TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 29 avril 2011

Les Windsor sont éternels

Un lien irrationnel, sentimental, absurde - et naturel. Non seulement la monarchie britannique a survécu au 20ème siècle, mais elle demeure le ciment de la nation, s'émerveille le très traditionnel Daily Telegraph, à la veille du mariage du futur roi. 

Il y a à peine plus de cent ans, le 6 mai 1910, les têtes couronnées d’Europe se réunissaient à Londres pour assister au couronnement de George V, grand-père de la reine. En dépit de la magnificence de la cérémonie, de nombreux observateurs étaient convaincus que le régime ainsi mis en vedette n’avait aucune chance de tenir jusqu’à la fin du XXe siècle.
Le dramaturge George Bernard Shaw voyait dans la monarchie une "hallucination universelle" des peuples qui ne tarderait pas à disparaître. H. G. Wells, romancier progressiste, estimait que la monarchie avait autant de chances de survie que "le Lama du Tibet a de chances de devenir l’empereur de la Terre".
Ces prédictions paraissaient parfaitement raisonnables. A l’aube du XXe siècle, les vieilles monarchies d’Europe étaient féodales, absurdes et totalement coupées de l’esprit démocratique de leur époque. En outre, la suite des événements n’allait pas tarder à confirmer la clairvoyance de ces détracteurs de la monarchie. Quelques années après le couronnement de George V, une bonne partie des grandes dynasties furent balayées. Trois ans plus tard, l’archiduc François-Ferdinand, héritier présomptif de la couronne d’Autriche, était assassiné avec sa femme Sophie à Sarajevo. Le cousin de George V, le Kaiser Guillaume II, fut contraint de s’exiler à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. En Russie, les Romanov furent massacrés.

Une institution qui paraît anachronique

Cependant, la famille royale britannique a survécu au carnage. Il y a certes eu des moments délicats, notamment la crise de l’abdication en 1936 et les convulsions populaires qui ont suivi la mort de Diana, la princesse de Galles, en 1997. Mais la monarchie s’en est sortie — et elle a rarement paru aussi forte que cette semaine, à l’approche du mariage du prince William et de Catherine Middleton. Alors comment expliquer la survie d’une institution qui paraît à première vue si anachronique ? La question mérite d’être posée.
Tout d’abord, cette survie est le fruit d’un pragmatisme hautement intelligent. La sagesse populaire tient les Windsor pour des idiots. En fait, ils ont toujours eu un sens très sûr de l’adaptation. Les monarques britanniques modernes ont accepté des compromis: la Reine, cédant aux pressions, a accepté de payer l’impôt sur le revenu à partir de 1993; la semaine dernière, elle a donné son accord à une modification des lois de succession dans le sens d’une plus grande parité (même si une mesure visant à autoriser des catholiques à épouser des membres de la famille royale a été abandonnée, l’Eglise d’Angleterre ayant soulevé des objections).
Toutefois, ces tactiques politiques, si astucieuses soient-elles, ne suffisent pas à expliquer la profonde affection des Britanniques pour la monarchie. Nous sommes un pays attaché au cérémonial, aux coutumes, aux traditions. Nous sommes profondément conscients de notre passé tantôt glorieux, tantôt tragique, parfois honteux. La monarchie est l’expression nationale de notre vénération commune de l’expérience.

L'affection pour la reine enracinée dans l'inconscient collectif

Mais la relation entre la reine et ses sujets va plus loin encore. Car la monarchie ne nous définit pas seulement comme nation, elle nous définit comme individus. Notre respect et notre affection pour la reine s’enracinent dans notre inconscient collectif.
C’est irrationnel, c’est sentimental, c’est absurde. Et parfois complètement dingue. Et pourtant, la monarchie fonctionne: elle humanise un Etat qui sans elle pourrait sembler distant et impersonnel. Les gens qui ont beaucoup de mal à se sentir concernés par un loi du parlement, une directive de Bruxelles, un law lord [juge siégeant à la Chambre des Lords] ou un secrétaire permanent [chargé de la bonne marche d’un ministère], tous rouages essentiels de l’Etat, voient très bien quel est le rôle de la famille royale. Nous partageons leurs tragédies, leurs joies et leurs drames familiaux.
Seul un groupe se sent exclu : les intellectuels. Qu’ils soient de gauche ou de droite, ceux-ci ont toujours méprisé l’institution monarchique. Comment pourrait-elle cadrer avec leurs projets grandioses et abstraits de transformation de la société? Tony Benn, le républicain le plus distingué de Grande-Bretagne, se plaît à demander si nous accorderions notre confiance à un pilote de ligne ou à un médecin héréditaires. Il n’y a pas de réponse à cette question. L’institution est illogique.
Mais pour autant, cela ne signifie pas que la monarchie n’ait aucune utilité. Bien au contraire: elle occupe un espace public qui autrement serait capté par les partis politiques. Si le chef d’Etat n’était pas la reine, ce serait une Thatcher ou un Blair, qui l’un comme l’autre diviseraient le pays.
La présence de la famille royale au cœur des affaires nationales est l’une des principales raisons de l’extraordinaire stabilité politique de la Grande-Bretagne depuis deux cents ans. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l’écrivain socialiste George Orwell a reconnu cet état de fait, observant que la présence de la famille royale avait contribué à sauver la Grande-Bretagne du fascisme pendant la crise des années 30.

La presse anglaise se moque de la famille royale

Les intellectuels de gauche (et d’extrême droite) ne veulent pas entendre ces vérités élémentaires. C’est pourquoi, ces dernières semaines, à l’approche du mariage princier, une partie de la presse — The Guardian et The Independent en tête — a multiplié les insultes et les moqueries à l’encontre de la famille royale.
Dans le lot, il y a beaucoup de propos choquants que nous ne nous abaisserons pas à répéter. D’autres étaient d’une suffisance ridicule — je pense en particulier à un article déplaisant, plein de mépris et d’invectives, où Joan Smith de The Independent se plaint amèrement qu’un jour "alors que je venais de lui dire un simple ‘bonjour’ sans lui faire la révérence, la reine a fait comme si elle ne me voyait pas".
Mais certains articles sont carrément sinistres. The Guardian a présenté un projet de cours sur la monarchie à l’intention des enseignants, qui comporte des slides [diapositives] PowerPoint, à utiliser en classe en prévision du grand jour. Il s’agit d’une propagande anti-royaliste éhontée, et l’auteur déclare son objectif sans vergogne : "La présentation PowerPoint donne aux élèves le vocabulaire et l’information, tous les éléments dont ils ont besoin pour se faire leur propre idée sur la question et se préparer au défi final : faut-il abolir la monarchie?"
Le mariage de cette semaine sera un grand jour : le prince William et Catherine Middleton laissent présager une ère nouvelle, plus détendue, pour la famille royale. Mais si la bienveillance nationale a de quoi réjouir, le couple princier ne doit pas pécher par excès de confiance. Ses ennemis les plus intelligents ont compris que la cause républicaine restait sans espoir tant que la reine était en vie. Mais quand elle se sera éteinte, ils vont revenir à la charge. La famille royale va alors devoir puiser dans toutes ses réserves de pragmatisme et de sagesse tranquille si elle veut traverser le XXIe siècle.



Reactions

Une opinion publique confuse

Malgré le drapeau royal qui flotte et les plaintes des républicains, les britanniques ne savent que faire du mariage royal, affirme le sociologue Frank Furedi dans Spiked. "Il y a peu de magie dans l'air. Aujourd'hui, l'opinion britannique semble confuse et peu capable d'exprimer ses appartenances culturelle et nationale", écrit-il. "A l'approche du mariage, cette attitude de 'nous ne savons pas quoi faire' se généralise. C'est l'une des raisons qui explique, contrairement à des occasions précédentes, la baisse remarquable de demandes d'autorisation pour organiser des fêtes dans la rue". Un tiers des conseils locaux disent ne pas avoir reçu de demandes; d'autres affirment en avoir reçu seulement quatre ou cinq. Frank Furedi note que la discussion sur les aspects négatifs de la monarchie a été autorisée dans les médias, alors qu'elle brillait par son absence lors du mariage du Prince Charles et de la Princesse Diana en 1981. Mais cela ne signifie pas non plus que la Grande-Bretagne est sur le chemin de la république. "Aucun argument ne trouve un écho dans l'imagination du public. Et l'absence d'enthousiasme public pour les fêtes de rue ne se traduit pas non plus par le soutien de la campagne républicaine."

Réformer Schengen, un geste dérisoire

La France et l'Italie demandent une réforme de la convention sur la libre circulation. Elles ne devraient pas avoir de mal à obtenir ce qu'elles veulent, mais cela ne réglera par le problème de l'accueil des immigrés, estime la Berliner Zeitung. 

Un geste de substitution est un acte effectué à la place d’un autre, non-réalisable. Ce phénomène s’observe dans tous les domaines de l’existence, notamment en politique : on fait n’importe quoi pour ne pas faire ce qui est nécessaire.
La récente offensive menée contre la convention de Schengen en est un bon exemple. Les gouvernements français et italien veulent temporairement rétablir des contrôles à la frontière entre pays européens au cas où l'Europe serait confrontée à un afflux massif de réfugiés. L’Allemagne approuve.
A la Commission européenne, Rome et Paris – sur le principe – jouent sur du velours. Leur proposition ne soulève concrètement aucune objection. Rien ne laisse penser que cette idée met sérieusement en péril le principe de la liberté de circulation en Europe. Seulement voilà: cette initiative n’a strictement rien à voir avec le véritable problème à propos duquel l’Europe fuit systématiquement ses responsabilités.
La vraie question est la suivante : comment l’Union européenne peut-elle mettre en place une politique d’immigration commune et solidaire ? Il est nécessaire pour les Etats membres de se répartir équitablement le travail entre l’accueil et l’intégration des demandeurs d’asile, ce indépendamment d’évènements ponctuels comme le récent afflux de dizaines de milliers de réfugiés en provenance de Tunisie.
L’Europe échoue toujours lamentablement à répondre à cette question importante. Les principaux obstacles sont l’Allemagne et l’Autriche. Ils ne veulent pas des réfugiés qui traversent la Méditerranée pour fuir la misère. Politiquement, la position de l’Europe est complètement au point mort. Alors l’Europe s’agite. Par principe.

Cible des islamistes marocains : les sites touristiques

Pour ces terroristes, les étrangers qui visitent le pays le “pervertissent”.

Depuis toujours, la stratégie des islamistes marocains (mais aussi tunisiens, égyptiens, etc.) liés à la mouvance « salafiste jihadiste », dont al-Qaida est l’avant-garde, consiste à frapper les zones touristiques, afin de déstabiliser les dirigeants « impies » ou apostats liés aux pays occidentaux, d’où viennent la majorité des touristes qui « pervertissent » les pays musulmans, selon les islamistes.

Rappelons que, le 16 mai 2003, une série d’attaques terroristes visant également des touristes fut perpétrée à Casablanca, la plus grande ville du Maroc. Les attentats, qui firent 45 morts (dont 12 kamikazes) et 100 blessés, visaient un hôtel, des restaurants fréquentés par des étrangers et des établissements juifs de la ville. Entre 2001 et 2011, les autorités marocaines ont régulièrement démantelé des cellules terroristes et arrêté des terroristes plus ou moins liés à la mouvance al-Qaida. Ainsi, le 11 mars 2007, un kamikaze marocain trouva la mort en actionnant une bombe dissimulée sous ses vêtements dans un cybercafé de Sidi Moumen, à Casablanca, et, le 13 août 2007, un autre kamikaze marocain se fit exploser avec une bonbonne de gaz, à Meknès, manquant de peu le bus de touristes qu’il visait.

Parmi les terroristes arrêtés par les services marocains, figure Saad Houssaini, soupçonné de liens avec al-Qaida et d’implication dans les attentats de Casablanca en 2003 et de Madrid en 2004.

Saad Houssaini était le chef de la commission militaire du GICM (Groupe islamique combattant marocain). Depuis août 2006, suite au démantèlement de l’organisation terroriste marocaine Ansar al-Mahdi, les autorités marocaines ont multiplié les mesures de sécurité dans les ports, sur les routes et dans les aéroports. Il est clair que le Maroc est l’un des pays musulmans les plus visés par le terrorisme salafiste djihadiste, en raison de ses liens avec les Etats-Unis et l’Occident, de son islam modéré, du fait qu’il abrite une communauté juive importante liée au pouvoir monarchique, et du fait que ce pays mène une lutte sans merci contre les réseaux islamistes maghrébins liés à al-Qaida, notamment à AQMI (al-Qaida au Maghreb islamique). Dans ce contexte, les autorités marocaines n’ont pas seulement procédé à des arrestations de terroristes, mais elles ont également interdit plusieurs partis politiques islamistes qui se disent opposés au terrorisme mais qui entretiendraient des liens avec certains groupes violents. C’est ainsi que le parti islamiste al-Badil al-Hadari fut interdit en raison de l’implication de ses dirigeants dans l’affaire du réseau terroriste Belliraj : un réseau dirigé par un islamiste marocain résidant en Belgique, dont l’argent provenait des braquages, recels et de contributions diverses. Les arrestations visèrent même des membres du respectable Parti islamiste de la justice et du développement, le PJD, du mouvement al-Badil al-Hadari, ou du Hizb al-Oumma.

En fait, l’islamisme marocain est éclaté en trois grandes mouvances. La composante salafiste violente (« djihadiste »), considère le Maroc comme une société « impie » dont il faut se dissocier en s’exilant ou combattre par le terrorisme. D’où le fait que nombre de salafistes quittent les villes touristiques marocaines « terres du péché » pour s’installer dans le Sahel, le Sahara ou les périphéries marginales, comme les banlieues de Sidi Moumen, dont sont originaires les auteurs des attentats de Casablanca. Ainsi, le Groupe islamique des combattants marocains (GICM), fondé en 1997 par des anciens d’Afghanistan, est affilié à al-Qaida, a pris le Sahara, le sud désertique de l’Algérie et la Mauritanie comme bases arrière. Lié aux mouvements terroristes algériens (GSPC) et à AQMI, qui en est l’émanation, le GICM veut créer un Etat islamique au Maroc. L’un de ses fondateurs, Saad Houssaini, encourt la peine de mort pour sa participation aux attentats de Casablanca et de Madrid.

Lady Di, princesse for ever

Près de quatorze ans après sa mort tragique, la princesse Diana reste irremplaçable dans le cœur des Anglais. Un modèle à suivre pour Kate.

Diana fait partie de ces princesses qui ont marqué leur temps. Trente ans après son mariage avec le prince Charles, celle que la presse anglaise surnommait « Shy Di » (« Di la Timide ») garde une place de choix dans le cœur des Anglais. « Diana reste une icône pour nous. Quatorze ans après sa mort, elle est encore régulièrement citée dans les tabloïds et à la télévision. Elle a vraiment marqué de nombreuses générations d’Anglais. On n’est pas près de l’oublier », explique Judith, une étudiante londonienne de 25 ans. N’en déplaise aux mauvaises langues. Telle cette chroniqueuse de la maison royale qui déclarait récemment : « La vérité, c’est que Diana ne fait plus partie de la vie des gens, ici en Angleterre. Allez-les voir, parlez-leur d’elle. Là, bien sûr, ils vous expliqueront combien elle était formidable. Mais en réalité son souvenir a commencé à s’effacer des esprits. Ils n’y pensent plus, c’est tout. » Alors que la fontaine érigée en sa mémoire au milieu de Hyde Park, à Londres, fait débat (fermetures à répétition pour mauvais entretien et négligences) et que le Diana, Princess of Wales Memorial, créé en 1997 afin de soutenir des associations caritatives, fermera définitivement ses portes dans un an, William et Harry apparaissent comme les deux derniers garants de la mémoire de leur mère. « Une mère formidable que je ne remplacerai jamais », confiait le cute and kind (« mignon et gentil ») William en 2010, lors d’un entretien télévisé en présence de Kate.
Pour celle qui souhaitait offrir à ses enfants la vie le plus normale possible, le mariage de William avec une jeune femme issue de la classe moyenne pourrait symboliser une victoire posthume. « Kate et William ont une vie normale, des amis normaux, William cuisine et fait le ménage, c’est un homme moderne, raconte Simone Simonns, une amie proche de Diana. Diana a réussi à lui faire comprendre combien il était important de garder les pieds sur terre. » Quelques mois avant sa mort, la « princesse de cœur » confessait que toutes ses espérances se portaient sur son fils aîné : « Il sera le seul capable d’inventer une nouvelle façon d’être roi au IIIe millénaire. »

Avant… Après…

Evénement royal : Mariage prince Charles et Diana Spencer / Mariage prince William et Kate Middleton

Date : 29 juillet 1981 et 29 avril 2011
Lieu : Cathédrale St Paul / Abbaye de Westminster
Nombre d’invités : 3.500 / 1.900
Age de la mariée : 20 ans / 29 ans
Durée de la relation avant le mariage : Brève / Huit ans
Surnom donné par les Anglais : Shy Di (« Di la timide ») / Waity Katie (« Katie qu’attend »)
Mouton noir exclu du mariage : Barbara Cartland / Sarah Fergusson
Chef d’Etat libyen exclu du mariage : Mouammar Kadhafi / Mouammar Kadhafi
Arrivée de la mariée à l’église : En carrosse / En Rolls-Royce IV
Lieu de la demande en mariage : Buckingham Palace / Un lodge au Kenya
Soirée de veille du mariage : En compagnie de la reine mère / Avec sa famille

Les chiffres

13 C’est le nombre de fois où Lady Di et le prince Charles se sont vus avant leur mariage.
2,3 milliards C’est le montant des recettes engrangées par la vente de produits dérivés lors du mariage de Charles et Diana. Les dépenses en cadeaux souvenirs sont estimées à 181 millions d’euros à l’occasion du mariage de Kate et William.
Destin tragique Lady Di est morte dans un accident de voiture sous le tunnel du pont de l’Alma, à Paris, le 31 août 1997. Elle était âgée de 36 ans.
750 millions C’est le nombre de téléspectateurs qui avaient suivi le mariage de Diana et de Charles, en 1981. Trente ans plus tard, quelque 2 milliards de téléspectateurs devraient suivre le mariage de William et de Kate.
15 ans Diana et Charles se sont mariés le 29 juillet 1981 à la cathédrale St Paul, à Londres. Leur divorce est prononcé le 28 août 1996. Leur mariage aura duré quinze ans.

D.S.KANDIDAT

Depuis plusieurs mois, je l’ai affirmé sans restrictions, Dominique Strauss-Kahn sera candidat aux primaires du Parti socialiste parce qu’il entend être candidat à l’élection présidentielle. Beaucoup en doutaient, à l’extérieur du PS et même à l’intérieur de la famille, pour diverses raisons : choix de confort avec la possibilité ouverte pour lui de faire un deuxième mandat au FMI ou manque d’envie de se battre et de se colleter avec ses concurrents au sein du PS. On lui reprochait volontiers de vouloir être désigné comme candidat par un congrès d’acclamations et de ratification. S’il reste encore aujourd’hui des sceptiques, ils sont de moins en moins nombreux. En fait DSK, qui a envie de l’Elysée, n’aurait déserté la bataille de 2012 que pour deux raisons, un président sortant candidat en grande forme et favori, ou un score médiocre face à ses rivaux dans les sondages et enquêtes de popularité.

C’est tout le contraire et c’est pour cela que M. Strauss-Kahn a entamé le processus de sa candidature avec la stratégie des petits cailloux et l’aide conjuguée d’Anne Sinclair et de son équipe de communication. Il a déjà dépassé la date où il aurait dû annoncer son renoncement et prépare désormais les conditions de son atterrissage. Comme prévu, Martine Aubry, respectueuse du pacte signé, se prépare à un autre rôle en cas de victoire, peut-être Matignon.

Le seul gros obstacle à franchir sur la route des primaires reste François Hollande. Déterminé et compétent, coriace dans la manœuvre, M. Hollande irrite les lieutenants de DSK au point de leur faire perdre leur sang-froid. Le duel DSK-Hollande ne sera pas une partie de plaisir.

Les coucous de l’horloge socialiste

Qu’elles seront longues les saisons, les heures et les minutes qui séparent encore le PS de la désignation de son candidat à l’élection présidentielle.

Elles comptent double dans la durée politique et l’histoire politique mesurera combien elles auront pesé lourd sur le chemin du retour au pouvoir que la gauche a tracé à l’avance : nous ne sommes qu’au printemps 2011 et les germes de rivalités internes, essaimés par les uns et par les autres dans le vent des ambitions individuelles, commencent déjà à donner des pousses qui pourraient s’avérer empoisonnées pour la moisson 2012.

Le grand Léo — Ferré — n’était pas si prosaïque, mais oui, décidément, avec le temps, va, tout s’en va, et avec lui les promesses d’une primaire apaisée et loyale qui auraient pavé la voie vers une victoire facile.

La montée en puissance de François Hollande dérange manifestement le scénario écrit à l’avance d’un retour triomphal de Dominique Strauss-Kahn. Quel effet de teasing restera-t-il au directeur du Fonds monétaire international quand il finira enfin par se déclarer, sans doute en mai ? Que restera-t-il du désir d’avenir qu’auront attisé, des mois durant, son absence et le mystère sur ses intentions présidentielles ?

La stratégie de la rareté montre toutes ses limites avant même que le champion des sondages revienne en France. Lucide, DSK s’attendait lui-même à perdre des points dès lors que son retour le banaliserait. Mais pas si tôt.

Le concept séduisant du candidat virtuel, sorte de héros providentiel des socialistes, est aujourd’hui doublement battu en brèche. L’appétit vient naturellement en mangeant à la première secrétaire du PS : sa fonction fait d’elle une candidate. L’opiniâtre maire de Lille n’est peut-être plus si sûre de vouloir s’effacer devant l’exilé de Washington.

Quant à son prédécesseur, rue de Solférino, il a privilégié une campagne de terrain de longue haleine et elle a entamé officiellement sa course hier soir à Clichy-la-Garenne. L’éternelle histoire de la tortue qui avance, avance, sans se retourner et finit par battre le lièvre ?

Dans une version optimiste, la division du parti dans ce match à 3, 4, 5 ou 6 — puisque Ségolène Royal ne détellera pas — ne sera qu’un épisode. Et les compétiteurs, quelles que soient les amabilités qu’ils s’échangeront, pourraient tous finir par se retrouver derrière le vainqueur à la manière d’un Obama rassembleur des démocrates américains et des supporters d’Hillary Clinton.

Mais le précédent socialiste français de 2007 n’augure pas forcément du dénouement à l’américaine de 2008.

En faisant bouillonner les exaspérations, le faux suspense DSK ne peut que recuire les jalousies, mitonner les petites phrases assassines et provoquer l’indigestion du grand public devant des recettes de communication aussi pesantes.


La monarchie britannique résiste bien

Si l'on en croit les sondages, 70 % des Britanniques se déclarent indifférents au mariage royal de William et Kate. Or la cérémonie devrait être regardée par deux milliards de téléspectateurs dans le monde. Comment ce qui passionne la planète peut-il laisser de marbre les Anglais eux-mêmes ? Ou la réalité est-elle autre ?

Une majorité de Britanniques a beau prendre ses distances avec les festivités d'aujourd'hui, elle n'en déclare pas moins - à plus de 60 % - son adhésion à l'institution monarchique. La reine elle-même n'a jamais été plus populaire auprès de ses sujets.

La monarchie est, pour la Grande-Bretagne, l'équivalent de ce qu'est la République pour la France et la Constitution pour les États-Unis : l'incarnation de l'identité nationale. Et, à l'heure de la mondialisation, l'institution fait mieux que résister. Ce ne sont pas seulement les « vieux Britanniques » qui se reconnaissent en elle. Plus le monde est transparent et interdépendant, plus la volonté de se sentir membre d'une grande famille collective peut apparaître comme une forme de protection.

Les traditions créent un sentiment de continuité rassurante. Elles donnent aussi, parfois, une force plus grande. En 1940, Winston Churchill a pu mobiliser toutes les énergies britanniques pour résister à l'Allemagne d'Hitler parce qu'il bénéficiait du soutien d'une famille royale qui, sous les bombes, avait choisi de rester à Londres. Le protocole et ses rituels d'une autre époque réaffirment à leur façon un lien entre passé et présent, qui reste une des clés de la « démocratie à l'anglaise ».

Rêve ou sagesse ?

Sur le plan démocratique, la monarchie constitutionnelle, parce qu'elle distingue entre le symbole du pouvoir - le souverain - et la réalité du pouvoir - le Premier ministre -, peut apparaître comme un système plus équilibré que la « monarchie républicaine » à la française où tous les pouvoirs sont concentrés sur la présidence de la République.

En l'espace de dix -huit mois, les Britanniques auront ainsi un mariage royal et les Jeux olympiques. L'état de leur économie n'est pas meilleur que celui de la France et pourtant, en dépit des tensions sociales, les Britanniques sont infiniment moins moroses que peuvent l'être les Français. Il serait certes exagéré de considérer que la monarchie, que l'on peut voir comme une « machine à fabriquer du rêve », suffit à expliquer la différence entre les deux nations. Mais la mariée, Kate Middleton, parce qu'elle n'appartient pas à la noblesse et plus encore parce que sa famille, en l'espace de quatre générations, est passée de la mine à la couronne, est l'exemple rêvé de l'ascension sociale dans une société peut-être plus ouverte que la nôtre.

Les Français peuvent regarder avec un mélange d'amusement, de fascination et de nostalgie les rituels monarchiques de leurs voisins. Les Américains, dont le Président est entouré d'une pompe toute monarchique, regardent, eux aussi, avec révérence la couronne britannique. Les deux films anglais qui ont eu le plus de succès aux États-Unis récemment - The Queen et Le Discours du Roi - ne sont-ils pas deux célébrations du système monarchique ?

Aujourd'hui, à Londres, ce n'est pas seulement le rêve romantique ou une romance médiatisée à outrance qui sont célébrés, mais une certaine forme de sagesse politique ancestrale. Moderne d'une certaine façon.