TOUT EST DIT

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dimanche 6 mars 2011

Les casseroles françaises et allemandes

Combien de casseroles faut-il à un ministre pour démissionner ? Et en combien de temps? Tout semble être question de culture. Lorsque aujourd'hui en France un ministre est pris la main dans le sac, la démission n'est pas de mise. Car à moins de faire amende honorable sur-le-champ, comme les secrétaires d’Etat Alain Joyandet et Christian Blanc, [l’un ayant loué un avion privé à 116 500 euros et l’autre ayant acheté 1200 euros de cigares aux frais du contribuable], il en faut beaucoup pour décourager le ministre français, par nature plutôt coriace. Tant qu’il dispose du soutien du président, il tient la dragée haute à la presse et à tous ceux qui réclament sa démission.

Il aura ainsi fallu cinq mois pour qu’Eric Woerth, pris dans la tourmente de l'affaire Bettencourt, soit débarqué du ministère du travail, un mois et demi pour que Michèle Alliot-Marie, vilipendée par la presse pour ses vacances et ses amitiés tunisiennes controversées quitte le quai d’Orsay et enfin rien de moins que 9 mois pour que le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, condamné en première instance en juin dernier pour injure raciale, laisse son poste Place Beauvau. Tous trois ont rendu leur tablier dans le cadre général d'un "remaniement", pour un désaveu en douceur.

En Allemagne, en revanche, le ministre star de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg a démissionné pour une histoire de plagiat en 15 jours. Certes le ministre allemand a tout d'abord suivi la même ligne de défense que ces homologues français : nier tout en bloc envers et contre toutes les preuves accablantes, détourner l'attention et se victimiser en dénonçant la sempiternelle cabale "politico médiatique". Mais au final, le "docteur googleberg" a dû partir avec pertes et fracas en dépit du soutien d'une certaine presse et de la chancelière. Et ce qui désormais fait débat en Allemagne et qui a choqué l'opinion (notamment les universitaires), c'est le soutien indéfectible de Merkel à son ministre. Un soutien que la chancelière risque de payer cher dans les urnes. En France, c'est sur Brice Hortefeux que Nicolas Sarkozy entend s'appuyer – sa nomination comme conseiller à l'Elysée à été évoquée- pour préparer l'élection présidentielle de 2012. Cherchez l'erreur...

Erdogan sait qu’il est en Europe

Le Premier ministre turc a beau critiquer l’UE, il est évident que l’avenir de son pays passe par l’Union, assure un chroniqueur du Guardian. 

Tant qu’à faire que de jouer les hypocrites, autant le faire de façon assez spectaculaire pour priver son public de l’oxygène dont il aurait eu besoin pour analyser l’absurdité pure et simple de ce que l’on vient d’énoncer. Ça marche à tous les coups. Demandez donc au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, fier lauréat de ce qui est probablement l’ultime prix international Mouammar Kadhafi pour les droits de l’homme.
Erdogan se trouvait en Allemagne, où il répandait la bonne parole aux autochtones. Du point de vue des Allemands, le dirigeant a fait son petit Kadhafi quand il les a carrément accusés d’être des racistes prêts à opprimer les 3 millions de Turcs locaux en les obligeant à parler allemand et en les empêchant de pratiquer leur religion. "Nul ne peut ignorer les droits des minorités … Personne ne pourra nous arracher à notre culture," a lancé Erdogan devant une assemblée de 11 000 émigrés turcs à Düsseldorf. "Nos enfants doivent appendre l’allemand, mais ils doivent d’abord apprendre le turc," a-t-il tonné, apportant sans le vouloir de l’eau au douteux moulin d’Angela Merkel, qui avait affirmé que le multiculturalisme avait "totalement échoué" en Allemagne parce que les immigrés refusaient d’apprendre la langue du pays.

Les limites de la tolérance turque

Certes, il n’a jamais été très amusant d’être un immigré turc en Allemagne. Il suffit de passer seulement quelques heures en compagnie des membres du parti de Merkel pour comprendre à quel point les attitudes ont peu évolué depuis l’arrivée du premier Gastarbeiter il y a une cinquantaine d’années. La citoyenneté, quand elle est accordée, ne l’est qu’avec une mesquinerie que l’on croirait conçue pour compliquer la vie.
Pourtant, qui souhaiterait partager le sort des 15 millions de Kurdes de Turquie ? Quiconque a le courage de vouloir d’abord enseigner le kurde à ses enfants va bien vite prendre conscience des limites de la tolérance turque. Quant à la liberté de culte, les alévis (près d’un cinquième de la population musulmane) sont victimes de discriminations systématiques, alors que même les fraternités religieuses qui constituent l’ossature de l’AK, le parti d’Erdogan, sont toujours frappées d’une interdiction officielle.
Ce qu’il y a de bien, avec Erdogan, c’est que quelque part tout au fond de sa robuste poitrine, cet ancien footballeur professionnel tient à redresser ces torts, enfin, certains d’entre eux, en tout cas. Son parti a fait plus pour effacer cette longue liste d’injustices qu’aucun autre gouvernement depuis la fondation de la république turque. Mais il est quand même parfois difficile de savoir à quel Erdogan on a affaire. S’agit-il du populiste qui agite les foules comme on l’a vu à Düsseldorf, qui flatte avec cynisme la diaspora turque pour regonfler son trésor de guerre avant les élections de juin, ou d’Erdogan l’Atatürk religieux, refondateur de la Turquie, héraut de la paix mondiale ?

"Une idée confuse de l'histoire de son pays"

Quelque part là-dedans se dissimule encore un idéaliste émotif, prompt à réagir à la moindre provocation, issu d’une famille pauvre venue à Istanbul, avec tous les complexes que cela suppose. (Abdullah Gül, actuel président de Turquie, avait coutume de lui donner des coups de pied sous la table pour le rappeler à l’ordre lors de négociations particulièrement délicates avec les généraux ou des délégations européennes en visite.)
C’est pourquoi, en dépit de sa tendance à jouer les matamores, et malgré la corruption et le clientélisme croissant au sein de son propre parti, Erdogan va sans doute être réélu pour un troisième mandat sans précédent. En parvenant à museler l’armée et à libéraliser l’économie, il a modifié la vie politique turque à tel point que le vieux parti républicain d’Atatürk, qui flirtait avec le nationalisme extrémisme, a désigné un alévi pour se présenter contre lui.
Comme la plupart des Turcs, Erodgan n’a qu’une idée plutôt confuse de l’histoire de son pays avant ce que l’on appelle "l’indépendance", et considère généralement l’Empire ottoman comme une période ininterrompue de progrès et de tolérance islamique universelle s’étalant sur six siècles. Allez donc dire ça aux Arabes, aux Egyptiens, aux Grecs, et aux peuples des Balkans et du Caucase. Dans sa naïveté, une grande partie de la politique étrangère néo-ottomane de la Turquie est à l’image d’Erdogan.

Aussi européenne que la Grande-Bretagne

La Turquie a le sentiment d’être maltraitée dans une Europe qui se replie sur elle-même et se fait jour après jour moins séduisante. De plus, elle peine à gérer pleinement sa propre croissance fulgurante. En termes de critères économiques fondamentaux, Ankara estime avoir autant le droit de s’asseoir à la table européenne que la Roumanie ou la Bulgarie. Or, un seul des 35 chapitres des négociations pour son intégration a été bouclé depuis qu’elles ont commencé en 2004.
Mais même en ne connaissant que les grandes lignes de l’histoire turque, on comprend que le pays a un destin tout aussi européen que la Grande-Bretagne. C’est en Europe que les Ottomans levaient la majorité de leurs armées et de leurs impôts, c’est d’Europe que venait traditionnellement la majorité de leurs élites. Il suffit de contempler les camions bourrés de télévisions, réfrigérateurs et ordinateurs turcs faire la queue sur des kilomètres à la frontière de la Bulgarie et de la Grèce pour voir où se situe son avenir. Et Erdogan le sait, en dépit de ce que disent Sarkozy, Le Pen, ou le pape, voire lui-même à l’occasion, au sujet de ce “club chrétien” exclusif que serait l’Europe.

Des traces de vie extraterrestre sur une météorite, selon un scientifique

Un scientifique de la Nasa affirme avoir trouvé des traces de vie extraterrestre fossilisées dans les fragments d'une météorite, suscitant enthousiasme et scepticisme au sein de la communauté scientifique.
L'article de Richard Hoover, accompagné de photos prises au microscope de petites créatures ressemblant à des vers, a été publié vendredi dans le Journal de cosmologie américain, disponible sur internet.
Le scientifique a découpé en tranches des fragments de différents types de météorites, dites chondrites carbonées, susceptibles de renfermer de l'eau et des matières organiques, et les scrutées au microscope.
Il a trouvé ce qui ressemble à des bactéries qu'il a appelées "fossiles autochtones" et dont il pense qu'ils proviennent non pas d'une contamination une fois que la météorite a frappé la Terre, mais bien de l'espace et d'organismes vivants contenus dans des comètes, météorites ou autres objets stellaires.
"Les implications sont que la vie est partout et que la vie sur Terre pourrait venir d'autres planètes", écrit-il dans cette étude.
De telles recherches suggérant la présence de vie extraterrestre dans des météorites ne sont pas nouvelles et provoquent de vifs débats sur la fait de savoir comment ces organismes peuvent survivre dans l'espace et sur l'origine de la vie dans l'univers.
Richard Hoover est un "scientifique très respecté et un astrobiologiste à la réputation exemplaire à la Nasa", affirme le rédacteur en chef de la revue, Rudy Schild, du Centre pour l'astrophysique au Harvard-Smithsonian.
"Etant donné la nature controversée de cette découverte, nous avons convié 100 experts et convié plus de 5.000 personnes de la communauté scientifique à étudier cet article et proposer leur analyse critique", poursuit-il.
Leurs commentaires seront publiés entre le 7 et le 10 mars.

L'Île-de-France, un virage pour le basculement vers la TNT

Lundi à partir de minuit, la région Ile-de-France basculera dans le tout numérique. Plus de la moitié du pays aura alors abandonné l'analogique, sans trop de problème jusqu'ici. Mais le plus dur reste à venir.
Lundi soir, à minuit, la télévision analogique hertzienne appartiendra au passé en Ile de France. Déjà effectué dans 13 régions françaises l'année dernière, le basculement vers le numérique arrive maintenant dans la région la plus peuplée du pays : 12  millions d'habitants et 3,3 millions de foyers qui ont accès à la télévision via le hertzien sur leur poste principal, sur un total de 4,8 millions de foyers dans la région. Les autres la reçoivent via le câble, le satellite ou l'ADSL, et ne sont pas concernés par ce basculement. Concrètement, les émetteurs analogiques seront éteints à minuit, et les cinq principaux, dont celui de la Tour Eiffel, seront rallumés jusqu'en début de matinée. Après cette étape, 93 % des foyers concernés recevront de nouveau la télévision, après avoir effectué une nouvelle recherche et mémorisation des chaînes, car leurs fréquences auront changé.  D'ici au début de la soirée de mardi, les émetteurs secondaires seront à leur tour rallumés.
Pour le GIP France Télé Numérique, présidé par l'ancien sénateur Louis de Broissia, le basculement de la région Ile de France n'est en rien différent de celui effectué dans les autres régions, à la seule différence du nombre de personnes concernées. « C'est la région la plus lourde symboliquement », confirme Louis de Broissia. Autre particularité : le nombre de logements collectifs et de bailleurs sociaux. « Une intervention est nécessaire car une grosse partie des fréquences changent et il faut modifier les stations de tête sur les immeubles, explique Olivier Gerolami, directeur général du GIP.  Il y a donc eu un gros travail d'accompagnement des syndics et des bailleurs. »
Une assistance spéciale sera également mise en place dans les jours suivants, comme dans toutes les régions basculées. Le nombre de conseillers téléphoniques sera porté de 40 à environ 200 mardi. « En règle générale, le travail d'information et les déploiements techniques commencent presque un an avant le basculement de la région et s'achève deux à trois mois après », affirme Louis de Broissia.

Dix millions d'aides dépensés

Pour l'instant, aucun incident majeur n'est à signaler dans les régions qui ont basculé. Mais le plus dur reste à venir, avec les régions montagneuses du sud. « Ce sont des régions où plus de gens devront avoir recours à une parabole », précise Olivier Gérolami.
Le budget annuel du GIP est de 50 millions d'euros (co-financé par l'Etat et les chaînes historiques) pour son fonctionnement, sur une période de deux ans, auxquels s'ajoute un fonds d'aides, pour le remboursement du matériel (les petits équipements sont remboursés sous conditions de ressources, la parabole sans condition). Pour ce fonds, 10 millions d'euros ont déjà été dépensés. Depuis l'année dernière, 70.000 dossiers d'aide ont été traités par le GIP, pour un montant moyen de 235 euros, dont un peu moins de 10.000 dossiers concernant une parabole (pour les foyers n'ayant aucun autre moyen d'accéder à la TNT). Les différents partenaires (La Poste, étudiants, collectivités...) ont aussi effectué environ 70.000 interventions à domicile, gratuites pour les personnes âgées et les handicapés, mais facturées au GIP (entre 40 et 50 euros), pour le réglage des chaînes. Au total, 4 à 500.000 foyers pourraient nécessiter cette aide. Les aides pour l'achat d'une parabole ne devraient pas excéder les 30.000 sur l'ensemble du territoire.

Phil Collins tire sa révérence

Phil Collins met un terme à sa carrière en raison de problèmes de santé. L'ancien leader de Genesis l'a annoncé dans la presse.
 Le magazine FHM, qui doit publier une interview du musicien ce mois-ci, annonce la triste nouvelle : Phil Collins raccroche son micro et ses baguettes. Le chanteur met fin à une carrière bien remplie, à seulement 60 ans. Il explique son choix par des problèmes de santé. Selon The Telegraph, Phil Collins souffre d'une dislocation vertébrale et d'une perte de l'audition. Un souci nerveux l'empêche aussi de tenir correctement les baguettes.
Phil Collins estime que c'est le bon moment pour s'arrêter. Il a vendu en tout plus de 100 millions d'albums dans le monde, que ce soit en solo ou avec son groupe Genesis. Récompensé en tout par sept Grammy Awards, le chanteur a même obtenu un Oscar en 1999 pour son titre You'll be in my Heart, réalisé pour le dessin animé Tarzan. Un habitué des bandes originales pour dessins animés puiqu'en 2003, Disney l'a engagé pour composer la bande originale d'un autre film d'animation, Frère des ours.

La voix de Genesis

Né en 1951 à Londres, Phil Collins débuta sa carrière artistique alors qu'il n'était qu'un enfant. Il commença comme acteur et modèle, avant de se lancer dans la musique. En 1968, il forme avec Ronnie Caryl son premier groupe, Hickory, qui deviendra ensuite Flaming Youth. La formation signe chez le label Fontana Records en 1969. Phil Collins rejoint Genesis en 1971. Il est le batteur du groupe, puis le chanteur en 1975, quand Peter Gabriel quitte la formation. Genesis enchaîne alors les tubes : Turn it on again, Misunderstanding, Mama, I can't dance.
Un nouveau tournant intervient en 1996 dans la carrière de Phil Collins quand il quitte Genesis pour chanter en solo. La réussite ne l'abandonne pas pour autant. Ses albums But Seriously, Dance into the Light et Testify, entre autres, se vendent comme des petits pains. La chanson Another day in Paradise est l'un de ses plus grands hits.
Depuis plusieurs années, Phil Collins vit en Suisse, à Féchy. En 2010, il avait annoncé qu'il ne pouvait plus jouer de batterie, en raisons de problèmes nerveux. Il va pouvoir s'occuper pleinement de toute sa famille, notamment de ses cinq enfants.

Le débat qui divise


Pourquoi, diable, arpenter la magnifique cathédrale du Puy-en-Velay en plein milieu de semaine?
Le début d’une tournée présidentielle des lieux de mémoire. Passons vite sur les propos d’une grande finesse de Laurent Wauquiez, opposant les racines du Velay et celles du Potomac. Mais célébrer sans objet les racines chrétiennes de la France, c’est agiter la muleta à la face des autres familles de pensée. Dans sa tentative de reconquête de l’opinion française, Nicolas Sarkozy segmente les publics, les thèmes et les régions. Un jour les médecins, un jour les paysans.


Aucune circonstance n’imposait Le Puy. Ni ce discours à destination des publics catholiques (et juifs, alors que leurs histoires ont été parfois tragiquement opposées). De nombreux catholiques, pas seulement les curés antisarkosystes, avaient été choqués par les discours sur les Roms, l'été dernier. Ils sont souvent les premiers à refuser de stigmatiser les musulmans ou les immigrés.


Laïcité, immigration, islam, pauvreté: on laisse les mots s’emmêler. La parole se débride. Depuis longtemps, Nicolas Sarkozy a osé un discours libre sur les religions. Il est temps qu’avec la même liberté le Président donne un coup d’arrêt à ces dérives. Laisser organiser des débats qui entretiennent la confusion est dangereux. Surtout en période de crise économique. Autant de mèches allumées sur des barils de poudre qui ne demandent qu’à s’enflammer. Dimanche dernier, à la télévision, le Président était rassembleur. Au Puy, il était segmentant. Segmenter, c’est diviser.

Retour de Tunisie

Après un court séjour dans ce pays, que dire de la situation et de l’avenir, que dire aussi des réactions et ce qu’on pourrait attendre tant de l’UE que de la France ?

La première impression en arrivant pour la première fois après la révolution « du 14 janvier 2011 » dans ce pays où j’ai vécu et que je fréquente assez régulièrement peut se traduire par les traits dominants suivants :

- une fantastique volonté de s’exprimer et de profiter pleinement de cette libéralisation de la parole
- une anxiété face à l’avenir aujourd’hui incertain alors qu’il fut si longtemps prévisible, dans la sécurité mais aussi la contrainte
- une formidable aspiration à une situation socio-économique meilleure
- une grande fierté d’avoir été ainsi à l’avant-garde de la libéralisation arabe
- une très grande déception face à l’attitude de la France jugée fidèle à sa compromission avec l’ancien régime, au-delà de l’acceptable, et incapable de comprendre les enjeux
- une forte résignation vis-à-vis de l’UE manifestement pas consciente de l’importance des défis et des besoins à court terme.

Si chacun en Tunisie s’exprime, du chauffeur de taxi à l’employé de banque, sans omettre l’universitaire et l’ancien ministre, c’est pour dire sa foi en l’avenir et sa fierté d’être tunisien, à la pointe du progrès démocratique dans le monde arabe, mais aussi pour faire partager ses craintes face à :

- une insécurité jugée inquiétante
- un gouvernement soupçonné de soumission aux tenants de l ‘ancien régime
- des actions de destructions imputées aux hommes de main de l’ancien régime ou aux voisins régionaux
- une absence de progrès immédiats.

Une tâche lourde et délicate pour Caïd Essebsi
Il est bien difficile dans tout cela de faire la part des rumeurs et des fantasmes. L’instrumentalisation est partout et multiforme, de l’attribution du meurtre de ce prêtre en février aux islamistes avant d’en découvrir le mobile crapuleux, en passant par les doutes entretenus sur le devenir des membres des familles Ben Ali et Trabelsi supposés détenus, mais vis-à-vis desquels courent toutes les hypothèses.

Il est certain que ce type de situation est assez courant, historiquement, dans le prolongement des révolutions. Il est aussi la conséquence de la liberté d’expression et d’informations : les faits divers sont aujourd’hui connus, les avis divergents peuvent s’exprimer.

La société découvre la nécessité de filtrer, évaluer, critiquer des informations multiples, alors qu’elle était habituée à un politiquement direct imposé sans remise en cause possible.

L’impression dominante est donc celle d’une très grande incertitude. Rien n’est gagné alors que tout un chacun s’emploie à faire preuve d’optimisme.

Le chef du gouvernement était excessivement contesté, il n’était plus en mesure d’exercer son mandat et avait d’ailleurs commis de nombreuses maladresses ; il est remplacé depuis le 27 février par M. Caïd Essebsi. Cet ancien ambassadeur et ancien ministre est un homme auquel son grand âge confère une très grande expérience sans lui enlever une pugnacité et une hauteur de vue rares. Il possède des qualités exceptionnelles de détermination, d’attachement à la défense des intérêts de son pays et des compétences remarquables dans le domaine des relations internationales.

Il s’engage dans une tâche lourde et délicate au service de son pays mais sera inévitablement contesté.

Il appartient aux Tunisiens de se déterminer
Dans cette période agitée et troublée c’est la règle. Chacun ne voit que son intérêt immédiat : l’esprit de vengeance est présent, le désir de revanche est perceptible … de nombreux acteurs - qu’ils n’aient jamais quitté le pays, qu’ils reviennent d’exil ou se présentent subtilement comme des recours expérimentés après une carrière à l’étranger - ne sont pas tous légitimes aux yeux des Tunisiens qui ont eu à endurer les humiliations de l’ancien régime.

Leurs liens avec les dirigeants de ce même régime sont d’ailleurs souvent patents et rien ne prouve qu’ils en soient aujourd’hui délivrés.

Tout se sait en Tunisie et la société est extrêmement vigilante vis-à-vis du risque de se faire confisquer « sa révolution ». Ses craintes ne sont pas infondées. Des ennemis de la « révolution du 14 janvier » rôdent en Tunisie comme autour d’elle. Mais il est indéniable que cette suspicion généralisée nuit fortement au redémarrage du pays.

Il appartient aux Tunisiens, et à eux seulement, de se déterminer. Ils en ont les moyens et les capacités. Aucune ingérence n’est légitime ni acceptable.

Souhaitons que le nouveau Premier ministre sache conquérir la confiance de son peuple, répondre à ses attente notamment en matière de transparence et de liberté vis à vis des pressions des tenants de l’ancien régime et enfin sache rassembler les forces vives pour relancer l’économie.

Une refondation des politiques
Mais alors quelle attitude pour la France, voire l’Union européenne ?

Il est certain que l’évolution de la situation appelle à une refondation des politiques vis à vis de nos amis et partenaires du Sud et de l’Est méditerranéen. La ligne directrice devrait s’articuler autour de deux axes d’effort : soutenir les évolutions de ces sociétés qui sont parvenues par elles-mêmes à se libérer de leurs chaînes et écouter les besoins de ces pays nouvellement affranchis des autoritarismes qui sévissaient depuis leurs indépendances.

Il convient pour cela de fixer un cadre et des outils.

Il semblerait tout à fait approprié d’adopter le cadre du partenariat euro-méditerranéen, neutre et ouvert, placé sous la conduite des ministres des Affaires étrangères.

Quant aux outils, ils doivent matérialiser le souci d’écoute des pays Sud et Est méditerranéens. Il peut être envisagé, pour cela, de créer des instances de concertation entre Premiers ministres qui permettraient d’identifier les pistes de coopération répondant prioritairement aux attentes des partenaires.

Il semble évident que l’aide est attendue en premier lieu sur le plan de l’emploi, puis de la sécurité alimentaire, voire de la ressource en eau. Mais comment faire pour répondre à ces enjeux dans un délai cohérent avec les besoins immédiats et les attentes des populations ? Seule une véritable concertation débouchant sur un partenariat sincère pourra contribuer à apporter des réponses utiles.

L’échec des révolutions entamées au Sud impliquerait un retour en arrière vers des autoritarismes laïcs ou religieux dommageables pour les pays concernés, mais tout aussi dommageables pour les pays du Nord. Spécifiquement pour leur sécurité. C’est à ce titre que le succès de ces Révolutions constitue un véritable défi pour les pays occidentaux.

Union sacrée

L’irruption de Marine Le Pen en tête d’un sondage sur la présidentielle n’étonnera que les naïfs.
Il est des tremblements de terre que l’on provoque, quand Jean- François Copé applaudit Éric Zemmour, le jour où celui-ci vomit avec jubilation sur la législation antiraciste: des "miasmes égalitaristes et communautaristes", ces textes élaborés pour empêcher la haine et la tristesse entre les Français? On pourra s’interroger longtemps sur la complaisance de l’UMP envers un journaliste devenu le passeur médiatique entre la droite et l’extrême droite.

Le feuilleton Zemmour est la bande-annonce d’un film d’horreur politique. La droite est malade, non pas de sa défaite possible mais de ce qu’elle construit pour l’éviter. L’obsession identitaire du Président; l’insistance (Wauquiez maintenant) à présenter Strauss-Kahn comme un cosmopolite étranger au pays réel; la mobilisation du nouveau ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, sur le seul front de l’immigration: tout converge. Nicolas Sarkozy, battu dans un deuxième tour face à la gauche, sauverait sa réélection dans un face-à-face avec Le Pen. Le sarkozysme fabrique un 21 avril: se conserver la bourgeoisie conservatrice en offrant les classes populaires au FN et prendre la gauche en tenaille – au risque de tout perdre, mais en ayant tout tenté?

Ce sera leur remords ou leur châtiment, aux Sarkozy et Copé, qui doivent savoir, de toute leur histoire d’enfants d’immigrés, ce qu’ils tolèrent désormais. Et c’est à la droite elle-même, par un Fillon, une Jouanno, un Devedjian ou un Baroin, de conjurer sa dérive. En attendant, la maladie d’une droite folle oblige la gauche à faire de la politique. Une réalité s’impose: aujourd’hui (provisoirement?), seul DSK échappe à Marine Le Pen, élargissant au premier tour l’électorat socialiste. Le PS peut en tirer une conséquence en termes de leadership mais aussi une stratégie: la construction d’une alliance entre socialistes, centristes et écologistes est le plus sûr moyen de conjurer la catastrophe.

Ce pôle progressiste porterait un candidat commun à la présidentielle, intouchable au premier tour, invincible au second. Qu’on imagine la puissance réformatrice d’une entente entre DSK, Aubry, Bayrou, Cohn-Bendit, Hulot, voire Borloo? S’ils avaient la vertu qu’ils revendiquent, les progressistes discuteraient d’un programme, et d’une alliance électorale. Ils le feraient publiquement pour le programme, discrètement pour les ralliements. Ils assumeraient une stratégie de gouvernement. Et leur entente, rendant inutile la montée aux extrêmes, pourrait guérir la droite de sa méchante maladie. On connaît toutes les raisons personnelles qui s’opposent à l’évidence unitaire. 
Mais en dehors de ce courage, tous les discours des gauches sur Le Pen et Sarkozy ne sont que des glapissements indignés.

Jacques Chirac le franchouillard

Jacques Chirac encourt en théorie dix ans de prison et 150 000 euros d'amende, ainsi que cinq ans de radiation des listes électorales et dix ans d'inéligibilité. Ce qui lui est reproché est assez complexe mais se résume à ces mots : emplois fictifs. Des salariés de la mairie de Paris, au temps où Jacques Chirac en était le maire de 1977 à 1995, ont-ils en réalité travaillé pour le RPR, à l'époque où Jacques Chirac en était le président ? Voire n'ont-ils pas travaillé du tout ? Les magouilles politiques de la fin du XXe siècle - et de notre époque contemporaine ? - devaient être mises au jour au cours d'un grand procès dès ce lundi 7 mars. Par un joli coup juridique, l'avocat de l'un des prévenus - qui se défend d'être le sous-marin de Jacques Chirac - risque d'obtenir un nouveau report. On sera fixé ce lundi. Même s'il n'a jamais été affublé d'un gentil surnom comme son prédécesseur à la présidence de la République - Tonton - Jacques Chirac conserve un capital sympathie important auprès des Français. Lesquels verraient d'un mauvais œil qu'il ne soit pas jugé. Mais seraient aussi sévères s'il était lourdement sanctionné. Car Jacques Chirac - dont l'état de santé ne ferait que renforcer cette idée - incarne le franchouillard dans toute sa splendeur. Profitant du système, dépassant la ligne blanche, se constituant un patrimoine personnel confortable, mais ne le montrant pas et tapant joyeusement le cul des vaches à l'occasion. Pas bling-bling pour un sou, mais pas donneur de leçons non plus. La nouvelle parade de lundi va le servir sur le plan judiciaire. Elle devrait ternir son image. Et forcera surtout l'admiration de tous ceux qui s'identifient à ce roublard capable de toujours retomber sur ses pattes, une bière à la main dans son confortable appartement parisien prêté par un ami libanais.

Les "Poopoopidoos" de l'infidélité

"I wanna be loved by you, by you and nobody else but you", minaudait Marilyn Monroe avec une voix de Minnie Mouse. "Nobody else but you" ? Le ton aigu de sa voix proclame le contraire - c'est du moins ainsi qu'il sera intuitivement perçu, affirment des chercheurs canadiens. Car selon leur étude publiée dans le journal en ligne Evolutionary Psychology, les femmes à la voix haut perchée, tout comme les hommes à la voix grave, sont vus comme étant davantage enclins à l'infidélité en amour.
Les participants à l'étude ont été invités à écouter deux versions de clips enregistrés par une voix masculine et une voix féminine, qui ont été modifiées électroniquement. Les chercheurs ont constaté que les femmes croient que plus la voix d'un homme est basse, plus il est probable qu'il sera infidèle. Inversement, les hommes pensent qu'une femme avec une voix haute est plus susceptible de les trahir.
C'est la faute aux hormones...
Ce lien entre hauteur de la voix et infidélité s'explique par les hormones, selon les chercheurs de l'Université McMaster, à Hamilton en Ontario. "Les hommes avec des niveaux élevés de testostérone ont une voix plus basse, et les femmes avec des niveaux d'oestrogènes plus élevés ont une voix aiguë plus haute", indique le professeur David Feinberg, qui a conseillé les auteurs de l'étude.
"L'infidélité est coûteuse avec un impact émotionnel, des coûts financiers et la perte potentielle de l'unité familiale. Ce qui suggère qu'à travers le processus évolutif, nous avons appris des façons d'éviter des partenaires qui peuvent être infidèles, comme mécanisme de protection", explique Jillian O'Connor, étudiante diplômée du Département de psychologie, neurosciences et comportement à l'Université McMaster et auteur principal de l'étude.

Les collectivités européennes trouvent l’UE trop timide

La commission interméditerranéenne de la Conférence des régions périphériques maritimes (CRPM) s’est réunie le 4 mars 2011 à Bari (Italie), autour de la crise politique des pays du sud de la Méditerranée.
A la tête de cette commission, le président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Michel Vauzelle, a soutenu, comme son homologue des Pouilles, le président Vendola, que l’Europe se montrait trop timide dans le processus de démocratisation en marche dans les pays arabes.

C’est aussi à Bari que se tiendra la prochaine réunion de l’Assemblée régionale et locale euroméditerranéenne (ARLEM), mais pas avant janvier 2012. La jeune institution ne s’est réunie qu’une fois pour le moment, en janvier 2011, à Agadir.

Lire aussi : L’ARLEM plaide pour une Union pour la Méditerranée proche des villes et des régions
Les élus locaux de Méditerranée inquiets pour le partenariat euro-méditerranéen
Michel Vauzelle réélu président de la CRPM

Etre et avoirs

Quel effet l’élan démocratique qui souffle en ce moment sur la rive sud de la Grande Bleue aura-t-il sur l’Union pour la Méditerranée (UpM) ?


Au regard des spectaculaires avancées enregistrées depuis trois ans par cet amical projet lancé à grands frais sous les ors du Grand Palais à Paris, vous me direz : « Ça ne peut pas lui faire de mal... ».


Vous aurez raison.

Mais la vraie question est évidemment de savoir si la chute de régimes totalitaires sera de nature à (re)lancer la coopération entre le nord et le sud.

Et là, fidèles lecteurs, j’avoue un brin de perplexité.

Primo, même relégué au second plan par les révolutions en Afrique du Nord, le conflit israélo-palestinien plombe toujours l’ambiance de franche camaraderie rêvée par les promoteurs de l’UpM.

Deuzio, une partie desdits promoteurs ne sont plus là. Et leurs successeurs, pour démocratiques qu’ils soient, n’ont pas eu l’honneur de goûter aux mets raffinés du banquet parisien qui était censé mettre l’UpM en orbite géostationnaire...

Tertio, les dirigeants du nord, toujours en poste, malgré quelques casseroles de spaghetti, abordent ce nouveau chapitre avec l’enthousiasme d’écoliers au moment de la rentrée scolaire. Leur nouveau credo est le suivant : « Il faut plus que jamais coopérer avec nos amis du sud. Mais à condition qu’ils restent chez eux... ».

Car sinon, tous aux abris ! L’apocalypse nous guette... une menace qui a pour symptômes : terrorisme, immigration, fondamentalisme religieux... Brrr !

Pour éviter que les boat people barbus ne déferlent sur nos côtes, le ministre français des affaires européennes a sa petite idée. Laurent Wauquiez en appelle à la mise en place d’un « plan Marshall à la fois européen, mais plus largement impliquant les Etats-Unis, les pays d'Asie, pour soutenir et stabiliser la rive sud de la Méditerranée. »

La France, toujours en pointe sur ce dossier, a d’ailleurs déjà montré l’exemple : mi-février, elle a débloqué... 350.000 euros (trois-cent-cinquante-mille, je l’écris en lettres pour éviter toute confusion...) pour une aide sociale d'urgence à la Tunisie.

350.000 euros : c’est à peu de chose près le prix de l’appartement acheté par le père de Michèle Alliot-Marie lors de ses vacances tunisiennes à Noël. Et le tiers de l’addition du banquet du sommet parisien de l’UpM en juillet 2008...

A ce tarif là, la stabilité de la rive sud a de beaux jours devant elle.

Méditerranée, miroir du Monde

L’onde de turbulences sociopolitiques qui secoue actuellement les pays arabes prend de l’ampleur. Elle repositionne la région Méditerranée/Moyen-Orient au cœur de l’actualité internationale sans que le conflit du Proche-Orient en soit le premier moteur.

Deux grands constats stratégiques doivent être proposés.

Premier constat stratégique, les puissances de ce Monde sont toutes présentes en Méditerranée.
Il serait faux de croire que les pays arabes sont uniquement tournés vers l’Europe ou les Etats-Unis. Cela fait plusieurs années que les relations se densifient avec les BRIC (Brésil, Chine, Inde et Russie) dans le vaste mouvement Sud-Sud qui s’opère. Surfant sur la recomposition de la carte géoéconomique mondiale, les pays méditerranéens ont donc développé des politiques étrangères multidirectionnelles et diversifié leurs rapports commerciaux internationaux [1].

A ce titre, il est frappant mais pas étonnant de constater que tous les grands Etats et leurs décideurs politiques en particulier, où qu’ils se trouvent, suivent de près la tournure des événements dans le monde arabe et semblent embarrassés par cette soif de libertés qui galvanise des populations trop longtemps opprimées.

[1] Confluences Méditerranée, « La Méditerranée sans l’Europe »,
n°74, L’Harmattan, automne 2010.

L'Europe est triplement en panne

Cette inquiétude face à des révoltes qui transforme un statu-quo insoutenable mais qui semblait si confortable vaut d’abord pour les dirigeants des pays arabes voisins, perplexes sur l’avenir de leur propre sort, et pour l’Europe, enrhumée cet hiver par le vent du changement soufflant à sa périphérie méridionale. Le dilemme n’est pas mince pour l’Europe : doit-elle privilégier la stabilité de son voisinage pour défendre ses intérêts ou viser à promouvoir ses valeurs ?

Bien que des annonces soient faites pour accompagner les transitions qui se dessinent avec difficultés, l’ennui, c’est que Europe est triplement en panne :politiquement (manque d’ambition et trop peu d’intégration malgré le traité de Lisbonne), économiquement (impact de la crise financière et dettes publiques) et géographiquement (controverses autour des limites symbolisées par le cas de la Turquie). Ces faiblesses ajoutées aux errements de l’Union pour la Méditerranée (UpM) n’ont rien de favorable pour le dialogue euro-méditerranéen.

Soyons certains cependant que la conditionnalité de l’aide fera son retour dans les discussions à venir à Bruxelles et que la méfiance des populations du Sud vis-à-vis des pays européens, France en tête, s’est notablement accrue ces dernières semaines. On peut vouloir « refonder » l’UpM mais on doit aussi tenir compte du nouveau paysage régional qui se dessine et des déceptions immenses qui planent sur les relations entre les pays arabes et l’Europe. 

Chine et Russie inquiets des révolutions arabes

Evidemment, les Etats-Unis, dont on ne cessera jamais assez de répéter qu’ils demeurent la première puissance dans la zone Méditerranée/Moyen-Orient, sont très présents et il faut reconnaître à l’Administration Obama un certain degré de compétences et d’audaces que les gouvernements européens ne savent pas toujours mobiliser face aux soubresauts actuels. Le soutien aux processus démocratiques apporté par Washington avec finesse doit être souligné. Sachons néanmoins relier cette hyperprésence américaine à la préservation de ses propres intérêts et ceux d’Israël évidemment, objectifs qui ne sont par forcément convergents.

Mais l’inquiétude vaut aussi pour les dirigeants en Chine, qui observent attentivement la tournure de
ces contestations [1]. Celles-ci interrogent la pérennité du « consensus de Pékin », ce modèle consistant à stimuler l’ouverture économique internationale tout en maintenant une rigidité politique forte en interne.
Suffisamment de facteurs peuvent faire craindre à la Chine de vivre à moyen-terme un tel scénario de protestations sociales, économiques et politiques.

A cette préoccupation s’ajoute l’ancrage bien réel de la Chine dans une région qui lui fournit une part importante de ses approvisionnements énergétiques et qui consomme de plus en plus les produits manufacturés que Pékin met abondamment sur le marché mondial. Nul ne saurait ignorer le développement des investissements et la stratégie financière déployée par la Chine en Méditerranée, rive Sud comme rive Nord. Il n’est pas non plus anodin de voir l’armée chinoise venir rechercher une diaspora estimée à près de 30000 personnes [2] sur le sol libyen, en proie à des combats importants ces jours-ci.

[1] Fiona Hill, « How Russia and China See the Egyptian
Revolution », Foreign Policy, 22 février 2011. 

[2] “Setting sail for
Libya”, The Economist, 1er mars 2011.

Le Brésil attentif

La Russie aussi semble préoccupée pour les mêmes raisons : la chute de régimes dans le monde arabe risque de compromettre des contrats d’armement et de donner des idées aux peuples qui ceinturent au Sud la Fédération russe. De telles convulsions sociopolitiques à leurs marges immédiates, ni la Russie ni la Chine ne le tolèrent. Les répressions récentes en Tchétchénie ou dans la province du Xinjiang en témoignent.

Le Brésil également regarde avec prudence ce qui se déroule dans la région Méditerranée/Moyen-Orient. Après avoir dopé sous les deux mandats de Lula son ancrage dans la zone en multipliant les dialogues politiques et les prises de positions commerciales, Brasilia semble désormais plus soucieux de conduire une
politique étrangère tenant davantage compte du respect des droits humains depuis l’arrivée début janvier 2011 de Dilma Roussef à la présidence [1].
En outre, le Brésil semble avoir pesé d’un poids certain pour faire reporter le 3ème Sommet entre pays sud-américains et pays arabes qui devait se tenir à Lima, au Pérou, le 16 février 2011 [2].

[1] « Governing Brazil : a promising start »,
The Economist, 19 Février 2011, p. 13.

[2] Jean-Jacques Kourliandsky, « Monde arabe et Amérique latine : un
moment de vérité », Affaires stratégiques, IRIS, 15 février 2011. Voir
aussi Gabriel Elizondo, « Latin
America's sudden silence on Gaddafi », Al-Jazeera, 25 Février 2011. 

Rôle d'Internet et des réseaux sociaux

Deuxième constat stratégique, la Méditerranée est prise dans les tourbillons du Monde et incarne ses failles émergentes.

Le rôle joué par Internet et les réseaux sociaux type Facebook paraît fondamental. L’accès et le partage des informations depuis son écran d’ordinateur ont branché des milliers d’individus sur l’extérieur et des espaces d’expression où la censure ne sévissait pas. Ces idées et ces informations remuées en cliquant sur sa souris ont perturbé le dispositif de sécurité traditionnelle des régimes. Bien que cela soit difficilement quantifiable, force est de reconnaître que cette agitation immatérielle lancée à travers Internet a servi de catalyseur à la contestation dans la rue, devenue alors plus populaire et plus globale [1].

Ensuite, et bien que le problème de l’emploi soit central parmi les raisons qui expliquent les secousses de la zone Méditerranée/Moyen-Orient, il faut insister sur la très forte hausse des denrées alimentaires mondiales [2].

Cette nouvelle crise s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs et précisément parce que les interdépendances sont devenues globales [3]. Des accidents climatiques et de la spéculation d’un côté sur le Globe peuvent mettre en danger des pays situés sur de toutes autres latitudes. Ainsi de la sécheresse en Russie, premier fournisseur de blé pour l’Egypte, grand consommateur mondial.

Les pressions actuelles sur le pouvoir d’achat des populations méditerranéennes expliquent en
partie les soulèvements [4]. Depuis plusieurs années, la dépendance aux marchés internationaux s’accroît
dans la majorité des pays arabes, dont l’une des priorités est d’assurer la sécurité alimentaire notamment des villes pour y acheter en quelque sorte la paix sociale. Les céréales symbolisent toute cette problématique [5] : l’Afrique du Nord, du Maroc à l’Egypte, regroupe ainsi 2% de la population mondiale mais polarisent 18% des achats mondiaux de blé en moyenne annuelle depuis près d’une décennie. Quand le prix des matières premières explose, et que les subventions publiques ne suffisent pas à atténuer l’inflation [6], l’accès à l’alimentation est contrarié pour les ménages dont les dépenses en nourriture représentent encore de 30 à 50% de leur budget mensuel. La situation se tend inévitablement et la vulnérabilité alimentaire [7] déclenche alors de la colère. Et certains, pauvres ou fragilisés, n’hésitent alors plus à descendre dans la rue exprimer bruyamment une panoplie de mécontentement sur cette vie chère et sur ces inégalités qui se creusent.

En Tunisie comme en Egypte, on a réclamé à la fois de la liberté et du pain [8]. Parler d’émeutes de la faim serait excessif, mais ignorer la variable alimentaire serait une grave erreur. C’est le caractère géopolitique des questions agricoles qui vient ici de s’affirmer et qui pourrait se renforcer davantage avec la hausse en cours du prix du pétrole [9].

Certains pays l’ont compris : ainsi le Maroc qui accentue actuellement son dispositif pour apaiser les tensions économiques et sociales [10].

[1] Julien Saada, « Révoltes dans le Monde arabe : une révolution Facebook ? »,
Observatoire sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de la chaire Raoul
Dandurand, 1er février 2011. Il est intéressant de noter que Weibo, la version
chinoise de Twitter, est pour sa part sous le contrôle des autorités en Chine.

[2] Selon la Banque mondiale, 44 millions de
personnes dans le Monde sont tombés dans la pauvreté depuis le mois de juin
2010, sous l’effet de la hausse rapide des prix alimentaires (le blé a doublé
entre juin 2010 et janvier 2011).  Voir « Food Price
Watch », Banque mondiale, Février 2011.

[3]  The Economist, « A special report on feeding the world »,  26 Février 2011.

[4] Josette Sheeran, « Le rôle de l’alimentation dans les troubles sociaux au
Moyen-Orient », communiqué de presse de la Directrice Exécutive du Programme
Alimentaire Mondial (PAM) du 7 février 2011. Voir aussi Paul Krugman « Droughts, Floods and Food », The
New York Times, 6 Février 2011.

[5]
Sébastien Abis, « L’Afrique
du nord face à la dépendance céréalière », note d’alerte du CIHEAM
n°71, janvier 2011.

[6] World Bank, « Egypt’s Food Subsides : benefit
incidence and leakages », Septembre 2010. Dans ce document, on peut lire que l’Egypte a consacré 2%
de son PIB aux subventions alimentaires (essentiellement le pain baladi, dont
peuvent bénéficier plus de la moitié de la population) en 2005 et en 2009,
contre 0,8% en 2000. En calculant ces pourcentages avec le PIB total de
l’Egypte, les sommes mobilisées pour ces subventions stratégiques ont ainsi
atteint environ 0,8 milliards de dollars en 2000, 1,8 milliards de dollars en
2005 et près de 3,8 milliards de dollars en 2009.

[7] Les disparités de richesse en milieu urbain
se développent et la sécurité alimentaire (ici essentiellement sous l’angle de
l’accessibilité) varie fortement selon les catégories socio-économiques. Voir “State of the World’s Cities 2010/2011.
Bridging the urban divide”, UN-Habitat, Nairobi, 2010.

[8] Steven Laurence Kaplan, « De 1789 à l’intifada égyptienne, le pain
reste le symbole de la contestation sociale », Le Monde, 8 février
2011.

[9] David & Eric
Coffin, « Tensions in Arab Street and
its impact on food prices”,  in
CommodityOnline, 28 février 2011.

[10] Le Royaume du Maroc, par la voie de son
premier ministre Abbas el Fassi, a annoncé le 15 février qu’il doublait ses
engagements dans la Caisse de compensations chargée de subvenir aux producteurs
de sucre, d’huile, de farine et de gaz. Le montant prévu pour 2011 s’élève
désormais à 32 milliards de dirhams (environ 2,9 milliards d’euros), soit 4% du
PIB national prévu cette année. 

Les frustrations des mondes intérieurs

Enfin, les frustrations émanent aussi des mondes intérieurs. Oubliées par les pouvoirs, délaissées par les investisseurs, les zones rurales se sont progressivement coupées de villes littorales ouvertes sur la globalisation et marchant vers la modernité. La pauvreté dans le Monde et en Méditerranée est d’abord localisée dans les campagnes, où ce sont les femmes et les jeunes qui sont le plus touché par ce phénomène [1].

Tout comme la segmentation spatiale en milieu urbain, cette cassure territoriale est source d’instabilités  [2].
L’apparition de troubles publics surgit alors à plus forte raison que les frustrations territoriales de ces ruraux enclavés se combinent avec les colères sociales urbaines. C’est quand Sidi Bouzid et Tunis se sont reconnectés que la révolte en Tunisie a pris les traits d’une révolution. L’exemple tunisien doit nous alerter. Car la planète n’est plus fracturée entre des Nords et des Suds, mais bel et bien entre des mondes urbains globalisés et des mondes ruraux isolés. La rupture entre ces deux mondes, qui ne se connaissent plus, peut
engendrer de la méfiance et des désordres. N’est-ce pas aussi pour cela que les dirigeants chinois scrutent l’horizon volatil méditerranéen ?

[1] Fond international du Développement Agricole
(FIDA), « Rapport sur la pauvreté
rurale 2011 », FIDA, Rome, 2010.

[2] Entretien avec Mohamed Elloumi, « Tunisie : pourquoi c’est à Sidi Bouzid
que tout a commencé », Agrobiosciences, 18 janvier 2011.

La logique d'offre d'eau est à bout de souffle en Méditerranée

Fallait-il vraiment investir dans la construction d’un barrage à Wirgane, dans la région de Marrakech, au Maroc ? 17 millions de m3 d’eau annuels étaient attendus de cette retenue. Pourtant ce volume ne saurait compenser celui qui est annuellement prélevé non loin sur le canal de Rocade, pour les besoins en eau potable, et au détriment des usages agricoles qu’il devait satisfaire dans la même région ? Certes Wirgane n’était pas conçu dans ce but, mais le choix illustre la difficulté de satisfaire dans une même région tous les usages d’une eau rare, dont le gisement est parfois surestimé.
N’était-il pas préférable de renoncer à développer partout une agriculture intensive ; fallait il maintenir la dotation réservée en eau des golfs qui sont réalisés, toujours autour de Marrakech, pour le bonheur des touristes, mais qui a mobilisé pendant cinq ans au moins 20 millions / an de mètres cubes d’eau ? Comment dans le même temps pouvait on satisfaire aux besoins d’une population croissante, de plus en plus urbaine et exigeante sur les services qui lui sont rendus ?
Sans pouvoir trancher définitivement cette question et quelques autres autour de la Méditerranée, la Gestion de la Demande en Eau (GDE) est une réponse, une sorte de « boîte à outils », propre à aider les décideurs à faire les choix les plus pertinents.  
« L’idée demande certes à infuser… mais la demande n’est pas une donnée exogène, à laquelle il s’agirait exclusivement de s’adapter par une augmentation de l’offre. Ceci est clair sur des territoires où les tensions entre les différents usages pour le partage de la ressource sont de plus en plus fortes ».

Sara Fernandez, qui s’exprime, vient de livrer au Plan Bleu pour la Méditerranée, avec Audrey Mouliérac, une étude sur « L’évaluation économique de la gestion de la demande en eau en Méditerranée ».
Car il s’agit bien désormais d’examiner les possibilités « d’améliorer l’efficience de la demande en eau de chacun de ces usages » et finalement de mieux répondre aux enjeux du partage de l’eau selon leurs usages, afin de réduire les tensions, et de pouvoir envisager un développement plus serein et mieux partagé.
L’analyse économique comparée de GDE fait d’abord appel à un ratio coût/efficacité. Et bien entendu les critères sont multiples et leur écheveau mérite une attention parfois très fine.
Ainsi et à propos de l’oasis tunisienne de Gabès. Il s’agissait d’y améliorer l’utilisation de l’eau d’irrigation dans un contexte évident de rareté. « La nappe phréatique y était surexploitée par les agriculteurs locaux, et l’irrigation par goutte à goutte est apparue comme une bonne solution, subventionnée par les autorités tunisiennes ».
Las ! ce système réclamant moins de main d’œuvre, les familles exploitantes désormais plus libres de leur temps, l’ont utilisé pour accroître les surfaces cultivées, augmentant ainsi les volumes d’eau utilisées, sans que celles-ci ne retournent cette fois à la nappe…
Qui peut dire dès lors que la relation coût des équipements / mètres cubes d’eau utilisés ait été marqué par l’efficacité ?
 
L’analyse coût / efficacité mérite bien sûr au cas par cas une fine connaissance des aspects sociaux et environnementaux, les effets pervers guettant le décideur à chaque méandre d’un projet. « Par exemple un barrage peut être la bonne solution, mais a-t-on bien prévu que son envasement en réduira l’efficacité ? » La question n’est pas théorique, elle s’est posée dans le cas du barrage jordanien d’Amman Zarqa. Ce n’est pas le seul.
S’il faut se garder des conclusions hâtives, certains enseignements peuvent être tirés d’une analyse comparée d’études de cas conduites sur l’ensemble du pourtour méditerranéen. Ainsi, le transfert d’eau interbassins et le dessalement des eaux de mer « semblent être les solutions les moins coût-efficaces », annonce Sara Fernandez. 

 

Pourquoi les analystes s'emballent pour l'iPad 2

Les avis sont unanimes : la firme a frappé fort avec l'iPad 2. Un coup dur pour la concurrence, et des prévisions de ventes qui s'envolent pour Apple. 

Apple expédierait 2 à 3 millions d'iPad 2 dans les circuits de distribution d'ici à fin mars, et 10 à 12 millions au deuxième trimestre, selon les fournisseurs. Sur l'année 2011, l'estimation tourne autour de 40 millions d'unités, versions 1 et 2 comprises. Selon les analyses compilées par Fortune, les livraisons minimales pour le premier trimestre atteindraient 500 000 à 1 million d'exemplaires, tandis que sur l'année, la fourchette varie entre 35 et 49 millions d'unités.
La vingtaine d'analystes qui se sont exprimés sur le site ont un jugement très positif sur l'ipad 2, tout en reconnaissant que le modèle s'apparente plus à une version1.5, avec des changements relativement mineurs. Mineurs peut-être, mais suffisants pour contrer la poussée de la concurrence. Tous s'accordent à dire que le marché sera extrêmement difficile pour les adversaires d'Apple, prévoyant de ce fait que la firme de Steve Jobs ne cèdent pas de part de marché cette année. Pour cela, ils citent trois points forts : la date de lancement, qui coupe l'herbe sous le pied à un certain nombre de concurrents, qui n'en sont pourtant qu'à leur premier modèle ; le prix, qui reste identique avec un meilleur rapport qualité-prix ; et le système d'exploitation, qui séduit par son expérience utilisateur et attire un maximum de développeurs, permettant à l'AppStore de compter 65 000 applications iPad.
Coup marketing Une fois de plus, Apple réalise un joli coup marketing avec l'iPad 2. Sortir une version "1.5", sans innovation majeure, est très intelligent de la part du groupe. Les changements sont techniquement suffisants pour correspondre au nouveau standard matériel du marché. Mais sans le dépasser, ce qui permet de ne pas augmenter le prix du produit et de conserver un prix d'entrée à 499 euros, pas du tout plus cher que les autres tablettes. Objectif : élargir la cible. Une cible qui entend parler des tablettes depuis un an, a eu le temps de développer une envie pour le produit, et est moins sensible aux arguments techniques, et plus au design, et par exemple au fait que l'iPad 2 est plus fin et plus léger.
Comme l'explique le Financial Times, ce sont en premier lieu les gens qui n'ont pas encore de tablette qui seront intéressés. Les autres préféreront sans doute attendre l'iPad 3 et les versions 2 concurrentes. En lançant son modèle avant certains concurrents très attendus, Apple occupera les rayons. Ceux qui pensaient choisir une autre marque en se disant qu'Apple est trop cher pourront y réfléchir à deux fois. La seule image de marque d'Apple, au moment de l'acte d'achat, fera la différence dans de nombreux cas.
De quoi diminuer encore les prévisions de ventes pour le marché du PC portable et du mini-PC. Gartner a fait savoir que la demande prévisionnelle pour les tablettes (et le ralentissement des ventes en Chine) abaissaient ses prévisions de croissance de +15,9% à +10,5% en 2011.

Ces entreprises qui suscitent l'admiration aux Etats-Unis

Alors que le chapitre de la crise semble se clore pour les grands industriels, Fortune publie son classement des compagnies américaines et françaises les plus admirées.
 Les entreprises les plus admirées

Fortune vient de publier son traditionnel classement des entreprises les plus admirées et respectées aux Etats-Unis. Un classement éventuellement critiquable quand on sait qu'Enron y a figuré en son temps en bonne place, mais toujours instructif. Ce palmarès est établi à partir d'enquêtes auprès de 15.000 dirigeants du Top 500 des plus grandes entreprises de Fortune, d'autres grandes entreprises internationales et d'analystes, d'après la FAQ du cabinet Hay, partenaire de l'opération. Le top 10 du cru 2011 est 100% américain.
 Les entreprises les plus admirées
Fortune vient de publier son traditionnel classement des entreprises les plus admirées et respectées aux Etats-Unis. Un classement éventuellement critiquable quand on sait qu'Enron y a figuré en son temps en bonne place, mais toujours instructif. Ce palmarès est établi à partir d'enquêtes auprès de 15.000 dirigeants du Top 500 des plus grandes entreprises de Fortune, d'autres grandes entreprises internationales et d'analystes, d'après la FAQ du cabinet Hay, partenaire de l'opération. Le top 10 du cru 2011 est 100% américain.

La high tech rafle quatre places dans ce classement, dominé pour la quatrième année de suite par Apple. "Le rythme auquel il sort des nouveaux produits continue de mettre la barre très haut pour les compagnies high tech", souligne Fortune.
Warren Buffett conserve sa réputation d'investisseur le plus avisé des Etats-Unis. Sa holding, toujours en troisième position, a effectivement de quoi se réjouir: Moins d'un an après avoir déboursé plus de 26 milliards de dollars pour prendre l'entier contrôle de la compagnie ferroviaire Burlington Northern Santa Fe, celle-ci génère des profits opérationnels trimestriels d'un milliard de dollars.
Ont été ejectés du top 10 depuis l'année dernière: Johnson & Johnson, Goldman Sachs, Wal Mart et Toyota Motors. Il faut dire que le japonais a essuyé l'an passé l'une des pires crises de son histoire, rappelant fin 2009 et début 2010 près de neuf millions de voitures dans le monde.
Le plus gros perdant? Kirin Brewery, la marque de bière japonaise, qui a la réputation d'être l'entreprise la plus mauvaise aussi bien en termes d'innovation, de compétitivité globale, de solidité financière et de responsabilité sociale.
Les entreprises les plus admirées par secteurCes entreprises sont les plus admirées par les pairs de l'industrie. Quelques noms non américains ont réussi à se glisser dans les réponses: l'espagnol Telefonica, les suisses Nestlé et Novartis, l'Allemand BMW et le français Michelin. La présence de Goldman Scahs, honnie du grand public, rappelle bien qu'il s'agit uniquement de l'opinion de professionnels du secteur.
 Les entreprises françaises les plus admirées
Fortune a extrait les noms qui apparaissent dans la première moitié des entreprises les plus admirées par secteur. Cette année il n'y en que neuf de françaises, contre 18 en 2010.

 Sont disparues du palamarès depuis l'année dernière les entreprises suivantes: Axa, Christian Dior, Technip, Areva, Carrefour, Schneider Electric, Bouygues, Rexel et Peugeot..

"Aujourd'hui, Kadhafi a peur"

Devant la caméra du JDD.fr, Laurent Valdiguié raconte son entretien d'une heure, samedi, avec Mouammar Kadhafi à Tripoli. Pour le journaliste, et malgré les coups de menton du dictateur, l'entourage de celui-ci semble très inquiet de la tournure des événénements dans le pays.

Kadhafi: "C'est moi ou Al-Qaïda"

En exclusivité mondiale, le chef d'Etat libyen a reçu, samedi, deux envoyés spéciaux du JDD dans son QG de Tripoli. Retrouvez ici des extraits de cet entretien exceptionnel.

LA MENACE TERRORISTE
"Quand il y a eu la confusion en Tunisie et en Egypte (…) Al-Qaida a donné instruction à ses cellules dormantes en Libye de faire surface (…) Les jeunes ne connaissaient pas Al-Qaida ni l’idéologie de cette organisation. Mais les membres de ces cellules vont jusqu’à leur donner des pilules hallucinogènes. (…) Aujourd’hui, ces jeunes ont pris goût à ces pilules et pensent que les mitraillettes sont comme une sorte de feu d’artifice."
"Je m’étonne vraiment que l’on ne comprenne pas qu’il s’agit ici d’un combat contre le terrorisme (…) Nos services de renseignement coopèrent. Nous vous avons beaucoup aidé ces dernières années! Alors pourquoi lorsque nous sommes dans un combat contre le terrorisme ici en Libye on ne vient pas nous aider en retour!"
"Il y aura un Djihad islamique en face de vous, en Méditerranée (…) Les gens de Ben Laden viendront imposer des rançons sur terre, et sur mer. On reviendra au temps de Barberousse, des pirates, des Ottomans qui imposaient des rançons sur les bateaux. Ce sera vraiment une crise mondiale et une catastrophe pour tout le monde."
LE RÔLE DE LA FRANCE DANS LA CRISE
"Je voudrais qu’une équipe d’enquête des Nations unies ou de l’Union africaine se rende ici, en Libye. Nous allons permettre à cette commission d’aller voir sur le terrain, sans aucune entrave."
"La France a de grands intérêts en Libye. Nous avons beaucoup travaillé avec M. Sarkozy, nous avons collaboré ensemble dans plusieurs dossiers, plusieurs causes. La France aurait dû être la première à envoyer une commission d'enquête. J’espère qu’elle changera son attitude à notre égard. (…) Que la France prenne vite la tête de la commission d’enquête, qu’elle bloque la résolution de l’ONU au Conseil de sécurité, et qu’elle fasse arrêter les interventions étrangères dans la région de Benghazi."
PAS DE CRISE DU RÉGIME
"Chez nous, le pouvoir est au peuple. Nous n’avons pas de président qui démissionne, pas de parlement à dissoudre, pas d’élection qu’on falsifie, pas de Constitution qu’on peut amender. Nous n’avons pas de réclamations de justice sociale, parce qu’ici, c’est le peuple qui décide. Moi, je n’ai pas de pouvoir comme en avaient Ben Ali ou Hosni Moubarak."
"Le régime ici, en Libye, va bien. Il est stable. Je veux bien me faire comprendre: si on menace, si on déstabilise, on ira à la confusion, à Ben Laden, à des groupuscules armés. Voilà ce qui va arriver. Vous aurez l’immigration, des milliers de gens qui iront envahir l’Europe depuis la Libye. Et il n’y aura plus personne pour les arrêter. Vous brandissez le spectre de la menace islamique…"
LA VIOLENCE
"Je n’ai jamais tiré sur mon peuple! Et vous ne croyez pas que le régime algérien depuis des années combat l’extrémisme islamiste en faisant usage de la force! Et vous ne croyez pas que les Israéliens bombardent Gaza et des victimes civiles à cause des groupes armés qui s’y trouvent? Et en Afghanistan ou en Irak, vous ne savez pas que l’armée américaine fait régulièrement des victimes civiles? Est-ce que l’Otan en Afghanistan ne tire jamais sur des civils? Ici, en Libye, on n’a tiré sur personne."
FORTUNE PERSONNELLE
"Je mets tout le monde au défi de prouver que j’ai un seul dinar à moi! Ce blocage des avoirs, c’est une piraterie de plus imposée sur l’argent de l’état libyen. Ils veulent voler de l’argent à l’état libyen et ils mentent en disant que c’est l’argent du Guide! Là aussi, qu’il y ait une enquête pour montrer à qui appartient cet argent. Moi, je suis tranquille. Je n’ai que cette tente."

Où est l’Europe,
où est la France ?


Attendre la suite des événements en témoignant une sympathie gratuite ne suffit plus : la révolution libyenne tourne au bain de sang. La guerre civile fait rage dans un rapport de forces très inégal. Avec, d’un côté, des populations criant leur soif de liberté mais sans expérience militaire ; de l’autre, une garde prétorienne aux ordres de Kadhafi renforcée de contingents mercenaires avec aviation, chars et artillerie. La chute du dictateur n’est pas pour demain. Alors, que faire ?

Ce qui paraissait encore inimaginable la semaine dernière ne semble plus l’être. La zone d’exclusion aérienne qui interdirait à tout avion libyen de décoller est désormais à l’étude, du moins à Washington, Londres et Paris. Certes, il ne s’agit encore que de gesticulation, car une telle décision nécessiterait l’accord du conseil de sécurité de l’ONU, où Russes et Chinois ne veulent pour l’instant rien entendre. Et, tout en renforçant leurs positions en Méditerranée, les Américains font bien comprendre aux Européens que la Libye reste d’abord leur problème. Elle est à leurs portes, leur fournit du pétrole et sert de tremplin aux vagues d’immigration qui font tant trembler le vieux continent.

En toute logique, l’Europe devrait prendre les devants, ne serait-ce que par une vraie coercition diplomatique et, surtout, une aide humanitaire massive. Malheureusement, la frileuse Europe étale jour après jour ses incompétences et ses faiblesses. Dire que ce n’est que le 11 mars qu’un Conseil européen daignera «dans l’urgence» (?!) se pencher sur la situation au Maghreb ! Que penser de cette «politique étrangère» mise en place par le traité de Lisbonne et qui, a-t-on dit, devait faire parler l’UE d’une seule voix ? La baronne Ashton en charge de ce travail est aussi inaudible que le «président» de l’Union, Herman Van Rompuy. De quoi regretter l’ancien «haut représentant» de l’UE Javier Solana qui n’avait pourtant pas les pouvoirs de la «ministre» Catherine Ashton. Au moins, lui, il savait parler !

Comble de l’hypocrisie, les Européens continuent à se fournir en pétrole libyen (alors que l’Arabie saoudite pourrait compenser ces livraisons…) en admettant sans gêne que les compagnies pétrolières versent tous les jours des millions de royalties au dictateur officiellement honni. Kadhafi, qui confond les recettes de l’État avec ses avoirs personnels et ceux de son clan (apparemment «bloqués») a de quoi survivre. Et de quoi payer les tueurs à sa solde…

Reste l’aide humanitaire, jusqu’à présent limitée à la portion congrue, y compris par la France. Pourtant, malgré les couacs récents, Paris s’enorgueillit de ses relations historiques avec son ancien protectorat tunisien. Premier geste : un porte-hélicoptères de la Marine nationale vient enfin d’appareiller pour rejoindre des frégates allemandes et britanniques déjà amarrées à Gabès afin de rapatrier les réfugiés égyptiens.

Aider les Tunisiens qui, malgré leurs faibles moyens, ont su admirablement accueillir des dizaines de milliers de personnes fuyant la Libye était pourtant de toute priorité. Et certainement plus important que la chasse «Hortefeux-Guéant» aux quelques clandestins tunisiens arrivés de Lampedusa pour être reconduits, menottés comme des criminels, à la frontière italienne. Des images complaisamment montrées à la télévision et qui font honte à la France.

Deux bâtiments de guerre américains arrivés sur une base en Crète

Deux bâtiments de guerre américains, l'USS Kearsarge et l'USS Ponce, sont arrivés vendredi dans la base militaire de Souda à la Canée, en Crète (Grèce), a indiqué à l'AFP le porte-parole de la base, Paul Farley.

"Les deux navires sont arrivés aujourd'hui" (vendredi), a-t-il déclaré au téléphone.

"Dans le cadre d'un effort international pour aider à l'évacuation des personnes qui quittent la Libye, le ministère américain de la Défense sous les ordres du président, fournit des avions militaires pour aider les Egyptiens, qui avaient quitté l'Egypte pour la frontière avec la Tunisie à rentrer en Egypte", a indiqué M. Farley cité dans un communiqué.

L'USS Kearsarge est un porte-hélicoptères transport de chalands de débarquement. Ce groupe d'opérations amphibies, avec quelque 800 Marines, une flotte d'hélicoptères et des installations médicales, peut assurer un soutien à des opérations humanitaires aussi bien que militaires.

L'USS Kearsarge et le USS Ponce, avaient traversé le canal de Suez et rejoint mercredi la Méditerranée pour se positionner au large de la Libye.

Environ quatre cents Marines américains, appartenant au premier bataillon de Caroline du Nord, sont arrivés jeudi par avion à Souda dans le cadre d'une opération "de repositionnement des forces dans la région", selon M. Farley.

L'arrivée des bâtiments de guerre américains à Souda s'inscrit dans le cadre des "opérations régulières" de la base, qui sert entre autres au "ravitaillement" des bâtiments américains ou des forces de l'Otan dans la région, en vertu d'un accord passé avec les Etats-Unis en 1990, a indiqué à l'AFP une source du ministère grec de la Défense.

Selon le ministère, trois bâtiments grecs effectuent également des patrouilles en Mediterranée, entre la Crète et la Libye, depuis la semaine dernière, pour protéger les paquebots et ferries grecs qui participent à une grande opération d'évacuation des étrangers de Libye.

Interrogé jeudi sur la possibilité de voir les Etats-Unis agir militairement pour mettre fin à la crise, le président américain Barack Obama a assuré qu'il faisait en sorte d'avoir à disposition "toute la gamme des options". Ces options sont "militaires et non militaires".

Il a toutefois indiqué que les décisions prendraient en considération "ce qui est le mieux pour le peuple libyen".

Le dirigeant libyen a mis en garde contre une intervention militaire étrangère qui pourrait selon lui se solder par des "milliers de morts".

Prix de l'humour politique: 2e sélection

Le jury du Prix "Press club, humour et politique" présidé par Jean Miot a procédé aujourd'hui à la deuxième sélection de petites phrases pour l'édition 2011, a annoncé le jury dans un communiqué. Pour cette deuxième sélection (la dernière aura lieu fin mai), le jury a retenu les meilleures "petites phrases" collectées depuis le 1er janvier dernier :

- André Chassaigne, député PCF du Puy-de-Dôme : "Dans sa forme historique, le PC est mort ; mais il a encore de l'avenir".

- François Bayrou, président du MoDem : "Rassembler les centristes, c'est comme conduire une brouette pleine de grenouilles : elles sautent dans tous les sens".

- François Baroin, ministre du Budget : "Michèle Alliot-Marie conserve toute sa légitimité à Saint-Jean-de-Luz".

- Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte Ouvrière: "Je ne serai peut-être pas élue présidente de la République, mais je ne serai pas la seule".

- François Hollande, député PS de Corrèze : "Mélenchon, ce qui est terrible, c'est qu'il a été socialiste toute sa vie et que toute sa vie ça va le suivre".

Lors de la première sélection effectuée en décembre 2010, le jury avait retenu les "petites phrases" suivantes:

- Guillaume Bachelay, secrétaire national à l'industrie du PS, parlant de Ségolène Royal : "Qu'on commette des erreurs en politique c'est possible; qu'on les commette toutes, c'est fou !".

- Gabriel Cohn-Bendit (frère de Daniel) : "Les Verts sont capables du meilleur comme du pire ; mais c'est dans le pire qu'ils sont les meilleurs". (ce n'est pas de lui, ça)

- Renaud Donnedieu de Vabres, ancien ministre : "Passer de ministre à promeneur de son chien suppose un énorme travail sur soi-même".

- Daniel Fidelin, député UMP de Seine-Maritime : "Vu de la Chine, le port du Havre ne travaille pas".

- Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, après la tempête de neige sur l'Ile-de-France : "Il n'y a pas de pagaille ; la preuve le préfet a pu venir en trois minutes".

Le prix, décerné par un jury composé d'humoristes et de journalistes, récompense l'auteur de la phrase la plus drôle de l'année, qu'il s'agisse indistinctement d'humour volontaire ou involontaire. Il sera attribué en juin prochain. Le prix 2010 était revenu à Eva Joly, eurodéputée Europe Ecologie-Les Verts, pour sa déclaration : "Je connais bien Dominique Strauss Kahn; je l'ai mis en examen".

Georges Frêche, président du Conseil régional de Languedoc-Roussillon, décédé le 24 octobre dernier, avait reçu le prix spécial du jury pour: "Des gens intelligents, il y en a 5 à 6% ; moi je fais campagne pour les cons". Les internautes avaient donné leur prix au ministre de la Culture Frédéric Mitterrand pour la phrase : "Quand on m'appelle monsieur le Ministre, j'ai toujours l'impression que Jack Lang va surgir derrière moi !".