TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 4 avril 2011

Admettons-le : La Grèce, l'Irlande et le Portugal ont fait faillite

Les politiciens européens semblent être passés maîtres dans l’art de s’en laisser conter. Angela Merkel a ainsi décrit le dernier sommet européen comme un "grand pas en avant", alors qu’un "gros ratage" aurait certainement mieux convenu à la situation, selon "The Economist". Certes, ils se sont mis d’accord sur la mise en place d’un mécanisme permanent pour 2013, mais n’ont pas su le financer pleinement. Bien peu de choses ont été faites pour aider la Grèce, l’Irlande et le Portugal, et la situation de ces pays empire.
La notation du Portugal s’est effondrée le 29 mars, et les taux d’intérêt des obligations à 10 ans se sont élevés de 8% tandis que les investisseurs redoutent de plus en plus que le pays ne soit contraint de réclamer l’aide du FMI et de l’Union Européenne pour obtenir davantage de prêts. Les économies de la Grèce et de l’Irlande, qui, elles, ont déjà bénéficié d’un plan de sauvetage, se réduisent plus rapidement que prévu, et les taux d’intérêt des obligations restent encore très élevés, à presque 13% pour la Grèce et 10% pour l’Irlande, témoignant du manque de confiance des investisseurs dans leurs capacités à reprendre le dessus.
Pour The Economist, ils ont raison, malgré leurs plans de rigueur draconiens, héroïques, même, selon le journal. Sur l’insistance des pays de l’Europe, ils se sont concentrés sur la réduction de leurs déficits budgétaires sans trop envisager ses conséquences sur la croissance. Mais tandis que l’austérité fait plonger leurs économies, leurs dettes astronomiques (160% du PIB pour la Grèce, 125% pour l’Irlande et 100% pour le Portugal), semblent encore plus impossibles à rembourser, alimentant une spirale infernale fondée sur ce doute qui provoque l’emballement des taux de rendement des obligations. Et comme si cela ne suffisait pas, la Banque Centrale Européenne a décidé de relever ses taux d’intérêts le 7 avril prochain, ce qui va renforcer l’Euro et miner en conséquence la compétitivité des pays de la zone.
Les dirigeants européens imposent à tous les pays qui auront besoin d’aide en 2013 de restructurer leurs dettes, et ces dettes rééchelonnées, ou les emprunt les plus récents, seront alors prioritaires dans le dispositif de prêt. Mais ces mesures alimentent davantage les inquiétudes des investisseurs, qui craignent que leurs prêts n’en fassent pas partie, et les incitent à conserver les taux de rendements des obligations à un niveau élevé.
The Economist a toujours prêché pour une réduction rapide de la dette de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal. Et il considère que cela est plus nécessaire jamais, non seulement parce que la politique menée jusqu’ici a échoué, mais aussi parce que les possibilités de restructuration s’éloignent. La possibilité de contagion à un autre pays, comme l’Espagne, s’est affaiblie, et la plupart des banques pourraient parfaitement supporter le choc, selon lui. Mais tant que les politiques y seront opposés, y compris dans les pays concernés, comme la Grèce, qui pense pouvoir encore faire face à ses dettes, cette restructuration de la dette ne pourra pas avoir lieu. A moins que le FMI, dont certains de ses économistes affirment déjà en coulisse qu’ils n’envisagent plus d’autres choix, n’adopte ouvertement ce choix, en refusant de prêter en l’absence de renégociations.

En attendant mieux...

La communication finira par tuer la politique. Si ce n’est déjà fait...

Le parti socialiste a réussi le tour de force de rendre parfaitement fade la présentation de son programme pour la présidentielle. Il attendait ce moment clé depuis des mois et voilà qu’il le banalise en laissant le JDD en dévoiler le contenu deux jours avant la date prévue. Il faudra rappeler à Martine Aubry, si prompte à critiquer l’avidité de la presse, les vertus de la patience et les lois du teasing...

L’événement de mardi n’en sera donc pas un et la trentaine de propositions mises au point par les élus et les responsables du mouvement après de longs mois de débats et de forums aura, déjà, la tiédeur des plats laborieusement réchauffés.

Quand elle s’achève, l’attente, on le sait bien, génère souvent de la frustration . Le texte du PS n’échappe pas à cet effet pervers. Sur le fond, surtout, il souffre de l’approximation des manifestes généraux: des tissus de bonnes intentions dont on peine à mesurer la faisabilité réelle. Même si les experts de la rue de Solferino ont pris bien soin de prévoir, fût-ce à grands traits, le financement des principales mesures, le document reste dans un flou artistique qui rappelle la prose allégorique de feu l’union de la gauche des années 70. Sur la forme, c’est une édition supplémentaire des bons vieux catalogues électoraux, dont la crédibilité s’est pourtant érodée au fil des consultations et des alternances.

Tant de mois pour concocter ce manuel qui reste superficiel, cela fait beaucoup. Sur la méthode, il a le parfum vintage de... 1997, comme une profession de foi qui voudrait prendre le contre-pied du quinquennat Sarkozy. La limitation des hauts salaires des PDG des entreprises publiques est assurément un thème porteur mais essentiellement symbolique. Quant aux 300.000 emplois d’avenir promis aux jeunes, ils produisent invariablement un effet père Noël qui n’offre pas pour autant une vision durable de la lutte contre le chômage. Et laisse planer la problématique du remboursement de la dette française.

Il y a toutes les chances, de toutes façons, que ce programme reste purement indicatif. Le candidat qui sortira vainqueur des primaires en fera ce qu’il voudra: en 2007, Ségolène Royal l’avait royalement ignoré. Le PS ne peut même pas spéculer sur le profil du champion qui pourrait le porter tant François Hollande, qui gagne rapidement du terrain et dépasse désormais la première secrétaire du parti, est loin d’avoir partie perdue contre DSK.

Les nécessaires alliances pour le second tour compliqueront un peu plus la rédaction finale. Car Cécile Duflot, par exemple, a annoncé la couleur: elle monnayera la participation des Verts à un gouvernement de gauche contre un engagement de ses partenaires à sortir du nucléaire. Le type de condition-massue qui promet, à coup sûr, de sérieuses turbulences.


Un programme pour quel candidat ?

C'est ce lundi que le bureau national du Parti socialiste prendra connaissance de l'embryon de programme que Martine Aubry a dévoilé aux jeunes socialistes et au Journal du dimanche, hier. Alors comme ça, pendant que les ténors - souvenez-vous, on les appelait les éléphants face à Ségolène Royal, en 2007 - se déchirent pour déterminer lequel sera le meilleur candidat, la patronne travaille sur le fond. Un programme pour quoi ? Pour habiller le candidat ? Les idées ne sont pas très neuves et on retrouve même le recyclage des emplois jeunes. Les idées sont résolument roses, avec un État très présent, incitateur et stratège. Sans aller jusqu'aux nationalisations d'entreprises des années quatre-vingt cependant, mais en renforçant son pouvoir de contrainte, par exemple en obligeant les jeunes médecins à démarrer dans un désert médical. Les idées sont écolos aussi, mais opportunistes, avec l'idée d'une sortie du « tout nucléaire » à programmer. Les idées sont sociales enfin, sans oublier la sécurité, la justice ou l'éducation. Bref, les idées « sérieuses » fusent et sont assez ouvertes pour être portées par tout candidat, déclaré ou non. Or l'élection présidentielle est celle d'un nom. D'une figure. D'un personnage incarné. Le projet est moins important - qu'on le veuille ou non - que celui qui le porte. Car il faut que les Français sentent que l'élu(e) sera capable de mettre en œuvre sa politique. L'être - ou le paraître - pèse plus que le contenu. Martine Aubry le sait. Son projet en vingt pages concises est un coup fin pour garder le contrôle du parti, capter l'attention, et maîtriser l'impatience des troupes en attendant le vrai scoop : la désignation de celui ou celle qui ira seul au charbon en 2012.

Des fils de Kadhafi évoqueraient le départ de leur père

Selon le New York Times, deux fils du dictateur libyen auraient proposé une transition vers une démocratie constitutionnelle.

Au moins deux fils du colonel Kadhafi proposent une transition vers une démocratie constitutionnelle qui prévoirait le retrait du pouvoir de leur père, rapporte dimanche soir le New York Times. Citant un diplomate sous le couvert de l'anonymat et un responsable libyen informés du projet, le quotidien américain indique que la transition serait pilotée par l'un des fils de Kadhafi, Saif al-Islam el-Kadhafi.
Le Times ne précise pas si le colonel Kadhafi, 68 ans, souscrit à cette proposition appuyée par ses fils, Seif et Saadi el-Kadhafi. Mais une personne proche de ses fils a indiqué que le père semblait être d'accord, poursuit le journal. Les deux frères "veulent avancer pour faire changer le pays" sans leur père, relève le Times, citant une personne proche de Seif et de Saadi.
Selon le Times, la proposition d'une transition peut traduire les différences existant de longue date entre les fils de Kadhafi. Alors que Seif et Saadi ont été à l'école occidentale, leurs frères, Khamis et Mutuassim, sont considérés comme des partisans de la ligne dure, indique encore le journal. Khamis Kadhafi est à la tête d'une milice pro-gouvernementale. Quant à Mutuassim, conseiller de la sécurité nationale, il est considéré comme un rival pour Seif dans la compétition à la succession de leur père, ajoute le New York Times.

La France Maginot

De ces cantonales poussives seule Marine Le Pen, avenante et carnassière, sort à son avantage.

Sous sa tutelle, le Front national devient le premier haut-parleur du mécontentement populaire. Il reste le premier de ces partis tribuniciens qui, à droite et à gauche, asticotent les deux grands partis de gouvernement sans jamais être parvenus à les chasser du pouvoir. Dans le duel final d'une présidentielle, l'adversaire, quel qu'il soit, du FN aurait partie gagnée.

Nous en sommes encore là. Mais le Front national s'étoffe. Il sème à droite dans les sillons de l'antisarkozysme, à gauche dans les plates-bandes de la classe moyenne. Le Front national change de visage et aussi de génération, avec la fille succédant au père. Il change également en profondeur. Il laisse ses bottes au vestiaire. Cependant, son néonationalisme, moins sulfureux mais plus démagogue, veut sortir la France de l'Europe. Le FN moins dangereux ? Non, plus !

Le Front national se familiarise. S'efface dans l'opinion l'aura d'un parti contaminé par une extrême droite française qui sombra dans l'Occupation et l'antisémitisme. Pendant un demi-siècle, la dénonciation, chez le Front national, d'un "fascisme" rampant s'alimentait chez Jean-Marie Le Pen de l'à-peu-près révisionniste et de boutades de mauvais aloi. Mais 80 % de Français sont nés dans l'après-guerre...

Et surtout, Marine Le Pen ne cesse de gratter les "tags" du père."La Shoah, dit-elle,est un sommet de la barbarie", et non "un détail de la Seconde Guerre mondiale". Quant à l'opinion, elle ne voit pas qu'en cinquante ans le Front ait songé, dans la rue, à renverser la République. Il agit en parti dit républicain, acceptant les élections et leurs verdicts. En fait, l'opinion se lasse du microsillon rayé ressassant le péril "fasciste". Elle ne voit plus très bien pourquoi l'hygiène républicaine permet de fréquenter Besancenot et pas Marine Le Pen.

Cela dit, le Front national sent encore le fagot dans sa dénonciation des ravages de l'immigration. Il flatte ce courant d'opinion qui épouse les anxiétés ou fantasmes anti-islamiques de plusieurs populismes européens. Sur l'immigration, Marine Le Pen pose, disait Fabius à propos du père, de "bonnes questions". Mais ses réponses ne sont pas crédibles.

Car, si la direction du FN défend à bon droit les résistances laïques contre les prétentions minoritaires d'un islamisme militant, son refus obstiné d'une immigration nécessaire tourne à l'obsession xénophobe. Le FN refuse toujours cette évidence que "l'identité française" n'est pas un bloc défini et intangible, mais qu'elle n'a cessé et ne cessera d'évoluer au fil de l'Histoire. Il se monte le bourrichon en suggérant que 10 % de Français musulmans menacent la cohésion nationale des 90 % restants.

Il faut dire que la guérilla forcenée des sentinelles de la bien-pensance fortifie le Front national, tant sont insupportables les censures acides infligées aux esprits libres qui, sur l'islam ou l'immigration, ne pensent pas "dans les rails". Elles donnent des ailes à la "droite Zemmour". Et si les thèses simplistes du Front national reçoivent, hélas, de plus en plus d'adhésion, on mesure que l'anathème ne suffit pas pour les combattre.

Enfin, et surtout, le peuple français, recordman avéré du pessimisme, remâche une séquelle d'adversités : la crise économique, le chômage de masse, le risque nucléaire, le remue-ménage mondialisé, la couche d'ozone, le djihadisme, et j'en passe... Contre ces fatalités, le FN crie "Aux abris !". Il ouvre le sien.

C'est le néonationalisme ! Loin du libéralisme anti-étatique de son père, Marine Le Pen veut "un retour à l'Etat, composante essentielle de l'âme de la France". Elle se réclame d'une République patriote, qui prêcherait le social-étatisme d'un Mélenchon ou d'un Chevènement. Son slogan, c'est "Mort à l'euro, mort à l'Europe !".

Ce credo-là n'est pas, hélas, sans écho dans la gauche. Et au-delà, chez notre peuple devenu craintif, casanier et qui a peur du grand large. Déjà, d'autres nations européennes surendettées, qui, comme nous, vécurent au-dessus de leurs moyens, bronchent devant la diète. L'Europe, qui les sauva, devient le bouc émissaire de leurs misères.

Marine Le Pen, parlant, ces jours-ci, de son projet d'une France délivrée de l'Europe, m'évoquait étrangement la tentation de François Mitterrand. Lui aussi, à l'autre extrême, fut durant deux ans tenté d'installer sa "rupture d'avec le capitalisme" sur une navigation nationale et solitaire. Dans une France aux abois, il y renonça en 1983 afin de ne rompre "ni avec l'Europe ni avec l'Alliance atlantique"...

Marine Le Pen ne croit pas, elle, à la ruine - pour moi certaine - d'une France Maginot. Elle veut rallier les flageolants du sarkozysme. A moins, bien sûr, qu'elle ne mette, pour finir, du compromis dans son europhobie. Comme l'huile dans le vinaigre de papa.

Sortir du cycle de la violence


Les troupes d'Alassane Ouattara ont mis à peine quatre jours pour gagner Abidjan. L'information sur les tueries perpétrées dans leur sillage, à Duékoué, une semaine. La vérité est plus lente que les armes, mais les témoignages finissent toujours par arriver. Ce que tout le monde redoutait, ces dernières semaines, est en train de se produire. Le refus de Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir et de se conformer au résultat des urnes, aux résolutions des Nations unies et aux pressions de la communauté internationale, est en train de rallumer le terrible incendie des violences intercommunautaires.

Avec un million de personnes déplacées, plus de 100 000 réfugiés au Libéria, une économie totalement déprimée et la peur qui habite à chaque coin de rue, la Côte d'Ivoire est dans un état de délitement particulièrement préoccupant. Ce processus ne date pas des derniers rebondissements électoraux. Il est, en grande partie, à mettre au compte du cycle de violences inauguré par la crise déclenchée en 2002, mais aussi de la dérive inégalitaire et de l'éclatement du sentiment d'appartenance nationale qui a caractérisé l'après-Houphoët-Boigny, mort en 1993.

À cet égard, la Convention de la société civile ivoirienne, qui regroupe de nombreuses associations et ONG, rappelle quelques éléments utiles. Depuis l'accession à l'indépendance, la superficie fertile a été divisée par cinq, pendant que la population était, elle, multipliée par cinq. Le nombre de pauvres, en une génération, a été multiplié par dix. Après l'Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire est l'un des pays les plus inégalitaires du continent.

Si la fin du monopartisme, dans les années 1990, ne pouvait qu'être saluée comme une bonne nouvelle sur le chemin de la démocratie, il faut bien reconnaître que l'avènement du multipartisme a favorisé les prédateurs de l'économie.

La politique, en Côte d'Ivoire, dopée par la rente des revenus des matières premières et les soutiens étrangers sans le contrepoids d'une stabilité institutionnelle, génère de la violence. Pour accéder au pouvoir, et pour s'y maintenir. C'est ce qu'est en train de faire le sortant Laurent Gbagbo, assiégé avec ses fidèles dans Abidjan. C'est malheureusement ce que fait aussi Alassane Ouattara. Il devait être l'homme de la rupture de ce cycle, celui qui allait accéder à la présidence par la seule force des urnes. Ce formidable tournant a été raté. C'est par les armes qu'il est en train de réclamer son dû électoral. Avec maintenant, en sus, des soupçons de massacres perpétrés par ses fidèles.

Au coeur de ces violences, la France est dans une position délicate et contradictoire. Elle ne pouvait mettre Ouattara sur le trône sans être accusée d'ingérence et redevenir une cible, comme elle le fut en 2004. Elle ne peut à présent regarder, inerte, les violences perpétrées, alors que 12 000 Français et près de 1 500 soldats sont présents sur le sol ivoirien. Il faut désormais tout faire pour chasser Gbagbo. C'est ce à quoi, manifestement, Paris s'emploie tout en protégeant nos compatriotes. Mais il faut aussi conditionner toute aide à Ouattara au seul engagement qu'attendent, d'abord, les Ivoiriens : la sortie du cycle de la violence.

Raser


L’augmentation du gaz n’aura plus lieu. Après les 5,2 % d’aujourd’hui, les prochaines hausses seraient gelées… C’est Noël ? Non, c’est les élections, dans un an. Et tous ceux qui en rêvent le matin en se rasant sont tentés de nous promettre dès aujourd’hui qu’ils vont nous raser gratis. C’est juré, le chômage baissera, le soleil brillera, le pouvoir d’achat croîtra… Évidemment, nous avons un peu de mal à y croire. Car nous avons bien entendu jeudi que notre dette s’élevait maintenant à mille milliards et demi d’euros, que nos déficits atteignaient 136 milliards, et qu’il allait falloir éponger tout ça en quatre ou cinq ans… Dur d’imaginer qu’on y parviendra sans souffrir. Alors, si vraiment le gaz n’augmente pas ces prochains mois, un conseil : mettez l’économie réalisée de côté, elle servira à payer l’augmentation d’après la présidentielle.

La politique de bistrot

Alors que Georges Clemenceau était à l'article de la mort, son ancien disciple Georges Mandel décida de lui rendre visite. A la gouvernante qui lui annonçait son arrivée, le Tigre répondit, avec son sens de la formule qui tue : "Déjà les vers !"

L'univers des politiciens est si impitoyable que les vers s'attaquent souvent à eux de leur vivant. C'est ce qui donne sa dimension shakespearienne au vaudeville qui se joue actuellement dans la majorité. On dirait que l'heure de la succession de Nicolas Sarkozy a sonné alors même que la nouvelle de sa mort politique semble très exagérée, en tout cas prématurée.

Tels sont les retours du destin ou, ce qui revient au même, de bâton. Après avoir beaucoup humilié les siens, le chef de l'Etat récolte aujourd'hui ce qu'il a semé. Il ne fait plus peur. Et tout le monde se lâche. Notamment à propos de son idée de grand débat sur l'islam.

La ficelle était certes très grosse. Jadis, les empereurs romains organisaient les jeux du cirque pour occuper le bon peuple. Désormais, sous le 6e président de la Ve République, le peuple a droit à des débats. Des débats d'Etat fixés en haut lieu, sous le contrôle d'un ministrion, dans le plus pur style jacobin.

Après le débat sur l'identité nationale, voici le débat sur l'islam, rebaptisé débat sur la laïcité. Demain, pourquoi pas des débats d'Etat sur le sexe des anges, sur celui des mille vierges ou sur les racines chrétiennes de l'Europe? S'ils fréquentaient plus souvent les bistrots, les princes qui nous gouvernent sauraient que les Français ne les ont pas attendus pour parler de tout cela. C'est pourquoi cette conception de la politique, illustrée par les propos de Claude Guéant, ne peut se résumer qu'en une formule: la politique de bistrot.

Les couacs du calendrier politique

Les Verts sont enfin d’accord sur leur calendrier politique : les primaires des écologistes auront lieu en juin. Eva Joly est soulagée : il lui tarde d’en découdre avant que sa cote de popularité ne crève le plancher. En revanche Nicolas Hulot fait la grimace : avant de se pencher sur les affaires de la planète, l’animateur doit liquider les siennes. Septembre lui aurait permis de se retourner avant la séquence élection. D’ici à ce que ses concurrents lui reprochent de soigner ses sponsors avant de sauver l’humanité…

Au PS, le calendrier fait également des grincheux. Et vu le nombre de candidats, cela fait du monde. Le plus marri est DSK. S’il se lance enfin, Dominique Strauss-Kahn ci-devant patron du FMI sera présent au G8 de Deauville en juin mais le G20 de novembre à Cannes se passera de lui. Les Grecs qu’il vient d’accuser “de truander un maximum” et “d’être dans la m…” tiennent leur revanche… Il est vrai que de Sarcelles, la voix porte moins que depuis Washington.

Même Carla Bruni-Sarkozy paye son écot au calendrier politique. La Première dame commence à connaître la musique politicienne. Pour éviter le télescopage avec la campagne électorale, elle repousse la sortie de son prochain album à l’année prochaine. Et que l’on n’aille pas s’imaginer que l’enthousiasme soulevé par son précédent opus dicte cet excès de précaution. Elle s’épargne simplement tout risque de couac. L’année présidentielle sera suffisamment riche en fausses notes…