TOUT EST DIT

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mercredi 9 mars 2011

Révolutions et contre-révolutions...

Les révolutions arabes se suivent et ne se ressemblent pas. Nous sommes entrés à la fois dans une phase de radicalisation et de « révolutions dans la révolution ». En Tunisie, les islamistes attendent des élections qu'ils espèrent gagner, tandis que les communistes de l'UGTT se radicalisent par peur de les perdre. Partout, les dictateurs préparent la contre-révolution. Kadhafi achète des milliers de mercenaires africains, distribue des billets aux civils et brandit la menace de la partition, dans ce pays de 1,8 millions de km2 qui était encore divisé en trois entités dans les années 1930. D'après Khattar Abou Diab, enseignant à Paris-XI, Kadhafi agite les épouvantails d'al-Qaida et de la partition ou de l'immigration illégale pour contraindre l'Occident à garder des liens avec son régime. En Syrie, les révoltes ont été étouffées dans l'œuf lorsque les blogueurs appelant à manifester ont été arrêtés grâce à leur adresse IP, comme en Iran. Le président Assad n'hésitera pas lui aussi à tuer des milliers de civils, comme en 1982, lorsque 20.000 opposants des Frères musulmans furent massacrés à Hama. En cas de guerre civile, le clan des Assad se repliera dans son fief alaouite. D'autres pays sont menacés de partition, comme le Yémen, qui risque d'être à nouveau coupé en deux, ou Barheïn, divisé entre le pouvoir sunnite et les masses chiites. Face au chaos qui s'installe, des Etats aussi différents qu'Israël, l'Iran, la Syrie, le Maroc ou l'Arabie saoudite ont intérêt au statu quo et organisent la contre-révolution. Conscient de la dimension « Web » des révolutions, le roi saoudien a même essayé d'acheter Facebook pour 150 milliards de dollars ! Sous pression saoudienne et américaine, la télévision arabe Al-Jazira, basée au Qatar, qui a joué un rôle aussi important que Facebook dans les révolutions, n'a curieusement pas relayé les manifestations dans les Emirats, en Arabie saoudite ou au Koweït. De même, le président américain Barack Obama n'a pas soutenu la révolte en Arabie saoudite, cette dictature islamiste qui demeure son grand allié pétrolier. Or les révolutions pacifiques se nourrissent de la médiatisation et des pressions internationales...

Au-delà du sondage qui fait peur

Le sondage plaçant Marine Le Pen en tête pour la prochaine élection présidentielle devant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, deuxièmes ex aequo, est contestable et il a été contesté, mais il met en lumière une situation nouvelle sous la Ve République.

De Gaulle en 1962 avait instauré une élection présidentielle au suffrage universel dans laquelle se retrouveraient face à face au deuxième tour les deux candidats arrivés en tête au premier.

Dans l'esprit des pères du système, on retrouverait pour le duel final deux représentants des partis de gouvernement, des modérés et non des extrémistes, et de fait cela a bien fonctionné avec Pompidou, Giscard, Chirac et Sarkozy à droite, Poher au centre, Mitterrand, Jospin et Royal à gauche.Avec une seule exception, celle de 2002, quand le deuxième tour opposa Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen ; on espéra alors un accident sans lendemain. Or il apparaît que 2012 peut ressembler à 2002 et qu'un Front national installé autour de 20 % ou plus peut figurer régulièrement au deuxième tour, ce qui fausse la représentativité. Chirac réélu à 80 %, cela a créé l'ambiguïté et l'immobilisme pour la suite. Si 2012 prenait cette tournure, ce qui est encore loin d'être sûr, il faudrait réfléchir après coup à une nouvelle règle du jeu électoral. Garder au second tour les quatre premiers par exemple, ou faire une élection à un seul tour qui forcerait les partis de gouvernement de gauche et de droite à désigner un seul candidat de leur camp et non quatre ou cinq de chaque côté comme c'est le cas.

Libye: violents combats, nouveaux appels à la zone d'exclusion aérienne

Les forces de Mouammar Kadhafi ont accentué mardi la pression sur la rébellion, bombardant par air et terre des positions dans l'Est de la Libye et combattant les insurgés à l'Ouest, au moment où les appels se multipliaient pour une zone d'exclusion aérienne.
Pour tenter de mettre fin à la répression sanglante des opposants, le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron ont convenu de poursuivre la planification de "toute la gamme" d'actions possibles, dont l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne.
Affichant désormais ouvertement leur soutien à l'insurrection, les Etats-Unis et l'Union européenne ont rencontré des représentants du Conseil national de transition mis en place par la rébellion à Benghazi, épicentre de l'insurrection à un millier de km à l'est de la capitale Tripoli.
Alors que les violences prennent des allures de guerre civile dans ce pays pétrolier, le marché redoute une crise prolongée qui affecterait les approvisionnements mondiaux et imposerait un recours aux stocks stratégiques de brut, ce qui catapulterait le baril à plus de 200 dollars.
M. Kadhafi, qui a juré de mater dans le sang la rébellion lancée il y a trois semaines, a mis en garde contre toute ingérence de l'Occident dans son pays lors d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre grec Georges Papandréou.
En soirée, il s'est rendu dans un hôtel de Tripoli où sont confinés la grande majorité des journalistes étrangers pour des interviews à des chaînes télévisées. Habillé d'une tunique noire et coiffé d'un turban ocre, il a traversé le hall en levant et serrant les poings en signe de victoire.
Malgré les sanctions internationales imposées au clan Kadhafi -gel des avoirs, interdiction de voyages-, l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité et les appels à s'en aller, le leader libyen s'accroche au pouvoir après plus de 40 ans de règne sans partage.
Ses forces tentent de stopper la progression vers l'Ouest des insurgés qui contrôlent la région orientale pétrolière ainsi que certaines localités de l'Ouest, lançant une opération de reconquête avec ses chars et avions contre les opposants moins bien armés.
L'aviation a bombardé la ville pétrolière de Ras Lanouf, base la plus avancée de l'opposition dans l'Est, faisant un blessé et touchant un immeuble. La banlieue ouest du port pétrolier, à environ 300 km au sud-ouest de Benghazi, a été pilonnée et trois personnes ont été blessées, les rebelles parlant d'un déluge de feu.
A l'ouest de Tripoli, l'opposition contrôlait Zenten mais la ville était encerclée par les forces pro-Kadhafi, selon un témoin français.
Les forces pro-Kadhafi ont lancé parallèlement un assaut sur Zawiyah, le bastion des insurgés le plus proche de la capitale, fief de M. Kadhafi, selon un ancien responsable libyen qui a fait défection, Mourad Hemayma.
"Kadhafi veut prendre (Zawiyah) avant mercredi. La communauté internationale doit agir", a-t-il affirmé, joint au téléphone au Caire par l'AFP. Il a indiqué que des membres de sa famille avaient été tués dans la ville (40 km de Tripoli), assiégée par les chars du régime.
"Zawiyah est visée par une attaque d'envergure. Les civils sont attaqués directement", selon un site de l'opposition.
Mais le gouvernement libyen a démenti le bombardement de Zawiyah.
Face à l'escalade des combats qui ont fait plusieurs centaines de morts depuis le début de la révolte le 15 février, les Occidentaux se concertent jeudi et vendredi à Bruxelles au sein de l'Otan et de l'UE, pour tenter d'aider l'opposition sans enfreindre le droit international ni déstabiliser la région.
Paris et Londres préparent un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU imposant une zone d'exclusion aérienne mais son adoption semble se heurter aux réticences de Moscou et Pékin.
Pour la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, toute décision d'imposer une telle zone devrait être prise par l'ONU et non par les Etats-Unis.
La Ligue arabe a prévu, elle aussi, une réunion de crise samedi pour évoquer la zone d'exclusion, après l'accord des monarchies arabes du Golfe et de l'Organisation de la conférence islamique pour sa mise en place.
L'UE a en outre approuvé de nouvelles sanctions contre la Libye, visant un fonds souverain et la Banque centrale, au moment où deux représentants du Conseil national ont dit à Strasbourg attendre que l'UE reconnaisse "le plus tôt possible" comme seule autorité légitime, avant de voir mercredi le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.
Au Caire, des diplomates américains, dont Gene Cretz, l'ambassadeur américain en Libye, ont rencontré des membres du Conseil national, a indiqué le département d'Etat, appelant de nouveau M. Kadhafi à quitter le pouvoir et la Libye.
L'opposition a entretemps rejeté toute négociation avec le régime exigeant que le leader libyen quitte le pays et promettant le cas échéant de ne pas engager de poursuites contre lui. La télévision officielle libyenne a de son côté jugé "impensable" que M. Kadhafi "puisse prendre contact avec des agents ayant fait appel aux étrangers contre leur propre pays".
Alors que près de 200.000 personnes ont fui les combats en Libye, l'ONU a chargé l'ex-ministre jordanien des Affaires étrangères Abdel Ilah Khatib d'entreprendre des "consultations urgentes" avec Tripoli sur la crise humanitaire.

Jean-François Pilliard

Le délégué général de l'UIMM, qui représente le patronat dans les discussions sur les retraites complémentaires, aime à rappeler la phrase de Malraux selon laquelle « la liberté appartient à ceux qui l'ont conquise ». Maxime que ne renierait pas un militant de la CGT, mais qui démontre sa croyance en les vertus d'une franche négociation. Ce Parisien titulaire d'un DESS de ressources humaines a placé toute sa carrière sous le sceau de la gestion des personnels, dans la pharmacie pour Roussel Uclaf et Ciba comme dans les équipements électriques chez Schneider, dont il fut dix ans DRH. Sa modestie personnelle et son goût du dialogue valent au successeur de Denis Gautier-Sauvagnac le respect de ses interlocuteurs syndicaux, avec lesquels il a signé depuis son arrivée il y a bientôt trois ans des accords innovants sur les prêts de personnel et l'emploi des jeunes. Pédagogue, l'ex-président de l'Association pour la formation professionnelle des adultes, qui enseigne à Paris-II et HEC, a prêché les vertus de l'apaisement au sein même du Medef, où il est parvenu à pacifier les relations entre les patrons de la métallurgie et Laurence Parisot. Le président de la commission de protection sociale du Medef, auteur d'un rapport sur les contrats de professionnalisation pour les personnes éloignées de l'emploi, apprécie la musique classique et la peinture moderne. Familier aux beaux jours de Houlgate, il s'apprête pour l'instant à dévaler les pistes de ski des Contamines, histoire d'oublier sur les planches les graves questions débattues avenue Bosquet.

« Stress tests » : le prix de la crédibilité

Il n'y aura pas de troisième chance. Les tests de résistance auxquels vont être soumises les banques européennes d'ici à juin doivent vraiment mettre leur bilan sous pression. C'est impératif. Plus question comme en juillet dernier, d'une vaste opération de communication destinée à rassurer les investisseurs sur la solidité du système bancaire européen mais évitant soigneusement les écueils d'un stress trop marqué. Ce modèle inspiré de « stress tests » américains du printemps 2009 a fait long feu. Il a sombré corps et biens quelque part entre fin novembre et début décembre lorsque les banques irlandaises, dont aucune n'avait failli à l'examen de juillet, se sont définitivement effondrées, entraînant dans leur sillage le pays tout entier.

C'est dire si, dans cette affaire, l'Union européenne joue gros. Pour être crédible, la deuxième génération des tests de résistance européens devra en fait offrir tout le confort moderne. C'est-à-dire d'abord des scénarios intégrant des hypothèses macroéconomiques vraiment dégradées - cela semble être le cas -, ensuite une évaluation fiable du risque de liquidité, enfin la mise en place d'un mécanisme de renflouement immédiat pour les établissements jugés les plus fragiles.

Mais pour restaurer une fois pour toute la confiance, il faudra surtout que les concepteurs des tests cessent de tergiverser sur la délicate question de la valorisation des dettes souveraines de la zone euro. S'il semble évident que les tests ne prévoiront pas le défaut d'un Etat de l'Union - on ne provisionne pas la fin du monde, ont coutume de dire les régulateurs -, il faudra bien en revanche appliquer une décote aux dettes des pays en difficulté. Une décote réaliste. Il est en effet préférable de dire que la dette grecque vaut 70 % de sa valeur par exemple plutôt que de nier l'évidence et laisser les investisseurs dicter leur loi. D'autant que l'impact sur la solvabilité des banques restera limité dès lors que, seules celles qui font commerce de cette dette, et donc ne la gardent pas jusqu'à son échéance, seront immédiatement pénalisées par cette décote.

Mais cette décision dépasse largement le cadre des seuls régulateurs bancaires. C'est un sujet de gouvernance européenne. Avec les futures missions du Fonds européen de stabilité financière et les conditions de renégociation des dettes souveraines après 2013, c'est même aujourd'hui un des points clefs de la résolution de la crise de la zone euro. Il reviendra au sommet européen de vendredi de le trancher.

Le CAC 40 et les trois pièges du mirage émergent

Quatre-vingt-deux milliards d'euros, 83 % de hausse. Les profits des 40 plus grandes sociétés françaises (*) vont encore beaucoup faire parler cette semaine. Nos géants affichent une santé presque insolente. Ils sont les seuls à avoir effacé complètement, et aussi vite, les stigmates de la crise, en faisant le dos rond, en restructurant leurs activités et en assainissant leur structure financière. En 2010, une seule société du CAC 40 accuse des pertes - Alcatel-Lucent -et seules cinq - AXA, Bouygues, EDF, Vallourec et Veolia -affichent des profits en repli. Nos mastodontes français se sont désendettés et sont proches de renouer avec la rentabilité d'avant-crise : en 2007, les profits cumulés du CAC 40 avaient atteint le record de 101 milliards d'euros.

Ces chiffres montrent aussi, et surtout, que les grandes entreprises françaises sont totalement ouvertes sur le monde. L'année 2010 s'est caractérisée par une forte asymétrie de la croissance sur le globe, puisque la progression a atteint de 1 à 2 % pour les pays avancés, mais de 6 à 8 %, et même plus dans le cas de la Chine, pour les pays émergents. Cette croissance, les grandes entreprises ont réussi à la capturer. En dix ans, la part des revenus réalisés par les sociétés du CAC 40 dans les pays émergents est passée de 17 à 28 %. Elle dépasse désormais la part des revenus réalisée par ces mêmes entreprises en France puisque celle-ci atteint 24 %.

Aujourd'hui, certains grands groupes de l'Hexagone réalisent déjà la moitié de leur chiffre d'affaires dans les pays émergents à l'instar de Total, Lafarge, Danone ou Vallourec. Et cela ne devrait pas s'arrêter. Car les grandes sociétés françaises concentrent désormais leurs investissements dans ces zones. Michelin a trois nouvelles usines géantes en projet ou en chantier en Inde, au Brésil et en Chine pour 3 milliards d'euros, du jamais-vu dans le groupe. Chez Schneider Electric, la Chine est devenue le deuxième marché, derrière les Etats-Unis, mais devant la France. GDF Suez a clairement mis la priorité sur les investissements dans les émergents avec l'acquisition d'International Power.

On pourrait comme cela multiplier les exemples. La tendance est nette. Selon les analystes, les émergents devraient représenter d'ici à trois-cinq ans plus d'un tiers des chiffres d'affaires et plus de 35 % des résultats du CAC 40. Il y a des raisons de se réjouir de la capacité de nos grands représentants à aller chercher la croissance là où elle se trouve : cela conforte leur ancrage dans la mondialisation, cela assied leur développement et dope leurs résultats. Mais à trop se laisser éblouir par le mirage émergent, le risque est grand de ne plus voir les pièges qui guettent nos acteurs français. Ils sont au nombre de trois.

D'abord, cette diversification internationale masque l'incapacité des autres entreprises françaises - les PME, les entreprises de taille intermédiaire -à se développer en dehors de leurs frontières. Comme le montrait récemment Patrick Artus dans une étude intitulée « Les Mystères du CAC 40 », la France est l'un des rares pays à présenter un tel écart entre ses grandes et ses petites entreprises. Alors qu'en Allemagne les grandes sociétés cotées (sur le DAX) ont une situation et un comportement proche de celui de l'ensemble des entreprises, ce n'est pas du tout le cas de ce côté-ci du Rhin. Et le risque, selon l'économiste, est que l'environnement français - faible croissance, coûts salariaux élevés, fiscalité défavorable, hostilité dans certains cas de l'opinion publique -conduise nos géants à réduire de plus en plus la taille de leurs opérations en France.

Ensuite, le poids croissant de nos grands représentants hexagonaux dans les pays émergents n'est pas sans risques. Nombre de pays (Brésil, Chine, Inde) doivent lutter contre la surchauffe de leur économie et la montée de l'inflation. Les risques ne sont pas nuls que les politiques monétaires et les fluctuations des changes soient mal maîtrisées. Les événements récents au Maghreb et au Moyen-Orient, ainsi qu'en Côte d'Ivoire, sont aussi venus rappeler aux investisseurs que les pays émergents pouvaient se révéler instables sur le plan politique. Lafarge en Egypte, France Télécom en Tunisie, Total en Libye ou la Société Générale en Côte d'Ivoire en font l'expérience actuellement, même si l'impact devrait rester modeste sur leurs comptes. Les déboires de Danone en Chine ou de Carrefour au Brésil rappellent par ailleurs que l'environnement légal et commercial n'est pas toujours sécurisé dans ces pays.

Enfin, les succès internationaux des vedettes du CAC 40 ne doivent pas faire oublier que leurs concurrents les plus féroces seront sans doute à l'avenir... les nouveaux géants émergents. En quelques années, des mastodontes se sont imposés dans presque tous les secteurs, à de rares exceptions près comme la pharmacie ou les technologies médicales : les chinois PetroChina ou ICBC, les brésiliens Petrobras et Vale, les indiens Reliance et Infosys, le russe Gazprom, ainsi que des milliers d'autres noms moins connus du grand public. La nouvelle est presque passée inaperçue au milieu de l'été dernier. Mais, pour la première fois depuis 1999, le Top 10 des entreprises créatrices de valeur, classées par le BCG selon la performance boursière et le dividende sur cinq ans, ne comprenait aucune entreprise européenne ou américaine. La première française était 198 e (Hermès), les dix premières asiatiques. La semaine dernière, des rumeurs faisaient état d'un intérêt du chinois Huawei pour Alcatel-Lucent. La perspective d'une nouvelle bataille boursière, comme celle qui opposa Arcelor et Mittal, n'est peut-être pas très éloignée.

Prendre la mesure d'Internet

Internet est désormais partout dans nos vies. Pour travailler, se distraire, échanger, s'informer, acheter ou même rencontrer l'âme soeur, il devient de plus en plus difficile de se passer du réseau des réseaux. Internet est partout... sauf dans les statistiques de la production, pour paraphraser l'économiste Robert Solow qui avait écrit il y a un quart de siècle que « vous pouvez voir l'ère de l'ordinateur partout sauf dans les statistiques de productivité ». Dans les années 1990, les technologies de l'information ont pourtant relancé les gains de productivité aux Etats-Unis. Et aujourd'hui, le cabinet de conseil McKinsey publie pour la première fois une évaluation du poids d'Internet dans l'économie française. Il est déjà massif. Plus d'un million d'emplois, autour de 4 % de la production nationale cette année (60 milliards d'euros en 2009), et surtout un ferment de dynamisme : le dixième de la croissance observée depuis quinze ans, le quart dans les années à venir. Le travail, fondé sur les techniques puissantes de la comptabilité nationale, est sérieux, même si le fait qu'il soit soutenu par le géant Google limite la probabilité d'une sous-évaluation majeure.

La filière Internet n'est donc plus marginale. Elle pèse, selon ces calculs, davantage que l'énergie ou l'agriculture. Mais à vrai dire, la mesure ne donne qu'une idée partielle de la réalité. D'abord parce que certains canaux Internet remplacent une activité existante sans en créer une nouvelle. Pour celui qui achète un livre sur fnac.com au lieu de l'acheter à la Fnac Montparnasse, la nature du service rendu n'a pas radicalement changé (à la livraison près). Ensuite et surtout, parce qu'Internet va transformer beaucoup plus profondément nos vies et notre économie. Quand l'électricité est devenue une prestation marchande destinée au grand public, au tournant des années 1890, s'est développée une filière facile à mesurer - construction des centrales, pose des lignes, fabrication des ampoules. Mais les effets de l'électricité se sont fait sentir bien au-delà. Avec l'ascenseur, elle a par exemple permis aux villes de dépasser les six ou sept étages. Internet est une révolution au moins aussi puissante, car elle concerne l'information. Ayant commencé un siècle plus tard, au tournant des années 1990, ses effets commencent à peine à se faire sentir. Un peu comme si nous étions en 1911, deux ans avant qu'Henry Ford ait l'idée d'employer l'électricité pour faire tourner une chaîne de montage qui lui a fait réaliser des gains colossaux de productivité. La révolution d'Internet commence à peine.

Plafonds de loyers, un mauvais coup porté aux locataires

L'idée d'encadrer les loyers à la relocation ou encore de maîtriser les loyers lors de la mise sur le marché du bien peut paraître séduisante. Mais que propose vraiment le Parti socialiste ? Un plafond de loyer pour tous ou uniquement pour la relocation ? Une baisse des loyers actuels ? Nous sommes dans la démagogie et le flou le plus complet. La vraie question que le Parti socialiste ne s'est pas posée est de savoir si, dans les faits, une telle mesure serait réellement efficace pour les locataires.

Je suis convaincu que les résultats de cette mesure qui consisterait à contraindre les propriétaires seraient très négatifs, et ce pour plusieurs raisons. D'abord, je rappelle qu'avec l'IRL (indice de référence des loyers), qui fixe chaque année un plafond d'augmentation des loyers, il existe déjà un moyen de régulation. Le mode de calcul de l'IRL a été révisé dans la loi de février 2008 pour se baser désormais sur l'indice des prix à la consommation. D'ailleurs, c'est ce gouvernement qui a décidé en septembre dernier d'élargir cette disposition aux logements sociaux en encadrant désormais la hausse des loyers HLM. Ces derniers progresseront donc beaucoup moins vite que les années passées.

Surtout, un encadrement supplémentaire qui pèserait sur les propriétaires aurait des conséquences négatives pour les locataires. Ce mécanisme existait en France entre les deux guerres et avait largement contribué à amplifier la crise du logement, et ce pour plusieurs décennies. En diminuant les rendements locatifs, une telle mesure découragerait les propriétaires de faire des travaux pour améliorer le confort de leur logement. Le risque serait alors de voir le parc privé se dégrader. De plus, compte tenu de l'explosion des prix de l'immobilier, à moyen terme, cela aurait pour conséquence de fortement dissuader les investisseurs locatifs ! Aujourd'hui, tout le monde déplore le départ des investisseurs institutionnels, les zinzins, qui proposaient, notamment à Paris, des loyers modérés. Pourquoi regretter ce retrait et proposer pour demain un mécanisme qui aurait les mêmes conséquences ? Toute notre politique doit au contraire tendre vers une augmentation de l'offre. Nous prendrions également le risque de voir l'offre se réduire et de voir s'effondrer la construction. L'encadrement des loyers serait un signal négatif donné aux bailleurs sur un marché où les distorsions réglementaires et fiscales sont déjà trop nombreuses.

Je tiens également à rappeler que la situation immobilière de Paris n'est pas celle de la France. L'augmentation des loyers reste une problématique très parisienne, bien que, d'après l'Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne, les relocations expliquaient en 2009 moins de la moitié de la hausse des loyers : pour 42 % des relocations à Paris, le loyer a baissé, stagné ou progressé au niveau de l'IRL en 2009.

Je reste cependant très attentif et ouvert quant aux dispositions à prendre quand il s'agit des abus existant sur le marché immobilier parisien. C'est notamment le cas des microsurfaces aux loyers plus qu'abusifs. Je me suis d'ailleurs engagé à agir et je prendrai des mesures, en concertation avec les professionnels, qui me semblent indispensables.

Enfin, je suis convaincu que la vraie solution reste la construction. Nous devons construire plus, créer de l'offre et de l'activité. La seule réponse pertinente, c'est de relancer la construction à grande échelle dans les zones les plus tendues. Le gouvernement agit là aussi, avec une grande réforme de l'urbanisme en préparation et un recentrage des efforts sur les zones où les besoins sont les plus vifs.

Les 35 heures n'ont pas servi de leçon au Parti socialiste, en 2011 ils gardent une vision bureaucratique et figée de l'action publique, fondée sur la contrainte et la réglementation.

Je le redis, encadrer les loyers aurait des conséquences économiques négatives et ne mènerait qu'à un résultat : la pénurie de logements.

L'opposition donne 72 heures à Mouammar Kadhafi pour quitter le pays

L'ultimatum lancé par l'opposition à Mouammar Kadhafi, la tenue de plusieurs réunions importantes en Europe et dans le sud de la Méditerranée, laissent présager un dénouement proche de la situation en Libye.

LIBYE. Alors que les combats se poursuivent en Libye notamment par de nouveaux bombardements sur le port pétrolier de Ras Lanouf, l'opposition se fait bravache et lance un ultimatum. 

Après avoir rejeté lundi 7 mars 2011 l'appel du pied de Mouammar Kadhafi à négocier, offre toutefois démentie par le pouvoir en place, les insurgés maîtres de l'est du pays donnent maintenant "72 heures" au guide suprême de la révolution pour quitter le pays. 

"S'il quitte la Libye dans les 72 heures et met un terme aux bombardements, nous nous abstiendrons de le poursuivre pour crimes" a ainsi déclaré Moustafa Abdeldjeïl, ancien ministre de la justice passé à l'opposition et président du Conseil national libyen qui regroupe l'opposition à Benghazi, seconde ville du pays. Un ultimatum lui permettant de sauver la face et surtout de mettre un terme à la guerre civile.

L'opposition libyenne contrôlerait désormais Zenten située à 120 km au sud-ouest de Tripoli et tenterait de s'emparer de Zawiyah à seulement 60 km de la capitale. Les deux villes sont toutefois encerclées par les forces régulières. 

Un week-end décisif

Après l'Europe et à la Ligue Arabe, l'Organisation de la conférence islamique (OCI qui regroupe cinquante-sept pays) et les monarchies arabes du Golfe ont également plaidé pour la création d'une zone d'exclusion aérienne ("no-fly zone") pour éviter les bombardements sur les civils. 

La Chine et la Russie se disent contre. Ceci risque de poser problème à la France et à la Grande-Bretagne qui entendent déposer un projet de résolution en ce sens au Conseil de sécurité de l'ONU.

L'OTAN a précisé qu'elle continuait à travailler sur tous les scénarios y compris sur une intervention militaire. 

Alors que deux représentants du Conseil national libyen (opposition) étaient présents mardi 8 mars 2011 au Parlement européen à Strasbourg et vont se rendre mercredi 9 mars 2011 auprès d'Alain Juppé, ministre français des Affaires extérieures, les réunions vont s'enchaîner en cette fin de semaine.

Avec d'abord celle des puissances occidentales prévue jeudi 10 et vendredi 11 mars 2011 à Bruxelles dans le cadre de l'OTAN et de l'Union européenne. 

Samedi 12 mars 2011 au Caire, ce sera le tour de la Ligue arabe de tenir sa réunion de crise sur la Libye autour des ministres arabes des Affaires étrangères.

Le week-end pourrait donc être décisif.

Quand le monde se fissure

C'est un sentiment malcommode à décrire. Il s'éprouve plus qu'il ne s'explique. Comment dire ? A la surface du monde, des fissures s'installent, des lignes de fracture s'esquissent. Bientôt, peut-être, vont-elles s'approfondir. La guerre civile en Côte d'Ivoire signerait l'entrée en crise, à terme, d'une bonne part de l'Afrique. La guerre civile en Libye ouvrirait la voie à d'autres conflits. Les deux Corées finiraient par aller à l'affrontement, et l'arrogance chinoise pourrait l'envenimer. On pourrait allonger la liste, parcourir l'Amérique latine et même les franges de la vieille Europe, se souvenir que Tibet, Cachemire et Pakistan sont aussi, pour des raisons distinctes, des zones sensibles de la tectonique planétaire. Partout, sur des failles anciennes, une activité nouvelle est repérée - même par les plus rudimentaires sismographes politiques.

Rien, pourtant, ne laisse penser qu'une nouvelle grande guerre soit probable. Les facteurs de stabilité l'emportent : l'interdépendance mondiale paraît interdire toute catastrophe de grande envergure. On devrait donc s'attendre à une sorte de paix craquelée, traversée de tensions et d'éclats, parsemée de conflits locaux, qui évoluent selon des temporalités diverses. Or cela ne correspond à aucun de nos grands schémas mentaux. Jusqu'à présent - en simplifiant beaucoup, certes, mais ce n'est pas forcément inutile -, nous n'avons eu à notre disposition que deux grandes grilles de lecture.

L'une nous a fait penser que plus le monde était rationnel, plus la paix s'organisait durablement. Illustrée par Rousseau, elle se perfectionne chez Kant avec le célèbre « Projet de paix perpétuelle » (1795), qui forge l'idée de traités supranationaux et multilatéraux capables d'étouffer radicalement tout conflit. Comme chacun sait, la Société des nations, puis l'ONU, s'inscrivent dans cet héritage. Ceux qui rêvent encore, aujourd'hui, d'un gouvernement mondial prolongent cette lignée. A l'opposé, on trouve les penseurs que l'idée même de progrès fait rire. Comme Schopenhauer ou Nietzsche, ils sont convaincus que la guerre est sans fin, l'humanité sans avenir assuré, la raison impuissante face au chaos de l'histoire. Comme Machiavel ou Clausewitz, ils ne jurent que par les rapports de force, les hasards des combats et la logique paradoxale des affrontements.

La singularité de la situation présente est qu'elle déconcerte les deux grilles. En mêlant ordre global et violences locales, stabilité d'ensemble et fractures multiples, l'actualité souligne combien nos schémas sont à revoir. Elle exige impérieusement de nouvelles manières de penser. Mais on ne les voit pas encore venir. Souvent mal compris autant que détesté, Samuel Huntington, avec son fameux « conflit des civilisations », a tenté de penser ensemble la globalisation du monde et les affrontements multiples. Pourtant il a été en grande partie démenti par les faits : les fractures s'ouvrent aujourd'hui au sein des civilisations, bien plus qu'entre elles. Au lieu de les dresser les unes contre les autres, c'est du dedans que ces divisions travaillent les cultures. On le constate dans le monde musulman, on le devine pour bientôt au sein de la sphère chinoise.

Il se pourrait que ce qui nous attend soit un étrange patchwork, une bigarrure de guerres et de paix, un méli-mélo de stabilité et de turbulences. Une fois encore, nous n'avons pas encore d'outils suffisants pour penser ce mélange. La seule évidence, c'est qu'il vaut mieux que la paix des cimetières. On a oublié que cette dernière formule, devenue courante, vient de Kant. Il rappelle, dans l'introduction de son « Projet », qu'un aubergiste hollandais, sous son enseigne A la paix éternelle, avait fait peindre un cimetière. Mais de qui juste, ajoute Kant, l'hôtelier voulait-il se moquer ? De toute l'humanité ? Des souverains, « insatiables de guerre » ? Ou bien des philosophes qui poursuivent le rêve inaccessible d'une paix perpétuelle ? Quand le monde se fissure, ces questions prennent un nouveau sens.

La fiscalité malade de la politique

La Cour des comptes a rendu son rapport sur la comparaison des fiscalités française et allemande. Ce n'était pas une mauvaise idée du président d'aborder ainsi de l'extérieur un sujet miné, de l'intérieur, par les faiblesses des pouvoirs politiques. Mais puisqu'en cette matière les Français ne comprennent pas le français, autant essayer de leur parler allemand.

Qu'on en juge : d'abord l'ISF (supprimé en Allemagne) n'est qu'anecdotique financièrement mais empoisonne nos gouvernements et nos débats. Sa seule raison d'être est d'apaiser le ressentiment national, mal dirigé, contre « les riches ». D'ailleurs, et contrairement aux idées reçues, la France impose plus le patrimoine que l'Allemagne, principalement à travers des taxes foncières trois fois plus lourdes que chez nos voisins, et perçues par les collectivités locales. Quant au reste, la comparaison trahit selon des modalités diverses les petites démissions inscrites dans des exceptions aux règles générales. Si le revenu est un peu moins imposé en France, c'est en partie du fait d'un taux maximal moins élevé, mais surtout à cause de la somme des exonérations. S'il manque aux recettes publiques presque l'équivalent du déficit budgétaire, c'est aux multiples niches fiscales qu'on le doit. Si les taux réduits de la TVA n'étaient pas de 5,5 mais de 7 (comme chez nos voisins), et s'ils n'avaient pas été si généreusement distribués, ce sont de 15 à 25 milliards qui rentreraient dans les caisses. Si enfin la politique familiale n'était pas principalement financée par des impôts sur les entreprises, les charges de celles-ci seraient allégées de 26 milliards...

En somme, tout irait mieux si notre fiscalité était plus simple, c'est-à-dire débarrassée de ses exceptions. Or c'est le jeu politique qui depuis des décennies l'a ainsi dénaturée, par faiblesse. C'est lui qui dissuade aujourd'hui de la simplifier, par prudence. Bon courage à tous ; et il en faut.

Gel des avoirs : «une bombe pour toutes les banques»

L'Union européenne s'apprête à geler les milliards du Fonds souverain libyen. D'après l'avocat Fabrice Marchisio, spécialisé dans la traque des avoirs, les banques ont beaucoup à perdre.

Après les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, l'Union européenne procédera au gel des milliards d'euros de la Banque centrale libyenne et du fonds souverain libyen, la Libyan Investment Authority. Les 27 pays de l'Union européenne sont tombés d'accord à ce sujet, de sources diplomatiques. L'accord formel devrait être entériné vendredi lors du Conseil des chefs d'État et de gouvernement à Bruxelles.
Cette nouvelle sanction à l'égard de la Libye suit celle, publiée jeudi dernier, consistant à geler les avoirs de Mouammar Kadhafi et de 25 de ses proches.

Lefigaro.fr - Il va s'écouler une semaine entre l'accord européen sur le gel des avoirs du fonds souverain libyen, ce mardi, et l'entrée en vigueur de cette décision. N'est-ce pas trop lent?
Fabrice Marchisio - Certes. Le blocage des fonds s'impose aux banques à la publication du règlement européen au Journal officiel. Mais j'imagine mal une banque autoriser aujourd'hui un retrait de la part de la Libyan Investment Authority (LIA), le fonds libyen. Même si elle n'a pas d'outil juridique à sa disposition, elle peut par exemple traîner des pieds en attendant que le texte européen s'applique.
Le Luxembourg, d'ailleurs, a pris les devants en gelant près d'un milliard d'euros de fonds appartenant à des Libyens suspects mais pas mentionnés sur les listes officielles. Pour une banque, mieux vaut être trop prudent que pas assez. Un client dont les fonds ont été gelés ne peut en effet pas se retourner contre son établissement.
Le droit européen est-il efficace ?
Il s'agit de l'instrument le plus efficace en ce domaine. Il est directement applicable dès sa parution et possède la force de 27 lois nationales publiées simultanément. Mais je regrette que les gouvernements aient si peu communiqué autour de ces règlements, par exemple le 4 février dernier lors du gel concernant les Ben Ali. Toutes les sociétés de gestion, les notaires, les experts comptables qui manipulent les fonds visés par un gel sont pourtant concernés et le risque existe qu'ils n'aient pas toujours été au courant des textes.
Comment retrouver les fonds ?
On ne gèle pas des dizaines de milliards du jour au lendemain d'un coup de baguette magique. Dans les faits, les banques font face à des clients cachés derrière cinq fondations, dix trusts et une cinquantaine de sociétés écrans, par exemple. Bien maligne celle qui peut deviner qui s'avère être le bénéficiaire ultime de ce type de virements. Malgré tout, l'argument «je ne savais pas» ne tient pas.
Pourquoi ?
Si elles autorisent un retrait bénéficiant in fine à une personnalité traquée par les autorités, l'État spolié, comme la Tunisie, peut se retourner contre elles. Leur responsabilité civile peut être mise en jeu sur la base de l'article 1382 du Code civil. La faute de l'établissement ? Elle n'a pas respecté le règlement. Le préjudice? Les milliards retirés ne retourneront probablement pas de sitôt dans les caisses du pays. L'État peut donc porter plainte et exiger des dommages et intérêts à hauteur des fonds que l'établissement n'a pas réussi à geler. Il s'agit d'une véritable bombe pour les banques.