TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 29 janvier 2011

Avec Omar Souleiman, le régime égyptien se replie sur lui-même

Il aura fallu la pression sans précédent de la rue égyptienne pour que le président Hosni Moubarak, en place depuis 1981, se décide, samedi 29 janvier, à pourvoir le poste de vice-président qu'il avait lui-même occupé, de 1975 à 1981, jusqu'à l'assassinat, le 6 octobre 1981, de son prédécesseur Anouar Al-Sadate. Ce poste avait été laissé vacant pendant trente ans, sans doute parce que le raïs redoutait la concurrence d'un héritier institutionnel. Sa promotion écarte définitivement l'hypothèse d'une transition du pouvoir, quasi dynastique, au fils du raïs, Gamal Moubarak, qui se reposait pour sa part sur les milieux d'affaires.

L'urgence de la situation témoigne de la nécessité de garantir, au moins en apparence, une continuité de l'Etat alors que le départ du président constitue depuis le début du soulèvement égyptien, le 25 janvier, le principal mot d'ordre des manifestants.
La désignation d'Omar Souleiman, le chef des services de renseignements égyptiens, n'a rien d'une surprise. Apprécié de ses homologues occidentaux et israéliens, ce militaire de formation né en 1936, en poste depuis près de deux décennies, est apparu en pleine lumière au début de la deuxième intifada en prenant en charge pour l'Egypte le dossier palestinien, tout particulièrement Gaza puis les tentatives de réconciliation entre les deux principales factions que sont le Hamas et le Fatah.
En nommant M. Souleiman, M. Moubarak témoigne du fait que le régime égyptien se recroqueville sur sa base militaro-sécuritaire, alors que la contestation qu'il affronte est avant tout politique et sociale. S'il est plus jeune que M. Moubarak, âgé de 82 ans, M. Souleiman appartient à une toute autre génération que celle qui défile dans les rues.
Autant le nouveau vice-président peut incarner la lutte livrée avec succès dans les années quatre-vingt dix contre les tentatives de déstabilisation de groupes islamistes radicaux finalement écrasés par une répression impitoyable, autant il est en décalage vis à vis des mouvements de contestations nés dans la société civile égyptienne au cours de la dernière décennie, qu'il s'agisse de la vague "kefaya!" (ça suffit!) qui avait obligé le régime à une timide ouverture politique (l'organisation de la première élection présidentielle pluraliste et au suffrage universel en 2005), ou des émeutes de Mahalla, en 2008, qui ont préfiguré la tentative de soulèvement actuel.
Gilles Paris

La France prône le "dialogue" et la "retenue"

Comment réagir à l'ébranlement du pouvoir en Egypte ? Face à l'accélération des événements, l'Elysée cherchait, vendredi 28 janvier, à éviter deux écueils : se retrouver à la remorque des événements et en porte-à-faux, comme ce fut le cas lors du renversement du président tunisien Ben Ali, le 14 janvier ; et donner le sentiment d'un "lâchage" du président Moubarak, dont Nicolas Sarkozy s'est efforcé, ces dernières années, de faire un appui majeur pour la France auprès du monde arabe et sur les dossiers stratégiques du Moyen-Orient.

Ce rapprochement avec le raïs égyptien avait été scellé en grande pompe en juillet 2008, au travers du rôle de "coprésident" conféré à M. Moubarak dans l'architecture de l'Union pour la Méditerranée.
Vendredi, à l'issue d'une journée de contestation spectaculaire, l'Elysée est resté silencieux. Le soin de réagir a été réservé à la ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, par le biais d'un communiqué, diffusé vers 19 h 30. Depuis des heures déjà, les Etats-Unis avaient durci le ton à l'égard du régime Moubarak, l'appelant à engager des "réformes immédiates".
Plus modérée, la France a exprimé sa "vive préoccupation", appelant à la "retenue" et au "dialogue", qui seul "est de nature à permettre une évolution significative et positive de la situation, afin de prendre en compte les aspirations à davantage de liberté et de démocratie qui s'expriment". La France, "amie de l'Egypte et des Egyptiens, appelle à l'apaisement et à la responsabilité de tous", ajoutait le texte. M. Sarkozy pourrait saisir l'occasion du sommet de l'Union africaine, le 30 janvier à Addis-Abeba (Ethiopie), pour s'exprimer sur l'Egypte. Un déplacement centré sur les objectifs français pour le G20, auquel l'actualité égyptienne pourrait imposer une autre tonalité.
La crise en Egypte est analysée , à Paris comme à Washington, comme étant d'une autre ampleur, dans ses potentielles conséquences régionales, que le renversement du pouvoir en Tunisie. Les enjeux sont beaucoup plus considérables, du fait du poids de l'Egypte (pays le plus peuplé du monde arabe), de sa place au Proche-Orient et de ses relations avec Israël.
Les leviers d'influence de la France ne sont pas ceux des Etats-Unis, qui dispensent une aide financière et militaire majeure à l'Egypte. Mais en appelant à "davantage de démocratie", Paris a pris acte du problème posé par un régime sclérosé. "Autoritaire", a même dit mercredi Alain Juppé.
Le principe de "non-ingérence" énoncé par M. Sarkozy serait-il écorné ? Début janvier, le président français avait adopté une position en pointe pour dénoncer l'attentat contre une église copte au Caire. "Cela a créé une polémique", a observé M. Sarkozy, lundi, lors d'une conférence de presse à l'Elysée, conscient que ses propos, en apparence exclusivement soucieux du sort d'une minorité chrétienne, avaient été critiqués par la presse arabe.
"Perte d'influence"
C'est sur une forte personnalisation de la relation bilatérale, sur son lien avec M. Moubarak, que M. Sarkozy avait misé pour tenter de peser sur les dossiers du Proche-Orient, notamment au moment de la guerre de Gaza, en janvier 2009. L'Elysée avait alors contribué à replacer l'Egypte, dont la diplomatie paraissait en perte de vitesse, au coeur du jeu régional. Fin 2010, la présidence française espérait encore pouvoir s'appuyer sur l'Union pour la Méditerranée - même si le projet était en souffrance - pour tenir à Paris une conférence réunissant les principaux acteurs de la question israélo-palestinienne. Une attente déçue.
La relation avec Hosni Moubarak, dont M. Sarkozy a souvent loué la "sagesse", a cependant connu des flottements, notamment au début des ouvertures diplomatiques françaises à la Syrie. Et l'amitié professée avec insistance par le président français pour Israël n'était pas toujours bien perçue au Caire. Mais la "carte Moubarak", et l'idée d'une centralité de l'Egypte, ont été, ces dernières années, placées au coeur de la politique française au Proche-Orient. "De façon excessive", critique aujourd'hui un ancien responsable du Quai d'Orsay, Yves Aubin de La Messuzière, qui souligne "la perte d'influence de l'Egypte dans la région, liée en grande partie au vieillissement de son régime." L'approche française doit s'adapter à une nouvelle donne.
Natalie Nougayrède

Attentat de Domodedovo : le kamikaze venait du Caucase et voulait tuer des étrangers

Les enquêteurs russes ont annoncé, samedi 29 janvier, que l'auteur de l'attentat suicide à l'aéroport de Moscou était originaire du Caucase russe et qu'il cherchait "avant tout" à tuer des étrangers, une conclusion de mauvais augure pour la sécurité des JO de 2014 à Sotchi.
Le kamikaze a été identifié par le Comité d'enquête de Russie comme un "homme de 20 ans, originaire d'une des républiques du Caucase du Nord", région du sud du pays en proie depuis des années à plusieurs rébellions. Le lendemain de l'attentat, survenu lundi, la police avait affirmé que le kamikaze était une femme.
Les enquêteurs ne veulent cependant pas divulguer son nom afin "d'arrêter les organisateurs et complices" de l'attentat. Ils ont cependant souligné que l'attaque, qui a tué 35 personnes lundi, dont huit ressortissants d'autres pays que la Russie, visait "avant tout" des citoyens étrangers. "Ce n'est pas par hasard que l'acte de terrorisme a eu lieu dans la salle des arrivées des vols internationaux (de l'aéroport Moscou-Domodedovo). Selon les enquêteurs, l'attaque terroriste visait à tuer avant tout des ressortissants étrangers", relève le Comité.
Selon la liste des victimes publiée par le gouvernement, vingt-sept Russes ont été tués ainsi que deux ressortissants du Tadjikistan, un citoyen ouzbek, deux Autrichiens, un Allemand, une Ukrainienne et un Britannique.

Stabiliser

Les crises sont aussi vieilles que le monde. Inutile, bien sûr, de céder à la fièvre ou aux emportements. Mais les changements amorcés en Tunisie ou réclamés en Égypte, au Yémen, au Liban ou en Algérie… sans compter celui qui devra être respecté en Côte d’Ivoire, imposent à la diplomatie des pays européens des réponses rapides. Dans ces parties du monde, toutes ces nations nous sont proches, histoire et géographie mêlées.

Les pièges sont pourtant nombreux. En théorie, dans une large palette d’attitudes, du soutien aux dictateurs (option cynique souvent retenue au nom d’une stabilité illusoire) à la manie de l’intervention au nom de la démocratie (option naïve qui, si elle est mal conduite, peut laisser plus de ruines que de progrès), le choix était apparemment large. En fait, aujourd’hui, il s’est beaucoup réduit. Dans les pays concernés par les troubles récents, les régimes autoritaires, quasi dynastiques, corrompus, ont sans doute vécu. L’odeur de jasmin tunisien s’est répandue, portée par les vents dominants, bien au-delà des frontières. La question est désormais celle de la nature et de l’ampleur des changements qui ne manqueront pas de se produire.

La diplomatie européenne, nouvellement installée, aurait pu accompagner cette mutation. Nicolas Sarkozy l’avait à juste titre expliqué lors de sa récente conférence de presse : les anciens colonisateurs ne sont pas vraiment les plus légitimes pour définir le cours nouveau. C’est bien l’Europe, puissance facilitatrice, qui aurait dû aider, accompagner les évolutions. Elle ne l’a pas fait. Les États membres ont gardé la main. Pendant que, de l’avis général, les Américains marquaient et continuent de marquer des points.

Il n’est pourtant pas trop tard pour que les Vingt-Sept envoient un message clair. Sans ingérence, il est possible de dire à tous, gouvernants et manifestants confondus, que des mesures économiques et sociales s’imposent effectivement, que la réforme est le plus sûr moyen d’éviter le chaos. Qu’elle est toujours, avec le respect des libertés, la garantie de la paix.

À la tunisienne ?

Le dictateur égyptien pensait maîtriser la colère populaire en bloquant l'internet et en brouillant la téléphonie mobile. Quelle erreur d'appréciation sur la profondeur du mécontentement ! Non seulement il n'a pas contenu le mouvement mais il a dû instaurer le couvre-feu et faire appel à l'armée pour épauler la police. Et la mort d'au moins un jeune rend l'échec encore plus cinglant. La question est posée aujourd'hui de savoir jusqu'où le pouvoir est capable d'aller dans la violence pour se sauver. Certes le régime égyptien n'est guère comparable à la dictature de Ben Ali, mais même si les mécanismes de contrôle policiers sont beaucoup plus efficaces, le scénario à la tunisienne apparaissait hier comme possible sur les bords du Nil.

Cristallisés le jour de la prière, et c'est un fait nouveau, les slogans du rassemblement anti-Moubarak se sont transformés en émeutes et en guérilla de rues malgré l'état d'urgence décrété en 1981. Les appels des Frères musulmans ont sans doute provoqué la brutale réaction de l'armée, totalement opposée à l'arrivée des islamistes. Lesquels islamistes ne veulent d'ailleurs pas du pouvoir dans ce contexte, convaincus qu'ils sont que l'armée ne trahira pas Moubarak. Même si la perspective de voir le fils, Gamal, dont elle ne veut pas, succéder à son père pourrait influer sur ses positions et l'inciter à imposer au vieil autocrate un successeur issu de ses rangs.

Les tiédeurs américaines pourront-elles résister longtemps aux morts sur les trottoirs égyptiens ? Obama peut-il renier son discours du Caire et son plaidoyer du printemps 2009 pour la liberté ? Sans doute pas et ses recommandations à pousser les feux des réformes vont, au fil des répressions, devenir des critiques appuyées.

Le président des États-Unis ne voudra pas continuer à s'accommoder de cet allié embarrassant au risque d'écorner ses ambitions de résolution des conflits dans la région. Les circonvolutions du discours de la veille, qui traduisaient la complexité des enjeux et l'embarras des Américains, se changeaient dans les appels de la soirée en vives préoccupations et en appels au respect des droits fondamentaux du peuple. L'appui sans équivoque à la démocratie ne devrait pas tarder.

Chez l'oncle Picsou

Le forum de l'économie mondiale se tient à Davos, dans le coffre-fort suisse de l'oncle Picsou. Tous les ans, au pays du secret bancaire, sur le tonneau d'or des comptes numérotés, les riches de ce monde joignent l'inutile à l'agréable et parlent de notre avenir. Comme s'ils étaient l'élite de la pensée universelle. Régulation, mondialisation, taxation... Au salon des idées à la mode, Davos reste la « financial party » où il faut se montrer. Que la crise ait tsunamisé les mauvaises valeurs du capitalisme n'y change rien. Les prédicateurs boursiers du rendez-vous suisse continuent de promouvoir la dérégulation et la souveraineté du casino financier, en écoutant d'une oreille distraite les velléités françaises de réforme du système monétaire international.

Les erreurs de stratégie et les prévisions à côté de la plaque sont une constante de ce séminaire de la « World company », comme disent les Guignols de l'info. Pourtant rien n'y fait : avec cet aplomb coutumier de l'aristocratie de l'argent, les spéculateurs s'entêtent à affirmer que la crise est derrière nous. Que les déficits plombent la croissance, que le chômage grimpe et que les réductions d'emplois soient l'unique variable d'ajustement de l'économie souffrante n'est pas leur problème, puisque les seuls pénalisés sont les salariés.

Même si Nicolas Sarkozy s'est départi du « vous allez voir ce que vous allez voir » pour revenir à une modestie de bon aloi sur les résultats du G20, Davos est l'impudique affirmation que la crise financière et les faillites bancaires n'ont rien changé. Comme si de rien n'était, le forum suisse continue de renvoyer l'image d'une classe dominante de politiques et de patrons qui s'entendent sur le dos de ceux qui vivent de leur travail ou de leurs allocations.

Non seulement ces entretiens sont une survivance incroyable et frappée du sceau d'un rituel convenu, mais leur ouverture intervient le jour où l'on nous annonce que, l'an dernier, la Bourse a augmenté de 10 % et le chômage de plus de 5 %. Deux résultats qui interpellent fortement les indicateurs de notre bonne santé économique. Tout en confirmant sans ambiguïté que le seul thermomètre qui vaille à Davos est celui de la Bourse plus que celui de la pauvreté galopante.

La confession du rail

Les actes de contrition ne changent rien aux faits historiques. Et la confession du président Pépy sur la participation de la SNCF à la machine d'extermination nazie ne vaut rédemption qu'aux yeux des Américains qui l'avaient sommé de s'expliquer sur le rôle des chemins de fer français dans la déportation des juifs. Hors de cet opportunisme commercial, on a du mal à comprendre où est l'intérêt de réinitialiser sans cesse le disque noir de notre histoire. La SNCF n'a pas eu un comportement exemplaire ? Sans doute, mais ni plus ni moins que les gendarmes, les policiers, les postiers, les magistrats, les journalistes... Et ce n'est pas en segmentant nos attitudes mêlées et la culpabilité générale de la France que l'on allégera le fardeau qui pèse sur son passé.

La France est ainsi, peuplée de gens qui trahissent et de gens qui résistent. Et si nous avons tant de mal à répondre à la question sur ce que nous aurions fait à l'époque, c'est sans doute qu'il y a en chacun de nous une part de collabo et une autre de résistant. Les racistes ne se cachent plus dans notre pays qui, heureusement, compte plus de citoyens altruistes et épris de liberté que de salauds. Mais dans le contexte de cette guerre qui a exacerbé si fort les comportements, comment se seraient traduits ces rejets de l'autre que nous constatons aujourd'hui ?

Les racistes et les antisémites de 40 existent encore dans notre société et ne perdent pas une occasion de casser du «gris», du «pédé» ou du «feuj», comme ils disent. Souvent en paroles mais pas toujours. Pour être lucides une bonne fois pour toutes sur ce que nous sommes, nous devons, sans concession, faire le constat que l'humanité n'est pas reluisante.

L'éducation et l'intelligence qui permettent de démonter les obscurs mécanismes sont les meilleurs antidotes à nos tendances mortifères. C'est l'école qui peut sans cesse nous rappeler que nous devons être attentifs avec nous-mêmes. Bien plus que cette tentative d'exorcisme par le déballage public, les urgences auxquelles doit faire face le président de la SNCF sont celles qui concernent le respect des horaires, la modernisation de la desserte du territoire et la qualité des lignes et des trains.

Egypte: "Moubarak a peu de marge de manoeuvre"

Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche spécialiste de l'Egypte au CNRS, analyse la situation égyptienn.

Les manifestations reprennent ce samedi. Le "vendredi de colère" a-t-il marqué un tournant?
Oui, on a très clairement franchi un cap. La rue égyptienne a prouvé sa capacité de mobilisation et les manifestants ont pu exprimer toute la force de la haine qu'ils nourrissent à l'égard du régime d'Hosni Moubarak. On peut désormais imaginer que la contestation ne va pas retomber d'elle-même et que la montée en puissance des manifestations va se doubler d'une montée en violence de la répression.  
Hosni Moubarak n'a pas compris le message de la rue, selon l'opposant Mohamed El-Baradei qui réagissait à l'allocution télévisée du président égyptien. Etes-vous d'accord? Et que retenez-vous de son discours?
Le message est sans équivoque, les manifestants veulent son départ, et Hosni Moubarak l'a bien compris. Simplement il ne veut pas faire ce que la rue exige. Il y a deux façons de percevoir son discours. Soit comme une concession: il a évoqué des réformes possibles mais auxquelles je ne crois pas dans l'immédiat. Soit comme la préparation d'un stade supérieur de la répression.  

Les militaires ont dit que toute personne qui violerait le couvre-feu le ferait "à ses risques et périls". Et en annonçant qu'il ne tolèrerait pas le chaos en Egypte, Hosni Moubarak prononce une sorte de justification a priori pour la répression à venir. Car si les manifestants lui demandent de céder sur tout, il a encore les moyens de ne céder sur rien.  
L'armée, déployée dans le cadre du couvre-feu instauré vendredi, pourrait-elle dire "non", comme en Tunisie? Ou dire "oui" aux manifestants qui l'invite à les rejoindre depuis quelques jours?
Je reste sceptique sur un scénario de fraternisation entre les manifestants et l'armée, cela voudrait dire qu'elle abandonne l'idée de protéger non seulement le régime, mais l'Etat, dont elle est un pilier.  
Hosni Moubarak doit annoncer un nouveau gouvernement ce samedi. A quoi vous attendez-vous de sa part?
Il n'a que très peu de marge de manoeuvre. L'Egypte n'a pas de réel vivier d'opposants ou de membres de la société civile crédibles et présentables qu'il pourrait intégrer à ce nouveau gouvernement. Par ailleurs, toute personne qui y entrerait sans être du PND, le parti au pouvoir, serait dévalorisée aux yeux de ceux qu'elle est censée représenter et dont la haine envers le régime est exacerbée.  
Hosni Moubarak va-t-il tenter de contenir la colère populaire jusqu'aux élections à la fin de l'année? Peut-il tenir?
Plusieurs possibilités. Soit il ne passe pas le cap actuel. S'il le passe, tout dépendra dans quelle position il se trouvera, à l'issue de cette épreuve de force. Si elle est défavorable, il va falloir qu'il mette en place les négociations pour la transition avec le mouvement de contestation et les Frères musulmans [qui appellent ce samedi à une transition pacifique dans un communiqué].  
Mais si Moubarak reste en position de force à l'issue de ces manifestations?
 Alors ce sera au PND d'adapter sa stratégie en vue de la prochaine élection présidentielle, à l'automne 2011. Il est clair que le scrutin ne ressemblera pas au scénario imaginé par le parti, dans lequel Moubarak était sans doute encore candidat à sa succession, à 80% de chance. Là, cela risque de ne pas être accepté par la population!  
L'autre option pour le PND, c'était Gamal, le fils et successeur probable de Moubarak. Paradoxalement, son entourage représente la sensibilité réformiste et d'ouverture dans le parti. Mais il est aussi honni, voire plus, que son père par la rue égyptienne.  
Le PND va donc chercher un nouveau visage à mettre en avant. Ce qui remet en selle des candidats possibles qui avaient été écartés auparavant. Je pense à Amr Moussa, par exemple, écarté par Moubarak car trop populaire et placé dans un exil doré au poste de secrétaire général de la Ligue arabe. Il a une bonne réputation d'intégrité. Omar Souleimane, en revanche, ne semble pas une bonne option. Proche de Moubarak, chef des services secrets, il ne représenterait qu'un durcissement autoritaire du régime. [Peu après cet entretien, il a été nommé vice-président par Hosni Moubarak
Et la relève, côté oppposition?
Il n'y a personne de crédible. Mohamed El-Baradei [présenté comme l'opposant numéro 1 dans la presse internationale, de retour au pays depuis jeudi soir] est un homme seul. Seul parce que trop absent de son pays, seul parce qu'il n'a pas su souder l'opposition derrière lui. Les petits partis d'opposition sont nombreux en Egypte. Cet éclatement endémique a tout à voir avec l'autoritarisme du régime. Et à chaque rendez-vous électoral, les leaders de chacune de ces formations espèrent mener une coalition qui, immanquablement, se disloque en cours de route. 
Qu'en est-il des Frères musulmans?
S'ils sont en position favorable dans le rapport de force, il n'est pas exclu que ces derniers tiennent une ligne plus dure, sur la réislamisation ou l'importation d'institutions islamiques. Et si Moubarak devait tomber, les Frères musulmans serait un partenaire incontournable dans le pays. Ce qui n'est pas dénué de risque. 

Cet aspect des événements égyptiens est observé de très près par le voisin israélien. Car l'Egypte de Moubarak a été le premier pays à passer un traité de paix avec Israël et représente pour l'heure un interlocuteur stable et modéré dans la région. Un partenaire crédible dans le monde arabe mais aussi pro-occidental de façon intelligente. C'est ce qui en fait un allié stratégique des Etats-Unis dans la région. 
Justement, les Etats-Unis ont choisi de faire pression sur le pouvoir, vendredi soir, malgré ces relations historiques. Comment expliquez-vous ce changement de ton?
La position des Etats-Unis est gênante. Ils ont pris position récemment sur le cas tunisien, ils peuvent difficilement se dédire et ne pas soutenir les aspirations des manifestants. Mais en même temps, naïvement, ils espèrent que les choses reviendront "dans l'ordre" avec le président Moubarak qui resterait, mettrait en place des réformes et assurerait une transition... Ce jeu est ambigu, pas très cohérent mais Washington le joue discrètement et n'a pas vraiment d'autre choix.  
Pourraient-ils aller jusqu'à retirer leur soutien à leur allié égyptien?
Un retrait brutal n'entraînerait que chaos et montée de la violence. Cela ne créerait sans doute pas les conditions de négociations nécessaires à la une transition pacifique, que les manifestants réclament. Et, de toute façon, cela ne pousserait pas Moubarak à partir. 

Dati, à petit pas dans Paris

Populaire et "people", la maire du VIIe a su séduire, en jouant la droite dure, cet arrondissement très chic. Mais pas de quoi conquérir l'électorat "bobo" si elle veut succéder à Delanoë.

En cette soirée du 11 janvier, les salons de la mairie du VIIe brillent de mille feux. Sous les ors XVIIIe siècle de l'hôtel de Villars, plus de 400 personnes se pressent pour recevoir les voeux de celle qui préside aux destinées de l'arrondissement depuis 2008. Militaires en uniforme, curés en col romain, notables endimanchés... Mme la maire passe d'un groupe à l'autre. Tout juste revenue de vacances, Rachida Dati virevolte, embrasse des joues par dizaines, serre des mains par poignées. Elle est désormais chez elle. 
Le pari était pourtant loin d'être gagné. Trois ans plus tôt, rares étaient ceux qui croyaient à ses chances d'enracinement dans ce quartier huppé de la capitale: trop "beurette" pour un électorat catholique et conservateur, trop "bling-bling" pour un arrondissement "vieille France" et traditionaliste. "Certains me prédisaient même une défaite, se souvient l'ancienne garde des Sceaux. Aujourd'hui, ils en sont pour leurs frais." 
D'une rive à l'autre de la Seine, du ministère de la Justice à la mairie du VIIe, Rachida Dati n'a pourtant pas fondamentalement changé. Son obsession de l'image demeure, sa méthode reste la même. Hyperactive et dirigiste, l'eurodéputée gère son arrondissement comme elle menait son ministère: à l'énergie. "Elle a mille idées à la minute, qu'elle veut voir appliquées dans l'instant, glisse l'un de ses proches collaborateurs. Il faut suivre." Tous n'y parviennent pas. Comme à la chancellerie, Rachida Dati use ses directeurs de cabinet à un rythme impressionnant: depuis 2008, ils sont déjà trois à s'être succédé derrière le vaste bureau donnant sur le jardin de la mairie. 
"Elle laisse le sale boulot aux adjoints"
Dans les couloirs du bâtiment, le style Dati provoque aussi des remous. A l'abri de l'anonymat, certains élus de la majorité ne mâchent pas leurs mots. "Elle monte des coups, fait de la com' et laisse le sale boulot aux adjoints, lâche l'un d'eux. A nous les petits vieux et les crottes de chien, à elle les inaugurations et les caméras." Plus diplomate, la députée (UMP) Martine Aurillac tempère: "Elle a changé la façon de gérer l'arrondissement et de le représenter", explique celle qui occupa le fauteuil de maire de 1995 à 2001. Pourtant, dans les rues tranquilles du quartier Bosquet comme sur les pelouses du Champ-de-Mars, le bouleversement n'émeut guère. "La greffe a bien pris, juge même la directrice d'une école privée. Avant son arrivée, je craignais qu'elle ne soit uniquement dans le côté "m'as-tu-vu" et ne s'occupe pas du VIIe. Ce n'est pas le cas." 
"Depuis son arrivée,il se passe des choses"
De fait, malgré les pouvoirs limités d'un maire d'arrondissement, Rachida Dati fait preuve d'un activisme forcené. Multiplication des réunions publiques, courriers fréquents à Bertrand Delanoë, événements dans les locaux de la mairie... L'ancienne garde des Sceaux prend son travail d'élue locale à coeur et fait jouer ses réseaux.  
"Je veux que les choses avancent, alors je prends mon téléphone et je ne lâche pas avant d'avoir eu ce que je voulais, martèle-t-elle. C'est ainsi que j'ai tenu en trois ans l'essentiel de mes engagements de campagne."  
Une affirmation qui fait sourire Laurence Girard, la seule élue socialiste (PS) du VIIe. "Elle dit qu'elle obtient beaucoup mais, concrètement, rien ne change. Le logement social est au point mort, le parking Bosquet n'est pas sorti de terre, il n'y a toujours ni crèche supplémentaire ni piscine... Son discours, c'est de l'affichage. Du vent."
 Du vent? En partie seulement. En tout cas, pour une bonne part des habitants, il souffle dans la bonne direction. "Depuis son arrivée, on a la sensation qu'il se passe des choses, affirme Bernard Loing, président de l'association les Amis du Champ-de-Mars. Elle obtient des réunions avec la mairie centrale, oblige Delanoë et ses adjoints à prendre position. Tout n'est pas encore réglé mais, au moins, elle agit." Dernière intervention en date: un coup de fil passé au cabinet du Premier ministre pour récupérer 65 places de stationnement annexées cet hiver par des services de police sur l'avenue de Ségur. "C'est bien le signe qu'elle bouge", se félicite "P", animateur d'un collectif de riverains. 
C'est surtout le signe que Rachida Dati sait parfaitement coller aux attentes de son électorat. Attentive aux demandes des associations, proche des commerçants, elle s'est adaptée à la sociologie de cet arrondissement où l'on paie plus qu'ailleurs l'ISF, où les églises sont pleines et les lycées privés plus nombreux que les établissements publics. C'est dans l'enceinte du collège Sainte-Jeanne-Elisabeth qu'elle a inauguré, en octobre 2010, un internat d'excellence accueillant une douzaine d'élèves en provenance de quartiers difficiles. Et dans les écoles catholiques qu'ont été donnés les premiers cours d'anglais aux enfants de maternelle. "Je vais à la messe, je participe aux activités paroissiales, je m'entends bien avec les curés, confie celle qui passa une bonne partie de sa scolarité chez les Carmélites. Les gens d'ici sont conservateurs, je suis raccord avec eux." 
Sa stratégie sert également ses ambitions pour les législatives de 2012, où elle espère décrocher l'investiture dans la circonscription englobant des parties des Ve, VIe et VIIe arrondissements. Trois des quartiers les plus chics de la capitale. Pour sa part, elle juge "évident que le maire du VIIe soit investi dans sa circonscription", et l'affirme : "Ce n'est pas l'UMP mais Nicolas Sarkozy qui tranchera. D'ailleurs, il m'a assurée de son soutien." Voire. A l'Elysée, on indique qu'il est encore trop tôt pour que le président se soit penché sur ce dossier.  
Quoi qu'il en soit, un soutien populaire massif pourrait lui servir de garantie si, d'aventure, François Fillon - que l'on sait intéressé - en venait à revendiquer la même circonscription, avant de briguer la mairie de Paris en 2014.  
Elle refuse la création de logements sociaux
"Elle n'a pas tant de cartes que cela à jouer, note un élu UMP. Elle s'est mis à dos la quasi-totalité des élus de droite parisiens, qui roulent désormais pour le Premier ministre. Alors elle se dit qu'en bétonnant sa position et en prenant l'opinion à témoin, elle peut finir par s'imposer." 
Mais si le VIIe arrondissement vaut bien une messe, pas sûr que cela soit le cas de toute la capitale, ce qui risque de contrarier son rêve : succéder à Bertrand Delanoë. De fait, Rachida Dati tient sur la quasi-totalité des dossiers parisiens une ligne particulièrement dure. La ville veut-elle construire des logements sociaux dans le VIIe, qui n'en compte même pas 2% ? Elle s'y refuse, mettant en avant la "protection du patrimoine", le "manque d'équipements publics" ou "les difficultés d'adaptation que rencontreront les futurs locataires".  
Certains édiles acceptent-ils de célébrer les Pacs en mairie? Hors de question qu'elle s'associe à une démarche risquant de "créer une confusion avec le mariage". Bertrand Delanoë entend-il fermer les voies sur berge aux voitures? Elle prend la tête de l'opposition au projet, "pour ne pas perturber la circulation" et "préserver un axe vital pour l'économie de la région". "Elle donne des gages à son électorat le plus réac, qui n'avait pas forcément apprécié son parachutage", analyse Laurence Girard. 
"Elle n'a pas modernisé le discours de la droite"
A plus long terme, la manoeuvre n'est donc pas sans risques. A flatter ainsi un électorat conservateur, l'ex-ministre de la Justice campe sur les mêmes positions que l'opposition à Delanoë depuis 2001. Des thèmes qui, d'élections municipales en élections régionales, n'ont valu à cette dernière que des défaites. "En arrivant en 2008, elle avait l'opportunité de décomplexer la droite parisienne et de la rapprocher d'un électorat bobo qui nous échappe depuis longtemps, soupire un conseiller (UMP) de Paris. Mais elle s'est enfermée dans son arrondissement et n'a pas su s'adapter à la nouvelle sociologie parisienne."  
Une analyse partagée par celle que Bertrand Delanoë a choisie comme dauphine pour 2014. "Avec son style, sa popularité et ses réseaux, elle aurait pu facilement s'imposer et moderniser le discours de la droite. Elle ne l'a pas fait", note Anne Hidalgo, l'actuelle première adjointe (PS). "Qu'elle continue comme ça jusqu'en 2014 : cela nous conviendra très bien", renchérit un proche du maire. 
Un écueil qui n'impressionne pas plus que ça l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. "Pour moi, le VIIe n'est pas un arrondissement à part, affirme-t-elle. Certes, sa sociologie n'est pas la même que dans d'autres arrondissements, mais cela ne signifie pas que les besoins des habitants soient différents. On peut changer les choses à partir du VIIe." Et, si cela ne fonctionne pas, elle n'exclut pas de changer de ligne politique.  
A un élu parisien qui lui demandait si son positionnement ne la handicaperait pas pour conquérir Paris en 2014, Rachida Dati aurait répondu: "Je n'aurai qu'à infléchir mon discours." 

  Un cumul en question
Il n'en reste plus qu'une... Après la démission de Marielle de Sarnez, en avril 2010, et de Jean-Marie Cavada, en décembre, Rachida Dati est le dernier membre du Conseil de Paris à cumuler son mandat parisien avec celui de député européen.  
Alors que les élus MoDem et Nouveau Centre ont expliqué leurs décisions respectives par des contraintes insurmontables d'agenda, ces problèmes de calendrier ne semblent pas atteindre l'ancienne ministre de la Justice. Mieux: à ces deux fonctions, elle ajoute celle de conseillère politique de l'UMP et effectue pour le parti, et à titre personnel, au minimum un déplacement par mois, en France comme à l'étranger...  
"Je dors peu et je bosse beaucoup", justifie l'eurodéputée UMP. "C'est une simple question d'organisation, reprend l'un de ses proches collaborateurs. Elle ne dort jamais à Bruxelles ou à Strasbourg, ce qui lui permet d'être en mairie ou au Conseil de Paris quand il le faut." Quand il le faut, mais pas toujours de manière assidue.  
Selon un autre élu parisien, elle appartient au groupe des "conseillers express", "ceux qui viennent en séance le matin pour signer la feuille d'émargement et serrer quelques mains, puis s'éclipsent en milieu de matinée". Même attitude au Parlement européen. Selon une étude publiée en juin 2010 par le site Internet Parlorama.eu, le taux de présence de la députée Dati en séance plénière s'élèverait à seulement 64% pour sa première année de mandat. Ce qui la classe à la 64e place des 72 députés français. 


EN DIRECT: le pouvoir de Moubarak ébranlé en Egypte

- 17h34 - Rapatriement - Israël a rapatrié en avion spécial les familles de ses diplomates, ainsi qu'une quarantaine d'Israéliens qui séjournaient à titre privé au Caire, indique le ministère israélien des Affaires étrangères. L'ambassadeur reste à son poste.
17h34 - Manif à Londres - Quelques centaines de personnes réclament à Londres aux abords de l'ambassade d'Egypte le départ de Hosni Moubarak. Les manifestants forment deux groupes distincts, séparés par les forces de l'ordre, l'un constitué d'islamistes, l'autre se disant sans affiliation politique.
17h25 - Enterrement - Dans le quartier de Bassatin, des proches, réunis autour du caveau familial, enterrent l'un des leurs, tué hier par une bombe lacrymogène lancée par la police. Son fils assure qu'il retournera manifester et rejoindra les dizaines de milliers de personnes qui bravent le couvre-feu au Caire. Les manifestations ont fait au moins 50 morts depuis mardi.

17h11 - Elèves - "Saddam était leur maître, et tous ces dictateurs ne sont que ses petits élèves", affirme Hussein Mohamed, un livreur irakien dans un quartier commerçant de Bagdad. "Si le régime égyptien tombe, tous les autres suivront dans le monde arabe car l'Egypte est le plus grand et le plus puissant pays de la région", prédit-il.
17h06 - Kadhafi téléphone - Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi s'est entretenu au téléphone avec Hosni Moubarak, "pour se rassurer sur la situation en Egypte", annonce l'agence libyenne Jana.
17h04 - NOUVEAU GOUVERNEMENT - Ahmad Chafic, ministre de l'Aviation, est chargé de former le gouvernement. C'est une personnalité généralement appréciée au sein de l'élite égyptienne, y compris de l'opposition. Son nom avait été évoqué pour éventuellement succéder au président Moubarak en cas de vacance du pouvoir.
16h50 - Appel de Berlin - Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle appelle "les responsables en Egypte et les forces de sécurité" à renoncer à la violence contre "les manifestations pacifiques", selon un communiqué de son ministère.
16h39 - Appel américain - Les Etats-Unis réitèrent leur appel à la "retenue" de "toutes les parties" en Egypte, déclare Philip Crowley, porte-parole de la diplomatie américaine. "Avec les manifestants encore dans les rues en Egypte, nous sommes inquiets des risques de violences ", affirme-t-il sur son compte Twitter.
16h36 - Dans le bon camp - Le MoDem demande au gouvernement français à être "cette fois dans le camp de ceux qui se battent pour la démocratie et contre l'arbitraite", contrairement à la révolution tunisienne.
16h27 - Appel de Moscou - Le ministère russe des Affaires étrangères appelle, dans un communiqué, les autorités égyptiennes à "garantir la paix civile" afin de pouvoir répondre "aux attentes de la population". Il s'agit du premier commentaire de la Russie au sujet de la situation politique en Egypte.
16H25 - UN VICE PRESIDENT - Le chef du Renseignement, Omar Souleimane, vient de prêter serment en tant que vice-président, premier poste du genre depuis que le président Hosni Moubarak a pris le pouvoir en 1981, rapportent les médias officiels.
16h21 - Aux Etats-Unis - Les organisations représentant la communauté arabe aux Etats-Unis appellent le président Barack Obama à soutenir le peuple égyptien "opprimé" et à demander le départ de Hosni Moubarak. Ces protestations sont l'indice d'un "vaste mécontentement populaire", estime ainsi la Société américano-égyptienne.
16h14 - Réunion importante - Le président Hosni Moubarak tient "une réunion politique importante" au siège de la présidence, au Caire, annonce la télévision d'Etat.
16h11 - Trois morts - Trois personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées dans les manifestations de ce samedi au Caire, apprend-on auprès des secouristes sur place.
16h08 - Inquiétude en Israël - "Le plus inquiétant, c'est le climat d'incertitude qui règne dans le pays le plus influent du Proche-Orient", déclare à l'AFP un haut responsable israélien qui a requis l'anonymat.
16h06 - Fillon - "C'est le peuple égyptien qui décide" et "aucun pays ne peut prendre la place du peuple égyptien", déclare le Premier ministre français François Fillon. "Il faut que les violences s'arrêtent, personne ne peut accepter qu'il y ait des morts", ajoute-t-il. "Ce que nous disons simplement au gouvernement égyptien, c'est qu'il faut qu'il entende les revendications".
16h04 - Démission - Ahmad Ezz, haut responsable du parti au pouvoir en Egypte, largement perçu comme un pilier d'un régime corrompu, démissionne du Parti national démocrate, selon la télévision d'Etat.
16h02 - Liban - A Beyrouth, quelque 300 personnes, des étudiants pour la plupart, manifestent dans le calme devant l'ambassade d'Egypte, aux cris de "Liberté pour l'Egypte !" ou de "Moubarak va-t-en !".
16h00 - Musée protégé - Des jeunes Egyptiens forment une chaîne humaine autour du musée du Caire, qui abrite des trésors de l'antiquité, et des comités de quartier se constituent pour tenter de protéger la capitale des pilleurs.
15h58 - Couvre-feu ignoré - Plusieurs dizaines de milliers de manifestants sont rassemblés dans le centre du Caire, défiant un couvre-feu entré en vigueur à 16H00 (15H00 françaises).
15h55 - Prêche - Le plus influent prêcheur du monde arabe, cheikh Youssef Al-Qardaoui, affirme que seul le départ du président Hosni Moubarak pouvait régler la crise en Egypte, appelant le peuple à poursuivre son "soulèvement" pacifiquement, dans une déclaration à la chaîne Al-Jazira.
EN DIRECT - La promesse de réformes et d'un nouveau gouvernement ne calme pas les manifestants en Egypte, qui réclament le départ du président Hosni Moubarak, soumis à la pression d'une communauté internationale de plus en plus critique à son égard.

Egypte: Moubarak nomme un vice-président

Après le discours du président égyptien, vendredi soir, la mobilisation se poursuit dans les rues du pays. LEXPRESS.fr suit cette journée heure par heure.

17h08 Ahmad Chafic, ministre de l'Aviation civile au sein du gouvernement démissionnaire vendredi soir, serait nommé Premier ministre et chargé de former le gouvernement, annoncent notamment l'AFP et Al-Jazira. 
16h40 Qui est Omar Souleimane, le nouveau vice-président égyptien?L'Express faisait le portrait de ce "sphinx" en avril 2009. "Un homme de l'ombre" visiblement sans ambition politique mais à qui aucune information n'échappait, notamment dans le dossier israélo-palestinien.

16h25 Al-Jazira cite des agences égyptiennes et affirme qu'Hosni Moubarak nomme un vice-président, une première depuis son le début de son "règne" de 30 ans. Il s'agit d'Omar Souleimane, chef des renseignements égyptiens et proche du président. Les images de sa prestation de serment passent sur les écrans. 
Signe d'une transition, pas à pas? Signe, davantage, "d'un durcissement autoritaire du régime", craint Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche spécialiste de ce pays au CNRS, lors d'un entretien accordé à LEXPRESS.fr peu avant cette annonce. Lire son analyse du rapport de force en Egypte ici. 
15h45 La rue réagit au discours de Moubarak... en recommençant à manifester. Avec sans doute plus de monde que vendredi, des dizaines de milliers de manifestants, d'après les images transmises par les télévisions. 
15h30"C'est le peuple égyptien qui décide" et "aucun pays ne peut prendre la place du peuple égyptien", a déclaré samedi au Mans le Premier ministre François Fillon à propos des événements en Egypte. "Il faut que les violences s'arrêtent, personne ne peut accepter qu'il y ait des morts", a ajouté le chef du gouvernement. Pas de réaction encore du président Nicolas Sarkozy en revanche. 
15h10L'armée égyptienne a appelé samedi la population à se protéger face aux pilleurs, dans un communiqué lu par la télévision d'Etat. Les forces armées "appellent le peuple égyptien à protéger la nation, l'Egypte, à se protéger" face aux pillages. 
14h45 Plusieurs dizaines de milliers de manifestants appelaient samedi au Caire au départ du président Hosni Moubarak. "Le peuple veut le départ du président", ont-ils scandé sous le regard de l'armée déployée depuis vendredi soir pour le maintien de l'ordre.

14h15Les Frères musulmans, principale force d'opposition en Egypte, ont appelé samedi à une passation pacifique du pouvoir, dans un communiqué. La confrérie a affirmé son soutien au "soulèvement pacifique béni" et appelé à la mise en place d'"un gouvernement de transition sans le Parti national démocrate (au pouvoir) qui organise des élections honnêtes et une passation pacifique du pouvoir".

13h50 Depuis vendredi, plusieurs fournisseur d'accès à Internet étrangers offrent une possibilité de contourner le blocage d'Internet aux Egyptiens. Parmi eux, le français French Data Network (FDN), "connu pour son attachement aux libertés sur Internet et farouche opposant de la loi Hadopi", souligne Le Figaro. Le moyen: repasser par un modem 28K ou 56K, utiliser la ligne +33 1 72 89 01 50 et se connecter avec l'identifiant et le mot de passe "toto". Anonymous, de son côté, préconise le bon vieux fax pour communiquer...

13h05Le bilan de vendredi est revu à la hausse. Quarante-huit personnes ont été tuées dans les manifestations et les émeutes, selon des sources officielles au sein du ministère de la Santé.

12h25Le siège de la Sûreté de l'Etat de la ville égyptienne de Rafah, à la frontière avec la bande de Gaza, a été attaqué samedi lors d'accrochages entre manifestants et policiers qui ont fait trois morts dans les rangs de la police, selon des témoins.

12h15Le gouvernement égyptien a démissionné, a annoncé samedi la télévision d'Etat, au lendemain de l'annonce par le président Hosni Moubarak de la mise en place d'un nouveau cabinet, attendue pendant la journée.

12h05Le chef d'état-major égyptien, Sami Anan, est rentré en Egypte samedi en milieu de journée, après avoir écourté une visite aux Etats-Unis, où il conduisait une délégation militaire, selon une source aéroportuaire du Caire. L'armée a enjoint samedi matin à la population de respecter le couvre-feu instauré la veille et de ne pas se rassembler dans les rues et les places principales, alors que des véhicules militaires étaient déployés sur les lieux stratégiques survolés également par des hélicoptères.

11h35 Le président égyptien "doit partir", a affirmé samedi Mohamed El-Baradei, l'opposant le plus en vue, dans une déclaration à la chaîne satellitaire France 24. "Je descendrai dans la rue aujourd'hui (samedi) avec mes collègues pour contribuer à apporter un changement (...) et pour dire au président Moubarak qu'il doit partir. (...) Le président Moubarak n'a pas compris le message du peuple égyptien. Son discours a été totalement décevant. Les protestations vont se poursuivre avec plus d'intensité jusqu'à la chute du régime", a-t-il pronostiqué. "Il est temps qu'il parte", a ajouté l'ancien chef de l'AIEA, rentré en Egypte jeudi soir.

Lors d'un précédent retour, il était présenté comme l'homme providentiel du pays. Mais peut-il jouer ce rôle? Le chercheur Jean-Noël Ferrié en doute. Pour lui, El-Baradei est "un homme seul. Seul parce que trop absent de son pays, seul parce qu'il n'a pas su souder l'opposition derrière lui." Lire son interview complète ici.

11h00 Sur Twitter, les internautes sont nombreux à relayer le message ci-dessous, pour protester contre la censure.

Quand Steve Jobs innove radicalement... et quand il innove "bêtement"

Rafi Haladjian, pionnier de l'Internet français, livre sa vision de l'innovation. Lumineux.
Présentation éclairante de Rafi Haladjian, à l'occasion de TEDxParis, une conférence qui s'est tenue pour sa deuxième édition le 15 janvier à l'Espace Cardin à Paris. L'inventeur du lapin communicant Nabaztag expliquait pourquoi à son avis l'apparition de l'Apple I constituait une "innovation radicale", alors que celle de l'iPhone n'en était pas une.

Lui-même confesse s'être parfois trompé en "ne voulant pas être le suivant". Mais, pour ce pionnier de l'Internet français, créateur en 1994 de FranceNet, la mise en connexion d'objets qui ne l'étaient pas jusqu'ici devrait nous réserver bien des surprises. Ainsi de l'expérimentation de "pierres tombales communicantes" : en passant devant elles, un passant pourra avoir sur son portable toute la biographie du défunt, certains aphorismes qu'il aura inventés, par exemple.

Autre illustration, la possibilité, grâce à de nouveaux outils, d'étudier le battement du coeur de vos adversaires. Pratique quand on joue une partie de poker...

REGARDEZ :


Mariage royal: après les tasses, assiettes et bagues, les préservatifs

Après la vaisselle dorée, les bagues imitant le saphir de la fiancée et les théières marquées du sceau royal, le mariage de Kate Middleton et du prince William, le 29 avril, a fait naître un nouvel objet souvenir: les préservatifs.
"Crown Jewels Condoms of Distinction est ravi d'annoncer le lancement de l'édition souvenir du mariage royal de la boîte de capotes" (en français dans le texte), écrit fièrement sur son site internet la société "Crown Jewels Condoms".
Appelant ses clients à "célébrer l'union du prince William de Galles et de Melle Catherine Elizabeth Middleton", la société assure avoir réussi à "réunir la force du prince avec la sensibilité de la princesse en devenir" et promet "une union royale de plaisir et de style".
Les boîtes de préservatifs, vendues 5 livres (6 euros) le paquet de trois ou 13,50 (16 euros) celui de neuf, arborent une photo du couple royal en forme de médaillon et entourée des inévitables rubans dorés. Un portrait du couple, peint au crayon-pastel, est inclus dans chaque boîte.
C'est "une manière unique de se remémorer cet événement très britannique", explique Hugh Pomfret, porte-parole de Crown Jewels Condoms of Distinction. "Dans les années à venir, ce seront des souvenirs intemporels de ce mariage royal", assure-t-il.
Car ces préservatifs, en dépit de leur nom, "ne sont pas appropriés en tant que contraceptifs ou protection contre les maladies sexuellement transmissibles", prévient un avertissement imprimé sur les "boîtes de capotes".
Il ne s'agit que d'une "fantaisie", explique la société, qui s'empresse d'émettre un autre avertissement: "Crown Jewels Condoms of Distinction n'est pas soutenu, ratifié ou approvisionné par le prince William, Melle Catherine Middleton ou tout autre membre de la famille royale".

Logique

Quand son peuple secoue l’Egypte, et on ne sait pas comment ça va basculer, il faut regarder ce qui ne bouge pas, le rassurant, l’impavide, ce qui atteste notre monde: vendredi, l’agence de notation Fitch menaçait de baisser la note financière égyptienne, qui conditionne ses capacités d’emprunt : le soulèvement pourrait "menacer sérieusement la performance économique et politique [égyptienne] ainsi que le processus de réforme économique".
Logique en somme, et peu inattendu. Au cœur de la "révolution du jasmin", l’autre Big Brother de la finance, Moody’s, avait dégradé la Tunisie, soudain instable de se vautrer dans la démocratie. Aux dernières nouvelles, le voisin marocain serait aussi sous surveillance, pour le cas où l’incurie serait contagieuse.

Voilà la réalité. Peut-être la seule réalité, par-delà les irruptions des peuples et le sang versé : combien vaut l’argent, combien vaudra l’emprunt, les marchés veulent du calme, un peuple bruyant aura faim… Mais s’il avait déjà faim, avant, quand il était calme, par la force et par la peur? Pas de chance. Le vrai pouvoir est ailleurs, qui se joue de nous. C’est un si vieux cliché… Mais quelle sale blague quand la vraie vie se met à ressembler à un tract de Besancenot? Les agences de notation ne résument pas le capitalisme, ni ceux qui le gèrent. Christine Lagarde a protesté contre la mesquinerie de Moody’s et Fitch. L’Europe et le FMI sont prêts à aider la nouvelle Tunisie. Mais il reste toujours en mémoire ces satisfecit octroyés jadis au benalisme financier, par DSK y compris, et cette logique de l’argent, tranquille et autosuffisante…

Ces jours-ci, en France, la gauche rouge et les syndicats de la Poste dénoncent des suicides dans l’ex-service public. La faute, disent-ils, à la transformation d’une administration en société anonyme, broyant ses enfants dans la concurrence, le rendement et le profit. L’Humanité en a fait sa une, on découvre une lettre envoyée par des médecins à la direction de la Poste dénonçant la fabrication "d’inaptes physiques et psychologiques", et on se demande si la modernisation vaut cela.

On redoute dans cette campagne les raccourcis sur le libéralisme assassin. On ne sait pas réellement corréler les suicides et la peine. Mais on sait que la souffrance accompagne le changement inéluctable, plus ou moins amorti, plus ou moins brutal, plus ou moins accompagné. Et on découvre, au passage, une ironie de notre République. Société anonyme, la Poste a pour actionnaires l’Etat et sa banque, la Caisse des dépôts. L’actionnaire qui pourra revendiquer leur retour sur investissement, une poste productive, un jour juteuse, c’est la puissance publique! L’Etat n’est plus protecteur, mais pousse-au-crime, pousse-à-la-roue, pousse-à-la-logique! C’est en son nom qu’on percute la routine des postiers d’antan, qu’on les modernise et qu’on les bouscule. La logique même. Ils souffriront un peu, et puis partiront un jour à la retraite. Tous n’en mourront pas, loin s’en faut. Loin s’en faut. Les Egyptiens non plus.

Les manifestations continuent en Egypte

10h20 Affrontements violents à Ismaïliya
Selon des témoins, la grande ville d'Ismaïliya, sur le canal de Suez, est le théâtre samedi d'affrontements violents entre les forces de l'ordre et des milliers de manifestants.

10h13 Un supermarché Carrefour pillé au Caire
Un supermarché du groupe français Carrefour a été pillé à la périphérie du Caire, la capitale égyptienne. Selon des témoins, des dizaines de personnes se sont enfuies avec des objets dérobés dans le magasin. Ce supermarché est situé dans un centre commercial où sont aussi installés des commerces occidentaux.

10h01 Démission imminente du gouvernement
Lors du conseil des ministres prévu samedi dès 10 heures, le gouvernement égyptien va présenter officiellement sa démission. Un nouveau cabinet sera formé très rapidement. "Le président annoncera le nom du prochain Premier ministre. D'après ce que j'ai compris de ce qu'a dit le président, le gouvernement devrait être formé très rapidement aujourd'hui", a déclaré Magdy Rady, porte-parole du gouvernement. Le président Hosni Moubarak a annoncé vendredi soir qu'il avait demandé à son gouvernement de démissionner après des manifestations dans l'ensemble du pays.

9h19 Rétablissement partiel des services téléphoniques
Suspendus lors des manifestations hostiles au président égyptien Hosni Moubarak, les services de téléphonie mobile ont été rétablis samedi. Il n'était toutefois toujours pas possible d'envoyer des messages par SMS.
9h15 Des milliers de manifestants dans les rues

D'après un journaliste de l'AFP, les manifestants rassemblés samedi matin dans les rues du Caire sont plusieurs milliers.

9h12 Tirs de la police sur la foule
La police égyptienne a tiré samedi à proximité des manifestants rassemblés dans des rues menant à la place Tahrir dans le centre du Caire. On ignore s'il s'agissait de tirs à balles réelles ou en caoutchouc. Les manifestants ont fui la police, déployée près de véhicules militaires.

8h50 Les manifestations ont repris
Des centaines de manifestants se sont rassemblés dans le centre du Caire en Egypte pour réclamer le départ d'Hosni Moubarak. Cette manifestation intervient quelques heures seulement après la promesse de formation d'un nouveau gouvernement. "Dégage, dégage", ont scandé ces manifestants rassemblés sur la place Tahrir, sous l'oeil de l'armée déployée en masse au lendemain des vastes rassemblements hostiles à Moubarak, au pouvoir depuis 1981.

Catherine Ashton, la femme invisible

Elle devait être la voix de l'Europe sur la scène internationale, la diplomate en chef d'une UE pleine d'ambitions à travers le monde. Las, la haute représentante pour les Affaires étrangères est inaudible, quasiment invisible et a déjà perdu la confiance de le plupart des Etats membres. 

Un haut diplomate, pourtant réputé europhile, ricane : "Le service européen d'action extérieure est en place ? Ah bon, quelle action ?" A Bruxelles, on se veut de plus en plus caustique, moqueur ou attristé quand on évoque la diplomatie européenne et ce "service", le SEAE, placé sous la tutelle d'un haut représentant, alors que le projet constitutionnel préalable au traité de Lisbonne ambitionnait d'instaurer un "ministre des affaires étrangères de l'Union". Tout un symbole. Ou plutôt une régression symbolique obtenue par le Royaume-Uni, dont l'ex-premier ministre, le travailliste Gordon Brown, proclamait : "Entre le monde et les Etats, il n'y a rien."
Catherine Ashton, membre de la même formation politique que Gordon Brown, parachutée par hasard au poste de haut représentant a bien du mal à relever le défi. "A sa place, d'autres auraient déjà renoncé, insiste l'un de ses collaborateurs. Mais elle s'est prise au jeu, et elle a le cuir solide." Ses conseillers osent même avancer le "bilan positif" de ses dernières initiatives pour une solution au problème de Gaza ou la défense des chrétiens coptes du Moyen-Orient. On la crédite aussi de succès dans les Balkans, avec une reprise du dialogue entre dirigeants serbes et kosovars. Sur l'Iran, elle tente de reprendre le flambeau de son prédécesseur Javier Solana, en pilotant les négociations sur la non-prolifération nucléaire. Mais la haute représentante ne peut effacer de sa mémoire ce qu'elle a entendu lors de son entrée en fonctions : "Bienvenue ! Sache que tu te feras étriller dès que tu ouvriras la bouche."

Les crises se suivent et se ressemblent

Les débuts de la baronne ont, il est vrai, été plus que difficiles, marqués par des erreurs et des hésitations coupables, mises sur le compte de son manque d'expérience diplomatique. Elle peine à surmonter les critiques sur son unilinguisme, et ses week-ends familiaux prolongés à Londres. Très vite, ses absences lors du tremblement de terre d'Haïti, son peu d'intérêt pour les questions de sécurité et de défense, ont suscité la polémique. Contre vents et marées, Lady Ashton a pu proclamer au mois de décembre 2010 qu'un "nouveau départ" était donné à la politique étrangère et de sécurité. A l'issue d'une véritable bataille rangée entre le Conseil, le Parlement et la Commission, au sujet des pouvoirs et des modalités de contrôle du nouvel organe, celui-ci est officiellement installé depuis le 1er janvier.
Ces 3 650 fonctionnaires proviennent pour l'essentiel de l'ex-direction générale des relations extérieures de la Commission, mais aussi de la direction générale des affaires extérieures du Conseil et des délégations des Vingt-Sept dans le monde. Quelque 120 postes doivent, par ailleurs, être créés, et des diplomates des pays membres de l'UE vont rejoindre le SEAE. Ce dispositif ouvre-t-il la route vers la voix unique européenne ?
La réalité est plus morose. Car, après la Biélorussie, la Côte d'Ivoire et la Tunisie, les crises se suivent et se ressemblent pour Mme Ashton. Avec, systématiquement, un temps de retard qui impatiente une partie de la salle de presse, réunie tous les midis dans une salle de la Commission, sa porte-parole illustre à merveille la formule du diplomate français Maxime Lefebvre : "Les déclarations communes – de l'UE – ne servent parfois qu'à masquer les divergences entre les Etats membres."
Pour beaucoup, l'impression est qu'un an après sa nomination, la haute représentante pour les affaires étrangères reste comme absente. Et ce manque de visibilité commence à exaspérer certaines capitales européennes. Un haut responsable européen est catégorique, et féroce : "Tout le monde a tourné la page, Mme Ashton est nulle, et le service a connu une mise en place tellement chaotique que, déjà, personne n'y croit plus." Pour lui, la "passivité" de Mme Ashton décourage toute mutualisation des efforts diplomatiques, et compromet l'échange des informations les plus sensibles.

Où est la vision stratégique ?

Le malaise s'est amplifié à mesure que l'organigramme du SEAE se précisait. Les nouveaux pays membres, mais aussi des pays fondateurs, comme l'Allemagne ou l'Italie, s'estiment mal représentés. La France, elle aussi, est mécontente, alors qu'elle a longtemps poussé pour l'émergence d'une diplomatie européenne plus musclée. En dehors de la nomination de Pierre Vimont au poste de secrétaire général exécutif, aucun diplomate du Quai d'Orsay n'a trouvé grâce aux yeux de Lady Ashton. L'administration du service sera sous la tutelle de l'Irlandais David O'Sullivan, et un Britannique, Robert Cooper, exercera le rôle, assez flou, de conseiller spécial de la baronne. En lien direct avec elle. Ressources humaines, infrastructures et ambassades seront sous la tutelle d'autres compatriotes de Lady Ashton, ce qui fait grincer bien des dents...
Toutefois, la frustration de certains va bien au-delà des questions de recrutement, et suscite des initiatives diplomatiques apparemment en contradiction avec l'objectif poursuivi par certaines capitales. Ainsi, tandis que Mme Ashton semble peu soucieuse de l'Europe de la défense ou, en tout cas, peu désireuse de contrarier l'OTAN, Paris privilégie la voie bilatérale avec le Royaume-Uni pour élargir la coopération militaire. Au grand dam de l'Italie, de l'Allemagne et d'autres.
Choix révélateur, la France s'est par ailleurs à peine appuyée sur l'Union européenne pour gérer la crise ivoirienne, un des pays de son ancien pré-carré africain.
Certains, comme l'eurodéputé Guy Verhofstadt, chef du groupe des Libéraux et démocrates au Parlement européen, y croient encore. "Si nous voulons éviter une perte de pouvoir au sein du monde multipolaire, il nous faut une stratégie diplomatique globale, pour la défense, pour les enjeux climatiques, monétaires ou sécuritaires", plaide-t-il.
Mme Ashton sera-t-elle capable d'élaborer cette vision, elle qui se cantonne, au mieux, à la position plus acceptable pour les Etats, négligeant la latitude, et les prérogatives, que lui offre le traité de Lisbonne ? La baronne paraît peu désireuse d'être autre chose qu'une "facilitatrice" entre les Etats membres. Devant les eurodéputés socialistes, le 12 janvier, elle utilisait le même terme de "facilitatrice" pour définir la possible action de l'UE sur la scène mondiale.
Pour l'instant, l'Europe se contentera donc de rester la "puissance narrative" décrite par le géopolitologue Zaki Laïdi. Capable de parler du monde, d'énoncer des valeurs, mais pas (encore ?) de s'imposer comme une véritable puissance.

TANT IL EST VRAI QUE SON VISAGE RESPIRE D'INTELLIGENCE !!

Des manifestations de soutien, de Paris à Amman

Des rassemblements de soutien ont eu lieu en dehors des frontières de l'Egypte. En Tunisie, où la "révolution de jasmin" et la chute du régime de Ben Ali ont montré l'exemple aux contestataires égyptiens, un rassemblement a eu lieu devant l'ambassade d'Egypte en signe de solidarité. "Nous sommes solidaires du peuple égyptien (...). Nous avons eu la chance et l'audace de renverser le régime, on leur souhaite la même chose", proclamaient les manifestants.

A Amman, en Jordanie, où près de 3 000 personnes manifestaient vendredi contre la vie chère, l'AFP a constaté plusieurs slogans de soutien aux opposants égyptiens : "Hosni Moubarak, l'avion t'attend", "Salutations au peuple égyptien, toute la nation s'inspire de vous".

A Paris, la Ligue des droits de l'homme avait appelé à se rassembler place de la Fontaine-des-Innocents,tandis qu'un groupe Facebook a proposé un rassemblement près de l'ambassade d'Egypte, place de l'Uruguay, samedi à 14 heures.

Comme Ben Ali

Les Chinois censurent internet en interdisant l’accès à certains mots-clés ; les Iraniens ont bloqué Twitter et Facebook lors des manifestations contre la réélection contestée d’Ahmadinejad. On le savait déjà : les réseaux sociaux sont une écharde dans le pied des dictateurs. Mais personne n’avait encore osé, comme l’a fait hier le président Moubarak, fermer purement et simplement la quasi-totalité des communications électroniques. Depuis 24 heures, en Égypte, les internautes sont devant un écran noir et les téléphones portables sont muets. Premier constat : cette censure n’a servi… à rien. Les manifestants étaient des centaines de milliers, hier, dans toutes les grandes villes du pays, à réclamer le départ du dictateur en place depuis 1981.

Voilà qui relativise le poids de la technologie. Twitter, Facebook et les téléphones portables ont aidé les Tunisiens à s’unifier pour chasser Ben Ali, certes. Mais le vrai moteur des révoltes reste l’aspiration des peuples à une vie meilleure. Le mécontentement n’est pas virtuel, on ne le coupe pas en pressant sur un bouton.

Après s’être enfermé pendant quatre jours dans son palais, Hosni Moubarak a fini par se présenter à la télévision, tard hier soir, pour dire qu’il… resterait en place, mais qu’il avait compris les aspirations des Égyptiens. Le discours ressemble à s’y méprendre à la dernière tentative de survie de Ben Ali.

Moubarak s’adressait à la fois à sa population et à ses alliés occidentaux, tout particulièrement américains, qui se sont inquiétés bruyamment, hier, de son autisme. Ses vagues promesses de démocratisation laissent dubitatif. Elles sont infirmées par avance par la chape de plomb qu’il a mise en place dans la journée d’hier et par les 27 morts que la répression a faits depuis mardi. Le dictateur égyptien n’a pas pris la mesure de l’exaspération et du désespoir de son peuple, ni de l’impasse dans laquelle se trouve son allié US (ne parlons pas des Européens, entièrement hors jeu). Les Américains ont aveuglément soutenu, pendant des décennies, un régime qui n’a fait que garantir un fragile statu quo géopolitique, alors qu’il aurait fallu mener des actions résolues contre la pauvreté, pour la paix et pour la démocratie. Cette stratégie est en bout de course. En Tunisie, la révolution de palais du 14 janvier n’a pas suffi à calmer les esprits. La pression reste forte. En Égypte, elle peut, plus que jamais, mener à une explosion aux conséquences incontrôlables.

Un sursis illusoire

Nul ne sait ce matin si Hosni Moubarak pourra se maintenir au pouvoir, mais de toute façon, il a déjà perdu la partie. Le vieux général de 82 ans qui avait voulu rester sourd à la colère de son peuple au point de vouloir l’étouffer en l’isolant du monde a été obligé de rendre les armes, en pleine nuit, dans une intervention à la télévision... En promettant tout à la fois la démocratie, une justice indépendante, et des mesures contre la pauvreté, le président égyptien a donné le spectacle d’un homme prêt à concéder tout ce qu’il refusait encore en bloc quelques heures plus tôt. Pathétique spectacle d’un roi nu, dos au mur, acculé aux concessions par la fureur de son pays, et prêt à tous les renoncements pour éviter sa mise à mort politique, la déchéance, l’exil...

Dans cette défaite, pense-t-il sérieusement que la dissolution du gouvernement qu’il a donnée en pâture suffira à faire retomber la tension quand c’est son propre départ que des centaines de milliers de manifestants ont réclamé tout au long de ce vendredi 28 janvier où tout a basculé? Sur le net, les images d’Al-Jazeera ont transmis à la planète entière, et en direct, les convulsions d’un régime en voie d’extinction. Depuis le renversement du roi Farouk par le colonel Nasser jusqu’au séisme qui aujourd’hui fait chanceler le successeur d’Anouar-El-Sadate, le pouvoir égyptien n’avait jamais connu pareil chaos. Aucune des quatre guerres perdues contre Israël n’avait réussi à le fragiliser à ce point.

Cette fois, c’est fini. On voit mal comment Moubarak pourrait durablement reprendre la main avec un pays qui l’a aussi massivement rejeté. Mais on ne voit pas non plus quelle direction pourra prendre cette révolution en marche qui semble n’obéir, pour le moment, qu’à une exaspération fédératrice. Et on doute, hélas, que l’énergie de cette coalition des mécontentements soit mise au seul service de la liberté...

Cette incertitude totale panique l’Amérique qui redoute de voir s’effondrer un allié stratégique dans cette région du monde. Ferme en apparence, l’intervention d’Hillary Clinton a été, en vérité, symptomatique d’un aveu d’impuissance. Les injonctions au Raïs pour qu’il modère la répression et rétablisse internet ont résumé tout l’embarras du département d’Etat, et des chancelleries européennes.

Barack Obama défend les élans d’un peuple qui veut se libérer, mais il ne peut pas non plus lâcher celui qui représente pour lui un pion essentiel de sa stratégie au Proche-Orient et dans le monde arabe. La perspective d’une poussée des Frères musulmans -présents dans les manifestations d’hier- fait cauchemarder les États-Unis et trembler Israël. Au point qu’un général libéral pourrait apparaître comme un recours. A condition que l’armée ne fasse pas couler le sang...


G20 : contre la spéculation et la faim

« Méfiez-vous de notre faim et de notre fureur », s'écriait, voici quelques jours, des Jordaniens manifestant dans plusieurs villes du pays (1). Va-t-on donc vers de nouvelles émeutes de la faim ? Étant donné l'insuffisance des stocks, l'irrégularité des productions alimentaires mondiales et la spéculation qui l'accompagne ou même la stimule, « on peut être sûr qu'on va revoir les émeutes de la faim sans qu'on puisse prévoir ni quand ni dans quel pays », a déclaré, au Point, Bertrand Munier, chef économiste du Mouvement pour une organisation mondiale de l'agriculture (Momagri).

La situation est devenue dangereuse, en effet, quand on voit le cours du blé augmenter de 100 % en un an ou celui du maïs de 73 %. De ce fait, les prix des denrées alimentaires à base de ces céréales augmentent aussi : le pain, la viande... De plus, ceux qui sont les plus frappés par ces hausses sont les plus pauvres, ceux qui consacrent 80 % de leur budget à l'alimentation, c'est-à-dire les habitants des pays en voie de développement. Mais sont atteints aussi, évidemment, les éleveurs qui paient plus cher la nourriture de leurs animaux et les consommateurs qui constatent la valse des étiquettes.

Cet état de choses a plusieurs causes : les catastrophes climatiques qui se sont produites en diverses régions du monde, par exemple en Russie qui, ayant subi une sécheresse extrême, a interrompu ses exportations de blé. Quatre autres pays exportateurs de blé ont eux aussi connu des catastrophes climatiques qui ont diminué considérablement leur production. Sur le marché du sucre, de l'huile de palme, du riz, les intempéries en Inde, au Brésil ont entraîné une baisse de l'offre.

Par ailleurs, la canne à sucre, au Brésil, le maïs, aux États-Unis, sont de plus en plus transformés en biocarburant. Or, « dès que le prix du baril de pétrole dépasse 80 $, les biocarburants deviennent attractifs et réduisent les disponibilités alimentaires en sucre, en céréales, en oléagineux » (2).

Stabiliser le coursdes matières premières

Dans le même temps, la demande s'accroît, car la population mondiale augmente. Trois milliards d'êtres humains supplémentaires sont attendus pour 2050, c'est-à-dire pour demain. À cela s'ajoute le fait que de vastes pays émergent de la misère et consomment autrement et notamment plus de viande, de cette viande qui exige tant de céréales.

Dans ce tableau déjà sombre, viennent s'inscrire les spéculateurs et même, aussi, les accapareurs qui achètent et stockent. Ils accroissent ainsi la pénurie et augmentent la valeur de leurs marchandises, qu'ils revendront ensuite au prix fort.

« Nous n'avons pas tiré les leçons des émeutes de la faim. Quelques pays seulement ont tenu leurs engagements en politique agricole. Mais certains ont malheureusement privilégié les cultures d'exportation, pourvoyeuses de devises, et n'ont pas suffisamment investi dans la petite agriculture familiale », expliquait, à Ouest-France, Olivier de Shutter, rapporteur spécial de l'Onu pour le droit à l'alimentation. Il ajoutait que, des 20 milliards d'euros d'investissements promis par les pays les plus riches, lors du G8 de 2009, seulement 20 % avaient été versés !

Voilà pourquoi on peut se réjouir que la régulation du prix des matières premières énergétiques et alimentaires soit l'une des priorités de la présidence française lors du prochain G20, en espérant des prises de décisions dans le bons sens et que, cette fois, elles soient appliquées. De toute manière, le président de la République, en fixant un tel objectif, ne manque pas de clairvoyance. On voit, en effet, qu'il est grand temps d'agir.

Il ne manque pas non plus d'audace, car déjà s'élèvent des critiques en tout genre auxquelles il devra faire face.

Cependant, cette démarche répond à une attente profonde exprimée de longue date par des économistes, au rang desquels le père Louis-Joseph Lebret : voici plus de soixante ans, il estimait que, sans régulation des cours des matières premières, le développement mondial échouerait et que les crises, les pénuries et les affrontements se multiplieraient. C'est ce que nous constatons aujourd'hui.

Enfin, on semble prendre ce problème fondamental à bras-le-corps.

(1) Ouest-France, 17 janvier 2011.


(2) Le Figaro, 17 janvier 2011.

Musulmans


A Paris, des musulmans défilent aujourd’hui au nom de l’islam bafoué par les terroristes. En Egypte, depuis des jours et des jours, d’autres manifestants descendent dans la rue au nom de la démocratie... La Méditerranée les sépare, mais ils ne sont en fait pas si éloignés les uns des autres. Aux Egyptiens, on a longtemps interdit la démocratie sous prétexte d’un risque intégriste. Aux musulmans de France, on dénie souvent l’attachement à notre République, à cause de ces mêmes islamistes. Mais les manifestants de Paris et du Caire nous rappellent que l’islam, comme toutes les religions, peut couvrir le pire et le meilleur. Et que tout rejet, toute hostilité a priori, ne profite en général qu’aux partisans du pire, aux intégristes de tous poils. L’idéal, au fond, serait que les manifestants de Paris puissent demain défiler au Caire contre tous les totalitarismes - barbus ou non.

Et maintenant, l’Égypte


Magie du téléphone arabe, les slogans circulent et la “révolution de jasmin” voyage. En s’exportant, elle sent de plus en plus la poudre. Moubarak essuie les mêmes banderoles que Ben Ali, en français dans le texte: “ Dégage ! ”. On le voit, mal, pourtant, fuir comme un voleur vers les Émirats. L’armée le soutient, les Américains ne le lâcheront pas...scénario inverse de la Tunisie. En Égypte aussi, c’est la génération Facebook qui a pris la révolte en main. Hier, le premier réflexe du pouvoir fut d’ailleurs de couper les réseaux sociaux. Sur les bords du Nil, internet ne marchait pas. Les manifestants si, en revanche, avec l’énergie du désespoir.


Par centaines de milliers, d’Alexandrie au Caire, ils ont exigé un autre régime. L’actuel, dans tous les sens du terme, les laisse vraiment trop sur leur faim. 32 millions d’habitants, ici, vivent avec moins de deux dollars par jour.


L’ampleur du mouvement marque une nouvelle étape. La veille encore, seule une certaine jeunesse paraissait mobilisée. Mais le tableau, désormais, ressemble à un début de soulèvement populaire. L’État l’a traité selon les anciennes recettes: répression féroce et couvre-feu immédiat. Les blindés veillent, la nuit sera longue.


Et demain ? Des voix, proches du gouvernement, plaident pour “ des réformes sans précédent.” Puisse Moubarak les entendre vite. S’en tenant à la violence, il ne ferait qu’accélérer un chaos que tout le monde redoute. À part les islamistes, bien sûr..

Egypte : Moubarak annonce un remaniement

Alors que les violences se sont poursuivies toute la journée en Egypte (faisant au moins 20 morts et plus de 1000 blessés dans le pays), le dirigeant Hosni Moubarak s'est exprimé à la télévision nationale, dans la nuit de vendredi à samedi. Il y a annoncé avoir demandé au gouvernement égyptien "de démissionner" avant la formation dès samedi d'un nouveau cabinet, et a promis des réformes démocratiques.
"Il n'y aura pas de retour en arrière sur la voie des réformes que nous avons choisie, et nous avancerons avec de nouvelles mesures qui confirment notre respect de l'indépendance de la justice et plus de liberté aux citoyens", a déclaré le président égyptien.
"Il y aura de nouvelles mesures pour une justice indépendante, la démocratie, pour accorder plus de liberté aux citoyens, pour combattre le chômage, augmenter le niveau de vie, développer les services et soutenir les pauvres" a également affirmé Hosni Moubarak, à la suite de quatre jours de manifestations sans précédent dans le pays depuis son arrivée au pouvoir il y a trente ans.
LA SITUATION RESTE CHAOTIQUE AU CAIRE
"Ce n'est pas en incendiant et en attaquant des biens publics et privés que nous répondrons aux aspirations de l'Egypte et de ses fils, mais par le dialogue, la conscience et l'effort", a cependant averti le raïs.
"J'ai pleinement conscience des aspirations légitimes du peuple et je connais bien l'ampleur de leurs préoccupations et de leurs souffrances. (... ) La jeunesse d'Egypte est son atout le plus précieux." Mais selon lui, "la frontière est mince entre la liberté et le chaos, et je penche pour la liberté des gens à exprimer leurs opinions autant que je tiens à la nécessité de maintenir la sécurité et la stabilité de l'Egypte".
Des propos qui n'ont pas suffit à calmer les rues du Caire, où soldats et habitants continuaient d'arpenter les rues après la forte mobilisation et les troubles de la journée. Dans la nuit de vendredi à samedi, l'ambiance restait tendue et chaotique dans le centre-ville. Plusieurs témoins ont rapporté avoir entendu les manifestants continuer de scander des slogans appelant à la démission du président. 

L'envoyé spécial de Channel 4, parvenant à communiquer grâce à son compte Twitter, rapporte pour sa part avoir vu, encore après le discours, des cocktails molotov lancés sur les forces de l'ordre. Enfin, un incendie à proximité du Musée nationale du Caire, où sont conservées de nombreuses richesses de l'Egypte antique, restait encore en partie hors de contrôle.
>> Relisez le suivi en direct du discours de Moubarak, et des réactions ayant suivi son allocution.

Barack Obama veut que Moubarak mette "des actes sur les mots"

Peu après l'allocution d'Hosni Moubarak, le président Barack Obama a pris la parole lors d'une conférence de presse où il a affiché son soutien au président égyptien, tout en se montrant ferme sur la questions des droits.
"Il doit y avoir des réformes", a dit le président américain. Renouvelant son appel au calme et au dialogue, Barack Obama a insisté sur le fait que les Etats-Unis resteraient "toujours un partenaire de l'Egypte".
Il a également expliqué qu'il avait demandé au président Moubarak, avec qui il s'est entretenu par téléphone de "mettre des actes sur les mots", notamment en ce qui concerne la liberté d'expression : "je demande à l'Egypte de cesser leur blocage d'Internet et des réseaux de téléphonie mobile".