TOUT EST DIT

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jeudi 24 février 2011

Kadhafi : "Des manifestants drogués à la solde de Ben Laden"

Mouammar Kadhafi s'est exprimé pour la seconde fois en 48 heures en direction des Libyens, dans d'un message audio. Il y fustige une fois de plus les manifestants.

« Ces gens n'ont pas de vraies revendications, leurs revendications sont celles de Ben Laden ». Lors d'un message audio retransmis à la télévision en début d'après-midi (heure française) jeudi, le colonel Kadhafi a agité le chiffon islamiste et la menace d'Al Qaïda pour discréditer l'insurrection populaire qui réclame son départ.
Il s'adressait plus particulièrement aux habitants de Zawiyah à 60 km à l'ouest de Tripoli où, selon l'agence officielle Jana, des « terroristes » ont égorgé plusieurs soldats. Il a présenté ses « condoléances aux familles de quatre personnes des forces de sécurité tuées ».

« Des pilules hallucinogènes »

Lors de cette allocution beaucoup plus courte que la précédente, il a affirmé que Ben Laden manipulait les jeunes en leur donnant notamment des « pilules hallucinogènes (…) Ils profitent du jeune âge de ces gens parce que légalement, ils ne sont pas passibles de sanctions ».
Celui qui se présente encore comme le guide de la Révolution a également affirmé que sa démission était impossible puisqu'il n'occupe pas de fonction officielle mais une fonction « morale ».
« Je n'ai pas le pouvoir de faire des lois ou de faire appliquer la loi. La reine d'Angleterre n'a pas cette autorité. C'est exactement mon cas (…) La situation est différente de l'Egypte ou la Tunisie. Ici, l'autorité est entre vos mains, les mains du peuple. Vous pouvez changer l'autorité comme vous voulez ».

Des blessés achevés

Le discours décousu d'un homme qui continue de tirer sur sa population. Dix personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées jeudi dans l'assaut donné par les forces de sécurité contre Zawiyah, selon un bilan provisoire. Des mercenaires auraient également pénétré dans un hôpital afin d'achever des manifestants blessés.
Depuis 10 jours, la répression aurait tué 675 personnes.

ET IL CONTINUE A FUMER LA MOQUETTE !!!!

Libye: Kadhafi de plus en plus isolé

Au dixième jour de l'insurrection contre le régime libyen, le colonel Khadafi semble de plus en plus acculé. Après la répression sanglante des manifestants, le dirigeant est lâché par la communauté internationale. L'Est du pays est déjà sous contrôle des opposants et, jeudi, une grande ville de l'Ouest est tombée dans leurs mains. L'exode de la population se poursuit. 

 10h42 : Londres pour une enquête internationale
Le ministre britannique des Affaire étrangères, William Hague, s'est dit favorable jeudi à "une enquête internationale" sur les "atrocités" commises en Libye. Dans le même temps, le président de l'Union européenne, Hermann Van Rompuy, a de nouveau appelé jeudi les autorités libyennes à "cesser immédiatement l'usage de la force" contre les manifestants.
10h25: Les opposants gagnent du terrain
Les opposants à Mouammar Kadhafi ont pris le contrôle de la ville de Zouara, à 120 km à l'ouest de Tripoli, ont dit jeudi des travailleurs égyptiens fuyant la Libye. Ces Egyptiens rencontrés à la frontière tunisienne travaillaient à Zouara. Ils affirment qu'il n'y a plus aucun policier ou militaire et que des "comités populaires" armés contrôlent la ville. Zouara, située au bord de la mer Méditerranée, est la ville la plus importante à l'ouest de la capitale libyenne. Le dirigeant libyen a déjà perdu le contrôle de l'Est du pays, au moins jusqu'à la ville de Benghazi.
9h53 : Juppé demande la chute de Kadhadfi
Alain Juppé, a dit souhaiter jeudi que Mouammar Kadhafi "vive ses derniers moment de chef d'Etat en Libye". Face à la répression sanglante qui sévit en Libye, le ministre de la Défense est le premier membre du gouvernement français à demander explicitement la chute du colonel. "Il y a une Cour pénale internationale sur la planète et les criminels relèvent de cette cour", a-t-il menacé.
08h40 : Kadhafi appelle les opposants à rendre les armes
Le Comité du peuple pour la sécurité, organisme du gouvernement libyen, a appelé jeudi les opposants à rendre leurs armes et promis de récompenser tout renseignement sur les dirigeants du mouvement de protestation.
00h00 : Obama condamne le régime libyen
Barack Obama a rompu mercredi le silence qu'il observait sur la Libye et condamné la répression "monstrueuse" des manifestations antigouvernementales par les forces de sécurité fidèles au colonel Mouammar Kadhafi.Des sanctions sont envisagées.

Droit à l'oubli : pas si simple

On parle de « mémoire d'éléphant » à propos d'une personne capable d'engranger un grand nombre d'informations. Et les juristes passent souvent pour être dotés d'une telle mémoire, parce qu'on les imagine capables de citer, au pied levé, des listes entières d'articles des Codes ! Ce qui est faux.... !

Mais s'il est un domaine où l'expression est justifiée, c'est bien celui d'Internet qui possède une mémoire totale, sans faille. Ce qui, un jour, s'y est trouvé diffusé semble gravé presque pour l'éternité. Étonnant et fâcheux. D'abord, dans les cas où ces informations se révèlent peu flatteuses pour l'intéressé. On pense à des gens qui ont eu maille à partir avec la justice. Une fois la peine exécutée, en principe on ne parle plus de ce qui l'a justifiée.

Oui mais, la mémoire informatique ne connaît pas, elle, ces subtilités. Elle engrange goulûment les informations et les régurgite à la demande, parfois des années plus tard. Nombre d'anciens détenus témoignent du préjudice que cela leur cause dans la recherche d'un travail. Un clic et toute leur histoire se déroule à partir de communiqués et articles de presse, de commentaires sur les blogs....

Le problème se pose aussi pour ceux qui ont eu, à un moment de leur vie, généralement au cours de leur jeunesse, l'inconscience de mettre en ligne sur Facebook ou Myspace des informations scabreuses, des images douteuses censées faire des gorges chaudes, avant d'être découvertes par de futurs employeurs fureteurs et de jeter un froid sur les projets professionnels.

Et puis, il y a aussi le problème plus général des informations glanées par les entreprises commerciales qui en font leur miel et cela à l'insu des internautes qui ne savent pas qu'à chaque connexion, quelque 800 informations sont envoyées.

On pense irrésistiblement au capitaine Haddock dans Tintin au Tibet, importuné par un sparadrap rebelle, ou à la tunique de Nessus, de la mythologie, qui collait à la peau et empoisonnait.

Pas étonnant que 71 % des Français estiment la protection de la vie privée insuffisante !

Le « droit à l'oubli » est-il une réponse adaptée ? Sans doute et c'est la raison pour laquelle aussi bien la commissaire européenne Viviane Reding, le président de la Cnil (Commission nationale Informatique et libertés), Alex Türk, et les sénateurs auteurs d'une récente proposition de loi, en réclament l'institution. Sa mise en oeuvre supposerait contrôle et droit de retrait des informations importunes, consentement à la diffusion... mais avec une double limite dont il faut avoir claire conscience. L'une, faible, tient à la possibilité du « copier-coller » et donc à la conservation dans des mémoires privées d'informations hors de tout contrôle. L'autre, forte, résulte de l'allure mondiale des réseaux. À quoi servirait-il de consacrer ce droit à l'interne, y compris dans la Constitution comme cela est suggéré, si Google, Yahoo et les autres grands moteurs de recherche ne se montrent pas disposés à lui donner vie ?

Il faudra donc une négociation que la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet annonce longue et difficile. Mais en attendant, à une époque portée à l'exhibitionnisme à tout va, il reste à redécouvrir les vertus protectrices de la discrétion qui n'est, dans le fond, qu'une manière de s'oublier un peu soi-même.

Un mois pour trouver une solution à la crise

En visite à Berlin le 22 février, le Premier ministre grec a tenté d'obtenir un délai pour rembourser le plan de sauvetage de son pays. Mais alors que la grogne sociale et les pressions des banquiers européens augmentent, les Vingt-Sept ne se décideront que fin mars. 

"Un accord global entre les membres de l’UE est impératif le 25 mars prochain à Bruxelles, lors du Conseil européen. Sinon, les choses vont devenir très difficiles en Europe et en Grèce", a déclaré le Premier ministre Georges Papandréou hier en faisant le bilan de la situation devant la chancelière allemande Angela Merkel, près d’un an après le plan de rigueur. "L’Europe a des responsabilité", a-t-il souligné, et "il faut  en finir avec cette histoire, tourner la page et ne pas se retrouver de nouveau face à une crise comme celle que nous avons traversée pendant des mois".

Pour le Premier ministre, l'enjeu est avant tout l’allongement du délai de remboursement du prêt de 110 milliards d’euros accordé par l’UE et le FMI. Cette option est "prévue", "mais il est raisonnable de ne pas prendre de décision hâtive, il faut y préférer une réponse globale. Et cela est mieux pour la Grèce". Mais Angela Merkel, les yeux fixés sur la défaite électorale  de son parti aux élections régionales à Hambourg, dimanche dernier, a refusé d'apporter dès maintenant une solution au problème global de la zone euro, dont le "problème grec" fait partie.

"De nombreux Allemands sont persuadés que les Grecs y arriveront"

Résultat, "tout est encore sur la table" des négociations, selon une source gouvernementale. Même si la chancelière a reconnu que le gouvernement grec a pris des décisions "difficiles", elle refuse de céder sur l’allongement du remboursement et le renvoie à une décision européenne. Bien entendu, le sommet de fin mars coïncide avec les élections dans le Bade-Wurtemberg et Angela Merkel sera à nouveau sous pression de son parti. D’autant que la presse allemande parle déjà de "punition" par les urnes du fait de sa position fuyante sur la Grèce. Il est donc très peu probable qu'elle ne change pas de position d’ici mars.
En ce qui nous concerne, pour l’allongement du remboursement du prêt, Angela Merkel y "réfléchit" et "tout est en discussion". Bien entendu, elle s’en tiendra aux résultats du plan de sauvetage pour décider si la Grèce doit ou non faire partie du pacte de compétitivité qu'elle a promu avec Nicolas Sarkzoy, mais dont la Grèce voudrait être dispensée [car le pacte impose trop de conditions rigoureuses]. 
La chancelière allemande a soutenu la Grèce et a assuré que "de nombreux Allemands sont persuadés que les Grecs y arriveront, mais [qu'] il faut continuer les efforts".
Cela a bien entendu provoqué un tollé chez les Grecs qui pensent à présent que de nouvelles mesures d’austérité sont à venir même si le Premier ministre affirme le contraire. Après l’Allemagne et la Finlande, le Premier ministre grec devraient se rendre dans d’autres pays européens tandis que la grogne monte en

La cure UE-FMI comme seul horizon

Le sauvetage par l'Europe et le Fonds monétaire international; les coupes budgétaires et les milliards d'euros publics versés aux banques toxiques exaspèrent les Irlandais. Ces derniers s'apprêtent pourtant à voter pour un gouvernement qui appliquera les mesures prises par son prédécesseur, remarque l’éditorialiste Fintan O’Toole. 

Quoi qu’en pensent les sceptiques, ces élections vont accoucher d’au moins une énorme différence. Avant le 25 février, jamais l’électorat n’avait encore donné le feu vert à la transformation de la dette des banques en dette publique et à quatre années d’austérité supplémentaires. A partir de cette date, à moins que les sondages ne se trompent complètement, le renflouement des banques, l’accord passé avec l’UE et le FMI, et les réductions budgétaires bénéficieront du soutien officiel de l’opinion publique. C’est là un événement vraiment important, au-delà de toute l’excitation que suscite ce qui est présenté comme une relève de la garde historique.
Samedi matin, comme chaque matin qui a suivi chaque élection dans l’histoire de l’Etat, la politique de l’establishment de centre-droit triomphera. Le Fine Gael et le Fianna Fáil se partageront largement plus de la moitié des votes, 53 % d’après notre sondage du 21 février. Plus étonnant encore, c’est précisément le même pourcentage que celui réalisé au total par les deux formations aux élections européennes de juin 2009.

Toute cette colère n'aura abouti à rien de bien sérieux

Tout ce qui s’est passé depuis — les révélations sur l’étendue cataclysmique de la crise bancaire, la perte de souveraineté économique dans le cadre de l’accord avec l’UE et le FMI — n’a guère provoqué autre chose qu’un glissement dans les loyautés envers les deux parties du centre-droit qui dominent la politique irlandaise depuis la fondation de l’Etat. Si cela s’explique par le fait que les électeurs souhaitent se venger du Fianna Fáil, il n’y pas de quoi inquiéter les sismologues. Ce résultat sera accueilli avec soulagement par la Banque Centrale Européenne (BCE) et les faucons de la fiscalité dans l’UE.
Cela veut dire que toute cette colère, tout ce dégoût, toutes ces imprécations et ces manifestations de rage n’auront abouti à rien de bien sérieux. Sur le plan interne, bien sûr, le pire résultat jamais enregistré par le Fianna Fáil aura des conséquences importantes. Mais extérieurement, là où réside aujourd’hui vraiment le pouvoir, d’aucuns pourront se dire qu’il ne s’est pas passé grand-chose.
Les Irlandais disposeront d’un nouveau gouvernement, sans aucun doute plus compétent et énergique que celui, épuisé et démoralisé, qui s’est couché sur le flanc quand le FMI et la BCE ont débarqué dans les parages. Les nouveaux auront droit en récompense à de vagues promesses d’ajustement des taux d’intérêt, ce qui leur permettra de crier victoire. Et ils continueront à nationaliser la dette privée tout en tentant de faire passer les déficits publics en dessous des 3 % du PIB d’ici 2014.

Un vote pour un plan d'austérité de 15 milliards d'euros

Du point de vue de la BCE, les Irlandais se retrouveront encore plus impliqués qu’il ne le sont déjà. L’Europe a toujours redouté que le Fianna Fáil et les verts ne puissent compter sur l’appui du public pour le plan quadriennal qu’ils avaient signé. Après tout, ces deux partis n’avaient engrangé qu’un quart des voix au total en 2009. Mais cette fois, l’appui du public devrait être garanti. Peut-être au prix de quelques concessions mais, après vendredi, l’affaire sera pour l’essentiel dans le sac.
Trouve-t-on une autre démocratie où 55 % de l’électorat seraient prêts à voter pour un programme d’austérité de 15 milliards d’euros associé à un transfert de fonds des citoyens vers les banques d’un montant de 100 milliards d’euros ? Et soyons clair, ce vote est volontaire. En dépit des défauts de la démocratie irlandaise, et du mécontentement qu’inspirent les autres solutions aux gens, rien n’empêche ces derniers de se servir de leur vote pour faire passer un message très différent. La plupart des électeurs choisiront délibérément de n’en rien faire.
C’est leur droit, mais c’est dur pour ceux qui n’ont pas de choix du tout, en particulier ceux qui ne sont pas pris en compte dans ces élections, les enfants. J’ai déjà écrit sur la capacité irlandaise aux "connues inconnues", ces choses dont nous savons qu’elles existent mais que nous préférons ignorer. Une de ces grandes connues inconnues est que les enfants paieront un prix disproportionné parce que nous aurons collectivement accepté la politique actuelle.

Des gens timides, prêts à accepter ce qui nous est arrivé

Les enfants des familles les plus démunies sont ceux qui dépendent le plus de la fonction publique. Ils seront touchés de plein fouet par la hausse inévitable de la misère et les réductions pratiquées dans ces services, et le coût humain et économique à long terme sera énorme. Or, ce coût est tacitement inclus dans l’accord. Il n’est même pas question d’en débattre sous une forme ou sous une autre. Le programme du Fianna Fáil ne dit rien de la pauvreté ou des enfants. Le Fine Gael consacre 860 mots à la question brûlante de la politique de défense, et 360 aux enfants, tous fort corrects, mais surtout flous.
Les travaillistes ont de bonnes intentions pour ce qui est de lutter contre la pauvreté, mais leur idée la plus précise pour échapper au cycle de la misère des enfants consiste à mettre en place une stratégie locale dans "au moins dix des communautés les plus défavorisées d’Irlande, pour un montant de près de 15 millions d’euros"— c’est gentil, ça, ça fait chaud au cœur, mais c’est surtout bien modeste.
Les trois plus grandes formations ont manifestement décidé que quoi que nous puissions déclarer dans les talk-shows radiophoniques, en réalité, nous sommes des gens timides, prêts à accepter ce qui nous est arrivé, et que nous avons peur de tout changement d’importance dans le fonctionnement de notre société. Et apparemment, elles avaient raison.


Vu de Londres

Même l'UE doute que l'austérité soit la seule solution

Alors que le Royaume-Uni entame ses premières coupes budgétaires massives, les analystes anglais étudient avec attention le cas irlandais. "Il y a un degré d’incrédulité cachée parmi les ministres européens des Finances quant à la capacité de l’Irlande à mener le plan d’austérité auquel elle a été astreinte", écrit Will Hutton dans The Observer.- "et ils se demandent s’il est juste que l’Union européenne insiste pour que le plan draconien reste inchangé". Tandis que l’Irlande s’est engagée à rapporter son déficit budgéraire à 3% du PIB d’ici 2014 "une expérience sur une échelle qu’aucune économie n’a subi depuis les années 30" -  nombreux doutent que l’Irlande puisse retrouver la croissance avant plusieurs années. "Au forum économique de Davos cette année", écrit Hutton, "je suis tombé sur un éminent ministre des Finances de l’UE qui pensait que le rythme de réduction du déficit devrait simplement être ralenti, et que l’UE devrait montrer au prochain gouvernement irlandais qu’elle est prête à alléger leurs souffrances". Après tout "la crédibilité de l’euro ne dépend par d'un Etat membre souffrant des décennies de stagnation, mais de son aptitude à offrir un havre –avec certes de la discipline- de croissance et de stabilité".

Le faux né de Polnareff

Porté sur les fonts baptismaux du buzz, le nouveau-né fut accueilli en fanfare. Jouez hautbois, résonnez gazettes ! Que nul n’ignore la douce romance. Michel Polnareff, début janvier, exposait l’heureux événement dans ses moindres détails. Il présente au monde sa compagne, Danyellah, qui a la moitié de son âge et lui donne un fils prénommé Volodia. “Ça va bien avec son nom de famille” explique le chanteur. Et de prévoir, “les gènes aidant”, que le petit sera doué pour la musique. Et de raconter, sans rire, comment il participa lui-même à l’accouchement en sa villa de Palm Springs.

Aussi partage-t-on la tristesse du présumé papa qui vient d’apprendre que, finalement, le bébé n’est pas de lui. Un test ADN confirme “l’escroquerie, la trahison”. La mère, aussitôt répudiée avec l’enfant, aurait fait appel à un don de sperme… Tragédie moderne, les voies de l’adultère deviennent impénétrables.

À l’épreuve de l’éprouvette, Polnareff accuse le coup : “Je vis seul à l’hôtel, maintenant.” Ce qui ne l’empêche pas de parader dans le dernier numéro de “Gala”, au fil d’une interview richement illustrée. Il y étale, avec rare complaisance, les tourments du drame intime qui l’accable. Blessé, mais démonstratif. Les grandes douleurs ne sont pas toujours muettes, surtout en période de “promo”.

Quant à Volodia… On se dit que les fées du show-biz, refusant de se pencher sur son berceau, lui ont rendu un fier service.

Une petite puissance régionale

En appelant à des sanctions économiques contre la Libye, le président de la République a voulu faire un geste pour condamner l’intolérable. L’arme de rétorsion est classique. On pourrait presque dire trop classique tant la répression qu’elle prétend sanctionner dépasse largement le répréhensible pour baigner dans le crime et patauger dans le sang. On pourrait dire presque trop déplacée, pourtant, trois ans après que Paris eut déroulé le tapis rouge à Mouammar Kadhafi en espérant recevoir en retour de cet honneur baroque - et de la promesse d’une coopération sur le nucléaire civil ! - quelques milliards de contrats qui ne vinrent jamais. Guère effrayante pour le «Guide» paranoïaque de Tripoli, la punition française n’est même pas parvenue à faire l’unanimité dans l’Europe des 27.

Toutes les limites d’une politique étrangère apparaissent tout à coup, en relief, sur la carte des rapports de forces à la lumière de la troisième révolution du monde arabe méditerranéen en seulement deux mois. La France savait, depuis que Valéry Giscard d’Estaing le lui avait avoué, qu’elle était une puissance moyenne, mais elle continuait d’occuper une place unique sur l’échiquier planétaire. Elle comprend aujourd’hui qu’elle n’est plus qu’une petite puissance, plus reconnue pour le rayonnement de sa culture, de son art de vivre et de son mode de vie, que pour son influence sur les évolutions planétaires du XXI e siècle. Un douloureux constat qu’un groupe de diplomates, de droite et de gauche, a attribué sans prendre de gants - dans une tribune publiée dans Le Monde - aux stratégies velléitaires et aux coups par coups sans vision de l’Élysée autant qu’à l’amateurisme et aux objectifs de politique intérieure (suprême injure…) de ceux qui les conçoivent auprès du chef de l’État. Alain Juppé et Hubert Védrine n’avaient-ils pas déjà mis en garde, en juillet 2010, contre la casse du bel outil que représente le quai d’Orsay ?

Le jugement du «groupe de Marly» est encore plus sévère. Si l’affaiblissement de la voix de la France est mis au jour par son apathie devant l’effondrement des régimes dictatoriaux de Tunisie et d’Égypte, il n’est cependant pas exclusivement imputable à Nicolas Sarkozy. Il faut remonter à 1991 et aux hésitations de François Mitterrand devant l’effondrement du monde bipolaire né la seconde guerre mondiale pour en trouver les origines. Depuis vingt ans, la diplomatie française avait encore su montrer sa différence dans des moments clé comme en 2003 avec le refus de s’engager dans la guerre en Irak. Mais la dilution volontaire de sa politique arabe, depuis 2007, sa réintégration dans le commandement de l’Otan, symbole d’un alignement sur les États-Unis, et son désintérêt pour l’Afrique ont accéléré son effacement de fait. Toute l’œuvre gaullienne est à terre.

Trop-plein


On croyait avoir tout vu, depuis la déclaration de candidature lue dans sa cuisine au fond d’une casserole par Hervé Morin. Eh bien non : nous avons appris hier que songe également à candidater l’illustre Gilles Bourdeleix — président, pour ceux qui l’ignorent encore, du Centre des indépendants et paysans. Un effet collatéral, sans doute, du Salon de l’Agriculture… L’air de la campagne a d’ailleurs enivré hier un autre visiteur du Salon, Dominique de Villepin : sans annoncer sa candidature, il a claqué la porte de l’UMP afin de monter sa propre écurie… Le général de Gaulle prédisait après lui le trop-plein, notre Président le voit se constituer avant même son départ. Il est sans doute trop orgueilleux pour s’en inquiéter.


Et puis il connaît bien la dure loi du pouvoir, qui est d’assister de son vivant au bal des fossoyeurs — ne le fut-il pas pour d’autres, fossoyeur ?

Pouvoir d'achat et
« ni-ni » salarial



Le sondage que nous publions a de quoi frapper les esprits. Pus de la moitié des Français (56 %) sont persuadés que leur pouvoir d'achat va baisser dans les trois prochains mois. C'est 14 points de plus que le mois précédent et 17 de plus qu'en novembre ! Ouvriers, cadres, retraités, tout le monde est inquiet. Autre point notable : ce score contredit le schéma habituel selon lequel nous sommes collectivement pessimistes (sur la situation économique et sociale) mais individuellement optimistes (sur notre situation personnelle).


Autant le dire : cette crainte est justifiée. Si les cours du pétrole se maintiennent au niveau actuel, les soldes d'hiver et les économies sur l'achat d'écrans plats ne suffiront pas longtemps à amortir l'indice général des prix. De ce point de vue, le thermomètre de janvier est un trompe-l'oeil puisqu'il est déjà acquis que le super sans plomb va battre son record de 2008 dans les tout prochains jours. Pour ne pas être en reste, les tarifs du gaz vont être relevés. L'opinion n'a pas tort enfin de juger possibles des hausses d'impôt à court ou moyen terme.


Jean-Claude Trichet a-t-il dès lors eu raison d'avoir lancé une mise en garde solennelle ? Augmenter les salaires « serait la dernière bêtise à faire » pour récupérer ce pouvoir d'achat qui s'enfuit, a averti dimanche le président de la Banque centrale européenne. Sur le terrain purement macroéconomique, il n'y a rien à dire. La consommation est restée solide en France et des interrogations pèsent sur la compétitivité des entreprises tricolores, en tout cas en moyenne. Le taux de marge des PME reste faible et le chômage est élevé. Bref, ajouter l'inflation des salaires à celle de l'énergie serait le « dernier » des leviers de politiques économiques susceptibles de guérir le malade !


Le patron de la BCE aurait pourtant tort de répéter trop souvent tout haut ce qu'il est en droit de penser tout bas. La première raison est, tout simplement, que la mise en garde paraît inutile. En France, la politique salariale n'est pas aussi centralisée qu'elle l'est, par exemple, en Allemagne. Ce ne sont ni de vastes accords sociaux, ni encore moins l'Etat -depuis le tournant des années 1980 -, qui décident. Aucune esquisse de spirale prix salaire ne menace en réalité.


Mais la vraie raison est que cet avertissement est trop abrupt voire inopportun. Car après des années de modération et d'individualisation, la question salariale se pose bel et bien. Si on n'y prend pas garde, les excellents (et heureux) résultats des grands groupes, le retour de faramineux bonus dans les banques et le juridisme dans lequel semble se noyer le G20 vont creuser rapidement le fossé entre l'opinion et des élites qui donnent l'impression que la crise est finie.


Sur les hausses des rémunérations, il n'y a ni oui a priori à décréter ni non a priori à opposer. Certaines entreprises peuvent y penser, certaines le doivent, d'autres pas. C'est aussi simple que cela.

Sous-traitance :
après l'électrochoc



Le médiateur des relations interentreprises industrielles et de la sous-traitance, Jean-Claude Volot, ne mâche pas ses mots - « omerta », « non-droit » -pour dénoncer les pratiques abusives des grands groupes vis-à-vis des PME qui sont leurs fournisseurs. La virulence de l'attaque est une surprise, le constat qui la sous-tend, beaucoup moins. De fait, dans la sous-traitance, la coopération est souvent réduite au rapport de force. Même la Compagnie des acheteurs de France ne nie pas l'existence de dérives destructrices. Exceptions ou pas ? C'est sans doute l'une des clefs de la polémique à venir. On attend, en effet, la réponse des grands groupes accusés de « piller les PMI ». Avec le fragile espoir que ceux-ci, ainsi que le médiateur après ce coup d'éclat, et les représentants des PMI, auront désormais la volonté de sortir du manichéisme. Ce qui rend ce dossier si sensible est que l'on en revient sans cesse à un dialogue de sourds. D'un côté, des PME plaidant leur cause en présentant les grands groupes comme des monstres froids mus par le seul instinct du prédateur engagé dans sa chasse aux coûts. De l'autre, des grands groupes reprochant aux PME un raisonnement à courte vue, trop microéconomique pour s'accorder à leur propre vision mondialisée. Au-delà des noms d'oiseaux et cris d'orfraie, la priorité du médiateur de la sous-traitance était d'ouvrir un espace de dialogue. Souhaitons que cette « sortie » ne soit qu'un moyen peu orthodoxe de pousser chacun à aller de l'avant. Côté donneurs d'ordre, cela signifierait, selon les mots de Jean-Claude Volot en décembre dernier, « amener les leaders de filières à prendre conscience de leur responsabilité vis-à-vis du secteur », autrement dit à « consolider leurs sous-traitants de rang 1, qui eux-mêmes consolident ceux de rang 2, qui consolident le rang 3, etc. ». Côté PME, il s'agirait, au-delà de la défense des intérêts, d'affronter des questions d'ordre structurel : la taille de certaines entreprises, l'opportunité pour elles de se rapprocher, leur positionnement, leur développement à l'international. S'il provoque des avancées sur ces deux fronts, l'électrochoc provoqué par Jean-Claude Volot s'avérera peut-être finalement d'utilité publique.

Le court-termisme n'est pas l'ennemi

On s'étonne et on est surpris, voire scandalisé, du « court-termisme » des investisseurs à l'aune de la durée moyenne pendant laquelle ils détiennent les mêmes titres. Sur tous les marchés financiers développés, celle-ci s'est réduite en vingt ans de plus d'une année à quelques mois. Faut-il s'en alarmer ?Non, car cette évolution n'est que la conséquence de l'irruption des technologies sophistiquées dans les systèmes de négociation des actions.

Pendant cette période, on est passé d'un marché de titres avec localisation géographique précise et concentration de moyens humains importants pour assurer la cotation, qui faisait ressembler le marché à un monopole naturel sur une zone géographique donnée, à un fonctionnement en réseau à distance. Les évolutions technologiques ont entraîné une diminution des coûts opérationnels des systèmes de transaction avec des conséquences tant au niveau des investisseurs que des opérateurs. Pour les investisseurs, une diminution considérable des frais de transaction (passés en vingt ans de plus de 2 % à 0,1 %, soit une baisse de plus de 90 %) entraînant l'apparition de nouveaux modes de gestion ; pour les opérateurs, une hausse toute aussi considérable des volumes de transactions, multipliés par près de 500 en trente ans, améliorant ainsi la liquidité des marchés.

Ces deux phénomènes de diminution des frais de transaction, d'une part, et d'augmentation des capitaux échangés, qui ne sont pas indépendants, ont eu au moins deux conséquences sur les métiers financiers du secteur boursier des actions : d'un point de vue d'organisation industrielle du secteur des échanges d'actions, une forte diminution des barrières à l'entrée et, par voie de conséquence, l'apparition de nouveaux acteurs (les plates-formes de transaction telles que Chi-X, BATS, créées à l'initiative des banques, et celles-ci développant par ailleurs les « crossing networks », voire les « dark pools » par opposition aux « clearpools » des marchés organisés « traditionnels ») avec pour conséquence une concurrence accrue, facteur supplémentaire de baisse des coûts de transaction ; d'autre part, l'apparition de nouvelles méthodes de gestion, dont on peut dater la naissance avec le « program trading » et la crise boursière du 19 octobre 1987. Le « program trading » a changé de nom, il est devenu « algorithmic trading », mais le modus operandi est pratiquement le même. Il ne s'agit rien de moins que de modèles financiers et statistiques qui, analysant et traitant des données de valorisation de sociétés, déclenchent, par un ensemble d'algorithmes informatiques préprogrammés, des instructions de passage d'ordres de Bourse avec pour objectif de profiter d'inefficiences ou de déséquilibres très passagers entre titres, voire classes d'actifs, segments de marché ou marchés géographiques différents. Par essence, ces inefficiences sont à la fois très faibles et très passagères. La nature même de ces inefficiences et la faiblesse des coûts de transaction ci-dessus évoqués ont permis l'apparition de nouveaux modes de gestion et l'émergence de nouveaux types d'investisseurs ayant pour seul objectif de tirer parti d'inefficiences passagères qu'ils croient déceler.

Ces transactions d'un nouveau type ont entraîné une augmentation des volumes de titres échangés et, en corollaire, la diminution de la durée de détention moyenne des titres. En effet, l'apparition de cette catégorie d'investisseurs dont l'horizon de placement est inférieur à la journée, et dont la part dans les capitaux échangés est de 30 % à 50 % selon les marchés géographiques d'actions, n'a pu que faire baisser, par pure arithmétique, la durée de détention moyenne des titres de l'ensemble des opérateurs. Ce phénomène est en partie à l'origine de l'accusation de court-termisme formulée à l'encontre de ceux-ci.

Dès lors, la tentation est grande de vouloir interdire ce mode de gestion, surtout depuis le « flash krach » intervenu en Bourse de New York (près de -10 % en quelques minutes) le 6 mai 2010. Mais au nom de quoi interdire aux opérateurs l'achat de 5.000 titres d'une société à 10 heures qu'ils revendraient à 10 h 15 ? La mise en place de coupe-circuits au niveau des titres individuels suffira à éviter le risque systémique qu'ils pourraient engendrer. Mais c'est sur d'autres leviers qu'il faudrait agir pour favoriser l'investissement à long terme, notamment par une fiscalité moins contradictoire entre produits financiers et des règles prudentielles plus adaptées à l'investissement en actions pour les banques (Bâle III) et pour les compagnies d'assurances et mutuelles (Solvency II).

La Libye survivra

La Libye survivra-t-elle ? C'est une question qu'on se pose sur ce pays déstabilisé, trois fois grand comme la France. Elle a un sens si l'on rappelle que, de tout temps, son territoire et ses pouvoirs ont été partagés entre des tribus semi-nomades. Même sous Kadhafi, qui avait eu l'habileté de les naturaliser en multiples comités (« populaires », « de base » ou « révolutionnaires ») censés concourir à la grande Jamahiriya ou « pouvoir des masses ». La question se pose aussi de la cohabitation entre les populations de la Tripolitaine de l'Ouest, à majorité maghrébine, et celles de la Cyrénaïque à l'est, pénétrée d'Egyptiens. Elle est pertinente enfin, vu le désert politique résultant du long laminage subi depuis 1969 et la « Révolution ».

Deux puissants facteurs inclinent cependant à penser que la Libye survivra : l'histoire et le pétrole. L'histoire : après des siècles d'indétermination, le pays échoit au XVI e à l'Empire ottoman de Soliman le Magnifique. Mais dès le XVIII e, un certain al-Karamanli arrache à la Sublime Porte un accord érigeant les trois provinces (Tripolitaine, Cyrénaïque, Fezzan) en un principat héréditaire doté d'une réelle autonomie. Il fonctionne si bien que la Turquie juge prudent d'en reprendre l'administration directe en 1835... sous la pression des Occidentaux. Après la dissolution de l'Empire ottoman et les deux guerres, les résistants d'Idriss accèdent au pouvoir monarchique, que l'ONU consacre en 1950. Ce fut, là encore, contre l'avis du Royaume-Uni, de l'Italie et de la France, qui auraient bien aimé se partager le pays... En quoi l'Europe a par deux fois cherché à éviter que la Libye n'existe.

Là dessus, le pétrole commence à couler en 1965. Les compagnies s'y installent, et Kadhafi quatre ans plus tard. Restent la Libye et le pétrole. On peut prévoir que les Libyens vont retrouver dans leur histoire l'envie de survivre. Et l'occident, dans le pétrole, des raisons cette fois de ne pas s'y opposer.

La sauvegarde de l'euro entre dans une phase décisive

Au chevet de l'euro, l'armée européenne est encore dispersée. Régulièrement réunis à Bruxelles depuis un an, les chefs d'Etat et les ministres des Finances mènent un long bras de fer contre les marchés financiers. Depuis la crise grecque du printemps 2010, pas un sommet européen n'a été consacré à un autre sujet. Lors de sa nomination, en janvier 2010, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, avait imaginé faire des sommets thématiques pour resserrer peu à peu les liens des chefs d'Etat sur les différents volets de la politique commune. La crise de la dette, qui frappe l'eurozone depuis un an, a balayé cet agenda. Initialement consacré à l'énergie et l'innovation, le dernier sommet du 4 février a finalement été dominé par une longue conversation sur le « pacte de compétitivité » que souhaitent mettre en place l'Allemagne et la France. Comme le résume Herman Van Rompuy, « une monnaie commune signifie qu'il faut faire plus ensemble » et c'est de ce « plus » dont il est à présent question. Si les gouvernements parviennent à le définir d'ici à la fin mars, comme ils le promettent, alors auront-ils une chance de tourner la page de la bataille pour l'euro ?

Les semaines à venir sont décisives. Première tâche pour Herman Van Rompuy : convaincre les Etats qui pensent que ce qui a déjà été décidé est suffisant. Dans la foulée de la tempête grecque, au printemps dernier, les Européens ont jeté un canot de sauvetage à la mer avec la création du fonds de stabilité financière et réfléchi à la manière de renforcer la discipline entre eux afin d'éviter de nouvelles surprises « à la grecque ». En octobre, la « task force » menée par Herman Van Rompuy a abouti ainsi aux propositions législatives de la Commission européenne pour rendre plus efficace la surveillance des économies et des finances des pays de la zone euro. Au-delà du déficit budgétaire, l'accent doit être mis sur l'endettement et de nouveaux indicateurs macroéconomiques. Pour beaucoup de pays membres, l'histoire aurait dû se terminer là.


Sauf qu'à peine cet accord obtenu, la crise irlandaise est arrivée, relançant la méfiance des investisseurs sur la capacité de remboursement des Etats les plus fragiles. En novembre, les pays de la zone euro lancent un plan de sauvetage de 85 milliards d'euros, qui permet de vérifier que le fonds de secours fonctionne bien, mais qui, paradoxalement, en révèle aussi les fragilités. Pour obtenir les meilleurs taux avec une note AAA, la capacité financière du fonds s'avère plus faible que promise d'environ 250 milliards au lieu de 440 milliards. En outre, l'usage du fonds, en dernier ressort, revient cher au pays aidé -l'Irlande emprunte à plus de 6 % -, alors qu'une action préventive aurait peut-être été aussi efficace et moins coûteuse.

De la crise irlandaise au dernier conseil de février, la conclusion s'impose donc peu à peu : le fonds doit être renforcé et sa mission élargie. Autrement dit, la solidarité pour défendre l'euro coûtera davantage que prévu. Une prise de conscience difficile, qui explique les déclarations encore contradictoires des ministres des Finances réunis les 14 et 15 février à Bruxelles.

D'un fonds anti-crise provisoire, défini pour trois ans, il faut passer à un dispositif non seulement permanent mais aussi plus ambitieux. A l'heure de l'austérité, l'enjeu est de taille, puisqu'il s'agit pour les 17 Etats membres de la zone euro de graver dans le marbre un outil de solidarité de quelque 500 milliards d'euros, soit l'équivalent de 3,5 années de budget européen payé par 27 Etats membres. On comprend dès lors pourquoi l'Allemagne mais aussi la France, les deux principales économies de la zone, réclament pour leur soutien un nouveau prix : le « pacte de compétitivité ». « More money, more governance », résume un acteur du jeu.

C'est au président du Conseil, Herman Van Rompuy, qu'il revient à présent de trouver un consensus au sein des Etats membres sur ce nouvel effort de gouvernance. Face à l'échiquier des 27 Etats membres, aucune fausse manoeuvre ne lui sera permise. Il lui faut contourner quatre écueils : ménager les sensibilités de droite et de gauche, rassurer les petits pays face au « diktat franco-allemand », ainsi que les pays non membres de la zone euro qui s'inquiètent de ce que les 17 de l'eurozone recréent une Europe à deux vitesses, et enfin calmer les inquiétudes de la Commission européenne et du Parlement européen, toujours prompts à dénoncer des accords inter-gouvernementaux, autrement dit des arrangements entre Etats, non soumis au corpus législatif européen.

Car ce que réclament Berlin et Paris à travers leur « pacte de compétitivité » bouleverse la méthode communautaire, qui coordonne les politiques en fixant des objectifs à respecter, sans pour autant dicter aux Etats la manière d'y parvenir. Cette fois, les deux grands pays de la zone euro demandent non plus seulement de définir des objectifs communs, avec des trajectoires bien établies pour la réduction des déficits budgétaires et de l'endettement public accompagnées de punitions pour les mauvais élèves, mais aussi des mesures structurelles. D'où les protestations de gouvernements soucieux de leur souveraineté nationale. En outre, les deux Etats réclament des gages dans des domaines qui ne relèvent pas du champ de compétences direct de la Commission européenne : politique salariale, fiscale, régimes de retraite, législation nationale sur un endettement maximal... Le but ? S'attaquer à la racine de ce qui a creusé les écarts de compétitivité entre les différents pays membres de l'euro au cours des dix dernières années : l'indexation des salaires, le poids croissant des régimes de retraite, des fiscalités divergentes. La bataille de l'euro entre dans une phase décisive : y aura-t-il ou non la volonté politique de s'aligner sur le meilleur élève actuel de la croissance, l'Allemagne ? Sous l'oeil attentif et menaçant des marchés financiers, le choix est contraint.

La quadrature du cercle nucléaire

C'est bien connu, le combustible nucléaire est une matière fissile à manipuler avec la plus extrême précaution. C'est donc avec la prudence du chimiste que l'Elysée a tenté de rapprocher deux atomes fortement répulsifs, EDF d'un côté, Areva de l'autre. L'assemblage obtenu est forcément baroque et instable. Mais, pour la première fois, il n'a pas explosé immédiatement. Tout le monde semble content, c'est un bon début. EDF se voit conforté comme chef de file de la filière française et Areva obtient la mise à l'étude du réacteur Atmea de moyenne capacité qu'il réclamait depuis des années.

Cela fait une décennie que la stratégie de ces deux acteurs diverge singulièrement. En cause, la montée en puissance d'Areva, du statut de simple sous-traitant vers celui de fournisseur de solution quasiment clefs en main. EDF, qui a tenu ce rôle durant les « Vingt Glorieuses » du nucléaire en France, n'entend pas le céder. D'autant que son statut de plus grand exploitant nucléaire du monde est aujourd'hui très recherché à l'étranger.

La rivalité entre constructeurs et exploitants nationaux ne date pas d'hier. On la retrouve dans le TGV entre la SNCF et Alstom ou dans l'aérien entre Air France et Airbus. Progressivement, chacun trouve sa place. Dans le nucléaire, ce n'est pas encore le cas. EDF et Areva partagent pourtant le même actionnaire, l'Etat, mais cela ne facilite pas les choses.

Ce n'est pas qu'il se désintéresse du sujet, mais plutôt qu'il s'y intéresse trop. A l'Elysée, à Matignon, à Bercy, chacun a son avis et les divergences personnelles et stratégiques entre les femmes, les hommes et les entreprises traversent également tout l'appareil d'Etat. Les décisions sont reportées, ce qui attise encore la guerre des clans. Du coup, on assiste à des scènes de ménage burlesques et à des comportements pour le moins déviants. Quand EDF en vient à faire la promotion d'un réacteur chinois concurrent de celui de son partenaire français, on s'interroge sur la pertinence du concept d'« équipe de France du nucléaire ».

Lundi, tout en laissant encore bien des zones floues dans la nouvelle répartition des rôles, l'Elysée a tenté de fermer cette parenthèse diabolique. Le CEA veillera à contenir le réacteur chinois en Chine et Areva devra ouvrir ses très chères mines à ses partenaires. Reste, comme en diplomatie, à s'assurer que tout le monde a bien lu le même texte et en tire les mêmes conclusions.

Pays arabes : la lecture économique

Un peu plus de deux mois après le début des mouvements populaires dans les pays arabes, il est de plus en plus délicat de faire une lecture économique de ce qui passe. Et cela montre que l’économie peut fournir des clés des événements, mais que la serrure et le moment où elles vont être utilisées sont d’abord politiques.
Quand le pouvoir tunisien est tombé, on y a vu la révolte de classes moyennes au niveau éducatif élevé et branchées sur le monde grâce à Internet. Quand le régime égyptien a disparu, c’est la pauvreté et les prix alimentaires qui ont été évoqués.
Maintenant, la Libye ou les protestations à Bahreïn changent évidemment l’analyse. Car ce sont des pays dotés d’énormes richesses naturelles, où les PIB par tête sont élevés. Et dans le cas de la Libye, impossible de connaître le rôle des technologies de l’information mis en avant partout : aucune statistique n’est disponible. Emmanuel Todd avait livré deux clés pour les révolutions à venir : une montée du niveau d’éducation et une baisse de la fécondité des femmes. Comptent tout autant la corruption, une jeunesse qui n’en peut plus d’attendre et la perte de légitimité de pouvoirs usés jusqu’à la corde.

Ces mouvements sont-ils quand même le produit de la mondialisation ? Une mondialisation souvent décriée pour ses conséquences économiques et qui aurait là une sorte de rédemption ? Peut-être, d’une certaine façon.
La mondialisation est synonyme, en positif, d’accélération, de croissance, et, en négatif, de crises plus rapprochées et violentes. Mais elle est aussi synonyme de basculement des rapports de force, et de transparence, de comparaisons. Les inégalités entre les pays ne peuvent plus être cachées. C’est la différence entre savoir et savoir que tout le monde sait. Auparavant, chaque Egyptien, Tunisien et Libyen connaissait les dysfonctionnements de son pays, mais il ne savait pas que, chez lui et sur toute la planète, tout le monde les connaissait : il était du coup risqué pour lui de réagir. Avec les informations d’aujourd’hui (satellites, portables, Internet), tout monde sait que tout le monde sait. Le roi, le dictateur, le régime, ses travers et ses insuffisances sont nus. C’est ce qu’on appelle le "common knowledge" (en bon français).

On peut dire aussi que le développement de l’économie, de l’envie de sortir de la pauvreté, introduit un nouvel acteur dans la relation entre d’un côté, le pouvoir, et, de l’autre, le Parti ou l’armée, si présents dans beaucoup de pays. L’étincelle est politique, mais l’économie est bien présente ! Au total, la mondialisation crée un environnement positif pour les libertés, mais ne les garantit pas non plus – comme en Chine, par exemple.
A l’inverse, les changements de régime ne garantissent pas non plus une amélioration spectaculaire de l’économie. C’est l’intégration des pays de l’Est en Europe, leur ouverture et l’afflux d’investissements qui les ont fait décoller. Les pays du Maghreb et du Moyen-Orient sont des pays qui vivent de "rentes", gazière, pétrolière, touristique. Et la rente n’est jamais propice au décollage. Il faut changer tout le modèle économique. Mais on n’en est pas encore là !