TOUT EST DIT

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mercredi 6 avril 2011

L'Espagne "n'a pas besoin d'aide", selon le directeur général du FMI

L'Espagne "n'a pas besoin d'aide financière" internationale et a pris des mesures "correctes" pour rassurer les marchés sur sa situation financière, a assuré dans un entretien publié mercredi le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn.
"Nous n'avons reçu aucune demande d'aide de la part du gouvernement espagnol. Je pense que le gouvernement espagnol n'a besoin d'aucun type d'aide financière", a déclaré le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) au quotidien espagnol El Pais.
"Je pense que les politiques mises en place par le gouvernement espagnol, tant au niveau fiscal que concernant la réforme des retraites, du marché du travail ou bancaire, sont des politiques correctes", a ajouté M. Strauss-Kahn dans cet entretien également accordé aux quotidiens américain The Washington Post et italien La Repubblica.
"Je constate que ces derniers mois, l'Espagne a été mise dans le même sac que d'autres pays, comme la Grèce, alors que la situation n'est clairement pas la même. Les marchés répondent car ce qui doit être fait est fait. C'est difficile pour le pays et le gouvernement de prendre les mesures correctes mais elles sont en cours", a-t-il ajouté.
L'Espagne, qui peine à sortir de la crise dans laquelle elle est tombée en 2008, continue d'être l'objet de craintes des marchés sur sa capacité à redresser ses comptes publics et à relancer son économie.
Signe de cette défiance, le 10 mars l'agence de notation financière Moody's a abaissé d'un cran la note souveraine du pays, à "Aa2" avec perspective négative, se disant toujours sceptique sur l'amélioration de ses finances et s'inquiétant du coût de la restructuration bancaire.
Plombée par la crise financière internationale et l'éclatement de sa bulle immobilière, l'Espagne a vu son PIB fortement baisser, de 3,7%, en 2009, puis stagner en 2010, avec un léger repli de son PIB, de 0,1%.
Pour 2011, le gouvernement prévoit une croissance de 1,3%, chiffre optimiste alors que le Fonds monétaire international (FMI) table sur 0,6% et l'OCDE 0,9%.
Le chômage est le véritable point noir de l'économie espagnole avec un taux de 20,33% fin 2010, un record dans les pays de l'OCDE.

Le commentaire politique de Christophe Barbier




Coût


Vous connaissez tous Jean-Pierre Pernaut, l’homme qui demande à tout propos : combien ça coûte ? Une bonbonne de gaz, Dieu, une livre de steak haché, un avocat, tout a un prix pour Monsieur Pernaut, qui exige la transparence (sauf sur son salaire). Nous sommes tous devenus, peu ou prou, des petits Pernaut. La France est en guerre, nos soldats prennent des risques et parfois meurent en Afghanistan, en Libye, en Côte d’Ivoire - combien ça coûte ? chante le chœur des contribuables. On discute du prix d’une bombe (250 000 euros), d’une heure de Rafale (13 000 euros), ou d’une journée en Afghanistan (1,3 million) Après la guerre propre, nous réclamons la guerre gratuite. Mais alors, la Côte d’Ivoire, combien ça coûte ? Selon Monsieur Longuet, notre ministre de la Défense, « beaucoup moins cher que le déshonneur de voir un peuple se faire massacrer». Qu’en pense Monsieur Pernaut ?

Convaincre sans tromper

Peut-on faire rêver lorsque la dette atteint 26 500 € par habitant et que la mondialisation dicte nos décisions ? Autrement dit, dans un contexte aussi contraint, qu'est-ce qu'un projet crédible et comment peut-il séduire ?

La question se pose à l'UMP, qui dispose d'un candidat probable, mais pas encore de projet. Au PS, qui s'offre un costume programmatique avant tout le monde, mais sans savoir qui le revêtira. Et à leurs alliés qui devront aussi distinguer le possible et le souhaitable. Faute de pouvoir évaluer un projet à ses ambitions quantitatives, il faut regarder comment la combinaison des mesures proposées répond ou pas aux attentes de la société.

Toute construction politique devrait concilier deux contradictions majeures : entre l'immédiat et le long terme, d'une part ; entre l'individuel (ou le catégoriel) et le collectif, d'autre part. Exemples : le contribuable aspire à payer moins d'impôt, mais le pays a besoin d'équipements publics et de désendettement. L'automobiliste veut rouler autant que nécessaire, mais nous devons collectivement améliorer notre bilan carbone. Le retraité défend sa pension, mais une jeunesse paupérisée ne peut pas cotiser plus. L'actionnaire veut être récompensé tout de suite, mais l'investissement nécessite du temps.

Entre le « moi, tout de suite » et le « nous, demain », il faut une régulation pour éviter que la jeunesse ne se révolte, que l'urgence écologique n'impose un totalitarisme d'un genre nouveau, que l'impasse budgétaire n'entraîne une rigueur massive ou que l'âpreté au gain rapide ne tue l'innovation.

Cette régulation suppose au moins deux conditions. D'abord, il ne peut y avoir de démocratie solide sans une prise de conscience aiguë et collective des enjeux. Attention au jeu des intérêts particuliers, à l'instantanéité de l'information et à la confusion des débats qui n'aident pas toujours à les comprendre ! Ensuite, la participation de chacun au redressement général ne peut réussir que sur la base d'une justice fiscale et sociale, et dans le cadre d'une gouvernance irréprochable. Ceux qui proposent un rééquilibrage social par l'impôt l'ont compris.

C'est à l'aune de cette grille de lecture que l'on vérifiera si le projet socialiste - et demain celui des autres formations - est bien de nature, comme l'assure Martine Aubry, à dépasser les intérêts particuliers pour nourrir des réussites et des fiertés collectives. À calmer les avidités immédiates au profit d'un vivre ensemble aujourd'hui dégradé. À combattre les égoïsmes pour être mieux collectivement, dans son entreprise, dans sa ville, dans son pays.

Cette réflexion montre toute l'inconséquence d'une médiatisation consistant - et le reproche vaut pour tous les camps - à ne retenir que quelques propositions extraites d'un projet déjà enterré par ceux... qui ne l'ont pas lu ! Quand elle agit ainsi, la politique se saborde toute seule et brouille plus qu'elle n'éclaire.

Car seule la clarté du projet - et celui du PS a au moins le mérite d'exister - peut ramener à l'essentiel, déjouer l'habileté du Front national à dicter l'ordre du jour politique et médiatique, et donner aux abstentionnistes des raisons de se remobiliser. Convaincre sans tromper : la défiance née des promesses non tenues supposerait que l'on en fasse la règle d'or de la présidentielle.