TOUT EST DIT

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lundi 21 février 2011

Les espoirs et inquiétudes des Coptes dans l'Egypte d'après-Moubarak

Qena, Nagaa Hamadi (Haute-Egypte), Envoyée spéciale - La Haute-Egypte s'est ralliée tardivement aux grands mouvements de contestation qui ont embrasé les rues égyptiennes du 25 janvier au 11 février, jour de la chute du président Hosni Moubarak. Dans cette région, où les hommes sont réputés armés, des habitants ont expliqué qu'il était préférable de rester chez eux plutôt que de sortir avec leurs fusils. Tandis que dans le nord du pays, des centaines de milliers de manifestants se confrontaient, mains nues, aux balles tirées par la police et aux gaz lacrymogène, le vendredi 28 janvier baptisé "jour de la colère", des petits cortèges se sont formés dans les villes du sud égyptien avant de se disperser dans le calme.



"Si la population de Haute-Egypte à tarder à régir, c'est parce que cette région est contrôlée de très près par le régime depuis les années 1980 et 1990, époque où elle abritait des groupes islamistes violents. Hormis Louxor, où des manifestations violentes ont éclaté, les villes et villages alentour ont été paralysés par la peur de la répression", estime Safwat Samaan, activiste copte à Louxor.
De même que les forces de l'ordre se sont volatilisées dans la capitale et les villes du nord, elles ont quitté leurs postes dans le sud pour se recentrer autour des casernes, créant un vide sécuritaire inquiétant dans cette région où les violents incidents entre musulmans et Coptes se sont multipliés depuis 2010. "Mais il n'y a au aucun incident à déplorer entre chrétiens et musulmans, se rassure Kamel Nashed, père d'un adolescent copte assassiné en 2010 à Nagaa HamadiLes habitants se sont organisés en formant des comités populaires chargés de surveiller les allers et venues dans les quartiers. Cela prouve bien que nos ennemis ne sont pas les musulmans, mais les policiers qui, sous couvert de patrouiller devant nos églises, n'étaient là que pour empêcher la construction et la restauration de nos églises."
LA VENDETTA, PRATIQUE COURANTE
C'est dans ce climat particulier, qu'a été rendu dimanche 20 février, à Qena (chef-lieu du gouvernorat), le verdict contre les responsables d'une fusillade qui avait tué six Coptes et un policier le 6 janvier 2010, dans la ville voisine de Nagaa Hamadi. Le tireur, Mohammad Ahmad Hussein dit "Kamouni", 45 ans, avait été condamné à la peine de mort par pendaison un mois plus tôt. Dimanche, ses deux acolytes ont été acquittés. En décrétant la peine capitale pour le tireur et en innocentant ses complices, la justice égyptienne a cherché à éviter un embrasement communautaire, estiment des observateurs égyptiens. La Haute-Egypte est une région rude où le "târ", la vendetta, reste une pratique courante.
"Le crime a eu lieu la veille du Noël orthodoxe, dit Ahmed Hegazi, policier et enquêteur dans cette affaire. A bord d'un véhicule, Kamouni a dirigé sa mitraillette sur les fidèles qui sortaient de l'église Mar Yohanna, tuant trois jeunes garçons. Puis deux autres, un peu plus loin." La voiture avait alors poursuivi sa route en direction du monastère Anba Bedaba, à l'entrée de la ville, de l'autre côté du Nil, forçant l'arrêt d'un taxi qui s'engageait sur le chemin bordé de cannes à sucre. Ses occupants avaient été débarqués, les musulmans mis de côté ; l'autre passager, copte, et un policier, abattus.
"Les deux complices de Kamouni ont aidé ce dernier à distinguer les coptes des musulmans", assure Ihab Ramzy, avocat auprès des victimes. "Ils auraient dû être pendus comme le tireur, estime-il, dénonçant un "verdict piétinant les droits des coptes". "D'autant, ajoute-t-il, que les accusés n'étaient pas présents à l'audience. La rumeur veut qu'ils aient réussi à s'échapper de prison dans la pagaille qui a suivi les premières manifestations."
"JE N'AI PLUS PEUR DES MUSULMANS"
Du côté des familles de victimes, Kamel Nashed continue à pleurer la mort d'Abanob, son fils. Son petit appartement a été transformé en mausolée. Sur les murs, sur la porte d'entrée, sur la portes des voisins, coptes eux aussi, des posters colorés montrent Abanob coiffé d'une couronne et d'ailes blanches : Abanob au milieu des Saints et des anges, Abanob en Saint Michel terrassant le dragon. La chemise de son frère qui avait servi à essuyer le visage d'Abanob a été conservée dans une pochette en plastique, telle une relique. Au milieu des tâches sombres qui maculent le tissu de coton, Kamel Nashed y voit "le visage de la vierge et une grande croix".
Kamel Nashed se dit aussi rasséréné par l'esprit positif de la "Révolution" : "Ces jeunes d'Egypte, affirme-t-il, ont renversé le régime, guidés par la main de Dieu. Je n'ai plus peur des musulmans." Le statut des chrétiens dans l'Egypte d'après Moubarak est source d'inquiétude chez la communauté copte qui forme entre 7 et 10% de la population totale. Beaucoup ont critiqué le Comité mis en place par l'armée pour amender la Constitution qui comprend à la fois des personnalités proches de l'ex-ministre de la justice et un Frère musulman. Une manifestation de quelques centaines de personnes est partie du quartier mixte de Shoubra, au Caire, jusqu'à la tour de la télévision nationale au nom de la "Révolution de la croix et du croissant" et réclamant un Etat laïque.

Cécile Hennion

Le fils du colonel Kadhafi prédit "des rivières de sang"

Seïf el-Islam prévient que l'armée maintiendra l'ordre dans le pays à n'importe quel prix si la contestation se poursuit.

Seïf el-Islam, le fils du numéro un libyen Muammar Kadhafi, a affirmé dimanche soir que le peuple libyen devait choisir soit de construire une "nouvelle Libye" soit de plonger dans la "guerre civile", alors que les affrontements ont gagné la capitale Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi. "La Libye est à un carrefour. Soit nous nous entendons aujourd'hui sur des réformes, soit nous ne pleurerons pas 84 morts, mais des milliers et il y aura des rivières de sang dans toute la Libye", a déclaré Seïf el-Islam lors d'une allocution télévisée.
Au sujet des réformes, il a annoncé que le Congrès général du peuple (parlement) se réunirait bientôt pour décider d'un nouveau code pénal et de nouvelles lois donnant "des perspectives de liberté" pour la presse et la société civile, ainsi que du lancement d'un dialogue sur une Constitution. "Si vous voulez qu'on change le drapeau et l'hymne national, on le fera."
Affrontements
Selon l'organisation de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch, au moins 233 personnes ont été tuées ces derniers jours. La plupart d'entre elles se trouvaient à Benghazi, deuxième ville du pays et berceau de la révolution. La plupart des victimes ont été tuées à Benghazi, deuxième ville du pays à 1 000 kilomètres à l'est de Tripoli, mais, selon des témoins joints par l'AFP, des heurts sanglants ont éclaté samedi à Musratha (est) et Zaouia (ouest). Des tirs nourris ont été entendus dimanche soir dans plusieurs quartiers de Tripoli par le correspondant de l'AFP sur place et des témoins.
Des affrontements entre opposants et sympathisants du numéro un libyen ont notamment eu lieu sur la place Verte de Tripoli, selon des témoins. Aux environs de 4 heures à Paris, on n'entendait plus de coups de feu, selon un journaliste de l'AFP.
"Complot étranger"
Seïf el-Islam qui conduisait le courant réformateur depuis 2007, avant d'annoncer sa retraite politique un an après, a affirmé que la Libye était la cible d'un complot étranger et a reconnu que plusieurs villes du pays, dont Benghazi et Al-Baïda dans l'est du pays, étaient la proie de violents combats et que les émeutiers s'étaient emparés d'armes militaires. "Maintenant, tout le peuple libyen est armé. Je m'adresse à vous et pour la dernière fois avant de recourir aux armes", a-t-il dit, estimant que la Libye n'était "pas la Tunisie ni l'Égypte", en allusion aux révolutions de ces deux pays qui ont conduit à la chute de leurs régimes.
"Notre moral est au plus haut et le leader Muammar Kadhafi, ici à Tripoli, conduit la bataille et nous le soutenons ainsi que nos forces armées (...). Nous ne lâcherons pas la Libye et nous combattrons jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme et jusqu'à la dernière balle."
"En ce moment, des chars se déplacent dans Benghazi conduits par des civils. À Al-Baïda, les gens ont des fusils et de nombreux dépôts de munitions ont été pillés. Nous avons des armes, l'armée a des armes, les forces qui veulent détruire la Libye ont des armes", a-t-il lancé.
Protestation européenne
Les affrontements sont provoqués par des éléments libyens et étrangers visant à détruire l'unité du pays et à instaurer une république islamiste, selon ses déclarations retransmises par la télévision d'État libyenne. Un haut responsable libyen a indiqué, dimanche, qu'un "groupe d'extrémistes islamistes" retenait en otage des membres des forces de l'ordre et des citoyens à Al-Baïda, dans l'est du pays, exigeant la levée du siège autour de lui.
Parallèlement, les autorités ont annoncé avoir arrêté des dizaines de ressortissants arabes appartenant à un "réseau" ayant pour mission de déstabiliser le pays, selon Jana. "L'armée aura maintenant un rôle essentiel pour imposer la sécurité, parce que c'est l'unité et la stabilité de la Libye" qui sont en jeu, a déclaré le fils du dirigeant libyen.
Peu avant, le Premier ministre Al-Baghdadi Al-Mahmoudi a indiqué que la Libye était en "droit de prendre toutes les mesures" pour préserver l'unité du pays, lors d'une réunion avec les ambassadeurs des pays de l'Union européenne à Tripoli, selon l'agence Jana. La Ligue arabe a appelé pour sa part dans un communiqué "à cesser immédiatement tous les actes de violence", tandis que plusieurs pays occidentaux se préparaient à évacuer leurs ressortissants. Selon la présidence hongroise de l'UE, les autorités libyennes ont menacé de cesser leur coopération dans la lutte contre l'immigration si l'Europe continuait à "encourager" les manifestations dans le pays. En dépit de ces menaces, les Européens ont condamné avec fermeté la répression des manifestations. "Nous appelons à la retenue, nous exhortons à mettre fin aux violences et à dialoguer", a déclaré la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.
Les tribus se rebellent
À l'intérieur même du pays, le dirigeant de la tribu Al Zouaya, implantée dans l'est de la Libye, a menacé, dimanche, de couper les exportations de pétrole vers les pays occidentaux dans un délai de 24 heures si les autorités ne mettaient pas fin à "l'oppression des manifestants". "Nous bloquerons les exportations de pétrole vers les pays occidentaux dans les 24 heures" si les violences ne cessent pas, a déclaré à la chaîne Al Jazeera le cheikh Faradj al Zouway.
Akram al Warfalli, un dirigeant de la tribu Al Warfalla, l'une des plus importantes de Libye, a déclaré à la même chaîne : "Nous déclarons au frère (Muammar Kadhafi) qu'il n'est plus un frère, nous lui disons de quitter le pays." Le mouvement de contestation en Libye s'inscrit dans une vague de manifestations sans précédent contre les régimes en place dans le monde arabe.
La mobilisation a eu raison du président tunisien Ben Ali et du chef de l'État égyptien Hosni Moubarak qui ont quitté le pouvoir qu'ils occupaient depuis plusieurs décennies.

On n’a (presque) rien senti

Le plus grand événement de la semaine sur le plan national, annoncé de longue date comme un tournant possible dans la vie politique hexagonale et, à ce titre, commenté avant même de s’être produit, a occupé hier soir l’écran de France 2. On ne l’a pas senti passer. Presque. Au point que la question de l’opportunité de ce rendez-vous, précédé de force coups de clairons, se pose.

La seule interrogation qui taraudait les téléspectateurs — Dominique Strauss-Kahn va-t-il descendre dans l’arène où se livrera la bataille présidentielle de 2012 ? — n’a été abordée qu’après beaucoup de détours. Le directeur général du Fonds monétaire international a préféré mettre l’accent sur ses fonctions actuelles et sur la priorité qu’il leur accorde aujourd’hui : « Je suis au FMI, j’ai une tâche à accomplir et je l’accomplis ». En apparence du moins, il y avait comme un malentendu. Beaucoup espéraient vivre la déclaration de candidature d’un postulant à l’Élysée ; mais c’est un bilan — succinct — de la première réunion du G20 sous présidence française qui a été dressé. Opération neutre, donc ? Pas tout à fait.

Sans avoir l’air de toucher à la politique franco-française, son discours sur sa mission à la tête du Fonds a permis à M. Strauss-Kahn de distiller des éléments forts de son credo : poursuivre la construction de l’Europe « avec une impulsion plus forte » ; exigence de justice sociale ; nécessité de « sortir du discours macroéconomique » pour se pencher davantage sur les inégalités et l’emploi. L’ex-ministre de l’Économie ne s’est pas déclaré, mais ne s’interdit rien.

Parmi les réactions à cette prestation, sérieuse, parfois grave, voire élyséenne, on note celle du président du Nouveau Centre : Hervé Morin juge que DSK incarne la modernité dans un PS « ringard ». Venant d’une zone qui a connu des déceptions au sein de la majorité, surtout lors du remaniement, ces accents peuvent ne pas être anodins. Si l’ancien ministre de l’Économie ne dévoile pas encore ses intentions, rien n’interdit à d’éventuels soutiens de se déclarer, eux.

Ni oui ni non mais plutôt oui

Évidemment, Dominique Strauss-Kahn ne pouvait faire une annonce fracassante sur sa candidature à la présidentielle de 2012. Elle aurait immédiatement signé sa démission du Fonds Monétaire international.

Mais il y a déjà une certitude. Profitant du G20 « Finances », c’est une véritable campagne de communication qui a été organisée autour de la venue de DSK à Paris. Pas par hasard ! Comme s’il fallait le « populariser » en prouvant que sa stature internationale en faisait un candidat plus que crédible. Une alternative aussi à la politique actuelle, telle qu’elle est menée en France et en Europe. Or ce message est à double détente : il s’adresse aux militants du PS qui choisiront lors des fameuses primaires comme à tous les Français. En insistant sur les « préoccupations des gens », celles de millions de salariés, avec une analyse sans concession sur la crise que traversent les États européens, loin d’être résolue car elle ne se limite pas aux seules tourmentes financière et économique, également à une crise sociale toujours sans réponse. Le tout sous des accents keynésiens, voire socialistes ou sociaux-démocrates… Bref, DSK a voulu faire comprendre qu’il n’était pas l’homme des « bobos » mais bien celui au service d’une idée impliquant de profonds changements, en France comme en Europe. Le socialisme n’est-il pas « un espoir, un avenir, l’innovation » ? On dirait un slogan de campagne…

Certes, DSK prend un risque en donnant l’impression d’éternellement effeuiller la marguerite avant de répondre qu’il se présentera « passionnément ». Les obligations de sa charge internationale dictent ses réserves actuelles, encore faut-il l’expliquer. En même temps, la tactique peut s’avérer payante car un mystère qui se dissipe perd son attrait… Autant l’entretenir le temps qu’il faut.

N’en doutons pas. Les propos tenus hier soir sur France 2 comme la « discussion » avec les lecteurs du « Parisien » - à paraître aujourd’hui – donneront lieu à de multiples et interminables exégèses. La campagne pour 2012 a bel et bien commencé. Dans sa tentative de reconquête de l’opinion publique, le président Nicolas Sarkozy a donné le top du départ. Et c’est un mal bien français : pourquoi déjà penser à l’avenir avec son flot de promesses intenables quand les problèmes du présent encombrent tous les esprits ?

Et que de problèmes ! Ils ne sont pas seulement sociaux et hexagonaux, européens ou occidentaux, le monde change à nos portes. Nul ne connaît encore les conséquences des révolutions arabes avec leur impact politique et économique, notamment sur l’approvisionnement en pétrole. Nul ne sait où aboutira la contestation naissante en Chine, deuxième économie de la planète, manufacture du monde et banquier des vieilles puissances…

L’heure devrait être à tout, sauf au nombrilisme électoral. La présidentielle n’aura lieu que dans quatorze mois…

Le commentaire politique de Christophe Barbier


DSK critique en creux la politique menée par Nicolas Sarkozy

Dominique Strauss-Kahn, candidat socialiste favori des Français dans les sondages pour la présidentielle, et directeur général du FMI, a critiqué dimanche soir la politique menée par Nicolas Sarkozy en France, en prenant soin d'élargir son propos à l'ensemble de l'Europe."Je suis un homme plus libre que je ne l'ai jamais été. Je peux dire à tous les chefs de l'Etat ce qui va et ce qui ne va pas pas", a asséné le patron du FMI, invité du 20H de France 2.

Il a rappelé la "tradition" qui veut que le directeur général du FMI "ne s'occupe pas des affaires de son pays". "Je m'astreins à ne pas parler de politique française", a-t-il dit. Et d'insister: "Je suis le directeur général du FMI aujourd'hui et je ne suis que le directeur général du FMI".

Pour autant, Dominique Strauss-Kahn s'est livré à une critique des politiques économiques menées en Europe, et en particulier en France.

Pour lui, en Europe "on a surmonté la crise économique, mais on n'a pas surmonté la crise sociale". "Beaucoup de pays ont le sentiment que la crise est derrière nous. (...) On a évité l'effondrement, mais on n'a pas évité les souffrances", a-t-il dit, décrivant une "situation vraiment difficile en Europe", et "un risque de déclassement réel par rapport à l'Asie".

Il a évoqué le manque de "joie de vivre" en "France et en Europe" avec "des couches moyennes ayant de plus en plus de risque de précarité".

"En France, plus de 6 millions, un quart des salariés, gagnent moins de 750 euros (par mois). Dans cette situation là, il y a une sorte de mécanique négative qui se met en marche et c'est contre ça qu'il faut lutter. Ce n'est pas le cas ailleurs, ce problème européen est particulier à l'Europe", a poursuivi Dominique Strauss-Kahn.

"C'est vrai que c'est en Europe qu'il y a la souffrance sociale la plus forte et c'est là qu'il faut porter le fer", a-t-il ajouté.

Relevant que la croissance en Allemagne était "plus forte" qu'en France où elle est "moyenne", il a jugé qu'une "autre politique économique (devait) pouvoir être engagée, plus active".

Et cette politique doit être basée sur "des finances publiques qui tiennent la route", sur "des politiques raisonnables", mais en le faisant "de façon juste".

"Le vrai problème, notamment pour les pays européens, c'est d'être capable de revenir dans des choses (...) réalistes et de le faire dans la justice", a-t-il résumé. "Dans beaucoup de pays européens ce n'est pas ressenti comme ça".

Strauss-Kahn, de la macro économie au micro social


En 1994, Jacques Delors avait écouté son épouse avant de renoncer à l’élection présidentielle. Dominique Strauss-Kahn l’a dit : lui aussi écoutera Madame dans quelques mois. Or, si les Français ignoraient les pensées et les avis de la discrète Marie Delors, chacun sait ce que veut Anne Sinclair : l’Élysée. Le doute n’est plus permis depuis hier soir. Appliqué à préserver la réserve inhérente à sa fonction, le directeur du Fonds monétaire international a dessiné l’autoportrait d’un candidat à la présidentielle, jusque dans les détails. Cette voussure de l’homme penché sur les dossiers, ce visage sérieux, un brin austère dans une période où pas grand monde n’a envie de rire de la situation du pays, collent avec un profil de candidat. Le message avait un air d’entrée en campagne : fini le temps de la macroéconomie, Strauss-Kahn a envoyé du social plein les micros. Dans les bureaux de Washington, le directeur du FMI s’occupait à dompter ces phénomènes financiers et économiques abscons pour le commun des citoyens. Aujourd’hui, le FMI est tourné vers ceux qui ont des fins de mois difficiles, vers ceux qui en France gagnent moins de 750 euros par mois, vers la lutte contre ces inégalités qui exaspèrent les salariés.


Cette descente dans le quotidien des gens d’ici n’a pas empêché DSK de se poser en rassembleur européen, en expert de la relance par les travaux, en analyste éclairé des questions du monde et notamment du monde arabe et de sa bombe à retardement démographique. Et à ceux qui ne mettaient pas en cause sa compétence mais doutaient de son appétence pour les joutes politiques et de sa capacité à répliquer aux attaques sur sa fortune, ses vacances au Maroc, son côté dilettante, il a montré les muscles, lançant de sa hauteur « ceux qui polémiquent et préparent la prochaine élection au lieu de travailler à leur mandat et aux affaires du pays ». 
Cela vaut toutes les déclarations officielles de candidature.

Tout a changé au Moyen-Orient


Au Moyen-Orient, le « Printemps des peuples arabes » et la chute des régimes despotiques rendent la reprise du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens plus nécessaire que jamais. Mais la paix s'est-elle pour autant rapprochée ? Ce qui est certain, c'est qu'un argument utilisé hier par Israël dans ses relations avec ses alliés occidentaux ¯ « Je suis la seule démocratie de la région » ¯ sera plus difficile à mettre en avant.

En Israël, il existe une distinction claire entre les politiques au pouvoir, qui mettent en avant les risques du changement, et une société civile qui tend à regarder favorablement ce qui se produit dans le monde arabe. Pour cette dernière, les démocraties ne se font pas la guerre, et surtout les révolutions en Tunisie et en Égypte se sont produites sans aucune référence négative à Israël et aux États-Unis. Ce ne sont pas des drapeaux israéliens ou américains qui ont été brûlés dans les rues de Tunis ou du Caire, mais des portraits de Ben Ali ou de Moubarak.

Des pays arabes qui redeviendraient fiers d'eux-mêmes, qui dépasseraient leur statut d'humiliés pourraient devenir de vrais interlocuteurs pour Israël. Pour le gouvernement Netanyahou au contraire, les risques du changement l'emportent sur tout espoir de transformation démocratique. Les régimes despotiques arabes, de l'Égypte à l'Arabie Saoudite, n'étaient-ils pas les meilleurs soutiens de fait de l'Israël démocratique ? L'incertitude en Égypte risque de conduire au chaos, le chaos aux islamistes, et la prise de pouvoir par les « Frères musulmans » à la remise en cause de la paix séparée avec l'Égypte. Un nouveau front se rouvrirait pour Israël. Mieux vaut, pour la préservation du statu quo, l'ordre des despotes que l'incertitude des démocraties.

Côté Palestiniens, la chute de Moubarak a été accueillie favorablement. Le régime égyptien n'était-il pas avant tout perçu comme un allié proche d'Israël, mais surtout comme un encouragement au changement ? Face à l'inefficacité ou à la corruption de leurs dirigeants ¯ qu'il s'agisse de l'Autorité palestinienne ou du Hamas ¯ les Palestiniens savent qu'ils « méritent mieux ».

Dans ce nouveau contexte, tout devrait être possible. L'absence de paix entre Israéliens et Palestiniens est tout aussi anachronique que le « gel politique » l'était dans le monde arabe.

Tout a changé au Moyen-Orient, tant dans le rapport des forces que dans l'équilibre des émotions. Et il est un pays qui peut peser de tout son poids sur Israël pour lui faire comprendre que la nouvelle donne est exceptionnelle et que l'Histoire ne repasse pas les plats. Il s'agit évidemment des États-Unis. Barack Obama avait perdu sa première épreuve de volonté politique avec Israël. Le « printemps » arabe lui donne des cartes nouvelles.

En prenant clairement ses distances avec les despotes arabes, en mettant en accord son « Discours du Caire » de juin 2009 et ses actes politiques, le président américain cherche à dépasser la contradiction qui existait entre la poursuite de ses intérêts et celle de ses valeurs. Face à un allié égyptien devenu moins sûr, face à un Moyen-Orient en pleine transformation pour le meilleur ou pour le pire, les États-Unis ont besoin plus que jamais d'une paix entre Israéliens et Palestiniens. Sont-ils prêts à peser de tout leur poids pour l'imposer aux deux parties, et plus encore aux Israéliens ? C'est la question.

(*) Conseiller spécial à l'Ifri, Institut français des relations internationales.

À croire que l’on vote dans un mois…

L’Histoire : la petite, la grande… Et la drôle d’envie de lire, déjà, les journaux de demain, d’après demain, du mois prochain. Pour savoir jusqu’où iront les révoltes qui envoient les dictateurs dans l’avion et les manuels d’Histoire au pilon. Les journaux de demain, d’après demain ou de l’année prochaine pour savoir ce qui restera des possibles candidats d’aujourd’hui à l’élection présidentielle française, des hypothèses et des sondages qui vont avec.

En attendant, peu importent les équations et les inconnues, peu importent les leçons ou les surprises des scrutins d’avant, la bataille pour 2012 apparaît déjà lancée. D’un Sarkozy au Salon de l’agriculture à un Strauss-Kahn au “20 heures” de France 2… Tout est désormais “présidentielle”. À croire que l’on va voter dans un mois. Eh bien, justement… Cet après-midi, seront connus les candidats aux élections cantonales des 20 et 27 mars qui éliront la moitié des conseillers généraux. Le problème : 57 % des Français déclarent ne pas savoir si leur canton est renouvelable. Dans le contexte, on imagine qu’il va falloir pas mal d’énergie et de pédagogie pour mobiliser les votants. Et pourtant, ce dernier rendez-vous avec les électeurs avant la présidentielle pourrait bousculer une vingtaine de départements. Et pourtant, dans ce scrutin, il y a un peu, beaucoup même, de la France du terroir et des territoires que se disputent en ce moment la droite et la gauche. Alors…

Un G20 à trop petits pas

Il faut l'écrire et le lire sans ironie : Christine Lagarde a réussi un petit miracle à Paris samedi aux aurores. Elle a arraché aux 20 pays les plus riches de la planète un accord sur la façon de mesurer les déséquilibres économiques mondiaux. En clair, une méthode indiquant, à partir d'un certain nombre d'indicateurs clefs, quel type de croissance et de développement crée ou non des difficultés pour le reste de la planète. Ce n'était pas gagné d'avance et il a fallu semble-t-il la persuasion et les forces conjuguées de la ministre française des Finances et de celles de son collègue allemand pour persuader la Chine, très critiquée sur la sous-évaluation du yuan, d'accepter un compromis incluant le taux de change parmi les facteurs de risque. Sans cela, la présidence française du G20 n'aurait pas seulement mal commencé, mais elle serait même de facto pratiquement déjà terminée. De ce point de vue, un échec a été évité.

Mais quand même ! La difficulté pour parvenir à ce résultat -élaborer un simple thermomètre, qui plus est ouvert à beaucoup d'interprétations -en dit long sur les tensions entre les pays. Depuis que le sentiment d'urgence devant la crise a disparu, la coopération est devenue de plus en plus difficile. Le sommet de Séoul a même constitué un échec retentissant. Tout ceci confirme que l'année qui vient ne sera pas un chemin de roses pour Nicolas Sarkozy s'il veut obtenir des résultats tangibles, et encore moins qu'il le pensait il y a peu. La France paraît ainsi bien seule à vouloir avancer sur les prix des matières premières agricoles.

La responsabilité de cet état de fait appartient principalement au vrai-faux couple que forment les Etats-Unis et une Chine de plus en plus assurée de ses forces mais aussi de plus en plus montrée du doigt. Sur la plupart des sujets, monétaire, alimentaire, financier, quand l'un a la clef, l'autre a le verrou. Washington considère qu'une appréciation du yuan résoudra l'essentiel des déséquilibres en réduisant les immenses excédents commerciaux de Pékin. Les Chinois ne voient pas pourquoi leurs exportations sont dans le collimateur et non pas les dettes d'Américains bien heureux d'avoir trouvé un banquier accommodant. Chacun des deux pays promet de rééquilibrer son économie - plus de consommation intérieure en Asie, plus d'épargne à l'Ouest -mais veut le faire comme et quand il l'entend.

Les déséquilibres persistant, le risque est que les tous petits pas du G20 n'arrivent bien tard, trop tard, pour éviter une prochaine crise. Qu'ils n'apparaissent comme une course de lenteur face à une Histoire qui s'accélère. Bref, le risque est que le G20 finisse par ressembler à son aîné, le G7, si prometteur avant de sombrer dans l'inefficacité.

Philippe Gas

Le septième patron d'Euro Disney en moins de vingt-cinq ans n'a pas la notoriété mondiale de Mickey, mais son parcours international n'en reste pas moins impressionnant. Une fois ses études de droit à Assas achevées, ce fils d'un chef d'entreprise de la région parisienne a débuté comme auditeur en Scandinavie pour le compte de General Motors. Depuis son entrée, il y a vingt ans, chez Disney, dont il a gravi une à une les marches, on a vu Philippe Gas à tous les étages. Après avoir participé au lancement du site de Marne-la-Vallée, le Français à l'inaltérable sourire californien est parti jouer les Picsou au service de la paie du siège, à Burbank, près de Los Angeles. Ses passages à Tokyo, à Hong Kong et en Inde lui ont ensuite permis de se familiariser avec les confins de l'empire aux onze parcs, avant de revenir aux Etats-Unis pour prendre en charge la gestion de l'ensemble des ressources humaines du groupe. Depuis sa nomination surprise il y a deux ans et demi comme successeur de l'Américain Karl Holz, ce père d'une fille, âgé aujourd'hui de quarante-six ans, est parvenu à accroître la fréquentation de Disneyland Paris grâce à de nouvelles attractions telles que le RC Racer Vitesse Maximale ou le Toy Story Playland. L'habitué des compétitions de tennis a ainsi fait son trou dans l'univers Disney, une forme d'hommage à son créateur, qui aimait à affirmer : « J'espère que l'on n'oubliera jamais que tout commença par une souris. ».

DSK, l'électron libre

Dominique Strauss-Kahn a entretenu le mystère sur ses futures intentions. Comme prévu le patron du FMI est resté silencieux sur l'essentiel même s'il a lâché quelques petites phrases.
 "Je suis plus libre que je ne l'ai jamais été." La phrase de Dominique Strauss-Kahn est franche, directe. Mais faut-il y voir un second sens ? Peut être car DSK s'est dit libre donc prêt à abandonner son poste de patron du FMI pour se présenter aux primaires PS, en vue de l'élection présidentielle de 2012.
Interrogé par Laurent Delahousse sur France 2 au journal de 20h, ce dimanche, sur la popularité et sur la volte-face de Jacques Delors avant l'élection présidentielle de 1995, DSK a répondu "j'ai regretté qu'il n'y aille pas mais c'est l'histoire". Un signe supplémentaire de son futur engagement. Pas sûr car Dominique Strauss-Kahn tempère aussitôt affirmant "le débat politique français m'est interdit et je ne veux pas y rentrer. J'ai une mission au sein du FMI et je dois m'y attacher. Mon travail occupe tout mon temps. Je ne suis que directeur du FMI aujourd'hui. Seulement."
Puis le journaliste de France 2 est revenu à la charge en disant, "Anne Sinclair a récemment dit qu'elle ne souhaitait pas que vous fassiez un second mandat. Etes-vous de ceux qui écoutent leur épouse ?". DSK a alors souri puis répondu "toujours" avant d'ajouter "nous prenons nos décisions ensemble." Une formule bien réfléchie qui devrait faire parler. Auparavant, l'homme fort du Fonds Monétaire International avait reconnu que "la rencontre avec mes compatriotes me manque. Je suis attentif à tout ce qui se passe en France et je reste inquiet car la crise est encore là. Il faut être attentif et engager des politiques économiques efficaces."
Une recommandation que Nicolas Sarkozy et ses proches auront certainement pris en note. Enfin, DSK a signalé qu'il ne consacrait "pas de temps aux sondages". Info ou intox ? Dominique Strauss-Kahn est, comme l'on pouvait s'y attendre, resté fidèle à son rôle et à son devoir de réserve, même s'il a distillé quelques petites phrases. Les autres candidats socialistes auront certainement apprécié.

173 morts en Libye, le pays au bord de la guerre civile, selon le fils de Kadhafi

Au moins 173 personnes ont été tuées en Libye depuis le début de la contestation le 15 février selon Human Rights Watch (HRW), alors que Saif el-Islam Kadhadi, le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a affirmé que le pays était au bord de la guerre civile et était la cible d'un complot étranger, lors d'une allocution télévisée dans la nuit de dimanche à lundi.

La plupart des victimes ont été tuées à Benghazi, deuxième ville du pays à 1.000 km à l'est de Tripoli, mais selon des témoins joints par l'AFP, des heurts sanglants ont éclaté samedi à Musratha, à 200 km à l'est de la capitale.

Bastion de l'opposition, Benghazi est devenu le théâtre de "massacres", a affirmé Fathi Terbeel, un des organisateurs des manifestations, sur la chaîne Al-Jazira. "Cela ressemble à une zone de guerre ouverte entre les manifestants et les forces de sécurité".

Dans la capitale libyenne, des dizaines d'avocats ont participé à un sit-in de protestation contre la répression devant le tribunal, selon des témoins et des sites d'opposition.

De nombreux habitants constituaient des réserves alimentaires tandis que des commerçants vidaient leurs boutiques, de crainte de manifestations à venir.

Des membres des comités révolutionnaires en civil patrouillaient les rues de Tripoli, très peu animées, à bord de voitures parfois sans plaques d'immatriculation, selon d'autres témoins.

Des affrontements ont eu lieu par ailleurs dimanche à Zaouia, à 60 km à l'ouest de Tripoli, de mêmes sources.

Selon le directeur du bureau de HRW à Londres, Tom Porteous, "au moins 173" personnes ont été tuées depuis mardi. Ce décompte est basé sur des sources hospitalières dans quatre villes de l'est du pays, dont Benghazi, a-t-il ajouté, précisant qu'il s'agissait d'un chiffre incomplet en raison des difficultés de communications dans le pays.

Selon un décompte de l'AFP établi à partir de différentes sources libyennes, le bilan de la contestation contre le régime du colonel Kadhafi s'élevait à au moins 77 morts, pour la plupart à Benghazi.

Dans cette ville, des milliers de personnes ont manifesté devant un tribunal, a indiqué à l'AFP Mohammed Mughrabi, un avocat.

Les services de sécurité, cités par l'agence officielle Jana, ont indiqué que des affrontements se poursuivaient autour d'une caserne de Benghazi, faisant des morts et des blessés parmi les assaillants et les militaires. Selon des témoins, de nombreux manifestants avaient été tués samedi lors d'une tentative d'assaut contre cette caserne.

"Nous demandons à la Croix Rouge d'envoyer des hôpitaux de campagne. Nous ne pouvons plus faire face", a déclaré M. Mughrabi.

"Il semble que le leader libyen ait ordonné à ses forces de sécurité de mettre fin à tout prix aux manifestations, et que les Libyens soient en train de payer ce prix de leur vie", a dénoncé Amnesty International.

Le Premier ministre Al-Baghdadi Al-Mahmoudi a indiqué que la Libye était en "droit de prendre toutes les mesures" pour préserver l'unité du pays, lors d'une réunion avec les ambassadeurs des pays de l'Union européenne à Tripoli, selon l'agence Jana.

La Ligue arabe a appelé pour sa part dans un communiqué "à cesser immédiatement tous les actes de violence".

Le représentant permanent de la Libye auprès de la Ligue, Abdel Moneim al-Honi, a annoncé qu'il démissionnait pour rejoindre "la révolution" et protester contre la "violence contre les manifestants" dans son pays.

Plusieurs pays occidentaux se préparaient à évacuer leurs ressortissants, tandis que la Turquie a déjà rapatrié plus de 500 personnes depuis samedi, certaines disant avoir été la cible de violences à Benghazi.

Selon un responsable syndical tunisien, des centaines de Tunisiens ont quitté dimanche la Libye pour se réfugier dans leur pays et fuir "un vrai carnage".

Mouammar Kadhafi n'a fait aucune déclaration officielle depuis le début du mouvement.

La télévision publique libyenne a annoncé que Seif Al-Islam, un de ses fils, allait s'exprimer dimanche soir.

A Musratha, troisième ville du pays, les forces de l'ordre étaient appuyées samedi par des "mercenaires africains" qui "tir(aient) sur la foule sans distinction", selon des témoignages concordants.

Par ailleurs, un haut responsable libyen a indiqué dimanche qu'un "groupe d'extrémistes islamistes" retenait en otage des membres des forces de l'ordre et des citoyens à Al-Baïda, dans l'est du pays, exigeant la levée du siège autour de lui.

Parallèlement, les autorités ont annoncé avoir arrêté des dizaines de ressortissants arabes appartenant à un "réseau" ayant pour mission de déstabiliser le pays, selon Jana.

Selon la présidence hongroise de l'UE, les autorités libyennes ont convoqué un représentant de l'UE à Tripoli pour menacer de cesser sa coopération dans la lutte contre l'immigration si l'Europe continue à "encourager" les manifestations sans précédent dans le pays.

En dépit de ces menaces, les Européens ont condamné avec fermeté la répression sanglante des manifestations.

"Nous appelons à la retenue, nous exhortons à mettre fin aux violences et à dialoguer", a déclaré la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Le moment DSK


Peut-il encore dire non ? Et sinon, pourquoi n'a-t-il pas dit oui plus tôt ? Au terme d'une folle quinzaine marquée par un intense pilonnage médiatique, la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la présidence de la République s'installe avec de plus en plus d'évidence dans les « milieux autorisés » chers à Coluche, y compris chez ceux qui, il y a quelques jours encore, doutaient de la réelle détermination du patron de FMI. Même si chacun connaît les contraintes de ses fonctions internationales, qui lui interdisent de s'exprimer sur ses propres ambitions politiques, il est tout de même permis de s'interroger sur la trace que laissera cette interminable séquence de communication dans la campagne du désormais presque candidat. Si l'on admet qu'une aventure présidentielle se construit sur le long terme, qu'elle se fonde sur la rencontre d'une ambition et d'une vision pour son pays, il est à craindre que les tergiversations réelles ou feintes de DSK ne servent pas son camp politique. Face à un Parti socialiste dont la moitié des militants portent encore les stigmates du marxisme, on aurait pu rêver que le premier candidat ouvertement social-démocrate qui défendra ses couleurs se déclare plus tôt. On aurait pu imaginer, par exemple, que, au lieu de s'envoler pour Washington, Dominique Strauss-Kahn tente de s'emparer du parti, le façonne à sa main, le prépare aux échéances électorales à l'aide d'un programme clair au lieu de le laisser à ses sempiternelles divisions, malgré tout le talent de Martine Aubry pour éteindre ici et là les incendies. Plutôt que de prendre des chemins de traverse, DSK aurait peut-être été mieux inspiré d'aller droit au but, de rassembler autour de lui une gauche adulte, responsable et tenant le langage de vérité que lui-même a assumé dans toutes les capitales du monde sous le confortable dossard du FMI.


L'avenir dira si, en termes de stratégie électorale, l'entrée en lice tardive de Dominique Strauss-Kahn a été ou non la bonne tactique. Pour l'heure, on ne peut s'empêcher de voir dans les événements des derniers jours une certaine précipitation face à un calendrier des primaires du PS qui ne lui était guère favorable et face à des sondages qui, il y a quelques jours, laissaient filtrer un début d'agacement dans l'opinion devant son acharnement à ne pas décider. Aujourd'hui, le voici contraint d'accélérer le calendrier qu'il s'était fixé.

Le krach agricole mondial : chronique d'un désastre annoncé


En 2008, nous découvrions avec stupeur et indignation les errements d'acteurs sans scrupules dont les malversations ont plongé la planète dans une crise économique de grande ampleur. Tout a été dit ou presque sur l'avidité de certaines banques, la complaisance de quelques assureurs et l'obligeance d'agences de notation. Au-delà de ces comportements coupables, il ressort que ces dérives n'auraient jamais été rendues possibles si les autorités américaines de régulation avaient rempli leurs missions. Or, c'est précisément l'incapacité intrinsèque à prévenir, à détecter et à contrôler de tels agissements qui a plongé le monde dans cet ouragan.


Demain, nous assisterons à la généralisation des émeutes de la faim. Des crises diplomatiques internationales de haute intensité se profilent déjà, et ce sera la désolation pour les pays les plus fragiles si nous ne tirons pas d'enseignements de l'histoire récente. Le monde agricole est en ébullition et le krach est inévitable si nous ne changeons pas de posture. Le mythe de la sécurité alimentaire mondiale vole en éclats car les Etats sont incapables de résoudre la problématique de la trop forte volatilité des prix. D'aucuns voudraient nous faire croire que la hausse des hydrocarbures ou les aléas climatiques sont à l'origine de la hausse des matières premières agricoles. En réalité, les marchés agricoles à terme font l'objet de spéculations sans précédent engendrant ainsi une financiarisation des échanges qui s'affranchit en toute impunité des réalités économiques et sociales. Sur 20 transactions, 19 sont désormais strictement financières. Une seule se traduit par une livraison physique. Ajoutons à cela la raréfaction mondiale des terres à la suite de la prédation de grands fonds d'investissement et nous obtenons un cocktail mortel.


Et ce n'est pas l'Organisation mondiale du commerce, au mandat très restreint, qui pourra éviter la catastrophe annoncée. Entendons-nous bien, l'interrogation fondamentale ne porte pas sur le libéralisme proprement dit. Elle concerne un libéralisme sans contrôle et sans régulation. Dès lors, le G20 figure comme la dernière institution capable de relever le défi de la coopération internationale.


C'est précisément l'objectif de Nicolas Sarkozy de concevoir un modèle acceptable par tous. L'ambition de fédérer les parties prenantes internationales autour de pratiques concertées car s'inscrivant dans l'intérêt de l'humanité tout entière est plus qu'un défi, c'est un sacerdoce. Le trimestre qui s'ouvre est décisif pour la France. Sa capacité d'influence lors des prochaines échéances sera déterminante. Outre le Salon de l'agriculture, le Dakar agricole 2011 et, surtout, le G20 agricole s'inscrivent dans l'agenda planétaire comme des rendez-vous cruciaux pour éviter que la realpolitik ne devienne la norme. Le scénario apocalyptique de l'accroissement de la fracture agricole mondiale n'est pas une hypothèse théorique. La tentation européenne du repli sur soi, l'illusion du protectionnisme et de l'isolationnisme face aux stratégies hégémoniques des Etats-Unis et des puissances émergentes sont des menaces réelles et sérieuses. L'absence d'accord en matière de régulation signifierait assurément l'intensification d'une hypercompétition exacerbée aux conséquences autrement plus dévastatrices que la crise des « subprimes ». Penser une politique agricole mondiale et agir dans ce sens pour préserver d'ici à 2050 le futur des 9 milliards d'êtres humains, telle est la redoutable échéance du G20 agricole de juin prochain. C'est un dessein pour le destin du monde.

La Deutsche Bahn ou l'apprentissage de la modestie

Cétait il y a moins d'un an. Interrogé sur les visées expansionnistes de la Deutsche Bahn, sur le point d'acquérir le britannique Arriva, le ministre fédéral des Transports avait donné son assentiment, à une condition stricte, toutefois : « Que la maison soit en ordre ». En clair : que l'opérateur public redonne à ses clients allemands une qualité de service satisfaisante, après avoir connu une série d'incidents embarrassants.

La Deutsche Bahn a bien fini par s'offrir Arriva, pour près de 3 milliards d'euros, mais les voeux de Peter Ramsauer n'ont pas vraiment été exaucés. Depuis qu'il a donné sa consigne, un train rapide ICE a perdu en avril une porte, venue se fracasser contre le wagon-restaurant d'un autre. Au cours de la canicule de l'été, la climatisation a lâché dans plusieurs trains, condamnant des centaines de malheureux à rouler dans une ambiance de sauna. Décembre 2010, froid et neigeux, a provoqué un chaos inédit. La Deutsche Bahn, dans un rapport au ministère des Transports, évoque « certains jours un taux de ponctualité inférieur à 70 % » au cours de cette période. Mais la fondation Warentest, qui s'est concentrée sur les vingt premières gares du pays, conclut, pour sa part, à un taux de ponctualité de 32 % sur les grandes lignes... A peine remis de cet épisode traumatisant, les voyageurs se préparent déjà à de nouvelles perturbations : le syndicat des conducteurs de trains GDL appelle cette semaine à la grève.

Les médias s'enflamment, les associations de consommateurs tonnent. D'autant plus qu'ils doutent de la capacité de la compagnie ferroviaire, assise sur une dette de quelque 17 milliards d'euros, à améliorer rapidement la situation. Le ministre des Finances, nonobstant les récents déboires de la société publique, persiste à lui demander un dividende annuel de 500 millions d'euros, au titre de l'effort national de consolidation des finances publiques. La concurrence s'intensifie sur le marché allemand. Le gouvernement veut libéraliser le marché des liaisons grandes lignes en autobus. En vertu d'une loi des années 1930, la DB était jusqu'ici protégée de la concurrence du bus sur les liaisons qu'elle assure. Il lui faudra, à l'avenir, partager ce marché estimé entre 300 millions et 1 milliard d'euros. Plus grave, la plus haute instance judiciaire du pays, la Cour fédérale, vient de donner gain de cause à l'opérateur Abellio : désormais, toutes les concessions régionales devront être soumises à appel d'offres. La Deutsche Bahn, qui réalise l'essentiel de ses profits dans le transport régional, doit donc se résoudre à voir s'éroder sa part de marché actuelle, de l'ordre de 80 %.

Dans cet environnement de plus en plus concurrentiel, les détracteurs de la Deutsche Bahn réclament un changement de stratégie complet. Un recentrage, après les années d'expansion échevelée, menée, entre 1999 et 2009, sous la houlette d'Hartmut Mehdorn. Ce dernier, nommé par Gerhard Schröder, fait figure de coupable idéal pour expliquer les difficultés actuelles des voyageurs. Il a certes transformé un opérateur ferroviaire en numéro deux mondial de la logistique. Grâce à de nombreuses acquisitions (Stinnes, Bax, EWS), parfois payées bien cher, il a doublé le chiffre d'affaires, de quelque 15 à 30 milliards d'euros, en moins d'une décennie. Vu de l'extérieur, un vrai bulldozer, déterminé à tirer parti de la libéralisation du marché européen. Mais, dans sa hâte à construire un « global player », Hartmut Mehdorn aurait créé sur son marché domestique un « local loser », selon l'expression du magazine « Die Zeit ». Il aurait aussi négligé d'investir dans le réseau et la flotte. Son projet d'introduction en Bourse partielle, arraché à la grande coalition menée par Angela Merkel avec les sociaux-démocrates, l'a conduit à faire des économies coupables. Même Peter Ramsauer, qui a dû rendre des comptes devant les députés, l'a admis. A quelques mois près, la mise en Bourse a finalement échoué, pour cause de crise financière. Mais les partisans d'une Bahn recentrée réclament aujourd'hui des désinvestissements massifs, pour redonner à l'entreprise des marges de manoeuvre. « Depuis plus de cent ans, vous avez une division du travail dans la logistique, argumente Christian Böttger, expert de l'université HTW de Berlin, d'un côté les transporteurs de fret, qui possèdent les bateaux, avions et camions, et de l'autre les donneurs d'ordre, qui organisent la chaîne de transport. La Deutsche Bahn veut tout faire, mais cela ne fonctionne pas, les coûts de coordination et d'organisation sont trop élevés. »

Il ne faut toutefois pas compter sur une cure d'amaigrissement de la compagnie. L'actuel patron de la Deutsche Bahn, Rüdiger Grube, doit annoncer fin mars des résultats encourageants. Le chiffre d'affaires, selon nos informations, a progressé en 2010 de plus de 10 %. Le bénéfice, de près de 10 %. La société se sent forte. Elle se voit -et une bonne partie du personnel politique aussi -comme un rouage important du modèle exportateur allemand. C'est la Bahn qui accompagne BMW, Volkswagen, Siemens, là où sont leurs clients. Quant à la concurrence... Les compagnies de bus devraient lui prendre entre 1 et 2 % du marché grandes lignes : « mini-problème », estime-t-on Potsdamer Platz. La généralisation des appels d'offres ? Les autorités régionales ont commencé depuis bien longtemps à mettre en concurrence les opérateurs. Et l'ancien monopole compte bien se battre. Le récent accord de branche, qui homogénéise les pratiques salariales dans le transport régional, devrait limiter le dumping social. La compagnie promet d'investir massivement dans de nouveaux trains, dans la rénovation des gares.

Ce qu'on peut dire, en revanche, c'est que le temps de la croissance externe est révolu. Peter Ramsauer aurait bien du mal à justifier, politiquement, une nouvelle opération majeure. Après tout, à chaque épisode météorologique exceptionnel, il est en première ligne. Le « Zeitgeist » est à la réduction de la dette. A l'intégration. Retour à la modestie. Au grand soulagement, à n'en pas douter, des autres opérateurs européens.

Le printemps arabe est-il arrivé ?

La révolution tunisienne est faite, la révolution égyptienne en train de se faire ; en Jordanie, en Syrie, en Algérie, les gouvernements en place jugent prudent de lâcher du lest. Tous les spécialistes décèlent dans ces mouvements synchroniques les symptômes d'une vague de fond. Et les émergents riches, eux-mêmes, observent avec inquiétude ce « printemps social » des émergents pauvres.

On connaissait déjà les données nombreuses par lesquelles on les explique aujourd'hui, mais on ne savait en prévoir ni l'ampleur ni le moment. Il se confirme maintenant pourquoi les régimes installés ne pouvaient résister à des évidences cruelles : des économies en déséquilibre structurel, dramatisé par la crise qui a renchéri les importations vivrières et industrielles au détriment des populations ; un tissu insuffisant de producteurs locaux, lié à la faiblesse des consommations inté-rieures et à la dépendance extérieure ; de là une grave carence des revenus et des offres d'emplois qualifiés, qui est entrée en collision avec la montée d'une jeunesse diplômée et de mieux en mieux informée, une démographie pressante, le spectacle de plus en plus indécent de la confiscation des richesses par les clans des corrompus en place. L'économie a réuni les explosifs, l'école et Internet ont fourni le détonateur.

Que cette explosion printanière soit arabe - ou plus exactement dans des pays musulmans -lui confère une autre originalité, et de portée peut-être historique. Depuis une dizaine de siècles et l'ostracisme qui condamna l'humaniste Ibn Ruchd (Averroès), le dogme du Coran « incréé », c'est-à-dire révélé et immuable, a été exploité par des grands ou des petits chefs pour maintenir en dépendance des populations soigneusement entretenues dans l'illettrisme et l'ignorance. La fatalité tenait lieu d'horizon, et l'acceptation, de statut. Cette cage est peut-être en train d'exploser. Bienvenue au printemps arabe.

Une banderole géante à Moscou pour réclamer l'emprisonnement de Poutine

Des opposants russes ont déployé, dimanche 20 février, une banderole géante à proximité du Kremlin, invitant le premier ministre Vladimir Poutine à échanger sa place avec celle de Mikhail Khodorkovsky, le milliardaire emprisonné dépossédé par le Kremlin de la plus grande entreprise pétrolière du pays.
Ancien dirigeant du géant pétrolier Ioukos, Mikhail Khodorkovsky a été condamné à 14 ans de prison, une sentence que ses partisans considèrent comme dictée par le Premier ministre Vladimir Poutine.
"LA RUSSIE A BESOIN DE CHANGEMENT"
La banderole, de 12 mètres sur 8 mètres, a été accrochée sur un pont au centre de Moscou. "Il est temps de changer", dit la légende sous une photo où l'on voit côte à côte Khodorkovsky libre et Poutine derrière les barreaux. La banderole est restée visible pendant 40 minutes avant d'être enlevée par des policiers et des membres du service de sécurité d'un hôtel de luxe situé à proximité.
La banderole a été accrochée par le mouvement "My" (Nous) : "Le but de cet événement est de dire que la Russie a besoin de changement", a déclaré à la radio l'Echo de Moscou, le chef de ce mouvement, Roman Dobrokhotov. "Un symbole de ce changement serait que Poutine échange sa place avec celle de Khodorkovsky", a-t-il ajouté.