TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 9 février 2011

Etre tchèque, un rêve polonais

Les Tchèques sont le peuple que les Polonais aiment le plus, selon une étude récente. Est-ce parce qu'ils trouvent chez leur voisins les qualités qu'ils aimeraient avoir ?, se demande le très tchécophile écrivain polonais Mariusz Szczygieł. 
 Je lis le SMS envoyé par le Tchèque Petr Vavrouška en réaction à la nouvelle du jour, lancée par l'Institut polonais de recherche sur l'opinion CBOS, qui affirme que la moitié des Polonais est tombée amoureuse des Tchèques : "Je pense qu'il ne vous restait simplement personne d'autre à aimer que nous. Les Allemands, vous ne les aimez pas, les Russes et les Biélorusses non plus, et maintenant vous vous êtes brouillés avec les Lituaniens. Parmi les voisins, vous n'avez plus que nous et les Slovaques."
Selon une récente étude, 51% des Polonais affectionnent tout particulièrement les Tchèques, contre seulement 12 % qui ne les aiment pas. En seconde place, on trouve les Slovaques (49 % d'avis positifs). La grande nouveauté : ces deux voisins devancent les Américains (toujours aimés par 43 % des Polonais) !
Depuis toujours, il me semblait pourtant que nous n’aimions aucun de nos voisins, et que le seul fait de naître Tchèque et athée était probablement un péché en soi. Et bien aujourd'hui, je suis en fête. Je ne connais pas la raison exacte pour laquelle chacun des Polonais interrogés aime les Tchèques, mais je sais pourquoi moi j'aime mon ami Petr Vavrouška.
Cela fait deux ans qu'il vit à Varsovie, avec sa femme Katka et ses deux enfants, et travaille comme correspondant pour la radio tchèque. Lorsqu'il a relaté la prochaine béatification du pape polonais Jean Paul II, sa station lui a demandé de refaire l'enregistrement. Il en aurait fait un peu trop, en parlant, comme un vrai Polonais, des "miracles de Jean-Paul II", en oubliant que pour des auditeurs tchèques, il faut plutôt évoquer les "soi-disant miracles du pape Jean-Paul II." ("Vous nous aimez parce que nous ne sommes pas aussi pieux que vous"). Lorsque Petr s'adresse à un prêtre, il l'appelle "monsieur", ce à quoi les prêtres polonais réagissent plus ou moins bien, souvent avec agacement et en précisant que le terme ne convient pas à un prêtre qui est "presque une personne sacrée". ("Mais vous êtes bien un monsieur et non une dame, n'est ce pas?", s'étonne Petr).
En comparant les campagnes électorales en Pologne et en République tchèque, il a rapporté, fasciné, que les politiciens polonais, quelle que soit leur orientation politique, utilisent tous un mot totalement absent du discours politique tchèque. Il s'agit du mot "patriotisme". ("En fait, de quoi, vous les Polonais, avez-vous tellement peur ?", demande-t-il). A son tour interrogé sur ce qui nous différencie, il répond: "L'hystérie". Surtout en ce qui vous concerne. ("Nous, les Tchèques, nous ne la connaissons pas tellement").
Petr pense que l'on apprécie le calme et l'équilibre tchèques, et qu'on y aspire. Selon lui, la République tchèque a accepté d’être un petit pays, "l'hystérie et l'exaspération, ce n'est pas notre truc". Les Polonais, en revanche, sont obsessionnellement en quête de quelqu'un qui chercherait à les diminuer. Ils ne savent plus vraiment s’ils sont un petit ou un grand pays, ni s’ils sont, ou non, considérés sur un pied d'égalité avec l'Allemagne et la France. ("Cela vous ronge et maintient une tension constante, vous ne connaîtrez probablement jamais la paix").
Et voici ma propre analyse : les 51 % des Polonais qui aiment les Tchèques, les aiment parce qu'ils sont comme nous ne pouvons être. Et parce qu'ils agissent comme nous ne savons pas encore agir. Nous aimons en eux ce dont nous sommes dépourvus. Et ce que nous voudrions tellement avoir.  


Exil allemand pour Moubarak ?

Outre-Rhin, le bruit court dans la presse qu'Hosni Moubarak pourrait effectuer un séjour médical prolongé dans une clinique de la Forêt-Noire. En fait une porte de sortie honorable pour le raïs de 82 ans, conspué par la rue égyptienne. 
 Comme de Gaulle en plein mai 1968, Hosni Moubarak partira t-il à Baden-Baden ? Si les raisons du voyage du général restent encore obscures à ce jour, celles d'une retraite allemande pour Moubarak sont plus évidentes. La « chienlit » qui a envahit les rues égyptiennes depuis le 25 janvier est de nature révolutionnaire, et le tout-puissant raïs autrement plus contesté que de Gaulle.

Son règne de 30 ans pourrait trouver un terme en Allemagne, à l'occasion d'un « bilan médical prolongé », comme le suggère l'hebdomadaire Der Spiegel. Une petite clinique de luxe de la Forêt-Noire, près de Baden-Baden, serait prête à lui ouvrir ses portes. Le gouvernement allemand affirme qu'il n'y a pour l'instant pas eu « de demande officielle ou officieuse concernant un tel séjour » mais n'excluerait pas d'étudier cette possibilité, toujours selon Der Spiegel.

La classe politique allemande reste partagée sur une telle éventualité. Ils sont nombreux, au sein de la coalition gouvernementale comme dans l'opposition social-démocrate, à accueillir favorablement cette solution qui permettrait de « favoriser une transition pacifique en Egypte ». Seuls les Verts s'y refusent farouchement, arguant que l'Allemagne n'a pas vocation à devenir le lieu d'exil des « despotes ».

Si ce scénario se concrétisait, Moubarak ne serait pas trop dépaysé. Outre un hôpital luxueux, Baden-Baden est également le refuge d'une jet-set cosmopolite et dépensière. Le casino de la ville lui permettrait sans doute d'exposer la considérable fortune qu'on lui attribue. Bref, pas de quoi jalouser le palais de Ben Ali à Djeddah.

En attendant, la colère contestataire se répand toujours mercredi matin au Caire. Des centaines de manifestants tentent actuellement de bloquer pacifiquement le parlement égyptien, dominé par le PND, le parti de Moubarak. Peu sensible aux promesses et concessions du « pharaon », notamment celle d'une transition constitutionnelle et celle de ne pas se représenter en septembre prochain aux présidentielles, la rue réclame son départ depuis le début de la contestation fin janvier.

Le Sud-Soudan en liesse

98,83% des Sud-Soudannais ont voté en faveur de leur indépendance. La communauté internationale a salué la naissance de ce nouvel État d'Afrique. 
Ce n'est plus une majorité mais un véritable plébiscite. 98,83 des Sud-Soudannais ont voté pour l'indépendance de la région au cours d'un référendum qui s'est tenu du 9 au 15 janvier. Le Sud-Soudan, majoritairement chrétien et noir, se sépare donc du Nord, principalement musulman et arabe. 
Le pays était en liesse à l'annonce des résultats. À Juba, principale ville du Sud-Soudan, plusieurs centaines de personnes se sont réunie autour du mausolée de John Garang, le leader historique de la rébellion sudiste. Dans les rues, les drapeaux se mêlaient aux chants et aux sourires. 
La communauté internationale, qui avait reconnu la crédibilité du référendum, a salué la naissance de ce nouvel État d'Afrique. Ban Ki-moon a loué les gouvernements de Khartoum et du Sud-Soudan « pour avoir rempli leur engagement de maintenir la paix et la stabilité pendant cette période cruciale ». Par la vois de son porte-parole, Robert Gibbs, la Maison-Blanche a évoqué un référendum « historique », qui « marque (l'avènement d')une aube nouvelle dans la région ». 
L'Europe y est aussi allée de sa petite formule, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton indiquant que « l'Union européenne souhait(ait) développer un partenariat étroit et de longue durée avec le Sud-Soudan ». 
Nicolas Sarkozy, pour sa part, a invité « les parties soudanaises à aborder l'après-référendum dans l'esprit de dialogue et d'ouverture qui a permis la bonne tenue du scrutin ».

La "révolution du Nil" secoue Moubarak

Hosni Moubarak a tenté d'éteindre l'incendie contestataire mardi, face à une mobilisation cairote déterminée à ne pas relâcher la pression. 

Le mouvement de contestation anti-Moubarak avait semblé décliner ce week-end. Il n'en est rien, comme en attestent les images de la place Tahrir, noire de monde mardi. L'opposition égyptienne a réussi à mobiliser une armée de contestataires, plus nombreuse encore que celle de vendredi dernier. Armés de leurs seules cordes vocales, ils ont à nouveau crié au président Hosni Moubarak de quitter le pouvoir.
Les autorités, elles, se sont abritées derrière la promesse d'un transfert pacifique du pouvoir (étudié avec l'opposition le week-end dernier), plan et calendrier à l'appui. Le vice-président Omar Souleimane a en outre promis qu'il n'y aurait aucune représaille contre les manifestants de la « Révolution du Nil », comme elle est déjà baptisée. Par ailleurs, 34 prisonniers ont été libérés mardi, conformément à la promesse de libération de détenus politiques. Ce timide « consensus national », salué par Moubarak lui-même, prévoit également la liberté de la presse et la levée de l'état d'urgence en place depuis 1981.
Les Etats-Unis ont en revanche déploré les propos tenus mardi par Omar Souleimane, qui a estimé que l'Egypte n'était pas mûre pour la démocratie. Hosni Moubarak a également tenté d'éteindre l'incendie à coup de concessions économiques. Les salaires de la fonction publique ont été relevés de 15% et des indemnités chômage seront versées à tous ceux qui ont perdu leur emploi depuis le 25 janvier, début de la contestation.

« Vous êtes les héros »

Dans l'après-midi, la colère des manifestants a laissé momentanément place à l'émotion. Le discours de Wael Ghonim, cyber-activiste relâché après 12 jours de détention, a suffi à ébranler la foule. « Je ne suis pas un héros, vous êtes les héros », a lancé à la foule ce jeune responsable marketing de Google pour le Proche-Orient, tout en racontant son emprisonnement, ses jours passés les yeux bandés. Regardez ce reportage d'Euronews.

Selon des défenseurs des droits de l'homme, il fait partie des créateurs du groupe Facebook « nous sommes tous des Khaled Saïd », formé en mémoire d'un militant qui aurait été battu à mort par la police à Alexandrie. Le jeune homme est devenu un des symboles d'une contestation toujours en mal de leader, et son groupe de soutien sur Facebook a atteint 63.000 personnes après son discours.

Tristes complaisances


Les socialistes arrivent tard à tout, mais enfin ils arrivent. L'autre semaine, l'Internationale socialiste a pris une sage décision. Elle a exclu le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique) de Ben Ali... trois jours après qu'il se fut enfui de Tunisie.


Il semble que le PS a de nouveaux problèmes de conscience et s'interroge désormais sur le maintien du PND (Parti national démocratique) de Hosni Moubarak dans l'Internationale socialiste. Sans doute l'Internationale attend-elle la suite des événements pour prendre une décision...


La complaisance de nos élites à l'égard de pouvoirs pourris jusqu'à la moelle des os a toujours été stupéfiante. Surtout quand elles prétendent incarner la morale, la bonne conscience, les droits de l'homme et de la femme. A croire qu'il suffit d'être de gauche pour avoir le droit de soutenir tranquillement et en toute impunité les régimes les plus vermoulus.


Ces régimes ont acheté l'indulgence de notre microcosme à coups de vacances tous frais payés. Ils se sont, de surcroît, fait passer pour les meilleurs remparts possibles contre un islamisme que leurs turpitudes attisaient. L'imposture n'a jamais de limites...


Quand, dans un souci de rigueur et de moralisation, le roi du Maroc, Mohammed VI, a mis fin à ce système de prébendes vacancières, nos marchands d'éthique ont même commencé à s'interroger sur son régime. Farceurs !


Et la conscience, là-dedans ? Comme dirait le père Ubu d'Alfred Jarry, il serait temps d'en prendre conseil : " Elle est là, dans cette valise, toute couverte de toiles d'araignée. On voit bien qu'elle ne nous sert pas souvent ".

Les Arabes aussi aiment la liberté

L'Europe regarde les soulèvements populaires dans le monde arabe avec une fascination mêlée de crainte. Pourtant, comme 1989 l'a démontré sur notre continent, la démocratie ne peut surgir sans une part de risque. 

Comme beaucoup d’autres, je passe de nombreuses heures devant la télé ces jours-ci. Branché sur Al Jazeera, où l’on pouvait jusqu’à présent suivre les évènements en direct, je vois l’histoire s’écrire sous mes yeux. Après la révolution démocratique en Tunisie, nous assistons avec le soulèvement des Egyptiens au deuxième acte de cet étonnant "printemps arabe", "1989 arabe".
Ce qui se passe est à la fois captivant et excitant : personne n’avait anticipé une révolution populaire dans de grands pays arabes. Ces peuples nous avaient été présentés comme des citoyens frustrés et apathiques ou tout simplement faciles à manipuler par les autocrates et les islamistes. Et puis voilà : on découvre que les jeunes de ces villes ne sont finalement pas si différents des étudiants occidentaux. Ils aspirent aux mêmes choses. Et grâce à Internet, ils vivent vraiment sur la même longueur d’onde.
Peut-être que la Toile et les réseaux sociaux ont joué un rôle bien plus déterminant que nous ne pensions sur la conscience collective. Même les soi-disant experts sont perplexes : il s’est manifestement passé trop de choses au cours des deux dernières années. Le savoir des spécialistes se base généralement sur un temps long et des connaissances historiques complètement dépassés par les derniers outils de la société moderne, ce dont ils ne se sont pas aperçu.

"Jamais cela ne pourra marcher chez les Arabes!"

Voilà pourtant ce qui m’étonne le plus : ce qui m’insupporte foncièrement, et je peux vraiment m’énerver là dessus, c’est cette voix que l’on entend ici et là et qui dit : Seigneur, mais que cette instabilité est dangereuse ! Jamais cela ne pourra marcher, chez les Arabes ! Ils vont se retrouver avec une dictature de mollahs ! Les autocrates laïcs étaient quand même bien pratiques !
Moralement, c’est du même niveau que si l’on avait dit en 1989 à Václav Havel, Jens Reich [défenseur des droits civique dans la RDA chancelante] et tous les citoyens qui en avaient assez de leur régime pourri, qu’il valait mieux continuer d’obéir un peu à Honecker, Husák et aux autres tristes tyrans à grise mine, parce qu’on ne savait pas ce qui pouvait ressortir de la situation et que, peut-être, on allait aboutir à une Allemagne réunifiée et belliqueuse.

Les islamistes ne jouent pas un grand rôle

Une telle attitude n’est pas seulement le signe d’une déchéance morale mais aussi d’un désintérêt total pour la réalité. Car quiconque s’intéresse même de loin à ce mouvement populaire arabe, comprend très vite que les "islamistes" jouent un rôle bien moins important que ce qu’on pouvait croire.
Ces peuples réclament la démocratie et la liberté, pas des mollahs. Certains vont même jusqu’à dire que l’influence des islamistes est en déclin, comme c’est le cas des Frères musulmans en Egypte.
L’histoire est en marche et il s’agit d’une occasion inédite. Les hommes changent une fois qu’ils ont goûté à la liberté. C’est très simple : personne ne sait ce qui va se passer. Nous assistons aujourd’hui au renversement de tyrans par une classe moyenne urbaine. Il est possible que des élections libres soient plus tard source de désillusion. Après tout, qui sait comment réagiront les simples paysans du delta du Nil ? Mais comme je l’ai dit, personne ne sait. C’est une chance historique.
Bien sûr, on peut échouer. Mais la simple possibilité de l’échec est-elle une raison suffisante pour nous cramponner à la stabilité, qui est justement l’argument par lequel les dictateurs se maintiennent en place ? Certainement pas.

Nous pourrions toujours vivre sous le fouet du prince

Ce qui nous manque, à nous les rabat-joie, les sceptiques, c’est de l’imagination politique et le sens du possible. Et cela ne s’explique pas seulement par notre manque d’imagination, mais par des motifs bassement racistes : la démocratie et les Arabes, ça ne marche jamais. Ils préfèrent les tyrans. Quel raisonnement tordu !
Chaque fois qu’une société, que des citoyens libres décident de prendre leur sort en main, ils font forcément un pas vers l’inconnu. Et l’inconnu renferme des risques. Il en a toujours été ainsi, sans risque il n’y a pas de progrès et la démocratie n’aurait jamais vu le jour.
Ensuite, que la démocratie constitue un risque, c’est une objection est aussi vieille que l’aspiration à la liberté. Elle est toujours formulée par les tenants de la stabilité. Si nos ancêtres les avaient écoutés, nous vivrions toujours en servage sous la coupe du clergé et le fouet du prince.


Réactions

L’Europe doit être prête pour la transition

Face aux événements qui secouent le monde arabe, les réactions européennes sont marquées par le "silence prudent des responsables politiques" et "un certain scepticisme vis-à-vis d’un changement venant de l’extérieur", note Fernando Vallespín dans El País. L’éditorialiste met en avant les différences entre l’agitation qui frappe la rive Sud de la Méditerranée et les revendications qui ont caractérisé les récentes protestations en Europe : "alors que là-bas, on manifeste pour demander ce que l’on n’a pas encore — la liberté et le développement économique — ici, on manifeste pour garder les acquis". Cette attitude, souligne Vallespín, explique le soutien timide que les Européens semblent accorder "à ceux qui ne sont pas satisfaits de ce qu’ils ont et qui revendiquent ce en quoi on a toujours cru".
Cette timidité est d’autant plus frappante que "l’Europe n’a pas d’influence sur le déroulement d'une série d’événements qui sont cruciaux pour son avenir […]", note Timothy Garton Ash dans The Guardian. Pourtant, souligne l’historien britannique, "personne n’a plus d’expérience que les Européens en matière de transitions difficiles de la dictature vers la démocratie. Aucune région n’a autant d’instruments à sa disposition pour influer sur l’avenir du Moyen-Orient. Les Etats-Unis ont certes des relations spéciales avec les militaires égyptiens et les familles royales arabes, mais l’Europe a davantage de rapports commerciaux, elle fournit des aides importantes et il existe un réseau étoffé de relations personnelles à travers le Mare Nostrum […] C’est là où la plupart des jeunes Arabes veulent se rendre en visite, pour étudier et pour travailler. Leurs cousins sont déjà sur place". Les bouleversements en cours sont "à la fois un problème et une opportunité". Voilà pourquoi, suggère Garton Ash, "l’UE a besoin d’agir vite, avec souplesse, courage et imagination — des qualités qui ne lui sont généralement pas associées". Si en effet les révoltes arabes réussissent, "les jeunes Arabes vont circuler à travers la Méditerranée, en contribuant aux économies européennes et à payer les retraites d'une population qui vieillit rapidement". Si elles échouent et les islamistes devaient prendre le pouvoir, "que le ciel nous garde. Si ce n’est pas là un intérêt vital de l’Europe, qu’est-ce qui peut l’être ?".

Au Caire, les manifestants quittent la place Tahrir pour le Parlement

Plusieurs centaines de manifestants tentaient, mercredi 9 février, de bloquer l'accès au Parlement au Caire, toujours très mobilisés pour faire tomber le régime d'Hosni Moubarak.

Le Parlement, dominé par le Parti national démocrate (PND) de M. Moubarak, était protégé par des militaires et des blindés, mais aucune violence n'avait éclaté mercredi matin. Les protestataires étaient assis devant le bâtiment pour en bloquer l'entrée, non loin de la place Tahrir, au centre de la capitale, occupée depuis près de deux semaines.
"Nous sommes venus pour empêcher les membres du PND d'entrer. Nous resterons jusqu'à ce que nos demandes soient satisfaites ou nous mourrons ici", a déclaré Mohammed Abdallah, 25 ans, tandis que la foule entonnait des slogans anti-Moubarak et agitait des drapeaux égyptiens. "Le peuple n'a pas élu ce Parlement", affirmait Mohammed Sobhi, un étudiant de 19 ans. "Nous voulons la chute du régime tout entier, pas seulement du président, parce que tout est corrompu en dessous de lui."
MOBILISATION TOUJOURS TRÈS FORTE

Les manifestants de la place Tahrir au Caire ne semblaient pas vouloir lâcher prise mercredi, au seixième jour de révolte et au lendemain d'une nouvelle mobilisation monstre contre Hosni Moubarak, maintenant la pression pour des changements politiques profonds en Egypte. Sur ce rond-point devenu symbole du mouvement de contestation, les milliers de protestataires présents en permanence promettent de ne pas céder. En début d'après-midi mercredi, une foule dense agitant des drapeau égyptiens était déjà réunie et d'autres manifestants convergeaient vers la place. "Il ne peut y avoir de négociations tant que Moubarak ne part pas", estime un manifestant, juriste de 35 ans.
Dans une tentative d'apaisement, M. Moubarak, 82 ans, dont presque trente à la tête de l'Etat, a annoncé la création d'une commission pour amender la Constitution, dans le cadre du "dialogue national" entamé dimanche entre le pouvoir et l'opposition dont, pour la première fois, les Frères musulmans, jusqu'ici bête noire du régime. Le président a par ailleurs promis de ne pas briguer de nouveau mandat en septembre, mais ces promesses n'ont pas convaincu les opposants qui exigent toujours un départ immédiat de M. Moubarak.

La presse arabe inquiète du retour en force des Frères musulmans

Le gouvernement égyptien a entamé, dimanche 6 février, une série de négociations avec les forces de l'opposition pour tenter de mettre un terme au mouvement de contestation qui secoue le pays depuis près d'un mois. La présence la plus remarquée à la table des négociations est celle des Frères musulmans, officiellement conviés à dialoguer avec le pouvoir alors même que le mouvement islamiste reste interdit en Egypte et a été l'objet ces dernières décennies d'une dure répression.

Ce revirement a largement été commenté dans la presse du Proche-Orient, inquiète du retour sur le devant de la scène d'une force politique qui oscille entre "respectabilité" et "violence".

UNE CHANCE PRÉCIEUSE
Pour le journal égyptien Al-Wafd, porte-parole du parti d'opposition du même nom, le pouvoir égyptien n'avait tout simplement pas le choix de nouer le dialogue avec les Frères, rendus incontournables par leur présence massive place Tahrir – épicentre de la contestation, dans le centre du Caire. Après avoir tenté de discréditer le mouvement islamiste, le gouvernement a donc dû se résoudre au dialogue. Le vice-président Omar Souleiman – celui-là même qui, pendant des années, organisa la répression contre les Frères – "a même présenté ces négociations comme une chance précieuse pour l'Egypte", note le journal.
Une réaction trop tardive, estime l'auteur d'une tribune publiée dans Asharq Al-Awsat, qui considère que "le gouvernement égyptien s'est trompé en excluant du jeu politique une force aussi influente que les Frères musulmans, un mouvement pacifique qui a subi la persécution du pouvoir et n'a pas usé de violence". De plus, toujours selon ce texte, la nouvelle stratégie du gouvernement n'augure en rien d'une sortie de crise favorable au pouvoir : "Malgré la reconnaissance qu'ils ont acquise récemment, il n'est pas sûr que les Frères musulmans aient la capacité d'influer sur le cours des événements et de stopper la contestation", écrit l'auteur sur le site du journal édité à Londres.
DES DIRIGEANTS "TRÈS BCBG"
Pour L'Orient-Le Jour, il s'agit maintenant de savoir quels sont les projets du mouvement. Et c'est peu dire que le quotidien libanais s'inquiète de voir le mouvement islamiste s'imposer sur la scène politique égyptienne : "Que les Frères musulmans s'évertuent, depuis leur intrusion au cœur du Caire, à clamer leur 'respectabilité', que leurs dirigeants, très BCBG, complet veston et cravate, s'acharnent à donner de leur mouvement une image rassurante, en acceptant même de prendre langue avec le pouvoir chancelant, tout cela ne change rien à l'idée largement répandue que les 'Ikhwan' [Frères] attendaient leur heure, celle qui a peut-être sonné place Tahrir, pour se venger du régime Moubarak, pour instaurer, à terme, un régime régi par la charia, celui auquel a promptement appelé le guide suprême iranien Ali Khamenei", écrit le chroniqueur Nagib Aoun.
Les faits d'arme passés et l'idéologie radicale des Frères ne sont pas là pour rassurer les observateurs, note de son côté Al-Ahram Massai, un journal égyptien pro-gouvernemental. "Il faut souligner que les Frères musulmans se sont opposés à tous les régimes politiques qui se sont succédé en Egypte – d'abord le système royaliste, ensuite la révolution de juillet 1952, plus tard le régime du président Sadate – quoique ce dernier a tenté de jouer le consensus –, et enfin le régime actuel."
"LA RÉVOLUTION PERMETTRA-T-ELLE QU'ON LUI VOLE SA VICTOIRE ?"
La violence a toujours fait partie intégrante du mouvement, rappelle Al-Ahram Massai, qui mentionne divers assassinats de personnalités politiques égyptiennes. "Il est frappant que beaucoup de forces politiques feignent d'ignorer l'histoire des Frères musulmans, dans leur extrémisme idéologique représenté par des jugements négatifs sur l'Etat civil, la société égyptienne contemporaine, en plus de faire oublier leur usage de la violence", déplore le journal.
Face à ces inquiétudes, L'Orient-Le Jour ne peut que s'interroger : "La révolution égyptienne permettra-t-elle qu'on lui vole sa victoire, que son mouvement soit dévié de sa trajectoire, qu'il soit accaparé par les islamistes ou les militaires du sérail ? L'usure du temps aura-t-elle raison et des réformes et des slogans de liberté lancés place Tahrir ?"

Prostitution: des députés réfléchissent à des amendes pour les clients

La mission d'information de l'Assemblée sur la prostitution réfléchit à la création d'amendes pour les clients de prostituées afin de leur faire prendre conscience qu'ils "encouragent la traite des personnes", a déclaré mercredi à l'AFP sa présidente, Danielle Bousquet (PS).
Créée en juin dernier, cette mission, dont le rapporteur est Guy Geoffroy (UMP), a quasiment achevé ses travaux. Après de nombreuses auditions et des déplacements à l'étranger (Belgique, Pays-Bas, Suède et prochainement Espagne), ses membres doivent encore rencontrer les ministres Roselyne Bachelot (Solidarités), Michel Mercier (Justice) et Brice Hortefeux (Intérieur).
La mission remettra début avril son rapport qui doit déboucher sur une proposition de loi commune PS-UMP. "Il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre Guy Geoffroy et moi sur les objectifs", confie Mme Bousquet, qui craint toutefois que leur texte ne puisse être voté avant les échéances de 2012.
"Ce sont les clients qui sont à l'origine du système prostitutionnel. Ils le perpétuent, ils en sont co-responsables. Il faut donc leur dire: +A chaque fois que vous payez une femme ou un homme, vous encouragez la traite des personnes, la commercialisation des corps et les profits des proxénètes et des mafias, qui s'élèvent à des milliards d'euros. On estime que ces profits sont équivalents à ceux issus du trafic d'armes dans le monde", souligne l'élue des Côtes-d'Armor.
"Il faut donc éduquer les jeunes à l'idée qu'on n'achète pas le corps de quelqu'un d'autre, responsabiliser le client en mettant des amendes", à l'instar de ce qui se pratique en Suède depuis dix ans, ajoute Mme Bousquet.
Evoquant le mythe "Belle de jour" sur la prostitution, elle cite le témoignage d'une prostituée, Noémie, entendue mardi par la mission : "Il y a un décalage entre le côté glamour présenté par les médias et la réalité d'un corps tripoté par des quantités de mains".
"Nous savons très bien que c'est extrêmement difficile d'abolir la prostitution mais nous voulons décourager le marché. L'exemple de la Suède montre que la pénalisation des clients n'a en rien accru la prostitution clandestine. Chaque fois qu'un pays légalise, il y a une explosion du nombre de prostituées. A l'inverse, là où c'est rendu difficile, il y a une diminution", souligne Mme Bousquet.
Si les chiffres sont très difficiles à établir, on estime à environ 20.000 le nombre de personnes qui se prostituent en France, selon elle. 70 à 80% sont des femmes et 80 à 90% des étrangères, les clients étant en quasi totalité des hommes.

FAUX PRÉTEXTE  QUE LA TRAITE DES PERSONNES (certes il y en a), MAIS DE LÀ A PUNIR CEUX QUI S'ADONNENT À L'AMOUR TARIFÉ, C'EST UNE AUTRE FORME DE PROSTITUTION, ÉTATIQUE CELLE-LÀ.

Dominique Strauss-Kahn à un pas de 2012

S'il reste silencieux sur ses ambitions présidentielles, Dominique Strauss-Kahn a sans doute fait un pas supplémentaire vers une candidature à l'investiture socialiste pour 2012. C'est du moins ce qu'accrédite une confidence livrée par Anne Sinclair, l'épouse du directeur général du Fonds monétaire international (FMI), et citée dans le Point à paraître jeudi 10 février. "J'ai lu dans plusieurs journaux français que la réélection de Dominique serait assurée à la tête du FMI, déclare-t-elle. Pour ce qui me concerne, je ne souhaite pas qu'il fasse un second mandat." Des propos que l'on peut supposer avoir été confiés en accord avec son mari.
Les fonctions de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI se terminent théoriquement en novembre 2012, mais il peut briguer un second mandat de 5 ans. Au cours de sa conférence de presse du 24 janvier, Nicolas Sarkozy avait lui-même souhaité que DSK continue d'exercer ses responsabilités actuelles à la tête de l'institution financière, estimant que s'il les quittait, la France laisserait échapper cette fonction au profit d'un pays émergeant. En préconisant son retrait, Anne Sinclair laisse nettement entendre qu'il pourrait désormais songer à préparer son retour dans la vie politique nationale, même si l'intéressé continue d'évacuer la question : "Je ne veux pas répondre ; j'ai dit tout ce que j'avais à dire", avait ainsi répondu DSK fin janvier à Bloomberg Markets Magazine.
Apaiser les impatients
D'évidence, la confidence d'Anne Sinclair constitue aussi un signal adressé aux socialistes, pour leur signifier qu'ils doivent plus que jamais compter avec l'homme de Washington. En effet, un certain flottement avait paru gagner certains de ses partisans après une série de sondages en baisse, les attaques en règle de Jean-Luc Mélenchon et la remobilisation de l'UMP - avant la révolution tunisienne et les embarras du gouvernement qui en ont découlé. Si elle n'équivaut pas à une annonce de candidature officielle - qui entraînerait aussitôt sa démission du FMI -, la déclaration de l'épouse de DSK est censée apaiser les impatiences de ses soutiens et (peut-être) tempérer les critiques de ses détracteurs au sein du PS.
Considéré comme l'élu le plus proche de Dominique Strauss-Kahn, le député et maire (PS) de Sarcelles François Pupponi lance pour la première fois - lui aussi dans Le Point daté du 10 février - un véritable appel à sa candidature, qui déroge avec la prudence imposée jusqu'ici par l'entourage direct du directeur du FMI. "J'aimerais que Dominique fasse pour la France ce qu'il a fait pour Sarcelles, déclare-t-il. La ville avait un déficit abyssal et une image déplorable. Il a rétabli les comptes, relancé l'activité, fait reculer le chômage. C'est un homme qui trouve des solutions."
Le calendrier des primaires socialistes fixe la clôture des candidatures au 13 juillet. Entre-temps, DSK est attendu à Paris les 18 et 19 février pour une réunion des ministres des Finances du G20 ; puis à Deauville, fin mai, pour un sommet des chefs d'État du G8. Si son choix de se lancer dans la course à la présidentielle se confirme, ce pourrait être sa dernière réunion internationale dans ses fonctions de directeur du FMI.

CE N'EST PAS TANT DSK QUI VEUT DEVENIR PRÉSIDENT, C'EST SA FEMME QUI VEUT DEVENIR LA PREMIÈRE DAME DE FRANCE. ELLE A TOUJOURS EU LES DENTS QUI RAYAIENT LES PARQUETS.
QUI SERA AU POUVOIR ? DSK OU MR SAINCLAIR

Les seins nus, la nouvelle arme politique

En plein hiver, quatre jeunes femmes surgissent seins nus au coeur de Kiev et, sous le regard ahuri des passants, scandent des slogans contre le pouvoir ukrainien : FEMEN, un mouvement d'opposition féminin, brandit la nudité comme arme politique.
Toujours couronnées de fleurs à la mode folklorique ukrainienne, ces militantes topless ont une cible favorite: le président Viktor Ianoukovitch, accusé d'être un goujat sexiste vendu à la Russie.
Cette fois-ci, face aux journalistes captivés, elles réclament la "destitution de Ianoukovitch", le chef de l'Etat venant de créer la polémique en invitant les investisseurs étrangers à venir en Ukraine au printemps, "lorsque les femmes commencent à se dévêtir".
Accroupies face à la gare, les fesses à l'air autant que la poitrine, les quatre militantes signifient ainsi au président qu'il a "merdé", expliquent-elles.
FEMEN, qui revendique 300 militantes à Kiev, n'en est pas à son coup d'essai, devenant en trois ans un phénomène en Ukraine et se faisant connaître même à l'étranger.
A moitié déshabillées ou en tenues légères, les membres de FEMEN multiplient les actions publiques pour dénoncer la prostitution, le tourisme sexuel, ou le harcèlement dont sont victimes les étudiantes d'université en Ukraine.
Car leur objectif premier est, selon la chef du groupe Anna Goutsol, de dénoncer le machisme de la société afin d'améliorer la condition féminine dans cette ex-république soviétique, dont l'actuel gouvernement ne compte que des hommes.
Elle raconte que l'idée de manifester topless est venue un peu par hasard. Lors d'une action en 2009, les militantes avaient montré leur dos nu décoré d'un slogan. Mais un photographe les a immortalisées de face. Les clichés sont alors publiés par un grand magazine national.
"Nous avons compris que le seul moyen d'attirer le maximum d'attention sur un problème était de protester seins nus", explique Anna Goutsol.
"Nous avons peu d'argent pour développer notre mouvement, mais nous avons nos corps, nos cerveaux et notre créativité. D'abord, les gens regardent nos poitrines, puis nos banderoles", relève-t-elle.
Mais pour l'écrivain Oksana Zaboujko, le mouvement "abuse" de la méthode.
"Si on organise un strip-tease à chaque occasion, on finit par ne plus voir le message politique mais juste un spectacle de filles nues", dit-elle.







AH ! SI LA POLITIQUE FRANÇAISE SUSCITAIT AUTANT DE PASSIONS !!!!

Dépendance, assurance, prudence

une entrée sans fracas : c'est par la petite porte que Nicolas Sarkozy permet aux compagnies d'assurances d'être parties prenantes d'un schéma de prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées. De l'allocution présidentielle prononcée, hier, au Conseil économique, social et environnemental, il serait erroné, en effet, de retenir le seul appel, lancé aux groupes de travail chargés de préparer une solution au coût bientôt insupportable de la dépendance, à ne pas écarter la piste d'un financement privé.

Le chef de l'Etat avance avec la prudence requise. Il se garde d'évoquer, à ce stade, toute obligation de souscrire à un contrat privé d'assurance-dépendance, une idée pourtant aussi défendable que l'a été, en son temps, l'exigence de disposer d'une couverture automobile. N'excluant, à raison, qu'une cotisation sur les revenus du travail, Nicolas Sarkozy laisse aussi ouvertes d'autres pistes, fussent-elles irréalistes, comme celle consistant, dans un pays si justement attaché aux héritages, à récupérer, sur la succession du défunt, une partie des frais engagés de son vivant par la collectivité du fait de sa dépendance. Enfin, il n'est pas fortuit que le chef de l'Etat ait mentionné, à deux reprises, à côté des assurances, les mutuelles et organismes de prévoyance. Comme pour dépassionner par avance un débat dont il serait indigne de faire une querelle idéologique.

La secteur privé a, de fait, une triple légitimité à intervenir dans la couverture de la perte d'autonomie. Technique : identifiable, quantifiable et limité dans le temps, ce risque est assurantiel par vocation. Culturelle : conçue dès l'origine comme une aide sociale destinée à suppléer des familles dépassées par la charge humaine, matérielle, financière, l'allocation d'autonomie changerait de nature en devenant, par métempsycose conceptuelle, une prestation de solidarité nationale. Légitimité économique enfin : à coup sûr, les assureurs ne feront pas payer la facture aux générations futures.

Se passer d'eux dans la couverture de la dépendance est si peu concevable que le PS lui-même, dans son projet d'égalité réelle, leur attribue un rôle complémentaire. Cependant, les assureurs n'étant pas naturellement animés par les principes d'intérêt général, une élémentaire prudence serait de leur imposer un cahier des charges en trois points : universalité effective des droits ; qualité certifiée des prestations en nature ; capacité de contrôle et de sanction par la puissance publique.

"En Egypte, les Frères musulmans cherchent surtout une reconnaissance"

Mireille : Qui sont les Frères musulmans ? Depuis quelle date existe le groupe ? Sont-ils aussi présents dans d'autres pays en dehors de l'Egypte ?

Les Frères musulmans, c'est une organisation religieuse qui est née en Egypte en 1928. Son fondateur est Hassan El-Banna. Le but de l'organisation était d'instaurer un pouvoir religieux en Egypte fondé sur le Coran. L'association a fait assassiner le premier ministre égyptien Nokrachi en 1948.
Elle a été très combattue par Nasser, qui l'accusait d'avoir voulu l'assassiner en 1954. Les Frères musulmans ont subi une répression très violente. Ils ont donné naissance à toute une série de groupes en Egypte et à l'étranger. Certains violents, commettant des actes terroristes ; un mouvement comme le Hamas, à Gaza, est une émanation des Frères musulmans.
Aujourd'hui, en Egypte, l'organisation est illégale, mais tolérée. Elle avait réussi à faire élire sous une étiquette indépendante un cinquième des députés égyptiens, en 2005 ; mais aux élections de décembre 2010, estimant – à juste titre – que le scrutin était truqué, les Frères musulmans se sont retirés de la compétition.
Ils ont reçu ces jours-ci un début de reconnaissance, puisqu'ils ont été associés aux négociations que le pouvoir égyptien a été contraint d'engager sous la pression des opposants.
jm : Les Frères actuels se sont-ils démarqués officiellement des écrits appelant à la violence de Qotb et El-Banna, fondateurs de la confrérie?
Oui, la direction de la confrérie est opposée à la violence et ne commet pas d'attentats. Mais les Frères musulmans comptent diverses tendances allant de ceux qui veulent instaurer une république islamique à ceux qui se déclarent démocrates.
Sayed Qotb allait plus loin que Hassan El-Banna, il était partisan, lui, d'une rupture radicale avec l'ordre établi. Il tenait les dirigeants égyptiens pour impies et prétendait les abattre, à l'image, disait-il, du prophète, qui avait détruit la barbarie pré-islamique. Arrêté par la police de Nasser, Qotb avait été condamné à mort et pendu en 1966.
MOUS : La principale raison de leur création était de combattre l'occupant anglais, qui par la suite a exécuté Hassan El-Banna, est-ce exact ?
Hassan El-Banna a bien été exécuté après l'assassinat du premier ministre égyptien, mais l'Egypte à l'époque était officiellement indépendante depuis 1922, même si les Anglais l'occupaient de fait.
Kamel : Ont-ils des compétences en leur sein pour participer à un gouvernement ?
Les Frères musulmans comptent de nombreux diplômés, et donc de nombreuses compétences. Leur grande faiblesse, cependant, est l'absence d'un programme économique crédible.
Ils ne donnent pas l'impression d'être en mesure de gouverner l'Egypte.
Michel : S'il est vrai qu'il y a une évolution dans l'idéologie politique des Frères musulmans, en Egypte au moins, à chaque fois que leur base politique commençait à s'élargir, ils se sont révélés incapables d'afficher une unité, ce qui les menait systématiquement en prison, indépendamment du régime en place. En ce sens, je ne pense pas qu'ils représentent une alternative sérieuse. Qu'en pensez-vous?
Je ne pense pas, en effet, que les Frères musulmans présentent une solution alternative crédible. Cela dit, ce n'est pas leur division qui les a conduits en prison, me semble-t-il, mais la volonté du pouvoir de casser l'organisation ou de la tenir sous contrôle.
clara : Pourraient-t-ils un jour, en Egypte, prendre le pouvoir par la force ?
Cela me paraît difficile, pour ne pas dire impossible. Ils se heurteraient à l'armée égyptienne. A moins de supposer un noyautage de l'armée égyptienne par les Frères musulmans... ce qui reste largement à démontrer.
Eric : Comment sont-ils perçus par la population égyptienne ?
Les Frères musulmans sont surtout connus par leur action caritative et sociale dans un pays qui a changé de politique économique depuis l'arrivée de Sadate au pouvoir, passant progressivement d'un socialisme étatique à un libéralisme et à des privatisations. La diminution des aides sociales a laissé la place à des initiatives privées, dont celle des Frères musulmans. Bien organisés, ayant des moyens importants, capables de se mobiliser très vite pour aider la population, comme on l'a vu par exemple après un tremblement de terre au Caire, ils ont la réputation d'être efficaces.
Ilouna LLoubia : La devise du mouvement est : "Le Coran est notre Constitution". Trouvez-vous cela compatible avec la démocratie ?
La devise plus complète est la suivante : "Dieu est notre but, le prophète notre chef, le Coran notre Constitution, le djihad [guerre sainte] notre voie, et le martyre notre plus grande espérance."
Telle quelle, cette devise ne me paraît pas compatible avec la démocratie, notamment dans un pays qui compte plusieurs millions de citoyens chrétiens.
selim : Un parti islamiste peut-il devenir majoritaire en Egypte ?
Les opposants au régime qui ont déclenché la révolte de ce mois de janvier sont persuadés que non. Ils attribuent, comme d'ailleurs certains analystes, 30 % maximum des suffrages en cas d'élections libres aux Frères musulmans. Mais ce ne sont que des hypothèses.
Jean : Quelles relations les Frères musulmans entretiennent-ils avec le régime iranien ?
Les Frères musulmans sont sunnites, le régime iranien est chiite. Il y a bien, sur certains points, par exemple la question palestinienne, des convergences entre les Frères musulmans et le Hezbollah libanais (chiite). Mais je ne pense pas que les Frères musulmans entretiennent des relations avec le régime iranien.
Etienne : Quelles sont les orientations de la confrérie en termes de politique étrangère ?
La confrérie est attachée à la notion de nation musulmane. Elle est opposée à la politique gouvernementale égyptienne à propos d'Israël. Vous savez que l'Egypte est le premier pays arabe à avoir conclu la paix avec l'Etat juif. Les Frères musulmans reprochent au gouvernement d'avoir cédé à Israël, notamment à propos de la colonisation de la Cisjordanie. Cela ne veut pas dire forcément que les Frères musulmans, si par hypothèse ils arrivaient au pouvoir, déclencheraient une guerre contre Israël.
Léon : Les Frères musulmans souhaitent-ils vraiment entrer au gouvernement en Egypte ?
Je ne suis pas persuadé que les Frères musulmans veuillent entrer dans un gouvernement d'union nationale et se compromettre de cette manière. Ce qu'ils cherchent surtout actuellement, c'est une reconnaissance, et ils l'ont un tout petit peu obtenue ces jours-ci en étant associés à un début de négociation entre l'opposition et le régime en place.
nico : Les Frères musulmans mettent-t-ils en péril la paix entre l'Egypte et Israël ?
Israël le pense, mais c'est la majorité du peuple égyptien qui est très remontée contre Israël et contre la politique conciliante de M. Moubarak. Si les Frères musulmans participaient à un gouvernement d'union nationale, ils contribueraient certainement à faire davantage pression sur Israël. Mais de là à déclencher une guerre, je ne le pense pas.
Oum Kalsoum : Les Frères ont condamné les récents attentats contre les coptes. Mais la cohabitation des deux religions est-elle possible dans une Egypte où des islamistes seraient au gouvernement ?
Il existe déjà une contradiction dans la Constitution égyptienne. Celle-ci affirme, d'une part, que tous les citoyens sont égaux en droits quelles que soient leur religion ou leurs croyances, mais elle affirme parallèlement, dans un autre article, que l'islam est la religion de l'Etat et que les principes de la charia sont la source principale de toutes ses lois.
La cohabitation entre les deux religions est évidemment possible, à condition d'aménager la Constitution et de supprimer les discriminations qui affectent les coptes. Au sein des Frères musulmans, il existe des divergences sur la place à accorder aux coptes dans les instances de l'Etat. Certains refusent, par exemple, qu'un chrétien accède à la présidence de la République.
Ilouna LLoubia : Quelle est la source des revenus des Frères mulsumans en Egypte ?
Officiellement, les Frères musulmans s'autofinancent. Beaucoup les soupçonnent, cependant, d'avoir reçu des fonds importants de certains pays comme l'Arabie saoudite, même si l'Arabie saoudite est aujourd'hui un soutien du régime Moubarak.
Laurent dailleurs : La confrérie, ou tout au moins une partie du mouvement, évolue-t-elle comme l'AKP de Turquie ? Si oui, serait-elle en position de prévaloir sur une aile dure ?
Certains membres des Frères musulmans ont tenté de créer un parti modéré, El-Wasat (le Centre), qui a été interdit. Il existe en effet au sein de la Confrérie une aile jeune, plus moderne, qui veut s'inspirer du parti gouvernemental turc, lequel a évolué dans le sens de la démocratie. Mais je ne pense pas qu'elle soit majoritaire.
Yann : Les Frères musulmans ne soutiennent-ils pas, en secret, des organisations islamistes violentes, au-delà de leur pacifisme affiché ?
Les Frères musulmans ont renoncé à la violence depuis longtemps. Il reste que les groupes qui ont commis des attentats en Egypte, notamment la Gamaa Islamiya, qui a assassiné le président Sadate en 1981, avaient été enfantés par la confrérie. Aujourd'hui, rien ne permet d'affirmer que la direction des Frères musulmans commandite des actions violentes. Celles-ci sont d'ailleurs très peu nombreuses en Egypte. L'attentat commis il y a quelques semaines contre les fidèles réunis dans une église d'Alexandrie n'a pas été attribué aux Frères musulmans.
Youssef : Est-il possible aujourd'hui de composer sans les Frères musulmans en Egypte ?
C'est une bonne question. Il paraît très difficile aujourd'hui de trouver une solution politique en Egypte sans les Frères musulmans. Ce ne sont pas eux qui ont déclenché la révolte de ce mois de janvier contre le régime, mais ils s'y sont ralliés très habilement, ont montré leurs qualités d'organisation sur la place Tahrir, ont même été aux premiers rangs de ceux qui combattaient physiquement les assaillants.
Ils profitent de ces événements pour entrer officiellement dans le jeu politique, obtenir une reconnaissance, une liberté d'exister en tant que mouvement. Sachant que beaucoup de leurs membres ont été emprisonnés et maltraités en prison toutes ces dernières années.
Sylvie : Tariq Ramadan, petit-fils d'El-Banna, fondateur de la confrérie, s'est-il déjà clairement positionné par rapport au mouvement des Frères musulmans ?
Tariq Ramadan est un intellectuel musulman occidentalisé, qui défend avec beaucoup de subtilité des positions modérées. Certains l'accusent de double jeu. Il s'en défend. Ses positions modérées, formulées de manière séduisante, ne me paraissent pas représentatives de la majorité des Frères musulmans. Il n'est ni leur porte-parole ni leur porte-drapeau.

Le bébé... et l’eau du bain


Bébé-médicament. Quel nom repoussant ! Le nourrisson qui a été mis au monde à l’hôpital Béclère-Necker est un petit garçon comme les autres : ce n’est pas l’un de ses organes qui est destiné à sauver sa grande sœur, mais le sang du cordon ombilical. Pas de quoi crier au loup ! Certes, l’embryon a été sélectionné pour sa compatibilité. Mais toutes les fécondations in vitro passent par une sélection. Faut-il se priver des armes de la science quand on peut, à la fois, aider un couple à avoir un enfant et lui permettre de soigner sa première fille ?


Une fois de plus, on constate que ce n’est pas la science qui doit faire peur, mais le comportement des hommes. Affubler ce petit garçon de l’appellation « bébé médicament » le réduit à une marchandise ou à un outil médical. Il ne pourra s’empêcher de se demander, sa vie durant, s’il a été conçu pour lui-même ou pour sauver sa sœur.


L’émoi des catholiques, exprimé hier par le cardinal André Vingt-Trois, est compréhensible. Attention, cependant, à ne pas tirer de conclusions excessives qui reviendraient – comme le fait le prélat – à jeter le bébé avec l’eau du bain. S’opposer à la marchandisation de l’être humain ne suppose pas d’interdire la recherche médicale dans des domaines encore mal explorés. La fécondation in vitro a rendu des familles heureuses. Les cellules souches embryonnaires promettent de révolutionner la médecine du XXI e siècle.


Au Moyen Âge, l’Église interdisait les dissections, et la médecine de « l’Occident chrétien » avait pris un retard considérable sur les médecines chinoise et arabe. Où en serions-nous aujourd’hui si des savants n’avaient pas outrepassé les limites fixées par une morale religieuse omnipotente, qui présentait les maladies comme une « punition de Dieu »?


Le toilettage de la loi Bioéthique, qui a débuté hier à l’Assemblée nationale, n’est pas très éloigné de cette thématique : faut-il transgresser ou non les tabous scientifiques ? Le texte proposé au vote des parlementaires est très frileux. Il risque de faire prendre un retard non négligeable à la médecine française. Ce qui n’empêchera pas la marchandisation, bien au contraire : avec la mondialisation, les plus riches pourront toujours profiter des progrès de la science. En Asie ou en Amérique.

Nouvel équipement des fantassins



La confiance et l’inconnu

Le pire, c’est le terme. Comment le langage médiatique a-t-il pu le reproduire pendant toute la journée d’hier, et de façon aussi grégaire, sans réfléchir à sa portée sémantique ? «Bébé-médicament»? C’est laid, froid, clinique. Indigne d’un enfant, assurément, mais si révélateur d’une société dévorée par la consommation qu’elle en fait une formule banale. C’est vendeur, c’est synthétique et ça résume un concept, alors vas-y coco !

L’indignation provoquée par l’affaire est du même tonneau. Les procureurs et autres inquisiteurs modernes ont-ils seulement pris la peine d’écouter les parents du petit Umut-Thala qui réfutent toute stratégie d’apprentis sorciers, toute démarche utilitariste. Ces deux malheureux ont voulu utiliser toutes les possibilités de la science pour épargner à leur troisième enfant le destin pathologique des deux premiers. Et alors ? C’est mal ? Faudrait-il forcément choisir entre le salut et les principes éthiques ? Entre l’espoir et la morale ? Entre la vie et l’assurance qui protège sa pureté ? Et puis, qui sommes-nous d’abord, nous autres analystes de l’actualité, pour distribuer les bons et les mauvais points en la matière ?

La procréation médicalement assistée, les manipulations génétiques qu’elle suppose et la sélection des embryons à laquelle elle a conduit, n’en sont pas moins légitimement dérangeantes. Comment ne pas frissonner d’effroi en imaginant toutes les dérives eugénistes qu’elles peuvent enclencher ? Contrarier le hasard et le mystère qui font partie de notre humanité pour basculer dans l’ère de la «fabrication» raisonnée d’un être humain est une notion qui, forcément, bouscule notre conscience. Agresse ce quelque chose d’indicible réfugié au plus profond de notre identité pour échapper, précisément, aux contingences de l’utile. Atteint cette pépite de sacré, peut-être, que nous voudrions intouchable…

Mais ce réflexe de protection, naturel, et qui ne doit faire culpabiliser personne, ne saurait justifier une fermeture craintive de notre droit aux formes nouvelles de la recherche et de l’expérimentation sur les mécanismes de notre création. Après tout, cette dimension évolutive de notre humanité nous appartient et nos sociétés ont le devoir d’en explorer tous les nouveaux horizons. Entre pragmatisme et idéal, audaces et refus, nous avons l’âme suffisamment riche pour suivre avec curiosité et précaution ce chemin vers l’inconnu.

Prendre, à l’inverse, le parti idéologique de fermer les yeux, et faire frileusement le gros dos, sur place, pour ne pas avoir à affronter les contradictions d’un progrès ambivalent, c’est la ligne défensive sur laquelle le projet de loi sur la bioéthique a été réécrit. Celle d’un manque de confiance en nous-mêmes qui refuse de gérer un espoir complexe.



Les vagues du Nil

Honnêtement, en d'autres temps et en d'autres lieux, l'information n'aurait sans doute fait qu'un entrefilet.


À la différence de Michèle Alliot-Marie en Tunisie, François Fillon, invité officiel des autorités égyptiennes aux mêmes dates, n'excerçait là qu'une activité normale de Premier ministre. Au moment de ce voyage, personne de bonne foi n'avait détecté les prémices d'une contagion contestataire au Caire et personne ne peut invoquer la cécité des autorités françaises. Enfin, la transparence très réactive avec laquelle Matignon s'est expliqué et a anticipé, hier, les révélations du Canard enchaîné contraste avec l'amateurisme de la défense de la ministre des Affaires étrangères.


Alors, pourquoi un voyage du Premier ministre à Assouan et à Abou-Simbel deviendrait-il un événement politique ? Manque de chance pour lui, la révélation de ce déplacement surgit au plus mauvais moment.


Elle survient alors que tout le monde assiste, en direct, aux explications emberlificotées de Michèle Alliot-Marie dont l'absence de flair politique a bien failli lui coûter cher.


Il n'est pas donné à tout le monde de se voir offrir les services gratuits d'un jet privé pour aller visiter une palmeraie dans le désert tunisien. Cet abus de position, qui ne peut qu'encourager la bienveillance d'un chef de la diplomatie vis-à-vis d'un régime hôte, heurte forcément le citoyen lambda.


Le même citoyen appréciera, en son âme et conscience, le séjour égyptien d'un Premier ministre, symbole de la rigueur et de la droiture. Le fait qu'il s'agisse d'un voyage en partie privé, au moment des fêtes et partiellement payé par un État loin d'être irréprochable, change la donne.


Les événements du Caire et le recul du temps en offrent, a posteriori, une lecture facile. Mais il faudrait être naïf pour croire qu'ils ne seraient pas utilisés à des fins politiques. Les arguments de François Fillon pour absoudre Michèle Alliot-Marie donnent même l'impression que le Premier ministre se défend autant lui-même qu'il soutient sa ministre.


La révélation de ce voyage survient alors que monte l'exigence, promise par le pouvoir lui-même, d'une République irréprochable et que se développe le débat sur la manière de mettre fin aux conflits d'intérêts pour rendre à la politique sa crédibilité. Les exemples répétés de capillarité entre intérêts personnels et politiques alimentent une légitime demande d'exemplarité, contrariée par les faits.


L'épisode égyptien survient enfin au moment choisi par l'exécutif pour repartir à la conquête de l'opinion. Les Français ne lui ayant pas été reconnaissants pour la réforme des retraites et pour le remaniement gouvernemental, Nicolas Sarkozy essaie de faire mentir les sondages. D'une part en se présidentialisant, d'autre part en faisant la pédagogie de sa politique.


C'est tout le sens de son rendez-vous télévisuel, demain soir. Un rendez-vous préprésidentiel qui risque d'être éclaboussé par les vagues du Nil et obscurci par les sables tunisiens.




Les chemins de traverse du PS

En 2007, le discours de Nicolas Sarkozy et son “homme africain pas assez entré dans l’Histoire” avait fait entrer Dakar dans le grand livre des occasions manquées de se taire. Tout de go, Ségolène Royal, autoproclamée madone de la repentance, s’était fendue d’excuses publiques depuis sa ville natale.

Cette semaine, c’est Martine Aubry, la patronne du PS, qui s’éclate au Sénégal. À la tête d’un bataillon de socialistes, elle délocalise la rue de Solférino pour participer au 11 e forum social mondial de Dakar. Ce rendez-vous des altermondialistes et anti-capitalistes était jadis la chasse gardée de l’extrême-gauche de la planète. Aujourd’hui, cet anti Davos est le passage obligé des socio-démocrates.

On y phosphore, on y devise et surtout on s’y fait voir. Rien de tel qu’un bon bain de forum social pour retrouver le rose aux joues, des fois que le chemin de l’Élysée emprunterait les sables mouvants de la contestation radicale…

Pendant ce temps-là aux États-Unis, DSK gère la crise mondiale depuis le FMI, la bête noire des altermondialistes. Dans l’espoir de retirer un jour les dividendes de ses efforts de Sysiphe pour rendre le libéralisme un peu plus présentable. Quant à François Hollande, il bichonne son jardin de Corrèze avant le rendez-vous électoral incertain du mois prochain…

Dakar ? Washington ? Tulle ? Les primaires de l’automne révéleront quel était le bon chemin de traverse…

Ce que l’indice Big Mac nous apprend sur l’inflation

Méfiez-vous des statistiques gouvernementales. Le consultant Rubinstein & Associates pense qu’en 2010, le taux d’inflation argentin a atteint 22%, et non pas le niveau de 10,2% officiellement annoncé par le gouvernement argentin.
L’hebdomadaire britannique, The Economist, nous propose l’indice Bic Mac pour évaluer l’inflation. Big Mac se concentre sur l’évolution du prix de la nourriture, des salaires, des loyers et de l’énergie. Une comparaison avec les données officielles est en suite effectuée. C’est ainsi qu’on peut constater que l’Argentine a sous-évalué son inflation de 12%, la Russie l’ayant elle surestimée de 6%.

La surconsommation des modes technologiques

La problématique des déchets générés par notre surconsommation de produits technologiques.

Les Français de plus en plus sceptiques face à l'immigration

Une enquête d'opinion, réalisée par le German Marshall Fund, et intitulée "Transatlantic Trends-Immigration", actualise les réactions des Occidentaux sur les conséquences économiques de l'immigration et de l'intégration.

L’immigration est plus considérée comme un problème que comme une chance pour le pays d’accueil, selon la dernière étude du German Marshall Fund sur le phénomène, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis et au Canada. En Europe, les Français sont parmi les plus sceptiques sur les bienfaits de l’immigration. Ainsi, selon l’enquête, seulement 38% des personnes interrogées considèrent que l’immigration est une chance pour l’Hexagone. En 2008-2009, ils étaient encore 50%. Cette méfiance envers l’immigration s’illustre encore par le fait que 40% des sondés pensent qu’une immigration illégale continue va de pair avec une hausse de la criminalité, alors qu’ils n’étaient que 24% en 2009.

La proportion de Français estimant que les immigrés travaillent dur est passée de 74% en 2009 à 53 % en 2010, soit une baisse de 21%. En outre, parmi les personnes au chômage en Europe, 43% estiment que les immigrés confisquent des emplois au détriment des natifs. Cependant, le chiffre monte jusqu’à 63% aux Etats-Unis…. De plus, 58% des Français voient dans l’immigration un enrichissement pour la culture de leur pays. Ils étaient cependant 68% à le penser en 2009. Enfin, la France est l’un des rares pays à ne pas percevoir plus négativement l’intégration des immigrés musulmans (45%) que celle des immigrés dans leur ensemble (44%).

L’intégration des enfants d’immigrés musulmans est perçue favorablement à plus de 50% en Amérique du Nord et en Italie, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, tandis qu’elle est de 50% en France et de moins de la moitié en Espagne et en Allemagne.


Échec des politiques gouvernementales

C’est sans doute, et encore plus aux Etats-Unis qu’en Europe, un contexte de chômage élevé (dont les Américains n’ont pas l’habitude) qui explique en partie la méfiance généralisée vis à vis de "l’autre". A cela s’ajoute la crainte toujours présente d’un militantisme islamique qui serait lui aussi le fruit de cette immigration, dont une partie important, notamment en Europe, vient des pays musulmans. Pas étonnant, dans ces conditions, que la majorité des personnes interrogées désapprouve les politiques menées par leur gouvernement en matière d’immigration. Cette proportion s’élève ainsi à 73% aux Etats-Unis, à 70% au Royaume-Uni, à 61% en Espagne et, enfin, à 58% en France.

Pompidou aurait eu 100 ans cette année

Le centenaire de celui qui présida la France de 1969 à 1974 va être abondamment célébré en France. De quoi cultiver la nostalgie de tous ceux qui se souviennent de cette époque. Découvrez ou redécouvrez quelques images d'archives.

Les "années heureuses" de la France de Georges Pompidou, selon les termes d'Edouard Balladur, refont surface à l'occasion du centenaire de la naissance de l'ancien président, notamment célébré au centre Beaubourg.
Né à Montboudif, dans le Cantal, en 1911, Georges Pompidou fut Premier ministre pendant six ans (de 1962 à 1968, un record) avant de devenir le 19e président de la République du 20 juin 1969 à sa mort, le 2 avril 1974.
Son image est associée aux couleurs acidulées du début des années 1970, après la révolte de Mai 1968 et avant le premier choc pétrolier, aux travaux qu'il entreprit à Paris - du front de Seine aux voies sur berges - et à celle de sa femme Claude, décédée en 2007, qui partageait son amour de l'art. Une passion qui s'est traduite par la construction d'un centre d'art contemporain sur le plateau de Beaubourg, au coeur de la capitale.
La controverse qui accompagna la construction de ce bâtiment de verre, de béton, de barres de fer et de tuyaux entremêlés n'a pas empêché le succès du site inauguré en 1977 et aujourd'hui visité chaque année par 5,5 millions de visiteurs.
Durant l'année 2011, ces derniers seront confrontés à des portraits géants du visage tantôt grave tantôt rieur de Georges Pompidou accompagnés de réflexions culturelles : "L'art est toujours plus ou moins une remise en question des choses" ou "L'art est l'épée de l'archange et il faut qu'elle nous transperce".
Une période où les Français se disaient heureux
Parmi les autres événements du centenaire figurent la sortie d'un livre, "Le grand dessein parisien de Georges Pompidou", qui sera complété par une exposition aux Archives nationales à partir du 14 juin. Un stylo du centenaire sera créé et un timbre à l'effigie de l'ancien président édité à deux millions d'exemplaires paraîtra cet été.
"Sa vision ne cesse de nous inspirer", a commenté à propos de l'ancien président Alain Seban, président du Centre Pompidou, lors d'une conférence de presse au sixième étage du bâtiment. Parmi les personnes présentes, on reconnaissait le fils adoptif du couple Pompidou, Alain, l'ancien chef du cabinet du président défunt René Galy-Dejean et l'ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Bernard Raimond.
L'ex-Premier ministre Edouard Balladur, ancien conseiller du chef de l'Etat et président de l'association Georges Pompidou, s'est souvenu d'une ère pompidolienne "heureuse" pour son pays. "Il l'avait souhaité au début de son mandat et il a été entendu : la France a vécu une période heureuse, où elle avait confiance en elle, et ça lui est dû pour une grande part", a-t-il déclaré. La France était alors "'le Japon de l'Europe' tellement les investissements étaient importants et tellement la France se redressait, et c'était dû pour beaucoup à l'action qui était la sienne" a-t-il ajouté.
Comme une critique en creux de l'administration actuelle, Edouard Balladur a rappelé que dans les années 1960-70, le taux de croissance en France était de l'ordre 5% par an, contre 3% dans les années 1980 et au début des années 1990 et 1,5% environ depuis 2000. "Ces trois chiffres montrent bien quel est le problème de notre pays aujourd'hui, et de l'Europe occidentale de manière générale", a-t-il souligné.
LA POLITIQUE NE DESCENDAIT PAS DANS LES CANIVEAUX  À CETTE ÉPOQUE, L'OPPOSITION TENAIT SON RANG, SEMBLAIT PLUS CONSTRUCTIVE (?).

L'Egypte connaît son plus important jour de mobilisation depuis le début du mouvement

La contestation contre le président égyptien Hosni Moubarak est encore montée d'un cran, mardi 8 février, avec de nouvelles manifestations, qui ont réuni des centaines de milliers de personnes au Caire et en province. Il s'agit des manifestations les plus importantes depuis le début du mouvement, le 25 janvier.

 Au Caire, la place Tahrir, épicentre de la révolte, était noire de monde. La mobilisation ne montrait aucun signe d'essoufflement malgré les nuits fraîches, la fatigue et les conditions de vie spartiates sur ce rond-point devenu un village de tentes retranché.
"VOUS ÊTES LES HÉROS"
La foule a réservé un accueil triomphal au cybermilitant et cadre de Google Wael Ghonim, libéré lundi après avoir passé douze jours "les yeux bandés" aux mains des très redoutés services de sécurité d'Etat. "J'aime à appeler ça 'la révolution Facebook', mais après avoir vu les gens ici, je dirais que c'est la révolution du peuple égyptien. C'est formidable", a lancé le jeune homme, entouré par des milliers de manifestants. "Je ne suis pas un héros, vous êtes les héros, c'est vous qui êtes restés ici sur la place", a-t-il ajouté.
 D'après des photographes de l'AFP présents place Tahrir, le nombre de manifestants a dépassé celui des rassemblements précédents. Des milliers de personnes étaient également présentes devant le siège du Parlement. Selon des témoins à Alexandrie, il en était de même dans la grande ville du nord du pays. Des dizaines de milliers de manifestants ont aussi défilé dans les villes de Minya, Sohag et Assiout.
"Aucune de nos demandes n'a été entendue", a expliqué Mohammad Nizar, un manifestant cité par l'AFP. "Ils ont annoncé une augmentation des salaires. Ils essaient de nous leurrer. C'est un pot-de-vin politique pour réduire le peuple au silence", dit-il, ajoutant que le "peuple ne faisait pas confiance au gouvernement" formé la semaine dernière.
GAGES D'OUVERTURE
M. Moubarak, 82 ans et depuis presque trente ans à la tête de l'Etat, a créé une commission en vue d'amender la Constitution, dans le cadre du "dialogue national" entamé dimanche entre le pouvoir et l'opposition dont, pour la première fois, les Frères musulmans. La loi fondamentale égyptienne assure en effet un système concentrant les pouvoirs entre les mains du président, aujourd'hui fortement contesté.
Lundi, les autorités ont promis une hausse de 15 % des salaires des fonctionnaires et des retraites à partir du 1er avril. Elles ont aussi demandé la formation d'une commission d'enquête sur les violences du 2 février place Tahrir, où des affrontements meurtriers ont opposé partisans du régime et opposants à M. Moubarak. Mais les mesures politiques — y compris l'annonce le 1er février du président qu'il s'effacerait à la fin de son cinquième mandat, en septembre — n'ont pas apaisé la colère des manifestants.
Mardi, le vice-président, Omar Souleiman, a assuré que "le président Moubarak est en faveur d'une véritable passation du pouvoir, il n'a aucun problème avec ça", lors d'une rencontre avec la presse gouvernementale. "Mais, a-t-il ajouté, il s'agit de penser à l'avenir de l'Egypte, et à celui qui va mener (le pays) à l'avenir, non pas à sa personne, mais à ses qualifications et ses orientations" politiques, un message qui semble viser les jeunes et les Frères musulmans. Le vice-président a également rejeté les "ingérences étrangères" dans les affaires de l'Egypte, sans nommer un pays en particulier, soulignant qu'elles étaient "plutôt une invitation à davantage de chaos".
WASHINGTON ET PARIS POURSUIVENT LEURS PRESSIONS
Les Etats-Unis et la France ont réitéré, mardi, leur appel à une transition démocratique en Egypte, le secrétaire à la défense, Robert Gates, la jugeant "cruciale" et son homologue français, Alain Juppé, appelant à "l'émergence des forces démocratiques" dans le pays. Au cours d'un entretien téléphonique, le vice-président américain, Joe Biden, a appelé son homologue égyptien, Omar Souleiman, à élargir le dialogue en cours sur la transition politique à davantage de groupes d'opposition.
Deux cent quatre-vingt-dix-sept personnes au moins ont été tuées depuis le 25 janvier, selon l'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch, qui estime toutefois que le bilan réel est probablement beaucoup plus élevé. L'ONG basée aux Etats-Unis a pu confirmer 232 morts au Caire, 52 à Alexandrie et 13 à Suez. La grande majorité des victimes ont trouvé la mort les 28 et 29 janvier, touchées par des balles réelles, lors de heurts entre police antiémeutes et manifestants.

BARACK OBAMA S'EST PLANTÉ SUR L'ÉGYPTE, IL A FAIT TROP FORT....IL AURAIT DÛ ÊTRE 
PLUS MOU, BARACK. IL N'AURAIT PAS LES ISRAËLIENS ET LES ÉGYPTIENS CONTRE LUI MAINTENANT

L'Union européenne prévoit d'aider les transitions en Tunisie et en Egypte

L'Union européenne (UE) a mis en place un plan d'aide en faveur de la Tunisie et de l'Egypte afin de répondre à leurs "nouveaux besoins" et "pour apporter un large soutien au processus de transition" dans ces pays, a déclaré mardi 9 février à Rabat le commissaire européen chargé de l'élargissement, Stefan Füle.
"Nous mettons actuellement en place un 'package' de transition à la demande des autorités tunisiennes et nous voulons fixer des priorités dans le cadre du programme national indicatif pour la Tunisie qui permettra de faire face à ses nouveaux besoins", a-t-il indiqué.
"En ce qui concerne l'Egypte", l'UE a "demandé à préparer un large paquet d'aide pour ce pays et pour les pays de la région", a ajouté M. Füle, en visite au Maroc. "Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a également affirmé qu'il souhaite apporter un large soutien au processus de transition dans ces pays", selon le commissaire européen.
Lors d'un point de presse tenu conjointement, lundi à Rabat, avec Taib Fassi Fihri, le ministre marocain des affaires étrangères, M. Füle avait précisé que le Maroc doit veiller à ce que les bénéfices du développement économique "soient partagés par tout le peuple marocain", en évoquant les "leçons" des événements de Tunisie et d'Egypte.

«Les Égyptiens se formalisent si on refuse leurs invitations»

 Au PS, seul Robert Badinter dit comprendre le choix de François Fillon de se rendre en Égypte. Les autres leaders de la gauche s'indignent. L'UMP défend le premier ministre.

L'opposition a été la plus rapide à faire part de son indignation mardi après la diffusion du communiqué de Matignon. «J'apprends avec consternation que les vacances privées du premier ministre en Egypte ont été financées par le président Moubarak ; décidément, on voit jour après jour combien le gouvernement a perdu le sens de l'esprit public», a déclaré la première secrétaire du PS Martine Aubry, en déplacement à Dakar. «Il y a manifestement un grave problème d'éthique collective et personnelle du gouvernement», a estimé pour sa part le porte-parole du parti Benoît Hamon, fustigeant «le feuilleton interminable des relations coupables de ce gouvernement avec des intérêts privés».
Jouant l'ironie, Europe Ecologie-Les Verts s'est demandé «combien de ministres» avaient «utilisé les services d''Air Dictature' pour leurs vacances au soleil». Dans un communiqué, Jean-Louis Roumégas, porte-parole d'EELV, dit désormais mieux «comprendre pourquoi le gouvernement tarde à dénoncer les dérives de ses membres, car le premier d'entre eux est concerné». «Le système de Sarkozy a effacé les limites entre le pouvoir et l'argent, poursuit-il. Aujourd'hui, un ministre ne trouve rien d'anormal dans le fait de prendre l'avion d'un oligarque ou de se faire payer des vacances par un dictateur. Et c'est ça le plus grave».
Même idée au Parti communiste français, qui a intitulé son communiqué «Après ‘Air Ben Ali', voici ‘Air Moubarak'». Le porte-parole du parti Olivier Dartigolles déclare «mieux» comprendre «l'enthousiasme de François Fillon à voler au secours (...) de sa ministre des Affaires étrangères» Michèle Alliot-Marie sur ses vacances tunisiennes.
Le numéro un de la CGT, Bernard Thibault, a estimé qu'il revenait à François Fillon d'«expliquer en quoi c'était opportun, pour un premier ministre en général, de pouvoir partir en vacances auprès d'un régime très contesté dans la rue quelques jours après ».
De l'autre côté de l'échiquier politique, le député Nicolas Dupont-Aignan, (Debout la République), ex-UMP, a estimé que «la complaisance avec des régimes oligarchiques et criminels, les conflits d'intérêts permanents, sont en train de laminer les institutions».
Une voix discordante s'est toutefois élevée à gauche, en la personne du sénateur PS Robert Badinter. L'ancien Garde des Sceaux de François Mitterrand a déclaré que le prêt d'un avion du président Moubarak ne «l'émeuvait pas», et rappelé que «la galaxie de la vie politique française» avait été reçue par le roi du Maroc Hassan II. Accepter l'invitation de Moubarak «est un choix politique» a souligné Robert Badinter. «Chacun sait que les Egyptiens sont extrêmement hospitaliers et se formalisent aisément si on refuse leurs invitations».
Le clan UMP n'a pas manqué de prendre la défense du chef de gouvernement. Pour le patron des députés UMP Christian Jacob, «il n'y a rien de choquant». François Fillon était en Egypte «à la fois en vacances et à la fois comme premier ministre», a-t-il déclaré. «Les règles d'hospitalité, c'est quelque chose qui existe. Quand on reçoit un chef d'Etat ou un chef de gouvernement étranger, le fait de le prendre en charge, c'est quelque chose qui se fait, traditionnellement».
Son prédécesseur et désormais patron de l'UMP Jean-François Copé a de son côté apporté son «soutien total» au chef du gouvernement et fait part de son «indignation» devant la polémique naissante. «Le premier ministre n'est évidemment pas un citoyen comme les autres», a souligné le député-maire de Meaux. «Y compris quand il est en vacances, il reste le chef du gouvernement. A ce titre, pour des raisons de protocole et de sécurité il aurait été impensable que François Fillon ne (fût) pas en relations avec les autorités égyptiennes lorsqu'il s'est rendu en Egypte».
La ministre des Sports, Chantal Jouanno, a appelé quant à elle à cesser «la politique de caniveau». «Le premier ministre a été totalement transparent. Il a donné dès aujourd'hui toutes les conditions de ce fameux voyage», a-t-elle souligné.

Le commentaire politique de Christophe Barbier