TOUT EST DIT

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dimanche 10 avril 2011

L'OTAN a détruit 25 tanks libyens

Des avions de l'OTAN ont détruit onze tanks des troupes du colonel Mouammar Khadafi sur une route menant à la ville de d'Ajdabiya dans l'est de la Lybie et 14 près de Misrata dans l'ouest, a annoncé dimanche un responsable de l'alliance. "Clairement, la situation à Ajdabiya est désespérée et les forces de Kadhafi attaquent la ville à l'arme lourde", a-t-il ajouté. Quatorze autres tanks libyens ont été détruits près de Misrata, assiégée par les forces fidèles au colonel Kadhafi depuis plus d'un mois, a-t-il dit.

Ajdabiya   est considéré comme un "verrou" stratégique contrôlant l'accès à l'Est libyen. Les forces de Mouammar Kadhafi annoncaient dimanche matin avoir progressé vers le centre de la ville. Samedi, les kadhafistes avaient repoussé à coups de canon les rebelles en direction de la ville, malgré les frappes de l'OTAN.
"PAS DE SOLUTION MILITAIRE"
Dans la nuit de samedi à dimanche, le comité de médiateurs de l'Union africaine (UA) pour la Libye, réuni à Nouakchott, a réitéré son appel à "la cessation immédiate de toutes les hostilités" et évoqué une "période transitoire" pour l'adoption de réformes dans ce pays, en prélude à une visite dimanche à Tripoli.
Comme en écho, le chef du Congrès général du peuple, Mohamed Zwei, a annoncé samedi soir à Tripoli qu'un projet de constitution, en préparation depuis 2007, serait soumis à l'approbation des Libyens dès la fin de la crise. La rébellion a par avance rejeté toute idée d'un cessez-le-feu impliquant le maintien au pouvoir de Mouammar Kadhafi ou de ses fils. Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a estimé de son côté qu'il n'y avait "pas de solution militaire" au conflit et qu'il fallait une solution politique, dans une interview au magazine Der Spiegel.

L'émissaire de Kadhafi en Grèce prône l'arrêt des combats


L'émissaire dépêché dimanche en Grèce par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a informé le Premier ministre George Papandréou que son pays souhaitait une solution et un arrêt des combats, indique une source gouvernementale grecque.

"Il semble que les autorités libyennes cherchent une solution", a dit le ministre grec des Affaires étrangères Dimitris Droutsas, après une rencontre avec le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Obeïdi.

Obeïdi s'était rendu en Grèce dimanche en étant porteur d'un message du dirigeant libyen dont la teneur n'avait pas été dévoilée.

Un responsable gouvernemental a précisé à Reuters qu'Obeïdi a exprimé le souhait de la Libye de voir les combats s'arrêter. Obeïdi a informé Papandréou qu'il va ensuite se rendre à Malte et en Turquie, a ajouté Droutsas.

La Grèce entretient depuis de nombreuses années de bonnes relations avec le régime libyen et le chef du gouvernement grec a eu une série d'entretiens téléphoniques avec des responsables à Tripoli mais également avec ses homologues britannique et turc et avec des dirigeants qataris au cours de deux derniers jours.

Le message délivré par le vice-ministre libyen des Affaires étrangères intervient alors que la situation humanitaire devient préoccupante à Misrata, où un navire-hôpital turc a réussi à évacuer 250 blessés dimanche.

Le bâtiment a été dépêché dans la cité portuaire sur ordre du ministère turc des Affaires étrangères et a passé quatre jours au large à attendre d'avoir l'autorisation de mouiller dans le port pour procéder aux évacuations.

Le ferry Ankara, transformé en navire-hôpital, a pu accoster en bénéficiant de la protection aérienne de 10 chasseurs F-16 de l'armée de l'Air turque et de l'appui de deux frégates de la Marine, a expliqué un diplomate turc.

Il a embarqué des blessés et 100 membres de leurs familles avant d'appareiller en toute hâte alors qu'une foule importante se pressait sur les quais espérant quitter la Libye.

"C'est une situation très difficile... Nous avons dû appareiller très tôt", a dit Ali Akin, chef des affaires consulaires au ministère turc des Affaires étrangères.

"Il n'y a pas assez de places dans l'hôpital (de Misrata) donc ils soignent certains blessés et les renvoient ensuite chez eux. Cela fait que nous avons eu du mal à les récupérer", a-t-il ajouté.

Un comité hospitalier a informé les autorités turques que 120 blessés nécessitaient d'être évacués. La navire a également fait une escale à Benghazi pour évacuer d'autres victimes.

Il va maintenant faire route vers la Turquie où un hôpital de campagne a été installé.

Contre Gbagbo, une seule solution : la poliorcétique

Les nouvelles autorités de la Côte d'Ivoire comptent sortir vivant l'ex-président de son bunker.

La spécialité de l'art militaire relative à la guerre de siège s'appelle la poliorcétique. Admettons qu'elle s'applique davantage à la prise d'une forteresse qu'à celle du bunker de Laurent Gbagbo. Mais dans ce cas précis, quelles seraient les conditions nécessaires pour amener l'ancien maître de la Côte d'Ivoire et ses derniers fidèles à résipiscence ? Depuis une semaine, l'ancien président ivoirien résiste aux forces de son successeur Alassane Ouattara dans un "bunker" de sa résidence du quartier de Cocody à Abidjan. Le 6 avril, les assaillants annonçaient "l'assaut final" contre le réduit, et affichaient à l'avance l'optimisme des vainqueurs : "On va sortir Laurent Gbagbo de son trou et le remettre à la disposition du président de la République", déclarait Sidiki Konaté, porte-parole de Guillaume Soro, Premier ministre d'Ouattara. Vantardise ! Car depuis cette date, rien n'a bougé. Il faut dire que, selon un officier français au fait de la situation sur le terrain, "les assaillants manquent de vaillance, et se replient au premier coup de feu..." Laurent Gbagbo refuse, quant à lui, de lâcher les ultimes apparences de son pouvoir défunt, et serait prêt, selon cet autre officier français qui l'a rencontré, "à se retrouver dans une posture de martyr, à terminer cette phase sans issue en se sacrifiant au nom de sa vision de la Côte d'Ivoire".
Mais tandis que la télévision aux mains d'Alassane Ouattara diffusait l'autre soir des extraits du film La chute sur les dernières heures d'Adolf Hitler, avant son suicide dans un bunker de Berlin, Laurent Gbagbo appelait au téléphone un journaliste français : "Moi, je ne suis pas un kamikaze, j'aime la vie. Ma voix n'est pas une voix de martyr. Je ne cherche pas la mort, mais si la mort arrive, elle arrive."
Carré de fidèles
La question qui tracasse aujourd'hui les nouvelles autorités de la Côte d'Ivoire consiste à faire sortir vivant Laurent Gbagbo de son trou, où il se terre sous la protection d'un carré de deux cents derniers fidèles, solidement armés et assez agressifs pour avoir récemment tenté des sorties en direction des résidences des ambassadeurs de France et du Japon. Avant d'être réprimés par les éléments français de la force Licorne. D'ailleurs, est-il vraiment utile de tenter de prendre par la force son réduit ? Tel n'est pas l'avis de plusieurs officiers français que nous avons consultés. À leurs yeux, il serait totalement contre-productif de lancer un assaut qui "coûterait inutilement des vies humaines", explique un officier du génie disposant d'une grande expérience opérationnelle. Mais il n'est pas question de coup de feu ou d'assaut à la baïonnette : "Si on me confie cette mission, les premières choses que je coupe à Gbagbo, c'est l'eau et l'électricité. Sans climatiseur, sans énergie, et sans eau, si sa résidence n'a pas de source autonome, lui et son dernier carré seront très mal..." Mais l'ex-chef d'État dispose sans doute de gros stocks d'armes et de munitions ? "Peu importe ! Ils tirent tous comme des ânes, avec des consommations énormes. Tout a une fin !" Et notre expert d'ajouter : "N'oubliez pas qu'ils vivent en milieu confiné, sans hygiène, dans la promiscuité, et qu'ils ont tous le Tribunal pénal international en tête. Je n'y suis pas, mais je vous garantis qu'il y a deux camps dans ce trou : celui des raisonnables qui veulent négocier. Et celui des allumés, sans doute dirigé par Simone Gbagbo, l'épouse de Laurent Gbagbo, qui se croient un destin divin !"
Pour tous nos interlocuteurs, Laurent Gabgbo "tombera comme un fruit mûr". Si d'aventure, hypothèse déraisonnable, un assaut était décidé (à quelles fins ?), il serait meurtrier et devrait être conduit par des troupes aguerries. Un spécialiste de la guerre urbaine évoque des "feux concentrés", une "décision rapide", une opération faisant appel à des blindés, de l'infanterie, du génie... Même si de tels moyens n'étaient pas mis en oeuvre, ce ne serait pas une mince affaire : il faudrait sans doute couper les communications radiotéléphoniques, conduire des approches par des tranchées, attaquer le bunker par ses voies d'aération, le tout sous la protection de mortiers, d'hélicoptères pour guider les feux et tirer éventuellement des missiles. Une solution dont personne ne veut... Il serait donc logique que les choses demeurent en l'état, Gbagbo et les siens "marinant dans leur jus", selon un officier général issu de l'arme du génie : "La température et la pression psychologique vont monter, et tout ça va tomber tout seul."

Fabius confirme le pacte Aubry-DSK


Laurent Fabius a confirmé aujourd’hui que Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn s’étaient entendus pour ne pas se présenter l’un contre l’autre aux primaires socialistes en vue de la présidentielle.

« Vous savez bien que nous avons décidé ensemble, avec d’autres, qu’ils n’iraient pas l’un contre l’autre », a déclaré le député socialiste de Seine-Maritime, qui a lui-même renoncé à candidater.

Invité du Grand Rendez-vous Europe 1-Le Parisien/Aujourd’hui en France, Laurent Fabius a estimé que la patronne du PS et le directeur du Fonds monétaire international étaient les deux responsables socialistes les mieux à même d’exercer la fonction présidentielle. « Il y a deux personnalités qui ont a la fois l’expérience, les compétences et la légitimité pour être nos candidats », a-t-il déclaré. Deux personnes «qui sont d’ailleurs mes amis et qui sont Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry ». « Ma préférence va vers ces deux personnes qui en plus sont complémentaires », a-t-il poursuivi.

Martine Aubry a déjà déclaré qu’elle et DSK ne se présenteraient pas l’un contre l’autre.

La primaire socialiste pour désigner un candidat à la présidentielle doit se tenir le 9 et 16 octobre (en cas de second tour). Elle est ouverte à tous les sympathisants de gauche qui devront s'acquitter d'un euro et signer une déclaration d'adhésion aux valeurs de la gauche.


HA ! QUID DES PRIMAIRES, ALORS ? C'EST LA GRANDE ESCROQUERIE SOCIALISTE QUI COMMENCE !!!

Japon : les zones contaminées à Fukushima cartographiées

Aux abords immédiats de la centrale, une personne reçoit en 10 heures la limite annuelle de radiations autorisée en France. Cette carte ne permet pas encore de définir les zones qui seront interdites à l'avenir.

La première cartographie des zones contaminées par l'accident de la centrale de Fukushima donne une image des dépôts radioactifs au sol pour la période comprise entre le 30 mars et le 3 avril. «Pour la première fois, on a une vision globale. C'est un document exceptionnel», assure Bruno Cessac, responsable du groupe chargé d'analyser les conséquences radiologiques de Fukushima au sein de l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).
Sans surprise, la zone la plus contaminée est celle qui se trouve autour de la centrale. La radioactivité y est supérieure à 12,5 millirems par heure (12,5 mR/h), le rem étant l'unité de dose radioactive utilisée aux États-Unis. Cela équivaut à 125 microsieverts par heure (125 µSv/h). «Les personnes stationnant dix heures dans cette zone reçoivent la dose limite à laquelle le public peut être exposé en une année en France», poursuit Bruno Cessac.
Dans la zone en vert, le niveau de radioactivité est moins élevé (2,5 µSv/h) mais pas négligeable. «Les personnes vivant dans cette zone reçoivent la dose limite annuelle de radioactivité en seulement 16,5 jours», souligne Jean-Christophe Gariel, de l'IRSN. Seule la zone en bleu peut être considérée comme faiblement contaminée. Le panache orangé et vert est orienté au nord-ouest. Ce marquage très prononcé est dû aux pluies et à la neige qui sont tombées sur cette région au moment où les rejets radioactifs provenant des réacteurs accidentés étaient les plus importants.

Des premiers éléments pour gérer l'après-catastrophe

La carte donne les premiers éléments qui permettront de gérer la phase post-accidentelle. Mais elle ne permet pas d'affirmer déjà quelle zone sera interdite à la population. «Il faut calculer la décroissance radioactive des dépôts mais, pour cela, il faut connaître précisément les radionucléides concernés (iode, césium…)», explique Jean-Christophe Gariel. Le zonage s'effectue en prenant en compte plusieurs autres paramètres, comme les habitudes de vie des populations.
Ce sont le département américain de l'Énergie (DOE) et l'Administration américaine de la sécurité nucléaire (NNSA) qui ont dressé cette carte. Ils s'appuient sur des mesures de radioactivité effectuées sur le terrain et par des hélicoptères équipés d'appareils de spectrogammamétrie comme ceux du système Helinuc, dont est dotée la France. «Le DOE doit avoir un contrat avec l'Agence japonaise de sûreté nucléaire (Nisa)», suppu te Bruno Cessac. L'armée américaine coopère avec les Japonais et des experts américains ont été missionnés sur place.
Le séisme de magnitude 7,1 qui s'est produit jeudi soir dans le nord-est du Japon n'a heureusement causé aucun dégât sur les centrales de Fukushima et d'Onagawa.

Panier du pauvre


Cette coïncidence est logique à pleurer. Mercredi dernier, la grande distribution s’engageait à préserver la santé et le portemonnaie des pauvres, en organisant des "paniers à 20 euros", assortiment de saines victuailles pour les moins-nantis. Et Frédéric Lefebvre, sous-ministre de la Consommation, bénissait l’opération en poussant télévisuellement un chariot dans les rayons du Carrefour de Charenton…
Trois jours après, dans toute la France, les salariés de Carrefour, justement, se mettaient en grève, pour leurs salaires et leur pouvoir d’achat; et on apprenait, au fil des reportages, qu’une caissière de l’enseigne ne gagnait pas assez pour faire ses courses chez son patron – se réfugiant au harddiscount du coin. À se demander si le "panier essentiel" ne devrait pas d’abord profiter aux employés du distributeur


L’histoire exhale le cynisme de l’époque. Avec la caution du gouvernement, les grandes surfaces se construisent une image d’entreprises socialement impliquées, quand, en interne, elles poussent leurs salariés à la disette ou à la révolte. Elles profitent de la crise et de la pauvreté ambiante, tout en l’entretenant chez eux. Et pendant ce temps, le groupe Carrefour se restructure, dans une manoeuvre dont on espère qu’elle sera profitable aux actionnaires, ou alors, à quoi bon? Comme souvent, la réalité ressemble à un tract gauchisant, l’ironie en plus. La pauvreté participe au marketing. L’État organise la consommation au rabais et enrobe l’humiliation de mots doucereux, et Lefebvre insiste, il ne faut pas dire "panier des pauvres" – mais alors quoi? Et le salariat, des deux côtés de la caisse enregistreuse, claque du bec à l’unisson…


Psychologiquement, la grève des Carrefour est une bonne nouvelle, qui rompt avec l’abattement et les faux-semblants. Fini la com'; fini la consommation assistée: simplement un conflit social, à l’ancienne, et sur l’essentiel: pouvoir vivre. Mais cette simplicité souligne les habiletés ou les complexités du pouvoir. Jeudi, le président de la République visitait l’Auvergne ouvrière. Il y a affirmé que les salariés devaient, eux aussi, profiter des dividendes des entreprises, sous forme de prime: idée séduisante, mais compliquée, quand il serait tellement plus simple d’augmenter les salaires…


Ensuite, le même président a averti les chômeurs de mauvaise foi, qui, paraît-il, refusent les offres d’emploi, qu’on allait désormais les contrôler sévèrement, la crise étant finie! Entre des dividendes virtuels d’un côté et la mise en joue bien réelle de chômeurs, promis à l’opprobre et, sans doute, au panier à 20 euros (trois repas pour une famille de quatre personnes), on pensait à une expression anglaise, à propos de la classe ouvrière qui n’en finit pas de subir: "Raining stones." Il pleut des pierres. Un jour, peut-être, ils les lanceront.

Révolutions arabes et défi migratoire

L'une des conséquences des révolutions arabes est l'afflux d'immigrés clandestins en provenance du Maghreb et d'Afrique noire. Ces dernières années, en échange de milliards d'euros, Kadhafi contenait les masses d'immigrés illégaux transitant par son pays. Aujourd'hui, la Libye laisse passer des milliers de clandestins chaque jour. En cas de chaos révolutionnaire généralisé au Maghreb, la coopération policière avec la Tunisie, l'Algérie ou le Maroc pourrait également voler en éclats. Du côté des pays européens d'accueil, Malte, l'Espagne, la Grèce et l'Italie sont les plus directement touchés. Il leur incombe la mission impossible de surveiller, seuls et sans soutien, les frontières extérieures de l'UE. L'Union européenne exige d'eux qu'ils accueillent les clandestins débarquant chaque jour sur leur sol, mais elle ne leur en donne pas les moyens. Or, sans l'aide des autres Etats européens, le contrôle des îles italiennes et maltaises ou des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla (nord du Maroc) est impossible. L'espace Schengen de libre circulation en Europe empêche les Etats de contrôler les frontières internes de l'UE. Il est temps de revoir l'ensemble de la politique européenne d'immigration, caractérisée par l'idéalisme et l'inadaptation, à la nouvelle donne géopolitique. Hélas ! ceux qui ont tenté, comme le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, de rassurer les Français en promettant de lutter contre l'immigration illégale et de diminuer l'immigration légale ont été lynchés médiatiquement. Mais on peut répondre aux lyncheurs déconnectés des réalités que, si l'on ne laisse pas le gouvernement appliquer la loi et répondre aux inquiétudes des Français, ceux-ci se tourneront vers les extrêmes. Notons que le Premier ministre britannique, David Cameron, a déclaré que l'immigration au Royaume-Uni a dépassé le seuil maximal acceptable, et qu'il fallait diviser par deux l'afflux annuel d'immigrés et ne faire entrer que les immigrés éduqués pouvant apporter un plus à la société britannique. C'est ce que souhaite aussi la majorité des Français.

Gentil Borloo, méchant Guéant

Pendant que le président de la République conforte sa stature d’homme d’Etat régalien qui sait se comporter face aux crises, qu’elles soient monétaires ou internationales, deux hommes clés se positionnent dans le dispositif Sarkozy de 2012, Claude Guéant et Jean-Louis Borloo. Tous deux sont des proches de Nicolas Sarkozy, l’un fut le grand ministre de l’Ecologie, l’autre le secrétaire général de l’Elysée, l’homme de confiance. Aujourd’hui tout semble les opposer : Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, parle tous les jours d’immigration en des termes qui choquent les tenants de la bien-pensance. Déjà les socialistes regrettent Brice Hortefeux et reprennent à leur compte la plaisanterie d’Anne Roumanoff : « L’UMP se rapproche du Front national à pas de Guéant. » En quelques semaines, Claude Guéant est devenu le méchant, honni à gauche, une posture qui n’est pas sans rappeler celle de Charles Pasqua autrefois. Dans le même temps, s’affirme le gentil Borloo, Borloo centriste, humaniste, social. Jean-Louis Borloo aussi débonnaire et convivial, sympathique et rigolo que le méchant Guéant paraît sombre, fermé, glacial. Borloo quitte l’UMP, un bon point pour lui, dit-on dans ces mouvances du centre, du radicalisme et de la droite sociale. Borloo au bord de la candidature, les mêmes applaudissent. Et si tout cela était une stratégie concertée pour ramener vers Sarkozy de 2012 ces électeurs de droite et du centre qui lorgnent vers Mme Le Pen ou M. Strauss-Kahn. Un peu comme dans ces polars où le bon flic et le méchant flic concourent au même objectif. Une telle stratégie a ses risques – Borloo au 2e tour au lieu de Sarkozy – mais c’est peut-être la bonne.

Raison d'Etat

Lundi soir, les administrateurs de Renault devront dire qui est responsable de l’affaire de pseudo-espionnage qui a abouti au licenciement brutal de quatre cadres supérieurs (dont un l’an dernier). Un lamentable fiasco dû à de graves dysfonctionnements au plus haut niveau du groupe automobile dans une ambiance de paranoïa qui rejaillit sur l’image du groupe et de sa direction. Patrick Pélata, le directeur général, portera-t-il le chapeau, avec quelques collaborateurs, pour protéger Carlos Ghosn, le patron du groupe? C’était la tendance ce week-end. Carlos Ghosn est un manager exceptionnel, forgé pour la mondialisation. D’origine libanaise, élevé au Brésil, il a dirigé Michelin aux États-Unis et redressé Nissan au Japon. Il a engagé l’avenir de Renault dans la bataille de la voiture électrique. Il est le patron le mieux payé de France – plus de neuf millions d’euros – puisqu’il dirige deux groupes à la fois, Renault et Nissan.

Dans le monde politique, le ministre concerné aurait déjà présenté sa démission. Dans l’entreprise, on se protège plus longtemps. Mais Didier Lombard a fini par payer pour la multiplication des suicides à France Télécom. Et Nicolas Sarkozy, étrangement silencieux sur toute cette affaire, avait obtenu, après le scandale Kerviel, la tête de Daniel Bouton, le président de la Société générale. Sacrifier Carlos Ghosn, dit-on, fragiliserait l’alliance entre Renault et Nissan. En somme, la raison d’État impose de le maintenir à ses deux postes. Voilà pourtant la cause de l’affaire. Le manager le plus accompli ne peut tout savoir et tout contrôler en jonglant entre les langues, les avions et les fuseaux horaires. Les maîtres du monde n’existent pas plus dans les affaires qu’en politique.

Nicolas Hulot, quinze minutes pour convaincre

L’animateur lancera sa candidature à la présidentielle, mercredi, en Seine-Saint-Denis. Il compte sur sa popularité pour distancer sa rivale Eva Joly et contraindre les Verts à le désigner au mois de juin. 

Le grand plongeon dans la politique aura lieu mercredi matin. Nicolas Hulot se déclarera à Sevran, en banlieue parisienne. Quinze minutes pour convaincre les Français qu’il est le meilleur pour incarner "l’écologie des solutions". L’animateur d’Ushuaïa ne répondra pas aux questions des journalistes, n’ira pas dans un 20 Heures le soir même. Le lendemain, Hulot s’expliquera dans les colonnes du Nouvel Observateur, hebdo de gauche par excellence. Puis il ira à la rencontre des militants écolos, se fera connaître.
"Il ne veut pas mépriser les militants d’Europe Écologie", souligne son ami et futur directeur de campagne, Jean-Paul Besset, qui espère que le paysage écolo se transformera après cette entrée en politique du chouchou des sondages. Car Eva Joly est déjà en campagne pour l’investiture d’Europe Écologie-les Verts depuis des mois. La petite équipe d’hulotistes a cherché le lieu le plus propice à cette déclaration. Ce sera donc une ville pauvre de Seine-Saint-Denis dirigée par un écolo. "Sevran est un haut lieu de la souffrance sociale et de la désespérance, décrypte Besset. Nicolas y retournera après, hors caméra. Son discours de transformation sociale s’adresse aux gens qui souffrent".

"Eva ça n’a pas marché."

Nicolas Hulot a rencontré Stéphane Gatignon, le maire de la ville. Passé du PC à Europe Écologie, Gatignon a été convaincu par l’ex-animateur de télé. "Ceux qui subissent le plus la crise écologique sont les plus pauvres. L’écologie doit s’articuler avec la justice sociale, confie Gatignon au JDD. Il faut un candidat écolo qui fasse des voix. Ça passe par lui, Eva ça n’a pas marché. Et qu’Hulot ne fasse pas sa déclaration dans un salon parisien, c’est plutôt bien". "Le risque, c’était que Nicolas fasse trop bobo, il fallait l’ancrer à gauche et l’ancrer dans l’écologie populaire", reconnaît un proche.
Hulot a rencontré des élus et des responsables associatifs de banlieue. Ce n’est pas du tout son monde, mais ces territoires perdus intéressent Hulot. "En banlieue, quand je dis Eva Joly, ils me répondent:“Qui ?”...Quand je dis Nicolas Hulot, ils me disent 'gel douche!'. Les gens le connaissent", affirme un des interlocuteurs d’Hulot. Sa popularité est son principal atout. Se traduira-t-elle en suffrages? "Sûrement pas, répond-on chez Eva Joly. C’est une illusion, sa popularité n’est pas une adhésion."

"Il est au pied d’un destin"

Qu’a-t-il à gagner, lui qui aime tant qu’on l’aime, à plonger dans la politique, à voir sa vie décortiquée, à se jeter dans la gueule de ces Verts coupeurs de têtes? Le sentiment d’être utile, disent ses proches. "Nicolas était au top de la popularité, il est au pied d’un destin. Il sait qu’il va en prendre plein la gueule, avoue son pote, Gérard Feldzer. Il faudra qu’il soit très entouré. Il va être critiqué pour son manque de professionnalisme en politique, mais il arrive avec une fraîcheur qui peut plaire."
Nicolas Hulot le répète lui même:"Je ne suis pas né écologiste, je le suis devenu." Et c’est ce message d’espoir qu’il veut développer. Selon Jean-Paul Besset, Hulot dira aux Français: "Je veux incarner cette possibilité d’en sortir. Je tiendrai un discours à l’opposé de tous les replis nationalistes. Aux angoisses et aux désespoirs profonds j’essaierai de trouver des solutions." Et après? "Nicolas ne fait pas ça par ambition personnelle, témoigne son ami Feldzer. Il ne va pas devenir président de la République tout de suite. Enfin, on ira quand même visiter pour voir s’il faut refaire les dorures!" 

AU MOINS ON NE VERRA PLUS SA TRONCHE SUR TF1 

Dans la jungle des lobbies

Le récent scandale impliquant des eurodéputés qui s’étaient laissés corrompre par des journalistes se faisant passer pour des lobbyistes a levé le voile sur les rapports souvent troubles entre les représentants des groupes d’intérêts et les institutions européennes. 

Le Parlement européen (PE) est de nouveau frappé par des scandales de corruption et la question du lobbying refait surface après la démission de plusieurs euro-parlementaires tombés dans le piège tendu par des journalistes du Sunday Times déguisés en lobbyistes.
Quant au président du PE, Jerzy Buzek, il a pour sa part prôné "la tolérance zéro" envers toute forme de corruption. Les analystes européens soutiennent cependant qu’en réalité le PE est désarmé – il peut s’indigner et démarrer une enquête interne, mais ne dispose d’aucun moyen de  faire partir "les moutons noirs".
La nervosité n’a cessé de croître après la publication de l’hebdomadaire britannique, qui a dévoilé comment ces députés ont cédé à la tentation, acceptant de l’argent en échange du soutien des certains amendements. Scandale de corruption ? Scandale de lobbying ? Scandale médiatique ? Quoiqu’il en soit, l’enquête de Sunday Times discrédite l’institution toute entière.

Les lobbies font le siège des institutions européennes

En matière de lobby, l'UE fait l’objet d’une attention spéciale, car le droit communautaire prime sur le droit national dans la quasi-totalité des cas et parce que les pouvoirs ne sont concentrés qu'à quelques endroits bien définis. Et les représentants des groupes d’intérêts ont très bien compris que Bruxelles est "l'épicentre" pour faire du lobbying.
Ici pullulent des milliers de lobbyistes, des centaines de sociétés de relations publiques et cabinets d’avocats, une douzaine de think-thanks et des "bureaux d’affaires européennes" de plusieurs centaines d'entreprises. La société civile et les groupes écologistes ne font pas le poids devant l’ampleur des moyens financiers et logistiques développés par l’industrie. Par exemple, la Fédération européenne de l’industrie chimique (CEFIC) dispose de plus de lobbyistes que toutes les organisations de protection de l’environnement réunies.
La Commission européenne, qui détient le pouvoir exclusif de proposer et de développer les nouvelles lois européennes, est l'une des cibles prioritaires. Mais l’intérêt des lobbyistes vis-à-vis du Parlement européen a augmenté proportionnellement à l'accroissement de son pouvoir (dû au traité de Lisbonne). Ce dernier peut désormais approuver, bloquer ou  modifier les propositions de la communauté européenne et ses députés sont devenus des cibles de choix.
L'UE intervient désormais dans des domaines de plus en plus techniques, qui nécessitent souvent une expertise. Au lieu de réaliser sa propre expertise, la Commission a laissé le champ libre  aux lobbyistes, qui sont devenus des interlocuteurs naturels des décisionnaires. Les groupes d’intérêt disposent aujourd’hui d’un accès privilégié aux locaux des institutions européennes.
Et, loin d’œuvrer pour l’intérêt général, ils se servent des intérêts privés et contribuent à façonner la législation européenne dans un sens favorable aux  grandes compagnies qui les rémunèrent. Les groupes de pression cachent soigneusement  leurs vraies motivations, en créant des sociétés –écran et en prétendant travailler pour des ONG ou financer des "experts indépendants".
L’influence des groupes d'intérêts qui opèrent dans l'ombre ne semble pas trop inquiéter l’UE. Bruxelles prospère sur la base de l’industrie de l’influence, respire les jeux de pouvoir des groupes de pression. Fonctionnaires, diplomates, lobbyistes et journalistes se rencontrent du matin au soir, déjeunent dans le quartier Europe, dînent dans le quartier des Sablons, participent aux cocktails, socialisent le soir et pendant les week-ends, unis dans un même club où l'on évoque une noble cause – l’Europe et son bien-être !

Il n'y a qu'un pas de commissaire à lobbyiste

Les cas d'ex-commissaires qui vendent leurs services et leur influence aux lobbys, provoquant des grands conflits d’intérêts qui corrompent finalement l’exécutif européen, se multiplient. Ce qui ennuie Bruxelles. Des 13 commissaires qui ont quitté la CE en février 2010, six travaillent désormais dans le secteur privé, recevant néanmoins des allocations européennes. Comme par hasard, tous ont rejoint des groupes privés dont ils ont déjà soutenu les intérêts durant leur mandat.
Le cas le plus célèbre est celui du social-démocrate Günter Verheugen. Commissaire chargé de l'Entreprise et de l'Industrie (2004-2010), il a été critiqué pour avoir favorisé de grandes sociétés au détriment des préoccupations sociales et d’environnement. Peu après avoir fini son mandat, il a créé son propre cabinet de consultance en lobbying, European Experience Company.
Son agence aide "les hauts représentants des institutions publiques et privées" dans leur action de lobbying auprès de l'UE. La compagnie facture "les recommandations stratégiques dans le domaine de la politique UE". Selon la députée allemande Inge Grasle (CDU), "toute personne qui dispose d’argent peut acheter l’accès de Verheugen aux institutions européennes".
Bien sûr, le Comité d’éthique de la Commission s’est penchée sur le cas, sans rien trouver à lui reprocher. D’ailleurs ce comité accorde systématiquement des exceptions aux anciens commissaires qui, officiellement, doivent attendre un an avant de s’habiller en lobbyistes.

Un code de conduite

La représentation des intérêts fait partie de la légitimité d’un état démocratique. Dans le cadre des efforts qu’elle mène afin de gagner la confiance du public, l’UE a établi un registre facultatif et se prépare à adopter un code de conduite afin d’assurer une transparence des représentations des intérêts. Selon l’ONG Alter-EU, qui milite pour la transparence des pratiques des lobbyistes, seul 40% des lobbies se sont inscrits à ce registre.


Parlement européen

Les eurodéputés s’accrochent à leurs privilèges

“Les eurodéputés du PP et du PSOE votent conjointement pour continuer à voyager en première classe", titre El Mundo,au lendemain du vote au Parlement européen sur les mesures d´ajustement budgétaire prévues pour 2012. "Comme la majorité de leurs collègues, ils ont aussi rejetté le gel des salaires ou le contrôle des indemnités", souligne le quotidien, tout en votant une augmentation du budget du Parlement de 2,3% en 2012. "Le vol d´un eurodéputé espagnol: 1 514 euros en classe affaires, 561 en classe touristes", rapporte El Mundo, pour qui cette affaire rend compréhensible que “la classe politique soit la troisième préoccupation" des Espagnols, selon le dernier sondage du CIS"honteuse et scandaleuse", conclut le quotidien. Après la publication de l´information sur le reseau Twitter et la polémique que celle-ci a suscitée, les socialistes ont annoncé le revirement de leur vote, optant pour l´abstention. (Centre de recherches sociologiques). Une attitude

Une offre que le Portugal ne pourra pas refuser

Les Irlandais et les Grecs le savent, demander un renflouement à la Commission européenne, c’est comme tomber entre les griffes de la mafia. Au tour des Portugais d’en faire l’amère expérience, affirme un spécialiste de l'économie. 

Dans un épisode de l’excellente série Les Soprano, le mafieux Tony Soprano explique à un parieur à la petite semaine pourquoi il le laisse jouer et perdre de grosses sommes. "Je savais que tu ne pourrais jamais te le permettre, mais ta femme avait cette boutique d’articles de sport”, lui déclare-t-il tout en vidant la boutique de ses marchandises et en la condamnant de fait à la faillite.
Les Soprano est disponible en portugais. En regardant la série, les téléspectateurs en apprendront plus sur ce qui les attend que dans n’importe quel article ou reportage, puisque le Portugal est la dernière économie en date à tomber entre les griffes de la Commission européenne, et peut-être aussi du FMI. Des griffes mafieuses, comme les Irlandais et les Grecs peuvent en témoigner.
Le gouvernement portugais aurait réclamé un prêt d’urgence de 80 milliards d’euros, à la suite d’une mise aux enchères d’obligations qui a vu les taux d’intérêt atteindre des niveaux exorbitants. Or, à en juger par les expériences vécues ailleurs en Europe, le taux d’intérêt imposé par l’UE ne sera pas inférieur à ceux, intenables, exigés par les marchés obligataires.

A Dublin, Athènes et Lisbonne, les mêmes scénarios se répètent

Les renflouements grec et irlandais ont été présentés comme une mesure extrême mais nécessaire afin de soutenir la solvabilité de l’Etat. Ils ont échoué. Les deux économies ont vu leurs notes continuer à être dégradées par les agences de notation internationales depuis l’annonce des renflouements, et les marchés financiers anticipent encore un défaut de paiement probable.
Le gouvernement de Lisbonne, comme ceux de Dublin et Athènes, ne va pas manquer de s’apercevoir qu’il a troqué l’incertitude d’une dette coûteuse sur les marchés financiers contre la certitude d’une dette exorbitante auprès de l’UE et du FMI. Par conséquent, l’Etat sera moins à même de rembourser sa dette à long terme, et moins capable, à plus court terme, de supporter les coûts du service de la dette.
Pire encore, en échange du renflouement, il se verra imposer de nouvelles réductions des dépenses publiques et un accroissement de la pression fiscale sur les revenus faibles et moyens — ce qui étrangle l’activité économique, et déprime le revenu fiscal dont dépend le service de la dette. Il est vraisemblable que le déficit augmentera, tout comme le risque d’un défaut de paiement. Les revenus fiscaux en Grèce et en Irlande sont en train de dégringoler.
En dépit de démentis publics, la rumeur court encore que le FMI pousserait Athènes à se déclarer en défaut de paiement partiel. Qu’elle soit fondée ou non, la plupart des spécialistes — autrement dit, The Economist, The Financial Times, et des économistes de renom comme Joseph Stiglitz, Paul Krugman et Kenneth Rogoff — ont appelé à ce que soit l’Irlande soit la Grèce opte pour cette solution, simplement parce que les intérêts ont atteint un niveau insurmontable.
Si ces gigantesques renflouements accroissent le risque d’un défaut, c’est parce que ce sont des renflouements à la Tony Soprano — il n’y a pas un centime pour les pays eux-mêmes, tout l’argent va directement dans les caisses de leurs créanciers, les banques européennes et, de plus en plus, les fonds spéculatifs américains.

La périphérie renfloue le centre névralgique financier

C’est une répétition des renflouements des banques honnis auxquels on a assisté dans le monde entier, mais cette fois, au niveau international. Ce sont les contribuables des économies dites “périphériques” qui renflouent les plus grandes banques d’Europe. Les banques du Royaume-Uni vont également en bénéficier, et la Royal Bank of Scotland nationalisée sera la première à faire la queue.
Les économies “périphériques”, voilà comment on appelle poliment les pays mis à l’index. On nous explique que cette appellation repose sur les niveaux de la dette, mais c’est un mensonge éhonté. En pourcentage du PIB, la dette publique est plus élevée en Italie, mais aussi en Belgique que dans toutes ces économies (à l’exception de la Grèce). Il est également faux de dire que ces pays sont tous chroniquement endettés : avant la crise, le budget de l’Irlande et de l’Espagne était excédentaire.
C’est en réalité la situation des banques qui fait qu’un pays se retrouve sous le feu des attaques concertées des marchés financiers, des agences de notation, de l’UE et de la Banque centrale européenne. Selon les données de la Banque des règlements internationaux, les actifs nets du secteur bancaire en Allemagne, au Benelux et en France dépassent les 2 000 milliards de dollars, tandis que le montant net de la dette extérieure du groupe des pays méditerranéens s’élève à 400 milliards de dollars. L’Irlande est passée du statut d’élève modèle de l’austérité à celui de cas désespéré de l’UE et du FMI dès le moment où son système bancaire s’est effondré fin 2010.
La classe politique porte aussi sa part de responsabilité. La crise a frappé tous les pays, mais certains l’ont mieux surmontée que d’autres, notamment grâce à une hausse des dépenses publiques qui a favorisé la  reprise économique. Et la crise a été plus durement ressentie dans les pays où la fiscalité était faible.
Or, dans le classement des pays à faible fiscalité, l’Irlande, l’Estonie, la Slovaquie, la Grèce, l’Espagne et le Portugal arrivent en tête. Leurs banques, leurs compagnies de fret, leurs spéculateurs immobiliers ont joué gros et perdu. Et maintenant les vautours peuvent s’en donner à cœur joie et les contribuables n’ont pas fini de souffrir. Comme dirait Tony S. : “Qu’est-ce qu’on y peut ?”


Débat

Un sauvetage à huis clos

Dans un blog écrit pour EUobserver, Bruno Waterfield, le correspondant à Bruxelles du Daily Telegraph, fait une critique en règle du plan de sauvetage de 80 milliards d'euros de l'UE-FMI et du programme d'austérité pour le Portugal. "L'un des mantras bureaucratiques que l'on entend à Bruxelles, écrit-il, est que l'UE traite avec 'les Etats et non les gouvernements"
"Cet axiome transforme l'Union européenne dévoile une Union des Etats bureaucratiques(fontionnaires, régulateurs, policiers, officiels et diplomates), et non des peuples.

"C'est le principe de pacta sunt servanda ou le processus qui permet d'enfermer d'importantes zones de décision politique, de l'économie à la justice en passant par la sécurité, dans une zone de gouvernance européenne bureaucratique dépourvue de gouvernement
.
Après la chute de l'administration socialiste de José Sócrates suite au rejet par le parlement du plan d'austérité dicté par l'Union européenne, 'les autorités portugaises', la représentation non élue de l'Etat, s'apprêtent à négocier avec 'leurs collègues' de Bruxelles.
"Cet accord, -n'oublions pas à quel point l'austérité dictée à l'Irlande est impopulaire et injuste – sera ficelé, scellé et obligatoire avant que le peuple portugais n'ait le temps de voter aux élections législatives du 5 juin".
 

Comique

Quand on observe de haut notre paysage politique, force est de constater que nous vivons, à droite comme à gauche, sous le règne d'une sorte de comique involontaire. De répétition, au surplus.

De ce point de vue, un grand philosophe du XXe siècle a déjà tout dit. Il faut recommander la lecture de ses "Pensées" (1) aux princes qui nous gouvernent et à ceux qui veulent prendre leur place. Il a une maxime pour chacune et chacun. C'est Pierre Dac.

Pour Nicolas Sarkozy: "Rien n'est jamais perdu tant qu'il reste quelque chose à trouver."

Pour Dominique Strauss-Kahn : "Si haut qu'il peut grimper, un chemin qui monte n'est rien d'autre qu'un chemin qui descend en sens inverse, et réciproquement."

Pour Claude Guéant : "Si, comme l'a dit un jour le général de Gaulle, la France n'était pas ce qu'elle est, c'est-à-dire la France, tous les Français seraient des étrangers."

Pour Jean-François Copé : "C'est ce qui divise les hommes qui multiplie leurs différends."

Pour Gérard Longuet : "La règle de plomb des services secrets, en cas de péril, est : tirer d'abord, viser ensuite et réfléchir après."

Pour François Fillon : "Dans la vie, il ne sert à rien de tenir bon la rampe si celle-ci est branlante et les marches de l'escalier aussi."

Pour Martine Aubry : "Ce n'est pas parce qu'en hiver on dit : "Fermez la porte, il fait froid dehors qu'il fait moins froid dehors quand la porte est fermée."

Pour François Hollande : "Il ne faut jamais remettre au lendemain ce qu'on n'a pas fait le jour même, mais qu'on aurait pu faire la veille ou l'avant-veille du surlendemain."

1. Presses Pocket.

Super Mario en route pour Francfort

L'Italien Mario Draghi a toutes les chances de succéder à Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne. C'est donc à un homme issu d'un pays lourdement endetté que l'on confierait la tâche de sauver l'euro. 

Que pouvait devenir Mario Draghi, si ce n'était banquier central ? Lorsqu'il vient au monde en 1947, son père est en poste à Rome, au Palazzo Koch, sur la Via Nazionale, où il prend part à l'impression de la monnaie italienne d'après-guerre. Désormais, le fils est aux commandes du même Palazzo Koch – dans le fauteuil de gouverneur de la Banque d'Italie.
Historiquement, la Banque centrale d'Italie jouit d'une réputation quelque peu sulfureuse. Bulles spéculatives, poussées inflationnistes et crises monétaires sont toutes nées entre les murs du Palazzo Koch, et bon nombre de gouverneurs de la Banque – nommés à vie, comme des Papes – ont trempé dans des affaires de politique nationale et des accords en sous-main. L'estime dont ils jouissent est par conséquent limitée.
C'est donc dans cette institution-là que serait recruté le nouvel "Monsieur euro" ? Probablement. Car, parmi les candidats à la succession de Jean-Claude Trichet au poste de président de la Banque centrale européenne (BCE), le nom de Mario Draghi est celui qui revient le plus souvent – depuis qu'Axel Weber, patron de la Bundesbank, a fait savoir qu'il quitterait ses fonctions courant avril et qu'il déclinait la présidence de la BCE.

"Cet Italien"

La question qui se pose est la suivante : faut-il vraiment confier la stabilité de la monnaie européenne à Mario Draghi ? Faut-il que la BCE, institution conservatrice fondée sur le modèle de la Bundesbank allemande, championne de la lutte contre l'inflation, soit dirigée par un homme venu d'un pays réputé pour ses poussées inflationnistes et dont la dette souveraine est la deuxième plus importante de la zone euro ?
De hauts responsables politiques allemands ont rejeté l'idée en privé, estimant qu'une telle nomination serait impossible à justifier auprès de l'électorat allemand. Parallèlement, pour le quotidien Bild : "En aucun cas, cet Italien" ne doit devenir gouverneur de la Banque centrale européenne, institution qui "gère l'héritage du bon vieux (et stable) mark allemand".
Comme la chancelière Angela Merkel va rarement contre ce que dit Bild et comme le président français Nicolas Sarkozy a critiqué la candidature italienne, la partie semble jouée d'avance, ou presque. Les dirigeants européens prendront leur décision finale lors d'un sommet qui se tiendra en juin, et l'on a du mal à les imaginer votant contre la volonté de deux de leurs membres les plus puissants.
Même si les leaders européens refusent d’accepter le choix de Merkel et de Sarkozy et décident de chercher le candidat le plus qualifié pour le job, l'Italien serait toujours bien placé, quels que soient les adversaires qu'on lui oppose.

"Le meilleur candidat que l'Europe ait à offrir"

D'éminents économistes du monde entier, dont l'Américain Nouriel Roubini, croient en Mario Draghi. Des ministres des Finances comme le Luxembourgeois Luc Frieden le disent "d'une intelligence impressionnante". L'ancien ministre allemand des finances Peer Steinbrück assure que Draghi "est toujours très indépendant, très calme, et possède une excellente maîtrise des dossiers" lors des sommets internationaux de la finance comme le G8 ou le G20. Dans la City de Londres — où il a officié pendant quelques années à la fonction de patron de la banque d'investissement américaine Goldman Sachs pour l’Europe – on le surnomme "Super Mario".
"Tout l'establishment financier international est derrière Draghi", affirme une source à Bruxelles proche du dossier, citée par le Financial Times Deutschland. D'après le journal, il est sans doute "le meilleur candidat que l'Europe ait à offrir".
Mario Draghi se situe aux antipodes du président du conseil italien, Silvio Berlusconi. Il est calme et poli, aimable, mais assez mal à l'aise en public. Ce n'est pas un adepte des soirées people. En Italie, il incarne le contre-exemple de Silvio Berlusconi, dont l'attitude embarrasse de nombreux Italiens.
Mario Draghi a d'abord étudié à Rome avant de décrocher un doctorat au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Après avoir officié à la Banque mondiale, à Washington, il rentre en Italie en 1990 pour y devenir directeur général du ministère italien du Trésor, où il privatise des entreprises publiques mal en point et entreprend d'assainir un budget national largement déficitaire, condition préalable à l'entrée du pays dans la zone euro en 1999.
Il quitte le gouvernement lorsque Berlusconi arrive en pouvoir, en 2001, et intègre Goldman Sachs. Aux yeux de Nicolas Sarkozy, cette décision fait tache dans le curriculum de l'Italien. Pour l'ancien ministre des Finances allemand Peer Steinbrück, en revanche, "comprendre le monde anglo-saxon" est "plus un avantage qu'un inconvénient" pour un banquier européen. Lorsque la Banque d'Italie est au bord du naufrage, fin 2005, le gouvernement Berlusconi le rappelle.

"Nous devrions tous suivre l'exemple allemand"

Son point de vue sur la crise européenne est moins méditerranéen que prussien. Dans une union monétaire, il est "inacceptable que certains pays puissent profiter des autres", a-t-il déclaré dans une interview donnée au Frankfurter Allgemeine Zeitung. La zone euro a donc besoin de règles quasi-automatiques pour contraindre les Etats membres à davantage de stabilité et de frugalité dans la gestion de leurs finances.
Il souhaite établir de nouvelles règles qui contraindraient les pays membres de la zone euro à initier des réformes visant à stimuler la croissance. Il estime anormal que des citoyens puissent partir à la retraite à 57 ans dans un pays, alors que d'autres travaillent jusqu'à 67 ailleurs. D'après lui, cela engendre des déséquilibres concurrentiels qui sont coûteux pour tout le monde. Il cite le cas de l'Allemagne, qui a renforcé sa compétitivité en entreprenant des reformes. "Nous devrions tous suivre l'exemple allemand", affirme Mario Draghi.
Son unique défaut semble donc être son passeport. Il est ainsi toujours possible que "cet Italien" (Bild) soit coiffé au poteau en juin, au sommet européen. Certains prétendent que le prochain président pourrait être le Luxembourgeois Yves Mersch, dont le pays est plus discipliné.
Mais les chances de Mersch semblent minces. En effet, un autre Luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, restera probablement président de l'Eurogroupe, le forum de coordination des politiques de la zone euro – et il paraît peu probable d'avoir deux ressortissants du même petit pays à des postes clés de l'Union. Autrement dit, les chances de Mario Draghi sont loin d'être mauvaises.

Référendum

L'Islande vers une exclusion de la communauté internationale ?

Un acte "indigne d’un chef d’Etat dans une démocratie représentative" : Svenska Dagbladet est très remonté contre le président islandais Ólafur Ragnar Grímsson, qui a refusé pour la seconde fois de parapher l’accord de dédommagement de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas pour les millions que les deux pays ont dû verser aux épargnants de la banque en ligne ruinée Icesave. Résultat : un nouveau "référendum diviseur à l’issue hasardeuse" [le 9 avril], après le refus par plus de 90 % des Islandais du premier accord négocié l’année passée. Cependant, insiste le journal suédois, le gouvernement insulaire a "consacré toute son énergie, l’automne dernier, à la négociation d’un accord plus favorable à l’Islande, avec succès". En cas de victoire du "non", l’île se verrait confrontée à "deux scénarios draconiens : soit la menace d’une exclusion de la communauté internationale, soit une procédure judiciaire laborieuse avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas". Pour Die Presse, ce référendum "fait de l’ombre aux relations bilatérales" avec l’Union européenne, alors que les négociations d’adhésion ont débuté en juin 2010. Or, rapporte le quotidien viennois, "l'Islande veut remplacer le plus rapidement possible la couronne par l'euro". La monnaie unique "apporterait plus de stabilité" à une île qui œuvre à retrouver sa prospérité passée.

Une prohibition parfaitement calculée

La loi ne porte pas sur le voile intégral à proprement parler, et c’est heureux. Les dispositions qui entreront en vigueur lundi sont à la fois beaucoup plus larges, et beaucoup moins précises, puisqu’elles interdisent toute dissimulation du visage dans les lieux publics.

Si la prohibition, comme tous les interdits, n’est jamais qu’une solution ultime à laquelle il ne faut recourir qu’en dernier ressort, cette formulation législative pourrait convenir à tous les républicains de bonne foi. Personne ne peut vraiment en critiquer le principe et personne, non plus, ne peut en revendiquer la paternité puisque les termes finalement retenus par le Parlement sont bien plus modérés que ceux de la proposition initiale du secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé.

Comme ils l’avaient fait pour proscrire les signes religieux ostentatoires à l’école, en 2004, députés et sénateurs ont fait preuve, cette fois encore, d’une sagesse bienvenue en évitant de cibler exclusivement les intégristes islamistes. Une dimension qui a l’avantage de réunir un consensus assez large sur une question passionnelle particulièrement clivante.

Il n’y aura sans doute pas de petite guerre de la burqa ou du niqab. Le principal risque de cette nouvelle loi, c’est l’inutilité. Le voile intégral grillagé ne concerne presque aucune femme en France, et celui qui laisse passer uniquement le regard à travers une mince fente ouverte dans le tissu n’est porté que par... 2000 personnes dans notre pays. Etait-ce bien nécessaire de mettre l’opinion en émoi pour une réforme dont la nécessité absolue n’était pas évidente?

La faiblesse de cette nouvelle législation ne réside pas tant dans les atteintes à une liberté publique fondamentale (celle de se vêtir) que dans la probabilité élevée d’être largement inappliquée faute de pouvoir être applicable. Les policiers ont été parmi les premiers à exprimer leur embarras, et on peut les comprendre, sur la faisabilité des mesures votées: sujets à interprétation variable, les critères de cette illégalité vestimentaire restent relativement flous et compliquent d’autant plus la tâche de la police ou de la gendarmerie qu’elles n’auront pas le pouvoir de faire obtempérer les récalcitrants. En revanche, l’instauration de la nouvelle loi a toutes les chances de conforter des confusions islamophobes, contre le voile traditionnel, par exemple, parfaitement autorisé, pourtant.

Quelques dégâts psychologiques collatéraux sont à prévoir, le texte donnant le sentiment d’exagérer une menace qui n’en est pas une. Mais cette loi sera-t-elle seulement efficace? Rien n’est moins sûr... Pour le gouvernement, il s’agit avant tout de montrer sa fermeté sur un registre spectaculaire. Il n’est pas certain que cette attention compulsive et intéressée soit au diapason des attentes françaises pour 2012.