TOUT EST DIT

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mardi 5 avril 2011

Le principe de loyauté

Loyauté ! C’était la devise d’un grand soldat, le maréchal Lyautey. C’est aussi le principe qui doit prévaloir à la tête de l’exécutif, comme l’a rappelé dimanche dernier Jean-Pierre Raffarin. Le sénateur Raffarin ne fut sans doute pas le plus éclatant des Premiers ministres, on s’est moqué parfois de ses « raffarinades », mais il connaît bien la politique et, comme il s’est entretenu avec le président Sarkozy dans l’avion de retour du Japon, on a compris que son message avait été encouragé au sommet. Ce principe de loyauté est la condition nécessaire pour permettre à Nicolas Sarkozy de retrouver des chances de réélection en 2012. Cela s’applique aux trois responsables du triangle dirigeant : le président, le Premier ministre et le chef du parti majoritaire. Le rappel à l’ordre vise au premier rang François Fillon, qui a cru bon à plusieurs reprises de se démarquer de la ligne officielle. « Il n’y a pas d’espace contre le Président dans le camp du Président », rappelle donc à juste titre M. Raffarin. Mais le rappel à l’ordre vise également un Jean-François Copé qui aurait dû éviter de s’en prendre à François Fillon sur un plateau de télévision. Peut-être même s’adresse-t-il à Jean-Louis Borloo, qui a des démangeaisons de candidature pour 2012. Nicolas Sarkozy par personne interposée serre les boulons, mais il devra aller au-delà, car la discipline n’est pas la condition suffisante de son éventuelle réélection. Il devra appliquer à lui-même la phrase d’Hernani, de Victor Hugo, en étant « une force qui va »… et qui sait où elle va !

La France piégée

Paris ne voulait pas se laisser entraîner dans la tourmente ivoirienne. Nicolas Sarkozy, qui a reconnu sans attendre la légitimité d’Alassane Ouattara, le président élu en novembre, avait refusé par la suite, avec constance, de jouer au gendarme, laissant à l’Onu et à l’Union africaine le soin de faire respecter le suffrage universel. Peine perdue. Comme lors des précédentes crises de la catastrophique ère Gbagbo, la diplomatie et l’armée française ont à nouveau dû monter en première ligne. Dimanche la Force Licorne a pris le contrôle de l’aéroport d’Abidjan. Elle ne cesse de recevoir des renforts et a ouvert le feu, hier soir, sur les troupes fidèles à Gbagbo.

Cinquante ans après les indépendances des anciennes colonies françaises, voici une nouvelle démonstration que la souveraineté africaine a des limites. Le néocolonialisme — la « françafrique » — n’est pas un vain mot, et Gbagbo a longtemps assis son pouvoir en exploitant les sentiments anti-français d’une partie de sa population. C’est pourtant lui qui est le grand responsable de cette crise qui ponctue dix ans de règne au cours desquels la Côte d’Ivoire n’a pas avancé d’un pas vers un avenir meilleur.

Pour se maintenir au pouvoir contre la volonté des électeurs, Gbagbo a misé sur la haine raciale, dressant les ethnies (il y en a une centaine en Côte d’Ivoire) les unes contre les autres. Diviser pour régner : la recette est vieille comme le monde. À Duékoué, elle s’est traduite par des massacres. Les deux camps ont du sang sur les mains, mais c’est incontestablement le mauvais perdant de la présidentielle qui a enclenché le mécanisme des tueries.

L’Onu et l’Union africaine se sont montrées impuissantes sur le plan politique, les troupes républicaines de Ouattara semblent incapables, après avoir conquis 90 % du pays, de faire tomber, seules, les derniers bastions d’un clan bunkérisé. La peur d’un carnage sans fin – et, il ne faut pas le cacher, la nécessité de protéger les 12 000 Français du pays — ne pouvaient que mener à une intervention militaire extérieure, finalement réclamée par l’Onu. C’est un constat d’échec pour la communauté internationale, et notamment pour Paris, piégé par les événements. Mais c’est aussi une assurance-vie pour des dizaines de milliers d’Ivoiriens. Que diraient les bonnes âmes d’un immobilisme des troupes françaises si le scénario du génocide rwandais se reproduisait en Côte d’Ivoire ?


Réalisme politique

Après l’effet bleu Marine des cantonales, les commentaires vont bon train sur les blogs et dans les revues cathos (de Famille chrétienne à Civitas, des Manants du roi à Liberté politique et bien d’autres encore). En vue des prochaines élections et en des sens souvent différents. Voici la réflexion que nous inspire globalement la lecture de cette revue de presse intéressante mais quelque peu contrastée. Jusque dans « la famille », comme aurait dit Serge de Beketch.
Les théories sont nécessaires mais ne font pas naître les institutions ici et maintenant. Il y a un discours philosophique et chrétien portant sur la concorde (le bien commun national) et la chrétienté, autant dire sur l’actuellement impossible, voire l’inopportun, mais qui deviendra un jour opportun et possible avec le concours des « militants » chrétiens, si Dieu le veut. Prenant acte de la dissociété aggravée de la nation depuis la Révolution et de sa sécularisation croissante, le réalisme chrétien commande aujourd’hui, en prudence politique, de ne pas s’en tenir qu’au discours, à la juste doctrine et à l’idéal, sans toutefois les oublier et les trahir.
Dans la division des croyances, le fameux « compromis nationaliste » de Maurras, souvent mal compris mais inspiré de son « empirisme organisateur », proposait justement une politique qui ne soit plus déduite des principes d’une philosophie ou d’une religion de plus en plus impuissantes à convaincre et rassembler les Français, mais induite de l’expérience historique et politique plus à même de mobiliser efficacement les hommes de bonne volonté qui croient encore charnellement à la France.
Par la même démarche inductive (qui part non pas d’une idée générale pour en tirer des conséquences mais des faits observés pour en tirer une idée générale), nous avons tenté d’expliquer pourquoi, dans la décadence accélérée de la culture (mondialiste) de mort conjuguée à l’invasion islamiste, le nationalisme à la française, malgré sa doctrine pertinente, ne suffisait plus lui-même à la tâche. Non pas, certes, pour rassembler et représenter les Français qui s’aiment encore, mais pour les protéger concrètement ici et maintenant. Et qu’il fallait descendre encore en deçà, si l’on peut dire : leur proposer plus outre, par la force des choses, la discipline et le comportement d’un sain et légitime communautarisme, national et chrétien. Comme dernier rempart précisément après la destruction des frontières et le polycommunautarisme (malsain) déduit de la laïcité ouverte au pouvoir…
Mal compris encore, ce nouveau concept pratique et analogique a été critiqué par des catholiques un peu trop dépendants d’une pensée univoque sinon unique, exclusivement déductive voire dialectique : ils ont prétendu qu’il n’était pas catholique (pour tous). Mais pas plus qu’il ne s’oppose au nationalisme à la française (ouvert à la civilisation universelle), le sain et légitime communautarisme bien compris ne s’oppose à la philosophie politique d’Aristote ni à la doctrine sociale de l’Eglise (à son principe de subsidiarité notamment et à sa civilisation de l’amour). Pas plus, par exemple, qu’il n’y a de contradiction interne chez Benoît XVI quand il développe d’une part une doctrine sociale très déductive jusqu’à la promotion idéale d’un bien commun temporel international (dans Caritas in veritate) et qu’il invite concrètement d’autre part les catholiques et les hommes de bonne volonté à la création d’îlots ou d’arches de chrétienté (dans Lumière du monde)…
« Nous savons, disait Maurras, que les besoins peuvent changer. Il peut y avoir un moment où les hommes éprouvent la nécessité de se garantir contre l’arbitraire par des articles de loi bien numérotés. Il y a d’autres moments où cette autorité impersonnelle de la loi écrite leur paraît duperie profonde. Dans le premier cas, ils réclament des constitutions. Dans le second, les statuts leur paraissent importer de moins en moins, c’est à la responsabilité effective et personnelle qu’on s’intéresse » (Action française, 10 avril 1913).
Entre l’idéal constitutionnel déduit de la philosophie chrétienne (actuellement inaccessible) et la possibilité concrète (personnelle ou communautaire) induite empiriquement, il n’y a pas contradiction même s’il n’y a pas, à l’évidence, équivalence. L’erreur est d’opposer dialectiquement les deux modes de besoin ou de n’en retenir qu’un à l’exclusion définitive de l’autre. Entre les micro-chrétientés vicariantes qui agissent tant bien que mal comme des anti-corps dans une dissociété nationale et le désir légitime d’un meilleur régime institutionnel pour tous, il y a la même préoccupation chrétienne du bien commun temporel et surnaturel. Et il peut même y avoir au confluent des deux démarches (à certaines conditions relatives au moindre mal et aux principes non négociables) un front national commun qui ne néglige évidemment pas l’élection républicaine…

Kadhafi envisagerait une issue diplomatique

Muammar Kadhafi semble chercher une voie diplomatique pour sortir du conflit, alors que les États-Unis ont cessé leurs frappes qui avaient été prolongées pendant le week-end, plus de deux semaines après le début de l'intervention internationale en Libye. Dans la nuit de lundi à mardi, le porte-parole du gouvernement libyen a affirmé que le régime était prêt à négocier toute forme de réforme politique, comme des élections ou un référendum, tout en rejetant un départ du colonel Muammar Kadhafi. "Le leader (Moammar Kadhafi) est la soupape de sécurité pour le pays et pour l'unité de la population et des tribus. Nous pensons qu'il est très important pour toute transition vers un modèle démocratique et transparent", a averti Moussa Ibrahim.
Lundi soir, le dirigeant libyen a fait une apparition en public dans sa résidence de Bab el-Aziziya, à Tripoli, qui a été la cible, le 20 mars, d'un missile de la coalition, a rapporté la télévision nationale libyenne. Il s'agissait de la première apparition publique du colonel Kadhafi depuis le 22 mars. La veille, le New York Times a rapporté que deux des fils de Kadhafi, de plus en plus isolé, Seif al-Islam et Saadi, avaient proposé une transition vers une démocratie constitutionnelle qui prévoirait le retrait du pouvoir de leur père. Selon le quotidien américain, citant un diplomate sous le couvert de l'anonymat et un responsable libyen informés du projet, la transition serait pilotée par Seif al-Islam.
Défections
Le Conseil national de transition (CNT), qui représente les rebelles, a aussitôt rejeté cette idée. "Kadhafi et ses fils doivent partir avant toute négociation diplomatique", a déclaré un porte-parole du CNT, Chamseddine Abdulmelah, à Benghazi (est), fief des insurgés. Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a, lui aussi, estimé que Muammar Kadhafi et sa famille devaient quitter le pouvoir en Libye et que la communauté internationale devait rester unie contre les tentatives diplomatiques du régime Kadhafi de s'en sortir.
Il se référait à la tournée qu'effectue actuellement le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Abdelati Laabidi, qui a rencontré dimanche soir à Athènes le Premier ministre grec Georges Papandréou, lundi à Ankara le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu et dans la soirée à La Valette le Premier ministre maltais Lawrence Gonzi. Après la France et le Qatar, l'Italie a décidé de reconnaître le CNT comme "le seul interlocuteur légitime", alors que le pouvoir libyen a connu un nouveau revers avec la démission, dimanche, d'un conseiller du colonel Kadhafi, Ali Triki, doyen des diplomates, quatre jours après la défection du chef de la diplomatie Moussa Koussa. Le département du Trésor des États-Unis a par ailleurs annoncé que l'ancien ministre des Affaires étrangères libyen n'était plus visé par les sanctions économiques américaines contre le régime de Tripoli.
Redéploiements
Sur le plan militaire, depuis lundi soir, plus aucun avion de combat américain n'a effectué de sortie, a annoncé un porte-parole du Pentagone, qui a toutefois souligné que les appareils se tenaient prêts à intervenir "au cas où l'Otan en ferait la demande". L'armée américaine ne devrait plus fournir désormais que des avions destinés à effectuer des ravitaillements en vol et des missions de brouillage et de surveillance. Des combats entre insurgés et loyalistes ont de nouveau eu lieu lundi près du port pétrolier de Brega, à 800 km à l'est de Tripoli, où des familles entières fuyaient les bombardements en voiture. Les rebelles ont réussi à avancer jusqu'aux abords est de la ville avant d'être repoussés par des tirs d'artillerie et d'obus des forces pro-Kadhafi, mieux armées et mieux organisées.
Le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, est la cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile entre insurgés et forces loyales au dirigeant. Une coalition internationale, avec à sa tête les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, est intervenue en Libye le 19 mars, dans le cadre d'une résolution de l'ONU. L'Otan a pris, jeudi, le commandement des opérations. Le groupe de contact sur la Libye, chargé du "pilotage politique" de l'action militaire, se réunira "la semaine prochaine à Doha", a annoncé le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague. La Grande-Bretagne va renforcer les moyens aériens qu'elle a engagés, avec le déploiement dans "les prochains jours" de quatre avions supplémentaires, a indiqué le Premier ministre David Cameron, qui a effectué une visite-surprise lundi sur une base italienne où sont stationnés des appareils de la Royal Air Force, qui participent à l'opération internationale en Libye.
Misrata oubliée
Dans l'ouest du pays, les combats se poursuivaient dans le Jabal al-Gharbi, au sud-ouest de Tripoli, et à Misrata (200 km à l'est de Tripoli), ville assiégée et bombardée depuis 40 jours par les forces pro-Kadhafi où la rébellion réclame un appui aérien international. Les forces de Kadhafi bombardent "aveuglement" Misrata alors que "les avions de l'Otan, dont la mission est de protéger les civils, ne survolent même pas la région", a déploré un porte-parole des insurgés sous le couvert de l'anonymat. Dans le Jabal al-Gharbi, les pro-Kadhafi ont réussi à reprendre la ville de Ketla "après des bombardements intensifs, et maintenant, ils veulent prendre Nalout", a indiqué un habitant de Nalout.
Un navire affrété par Médecins sans frontières a quitté dimanche Misrata pour Sfax, en Tunisie, avec 60 blessés à bord. Un ferry turc, transformé en hôpital, a par ailleurs évacué dimanche 460 blessés et réfugiés de Libye, selon la presse turque, depuis Misrata et Benghazi. Les rebelles ont accusé les troupes de Kadhafi d'avoir endommagé un lieu de stockage du diesel sur l'installation pétrolière de Mislah (sud). Les prix du pétrole ont atteint de nouveaux sommets lundi à New York comme à Londres, où le baril a dépassé 120 dollars pour la première fois depuis août 2008 face à l'enlisement du conflit en Libye.

Le syndrome du hachis Parmentier

Qui eût cru que le sujet cent fois recuit pouvait encore réserver quelques surprises tardives comme un court-bouillon indéfiniment réchauffé ? La controverse sur la laïcité à la française réserve quelques instantanés savoureux.

Hier sur les ondes de France Inter, d’une bouchée fugitive, Nathalie Kosciusko-Morizet a tranché la question de l’opportunité du débat organisé ce matin par l’UMP : c’est la faute au hachis Parmentier ! C’est lui, dit-elle, qui empoisonne tant de maires confrontés à la problématique de la cantine laïque. Certains enfants ne mangeraient pas, soupçonnant la viande de ne pas être halal (ou cacher), et on apprend derechef qu’ils ne toucheraient même pas à la purée, elle-même jugée impure faute de séparation nette dans ce plat unique.

Une situation si insupportable, si on suit bien la ministre de l’Ecologie, qu’elle mérite à elle seule d’être inscrite tout en haut du menu des réflexions du parti majoritaire.

Vite, une disposition législative pour contraindre les récalcitrants à ne pas faire les difficiles — il faut empêcher les petits de s’affamer — ou une directive d’en haut pour proposer des préparations végétariennes ! La laïcité est en danger, citoyens, et le gouvernement doit intervenir, c’est ça ? Avec des décisions prises place Beauvau dès la semaine prochaine ?

Mais qui croira sérieusement que des solutions simples et respectueuses de tous ne peuvent être trouvées avec les prestataires de service à l’échelon de chaque collectivité locale ? Il est vrai que l’Education nationale n’a pas l’habitude de faire des efforts pour se préoccuper du contenu de l’assiette de nos enfants, et notamment de sa qualité diététique.

Pour que la recette concoctée ce matin par l’UMP soit bien cadrée, le ministre de l’Intérieur, lui, a été encore plus réducteur, comme on dit en cuisine.

« L’accroissement du nombre de musulmans pose problème », et il n’y a aucune raison « pour que la République leur accorde plus de droits qu’elle n’en a accordés » aux croyants des autres religions en 1905. On ne pourra pas reprocher à M. Guéant d’avoir pris des pincettes.

Il suggère sans périphrase que les musulmans pratiquants sont en faute. Qu’ils abusent. S’ils occupent la rue pour prier, c’est parce qu’ils veulent l’envahir, au mépris de leur propre dignité… Marine Le Pen avait déjà dit que l’ancien secrétaire général de l’Élysée était membre d’honneur du Front national. Il peut désormais prétendre à la carte Gold. Brice Hortefeux, décidément, n’était qu’un amateur.

Tous les arabophobes du pays — et au-delà ceux qui pensent gentiment « je n’ai rien contre les immigrés mais je trouve qu’il y en a trop » — applaudiront les petites phrases du ministre. Aideront-elles la France de 2011 à s’assumer comme elle est, et à être fière de ce qu’elle est ? C’est une autre affaire…

Le casse-tête nucléaire

Fukushima, la centrale maudite, fuit toujours. Et le pire peut encore advenir au Japon. Mais, quelle que soit l'ampleur finale du désastre, il interpelle tous les pays engagés dans le nucléaire civil ou qui s'apprêtaient à l'être.

L'Allemagne stoppe ses réacteurs les plus âgés. La Chine décrète un délai de réflexion. Les États-Unis hésitent. L'Inde suspend ses commandes à la France. L'Europe va revoir ses normes de sûreté. Quant au Japon, troisième pays nucléarisé au monde, troisième économie mondiale, il vacille.

En France, en pleine prébataille présidentielle, le débat est lancé. Le dogme national - c'est l'énergie la plus sûre, la plus propre et la moins chère - est ébranlé. André-Claude Lacoste, le patron de l'Autorité de sûreté nucléaire, qui n'est pas l'ennemi d'EDF, l'a rappelé : « On ne peut garantir qu'il n'y aura jamais d'accident grave en France. »

Une question se pose donc naturellement : le jeu nucléaire en vaut-il la chandelle ? Autrement dit, ne doit-on pas remettre en cause ces 58 réacteurs qui fournissent 75 % de l'électricité du pays, au prix le plus bas d'Europe, quoique le prix du kilowattheure, facturé au consommateur, soit déjà en surchauffe.

Nicolas Sarkozy, qui, comme tous ses prédécesseurs, tient à son sceptre nucléaire, militaire et civil, a répondu par avance. Et depuis le Japon afin de marquer les esprits. « La France a pris des engagements de réduction des gaz à effet de serre. Pour les remplir, il n'y a pas cent cinquante solutions, il y a le nucléaire. »

Le président de la République vise deux objectifs. Ne pas affaiblir les industriels français sur leur sol. Faire de la France le premier exportateur mondial de réacteurs, quand la vague émotionnelle de l'après-Fukushima sera dissipée. Illusion ?

Des conséquences planétaires

Après Tchernobyl, le nucléaire civil est entré en hibernation. Et, après Fukushima, il est menacé de glaciation. Mais rien n'est écrit, particulièrement dans notre pays, où l'opinion est circonspecte. Il est vrai qu'on ne lui a jamais demandé son avis.

Tous les partis de gouvernement ont indéfectiblement défendu l'option nucléaire, décidée la veille de la mort de Georges Pompidou, en réponse au premier choc pétrolier. L'électricien national, EDF, a, jusqu'à présent, maîtrisé ses centrales. Et son président, Henri Proglio, a beau jeu de rappeler que l'accident de Bhopàl en 1984, et ses milliers de morts, n'avait pas pour autant condamné l'industrie chimique tout entière.

Avec Fukushima, on entre toutefois dans une autre dimension, celle d'une catastrophe aux conséquences planétaires. La question de la sortie du nucléaire est donc parfaitement légitime.

Mais quel casse-tête, politique, économique, écologique. Nous allons assister à un affrontement central entre une UMP pronucléaire et une alliance socialistes et Verts, cette fois d'accord pour une sortie du « tout nucléaire » et une transition écologique.

En combien de temps ? Vingt, trente ou quarante ans. Le délai change singulièrement l'ambition initiale. Le programme des réacteurs de troisième génération sera-t-il stoppé ? Comment, budgétairement, préparer la relève tout en renforçant la sûreté des installations existantes ?

Le coût de l'énergie est le centre névralgique de ce débat. Le renchérissement des prix de l'électricité et du gaz frappe avant tout les classes populaires. Subir le risque du nucléaire, sans bénéficier de prix bas, est intenable. Et choisir la voie écologique, au détriment du social, est politiquement suicidaire.

Une nouvelle équipe à la direction des rédactions du "Monde"

Erik Izraelewicz, directeur du Monde, a présenté, lundi 4 avril, son équipe de direction pour la rédaction. "Cette équipe, renouvelée, rajeunie et diversifiée a pour mission de mettre en œuvre rapidement les priorités du projet sur lequel j'ai été désigné", explique-t-il dans un courrier.

Responsable éditorial du Monde, Erik Izraelewicz prend directement en charge la direction des rédactions du quotidien (Le Monde) et du site (lemonde.fr). Pour mener à bien les transformations du journal et du site, il a formé une équipe associant des journalistes du Monde et plusieurs renforts qui rejoindront le journal dans les jours ou les semaines qui viennent.
Sont ainsi nommés à ses côtés trois directeurs adjoints des rédactions : Serge Michel, Didier Pourquery et, le temps de la transition, Sylvie Kauffmann. Enfin la rédaction en chef sera constituée d'Eric Béziat, de Sandrine Blanchard, de Luc Bronner et de Jean-Baptiste Jacquin.
La nouvelle direction des rédactions ainsi constituée assurera la bonne marche du journal et du site au quotidien avec, en outre, les responsabilités suivantes :
  • Serge Michel est notamment chargé du rapprochement entre les rédactions papier et Internet
  • Didier Pourquery supervisera les transformations de l'offre du week-end
  • Eric Béziat aura la charge des changements dans le déroulé du journal
  • Sandrine Blanchard veillera à l'ouverture du journal à de nouvelles thématiques
  • Luc Bronner coordonnera le nouveau pôle société et le pôle politique
  • Jean-Baptiste Jacquin travaillera au renforcement du traitement de l'économie dans le journal
Sylvie Kauffmann, actuelle directrice de la rédaction, renforcera, une fois la transition assurée, l'équipe des éditorialistes. Elle réalisera des analyses, des éditoriaux, de grandes interviews internationales, des portraits, des enquêtes et reportages, en priorité sur l'international et supervisera les opérations spéciales internationales comme elle l'a fait avec WikiLeaks.
Cécile Prieur est chargée de créer au sein de la rédaction un service Société. Chef de ce service, elle aura aussi la responsabilité d'une équipe Investigation constituée, dans une première étape, de trois enquêteurs – Gérard Davet, Fabrice Lhomme et un troisième journaliste en cours de recrutement.
Franck Nouchi, rédacteur en chef, est nommé directeur du développement éditorial. Il aura en charge le développement des activités "hors-média" (conférences, voyages, édition, etc.) que le groupe souhaite développer activement ainsi que la coordination des déclinaisons papiers de la marque Le Monde, notamment la publication des hors séries et du mensuel.
Dans les jours qui viennent, l'organisation de la rédaction sera complétée et étoffée par de nouveaux recrutements afin de concevoir les transformations de l'offre week-end. Cette offre, remaniée et étoffée, sera un des axes importants du projet éditorial et l'occasion, en mariant les cultures du Monde Magazine et de M, de faire venir au Monde un public plus large – les jeunes et les femmes en particulier.
D'autres renforts seront également assurés très vite de manière à renforcer certains secteurs, et notamment la politique en vue de l'élection présidentielle.