoutait Jérôme Cahuzac, président (PS) de la commission des finances de l'Assemblée nationale.
Il souscrit "personnellement" à l'idée que la BCE puisse monétiser directement la dette publique, comme la Fed - et non plus seulement en acheter des quantités limitées sur le marché secondaire -, y voyant "le meilleur moyen de casser les reins aux phénomènes spéculatifs" sur les titres d'Etat. "On peut regretter que l'Allemagne y soit très hostile", notait-il.
En cas de contagion de la crise grecque aux autres pays européens, la BCE aura, in fine, la réponse entre ses mains. Veiller à la stabilité des prix suppose aussi d'éviter le risque de déflation qui s'étendrait aux plus grands pays. Et c'est le rôle de la BCE d'assurer la stabilité financière de la zone euro.

Berlin enterre trop vite l’euro

En publiant l'image d'un drapeau grec recouvrant le cercueil de la monnaie unique, Der Spiegel dévoile les objectifs cachés de la politique allemande : l'hégémonie germanique, assure le quotidien athénien To Vima. 

Si la position provocatrice de la Vénus de Milo [en Une de l'hebdomadaire Focus, en 2010] était de mauvais goût, la couverture de l'hebdomadaire Der Spiegel aujourd’hui est une indécence révélatrice des intentions et des objectifs cachés de l’hégémonie de l’Allemagne, pour la Grèce mais aussi pour toute l’Europe.
Quelques jours après le rappel à l'ordre sans précédent de la chancelière Angela Merkel par le président français Nicolas Sarkozy, et ensuite, la pression du président américain Barack Obama, voilà que cette Une scandaleuse montre un drapeau grec recouvrant le cercueil dans lequel repose la monnaie unique.
S'il ne s'agit pas de la voix officielle de Berlin, cette Une révèle cependant le sentiment d’une partie de la classe dirigeante allemande, lectrice de ce journal : l'Allemagne ne souhaite pas accorder de nouvelle aide à la Grèce.
Parmi les "arguments" de l'article du Spiegel, des soi-disant vérités allemandes sont exprimées pour la première fois : la zone euro est composée d’économies qui ne peuvent pas avoir de cohérence en raison de différences structurelles de politique monétaire et économique. Selon le magazine, cette situation évolue désormais et présente un risque des plus élevés pour l'euro et pour l'Europe elle-même.

Une politique égoïste qui brise les peuples

Ce qui n'est évidemment pas mentionné, c'est que tout cela n'est pas uniquement dû à la crise de la dette grecque. Cela est causé, en très grande partie, par la volonté de l’Allemagne d’utiliser la crise grecque comme un levier pour la révision générale de la monnaie unique.
Berlin a montré sa volonté de se distinguer par une politique nationale égoïste qui brise les peuples et les Etats qui ne peuvent pas ou refusent d'y participer. Ceux qui sont incapables de répondre aux exigences allemandes n’ont plus leur place dans la monnaie unique et dans l’Europe.
Le plus frappant est que, exactement au même moment, arrive une voix inattendue d'opposition à la politique allemande qui renverse tout ce que nous savions jusqu’à aujourd'hui de la version "officielle" que tenait nos prêteurs : celle de Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe en personne et Premier ministre luxembourgeois. Dans une interview donnée au quotidien belge La Libre Belgique, Juncker dit des choses qui bouleversent la ligne dominante imposée par Berlin. Il explique, entre autres, que la peur d'une extension de la déstabilisation provoquée non par les "marchés" mais par le peuple constitue désormais une réalité dont nul ne peut prédire où, quand et comment elle finira.
Après la pression des Etats-Unis et de la France, l’Allemagne montre qu’elle perd la bataille pour son hégémonie en Europe et voilà ce qui dérange Der Spiegel et ses lecteurs. Une bataille qui consistait surtout en une politique dévastatrice pour la Grèce. 
En fait, les Allemands voulaient mettre fin à un "cauchemar", celui de pays qui ne peuvent les aider à tracer un chemin impérial. Aujourd'hui, ils voient la fin de l'euro, non parce que la monnaie unique est véritablement en fin de course, mais parce que meurt ce qu'ils voulaient faire de l’euro.
La seule chose qui leur reste maintenant est de quitter cette zone euro. Peut-être est-ce là le nouveau message caché de cette publication indécente. L'image du Spiegel montre l'euro enterré avec le drapeau grec, mais finalement, ce sont surtout les couleurs noir, rouge et or des fossoyeurs hâtifs que l'on remarque.

Requiem allemand pour la monnaie unique

Alors que Berlin hésite à venir de nouveau en aide de la Grèce, l'hebdomadaire Der Spiegel assure que non seulement l'euro tel que nous le connaissons ne peut être sauvé, mais qu'il menace l'avenir même de l'Europe. Extraits.

Depuis quatorze mois, les dirigeants de la zone euro multiplient les plans de sauvetage, se retrouvent lors de sommets à haute tension, se bagarrent pour des compromis boiteux et aggravent considérablement les risques pour l’Union. Depuis quatorze mois, ils évitent aussi de se rendre à l’évidence : cela ne peut pas continuer ainsi. Tel qu’il a été conçu, l’euro n’existe plus, et l’union monétaire européenne ne fonctionne plus. Ce qu’il faut, c’est un plan B.
Le manque de légitimité démocratique des "renfloueurs" est aujourd’hui devenu le premier handicap dans la gestion commune de la crise. Oublié le temps des débats subtils pour savoir si le Parlement européen associait les citoyens de manière juste et proportionnelle aux décisions du Conseil et de la Commission. Quand les choses deviennent sérieuses, comme c’est le cas aujourd’hui, les décisions ne sont plus prises par des organes globalement démocratiques, désormais, mais lors de sommets plus ou moins secrets réunissant une poignée de dirigeants.

Le projet de paix pourrait bien finir en guerre économique

Les citoyens s’en irritent. La crise de la dette a d’ores et déjà blackboulé deux gouvernements européens, en Irlande et au Portugal, et l’Espagne et la Grèce pourraient bientôt suivre. Pour les Allemands aussi, ce sera dur. Une ligne de fracture court à travers tout le continent, séparant ceux dont les besoins d’argent sont croissants de ceux qui doivent les financer. Des Grecs frustrés s’en prennent aux Allemands, lesquels s’en prennent aux Grecs, aux Portugais, aux Espagnols et aux Italiens. L’unité européenne, un projet politique censé apporter la paix sur le continent, menace de finir en guerre économique entre ses Etats membres.
L’euro, créé dans le but de souder durablement l’Europe, est devenu la menace numéro un pour l’avenir du continent. La désintégration de l’union monétaire ramènerait l’Europe plusieurs dizaines d’années en arrière – un coup dont elle ne se relèverait peut-être jamais, d’autant que sa position est menacée par les nouvelles puissances asiatiques. C’est pourquoi les dirigeants européens veulent à tout prix défendre l’euro. Et c’est pourquoi ils enchaînent les plans de sauvetage. Ils veulent gagner du temps. Ils espèrent que les marchés se calmeront et que leurs réformes feront effet.
Malgré toutes les mesures d’aide et tous les risques endossés par leurs renfloueurs, les pays malades de la zone euro en sont au même point qu’ils étaient voilà déjà plus d’un an : au bord du gouffre. Les primes de risque sur leurs obligations souveraines ont atteint de nouveaux records, et les Grecs ont besoin d’argent frais pour éviter la banqueroute. Le risque que la crise ne gagne d’autre pays de la zone euro est loin d’être écarté.
Schématiquement, deux options s’offrent à l’Union. La première est radicale : les dirigeants européens mettraient le holà et abandonneraient les pays malades à leur propre sort. La seconde est plus pragmatique : les pays concernés poursuivraient leur route, cahin-caha, avec un peu plus de rigueur, toutefois, en priant pour le rétablissement. Aucune des deux solutions ne sera bon marché.

La réintroduction de la drachme de plus en plus envisagée

Un traitement de choc fonctionnerait de la manière suivante : déçus par les maigres progrès réalisés et par l’absence de lumière au bout du tunnel, les pays de la zone euro abandonneraient la Grèce à sa destinée. Après les millions déjà déboursés, ils ne veulent plus rien donner à Athènes. Rapidement, le pays, dans l’impossibilité d’emprunter sur les marchés, deviendrait insolvable. Comme les établissements de crédit grecs supportent encore une part considérable de la dette souveraine du pays, le secteur bancaire pourrait alors connaître des faillites en série. Cette approche présente également un risque de contagion. Si la Grèce sombre dans une banqueroute incontrôlable, les investisseurs risquent de refuser d’investir dans d’autres pays malades. Et d’autres banques se trouveraient menacées dans la réaction en chaîne ainsi déclenchée.
Face à des scénarios aux conséquences incalculables, beaucoup envisagent sérieusement la solution de dernier recours : la Grèce quitterait l’union monétaire et réintroduirait la drachme. Le gouvernement d’Athènes caressait déjà l’idée voilà quelques semaines et, aujourd’hui, des économistes de renommée internationale appuient à leur tour cette option. Elle a notamment les faveurs de Nouriel Roubini, économiste à l’Université de New York. D’après le célèbre économiste, le seul moyen pour la Grèce de retrouver la compétitivité est de dévaluer sa propre devise. Toutes les crises financières ont montré que seule une dévaluation de la devise nationale permettait de remettre en selle une économie, argumente-t-il.
Mais la crise ne s’arrêterait pas avec l’éviction de la Grèce. En réalité, celle-ci pourrait même l’aggraver. Les dettes du pays changeraient de devise du jour au lendemain. Leur valeur s’envolerait rapidement, en raison de la dévaluation de la drachme, et les emprunteurs grecs auraient énormément de mal à honorer leurs engagements. Les banques seraient une nouvelle fois sous pression, non seulement en Grèce, mais aussi dans le reste de la zone euro. Il faudrait encore une fois mettre en place des mesures d’aide au secteur bancaire.
Au bout du compte, l’union monétaire risquerait d’être divisée en deux camps : d’un côté les pays dotés d’une même devise forte, de l’autre un groupe de pays revenus à leur monnaie nationale, faible. Cette solution trouve le soutien des détracteurs de l’euro, comme Wilhelm Nölling, un ancien membre du conseil d’administration de la Bundesbank.
Avec un groupe de personnes partageant les mêmes vues, il avait déposé jadis une plainte contre l’introduction de l’euro auprès de la cour constitutionnelle fédérale, sans succès, et poursuit aujourd’hui à nouveau le gouvernement concernant le fonds de sauvetage de l’euro. Le tribunal constitutionnel doit rendre son jugement.
L’autre alternative à la désintégration de l’union monétaire n’est guère moins menaçante et conduirait directement à une "union de transfert". Laquelle est déjà effective de longue date, après un an au chevet de la Grèce. Le "mécanisme européen de stabilité financière" (MES), un fonds permanent de soutien à l’euro qui doit être instauré en 2013, serait une étape de plus sur cette voie périlleuse. Le scénario final pourrait ressembler à ceci : les pays déficitaires seraient financés par les Etats membres du nord, plus stables, et les crédits seraient convertis en aides non remboursables, sans intérêts à payer.

Une union de transfert permanente

A l’union monétaire se substituerait une union financière, et les pays endettés deviendraient des pays sous perfusion, dépendants des aides de leurs voisins économiquement plus solides – comme le Mezzogiorno en Italie ou la Wallonie en Belgique. Afin de parer à cette éventualité, bon nombre d’économistes et de financiers recommandent de réaliser au plus vite l’union politique de l’Europe, autour d’un gouvernement central fort.
Mais les choses ne sont pas aussi simples, car une intégration accrue ne fera pas nécessairement disparaître les déséquilibres économiques. Cela, nul ne le sait mieux que les Allemands, qui ont vécu une expérience similaire voilà près de vingt ans lors de la réalisation de l’union monétaire entre les deux Allemagne. Le 1er juillet 1990, le Deutsche Mark a été échangé contre l’ancien Mark est-allemand à un taux de 1 pour 1. Trois mois plus tard seulement, les Länder d’Allemagne de l’Est rejoignaient la République fédérale.
C’est devenu le modèle-type d’union monétaire associée à une union politique. Mais ceux qui ont cru qu’une unification rapide permettrait d’amortir le choc économique de l’unification monétaire entre les deux Allemagne ont été vite déçus. Les déséquilibres économiques se sont en effet trouvés renforcés. Des milliers d’entreprises des nouveaux Länder ont mis la clé sous la porte, ne parvenant pas à hisser leur productivité au niveau des standards occidentaux. Le taux de chômage a explosé et les transferts financiers entre les deux Allemagne ont rapidement dépassé le billion. Aujourd’hui encore, les Länder de l’Est claudiquent péniblement derrière l’Ouest.
Conclusion : l’unité allemande ne saurait servir de modèle, mais serait plutôt une invitation à la prudence. Elle montre à quelle vitesse une union monétaire mal conçue peut se muer en une union de transfert permanente. Un tel modèle serait de toute façon incompatible avec les traités européens – il faudrait en élaborer de nouveaux et les faire adopter par l’ensemble des parlements nationaux, voire les faire accepter par les populations par voie de référendum. Mais d’ici là, il n’est pas impossible que les peuples d’Europe et leurs représentants aient déjà décidé de l’avenir de l’union monétaire. A Athènes ou à Lisbonne, par exemple, si les réformes exigées se heurtent à l’opposition populaire. Ou à Berlin – quand il faudra payer les milliards de garanties bancaires.