TOUT EST DIT

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vendredi 11 mars 2011

Les jeunes du sixième


C'est un micromarché, mais un maxi-problème, qui appelle des réponses millimétrées. C'est l'une d'elles que propose le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, en promettant d'imposer à des taux prohibitifs les loyers excessifs demandés pour ces mansardes communément appelées « chambres de bonne ». L'expression n'a rien perdu de sa véracité. A Paris et dans quelques grandes villes, les « jeunes du sixième » - selon le titre d'un film sorti le mois dernier, « Les Femmes du sixième étage », avec Fabrice Luchini -ont remplacé les domestiques du siècle dernier. Ils sont à peine mieux lotis. A l'étage le plus haut, mais au bas de l'escalier social.


Que des propriétaires installés dans la vie puissent indûment profiter de la rente que leur assure des décennies de conservatisme urbain pour monnayer à prix d'or le sommeil étudiant, voilà bien le symptôme d'une société qui délaisse sa jeunesse. C'est ce qui rend méritoire l'initiative du secrétaire d'Etat au Logement. Initiative de portée politique, cependant, plus que pratique. Une surtaxation a vocation à faire peur. Le spectre de l'intrusion du fisc sur ce marché très privé est un moyen d'y modifier le comportement des agents. Mais mieux vaudrait que le gouvernement n'ait pas à passer à l'action, tant le mécanisme présenté hier semble, à ce stade de son élaboration, imparfait et incomplet.


Incomplet car, de la vente de listes de locaux libres aux loyers exigés en espèces, la liste des arnaques au logement étudiant est longue. Imparfait car, en faisant de 40 euros du mètre carré le seuil du nouvel impôt, il risque de faire de 39 euros la norme des loyers de mansarde. Applicable, de surcroît, aux seuls espaces de 9 à 13 mètres carrés, il n'est pas, non plus, d'une solidité à toute épreuve face au principe d'égalité devant l'impôt.


Outil pour paresseux, la fiscalité est à utiliser avec précaution. En l'occurrence, l'édiction de normes contraignantes répondrait mieux au besoin légitime des étudiants d'avoir des logements non seulement abordables mais décents. Or, dans ce domaine, le secteur a le privilège de l'effort. Depuis 2007, 45.000 chambres gérées par les CROUS, soit le quart du total, ont été rénovées ou construites. Surtout, les nouveaux campus sont enfin considérés comme des lieux de vie, à la différence de ceux que les étudiants d'aujourd'hui ont hérité de leurs grands-parents.

Victoire judiciaire de mineurs licenciés pour grève il y a plus de 60 ans

Plus de soixante ans après les faits, la cour d'appel de Versailles a donné raison à 17 anciens mineurs du Nord/Pas-de-Calais licenciés pour faits de grève en 1948, a indiqué vendredi à l'AFP l'un des quatre avocats qui représentent les gueules noires et leurs familles.

"La cour d'appel de Versailles a eu le courage de considérer que ces licenciements étaient discriminatoires et de ne pas faire jouer la prescription", s'est félicité l'avocat Slim Ben Achour, confirmant une information parue dans l'Humanité.

Il a précisé que l'arrêt consulté par les avocats, mais pas encore notifié, avait été rendu jeudi.

"Les familles sont très très heureuses et bien évidemment les quelques mineurs (encore en vie, ndlr) qu'on vient d'informer", a ajouté l'avocat, qui indique avoir "obtenu 30.000 euros par demandeur".

L'affaire remonte à l'automne 1948, lorsqu'une grève, lancée par la CGT, a fait l'objet d'une répression massive pendant deux mois et débouché sur quelque 3.000 licenciements de gueules noires.

Ces licenciements par Charbonnages de France (entreprise publique aujourd'hui disparue) "avaient pour motif les absences injustifiées des salariés parce qu'ils étaient en grève ou en raison des entraves au fonctionnement des houillères", a expliqué Me Ben Achour.

Selon lui, la cour d'appel a estimé que les ruptures de contrat de travail étaient bien relatives au "droit de grève, un droit protégé par la Constitution, et déjà par le préambule de la Constitution de 1946, deux ans avant les grèves".

"Les lois de la République ont reconnu à partir de 1984 puis ensuite par des lois de 2004, que les mineurs qui avaient perdu leur travail en 1948 (...) l'avaient perdu en raison de l'exercice du droit de grève", a expliqué l'avocat.

"C'est une énorme victoire, parce que le champ des possibles s'ouvre considérablement" en matière de discrimination, a-t-il indiqué. En l'occurence, "c'est la révélation des faits qui permet à la personne de pouvoir engager une procédure, aussi tardive soit-elle puisque là c'est 60 ans.

Des salariés en quête de sens

Coexistence des brillants profits des entreprises du CAC 40 et d'un chômage élevé ; doutes croissants d'une partie de l'opinion sur les bienfaits de la mondialisation au moment où elle accélère ; apparente incapacité du pouvoir politique à peser de façon efficace sur le réel comme à éviter les crises à répétition. La période actuelle est lourde d'étonnements, d'incertitudes et de ruptures. Qui, tous, nourrissent un climat politique anxiogène. Pour déterminer les ressorts de ce traumatisme hexagonal, il manquait une plongée dans le moral des salariés, aux premières loges économiques et sociales, en tous cas davantage que les Français en général. C'est désormais chose faite avec le sondage que nous publions avec Altédia et Ipsos. De cette enquête, trois mots surgissent.

Le premier, c'est l'angoisse de l'avenir. Quatre salariés du privé sur dix sont persuadés qu'ils connaîtront le chômage dans les prochaines années. C'est considérable, et c'est une proportion en hausse. Un autre résultat est encore plus massif : pour sept sondés sur dix, le plus dur de la crise, dans l'industrie, est encore devant nous. Le stress et la baisse de motivation sont les symptômes de ces craintes. Deuxième mot clef de cette enquête : la lucidité ou, si l'on préfère, la maturité. La méfiance vis-à-vis de l'entreprise est là mais les salariés ne se réfugient pas pour autant dans les fantasmes. Ils rendent somme toute un jugement équilibré sur l'attitude de leurs dirigeants pendant la crise. Ils ne sont par ailleurs qu'un tiers à juger « excessives » leurs rémunérations - et, s'ils souhaitent les voir plafonnées, ils ne croient pas que cela soit réaliste... Nous sommes loin des caricatures.

Le maintien, envers et contre tout, d'un lien fort, d'un intérêt, avec son travail constitue le troisième enseignement, optimiste cette fois, du sondage. « Mon boulot, mon supérieur direct » résistent à la critique et au scepticisme.

La conclusion de ce tableau ? Elle est simple. Les employeurs ont en face d'eux des salariés consciencieux, mais amers et dont la motivation s'effrite après des années, estiment-ils, d'efforts. L'attente la plus immédiate porte très logiquement sur des hausses de salaires. Rien de surprenant, tout juste peut-on remarquer que cette demande-là fait l'objet aujourd'hui d'un consensus écrasant.

Il serait néanmoins illusoire de penser que ce mode de reconnaissance suffit. Car, ce qui transpire dans cette enquête n'est au fond ni un malaise des salariés ni un rejet du « système », mais le besoin de retrouver dans leur travail du sens et de l'envie, l'un allant avec l'autre. Un lourd défi pour les entreprises.

L'économie sous Marine

Le bleu marine est à la mode. Il est inutile d'ajouter aux commentaires, nombreux et éclairés, sur un sondage isolé et obscur. Il reste que Marine Le Pen est incontestablement « nominable » (comme il ne faudrait pas dire). Il devient dès lors légitime de s'intéresser à la partie la plus concrète de son programme, son volet économique et financier. Il commence par des cadeaux : un allégement général de la pression fiscale ; la prise en charge par l'Etat, jusqu'à 200 euros par mois, de la part salariale des cotisations sociales en deçà de 1,4 SMIC ; une augmentation du même SMIC, accompagnée d'une hausse générale des salaires ; un revenu minimum plus incitatif à l'activité... Mais un grand ménage dans les allocations, et principalement dans les « dépenses liées à l'immigration ».

A ce stade, on a surtout alourdi les charges nettes. Intervient alors, comme on est en droit de l'attendre, la contrepartie financière. Une fois satisfaits les exercices obligés d'un « audit général des comptes » et d'une lutte sans merci contre la fraude fiscale, « les dépenses publiques donneront la priorité à l'investissement ». Le financement ? La réponse est simple : « Le choc fiscal créera à terme les conditions d'une croissance retrouvée. » Ce style gauchi revient à entonner le refrain de la relance par la consommation, dont on connaît les ravages sur la balance extérieure. Il y a là aussi une réponse : le rétablissement de droits de douane protecteurs et de contingents, et, le cas échéant, la « francisation » (lire « nationalisation ») des entreprises menacées, ainsi « placées momentanément sous la sauvegarde de l'Etat » (voir encore l'antique Programme commun). Reste enfin la sortie de l'euro, tragédie grecque cette fois assumée.

La place manque pour commenter le naufrage ainsi annoncé. On laisse le soin aux candidats compétents d'ouvrir la chasse sous Marine à l'économie qui le sera devenue.

Laisser faire, laisser mourir

La situation des rebelles en Libye est extrêmement précaire : loin de céder le pouvoir comme Ben Ali et Moubarak, le colonel Kadhafi s’accroche, et tue sa population. Le tyran fou s’appuie sur son argent, ses avions, ses tanks, face à une population très peu armée et entraînée. Devant ce drame, l’Occident regarde et compte les points. Les déclarations courageuses de Nicolas Sarkozy, d’Alain Juppé et des dirigeants britanniques n’ont eu jusqu’à présent aucune suite concrète. On se croirait revenu à l’époque où le ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand déclarait à propos de l’état de siège décrété par le général Jaruzelski en Pologne « Surtout ne rien faire » !
Pourtant, l’idée d’une zone d’exclusion aérienne pour empêcher les avions libyens de décoller a été utilisée dans le passé avec un certain succès au Kurdistan et en Bosnie. C’est difficile à faire techniquement mais c’est possible : face aux obstacles politiques à l’ONU, il faudrait toute la puissance diplomatique des Etats-Unis, de l’Europe et de l’Afrique, soutenue par les opinions publiques, pour y parvenir. Sinon plane le spectre terrible de la non-intervention des grandes démocraties pendant la guerre d’Espagne. Faudra-t-il attendre un nouveau Guernica, un bombardement massif de civils avec des milliers de morts pour hâter le processus ? Le dictateur Kadhafi tue pour l’instant à petites doses et se présente comme le rempart face au terrorisme international ; il est vrai que le terrorisme n’a jamais cessé d’être sa spécialité.