TOUT EST DIT

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samedi 7 mai 2011

La Grèce inquiète à nouveau les pays européens

Les ministres des finances des principaux pays européens se sont discrètement réunis vendredi soir pour discuter de la dette grecque. 
 L’hypothèse d’une sortie de la Grèce de la zone euro a été catégoriquement démentie.

Les principaux pays de la zone euro ont exclu vendredi soir l’idée d’une sortie de la Grèce de l’Union monétaire ou d’une restructuration de sa très lourde dette, à l’issue d’une réunion en catimini qui a alimenté les craintes sur la situation de ce pays. "Nous n’avons pas discuté d’une sortie de la Grèce de la zone euro, nous pensons tous que ce serait une option stupide", a affirmé le chef de file des ministres des finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, à l’issue de la rencontre dans un château près de Luxembourg. Un abandon de la monnaie unique "est une voie que nous n’emprunterions jamais", a-t-il assuré car "nous ne voulons pas voir la zone euro exploser sans raison". De même, "nous avons exclu la restructuration de la dette grecque", a-t-il déclaré.
La réunion, qui s’est déroulée sans avoir été préalablement annoncée, a réuni notamment les ministres des Finances des quatre plus grands pays de la zone euro, Wolfgang Schaüble (Allemagne), Christine Lagarde (France), Giulio Tremonti (Italie), Elena Salgado (Espagne), ainsi que Jean-Claude Juncker, George Papaconstantinou, ministre grec des Finances, Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn.
Le site d’information allemand Spiegel Online avait affolé les marchés un peu plus tôt dans la journée en affirmant que cette rencontre avait été convoquée en raison de la volonté exprimée par la Grèce de quitter la zone euro. Athènes a "catégoriquement" nié tout projet d’abandon de la monnaie unique et dénoncé une manœuvre spéculatrice.

Les rumeurs enflent sur les places financières

En revanche, les grands argentiers européens semblent juger nécessaire un nouveau programme d’économies dans le pays. Et l’éventualité pour l’Europe et le Fonds monétaire international d’aider la Grèce plus longtemps que prévu, au-delà de 2012, a été discutée. En matière budgétaire, "nous pensons que la Grèce a besoin d’un programme d’ajustement supplémentaire", a déclaré Jean-Claude Juncker. Cela devrait être discuté lors de la prochaine réunion des grands argentiers européens le 16 mai.
La Grèce avait obtenu il y a tout juste un an un plan de prêts de 110 milliards d'euros sur trois ans des pays de la zone euro et du FMI, en échange d’un programme strict de réduction de son déficit. Or, le déficit public grec pour 2010 vient d’être revu à la hausse, de 9,4 % à 10,5 % du PIB, et des incertitudes planent pour cette année. Les rentrées fiscales ne sont pas au rendez-vous, la lutte contre la fraude fiscale n’est pas suffisamment efficace, certaines dépenses publiques sont plus élevées que prévu. La population, dans le même temps, est excédée par l’austérité dans un pays contraint de réduire fortement prix et coûts de production pour espérer sortir de l’ornière, vu qu’il ne peut dévaluer sa monnaie du fait de son appartenance à la zone euro.
Dans ces conditions, les investisseurs redoutent que le pays ne puisse rembourser toutes ses dettes et revenir emprunter normalement sur les marchés à l’échéance de la période de trois ans. Les rumeurs enflent du coup sur les places financières sur l’inéluctabilité d’une restructuration de sa dette publique, qui dépasse les 150 % du PIB, quelle que soit la forme que prendrait une telle opération (décote, c’est-à-dire abandon d’une partie de leurs créances par les prêteurs, rééchelonnement ou autre).

Ils sont fous ces Français !

Sont-ils devenus fous pour massacrer de la sorte l’une de nos plus belles réussites collectives ?

La France championne du monde de football en 1998, ce ne fut pas seulement un exploit sportif hors du commun. Ce fut bien mieux que ça. Un moment de communion nationale autour d’une équipe qui avait sublimé l’image d’un pays fier de lui-même, promoteur d’une diversité dynamique et victorieuse.

On savait bien que cette exaltation black-blanc-beur ne pouvait, d’un coup, effacer toutes les difficultés, les incompréhensions, les tensions et les injustices d’une nation qui, déjà, s’interrogeait sur elle-même.

On savait bien qu’il y aurait des revers de fortune — et il y en eut en 2002 — mais ce succès était resté un acquis, une étoile scintillante dans notre imaginaire, comme celle du maillot des tricolores.

Cette petite lumière vacillante est en train d’être soufflée par la déflagration médiatique de l’incroyable affaire des quotas. C’est triste. Très triste. Mais ce n’est pas étonnant.

Car cette polémique n’est ni un accident, ni un hasard, ni une boulette. C’est une convulsion. Le résultat symptomatique de l’obsession politique entretenue depuis des mois et des mois sur la question de l’immigration et de l’identité nationale.

A force de remuer jour après jour les fantasmes et les peurs, à force de multiplier les discours sur les échecs de l’intégration et les dangers de l’hospitalité, on a fini par instiller le doute sur la réalité d’une société française pourtant multiraciale et multiculturelle depuis longtemps.

On a fait circuler le poison avec inconscience. Et c’est ainsi que les cadres d’une Fédération Française de Football en sont venus à réfléchir sérieusement aux méfaits de la double nationalité sur la sélection des futures élites du ballon rond. Qu’on en est venu à discourir sur les qualités physiques présupposées et le jeu musclé des joueurs noirs… Et que le sélectionneur se retrouve sur le banc des accusés. Un délire complet.

Car Laurent Blanc n’est pas raciste. C’est un homme compétent et estimable qui doit affronter aujourd’hui d’insupportables soupçons.

Mais, si on en juge par ses déclarations, il a été, c’est vrai, entraîné dans une réflexion inepte de café de commerce qui aurait dû être stoppée net.

Comment a-t-on pu, comme le soulignent justement Lilian Thuram et Patrick Vieira, envisager de discriminer des mômes de 12 ans au motif qu’ils pourraient être tentés d’aller, à leur majorité, jouer pour l’Algérie ou la Côte d’Ivoire ?

Le risque d’une perte sèche, est réel, c’est vrai, mais au lieu de calculer la France ne peut-elle pas, au contraire, l’assumer avec la générosité d’une très grande nation de football ?

Accepter le principe de la double identité d’une partie de ses enfants, et la voir comme une richesse, ce serait le message d’un pays fort et sûr de lui, à la hauteur de la magie de 1998, et des devoirs qu’elle impose. (Lire aussi en cahier Sports)

Ben Laden est mort, mais la France reste menacée

Affirmer que le terrorisme islamiste n'est plus une menace globale parce qu'il n'a plus de « chef » paraît un raccourci hâtif.
Depuis la mort de Ben Laden, nombre « d'experts » affirment que les révolutions arabes ont balayé l'option terroriste d'al-Qaida au profit d'un nouvel islam politique, non violent et démocratique. Certes, ces révolutions constituent un espoir. Mais dire que les partis islamistes qui préparent les élections en Tunisie ou en Egypte seront soit minoritaires, soit de bons « démocrates », risque de pousser à baisser la garde. Or le fait même que le leader du Hamas, soutenu par les Frères musulmans égyptiens du Parti de la liberté et de la justice, ait rendu hommage au « martyr » Ben Laden incite à rester méfiant. Parallèlement, l'attentat de Marrakech a rappelé que les terroristes tentent de déstabiliser par la terreur les pays arabes les plus réformistes. En fait, la conséquence immédiate des révolutions arabes pour la sécurité européenne a été l'afflux d'immigrés clandestins, dont des centaines de repris de justice, ex-miliciens ou anciens terroristes échappés des prisons. Rappelons par ailleurs qu'entre 1989 et 2006, les groupes terroristes algériens ex-GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) ou de l'ex-GIA, qui ont mis l'Algérie à feu et à sang et perpétré les attentats de 1995-1996 en France (« réseau Kelkal ») avant de devenir al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), ont longtemps été autonomes avant de prêter allégeance à Ben Laden. Leur autonomie et leur rivalité vont réapparaître après sa mort. En réalité, en dehors du Pakistan, de l'Afghanistan et de la péninsule Arabique, les terroristes salafistes sont indépendants d'al-Qaida ou ne s'y sont affiliés que pour être plus médiatisés et augmenter le prix des rançons. Leur guerre contre la France et l'Occident n'est pas conditionnée à la vie de Ben Laden. En revanche, la volonté de « venger » ce dernier sert de prétexte pour recruter et préparer de nouveaux attentats, notamment en France, pays laïc « infidèle » et ancienne puissance coloniale, bête noire des islamistes maghrébins. L'avertissement du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, et du préfet Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement extérieur (DCRI), selon lequel l'exécution de Ben Laden risque d'entraîner des représailles et donc des menaces d'attentats sur la France, doit donc être pris au sérieux.

Le Portugal à vendre


Le gouvernement portugais démissionnaire a présenté jeudi le programme de rigueur qui prévoit, à partir de l’année prochaine, une série de mesures supplémentaires, afin de ramener un déficit public de 9,1 % du PIB en 2010 à 3 % fin 2013. Ce programme vient en contrepartie de l’aide financière de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du FMI. Sans compter le taux d’intérêt qui évoluera, au cours des années de remboursement, de 3,25 à 4,25 %. Tandis que, dans le même temps, la BCE envisage de rehausser son taux directeur.

Au chapitre des réductions de dépenses, ce programme prévoit notamment le gel des salaires des fonctionnaires et des retraites jusqu’en 2013, la baisse des retraites supérieures à 1 500 euros, la réduction de 15 % des coûts dans les entreprises publiques, la réduction de la durée et le plafonnement des allocations chômage, etc.

A celui des recettes, le plafonnement des déductions fiscales à l’impôt sur le revenu pour les dépenses de santé, éducation et logement, l’imposition des revenus sociaux, la hausse des taxes à la consommation, etc.

Entre autres…

« C’est un programme dur, mais nécessaire et juste », a déclaré à Lisbonne le chef de la mission de la Commission européenne, Jürgen Kröger, tandis que son homologue du FMI, Poul Thomsen, l’a qualifié d’« ambitieux et réaliste ».

Jürgen Kröger a cependant assorti sa satisfaction d’un avertissement, à savoir que l’exécutif qui « sortira des prochaines élections devra assumer la responsabilité de ce programme » sous peine de se voir « limiter » les transferts de fonds prévus dans l’accord conclu mardi.

Le président du parti social-démocrate, principal parti de l’opposition, a affirmé, comme il l’avait déjà dit auparavant (Présent du 8 avril), son « total engagement avec les objectifs » du programme économique. Pedro Passos Coelho est, il est vrai, considéré comme le favori des prochaines élections législatives, et pourrait ainsi succéder comme Premier ministre à José Socrates…

INTER

Efforts de la population…

Ce plan de sauvetage du Portugal exigera des « efforts majeurs de la population », ont cependant averti jeudi le Commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, et le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. « Dans ce contexte, nous soutenons vivement l’intention des autorités de protéger les groupes les plus vulnérables et d’assurer qu’il sera mis en place d’une manière socialement équilibrée », précisent-ils toutefois.

Sans rire… L’actuel ministre des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a d’ores et déjà indiqué que ce plan entraînerait une contraction de l’économie – pourquoi ne pas parler de récession ? – « d’environ 2 % en 2011 et 2012 » et que le chômage pourrait atteindre les 13 % d’ici 2013.

« Les conditions de vie des travailleurs, des retraités et d’une grande partie de la population risquent de s’aggraver », a traduit Manuel Carvalho da Silva, secrétaire général de la CGTP, la principale confédération syndicale du pays.

Quand on connaît un peu le Portugal, on sait que ses habitants ont, pour la plupart, déjà mal vécu le passage à l’euro, et qu’ils n’arrivent plus à faire face à l’augmentation du coût de la vie. On peut donc faire pire ?

L’Allemagne a d’ailleurs tenu à mettre les points sur les i. « Nous allons faire attention à ce que les données livrées, telle que la croissance économique, soient réalistes », a déclaré Angela Merkel.

A Berlin, certains vont plus loin encore ! « Avant de risquer l’argent des autres, le Portugal devrait vendre ses bijoux de famille, et notamment ses réserves d’or. Toute autre attitude serait contraire à la solidarité », a ainsi déclaré Frank Schäffler, député du FDP, le parti libéral-démocrate. On ne suppose tout de même pas que ce député (ou son traducteur) envisage d’émasculer un pays…

En réalité, il s’agit donc de vendre le Portugal à l’encan. Frank Schäffler avait d’ailleurs demandé l’année dernière que la Grèce vende certaines de ses îles pour se renflouer, ce qui est encore plus clair…

Cette démocratie européenne qui détruit les pays qui ont eu la faiblesse d’y entrer me fait irrésistiblement penser au Saturne de Goya dévorant ses enfants. Barroso et Strauss-Kahn pourront toujours proposer de mettre un euro sous la langue des pays qui en mourront, mais il n’est pas sûr que Charron accepte de leur faire traverser le Styx pour une monnaie de singe !

8 mai 1945 : la paix, 9 mai 1950 : l'Europe


Voici de nouveau venue la commémoration des souvenirs, glorieux sans doute, mais douloureux aussi. Le 8 mai 1945, la guerre se terminait en Europe. Grâce aux sacrifices de centaines de milliers de combattants, le totalitarisme nazi était abattu. La paix revenait, mais sur d'effroyables décombres. On allait reconstruire, mais pas seulement matériellement.

Très vite naquit la volonté d'éviter le retour de pareils affrontements et jaillit l'idée de la Communauté européenne qui allait cheminer dans les esprits, puis dans les réalités. Ainsi, était lancée, le 9 mai 1950, la fondation de cette Europe alors encore timide et amputée de près de moitié par un autre totalitarisme qui allait nous plonger dans une interminable guerre froide. Il faudra attendre les années 1990 pour retrouver les frères de l'Est et les associer à cet avènement extraordinaire d'une communauté humaine de plusieurs centaines de millions de personnes que ne sépareraient plus les multiples barrières des frontières.

Au début, il s'agissait de bâtir une communauté, ce qui est beaucoup plus qu'une union. Il est regrettable que cette première appellation ait quasiment disparu. En effet, une Union européenne telle qu'elle est vue aujourd'hui consiste en une sorte de rapprochement des nations, mais celles-ci ont toujours tendance à se singulariser comme si elles devaient d'abord défendre les intérêts de leurs ressortissants.

Dans une communauté, sans négliger bien au contraire les intérêts des membres, c'est d'abord l'intérêt de tous, l'intérêt global qui est considéré, car c'est la meilleure manière de favoriser en définitive l'intérêt de chacun. Cela confère à la communauté en question une intensité beaucoup plus importante, avec tout ce qui en découle : prestige, efficacité, capacité d'agir dans le monde.

Une communautéplus efficace

C'est aussi un exemple plus radical qui pourrait donc inspirer utilement d'autres groupes de pays, notamment en Afrique, au Moyen-Orient, surtout en ces temps de recomposition. C'est ainsi que le prince Hassan de Jordanie, oncle du roi Abdallah, pionnier du dialogue entre les religions et les pays, estime que « nous (pays arabes) devrions créer une communauté pour l'eau, l'énergie et l'environnement, l'équivalent arabe de la Ceca de Robert Schuman et de Jean Monnet, faute de quoi les appareils militaro-sécuritaires pourraient être tentés d'intervenir pour prévenir l'anarchie... Si on veut éviter la guerre, cela commence par la création d'une communauté régionale pour traiter les problèmes communs, créer des emplois, réduire la pauvreté » (1).

C'est cette communauté européenne qui pourrait agir de façon bien plus adaptée pour traiter les considérables problèmes de migrations, par exemple, qui se posent aujourd'hui et vont se poser dans les mois et les années qui viennent avec beaucoup plus d'acuité encore. Au lieu de cela, malgré quelques essais timides, on assiste à une regrettable attitude de repli de certains pays derrière leurs petites frontières, ce qui est le contraire de la communauté. Il est grand temps de se ressaisir et d'envisager ces questions globalement pour mieux les résoudre dès aujourd'hui et mieux préparer les solutions de demain.

C'est l'Europe en tant qu'Europe, par exemple, qui devrait oeuvrer puissamment en faveur du développement indispensable de ces pays d'où partent les migrants et qui actuellement cherchent leur voie. Ils pourraient ainsi freiner les migrations. L'Europe communauté aurait une plus grande efficacité que chaque nation européenne individuellement. Une telle action, coordonnant les efforts de tous les Européens, serait aussi un moyen de relancer l'Europe elle-même.Quoiqu'il en soit, réjouissons-nous que, depuis soixante-six ans, deux tiers de siècle, il n'y ait plus eu de conflits aussi graves que ceux que notre continent a subi en soixante-quinze ans, de 1870 à 1945. Nous savons que nous devons cela à cette Europe que la paix et la fraternité nous imposent de réussir.



(1) La Croix, 6 mai 2011

Le populisme transatlantique

La montée des partis populistes sur notre continent semble faire écho au succès du Tea Party aux Etats-Unis. Les deux mouvements n'ont pourtant pas la même histoire, explique le correspondant à Washington du Morgen. Même si le résultat est le même : les gouvernements risquent la paralysie. Extraits.

Dans les médias américains, il a été question récemment du "Tea Party européen". Le Vieux continent aurait fait connaissance avec ce mouvement depuis la victoire des Vrais Finlandais aux élections dans ce pays et les performances — pour le moment dans les sondages — de la présidente du Front National, Marine Le Pen, en France.
Les sentiments qui animent le Tea Party s’exporteraient en Europe, paraît-il. Quand il pleut à Washington, il goutte à Helsinki, à Paris et en Flandre. Et quand le Tea Party américain s’insurge contre Washington, le Tea Party européen se soulève contre Bruxelles.



La notion de Tea Party européen n'a strictement aucun sens

Soyons clairs : en dehors de quelques cas isolés qui ont une page Facebook, la notion de "Tea Party européen" n’a strictement aucun sens. C’est justement l’inverse. Le Tea Party est l’expression américaine de sentiments qui en Europe trouvent un exutoire depuis des années déjà dans des partis comme le Vlaams Blok devenu le Vlaams Belang [VB, parti nationaliste flamand d’extrême droite] en Flandre, le Front National en France, la Liste Pim Fortuyn [dissous en 2008] aux Pays-Bas ou la Ligue du Nord en Italie.
Philip Dewinter [le chef du VB] prononçait déjà ses discours quand Sarah Palin [l’égérie des Tea Parties américains] se contentait encore d’aider son mari dans son entreprise de pêche à Wasilla, en Alaska. Nous sommes donc en droit de revendiquer la paternité de ce qui se déroule chez nous.


On peut aussi faire remarquer que ce que l’on appelle le "Tea Party européen" se préoccupe du maintien des acquis sociaux, tandis que la version américaine est au contraire remplie d’effroi à l’idée d’un Etat providence sur le modèle européen. Barack Obama ne peut pas prendre la moindre initiative sur le plan social sans que l’on s’écrie que le communisme est en marche. Les différences sont donc légions.
Il n’empêche que les origines du ressentiment sont très semblables. 

Au fond, il est toujours question des angoisses existentielles des travailleurs blancs et de la classe moyenne. Des deux côtés de l’océan Atlantique, le citoyen blanc craint de voir son pays pris en otage, d’être évincé par les immigrés et d’assister à la disparition d’un monde où il a si longtemps vécu dans le confort. Aussi, des deux côtés de l’océan, il y a cette aversion de toutes sortes d’élites arrogantes qui regardent avec mépris les gens ordinaires et dédaignent leurs propres caractéristiques nationales.

Les échanges des droites populistes américaines et européennes

Des deux côtés de l’océan, la droite populiste entretient d’ailleurs de nombreux échanges téléphoniques. Encore récemment, Tim Phillips, président d’Americans for Prosperity, un des lobbies républicains dans l’ombre du Tea Party, était en Norvège pour enseigner au Parti du Progrès, une formation d’extrême droite, comment faire surgir en un rien de temps un mouvement "spontané" partant de la base.
On connaît aussi les liens du Vlaams Belang avec les Etats-Unis. Le leader nationaliste flamand Bart De Wever [du parti N-VA] puise son inspiration auprès du journaliste britannique Theodore Dalrymple, dont on apprécie aussi la prose dans les cercles du Tea Party américain. Et le conseiller personnel de Geert Wilders [chef du PVV, parti populiste néerlandais] est Paul Beliën, l’époux d’Alexandra Colen, députée du Vlaams Belang qui a d’excellents contacts avec la droite américaine.


Le point commun est une paranoïa anti-islamique. La théorie de l’"Eurabie" qui veut que les immigrés musulmans soient la cinquième colonne de l’islamisation de l’Europe, est populaire des deux côtés de l’océan. Dans un certain nombre d’Etats américains, des initiatives cherchent à interdire l’application de la charia [loi islamique] dans les tribunaux, ce qui pourtant ne se produit jamais.

Partout des complots contre le petit citoyen blanc sont redoutés

Cela indique que le Tea Party est plus proche de personnes comme Geert Wilders et Philippe De Winter qu’on ne pourrait le penser.

On ne saurait s’en étonner. En 1964 déjà, l’historien américain Richard Hofstadter décrivait dans son essai devenu classique, The Paranoid Style in American Politics, ces élites régissant tout dans l’ombre. Tandis que les membres des Tea Parties pensent qu’Obama est un agent secret islamique, leurs confrères européens sont persuadés qu’à Bruxelles, on tente de mettre sur pied un super-Etat européen dictatorial.
Que ce soit ici ou là-bas, partout des complots contre le petit citoyen blanc sont redoutés.

 On comprend d’ailleurs que la situation tourne à l’abcès dans tout l’Occident. Le vieux monde où l’on se sentait en sécurité ne reviendra jamais. Des deux côtés de l’Atlantique, la grande récession a fait des victimes. Le chômage, la pauvreté et les incertitudes vis-à-vis de l’avenir prolifèrent. Des problèmes d’immigration se posent. A cela s’ajoute une série de révoltes à l’issue incertaine au Moyen-Orient. On serait inquiet à moins.


Cette situation provoque dans un nombre croissant de pays des réactions hostiles de l’électorat, qui essaie de se convaincre, en se prévalant d’un passé idyllique qui dans l’imagination se situe à peu près vers les années 1950, que tout se passerait beaucoup mieux sans le reste du monde. Tous ceux qui ne sont pas de cet avis sont des intellectuels éloignés du peuple, de "mauvais Flamands" ou ne sont pas de "vrais" Américains ou Finlandais. Ainsi, l’agitation légitime face à l’état du monde menace de basculer dans des réactions irrationnelles qui ne font que tout aggraver.

 


Ce qui menace de se produire, des deux côtés de l’Atlantique, c’est un cercle vicieux autodestructeur. Il est fort probable que ceux qui soutiennent actuellement les populistes adoptent un comportement encore plus hostile au moment d’aller voter, ce qui permettra aux populistes de continuer à gagner du terrain et rendra encore plus difficile de trouver des solutions rationnelles à des problèmes qui n’en sont pas moins réels.


En attendant, sans parler des éventuelles catastrophes, la situation se traduit de plus en plus à tous égards par une impossibilité de gouverner, une impuissance croissante à agir pour résoudre les grandes questions du jour. On le constate à Washington comme à Helsinki ou à La Haye, et dans les incarnations européennes et belges de Bruxelles.

Cacophonie sur la succession de M. Trichet à la BCE

Alors que l'affaire semblait presque conclue, la succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne vient de connaître un  nouveau rebondissement. Selon une information publiée vendredi 6 mai par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, la chancelière Angela Merkel est opposée à la candidature de Mario Draghi à la présidence de la BCE en raison de la piètre situation de l'Italie en matière de dette.

Or cette position met la chancelière allemande en porte-à-faux avec ses pairs de la zone euro. Quelques heures auparavant, la ministre des finances française, Christine Lagarde, avait affirmé sur i-Télé et Radio Classique que son homologue allemand, Wolfgang Schaüble, appuyait, tout comme Paris, la candidature de Mario Draghi. Longtemps archi-favori dans la succession de Jean-Claude Trichet, dont le mandat s'achève fin octobre, l'ex-gouverneur de la Banque centrale allemande, Axel Weber, a jeté l'éponge en février.
Mario Draghi, gouverneur de la Banque centrale italienne et président du Conseil de stabilité financière, a aussitôt pris le titre de favori et reçu mardi le soutien direct de la France.
DRAGHI AU FMI ?
Toujours selon Der Spiegel, Angela Merkel souhaiterait à la fois la nomination de deux Allemands à des postes financiers clés au niveau européen ainsi que de nouvelles conditions dans le cadre de la mise en place du MES, le mécanisme européen de stabilité, le fonds d'urgence permanent de la zone euro. L'hebdomadaire allemand affirme que la chancelière s'oppose désormais purement et simplement à la candidature de Draghi.
Sans citer de sources, Der Spiegel affirme en outre qu'Angela Merkel serait favorable à ce que Mario Draghi succède à Dominique Strauss-Kahn à la direction générale du Fonds monétaire international. Un souhait en forme de rebuffade pour Paris, qui souhaite envoyer un autre Français aux commandes du FMI, Christine Lagarde étant présentée comme une candidate potentielle.
Le mandat du Français Jean-Claude Trichet s'achève le 31 octobre prochain.