TOUT EST DIT

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samedi 14 mai 2011

PS : DSK rattrapé par Hollande

Un sondage CSA paru jeudi montre que Dominique Strauss-Kahn ne possède que 7 points d'avance sur François Hollande, qui est lui officiellement candidat pour la primaire PS.
La victoire de Dominque Strauss-Kahn à la primaire du PS n'est pas encore assurée. François Hollande, qui est, lui,  officiellement candidat, n'en finit pas de grignoter l'avance du patron du FMI. Selon le nouveau baromètre politique réalisé par le CSA pour Les Échos, le député de Corrèze n'est plus qu'à sept points de DSK. L'ancien premier Secrétaire du PS est crédité de 43% de bonnes opinions, contre 50% pour l'ancien ministre de l'Économie, qui n'a pas encore dévoilé officiellement ses intentions pour la présidentielle. Ils devancent tous deux Martine Aubry et ses 42% d'opinions positives.

Elle obtient toutefois les meilleurs résultats auprès des sympathisants socialistes : 74%, contre 71% pour DSK et 67% pour Hollande. Cette légère perte de vitesse de Dominique Strauss-Kahn est peut-être due aux récentes révélations sur sa vie privée, avec notamment « l'affaire de la Porsche » qui pourrait le couper de l'électorat ouvrier : seuls 39% d'entre eux ont une bonne image de lui, contre 69% chez les cadres. Autre raison de cet effritement de l'avance sur ses concurrents socialistes : le fait, tout simplement, qu'à force de repousser sa candidature, DSK pourrait être en train de lasser son électorat, se tournant alors vers des personnalités actives, ou candidates, comme François Hollande.

La surprise de ce sondage demeure toutefois le très bon résultat d'Alain Juppé, qui décroche la troisième place, avec 46%, talonnant de près DSK donc, mais aussi l'écologiste Nicolas Hulot, tous deux à 50%. Un score « remarquable » selon le sondeur qui s'explique en partie par l'action de la France, et en particulier du ministre des Affaires étrangères, en Libye.
Nicolas Sarkozy est, lui, toujours aussi bas, 32% des sondés font en effet confiance au chef de l'État pour « affronter efficacement les problèmes du pays », soit huit points de moins que François Fillon, stable à 40%.
Ce sondage a été réalisé par téléphone les 10 et 11 mai sur un échantillon national représentatif de 953 personnes, d'après la méthode des quotas.

Soleil


Il est bien connu que les journaux n’aiment pas les trains qui arrivent à l’heure. Pour une raison retenue par la sagesse populaire : les gens heureux n’ont pas d’histoire. Il n’y a rien à dire ni à imprimer sur les trains à l’heure, rien à commenter des bonnes nouvelles. Quoique… On apprend avec l’expérience que toute bonne nouvelle à son revers. Prenez l’actualité : il fait beau, le soleil brille depuis déjà quelques jours. Rien à dire... Sauf à souligner que l’excès de soleil conduit à la sécheresse. Et que la sécheresse conduit à l’impôt du même nom. Ca y est, vous tenez votre histoire, la polémique peut monter sur le poids insupportable des impôts. Prenez une autre bonne nouvelle : la croissance repart, et avec elle les embauches. Imprimez cela, vous ennuierez tout le monde. Ajoutez : jusqu’à quand ? Vous intriguerez, vous inquiéterez, vous intéresserez… Cela dit, il fait vrai beau.

Ennemis combattants

C'est bien connu : quand on veut se débarrasser de son chien, on l'accuse d'avoir la rage.

C'est ainsi que l'on fit pour enfermer à Guantanamo des centaines de « suspects » arrêtés un peu partout dans le monde, souvent sans qu'il y ait d'actions répréhensibles prouvées. On ne voulait pas les traiter en prisonniers de guerre, car ils auraient ainsi échappé aux investigations et autres interrogatoires renforcés menés par les policiers américains. On les désigna donc du nom « d'ennemis combattants ».

Ce n'était pas la première fois que l'on inventait ainsi une sorte de catégorie pseudo-juridique pour pouvoir, en toute bonne conscience, priver quelqu'un de sa liberté et le garder à disposition. Ainsi, en 1945, après la reddition massive des soldats de la Wehrmacht, ceux-ci auraient dû être considérés comme des prisonniers de guerre. À ce titre, selon les conventions de Genève, après la fin des hostilités, il fallait les libérer dans les plus brefs délais.

Or, les pays qui avaient été des champs de bataille, comme la France, manquaient de main-d'oeuvre pour reconstruire et se remettre à flot. La France demanda alors aux Alliés de lui livrer un million sept cent cinquante mille hommes pour déblayer et déminer. Le haut commandement militaire allié ne voulait pas en livrer plus d'un million trois cent mille.

Ces discussions et marchandages étaient indignes : « L'idée même d'un transfert de prisonniers de guerre était en totale infraction avec les lois internationales en vigueur. Aucune convention, ni écrite ni coutumière, ne permettait de traiter ces détenus comme un butin ou d'en faire l'objet d'un transfert d'autorité », écrit Valentin Schneider dans son livre Un million de prisonniers allemands en France (1).

« Personnel militaire désarmé »

Pour tenter de dissimuler l'infraction massive aux conventions humanitaires internationales, les soldats captifs ne furent plus nommés « prisonniers de guerre » mais « personnel militaire désarmé ». Ainsi désignés, ces hommes ne relevaient plus du droit international. Ils ne pouvaient plus prétendre à un traitement humanitaire. En effet, ils n'étaient plus représentés par un État, étant donné que celui-ci n'existait plus. De ce fait, ils n'étaient plus autorisés à recevoir des visites du Comité International de la Croix-Rouge. Malgré les rappels à l'ordre de la Croix-Rouge, les Alliés continuèrent à entasser les personnes en question dans des camps souvent mal équipés, mal ravitaillés. Ils y moururent par milliers (au moins 24 000 dans les dépôts français, 5 000 à Rennes).

Pour en revenir à Guantanamo, voilà qu'on recommence à vanter l'efficacité des méthodes qui y sont en vigueur. Elles auraient permis la localisation et donc l'élimination de Ben Laden. Les dites méthodes, nous le savons tous, sont la pratique institutionnalisée de la torture, malgré son interdiction par toutes les instances internationales. Les représentants des États-Unis y ont fait référence ouvertement. Autrement dit, pour eux, la fin justifie les moyens. On se serait attendu à autre chose de la part d'une grande démocratie. En effet, quand la fin justifie les moyens, nous savons que le pire est sur le seuil de nos sociétés et à la porte de nos coeurs. C'est ainsi que commence le déclin qui mène au pourrissement et à la disparition des civilisations humanistes.

Le Président Obama avait manifesté la conscience qu'il avait de l'inhumanité de ces systèmes. Il avait annoncé la fermeture de Guantanamo. Pourtant, s'y trouvent encore aujourd'hui de ces « prisonniers combattants » qui, des années après leur arrestation, n'ont toujours pas été jugés et demeurent sans véritable statut juridique... Trois ans après cette promesse, Guantanamo reste pourtant en fonction, ternissant ainsi les étoiles du drapeau des États-Unis.

Comment on le voit, il est plus facile de mettre en marche des systèmes inhumains que de les arrêter.

(1) Éditions Vendémiaire.

Carte blanche à Bachar el-Assad

Alors qu'elle s'est montrée déterminée à mettre un terme aux violences faites par Mouammar Kadhafi contre le peuple libyen, l'Europe reste silencieuse face à la terreur exercée en Syrie par Bachar el-Assad. Et les sanctions entrées en vigueur le 10 mai contre son régime viennent démontrer un peu plus la faiblesse de l'UE. 
C’est sans doute à un manque de moyens que l’on peut attribuer le refus des alliés occidentaux d’intervenir dans le soulèvement en Syrie comme ils l’ont fait à Libye. Or, la répression des manifestations par le régime d’el-Assad n’est guère plus humaine ou acceptable que les agissements de Kadhafi, qui continue d’ailleurs de chercher à écraser ses propres serfs rebelles.
Toutefois, il serait beaucoup plus complexe d’intervenir en Syrie, et compte tenu de l’emplacement stratégique du pays, littéralement au beau milieu du nid de frelons du Moyen-Orient, les conséquences seraient incalculables. Il n’est donc pas étonnant que l’Occident ne se précipite pas — d’autant plus qu’il est apparemment enlisé dans une impasse en Libye.
Ne soyons pas surpris. En fait, c’est en fait le résultat logique de l'incapacité des Occidentaux à décidé rapidement ce qu’ils comptaient faire — et des façons d’y parvenir — pour atteindre le seul objectif sensé (auquel il semble peu à peu se résoudre, du reste) : le départ de Kadhafi.
Mais s’il y a de bonnes raisons pour ne pas tenter d’empêcher les chars syriens de massacrer les manifestants, l’Union Européenne n’a pour sa part aucune excuse, elle qui a une fois de plus échoué lamentablement dans cette dernière crise, et qui n’a même pas été capable de faire le peu qu’elle aurait pu au bon moment avec ses propres ressources.
Comment se fait-il que les sanctions les plus sévères prononcées contre plusieurs personnalités importantes du régime syrien ne soient entrées en vigueur que le 10 mai, et que le chef de ce régime, le président Bachar el-Assad, ne soit même pas concerné ? Comment se fait-il que l’UE n’ait donné son feu vert à un embargo sur les armes que lundi 9 mai, près de deux mois après le début des révoltes ?
Ces deux décisions ne sont sans doute guère plus que symboliques. Mais peut-être ces gestes symboliques auraient-ils pu être faits plus tôt, afin d’envoyer vraiment ce “message fort et clair” dont se gargarise le monde politique européen ? Car ce qui transparaît aujourd’hui, comme d’habitude, n’est guère plus qu’un aveu d’impuissance.
Paradoxalement, cela peut entre autres s’expliquer par cet entêtement à vouloir bâtir une prétendue diplomatie européenne commune. Or jusqu’à présent, cette diplomatie n’a eu que des effets négatifs sur le rêve qu’a l’Europe d’agir militairement sur la scène internationale. Les décisions continuent d’être prises comme elles l’ont toujours été : ce sont les Etats-membres dominants qui s’entendent entre eux.
Simplement, pour que ce ne soit pas trop embarrassant, on ouvre ensuite un petit cycle de discussions supplémentaire, par pure politesse, d’où l’intégration aujourd’hui de Lady Ashton, la haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, et de son équipe. Et on s’étonne que Bruxelles fasse de moins en moins bouger les choses.