TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 4 février 2011

Egypte: Les bureaux d'Al-Jazira attaqués au Caire

Ce vendredi, journée baptisée "du départ", des dizaines milliers de manifestants sont à nouveaux présents dans les rues du Caire, réclamant le départ de Moubarak. Le président égyptien qui avait annoncé qu'il achèverait son mandat, en lâche pas prise. Le pouvoir s'est en revanche dit ouvert au dialogue mais l'opposition refuse de négocier tant que le raïs est encore là. Quant aux violences, elles perdurent, et notamment à l'égard des journalistes. La communauté internationale, appelle au lancement du processus de transition démocratique. 

16h50: EGYPTE: Sans nouvelle de deux journalistes français arrêtés au Caire
Dans un communiqué, la chaîne Canal + a indiqué être sans nouvelles de deux journalistes, d'une agence de presse française qui travaillaient pour elle, arrêtés par des forces de sécurité au Caire. Ils auraient été emmenés par des hommes en armes dans un lieu inconnu où ils seraient détenus depuis maintenant plus de 24 heures.
16h25: EGYPTE: Une manifestation de solidarité à Bahreïn
Un millier de personnes se sont rassemblées près de l'ambassade d'Egypte à Manama, brandissant les drapeaux de l'Egypte et de Bahreïn. Cette manifestation de solidarité avec les protestataires égyptiens a été organisée à l'initiative de six groupes de l'opposition bahreïnie.

15h38: EGYPTE: Les 27 membres de l'UE augmentent la pression

Les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne ont demandé conjointement que la transition démocratique commence "maintenant" en Egypte, dans une déclaration adoptée lors du sommet à Bruxelles. Etant donné que "la base des relations entre l'UE et l'Egypte repose sur les principes énoncés dans l'accord d'association" qu'ils ont conclu, "et les engagements pris à cet égard", les 27 ont laissé entendre qu'ils pourraient, si besoin, en revoir les termes. A savoir que l'accord d'association permet notamment à l'Egypte de recevoir l'aide économique européenne prévue (449 millions d'euros sur trois ans, entre 2011 et 2013).
15h38: EGYPTE: Interdiction de quitter le pays pour l'ex-ministre du Commerce
L'ex-ministre égyptien du Commerce et de l'Industrie Mohamed Rachid Mohamed a été interdit de quitter le pays et ses comptes bancaires ont été gelés, a indiqué l'agence de presse officielle Mena. Il s'agit de "mesures préventives" jusqu'à la "fin de l'enquête" initiée par le Parquet général contre certains responsables soupçonnés de détournements de fonds publics, a précisé l'agence.
14h44: EGYPTE: Les attaques de journalistes "préméditées" selon la FIJ
Pour protester contre les nombreuses attaques de journalistes couvrant les événements en Egypte, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a écrit au Premier ministre égyptien Ahmad Chafic afin que cela cesse et demande au gouvernement de s'engager à les protéger."Il est clair que ces éléments font partie d'une campagne préméditée et concertée", a dénoncé le président de la FIJ, Jim Boumelha. L'Union européenne de radio-télévision (UER) a appelé de son côté les autorités égyptiennes à "protéger" les journalistes couvrant les manifestations anti-gouvernementales dans le pays.
14h29: EGYPTE: Les organisations islamistes turques soutiennent le mouvement égyptien
Quelque 750 personnes se sont rassemblées devant une mosquée d'Istanbul pour exprimer leur soutien à la révolte du peuple égyptien."Vive l'intifada mondiale" et "personne ne peut arrêter l'islam" ont scandé les manifestants réunis à l'appel de plusieurs organisations islamistes turques
14h25: EGYPTE: "Trop de violence et de sang" selon Ban Ki-moon
Ban Ki-moon, en déplacement à Berlin, a fait déclaré conjointement avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, qu'il souhaite "sincèrement" que les manifestations en cours ne donnent "pas lieu à la violence", regrettant qu'il y a eu trop "de sang". Le secrétaire général de l'ONU a également appelé une nouvelle fois au lancement du "processus de transition pacifique et ordonnée menant à des élections libres et honnêtes", ajoutant que "le plus tôt sera le mieux".

14h07: EGYPTE: Le gel de l'aide américaine, une question en suspens

"Je souhaite mettre en garde contre toute action tant que nous ne comprenons pas ce qui se passe", a déclaré l'amiral Mullen, chef d'état-major interarmes, qui semble revenir sur l'idée de suspendre l'aide américaine à l'occasion d'une interview sur la chaîne ABC. Le plus haut gradé américain a tenu à rappeler que l'aide américaine apportée à l'armée égyptienne était "un investissement important, qui s'est révélé payant sur le long terme" et qu'au-delà du simple équipement, elle a "permis d'établir une relation forte avec l'armée égyptienne".

13h58: EGYPTE: Les bureaux d'Al-Jazira attaqués par des inconnus

"Des inconnus se sont introduits dans le bureau d'Al-Jazira au Caire et ont détruit ses équipements", a signalé la chaîne de télévision satellitaire qatarie.
12h51:EGYPTE: L'ONU estime que le changement est "en cours "
Navi Pillay, haute commissaire aux droits de l'homme (ONU), a encouragé les autorités égyptiennes à mener des enquêtes "transparentes et impartiales" sur les violences qui ont eu lieu, déclarant que le changement est en "cours en Egypte comme il est venu en Tunisie".
12h39: EGYPTE: RSF dénonce les violences faites aux journalistes en Egypte
Une vingtaine de militants de Reporters sans frontières (RSF) ont manifesté devant l'ambassade d'Egypte à Paris, pour protester contre les violences qui y sont faites aux journalistes. Ils ont crié: "Ici, on tue l'info", a rapporté selon l'Agence France presse qui se trouve sur place.
11h59: EGYPTE: La place Tahrir le temps d'une prière
Des dizaines de milliers de personnes ont prié sur la place Tahrir, une première prière hebdomadaire du vendredi selon des journalistes de l'Agence France presse.
11h31: EGYPTE: Le CICR empêché d'atteindre les blessés
Un avion chargé de matériel médical du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a atterri au Caire, cependant le "personnel médical a été empêché d'atteindre les blessés" dans certains cas regrette le responsable de la délégation du CICR au Caire, Eric Marclay, dans un communiqué. L'organisation a fait savoir qu'elle avait "l'intention d'envoyer plus de matériel médical dans les prochains jours".

11h26: EGYPTE: L'opposition prête au dialogue après le départ de Moubarak

Le guide des Frères musulmans, Mohamed Badie, a déclaré à la chaîne Al-Jazira qu'il était prêt à dialoguer avec le vice-président Omar Souleimane mais uniquement après le départ du président, qu'il a qualifié "d'injuste, de corrompu et de tyran".
10h40: EGYPTE: Tir de roquette dans la ville d'El-Arich
Une roquette antichar a été tirée sur le siège de la Sécurité de l'Etat à d'El-Arich, ville proche de la frontière de la bande de Gaza, selon une source de l'Agence France presse au sein des services de sécurité. Selon des témoins, le tir a brisé des vitres et une partie du bâtiment est en flamme.
10h31: EGYPTE: L'Iran appelle à un régime islamique en Egypte
Après avoir qualifié le président égyptien de "valet des sionistes et des Américains", dans un discours consacré aux révoltes en Egypte et en Tunisie après la prière du vendredi à Téhéran, le guide suprême d'Iran, Ali Khamenei, a appelé la population égyptienne à poursuivre sa révolte jusqu'à l'instauration d'un "régime populaire fondé sur la religion" musulmane.
10h09: EGYPTE: Londres estime les mesures prises jusqu'ici "insuffisantes"
Le Premier ministre britannique, David Cameron, a jugé que les premières mesures prises vers la transition politique par le pouvoir égyptien étaient "insuffisantes", n'ayant "pas répondu aux aspirations de la population égyptienne" et que de nouvelles violences dans la journée ferait perdre toute "crédibilité" au pouvoir.

09h48: EGYPTE: Hussein Tantaoui sur la place Tahrir

Le ministre égyptien de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui s'est rendu sur la place Tahrir, selon la télévision publique. Il s'est adressé aux manifestants, qui ont été invité à s'asseoir, et a rappelé le message essentiel d'Hosni Moubarak. "L'homme vous a dit qu'il n'allait pas se représenter", a ainsi lancé le ministre qui a ensuite fait allusion au Guide suprême des Frères musulmans l'appelant "à s'asseoir avec eux" (les manifestants) pour dialoguer.
09h40: EGYPTE: L'Union européenne appelle au dialogue "absolument"
Il est "absolument essentiel" que le dialogue commence sans tarder entre les autorités égyptiennes et l'opposition, a déclaré Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne.
09h32: EGYPTE: Pour l'Iran la révolution est un "signe de réveil" de l'Islam
Ali Khamenei, le guide suprême de la révolution islamique d'Iran, a qualifié les révoltes en Tunisie et en Egypte, d'un "signe du réveil islamique" dans le monde. "Les événements d'aujourd'hui (...) ont une signification particulière pour nous", a déclaré le numéro un iranien, associant ces événements à "la victoire de la grande révolution islamique de la nation iranienne" de 1979.
08h57: EGYPTE: Pas d'élections rapides en vue
"On ne peut pas avoir d’élections demain ou dans un mois", a estimé sur Europe 1 le secrétaire général de la Ligue Arabe Amr Moussa, opposant à Hosni Moubarak. Interrogé sur la journée de vendredi et sur un départ possible du président égyptien, Amr Moussa estime qu’Hosni Moubarak restera à son poste jusqu’à la fin août. Mardi dernier, Hosni Moubarak a assuré, à la télévision, qu’il avait bien l’intention de terminer son mandat à la tête du pays. Mais il a indiqué qu’il ne se représenterait pas.
08h01: EGYPTE: Les Frères musulmans ne veulent pas la présidence
Les Frères musulmans n'ont pas l'intention de présenter un candidat à la présidentielle égyptienne, a déclaré Mohamed al Beltagui, membre influent de cette organisation, cité par la chaîne Al-Jazira. Une élection présidentielle est prévue en septembre et le chef de l'Etat Hosni Moubarak, âgé de 82 ans et au pouvoir depuis fin 1981, a annoncé mardi qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat.

07h46: EGYPTE: Les journalistes de TF1 libérés

La pression s'accentue sur les journalistes en Egypte. Jeudi, trois journalistes de TF1 ont été arrêtés au Caire, puis relâchés. "Ils ont été arrêtés jeudi matin alors qu’ils ne tournaient pas, ils étaient en voiture. Ils ont été emmenés les yeux bandés puis interrogés", rapporte Catherine Nayl, directrice de l'information à TF1, sur Europe 1, vendredi matin. "Ils n'ont pas été molestés, ni frappés, mais il s'agissait clairement d'intimidation. Ils n’étaient pas les seuls, il y a avait aussi des journalistes de CNN", ajoute-t-elle.
"Les journalistes jouent au chat et à la souris avec les services de sécurité dans les hôtels", raconte, de son côté, François Klauss, envoyé spécial d'Europe 1 au Caire. "Nous passons notre matériel d'une chambre à l'autre pour ne pas se le faire confisquer et ne déployons notre valise satellite que quelques minutes, le temps de faire notre direct", ajoute-t-il. Face à l'intensification des violences, plusieurs journalistes ont été exfiltrés d'Egypte.
06h46: EGYPTE: Souleimane défend les pro-Moubarak
Selon le vice-président égyptien Omar Souleimane, les partisans du président égyptien Hosni Moubarak n'ont pas tué de manifestants anti-gouvernementaux au cours des violences qui ont secoué Le Caire. Interviewé sur la chaîne ABC News à propos des tirs qui ont visé les manifestants regroupés sur la place Tahrir, au centre du Caire, Omar Souleimane a affirmé jeudi: "Ils se sont bien comportés". "Personne n'a été tué par des tirs d'armes ou des snipers. Impossible". Les forces armées "n'ont usé d'aucune violence contre" les manifestants, a-t-il encore souligné. "Mais nous leur demandons de rentrer chez eux", a expliqué le vice-président.
06h17: EGYPTE: Washington anticiperait l'après-Moubarak
Des responsables américains ont indiqué jeudi qu'ils discutaient avec des dirigeants égyptiens en vue de parvenir à une transition ordonnée du pouvoir, et cela en anticipant peut-être le départ de Hosni Moubarak, au pouvoir depuis une trentaine d'années. D'après le New York Times, l'administration Obama négocie en effet avec des responsables égyptiens une proposition pour une démission immédiate du président égyptien. La Maison-Blanche n'a pas confirmé les informations du Times, mais a reconnu que le dialogue était engagé avec les Egyptiens pour tenter de résoudre la crise qui dure depuis dix jours.
06h00: EGYPTE: Quelle mobilisation vendredi?
De nouvelles manifestations sont prévues en Egypte à l'appel du mouvement de contestation qui espère en faire la journée du départ du président Hosni Moubarak, après dix jours de protestations et de violences meurtrières sans précédent dans le pays. Les organisateurs espèrent mobiliser, comme le 28 janvier, un million de personnes après la prière musulmane hebdomadaire, en début d'après-midi.

Berlin et Paris reprennent la main

Le "pacte de compétitivité" proposé par la France et l'Allemagne est un pas de plus vers une gouvernance économique européenne. Mais le dynamisme affiché par les deux pays soulève quelques questions sur l'organisation et les buts de l'UE.
L'Europe va-t-elle sortir par le haut de la crise ouverte, il y a un peu plus d'un an, par les difficultés financières de la Grèce ? Improbable il y a encore quelques mois, l'hypothèse n'est plus tout à fait exclue.
Le "pacte de compétitivité" que l'Allemagne, soutenue par la France, va proposer à ses partenaires, vendredi 4 février, lors du conseil européen de Bruxelles, pourrait constituer un moment important de la construction européenne.
Même si l'expression, trop française, de "gouvernement économique" ne fait pas partie du vocabulaire en cour à Berlin, c'est bien de cela qu'il s'agit. Le pacte entend promouvoir une série d'engagements, au minimum chez les 17 de la zone euro, idéalement dans toute l'Union. Ils porteraient sur une convergence des politiques salariales, de la fiscalité sur les entreprises, l'évolution des régimes de retraite, l'endettement public, etc.
Quand on se souvient de la frilosité de la chancelière Angela Merkel à venir au secours d'Athènes au printemps 2010, on ne peut qu'être saisi – et satisfait – de l'évolution du gouvernement allemand.
Il n'est plus question d'un repli de l'Allemagne sur elle-même. Au contraire, Mme Merkel veut jouer un rôle moteur dans la consolidation de l'Union économique et monétaire. Qu'elle s'affiche en européenne convaincue mérite d'être salué. Son initiative soulève néanmoins plusieurs questions.
On peut tout d'abord contester le contenu même du "pacte pour la compétitivité ". Que l'équilibre des régimes de retraite soit souhaitable pour les finances publiques est une évidence, mais que le recul à 67 ans de l'âge de la retraite soit nécessairement favorable à la compétitivité d'un pays, comme le suggère l'Allemagne, ne l'est pas.

Où sont les grands projets européens ?

L'Allemagne, qui pourrait se voir reprocher de ne pas avoir de salaire minimum, doit prendre garde à ce que son pacte ne se réduise pas à un mécanisme favorisant le moins-disant social.
Deuxième type de réserve : en prenant la direction des opérations, l'Allemagne et la France font peu de cas de la Commission européenne, reléguée à un rôle d'expert. Ponctuellement, ce dynamisme franco-allemand peut être salutaire. A moyen terme, ce dessaisissement de la Commission d'une partie de ses prérogatives est dangereux.
Troisième réserve : la compétitivité de l'UE ne se limite pas à la somme des compétitivités nationales. C'est le principe même de la construction européenne. Où sont les grands projets d'infrastructure européens, notamment en matière énergétique, qui permettraient à l'Union d'être plus compétitive ? Ne méritent-ils pas, eux aussi, de figurer dans le pacte ?
Malgré ces réserves, on ne peut qu'être satisfait de voir les politiques reprendre la main et ne pas se contenter de jouer les pompiers. Le projet de pacte est un bon départ pour une nécessaire coordination des politiques économiques au sein de la zone euro.

Algérie : Bouteflika lâche du leste

Abdelaziz Bouteflika, le président algérien a annoncé la mise en place prochainement de mesures visant à assouplir les libertés individuelles.
Le pouvoir algérien n'attend pas l'embrasement de son pays pour s'assouplir. Jeudi en conseil des ministres, Abdelaziz Bouteflika au pouvoir depuis 1999, a annoncé la mise en place « dans un avenir proche » de plusieurs mesures en faveur des libertés. La plus symbolique d'entre elles est certainement la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1992.
Instauré par l'armée après l'annulation du second tour des élections législatives que le Front islamique du salut (Fis) était sur le point de remporter, il était présenté par les autorités comme une mesure nécessaire à la lutte antiterroriste. Bouteflika le lèvera « pour mettre un terme à toute polémique infondée sur cette question ».

Appel à manifester le 12 février

Conscient de la fragilité de la situation, au regard des événements en Tunisie et en Egypte, le président algérien a également promis plus d'ouverture en faveur de l'opposition. La radio et la télévision publiques sont ainsi priées d'ouvrir davantage leurs antennes à l'ensemble des partis et de couvrir leurs activités.
Une mesure qui s'accompagne toutefois d'une mise en garde présidentielle : « La liberté ne devra pas aboutir, dans quelque circonstance que ce soit, aux dérapages ou à l'anarchie auxquels l'Algérie a déjà versé un lourd tribut ».
Cet ensemble d'annonces qui n'empêchera certainement pas la manifestation du 12 février lancée par des associations, des syndicats et des formations d'opposition en faveur de réformes démocratiques.
Début janvier, plusieurs villes du pays ont été le théâtre d'émeutes provoquées par la flambée des prix de la nourriture. Deux personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées.



Egypte : Les Frères musulmans répondent à Omar Souleïmane

Mohammed Badie, le guide suprême des Frères musulmans en Egypte, a déclaré vendredi qu'il ne serait prêt au dialogue avec le vice-président Omar Souleïmane qu'après le départ du président Hosni Moubarak.

Le vice-président Omar Souleïmane, placé par Moubarak pour assurer la transition, avait déclaré jeudi qu'il avait invité les Frères musulmans au dialogue « pour trouver un consensus entre tous les partis ». Mais un jour après, ceux-ci lui répondent par la voix de leur guide suprême, Mohammed Badie, qu'ils ne souhaiteront le rencontrer qu'une fois que le président Hosni Moubarak aura démissionné.

Mohammed Badie plus tempéré

Interrogé sur la chaîne de télévision satellitaire du Qatar Al-Jazira, Mohammed Badie a souligné l'envie de participation au dialogue des Frères musulmans à « une seule condition ». « Nous sommes pour le dialogue avec quiconque veut mener des réformes dans le pays, après le départ de cet injuste, ce corrompu et ce tyran », a déclaré le guide suprême en référence à Hosni Moubarak.
Alors que jeudi à la suite des déclarations d'Omar Souleïmane sur la télévision d'Etat égyptienne, un porte-parole des Frères musulmans avait pourtant rejeté « catégoriquement tout dialogue avec le régime », à l'occasion de cette première prise de parole depuis le début de la contestation populaire contre le régime de Moubarak le 25 janvier dernier, le guide suprême des Frères Musulmans est plus tempéré. Il reconnaît en effet le vice-président dans son poste de transition. Pour lui, le départ de Moubarak après 29 ans au pouvoir « est une revendication de tout le peuple. Qu'il parte aujourd'hui...», a-t-il dit mais il a ajouté qu' « il y aura ensuite une période transitoire que dirigera le vice-président avec un plein mandat ». La veille, Hosni Moubarak avait déclaré qu'il « en avait assez d'être président et qu'(il) aimerait abandonner le pouvoir maintenant, mais qu'(il) ne peut le faire de peur que le pays ne sombre dans le chaos ».
Il y a quelques jours encore, le pouvoir égyptien avait accusé la confrérie musulmane de chercher à tirer profit des manifestations, agitant le spectre d'une prise de pouvoir par les islamistes. Les Frères musulmans « n'ont pas l'ambition de prendre le pouvoir », a pourtant commenté ce vendredi un autre membre de la confrérie, Mohamed Habib, interrogé également sur Al-Jazira.

Le « jour du départ »

La journée de ce vendredi, a été baptisée le « jour du départ » par le mouvement de contestation anti-Moubarak. Au Caire, des milliers de manifestants étaient en train de rallier la place Tahrir dans la matinée espérant faire autant voir mieux que le million réuni dans tout le pays mardi. Or, depuis cette première manifestation géante, le 1er février, qui s'était encore tenue pacifiquement, le pays a basculé dans une violence plus importante avec cette fois des affrontements entre pro et anti-Moubarak. Depuis le 25 janvier, début du mouvement de contestation, les heurts ont fait au moins 300 morts et des milliers de blessés, selon l'ONU.

LE DANGER VIENT DES FRÈRES MUSULMANS, LE DANGER EST SOURNOIS, IL PREND LE PRETEXTE DE L'AIDE SOCIALE POUR MIEUX S'IMPLANTER.

Vers la fin de l'exception arabe ?


Les gouvernements arabes ont échoué sur tous les fronts : faillite de l'Etat développeur miné par sa nature patrimoniale et grevé par les rentes de situation ; faillite de la libéralisation économique, mise au service d'une oligarchie égoïste qui en a ignoré les conséquences sociales ; faillite de régimes sclérosés qui ont eu recours à des aménagements de façade et à des ouvertures au rabais afin de vendre à l'étranger leur image de garants d'une stabilité devenue obsessionnelle pour l'Occident, au lieu d'engager des réformes véritables ; faillite, enfin, des grands projets politiques, avec les naufrages successifs des tentatives unitaires, les défaites répétées face à Israël, la désintégration de l'Irak, la scission du Soudan... Le citoyen arabe se retrouve démoralisé, fatigué des slogans creux et accablé d'un indéfectible sentiment d'humiliation.
Au lendemain de la chute de Ben Ali en Tunisie, la perspective d'un effet domino est dans toutes les têtes. L'Egypte, le plus peuplé des pays arabophones, jadis grand frère et pionnier du renouveau nationaliste, est peut-être le seul qui soit en mesure de faire basculer l'ensemble de la région. Or nombreux sont ceux, en Egypte et ailleurs, qui ont souligné le caractère particulier du pays des pharaons : "L'Egypte n'est pas la Tunisie, les différences sont flagrantes."


Il faut dire d'abord que l'Egypte n'a pas attendu l'exemple tunisien pour commencer à bouger : en 2006, on comptait déjà 266 actes protestataires (grèves et rassemblements), puis 614 en 2007, 630 en 2008 et 700 en 2009. Ces mobilisations étaient liées à des demandes de types social et salarial, auxquelles se sont ajoutées des revendications rendues de plus en plus pressantes par la privatisation des services publics (santé, éducation, etc.). En revanche, il est vrai que les mouvements protestataires égyptiens sont restés longtemps sectoriels, enclavés et atomisés, se contentant d'une satisfaction partielle des demandes.


Cette situation a généré un "leadership du service" : on acquiert le statut de leader si l'on réussit à répondre aux besoins des membres du mouvement (ouvriers, fonctionnaires...). Quant à la Fédération générale des syndicats égyptiens, elle est un instrument du régime. Fonctionnant par cooptation, elle est déconnectée de sa base sociale et ne prétend à aucune représentativité. Le pouvoir en place en Egypte s'est donc rassuré en faisant passer pour routinières les protestations sociales, en cherchant à leur ôter tout caractère politique.


Instrument du régime


Il en va tout autrement en Tunisie. L'Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui comprend plus de 600 000 membres selon ses dirigeants, apparaît comme une institution ancrée dans l'histoire du pays puisqu'elle a joué, dans les années 1970 et 1980, un rôle politique important par sa confrontation avec le pouvoir. Certes, avec l'avènement de Ben Ali, son caractère oppositionnel s'est réduit. Cependant, son rôle médian entre la société et le pouvoir n'a guère changé. De ce fait, son soutien visible aux protestations de décembre 2010 a été décisif pour modifier les rapports de force.


Il y a eu aussi la classe moyenne urbaine, cultivée et "connectée", qui a vite donné des accents politiques aux revendications sociales. Les manifestants des villes de l'intérieur ont réussi à assaillir les forces de l'ordre et à les épuiser. La finition a été l'oeuvre de Tunis, où réside le pouvoir central. C'est encore un contraste avec l'Egypte, dont la classe moyenne est fragile à cause des problèmes économiques. Le taux d'alphabétisation n'est que de 60 %, contre 90 % en Tunisie, d'où la difficulté chronique des Egyptiens à faire le lien entre frustration économique et despotisme, à faire le passage du social vers le politique.


Et pourtant, un simple appel sur la Toile pour crier "Moubarak, dégage !" a suffi pour galvaniser la foule. La nouvelle génération semble s'être affranchie de la chape de plomb qui pèse sur le pays depuis des décennies.


Tous les regards convergent désormais vers la Tunisie. Une transition démocratique réussie donnerait des ailes à tous ceux qui, dans le monde arabe, veulent sortir de l'autoritarisme. Si une situation trouble et confuse s'installe, l'autoritarisme pourrait revenir en force. L'armée tunisienne a été un acteur majeur du renversement de Ben Ali. Les causes profondes de la révolte populaire - l'injustice, la crise économique et le mépris institutionnalisé - sont toujours là et ne disparaîtront pas du jour au lendemain.


Nul ne peut prévoir l'avenir, mais les événements en Tunisie ont pris tout le monde de court. La première victime de ce mouvement de révolte dans l'espace arabe est le paradigme culturaliste. Longtemps, la politologie a baigné dans l'idée d'une particularité culturelle du monde arabe pour en expliquer les déficits chroniques en matière de démocratie. La rue a eu raison du différentialisme arabe.
Hasni Abidi, politologue, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève

Remettre les pendules à l'heure au Moyen-Orient


L'irruption de la "rue arabe" (concept jusqu'ici bien commode par son abstraction) place l'Occident face à ses contradictions : si l'interpellation populaire de pouvoirs autocratiques et corrompus résonne avec les valeurs démocratiques dont on se targue à Washington, Paris et ailleurs, elle s'accorde mal avec les aspects pratiques d'une politique occidentale qui n'a jamais fait grand cas de l'opinion publique locale. Comment embrasser un élan populaire quand on est tout sauf populaire dans la région ?


Le Moyen-Orient est de longue date le théâtre d'une diplomatie on ne peut plus traditionnelle, visant avant tout à préserver l'accès aux ressources énergétiques, la sécurité d'Israël et l'endiguement des islamismes, en forgeant des alliances, en déployant des troupes, en infligeant des sanctions, et en relançant de temps à autre des efforts somme toute assez velléitaires sur un "processus de paix" servant d'instrument de régulation d'une machine en apparence bien huilée. Les régimes eux-mêmes ont longtemps trouvé dans ce contexte de quoi consolider leurs assises, que ce soit dans l'alignement sur les Etats-Unis ou dans l'opposition à lui, ces deux options offrant l'une et l'autre des "rentes stratégiques" permettant aux pouvoirs de faire l'impasse sur toute notion de bonne gouvernance.


Les appels occidentaux aux réformes et au respect des droits de l'homme, censés faire bonne mesure, ont toujours cédé le pas devant des préoccupations plus pragmatiques. D'où un agenda strictement négatif – protéger des intérêts face à des agressions possibles –, réductible au maintien du statu quo, malgré un prix lourd à payer en termes de retard de développement, d'humiliations ressenties, et de conflits sanglants. Cette dynamique, stimulant diverses formes d'islamisme, renforçait dialectiquement les arguments des conservateurs de tout bord. Obsédé par une hostilité populaire dont il est pourtant en grande partie responsable, l'Occident a fait cause commune avec les régimes pour mieux se méfier des sociétés.


La région s'est ainsi organisée autour de considérations "stratégiques". Le déclin de l'influence occidentale, ces dernières années, laissait néanmoins grandir un vide dont on ne savait pas bien ce qui viendrait le combler. Sous l'administration Obama, les Etats-Unis en particulier se sont montrés absents ou impuissants sur tous les grands dossiers du jour. Ils se sont avérés incapables d'offrir même un début de réponse aux deux questions cruciales qui portent sur la place d'Israël dans la région (au-delà de sa "bunkerisation") et sur celle de l'Iran (au-delà de son ostracisation). Ils poursuivent en Irak une logique de retrait qui se résume à "après moi le déluge", malgré la responsabilité morale et les intérêts pratiques que met en jeu l'avenir encore incertain de ce pays clef. Enfin, la course à l'armement qui continue dans le théâtre israélo-libano-syrien, et qui fait peser sur la région le risque d'une guerre dévastatrice, réduit Washington à compter les missiles, faute de moyens à la fois de pression et de médiation.


A mesure que la politique occidentale perdait sa vigueur en tant que principe organisateur dans la région, cette dernière s'est vue contrainte d'en faire plus, par et pour elle-même. Aussi a-t-on pu assister à diverses initiatives diplomatiques laissant les Etats-Unis sur la touche : médiation turque entre Israël et la Syrie en 2008, résolution de l'imbroglio irakien à Erbil en novembre dernier, efforts conjoints syro-saoudiens au Liban en 2010 et 2011. Dans chacun de ces trois cas exemplaires les Etats-Unis n'ont joué quasiment aucun rôle. Sur un plan économique, de multiples projets d'intégration des infrastructures régionales révèlent aussi une volonté nouvelle de mettre de côté la politique au profit d'un minimum de coopération interétatique.


Mais si les régimes ont commencé à en faire plus pour eux-mêmes, ils semblaient bel et bien déterminés à en faire toujours aussi peu pour leurs peuples. Partout, un discours vaguement "réformiste" voilait à peine la réalité des inégalités économiques croissantes et des pratiques politiques régressives (successions paternalistes, élections frauduleuses, plébiscites unanimistes, etc.). En somme, ni l'Occident ni les régimes ne semblaient plus offrir la moindre direction.


Il est tout à la fois admirable, naturel et inattendu que les peuples tunisiens et égyptiens sortent eux-mêmes de leur passivité presque légendaire pour prendre leur avenir en main, retrouver une impulsion, en redéfinissant l'agenda autour de demandes de redistribution économique et de participation politique, loin de préoccupations stratégiques stagnantes. Une politique occidentale confuse et illisible a peut-être facilité, ironiquement, ce tournant, en cessant de galvaniser l'opinion publique contre elle, en inspirant une lassitude sans précédent pour des sujets comme le processus de paix et par extension la cause palestinienne, et en laissant croire à un lâchage possible des régimes. (Selon une rumeur persistante, les Etats-Unis ont voulu et orchestré la chute de Ben Ali).


Un des aspects les plus stimulants des changements en cours vient du fait qu'aucun des concepts à travers lesquels la région est généralement appréhendée (islamisme, terrorisme, sectarisme, antisémitisme, ou à l'inverse "modération") n'est pertinent dans la situation actuelle. Or ces thématiques qui mobilisent ou fascinent aujourd'hui les manifestants et téléspectateurs arabes jouissent, à l'évidence, d'une résonance profonde et répandue, beaucoup plus puissante que l'indignation ressentie face à Israël et aux Etats-Unis ou l'attrait du religieux.


Malgré la diversité des situations particulières dans les pays de la région, cette dernière n'en est pas moins remarquablement homogène (comparée à l'Europe par exemple), ce qui explique sans doute en partie l'effet de contagion. Les sociétés arabes partagent un même socle de références culturelles et historiques, un même retard de développement, une même lassitude face à des régimes qui ont cessé de pourvoir – chacun à sa manière – à leurs besoins matériels et moraux, et une même intégration dans une sphère médiatique globalisée.


Ce dernier point est important : si les régimes n'ont pas su adapter leurs discours, éreintés par l'hypocrisie et la censure, les sociétés sont devenues libres de se donner à voir aux autres et à elles-mêmes, à travers les chaînes d'information en continu, les séries télévisées à caractère social et les sites communautaires. Ces dernières années, elles ont acquis une étonnante familiarité les unes pour les autres (qui contraste avec la méconnaissance réciproque qui caractérise les européens, en dépit de tentatives beaucoup plus structurées de construction d'une destinée commune). Cette évolution a préparé le terrain à une mobilisation vécue non pas comme une spécificité tunisienne, mais comme la manifestation locale d'un malaise collectif. Par la force de l'image, des situations paradigmatiques ont instantanément été mises en circulation, en l'absence de discours bien articulés.


Que les régimes aient tous cru pouvoir continuer à ignorer ce malaise est instructif en soi. De fait, ils s'étaient assoupis dans le confort offert par une combinaison de rente stratégique, de canalisation des mécontentements vers l'islamisme, et d'apathie populaire. Ils ont fait leurs choux gras de sociétés toujours plus dépolitisées et démobilisées, le devenant eux-mêmes en abandonnant toute vision programmatique au bénéfice d'une logique d'enrichissement mafieuse. Un peu partout dans la région, les régimes ont pillés leurs institutions et ressources nationales, sapant leurs capacités à répondre à d'éventuelles demandes de redistribution.


D'ailleurs, ce sont bien souvent de minuscules coteries qui ont accumulé d'immenses richesses, laissant le gros de leurs employés au sein de l'appareil de pouvoir avec de bien maigres ressources. Ceci explique à la fois que la colère populaire, à Tunis et au Caire, se soit focalisée sur quelques individus, et que nombre de serviteurs du régime se soient trouvés davantage d'affinités avec le peuple qu'avec l'élite. Celle-ci, en tunisie tout particulierement, s'est détachée par goût du lucre non seulement de sa base sociale mais de son soubassement politique.


Dans ce contexte, une subite remobilisation de certains pans de la société, autour de revendications diffuses mais instinctivement légitimes, et sans représentants clairs avec lesquels sévir ou négocier, ne peut que laisser sans réponse adéquate des structures de pouvoir en partie évidées. Après de longues années à laisser croître un ressentiment ignoré des dirigeants avec une arrogance ostensible, quelles mesures d'ajustement auraient-elles la moindre crédibilité ? Ainsi, Ben Ali finit par concocter des concessions aussi tardives que dérisoires, le mot même de "réforme" étant épuisé ; mubarak s'efforce de resouder la population autour d'une peur du chaos ; et les autres, face aux risques d'extension, en sont réduits à croiser les doigts. Rien ne permet d'anticiper si la mobilisation prendra ailleurs ; ce qui est à peu près sûr, en revanche, c'est que les régimes peuvent facilement vaciller partout où ce sera le cas.


La chute de Saddam Hussein, en 2003, aurait pu servir de signe avant-coureur, si la question de l'invasion américaine n'avait occulté la fragilité intrinsèque du régime – pourtant le plus brutal que la région ait connu, et de loin. Seule l'armée régulière et quelques Fedayins fanatisés affrontèrent, avec une abnégation frôlant l'absurde, l'envahisseur. Cependant l'appareil de pouvoir s'effondrait de l'intérieur : les premiers cercles, gangrenés par l'arrivisme, n'alertèrent jamais le tyran sur les dangers bien réels auxquels il faisait face, ne combattirent pas (y compris les soi-disant unités d'élite des gardes prétoriennes) et se fondirent dans la nature dès qu'ils sentirent l'heure venue. En Irak, étant donné le climat de terreur que faisait régner l'appareil de sécurité et le report des récriminations sociales sur l'embargo onusien, une puissante opération militaire était nécessaire pour atteindre ce point de rupture. Mais il n'en reste pas moins que le régime est tombé avant que le tsunami des chars américains ne le renverse.


Bagdad offre d'autres leçons à méditer. Bientôt huit ans après le déboulonnement des statues du tyran, la transition est loin d'être achevée. Les espoirs initiaux ont d'abord fait trembler la région d'excitation, avant que d'effroyables violences ne servent de repoussoir contre toute tentation d'aventurisme, puis que la désillusion ne s'installe dans un calme relatif teinté de certains travers de l'ancien régime (corruption endémique, tortures et disparitions). Les projets "néocons" de refonte de la région autour du "modèle irakien" oubliaient une chose : les transitions ont une temporalité et une rationalité qui ne se prêtent pas à celles – immédiate et réductrice – de l'action politique.


En Tunisie et en Egypte, nous assistons certainement à un tournant majeur. Vers quoi ? Allahu ya'lam (Dieu seul le sait). Pour l'Occident, l'écueil consiste à tenter de réagir à l'événement en tâchant bien tardivement de mettre en conformité les valeurs et les intérêts qu'il entend défendre. Il va de soi que les aspirations populaires dans le monde arabe ne vont pas subitement venir chambouler une politique qui restera surdéterminée par la quête d'énergie, le soutien à Israël et la lutte contre l'islamisme. Les grands discours tressant des louanges aux peuples tunisiens et égyptiens sont bien myopes : et si les courageux peuples tunisiens et égyptiens optaient pour des postures nationales contraires aux visées occidentales, que diront alors Washington et Paris ? Déjà, on imagine ces capitales privilégier certaines composantes jugées plus commodes que d'autres au sein des courageux peuples en question – façon de réintroduire les clivages habituels entre islamistes et laïcs, modérés et militants. La pente est glissante vers une restauration, sous une forme ou sous une autre, du statu quo.


Ce risque est réel en Egypte, où l'armée, rare institution sécuritaire à être cohésive et populaire, est en bonne position pour gérer efficacement la transition, dans une logique d'endiguement des Frères musulmans et de maintien d'une ligne pro-occidentale en politique étrangère. S'il y a une chose à souhaiter, c'est que l'Occident, passées les homélies, ne deviennent pas une source de régression nouvelle dans une région qui a tant besoin de regarder de l'avant.


Le mieux serait de contribuer autant que possible, et sur la durée, à des transitions réussies vers des modèles aussi pluralistes et démocratiques que possibles, sans oublier que les problèmes de la région restent entiers. Le conflit israélo-palestinien, la question iranienne, la radicalisation d'une jeunesse urbaine sous-employée reviendront vite nous hanter, dans un environnement simplement rendu plus complexe encore par les changements subits qui viennent de s'opérer. S'il est grand temps pour la région de rendre justice aux aspirations populaires, il y a bien des raisons pour qu'elle ne l'ait pas fait depuis si longtemps. Le meilleur service à rendre à ceux qui aspirent au changement serait d'assainir le climat sur des questions où l'Occident a bien plus à offrir que la logique du statu quo.
Peter Harling, directeur des activités de l'International Crisis Group en Irak, en Syrie et au Liban

Ségolène Royal à Nicolas Hulot : "Les candidatures médiatiques n'ont jamais réussi"

"Lorsqu'on se lance dans une présidentielle… Il faut être solide et accepter de se laisser bousculer",avertissait Dominique Voynet, ancienne candidate des Verts, à l'attention de Nicolas Hulot, candidat potentiel mais non déclaré. Le message de la maire de Montreuil a, semble-t-il, été entendu par la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, Ségolène Royal, qui s'est chargée de porter un coup médiatique contre Nicolas Hulot, qui hésite pour 2012.

La présidentielle, "ce n'est pas comme porter une émission de télé", a-t-elle prévenu. "Les gens croient qu'être président, c'est toujours plus facile que ça paraît. C'est un long travail, (…) il faut un projet, ça ne s'improvise pas", a déclaré jeudi Mme Royal, en déplacement en Seine-Saint-Denis, dans le cadre d'une double campagne : les élections cantonales de mars 2010, pour lesquelles elle soutenait Claude Bartolone, président socialiste du conseil général, et surtout sa propre candidature pour la primaire socialiste.
UNE CHARGE SOCIALISTE INÉDITE
A propos d'une éventuelle candidature à la présidentielle de Nicolas Hulot, Ségolène Royal a tenu à aviser son adversaire potentiel, par médias interposés, de la difficulté et des risques d'un éventuel engagement dans la course : "Les candidatures médiatiques n'ont jamais réussi. Maintenant, on verra", avant d'ajouter : "Il est connu grâce à ses émissions sur TF1 essentiellement. (…) Porter un pays, ce n'est pas comme porter une émission de télé". "Il est très sympathique au demeurant", a-t-elle conclu.
Claude Bartolone, qui accueillait Ségolène Royal dans son fief, n'a pas contredit son invitée : "Il y a une grande différence entre popularité et capacité électorale" ; avant de reconnaître que "c'est aux écologistes de choisir leur candidat".
Comment interpréter cette charge socialiste assez inédite contre le possible candidat écologiste ? Est-ce une saillie isolée ou le début d'une offensive à gauche contre Nicolas Hulot ? Les partisans de ce dernier y verront certainement un signe que l'idée de sa candidature en dérange certains au Parti socialiste.

JE RIGOLE, SINCÈREMENT, ELLE FAIT DANS LE MÉDIATIQUE DEPUIS TOUJOURS, PARCE QU'EN CE QUI CONCERNE LES IDÉES, IL N'Y A PAS GRAND CHOSE.

Chants et danses place Tahrir

Ce vendredi doit être pour les opposants au président Moubarak le "jour du départ" du chef de l'Etat égyptien. A l'heure où ses hommes de main font tout pour le garder au pouvoir, suivez heure par heure cette journée cruciale.

  14h09Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré vendredi à Berlin espérer que les manifestations en cours au Caire, réclamant le départ du président égyptien Hosni Moubarak, se déroulent sans violence. "Je souhaite sincèrement que la manifestation d'aujourd'hui ne donne pas lieu à la violence. Nous avons vu trop de violence et de sang", a déclaré le secrétaire général de l'ONU. 
"Il est temps d'entamer un processus de transition pacifique et ordonnée menant à des élections libres et honnêtes", a-t-il réaffirmé. Le processus de transition doit démarrer "aussitôt que possible", a souligné Ban Ki-moon, ajoutant "le plus tôt sera le mieux". 
14h59 Le Guardian rapporte des propos publiés sur Twitter par un journaliste d'Al-Jazira: des heurts ont éclaté sur la place Talaat Harb, à l'est de la place Tahrir, épicentre de la contestation au Caire. 
14h51L'Iran a appelé vendredi à une "révolution islamique en Egypte", estimant que le modèle de la révolution iranienne de 1979 se répandait comme un "tremblement de terre" susceptible de balayer l'influence américaine dans le monde arabe. "Ne reculez pas avant l'instauration d'un régime populaire fondé sur la religion", a lancé le guide suprême iranien Ali Khamenei, dans un discours en arabe, aux manifestants égyptiens qui réclament depuis 10 jours le départ du président Hosni Moubarak. 
L'Iran, qui célèbre cette semaine le 32e anniversaire de sa révolution islamique, affirme haut et fort depuis le début que les révoltes en Egypte et en Tunisie sont le signe d'un "réveil islamique". Mais c'est la première fois qu'un dirigeant iranien appelle directement la population d'un de ces pays à instaurer un régime islamique. 
14h46 800 000 manifestants sont enregistrés dans les rues d'Alexandrie, selon le Daily News Egypt.  
14h37 La chaine Al-Arabyia vient de publier sur Twitter que des heurts assez localisés ont été observés place Tahrir entre les manifestants et des "pro-Moubarak", tels qu'ils se désignent. L'agence de presse Reuters confirme: des hommes armés de fouets et de barres de fer ont fait irruption sur la place Tahrir, à dos de chameau et à cheval, pour s'en prendre aux manifestants non armés. 
14h32 Selon la chaine Al-Arabyia, les manifestations de ce vendredi, "jour de départ" du président Moubarak, a rassemblé à la mi-journée plusieurs millions d'opposants à travers tout le pays. 
14h20 Nouvelle prise de position américaine: le plus haut gradé américain, l'amiral Michael Mullen, a semblé écarter l'idée d'un gel de l'aide américaine à l'armée égyptienne, soulignant la nécessité de ne pas prendre de décision hâtive, dans une interview sur la chaîne ABC vendredi. "Je souhaite mettre en garde contre toute action tant que nous ne comprenons pas ce qui se passe", a dit l'amiral Mullen, chef d'état-major interarmes. 
L'aide américaine à l'armée égyptienne, d'un montant de 1,3 milliard de dollars par an depuis 30 ans, est "évidemment un investissement important. Mais c'est un investissement qui s'est révélé payant sur le long terme", a-t-il souligné. 
14h11 La chaîne de télévision satellitaire qatarie Al-Jazira a annoncé vendredi que son bureau au Caire avait été attaqué par des inconnus qui ont détruit ses équipements. Dimanche, le ministre égyptien sortant de l'Information, Anas el-Fekki, avait ordonné l'interdiction d'Al-Jazira, qui a largement couvert la révolte contre le président Hosni Moubarak. La chaîne avait estimé que cette décision visait à "faire taire le peuple égyptien". 
La chaîne qatarie, qui a toujours eu des relations tendues avec le gouvernement égyptien, couvre en continu les manifestations anti-gouvernementales qui ont début le 25 janvier en Egypte. Au lendemain de l'interdiction, six de ses journalistes ont été brièvement arrêtés au Caire
 14h09 Sur Facebook, quelques images d'un hôpital de campagne, près de la place Tahrir. 
13h54 Des centaines de milliers de manifestants se trouvent désormais place Tahrir. L'ambiance calme est portée par des chants et des danses. Aucune trace des pro-Moubarak ce jour. 
13h43 Le changement est en "cours en Egypte comme il est venu en Tunisie", édclare vendredi la haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, appelant les autorités du pays à écouter la voix du peuple. Elle exhorte par ailleurs les autorités égyptiennes à mener des enquêtes "transparentes et impartiales" sur les récentes violences dans le pays. 
13h18 Le chef de la Ligue arabe, l'Egyptien Amr Moussa, se trouve place Tahrir, épicentre de la contestation contre le régime égyptien, pour aider à "ramener le calme", a indiqué son bureau. 
12h50 Des dizaines de milliers d'Egyptiens sont massés place Tahrir. La manifestation se déroule dans le calme, et les partisans du président, à l'origine des violents affrontements ces deux derniers jours ne sont pas visibles ce vendredi, l'armée ayant déployé des dizaines de véhicules pour créer une zone tampon autour de la place. 
12h30 Des dizaines de milliers de personnes prient sur la place Tahrir, une première prière hebdomadaire du vendredi dans ce lieu emblématique de la révolte égyptienne. "Nous sommes nés libres et allons vivre libres... Je vous demande de patienter jusqu'à la victoire", a déclaré un imam identifié comme Khaled al-Marakbi par les fidèles. 
12h06 Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien estime le Hosni Moubarak est un "homme sage" et qu'il devrait rester en place pour assurer la transition vers la démocratie selon Reuters. Pourtant, le président du Conseil italien avait, jeudi, réclamé, avec quatre autres dirigeant européens, que le processus de transition démocratique commence dès maintenant. 
11h27Le guide suprême des Frères musulmans, Mohammed Badie, déclare à la chaîne Al-Jazira qu'il est prêt au dialogue avec le vice-président Omar Souleimane mais après le départ du président Hosni Moubarak. C'est la première fois que le guide suprême de la confrérie s'exprime publiquement depuis le début de la contestation populaire le 25 janvier. 
10h40 Une roquette antichar a été tirée vendredi sur le siège de la Sécurité de l'Etat dans la ville d'El-Arich, près de la frontière de la bande de Gaza, dans la péninsule du Sinaï, selon une source au sein des services de sécurité et de témoins. 
10h22 Le ministre égyptien de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui se rend place Tahrir, où il s'adresse aux manifestants. La télévision publique a précisé dans un bandeau que le ministre "inspecte la situation place Tahrir". 
"L'homme vous a dit qu'il n'allait pas se représenter", a lancé le ministre, en référence au président Moubarak qui a annoncé qu'il ne briguerait pas un sixième mandat à la présidentielle de septembre. Cette annonce n'a pas apaisé la rue qui continue à manifester durement depuis. 
"Allez dire au Guide de s'asseoir avec eux", a-t-il ajouté, dans une apparente allusion au Guide suprême des Frères musulmans, Mohammed Badie, et au dialogue lancé par le pouvoir avec l'opposition. 
10h Des centaines de personnes commencent à affluer ce vendredi matin vers la place Tahrir au Caire, où des milliers de manifestants ont encore passé la nuit, pour le "vendredi du départ" visant à obtenir la démission immédiate du président Hosni Moubarak. Des centaines de personnes faisaient la queue à un barrage militaire pour accéder à la place, épicentre de la contestation depuis le 25 janvier. Chacun était méticuleusement fouillé par les soldats. 
"Nous voulons une deuxième entrée", clamaient plusieurs dizaines de personnes qui convergeaient du pont Qasr el-Nil, redoutant de ne pas pouvoir accéder à la place avant la prière du vendredi vers midi. 
Ce qu'il faut retenir de la situation en Egypte ce vendredi: 

Le vice-président Omar Souleimane, qui s'exprimé lors d'une interview avec Moubarak sur ABC, a déclaré que l'armée déployée en renfort n'utiliserait "jamais" la force contre la population. Quant aux revendications des manifestants, il a affirmé: "Jeunes, vous êtes l'étincelle qui a allumé le feu de la réforme. Laissez désormais à l'Etat le temps de jouer son rôle". Concernant enfin l'appel lancé par les Frères Musulmans, à un rassemblement de masse ce vendredi, Souleimane a estimé que cette demande équivalait à un "appel au chaos" et exhorté les manifestants à quitter la place Tahrir, épicentre de la contestation au Caire. Les Frères Musulmans avaient rejeté, plus tôt dans la semaine, l'appel au dialogue du régime considéré comme "illégitime".  
Le président Moubarak a quant à lui assuré, sur la chaine ABC en avoir "assez d'être président", disant vouloir "abandonner le pouvoir maintenant, mais qu'il ne pouvait le faire de peur que le pays ne sombre dans le chaos". "Je ne m'enfuirai jamais de mon pays, poursuit-il. Je mourrai sur ce sol." 'Je n'ai jamais eu l'intention que mon fils me succède au pouvoir", dit-il encore, alors que Gamal Moubarak a souvent été considéré comme son héritier désigné... Et lorsqu'il s'agit des violences de ce mercredi, le président égyptien désigne comme principaux responsables les Frères musulmans.  
Face à la radicalisation de la crise, l'administration Obama négocierait, depuis ce jeudi, avec des responsables égyptiens une proposition pour une démission immédiate de Moubarak, a-t-on rapporté dans le journal américain The New York Times. La Maison blanche n'a cependant pas confirmé les informations du Times mais a reconnu que le dialogue était engagé avec les Egyptiens pour tenter de résoudre la crise qui dure depuis 10 jours. 
Ce jeudi, de violents affrontements ont eu lieu au Caire, entre les manifestants et des sbires armés par Hosni Moubarak, venus défendre le président dans la rue. Le bilan de ces deux dernier jours de violence serait de 13 morts et 1200 blessés selon le Guardian. Au coeur des manifestations de ce jeudi, de nombreux journalistes auraient également été pris pour cible. Revivez cette journée de colère sans précédent. 




La "Journée du départ" pour Moubarak?

Nouvelle journée de manifestations, baptisée "la journée du départ", ce vendredi en Egypte. Alors que les violences entre pro et anti-Moubarak inquiètent la communauté internationale, l'opposition a de nouveau appelé le peuple à descendre dans la rue pour faire pression sur le pouvoir et réclamer le départ du raïs. 

09h40: EGYPTE: L'Union européenne appelle au dialogue "absolument"
Il est "absolument essentiel" que le dialogue commence sans tarder entre les autorités égyptiennes et l'opposition, a déclaré Catherine Ashton, cheffe de la diplomatie européenne.
09h32: EGYPTE: Pour l'Iran la révolution est un "signe de réveil" de l'Islam
Ali Khamenei, le guide suprême de la révolution islamique d'Iran, a qualifié les révoltes en Tunisie et en Egypte, d'un "signe du réveil islamique" dans le monde.
08h57: EGYPTE: Pas d'élections rapides en vue
"On ne peut pas avoir d’élections demain ou dans un mois", a estimé vendredi sur Europe 1 le secrétaire général de la Ligue Arabe Amr Moussa, opposant à Hosni Moubarak. Interrogé sur la journée de vendredi et sur un départ possible du président égyptien, Amr Moussa estime qu’Hosni Moubarak restera à son poste jusqu’à la fin août. Mardi dernier, Hosni Moubarak a assuré, à la télévision, qu’il avait bien l’intention de terminer son mandat à la tête du pays. Mais il a indiqué qu’il ne se représenterait pas.
08h01: EGYPTE: Les Frères musulmans ne veulent pas la présidence
Les Frères musulmans n'ont pas l'intention de présenter un candidat à la présidentielle égyptienne, a déclaré vendredi Mohamed al Beltagui, membre influent de cette organisation, cité par la chaîne Al Djazira. Une élection présidentielle est prévue en septembre et le chef de l'Etat Hosni Moubarak, âgé de 82 ans et au pouvoir depuis fin 1981, a annoncé mardi qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat.

07h46: EGYPTE: Les journalistes de TF1 libérés

La pression s'accentue sur les journalistes en Egypte. Jeudi, trois journalistes de TF1 ont été arrêtés au Caire, puis relâchés. "Ils ont été arrêtés jeudi matin alors qu’ils ne tournaient pas, ils étaient en voiture. Ils ont été emmenés les yeux bandés puis interrogés", rapporte Catherine Nayle, directrice de l'information à TF1, sur Europe 1, vendredi matin. "Ils n'ont pas été molestés, ni frappés, mais il s'agissait clairement d'intimidation. Ils n’étaient pas les seuls, il y a avait aussi des journalistes de CNN", ajoute-t-elle.
"Les journalistes jouent au chat et à la souris avec les services de sécurité dans les hôtels", raconte, de son côté, François Klauss, envoyé spécial d'Europe 1 au Caire. "Nous passons notre matériel d'une chambre à l'autre pour ne pas se le faire confisquer et ne déployons notre valise satellite que quelques minutes, le temps de faire notre direct", ajoute-t-il. Face à la des violences, plusieurs journalistes ont été exfiltrés d'Egypte.
06h46: EGYPTE: Souleiman défend les pro-Moubarak
Selon le vice-président égyptien Omar Souleiman, les partisans du président égyptien Hosni Moubarak n'ont pas tué de manifestants anti-gouvernementaux au cours des violences qui ont secoué Le Caire. Interviewé sur la chaîne ABC News à propos des tirs qui ont visé les manifestants regroupés sur la place Tahrir, au centre du Caire, Omar Souleiman a affirmé jeudi: "Ils se sont bien comportés". "Personne n'a été tué par des tirs d'armes ou des snipers. Impossible". Les forces armées "n'ont usé d'aucune violence contre" les manifestants, a-t-il encore souligné. "Mais nous leur demandons de rentrer chez eux", a expliqué le vice-président.
06h17: EGYPTE: Washington anticiperait l'après-Moubarak
Des responsables américains ont indiqué jeudi qu'ils discutaient avec des dirigeants égyptiens en vue de parvenir à une transition ordonnée du pouvoir, et cela en anticipant peut-être le départ de Hosni Moubarak, au pouvoir depuis une trentaine d'années. D'après le New York Times, l'administration Obama négocie en effet avec des responsables égyptiens une proposition pour une démission immédiate du président égyptien. La Maison-Blanche n'a pas confirmé les informations du Times, mais a reconnu que le dialogue était engagé avec les Egyptiens pour tenter de résoudre la crise qui dure depuis dix jours.
06h00: EGYPTE: Quelle mobilisation vendredi?
De nouvelles manifestations sont prévues vendredi en Egypte à l'appel du mouvement de contestation qui espère en faire la journée du départ du président Hosni Moubarak, après dix jours de protestations et de violences meurtrières sans précédent dans le pays. Les organisateurs espèrent mobiliser, comme le 28 janvier, un million de personnes après la prière musulmane hebdomadaire, en début d'après-midi.

«Si Moubarak tombe, ce sera le chaos assuré»

Hosni Moubarak règne sans partage sur l'Egypte depuis 30 ans. Lefigaro.fr décrypte les rouages d'un régime autoritaire contre lequel la rue se retourne désormais.
En octobre prochain, Hosni Moubarak aura passé trente ans à la tête de l'Egypte. Président omnipotent, il n'aura même pas daigné, pendant ces trois décennies, s'adjoindre un vice-président comme le faisaient ses prédécesseurs. A l'heure où des milliers d'Egyptiens bravent l'interdiction du régime de manifester contre le chef de l'Etat, sur quoi repose le pouvoir de l'un des plus anciens dirigeants du monde ?
«Il y a toujours eu des critiques contre Moubarak, mais elles deviennent plus acerbes avec le temps. Toutefois, on aurait tort de comparer l'impopularité de Moubarak avec celle de Ben Ali», estime Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche au CNRS.
Hosni Moubarak est arrivé au pouvoir à l'issue de l'assassinat de Sadate en 1981. Militaire de formation, héros de la guerre de 1973, il jouit du soutien de l'armée, élément-clé du régime. «Il est peu probable que les manifestants puissent le renverser sans avoir à affronter d'abord les militaires», souligne le spécialiste. Moubarak devrait d'autant plus pouvoir compter sur l'armée que celle-ci, très riche, contrôle de nombreuses sociétés et ne souhaite pas voir ses avantages remis en cause.

Les Frères musulmans diabolisés

Quant à la scène politique, elle reste verrouillée. Les législatives de novembre 2010 ont montré que le PND (Parti national démocrate), parti quasi unique dirigé par Moubarak, n'était pas prêt à faire une place plus grande à l'opposition. Alors que les élections précédentes de 2005, un peu plus ouvertes que d'ordinaire, avaient été marquées par un score inattendu des Frères musulmans (islamistes), avec 88 sièges, le récent scrutin a été l'occasion pour le PND de remettre les pendules à l'heure. Bilan : le premier tour a été entaché de telles fraudes que les plupart des partis de l'opposition, dont les Frères musulmans, ont décidé de se retirer. Versant de la médaille, le PND dispose désormais d'une majorité si confortable - 494 sièges sur 508 que cela indispose même certains membres du parti.
«Le régime n'a pas supporté les scores des islamistes en 2005, ça l'a tétanisé», analyse Jean-Noël Ferrié. Les Frères musulmans sont la bête noire historique du régime. «Ils l'effraient car ils donnent l'impression de former un bloc important et ne sont pas prêts à rentrer dans un jeu de compromission avec le PND». A ce titre, la Confrérie, qui a su séduire le peuple en organisant un réseau d'associations caritatives pour combler les lacunes de l'Etat, est régulièrement victime d'arrestations. «Le gouvernement les maintient sous pression, pour qu'ils ne soient pas tentés d'aller trop loin», explique Jean-Noël Ferrié.
Entre le PND et les Frères musulmans, Moubarak a fait en sorte d'éradiquer toute forme de force politique alternative crédible. «Comme tous les régimes autoritaires, il a pratiqué la politique de la terre brûlée. Si Moubarak chute, il ne sera pas forcément remplacé par les Frères musulmans. Mais ce sera le chaos assuré», analyse Jean-Noël Ferrié.
Cette absence d'opposition permet aussi à Moubarak de s'assurer du soutien des grandes puissances internationales. Le président égyptien centre son discours sur la menace des Frères musulmans, pour donner l'impression aux Occidentaux qu'il est la seule alternative possible. «Et personne ne le souhaite : ni les Européens, qui ne sont pas prêts à accepter des extrémistes religieux au pouvoir, ni les Américains qui veulent maintenir une situation apaisée entre l'Egypte et Israël».

Le défi de la succession

On constate par ailleurs un durcissement du pouvoir en prévision de la succession de Moubarak, qui affiche 83 ans. Les transitions sont des périodes toujours délicates pour les régimes autoritaires. S'il semble probable que le raïs brigue un sixième mandat en septembre prochain, plusieurs experts pensent néanmoins qu'il n'ira pas au bout de celui-ci et tentera de faire accepter son fils Gamal à la place. Ce dernier incarne une branche réformatrice et libérale du PND, mais il pourrait souffrir de ne pas être issu des rangs de l'armée. «Si les Egyptiens décident de ne pas accepter Gamal, rien ne prédit que l'armée acceptera de se retourner contre la rue pour l'imposer», analyse Jean-Noël Ferrié.

Avec les manifestants de la place Tahrir

Une sorte de «république autonome» a vu le jour, retranchée derrière les barricades, au centre du Caire. 

Une petite entité autonome défie le gouvernement égyptien depuis le centre du Caire. Entourés par les chars de l'armée, assiégés par des contre-manifestants, les protestataires anti-Moubarak se sont installés sur la place de la Libération dans une atmosphère de camp retranché qui tourne parfois à la fête foraine. Cette minuscule république autonome n'a ni chefs reconnus ni réelle structure mais n'en est pas moins étonnamment bien organisée.
La défense notamment. Après les batailles rangées de la veille, où ils ont repoussé à coups de pierres jusqu'à la nuit les assauts des partisans de Moubarak, les protestataires ont fortifié les neuf accès de la place. Des barricades ont été édifiées avec tout ce qui leur tombait sous la main, carcasses de voitures, barrières de chantier d'un hôtel en construction et toutes sortes de matériaux. En avant de ces remparts, des tas d'ordures ont été alignés en travers de la chaussée et aspergés d'essence, prêts à être enflammés. Plusieurs lignes de défense ont été aménagées. Derrière ces remparts, des jeunes gens montent la garde, prêts à repousser de nou­velles attaques, avec des empilements de pierres comme réserves de munitions. À la moindre alerte, on tape furieusement sur les barrières métalliques et des panneaux pour battre le rappel des renforts. Des femmes ont confectionné de curieux casques en carton et les terre-pleins de la place ont été transformés en carrières d'où l'on extrait des gravats qui serviront de projectiles.
Un service médical d'urgence s'est mis en place. Une petite mosquée coincée dans une allée qui mène à la place sert d'hôpital principal. Des antennes médicales avancées sont installées près des lignes de défense, quelques chaises et des bâches sur lesquels on allonge les blessés. Les médecins et les infirmiers sont des bénévoles, souvent des étudiants en médecine, en même temps que des militants.
Dans le petit poste de secours improvisé du côté du Musée égyptien, où ont eu lieu les affrontements les plus violents, le Dr Sherif Omar a les yeux cernés, mais les jeunes infirmières le couvent du regard. Sa blouse est maculée de sang et de teinture d'iode, après qu'il a traité des centaines de blessés pendant les combats de la veille, qui se sont poursuivis tard dans la nuit. «Nous occupons cette place pacifiquement depuis maintenant six jours. Et soudain, nous avons été attaqués par des hooligans prétendant manifester pour la stabilité», explique le jeune médecin. «Si Moubarak ne s'en va pas, il y aura de nouveaux heurts. Les médias d'État nous décrivent comme de dangereux émeutiers qui menacent la stabilité du pays. Alors que les casseurs et les fauteurs de troubles sont ceux qui nous ont attaqués avec des cocktails Molotov. La plupart sont des policiers en civil qui se font passer pour des manifestants», dit le Dr Omar.

Chasse aux policiers en civil 

La chasse aux policiers en civil infiltrés est générale. Des groupes passent en entraînant avec eux des agents provocateurs démasqués. On les interroge dans une agence de voyages de la place. La veille, trop nombreux, ils ont été regroupés dans une des entrées de la station de métro Sadate, transformée en centre de détention improvisé. Une petite exposition a été installée sur le trottoir, montrant les cartes d'identité des policiers, un cocktail Molotov, des couteaux, des coups-depoing américains et des étuis de car­touches de tous calibres saisis un peu partout, avec une pancarte au stylo indiquant qu'ils avaient été saisis sur des policiers.
Loin d'avoir découragé les protesta­taires, l'attaque des partisans de Moubarak semble avoir plutôt développé leur détermination. «Le dernier discours de Moubarak m'avait convaincue, dit Hanna Mohammed, une toute petite dame au visage entouré d'un foulard rouge. Je me disais qu'après tout, on pouvait bien attendre six mois avant qu'il ne s'en aille, au bout de trente ans ce n'est pas grand-chose. Mais en envoyant hier des Égyptiens contre d'autres Égyptiens, il a commis quelque chose de terrible. Ce qui s'est passé ici mercredi m'a fait revenir sur la place de la Libération, et je vais y rester.»
Les haut-parleurs hurlent jour et nuit. D'un côté, les Frères musulmans scandent des «Allah est grand» toutes les trois phrases. De l'autre, le guitariste Romi Essam fait cracher à ses amplis un rock humoristique sur Moubarak, guitare à la hanche, un bandage sous sa cas­quette.
Sur le terre-plein central, des gens dorment pêle-mêle à même le sol, enroulés dans des couvertures. Un groupe de jeunes filles a monté une tente baptisée «Hôtel de la Liberté». «Moubarak en a fait hésiter certains en annonçant qu'il ne se représenterait pas, mais l'attaque de ses supporteurs les a remobilisés», dit Noura al-Gazzar, une jeune étudiante de 24 ans. Elle et ses amis appartiennent à la génération Twitter, ils ont été les premiers à déclencher la fronde, prenant tout le monde de court, le régime comme les partis d'opposition. «Cette génération est meilleure que la nôtre, nous avions peur, et eux pas», dit Yasser Ghanim, un biochimiste égyptien revenu en hâte du Qatar pour participer à cet «événement historique». «Ils nous ont rendu notre dignité, nous ne sommes plus du bétail mais de nouveau des êtres humains.»
«Ils sont formidables, les plus vieux ont à peine 28 ans et je me mets à leur ser­vice !», dit le Dr Mahmoud Hamza, un ­riche industriel. «J'avais participé à des manifestations dans les années 1968, mais ça n'a rien à voir. Aujourd'hui nous avons une révolution, comme vous en France!»
Les barbus sont aussi présents sur la place. Longtemps réprimés, les Frères musulmans ont parfaitement saisi l'occasion qui se présentait et participent activement à la défense de la place de la Libération, sans pour autant diriger l'ensemble d'un mouvement sans tête. «Nous sommes ici jusqu'au départ de Moubarak», dit le Dr Mohammed al-Beltagy, ancien parlementaire et porte-parole des Frères musulmans. «Nous croyons en la démocratie et dans le droit de chacun d'exercer sa religion. Le régime n'a pas encore compris qu'il s'agissait d'une révolution.»

Hosni Moubarak aimerait partir, mais craint le "chaos"

Le président égyptien Hosni Moubarak a déclaré, jeudi 3 février, à la chaîne de télévision américaine ABC qu'il aimerait quitter le pouvoir, mais qu'il ne peut le faire par crainte du "chaos" qui s'installerait alors dans son pays.
 Selon la journaliste Christiane Amanpour, qui dit avoir passé "environ trente minutes" avec le président, M. Moubarak a dit qu'il était "fatigué d'être président et qu'il aimerait quitter ses fonctions maintenant", mais qu'il ne le peut pas "par peur du chaos qui s'emparerait du pays".
"Il m'a dit : 'Je suis très malheureux à propos d'hier. Je ne veux pas voir les Egyptiens se battre entre eux'", écrit Mme Amanpour, qui poursuit : "Quand je lui ai demandé ce qu'il pensait des manifestants qui lui crient des insultes et demandent son départ, il a dit : 'Peu m'importe ce que les gens disent sur moi. Ce qui m'importe maintenant, c'est mon pays, c'est l'Egypte.'" Selon la journaliste, M. Moubarak s'est dit "soulagé" après avoir annoncé, mardi, qu'il ne se représenterait pas à l'élection présidentielle de septembre.


Le raïs a par ailleurs assuré que son gouvernement n'était pas responsable des violences sur la place Tahrir, au Caire, qu'il a imputées aux Frères musulmans. En réponse aux appels du président Barack Obama à engager sans tarder le processus de transition, Hosni Moubarak a déclaré : "Vous ne comprenez pas la culture égyptienne et ce qui se passerait si je démissionnais."

Crever les yeux du monde...

Ce n’est évidemment pas un réflexe corporatiste, non. Un sentiment physique qui inspire l’impression de danger et la révolte. Il est toujours profondément perturbant, et angoissant, de voir pourchasser des journalistes qui veulent simplement faire leur métier : être les témoins de l’actualité en mouvement. Tout lyrisme mis à part, intimider la presse internationale comme l’ont fait les nervis du régime Moubarak, c’est essayer de crever les yeux du monde. C’est imaginer que l’absence d’images pourra changer le réel. C’est se laisser aller à croire que la télévision fait l’histoire. C’est évidemment une erreur simpliste et une conviction archaïque.

Il semble clair, ce matin, que le pouvoir égyptien a téléguidé d’une façon ou d’une autre les contre-manifestations qui ont déstabilisé le grand mouvement démocratique. En couvrant les violences perpétrées par ces hordes d’agresseurs, il a aussi perdu définitivement tout crédit, au risque de ternir le prestige de l’armée qui a laissé faire, étrangement passive, au mépris de ses responsabilités les plus élémentaires.

L’objectif ne fait guère de doute lui non plus : il s’agit bien de laminer les manifestants pour qu’ils abordent cette grande journée de vendredi avec la peur au ventre. La conscience du risque encouru. Tactiquement bien joué, mais moralement désolant. Grossier, le procédé a des chances de parvenir à son but à moins qu’il n’ait, au contraire, un pouvoir multiplicateur sur la mobilisation d’aujourd’hui.

Le président Moubarak joue lui-même sur tous les tableaux simultanément. D’une main, un discours vaguement conciliateur sur le thème éculé de « moi ou le chaos ». De l’autre, une répression féroce contre tous ces « combattants de la liberté » qui, jusque-là s’étaient battus à mains nues. Et pacifiquement.

Le régime n’a pas hésité à puiser dans le registre de la provocation pour mettre le feu aux poudres, afin d’apparaître ensuite comme un sauveur, celui qui assure la paix et le calme.

Ce vendredi sera un nouveau grand test. Peut-être le test final. Celui du courage, pour se débarrasser d’un régime qui opprime et corrompt. Cela est loin d’être gagné. En posant un ultimatum daté, Mohammed ElBaradei n’a pas forcément rendu service à son camp. Le pouvoir s’est crispé un peu plus, basculant dans une répression aveugle au service, dit-il, d’un retour à la normale.

Cela ressemble, toutes proportions gardées et même si les situations ne sont absolument pas comparables, aux heures qui ont précédé l’assaut de la place Tien An Men en 1989, quand le regard des étrangers avait été détourné de force du grand nettoyage qui allait commencer à l’abri du regard des objectifs. C’était il y a presque 22 ans, un autre siècle, un autre continent, une autre situation géopolitique. Mais les réflexes de tous les régimes autoritaires du monde ont en commun d’être aveugles.

La peur du chaos en Égypte

Des barricades, des tireurs disséminés dans la foule, des policiers en civil, des journalistes violemment tabassés... Depuis mercredi, l'atmosphère festive qui animait la place Tahrir, au Caire, durant les premiers jours des manifestations, a basculé dans la violence. D'un côté, les jeunes qui réclament toujours le départ de Moubarak; de l'autre, des bandes qui affirment soutenir le raïs. Tous les partisans d'une ouverture démocratique et probablement la majorité silencieuse de l'opinion égyptienne redoutent surtout le chaos. Synonyme, généralement, de reprise en main et de fin de l'espoir.

Le chaos est une peur réelle, c'est aussi une carte jouée cyniquement par le régime. En témoigne l'irruption, mercredi, des pro-Moubarak, qui ressemble à une authentique stratégie de la tension. Confirmée, hier, par la traque aux journalistes étrangers.

En deux jours, le pouvoir des images a été comme retourné. Mardi, l'espoir inondait les rues, tandis que l'inquiétude perçait sur le visage de Moubarak, seul à l'écran. Hier, c'était l'inverse. La violence incontrôlable se déchaînait sur la place, pendant que la télévision égyptienne retransmettait un entretien posé avec l'homme fort du régime, le vice-président, Omar Souleimane.

Que propose-t-il ? Un calendrier de dialogue, des amendements à la Constitution, des consultations avec les jeunes, l'opposition, les Frères musulmans. Un engagement à ne pas se présenter à la présidentielle et une confirmation : Moubarak quittera la scène. Est-ce la transition demandée par les puissances occidentales ? Ou plutôt une façon de temporiser pour laisser la tension retomber et mieux maîtriser le jeu ? Le comportement ambigu de l'armée, ces deux derniers jours, permet de mesurer le flottement qui règne actuellement au Caire. Pour plus d'un général, la fin de l'ère Moubarak n'est pas nécessairement celle du régime.

Réelle ou entretenue, la peur du chaos dépasse largement les frontières de l'Égypte. Depuis une trentaine d'années, Moubarak était le pilier vital de la diplomatie américaine dans la région. Au nom d'un dogme : la stabilité. Gage essentiel pour le commerce des hydrocarbures, pour le dossier israélo-palestinien, pour contrer l'Iran et faire barrage aux islamistes. La colère des jeunes Arabes a brisé ce cadre. Ce qui ne veut pas dire que ce qu'il garantissait n'est pas toujours aussi vital pour Washington. Ce qui manque, c'est le nouveau garant.

En lâchant Ben Ali, puis Moubarak, en soutenant les aspirations démocratiques des manifestants, la diplomatie américaine se place dans une position d'accompagnement d'un changement dont l'issue est très incertaine. La stabilité n'est plus, et la démocratie n'est pas encore. Israël ne manque d'ailleurs pas de le dire à son principal soutien. Quelle est la stratégie de Washington? Elle semble indéchiffrable, comme au milieu d'un dérapage non contrôlé. Avec l'Europe dans son sillage.

Entre la peur de l'islamisme (qui a, trop longtemps et de façon souvent aveugle, légitimé certaines alliances désormais embarrassantes) et la soif nouvelle de démocratie (qui a besoin de cadres, elle aussi, pour exister vraiment), les pays occidentaux sont également spectateurs d'un changement d'époque. Qui va se jouer, aujourd'hui encore, au milieu d'une place, dans le centre du Caire, où des manifestations potentiellement très violentes sont attendues.