TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 16 juin 2011

Luc Oursel succédera à Anne Lauvergeon à la tête d'Areva

L'Etat a décidé de ne pas reconduire à la tête d'Areva Anne Lauvergeon, dont le mandat s'achève à la fin du mois, et de la remplacer par Luc Oursel, directeur général délégué du groupe, a annoncé Matignon, jeudi soir 16 juin dans un communiqué, confirmant des informations de presse.

Le premier ministre a reçu dans la journée l'actuelle numéro un d'Areva pour lui faire part de ce choix, qui sera soumis prochainement à l'approbation du conseil de surveillance du groupe, précise Matignon.
"Luc Oursel sera notamment chargé de mettre en œuvre un plan d'amélioration de la performance de l'entreprise afin de renforcer sa compétitivité et de poursuivre son développement", précise Matignon. Le deuxième mandat de la présidente du directoire d'Areva se termine à la fin du mois.
SOUTIENS EN FAVEUR D'ANNE LAUVERGEON
Cette décision survient alors que la mobilisation en faveur de Mme Lauvargeon s'est intensifiée face à la volonté prêtée à Nicolas Sarkozy de ne pas reconduire la patronne du groupe nucléaire, dont l'Etat est actionnaire majoritaire (à hauteur de 90 %).
Jeudi soir, Les Echos signalaient qu'une lettre signée de 17 des 19 membres du comité exécutif d'Areva a été remise jeudi matin au président du conseil de surveillance, Jean-Cyril Spinetta. Les signataires évoquent leur souhait de "conserver la dynamique insufflée par Anne Lauvergeon". "Cette dynamique est reconnue par tout le corps social et le management de l'entreprise, ainsi que par les clients et les principaux leaders d'opinions internationaux, soulignent-ils. Il est pour nous totalement clair qu'Anne Lauvergeon est la seule personnalité de l'entreprise disposant des compétences et qualités requises pour conduire Areva dans les années à venir." Ces soutiens à l'actuelle dirigeante d'Areva s'ajoutent à ceux de parlementaires de tous bords et du comité de groupe européen, qui se sont exprimés ces derniers jours.

Le choix de M. Oursel, ingénieur des mines déjà bien ancré au sein d'Areva, marque la volonté d'écarter Anne Lauvergeon sans heurter les salariés, inquiets à la perspective qu'un "outsider" prenne la tête du groupe dans le contexte difficile de l'après-Fukushima. Il "témoigne d'une volonté de l'Etat actionnaire de privilégier […] l'expérience industrielle et la connaissance du nucléaire, acquises par Luc Oursel chez Areva", souligne Matignon.

La Grèce verse 10 millions d’€ pour la destruction du cimetière juif de Thessalonique

Personne ne conteste la vérité historique en Grèce : Le 6 décembre 1942, le plus vaste et plus ancien cimetière juif d'Europe a été détruit pendant l'occupation Nazi.

Après les morts, les Nazis s'occupèrent des vivants déportant de la communauté juive de Thessalonique vers les camps. Seuls 4% en reviendront.
Pourtant, en dépit de la proportion dantesque de ce drame, il me semble que le choix du gouvernement grec de procéder à un telle indemnisation est doublement inopportun.
D'abord pour d' évidentes raisons de circonstances économiques.
Comment peut on expliquer à l'ensemble de la population qu'elle doit se serrer la ceinture chaque mois d'un cran de plus, rogner les salaires, minimiser les retraites, vendre les biens de la nation et privatiser les services publics et se permettre des gestes de largesses envers une seule communauté afin de compresser des spoliations vielles de 65 ans ?

Cette inopportunité n'est elle pas elle même contre-productive ? Ne présente-elle pas, au contraire de ses objectifs de lutte contre l'antisémitisme, un risque réel fissurer le ciment national qui a historiquement uni de façon remarquable les juifs grecs au reste des hellènes ?
Et ce risque est d'autant plus absurde que justement le comportement envers les juifs en Grèce a été notablement protecteur y compris pendant l'occupation.
D'où aussi l'autre inopportunité qu'il faut soulever : celle de faire porter injustement la responsabilité politique de la destruction du cimetière de Thessalonique aux hellènes.
Car enfin, qu'ont à voir les contribuables grecs contemporains avec la destruction de ce cimetière juif en 1945 ?

PROJET D'AVENIR ???


Grèce : “Abandonner l’euro, un scénario catastrophe”

FRANCE-SOIR L’austérité est-elle vraiment une bonne solution pour redresser un pays ?
JÉRÔME CREEL Il y a un consensus chez les économistes, qui est que l’austérité budgétaire implique dans un premier temps un ralentissement de la croissance. Pendant les premières années, les déficits augmentent et les recettes diminuent. C’est dans cette phase que se trouve la Grèce pour l’instant. Pour autant, le pays ne peut pas échapper à une telle cure. Il vit depuis trop longtemps au-dessus de ses moyens, il lui faut d’abord rentrer dans les clous budgétaires avant de redémarrer. 
F.-S. La méthode choisie est-elle la bonne ?
Le problème du plan d’austérité actuel, c’est que geler les salaires va avoir des conséquences sur les dépenses des fonctionnaires, et que les hausses des impôts impacteront ceux qui les payent. Il serait probablement plus utile de s’assurer que tout le monde paye bien ses impôts. Si le système fiscal fonctionnait, les recettes de l’Etat seraient bien meilleures. Il faut donc mettre les moyens pour mieux surveiller les contribuables. Une autre solution peu évoquée serait de réduire le budget de la défense : le pays prend prétexte de ses tensions historiques avec la Turquie pour maintenir ce poste à un niveau élevé, alors que l’appartenance à l’Union européenne pourrait lui permettre de réduire les dépenses.
F.-S. On peut donc s’attendre à une reprise dans un deuxième temps ?
J. C. Oui. Mais la question, c’est de savoir en combien de temps la reprise peut revenir. Je me garderais bien de donner des estimations. Historiquement, les pays qui ont observé des politiques de restrictions budgétaires suivies par une croissance forte sont ceux qui avaient à leur disposition d’autres leviers, comme la dévaluation de leur monnaie ou la fermeture des frontières. Le problème de la Grèce, c’est qu’elle ne peut faire ni l’un ni l’autre.
F.-S. La seule solution pour le pays est-elle d’abandonner l’euro ?
J. C. Même pas. A l’heure actuelle, pour ce faire, la Grèce devrait sortir de l’Union européenne. Sans parler de ça, le problème, c’est qu’elle a perdu de sa crédibilité auprès des marchés financiers. En revenant à la drachme, elle va à nouveau avoir du mal à emprunter, et pour compenser elle devra dévaluer. Le risque, c’est qu’elle perde en compétitivité et endommage plus durablement son économie. Dans ces conditions, abandonner l’euro s’apparenterait à un scénario catastrophe.
F.-S. Sans même parler de quitter l’Union européenne…
J. C. En l’état actuel des choses, la Grèce est soutenue par l’Union européenne, on envisage de rallonger la durée de remboursement des dettes… Aujourd’hui, les Grecs bénéficient aussi de leur appartenance à l’Union, qui leur assure une certaine attractivité. Pourvu que le pouvoir grec donne des gages de reprise en main, les tensions pourraient s’abaisser et le pays pourrait regagner un peu de marge de manœuvre. S’ils ferment la porte à l’Europe, ils courent le risque de se retrouver complètement marginalisés.

Les banques françaises menacées

Ce qui ressemblait mercredi à une excellente opportunité d’investissement s’apparente aujourd’hui à un véritable gouffre financier. Les banques françaises présentes en Grèce se trouvent aujourd’hui fragilisées. Le système bancaire français détient 10,5 milliards d’euros d’obligations grecques, mais le problème n’est pas tant les obligations d’Etat détenues que les filiales sur place, qui sont, elles, plus impliquées dans l’économie locale. Le Crédit agricole, par exemple, possède une filiale sur place baptisée Emporiki, qui a prêté pas moins de 21 milliards d’euros aux entreprises locales ! En cas d’effondrement du pays, c’est autant d’argent qui pourrait disparaître dans la nature.

Inquiétude

Ces chiffres inquiètent l’agence de notation Moody’s, qui commence à se pencher sur la situation des banques prêteuses. Elle a annoncé mercredi qu’elle allait étudier la situation de trois groupes bancaires français, le Crédit agricole, la Société générale et BNP-Paribas, et qu’elle pourrait éventuellement abaisser leur note. Pour l’instant, en dehors de la baisse du cours de Bourse, la décision de Moody’s n’a pas d’effet. A plus long terme, les banques pourraient devenir plus réticentes à prêter aux Etats. Ce qui aggraverait encore la situation des économies les plus fragiles.

L'Europe remède et « poison » de la Grèce

La protestation populaire enfle en Grèce qui a connu hier une mobilisation sans précédent depuis la junte militaire des années 70. La récession dans laquelle le pays est plongé est, elle aussi, douloureusement inédite. La crise de la dette n'a de cesse de s'aggraver, malgré le plan de soutien de l'Europe et du FMI. La banqueroute menace, le temps est compté. Le spectre de la faillite se double d'une crise de confiance : les Grecs ne croient plus dans leur système politique, ils se défient du gouvernement, des syndicats et bien sûr des institutions internationales qu'ils accusent d'asphyxier l'économie. Contexte ô combien explosif et en apparence inextricable : la Grèce a vécu au-dessus de ses moyens, elle n'a plus la capacité d'emprunter seule sur les marchés pour financer son déficit ; elle doit rembourser mais à des taux plus raisonnables que ceux qui lui sont imposés. Aussi se tourne-t-elle vers l'Europe qui certes vient à son secours mais lui prescrit, en échange, une potion amère. La crise de la dette aggrave l'austérité qui s'ajoute à l'austérité... qui désespère le peuple des « indignés ». La tentation est forte de s'affranchir de la tutelle de l'Europe et de sortir de l'euro. Un scénario jugé apocapyptique en ce qu'il déstabiliserait la zone euro, et mortifère pour la Grèce. Car jusqu'à présent, c'est l'Europe qui lui a permis d'éviter le pire. Et c'est elle qui va remettre la main à la poche, encore faut-il qu'elle s'accorde sur la manière de faire participer les banques privées. La solution passe par davantage d'Europe. La rue en colère ne l'entend pas ainsi ; elle ne veut plus payer les pots cassés.

LE SOUTIEN DE PARIS 




La Grèce abat sa dernière carte

Le projet de privatisation massive, en discussion au Parlement, fait descendre les Athéniens dans la rue.

La Grèce, toujours plus près du gouffre. Au lendemain d’une troisième journée de grève générale, émaillée de violents affrontements dans le centre d’Athènes, Georges Papandréou a abattu la seule carte politique dont il dispose encore pour faire passer un nouveau plan de rigueur. Le Premier ministre socialiste grec, engagé dans un intense marchandage avec l’opposition, a annoncé dans la soirée un remaniement de son gouvernement pour aujourd’hui. Doublé d’un vote de confiance au Parlement. «Il faut un effort national car nous sommes à un moment historique crucial et nous devons prendre des décisions cruciales», a expliqué le chef du gouvernement qui s’est entretenu au téléphone avec Antonio Samaras, son rival de droite. Le très impopulaire leader du Pasok aurait même offert de démissionner pour faciliter la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Immédiatement refusé par l’opposition.
Colonne. Alors que des dizaines de milliers de Grecs étaient descendus hier dans la rue pour dire haut et fort que «la Grèce n’est pas à vendre» (lire ci-contre), le gouvernement entamait au Parlement la discussion de cette nouvelle cure d’austérité dont la colonne vertébrale consiste en un programme de privatisations massives inédit en Europe. Selon le gouvernement, le vote de ce plan conditionne le versement de la cinquième tranche du prêt de 110 milliards d’euros accordé en 2010 par l’UE et le FMI, dont 53 milliards au total ont été versés à ce jour. Ce qui signifie que si les députés le rejettent lors du vote prévu à la fin du mois, la Grèce se retrouvera en cessation de paiement…
Tiercé. A côté des 28,4 milliards d’euros d’économies que doivent rapporter d’ici 2015 de nouvelles coupes dans les dépenses couplées à des hausses d’impôts, l’Etat grec espère engranger au total 50 milliards de recettes en vendant des actifs très variés. Des transports (trains, ports et aéroports) à l’énergie avec la compagnie nationale d’électricité en passant par les loisirs (loterie, tiercé) ou la gestion de l’eau, les privatisations partielles ou totales d’une trentaine d’entreprises publiques doivent rapporter 15 milliards. Mais c’est la vente du parc immobilier de l’Etat qui fera rentrer le plus d’argent dans les caisses. Le gouvernement en attend 35 milliards. Les monuments et les îles - que le tabloïd allemand Bild a suggéré de vendre «en partie» - ne seront évidemment pas cédés. Même en l’absence d’un cadastre général réclamé de longue date par l’Europe, le patrimoine mobilier et immobilier total de la Grèce est évalué à 280 milliards d’euros, ce qui laisserait une certaine marge.
Réclamé par la troïka des créanciers (Commission européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) qui a placé la Grèce sous étroite surveillance, ce plan de privatisations ne sera pas géré par l’Etat grec lui-même. Une «agence au management indépendant et professionnel» sera créée afin de veiller à l’application du plan. L’UE a demandé que cette agence compte en son sein des représentants étrangers, inspirée du modèle allemand de la Treuhandanstalt, qui avait démantelé les conglomérats est-allemands après la chute du mur. Il s’agit, explique la troïka, de faire en sorte que «les interférences politiques quotidiennes» ne viennent pas compromettre ce nouveau plan.
«Bradage.» «Il fallait privatiser et réformer plus vite. A force de traîner, le gouvernement n’est pas dans une position de force pour marchander avec les repreneurs», estime Angelos Tsakanikas, chercheur au centre de réflexion patronal IOBE. «Réservé» sur le succès de ce plan, il n’y voit pourtant «pas d’alternative. J’imagine que les Grecs vont le subir, mais au prix cette fois d’un véritable coût politique pour la majorité socialiste». Une bonne partie de la base du Pasok, qui refuse ce «bradage» du pays, reste vent debout contre les nouvelles mesures. Ce programme sera-t-il suffisant pour mettre la Grèce sur la voie d’un désendettement durable? Les économistes en doutent désormais. 50 milliards d’euros de cessions, cela ne ramènerait la dette qu’à environ 130 % du PIB contre 157 % aujourd’hui.

L'Europe impuissante à enrayer le chaos grec

Les marchés s'inquiètent de l'incapacité des Européens à trouver un accord pour sauver Athènes. Le premier ministre grec a annoncé ce mercredi le remaniement de son gouvernement pour la fin de semaine.

La course contre la montre pour sauver la Grèce d'une banqueroute prend des allures de marathon s'effectuant au rythme d'un sprint. Échec de la réunion exceptionnelle des ministres des Finances de la zone euro, mercredi à Bruxelles; grève générale à Athènes; remaniement du gouvernement Papandréou qui aura lieu jeudi ou vendredi; nouveau coup de semonce des agences de notation contre les banques françaises et grecques… tous ces événements réunis ont fait chuter de 1,49% l'indice CAC 40 mercredi et fait plonger la monnaie unique sous la barre des 1,42 dollar.

Outre les tensions politiques qui vont crescendo en Grèce, c'est surtout le blocage total au niveau européen sur les mesures à prendre pour refinancer Athènes qui inquiète les observateurs. Jusqu'à présent, le calendrier misait sur un accord formellement approuvé lors du sommet des chefs d'État les 23 et 24 juin prochain. Mais mercredi, les ministres des Finances luxembourgeois et slovaque ont tous deux laissé entendre que les divergences étaient telles qu'on ne pouvait exclure l'absence d'accord avant le 11 juillet. Une telle hypothèse serait dramatique car le Parlement grec est supposé, d'ici là, avoir adopté sa nouvelle stratégie de réduction de ses déficits à moyen terme.

Éviter un scénario noir

Pour éviter ce scénario noir, l'Europe entame à partir de jeudi et jusqu'au 23 juin une série de réunions cruciales. Le premier acte se déroulera à Berlin où la chancelière allemande Angela Merkel doit recevoir, jeudi après-midi, le candidat à la succession de Jean-Claude Trichet à la présidence de la BCE - Mario Draghi - en attendant un sommet avec le président français, Nicolas Sarkozy, vendredi. Ces deux rencontres seront décisives pour infléchir la position allemande. Le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, porté par une partie de l'opinion publique, veut en effet obliger les investisseurs à accepter un rallongement de sept ans de la date de remboursement des obligations grecques qu'ils détiennent. Une telle option serait assimilée à un défaut. Dans ce cas, selon un document de travail européen cité mercredi par le Financial Times, il faudrait trouver 20 milliards supplémentaires pour refinancer les banques grecques. Ces chiffres sont brandis par les opposants à la mesure allemande - France et BCE en tête - pour qui la meilleure des solutions consiste à demander «volontairement» aux banques de maintenir inchangées leurs expositions à la dette grecque. Cette opération, connue sous le label «d'initiative de Vienne», reste pourtant hautement hasardeuse. L'agence Fitch a précisé mercredi qu'elle considérerait une telle démarche comme un défaut si les nouveaux titres émis devaient s'avérer de qualité inférieure aux précédents et s'ils ne permettent pas à la Grèce de se prémunir définitivement contre un défaut de paiement.
Le second acte de ce drame se déroulera à partir de dimanche. Les ministres européens des Finances se retrouveront au Luxembourg pour une nouvelle réunion. Prévu lundi à l'origine, ce sommet a été avancé d'une journée pour faciliter la recherche d'un compromis. Signe que de tous bords on s'attend encore à de longues et difficiles tractations, alors que la Grèce s'enfonce un peu plus chaque jour dans le chaos.

À Athènes, «on n'a plus rien à perdre»

Les «Indignés» grecs se réunissent, depuis trois semaines, sur la place Syntagma devant le Parlement.

Apostolia Kyrioudi est déterminée. Tous les jours depuis trois semaines, elle participe, avec son mari, son fils de 24 ans et ses amis, aux rassemblements des «Indignés» devant le Parlement. Mercredi, elle a été rejointe par des milliers de manifestants grévistes et membres des syndicats. «Nous avons battu tous les records! Ce n'est pas une surprise, nous étouffons, dit-elle. La rigueur nous a ruinés, psychologiquement et économiquement. On n'a plus rien à perdre maintenant.»
Apostolia encourage son fils Tassos à camper, le soir, dans les tentes installées en contrebas, face au Parlement. «Il est diplômé de droit et il n'arrive pas à trouver de travail. Je n'ai pas les moyens de l'envoyer à l'étranger. Ici, au moins, il se sent utile. Le soir, il parle aux assemblées générales. Les centaines d'“Indignés” s'organisent pour sortir le pays de cette occupation par les créanciers étrangers», déclare-t-elle.
La plupart des Grecs comparent en effet la tutelle budgétaire internationale à une nouvelle dictature, après celle des Colonels, que le pays traversa de 1967 à 1973. La référence se retrouve sur les banderoles et dans les slogans scandés par des manifestants. Même s'il n'a pas connu le soulèvement des Grecs contre les Colonels, Tassos reprend les slogans criés en chœur qui l'évoquent. «La junte, aujourd'hui, c'est le FMI. Mes parents ont du mal à payer leurs factures et les prix augmentent sans cesse. Pendant un an, on nous a dit de serrer les dents et que tout irait mieux. Et là, on nous demande encore de nous serrer la ceinture. Moi, j'ai honte de demander à ma mère de l'argent pour aller au cinéma.»
Mercredi, les «Indignés» ont tout fait pour éviter les affrontements entre policiers et manifestants. Il ne fallait pas que se perde dans la violence le message lancé aux politiques en cette journée symbolique. Dès les premières tensions, les jeunes formaient des chaînes humaines pour encercler les semeurs de troubles encagoulés.

Injustice sociale

Dans l'après-midi, les débats des «Indignés» ont vite repris. S'ils se félicitent de la mobilisation des Grecs, ils ne crient pas victoire. Au fond, chacun reconnaît que le pays a besoin de réformes, mais le sentiment d'injustice sociale prévaut. Anna Vayena, célèbre actrice grecque, compare la situation à un restaurant «où une autre table aurait consommé du caviar et nous devrions payer leur note». La plupart des Grecs, et surtout dans les classes populaires, ont le sentiment de payer à tort quarante ans de laxisme budgétaire de la classe politique.
Pour Jens Bastian, chercheur au think-tank Eliamep, la Grèce traverse une crise sociétale profonde, qui pourrait marquer un tournant dans l'histoire. «L'État n'a plus d'argent à distribuer aux gens. Et les “Indignés” sont prêts à se battre bec et ongles pour protéger ce qu'il leur reste de droits sociaux. Ces prochains mois, la Grèce devra établir un nouveau contrat social entre les élites politiques et les citoyens. C'est là tout l'enjeu», dit-il.
En attendant, les «Indignés» sont bien décidés à prolonger l'occupation de la place Syntagma jusqu'au vote du second plan de rigueur, le 28 juin prochain.

Volutes

Il arrive que les débats politiques soient des paradis artificiels où les arguments perdent totalement le sens de la réalité. Ainsi va la question de la dépénalisation du cannabis où le manque de lucidité le dispute à l’angélisme, et l’illusion à la raison. Tant de certitudes assénées font tourner la tête quand le bon sens n’a plus toute la sienne. Car enfin, qui pourra prétendre détenir la moindre vérité sur les moyens à employer pour limiter l’emballement de la consommation des drogues?

Une très large majorité de Français reste favorable à une interdiction pure et simple de la fabrication et de la vente du cannabis. Un pourcentage - 70 %! - qu’il faut rapprocher de celui, éloquent, du nombre de jeunes de 17 ans (l’âge moyen où on passe le bac) ayant déjà fumé, ou fumant régulièrement un joint: 49%. Interrogez vos ados: ils vous confirmeront que l’information est exacte et que le résultat serait même légèrement supérieur à la majorité absolue. A l’évidence, quelque chose ne colle pas, si on peut dire. Un pays moderne peut-il continuer à détourner pudiquement le regard quand il ferait sans doute mieux d’ouvrir les yeux sur un fait de société que personne ne peut plus ignorer?

L’autre réalité, c’est que la prohibition à la française, l’une des plus rigoureuses d’Europe, a totalement échoué à tuer le trafic et à dégoûter du pétard. Elle aurait même tendance à nourrir le premier et à stimuler le goût du second. Il faut bien l’admettre: l’interdit a eu pour conséquence d’enrichir les truands sans protéger les jeunes. Faut-il continuer comme ça? Certainement pas... Mais il y a bien un tabou sur le tabou, et la fermeté ne change rien à l’affaire. Tonton pourquoi tu tousses?

La levée de la prohibition préconisée par l’ancien ministre de l’intérieur Daniel Vaillant, avec beaucoup plus de précautions que ne le disent ses détracteurs, a le mérite d’ouvrir une piste de réflexion. Mieux vaudrait, dit-il, contrôler un produit en vente libre et «bio» (mais surveillé) que n’avoir absolument aucune prise sur un produit interdit et le plus souvent trafiqué qui circule au vu et au su de tout le monde. Une option qui n’est pas sans danger car si elle permettrait de régler une partie du problème en asphyxiant, partiellement, les ressources de nombre de petits caïds, nul ne sait comment une consommation totalement en roue libre pourrait dériver vers l’accoutumance à des drogues plus sévères. Les expériences des pays qui ont déjà expérimenté cette méthode ne sont pas toutes concluantes, loin de là et cela devrait inviter tous les procureurs à la modestie.

Le sujet nécessite le traitement le plus dépassionné, le plus libre et le plus large possible. A l’échelle de l’Europe? Ce dossier est l’affaire d’un continent. Pour le moment, il entretient surtout les volutes de notre petit univers politique. Qui partent en fumée, comme dirait Bashung.

Grèce - A vendre !





Grèce - A vendre ! par Khalemvideo

Dette grecque : quand la finance fait sa loi !

Le sort des Grecs parait se jouer soit dans la rue à Athènes, autour du Parlement, soit dans les couloirs de la Commission de Bruxelles. C'est une illusion, le pouvoir réel est entre les mains des agences de notation financière ou dans celui des grandes banques qui ont mis en place leurs propres critères, voire leur propre juridiction! En attendant, Moody's a mis trois banques françaises sous surveillance négative.

Pour les citoyens, l’avenir de la Grèce, et partant de la zone Euro, se jouerait à Bruxelles. Réunis le 14 juin à Bruxelles, les ministre des Finances de l’Union se réuniront encore la semaine prochaine, dans le but de parvenir à un accord le 26 juin à l’occasion du conseil européen, réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement. Hélas, il s’agit en partie d’une mise en scène, car le pouvoir réel est ailleurs, en particulier dans les agences de notation et les grandes banques internationales. La seule solution pour la Grèce serait de réduire sa dette. A 330 milliards d’euros, celle-ci représente un fardeau de 150% de son PIB. Pour commencer à la réduire, il faudrait qu’elle dégage un excédent budgétaire de …10% du PIB !  Pour parvenir à une dette « soutenable », il faudrait en retirer une partie, et allonger les échéances pour le reste. C’est alors que les agences de notation financière  montrent où est le véritable pouvoir. Dans plusieurs avertissements convergents, les désormais célèbres Standard & Poor’s, Moodys et Fitch, qui n’avaient rien vu à redire des produit subprimes jusqu’en 2007, ont annoncé qu’à la moindre modification dans les termes des obligations d’Etat, elle déclareraient la Grèce en « défaut de paiement », ce qui interdirait à Athènes de lever le moindre euros sur les marchés,  ruinerait les banques et l’économie grecques, et poseraient aussi quelques problèmes aux grandes banques allemandes et françaises. Les agences, qui cotaient les emprunts subprimes AAA,  sont intransigeantes face aux Etats. Selon Fitch, même « l’échange volontaire » d’un ancien emprunt grec contre un nouveau entrainerait la déclaration de défaut. Comme un avertissement, Moody's a placé les banques françaises BNP-Paribas, Société Générale et Crédit Agricole sous surveillance négative au prétexte de leur exposition au risque grec.

Pire encore, en cas de défaut, c’est un comité de 15 banquiers de l’Association Internationale des Swaps et Dérivés (ISDA), comprenant,  entre autres, Merril Lynch, Barclays, Citibank, JP Morgan, Société générale, UBS…  qui déciderait souverainement d’honorer les CDS, (crédit défaut swap) ces produits financiers complexes qui ont permis aux spéculateurs d’attaquer la Grèce. 5,2 milliards d’euros de CDS  ont été souscrits, et c’est autant de profits faciles qui seraient réalisés. Là encore, les Etats ne peuvent rien,  car l’ISDA ne reconnaît aucune autre autorité qu’elle même. La finance a créé sa propre loi et sa propre justice. Et les institutions politiques européennes, Commission, BCE ou gouvernements des Etats membres, acceptent d’être liées par le jugement d’organismes privés. Jusqu’à quand ? 


Crise en Grèce : un nouveau gouvernement formé jeudi

A la crise financière s'ajoute une crise politique. A la suite des manifestations de mercredi, à Athènes, émaillées d'incidents, le Premier ministre Georges Papandréou a annoncé dans la soirée un remaniement. «Demain, je formerai un nouveau gouvernement et immédiatement après, je demanderai la confiance au Parlement», a-t-il déclaré dans une brève déclaration télévisée, prenant acte du refus de l'opposition conservatrice de parvenir à un accord pour former un gouvernement d'union nationale.

  «J'ai fait des efforts constants de coopération» en direction du principal parti d'opposition, Nouvelle démocratie (droite), qui «a considéré l'ensemble de cet effort en termes de communication» a-t-il déploré. «Je continuerai sur la même route, la route de mon devoir avec le groupe parlementaire du Pasok (socialiste)», a-t-il dit. Se heurtant jusque là au refus de l'opposition de droite de l'épauler, Georges Papandréou doit aussi faire face à une fronde jusque dans les rangs de sa majorité. La défection mardi du député Georges Lianis, dénonçant «l'échec» de la politique suivie, réduit à 155 sièges sur 300 sa majorité au parlement. Un autre député socialiste a récemment indiqué qu'il voterait contre le plan.

Entre 20.000 et 40.000 manifestants

Dans la journée, des dizaines de milliers de manifestants ont envahi les rues de la capitale pour protester contre les mesures d'austérité en préparation. Brandissant trompettes, casseroles, et sifflets devant un impressionnant dispositif policier, la foule, mêlant adhérents des syndicats et militants du mouvement des «Indignés», s'est massée autour autour du Parlement, où devait être débattu le nouveau plan de rigueur, pour un vote attendu fin juin. La police a compté plus de 20.000 personnes, les médias et observateurs au moins le double.

En marge de la manifestation, un groupe de jeunes a jetté des cocktails Molotov, des pierres et d'autres projectiles sur les membres des forces antiémeutes. La police a tenté de reprendre le contrôle de la place Syntagma (place de la Constitution), devant le Parlement, en tirant des gaz lacrymogènes qui ont éparpillé la foule, sans la faire partir. Au total, une trentaine de personnes ont été blessées et hospitalisées, dont beaucoup pour des problèmes respiratoires.
Après une première vague d'austérité en 2010, le gouvernement socialiste a bâti un projet d'économies à moyen terme, sur la période 2012-2015, destiné à obtenir de nouvelles aides financières pour éviter la faillite du pays. Le vote du plan est en effet l'une des conditions posées pour obtenir le versement de la cinquième tranche du prêt de 110 milliards d'euros accordé en 2010 par l'UE et le FMI - 53 milliards ont déjà été versés - et une probable deuxième aide financière. Le pays se trouve au bord d'un défaut de paiement, selon les agences de notation financière.

Dans le même temps, à Bruxelles, les créanciers du pays peinaient à s'entendre sur la façon d'aider le pays, menacé de défaut de paiement, selon les agences de notation financière. Les créanciers se déchirent en effet sur l'effort à demander aux banques privées : certains craignent qu'un trop fort engagement des banques dans le plan de sauvetage ne déclenche de facto un défaut de paiement de la Grèce, qui pourrait entraîner l'effondrement de l'ensemble de la zone euro.

Grèce : le malade va-t-il mourir ...guéri ?

A force de potions austère le malade (grec) va-t-il mourir...guéri ? Le Prix Nobel Joseph Stiglitz  annonçait déjà il y a plusieurs mois que «l'austérité va mener l'Europe au désastre !  ». Les violentes manifestations de mercredi, venant après d'autres, témoignent du degré d'exaspération d'une population : le traditionnel cortège syndical a été éclipsé par l'afflux de citoyens de tout bord, répondant à l'appel des "Indignés" grecs, mouvement de protestation populaire lancé le 25 mai en plein cœur d'Athènes sur le modèle espagnol. En dépit de l'appel des animateurs de ce rassemblement à en maintenir le caractère pacifique, des escarmouches ont opposé sur la place des petits groupes à la police, qui a riposté avec des gaz lacrymogènes, avant que la foule ne se reforme à nouveau. Dans la rue, les manifestants tournaient surtout leur colère contre la classe politique, scandant régulièrement "voleurs" à l'adresse du parlement et des voitures officielles aperçues.


La droite a menti, maquillant les chiffres pour laisser croire aux Grecs qu'ils vivaient dans la prospérité




Car le gouvernement précédent de droite a menti, maquillant les chiffres pour laisser croire aux Grecs qu'ils vivaient dans la prospérité. Et c'est le gouvernement Papandréou qui a découvert que le pays était en faillite. Or cette même droite, bien qu'elle porte une immense responsabilité dans cette dette, refuse toute idée d'union nationale, à la différence de ce qui se passe en Irlande et au Portugal, ce qui inquiète les partenaires d'Athènes. Après une première vague d'austérité en 2010 et sous la pression croisée des marchés, qui lui interdisent l'accès au refinancement, et de ses créanciers, le gouvernement a du se résoudre à un nouveau tour de vis, avec des économies nouvelles de 28,4 milliards d'euros d'ici à 2015 et des privatisations massives.  La Grèce peut-elle s'en sortir ? Les réformes promises ne sont pas ou mal appliquées et la lutte contre la fraude fiscale marque le pas. Selon la troïka (Commission, BCE et FMI) après "un solide départ pendant l'été 2010, la mise en œuvre des réformes s'est arrêtée au cours des derniers trimestres. Il y a de clairs risques politiques et des problèmes de capacité administrative dans l'application du programme" de réforme. Le Premier ministre grec ne dit pas autre chose : « l'un des problèmes majeurs que nous avons eus dans la mise en œuvre de notre programme est la capacité de nos fonctionnaires à faire de profonds changements et réformes. » Pourtant  le gouvernement a fortement resserré les vis (les 5,75%)- mais la récession est profonde (les -4,5%), et sans fin, précisément en raison de cet ajustement précipité. Du coup, les recettes budgétaires baissent et... le déficit ne se résorbe pas vraiment (-9,5%).





Les jeunes qui manifestent et se sont définis comme « la génération 700 euros » sont eux-mêmes victimes de cette société bloquée, de cette administration inefficace


Faut-il resserrer encore ? Cela signifie persister à appliquer un remède qui affaiblit le patient. Car le malade est dans un sale état. La Constitution elle-même devrait être revue et une partie de la législation, devenue illisible, devrait être changée. Les jeunes qui manifestent et se sont définis comme « la génération 700 euros » sont eux-mêmes victimes de cette société bloquée, de cette administration inefficace. A tel point que les Grecs sont favorables à la privatisation des services publics tellement ils les trouvent indigents ! Les Grecs sont prêts à ces réformes car ils n'ont plus confiance dans leur classe politique. Pendant des années les Grecs ont vécu comme s'ils n'avaient pas d'état, fraudant le fisc, usant de la corruption et des passe-droits. La Grèce par exemple ne connait pas l'institution du cadastre qui permettrait de taxer l'immobilier !


Le problème ne sera pas résolu par des cures supplémentaires d'austérité et par une construction d'un nouveau « vivre ensemble »




Le Grèce devrait réduire son armée pléthorique, comptant sur l'Europe pour sa protection face à l'ennemi historique turc. Elle devrait cesser de financer l'église orthodoxe qui, bien sûr, échappe à l'impôt. Le problème ne sera pas résolu par des cures supplémentaires d'austérité et par une construction d'un nouveau « vivre ensemble ». Ce qui suppose, un peu à la manière de l'Allemagne de l'Ouest par rapport à la RDA, que l'Europe investisse, notamment dans les énergies renouvelables en utilisant le soleil plutôt que la Grèce creuse encore son déficit par l'importation de pétrole. Si l'Europe ne fait pas fonctionner sa solidarité, comme elle le doit, en fonction des traités. Les slogans, au départ juste évocateurs du ras-le-bol de la crise, deviennent de plus en plus antigouvernementaux.  « Anti-politiques »même. Les députés sont conspués, accusés d'avoir spolié le pays en acceptant l'aide internationale qui a, selon les «indignés», précipité la Grèce dans la crise. Car la Grèce peut très bien connaitre un précipité chimique qui fasse passer le berceau de la démocratie vers des formes inquiétantes de populismes.