TOUT EST DIT

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jeudi 27 janvier 2011

A Davos, Nicolas Sarkozy défend l'euro, et la morale

Au Forum économique mondial, le président français a plaidé pour la régulation de la planète financière. Et annoncé que la présidence française du G20 serait l'occasion de créer un « petit groupe de pays leaders sur les financements innovants » en faveur des pays en voie de développement

A Davos, où il a pris la parole pour la deuxième année consécutive, Nicolas Sarkozy a défendu l'euro, et une certaine « morale ». Interrogé sur la meilleure façon de réguler les marchés financiers mondiaux sans handicaper le secteur bancaire, le président français a déclarer comprendre que trop de réglementation favoriserait le « shadow banking », mais estimé que, « entre la flexibilité et le scandale » il y avait place pour la réglementation. « Il n'y a pas d'économie de marché sans un minimum de valeurs morales ». Nous serons « raisonnables, sages, mais, croyez-moi, déterminés » a-t-il conclu sur ce chapitre.
La présidence française du G20 sera l'occasion de proposer la création d'un « petit groupe de pays leaders sur les financements innovants » en faveur des pays en voie de développement, a poursuivi Nicolas Sarkozy, espérant que « d'autres pays » rejoindraient plus tard cette initiative. « Il y a plusieurs financements innovants possibles », a-t-il ajouté, et personnellement « je reste attaché à une taxe infinitésimale sur les transactions financières mais il y a d'autres systèmes qui sont possibles. »
Auparavant, Nicolas Sarkozy avait estimé que trois grands risques menaçaient l'agenda économique mondial 2011 : la question des dettes souveraines, les déséquilibres monétaires et financiers , et enfin les risques pour l'inflation avec la croissance de « l'explosion des prix des matières premières ».
Au passage, le Français a défendu la monnaie européenne. « Angela Merkel et moi jamais, jamais nous ne laisserons tomber l'euro », a-t-il assené après un développement sur les désordres monétaires. « La question de l'euro n'est pas une question simplement monétaire, pas seulement une question économique, c'est une question identitaire (...) le message sur l'euro, c'est un message très simple, c'est tellement important que nous serons au rendez-vous pour le défendre », a assuré le président français.

Egypte : un manifestant seul face à un canon à eau
(faut pas pousser quand même, l'Egypte ce n'est pas le Chine)





Egypte : un manifestant seul face à un canon à eau
envoyé par Nouvelobs. - L'actualité du moment en vidéo.

Influences

Le christianisme, bien qu’en perte de vitesse, demeure la confession majoritaire en France. Il n’y a donc rien d’étonnant à voir les chrétiens encore présents dans toutes les sphères de la société. Mais les modalités de leur investissement dans le champ social ont fortement évolué depuis deux décennies. Longtemps, il s’est agi pour les chrétiens de vivre leur foi au travail ou dans la société à travers l’exercice de responsabilités syndicales, sociales, politiques… Les mouvements d’Action catholique leur ont fourni un cadre où ils pouvaient, avec d’autres, relire et partager leurs expériences à la lumière des Écritures.

Aujourd’hui, l’heure n’est certainement plus à l’enfouissement puisque le christianisme a déjà perdu l’essentiel de sa visibilité et les traces qu’il a laissées deviennent incompréhensibles à un grand nombre. Pour autant, le christianisme n’est pas mort et il cherche comment demeurer présent dans un monde souvent éclaté. Les milieux d’Église, sous l’impulsion des plus jeunes générations, ont appris à maîtriser les nouveaux canaux de communication, à créer et mobiliser des réseaux pour exercer une influence sur les débats sociaux, avec une authentique créativité.

Ce dynamisme est stimulant. Il n’est cependant pas sans risque : il brouille le regard sur l’Église en la faisant apparaître comme un puissant lobby, capable de faire jouer ses différents relais pour faire pression sur les esprits et peser sur les décisions publiques. Or, si elle entend bien être présente dans le débat public, ce n’est pas pour imposer ses vues. En 2005, à l’occasion du centenaire de la loi de séparation des Églises et de l’État, l’épiscopat français explicitait le rôle des chrétiens dans le débat public dans des termes qui disent les conditions d’un lobbying évangélique : « Si l’Église intervient dans les débats de notre temps, c’est pour faire entendre sa conception de l’homme et témoigner de l’expérience dont elle est porteuse. Elle ne souhaite pas s’enfermer dans la défense de ses intérêts communautaires mais contribuer à promouvoir la dignité intégrale de chaque personne humaine dans notre vie sociale, ainsi que la paix et la justice dans notre société. »

Egypte : ElBaradei demande le départ de Moubarak

Au lendemain de nouvelles manifestations au Caire et dans plusieurs villes du pays, l'ancien patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, était en route vers l'Egypte, jeudi 27 janvier. Auparavant, il a réclamé le départ du président Hosni Moubarak. "Il sert le pays depuis 30 ans et il est temps qu'il se retire", a lancé M. ElBaradei depuis Vienne, où il a passé plusieurs semaines. Dans un premier temps, Mohamed ElBaradei avait promis d'être "avec les manifestants", mais indiquait qu'il ne prendrait pas la tête du mouvement de contestation. Il s'est ensuite dit prêt à "mener la transition" politique si la population lui demandait.
Mohamed ElBaradei ne dispose pas d'un parti reconnu, ni de soutien solide au Parlement. Avec son mouvement, l'Association nationale pour le changement, il plaide pour des réformes démocratiques et sociales et pour des amendements constitutionnels limitant le pouvoir quasi pharaonique exercé par le président. Depuis son départ de l'AIEA, il tente de revenir dans le jeu politique égyptien en se posant comme une alternative à Hosni Moubarak.
Le président Moubarak n'a, pour le moment, pas fait de déclaration publique depuis le début du mouvement de contestation. Selon CNN, qui cite anonymement un haut responsable égytien, le gouvernement ne prévoit "pas de gros changement pour le moment".
NOUVELLES MANIFESTATIONS
Les autorités s'attendent à une mobilisation massive de la population, vendredi, à l'appel de plusieurs mouvements de jeunes et partis d'opposition, dont les Frères musulmans. Le Mouvement du 6-Avril, fer de lance de la protestation, appelle à descendre dans la rue, jeudi et vendredi.

Si la situation était relativement calme jeudi au Caire, où les forces de police quadrillaient le centre-ville, des accrochages ont opposé dans l'après-midi plusieurs centaines de manifestants aux forces de l'ordre dans les villes d'Ismaïliya et Suez, dans le nord-est de l'Egypte.
Dans le port de Suez, des manifestants ont incendié un poste de police et une caserne de pompiers, après avoir lancé des cocktails Molotov sur la police, a constaté un photographe de l'AFP sur place. Les policiers anti-émeute ont eu recours aux gaz lacrymogènes, aux balles en caoutchouc et aux canons à eau pour les disperser. Des centaines de manifestants étaient réunis pour réclamer la libération des personnes arrêtées lors de violentes manifestations mardi et mercredi, environ 75 selon une source au sein des services de sécurité.
"La police garde un maximum de retenue mais lorsque se produisent des moyens d'expression illégitimes ou des destructions, elle intervient", a commenté jeudi Magdy Rady, porte-parole du gouvernement, pour justifier la "fermeté" employée à Suez face aux actes de vandalisme.

A Ismaïliya, le long du canal de Suez, des témoins ont fait état de tirs de gaz lacrymogène de la part des membres des services de sécurité à l'encontre des manifestants, qui ripostaient par des jets de pierres. Une dizaine de personnes ont été arrêtées avant le début de la manifestation, ont-ils ajouté.
Selon un bilan officiel, au moins six personnes, dont deux policiers, ont été tuées depuis mardi en Egypte et plus de 1 000 manifestants arrêtés.

Conflits d'intérêts:du bon et du mauvais



Le canon danois fait long feu

Il y a cinq ans, le gouvernement danois a établi la liste des œuvres censées définir ce qu'est la culture nationale face à l'immigration et la mondialisation. Aujourd'hui, constate la presse, ce canon culturel est un peu oublié.
Depuis janvier 2006, les Danois sont armés d'un canon. Un canon culturel établi sous le gouvernement libéral-conservateur pour affirmer et faire connaître l'héritage culturel national. Littérature, cinéma, musique, théâtre, architecture, design, beaux arts et arts pour enfants : 108 œuvres ont été sélectionnées par plusieurs commissions créées par le ministre de la Culture de l'époque, Brian Mikkelsen. On y retrouve La Petite Sirène, des nouvelles de Karen Blixen, le film Les Idiots de Lars von Trier, le Lego, les bateaux vikings et même Donald Duck, qui aurait été imaginé par un Danois.
Après avoir lancé le canon sous la forme d'un livre décrivant toutes ces oeuvres, Brian Mikkelsen avait affirmé que cette initiative faisait partie d'une lutte contre les tendances antidémocratiques de certains milieux de l'immigration musulmane.

Enfin fier de sa "danéité"

Cinq ans après, le vif débat qui a accompagné cette opération est largement retombé. "Si le lancement du canon culturel a été un jour important", remarque le Berlingske, "ce n'est pas à cause du contenu du canon, mais parce qu'un gouvernement non-socialiste avait osé faire ce qui, pendant tant de décennies, n'avait pas été de très bon ton : dire haut et fort que certaines choses sont meilleures que d'autres. Signaler que même si nous sommes une société moderne dans un monde globalisé, nous avons beaucoup de mérites en tant que nation, et que nous avons le droit d'en être fiers.Sans risquer d'être taxé de chauvinisme et de romantisme national".

De fait, constate le quotidien, "il n'est plus tabou de penser en termes de canon". Aujourd'hui, cependant, "il est possible que le canon culturel ne soit plus très lu ni utilisé. Il est en tout cas difficile de mesurer ses effets. Mais il était une offre, pas une exigence." Et aujourd'hui, "il symbolise l'époque nouvelle où nous avons osé ne plus avoir honte de nous-mêmes, et où l'on accepte de nouveau d'établir une différence entre le bon et le moins bon".

"Que la population du pays ait la possibilité d'étudier les oeuvres nationales les plus importantes n'est ni nationaliste ni une obligation étatique. C'est du bon sens", considère de son côté le Kristeligt Dagblad. Le quotidien protestant ajoute que "dans les cinq années qui se sont écoulées depuis le lancement du canon, la pression de l'industrie du divertissement s'est renforcée, et les tendances X-factor [une émission dans laquelle des gens ordinaires peuvent devenir des stars] se sont multipliées. Pour lutter contre cela, un canon n'est pas la pire arme que l'on puisse porter."

La notion de menace renforcée

Mais alors que l'immigration suscite des tensions et que le gouvernement n'est majoritaire au Parlement que grâce au soutien de l'extrême droite, affirmer cette "danéité" reste très polémique. Dans Politiken, la chroniqueuse Rushy Rashid s'adresse directement à Brian Mikkelsen, aujourd'hui ministre de l'Economie et du Travail : "Le combat culturel et sur les valeurs que tu essaies de mener avec ton canon culturel n'a fait qu'aggraver la distance [entre Danois et non-Danois] et renforcer dans notre société la notion de menaces et d'ennemis".
"Pourquoi continuons-nous à débattre pour savoir si nous sommes une société multiculturelle ?, interroge la journaliste. Pourquoi ne pas seulement constater cette évolution dans nos actes ?". Pour Rushy Rashid, le Danemark devrait suivre l'exemple du Royaume-Uni, de la Suède ou de la France, où les gens sont fiers de la romancière Zadie Smith, née d'une mère jamaïcaine et d'un père anglais, du romancier Jonas Hassen Khemiri, de mère suédoise et de père tunisien, et de la dessinatrice française d'origine iranienne Marjane Satrapi.


Thibault dément vouloir quitter son poste à la CGT fin 2011

Bernard Thibault, patron de la CGT depuis 11 ans, a démenti avoir l'intention de quitter son poste fin 2011 comme l'écrit jeudi Le Parisien.
Le secrétaire général du premier syndicat français qualifie de "fantasme" les rumeurs de dissensions qui déstabiliseraient la direction de la CGT et ajoute que l'heure de sa succession n'a pas sonné.
"Un article de presse (...) affirme que j'ai l'intention de 'jeter l'éponge' à la fin de l'année (...). Je démens très clairement cette information", dit-il dans un communiqué.
Le Parisien cite un cadre non identifié de la CGT selon qui Bernard Thibault a dit fin décembre à l'état-major du syndicat : "Je pars à la fin de l'année, de manière à ce que mon successeur soit en place avant les présidentielles."
Selon le quotidien, une fatigue personnelle liée notamment à des injures et à des actes de malveillance à répétition, des démêlés avec ses opposants internes et l'approche d'une élection présidentielle problématique pour le positionnement de la centrale expliqueraient sa décision.
"En aucun cas la CGT n'est en prise à des conflits internes tels qu'ils déstabiliseraient sa direction nationale", répond Bernard Thibault. "Ce fantasme, relayé depuis plusieurs semaines, cherche à déstabiliser la CGT après avoir constaté la part prise par ses militants dans l'exceptionnelle mobilisation sur les retraites."
"Malheureusement pour nos détracteurs, la CGT se renforce et c'est le président de la République qui sort un peu plus affaibli encore du bras de fer qu'il a imposé aux salariés", ajoute-t-il.
Personnage public très exposé, le leader de la CGT s'est dit dans le passé la cible de menées clandestines. Une enquête préliminaire de police ouverte en 2008 après la découverte de matériel électronique dans son véhicule de fonction n'a jamais abouti.
Parvenu en 1999 à la tête de la centrale syndicale, après un passage à la direction de la puissante fédération des cheminots et un triomphe face au gouvernement Juppé lors des grèves de 1995, Bernard Thibault, 52 ans, domine depuis le paysage syndical.
TENSIONS INTERNES
Libérée de ses liens historiques avec le Parti communiste, la CGT est restée en pointe des mouvements sociaux, comme lors des grandes manifestations contre la réforme des retraites en 2010, où ses options ont convaincu, selon les sondages, une majorité de l'opinion.
Le talent médiatique de Bernard Thibault a dépoussiéré l'image du syndicat, souvent brocardé jadis comme le bastion de la "gréviculture", et devenu avec son nouveau leader plus enclin aux compromis.
Lors des mouvements contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, des concessions de Bernard Thibault avaient ainsi favorisé une sortie de conflit en 2007.
Lors du référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005, il s'était prononcé en interne pour le "oui", une position vivement combattue par la majorité de ses adhérents et qui a suscité des conflits qui ne sont pas soldés.
Son opposition à la réforme des retraites adoptée à l'automne 2010, qui repousse l'âge légal de départ de 60 à 62 ans, l'ont toutefois montré combatif.
Le fait qu'il ait été souvent reçu à l'Elysée par Nicolas Sarkozy lui a attiré la vindicte de l'aile gauche de son organisation, une position exprimée en 2009 par le délégué CGT de l'usine Continental de Clairoix (Oise) Xavier Mathieu.
"Les Thibault et compagnie, c'est juste bon qu'à frayer avec le gouvernement, à calmer les bases. Ils servent juste qu'à ça, toute cette racaille", avait dit Xavier Mathieu.
Conscient de cette image chez une partie de ses militants, Bernard Thibault a décidé cette année, pour la première fois dans l'histoire de la CGT, de boycotter les voeux de Nouvel an de Nicolas Sarkozy aux syndicats, qualifiés de "simulacre" après l'adoption en force de la réforme des retraites.
Thierry Lévêque, Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse

La loi récidive face aux récidivistes

Nicolas Sarkozy a eu raison de réagir à chaud quant au très probable assassinat de la jeune Laëtitia à Pornic. Le chef de l'Etat a assuré qu'un tel drame ne pouvait rester sans suite et que « la récidive criminelle ne peut rester impunie ». La prochaine loi sur l'introduction de jurés populaires en correctionnelle devrait fournir l'occasion de promouvoir de nouvelles mesures concernant notamment le suivi de l'application des peines et le suivi des récidivistes. L'administration de la justice fut prompte à assurer que le récidiviste Tony Meilhon avait accompli les peines de prison relatives à ses treize condamnations, mais est-il normal qu'il n'y ait pas eu de contrôle judiciaire après sa libération ?
Est-il normal qu'aucune surveillance particulière ne se soit exercée à l'égard d'un détenu dont les expertises psychiatriques avaient révélé la dangerosité ? (Lire notre édition du 25 janvier)
La première urgence pour les juges, c'est d'appliquer les lois existantes avec rigueur et sans laxisme, et pour le gouvernement c'est de renforcer les lois existantes et les moyens humains nécessaires pour les appliquer. Il vaut mieux engager des fonctionnaires de justice que des fonctionnaires à 35 heures par mois dans certaines collectivités territoriales !
Evidemment, les beaux esprits ironisent déjà sur la multiplication des lois répressives mais, s'il s'agit de faire face davantage aux violences croissantes aux personnes, les Français dans leur immense majorité seront d'accord.

Le fonds d'aide européen devrait pouvoir racheter de la dette, selon Jean-Claude Trichet

Le rachat de dette souveraine par le Fonds de stabilité financière européen (FESF) serait "utile", selon le président de la Banque centrale européenne (BCE). Ce dernier a également précisé que la résolution de la crise budgétaire est "en cours".

Il serait utile de conférer au Fonds de stabilité financière européen (FESF) le droit de racheter de la dette souveraine, a déclaré mercredi le président la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet. Interrogé sur une telle hypothèse, il a répondu: "Je ne l'écarterais certainement pas et je considère que cela pourrait être utile dans certaines circonstances" a-t-il déclaré à Bloomberg TV.
Jean-Claude Trichet a donc de nouveau appelé à renforcer le FESF et à lui donner plus de flexibilité en lui permettant notamment de racheter de la dette souveraine, tout en précisant qu'il ne voulait pas "dicter des mesures aux gouvernements." Ces propos font échos à ceux tenus un peu plus tôt par Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE.
La résolution de la crise budgétaire européenne est en cours, a également assuré Jean-Claude Trichet. "Nous y travaillons bien sûr et nous appelons tous nos partenaires à faire ce qu'il faut", a-t-il déclaré à l'agence Reuters lors du Forum économique mondial de Davos. "Il faut qu'ils aient un temps d'avance pour prouver aux investisseurs, aux épargnants, aux ménages et aux entrepreneurs qu'ils font ce qu'il faut."
La crainte d'une propagation de la crise et d'un éclatement de l'euro s'est estompée depuis le début de l'année, grâce à des adjudications réussies de titres de dette portugais, espagnols ou encore italiens et à la perspective d'un nouveau plan anti-crise qui devrait être dévoilé lors du sommet européen des 24 et 25 mars.
Jean-Claude Trichet a déclaré que les taux d'intérêt actuels se situaient à un niveau approprié. La BCE a décidé en début de mois de maintenir ces taux à un plus bas historique à 1%.
Un sondage effectué par l'agence Reuters auprès de 82 économistes, publié mercredi, a montré qu'un relèvement des taux est attendu en moyenne au dernier trimestre 2011 ou en début d'année 2012. Le mois dernier, l'inflation au sein de la zone euro a dépassé l'objectif de la BCE à 2% pour la première fois en deux ans.

Faut-il encourager les pauses...cigarettes?

La loi sur l'interdiction de fumer dans les entreprises n'a pas seulement purifié l'atmosphère des bureaux: elle a aussi modifié les relations entre les salariés. Au détriment des non-fumeurs. 

C'est un peu l'histoire de l'arroseur arrosé. Les non-fumeurs avaient applaudi la loi qui interdit la cigarette dans les entreprises. Ils en subissent aujourd'hui d'inattendus dommages collatéraux. Cette mesure, prise à l'origine pour les protéger du tabagisme passif a certes purifié l'air, mais elle a également modifié les relations de travail. Au détriment des non-fumeurs.  
Premier effet de la loi: les pauses cigarettes, de plus en plus longues, créent des disparités dans le temps de travail. Une étude de l'institut CSA Santé, publiée en 2009, indique ainsi qu'une personne habituée à fumer un paquet par jour prend huit pauses quotidiennes, contre une seule pour les non fumeurs. Bref, ces derniers ont l'impression de trimer davantage que leurs collègues. "Je suis une ancienne fumeuse et je comprends très bien qu'un fumeur s'absente deux ou trois fois dans l'après-midi pour aller s'en griller une, raconte Laurence, cadre dans une entreprise automobile. Mais cela passe bien moins chez les non-fumeurs, qui ont l'impression d'avoir moins le droit de faire une pause. Je descends de temps en temps avec mes collègues prendre l'air, mais ça ne me viendrait pas à l'idée de m'arrêter trois fois dans l'après-midi."  
Le sentiment d'illégitimité
Et elle n'est pas la seule dans ce cas-là: de plus en plus de non-fumeurs ne se sentent pas légitimes à faire de pauses. "Au moment où la loi est sortie, elle représentait une forte contrainte pour les fumeurs, explique Dominique Steiler, professeur de management à l'ESC Grenoble. L'allongement de la pause a donc été conçu comme une sorte d'allègement de peine. Les non-fumeurs de leur côté ont l'impression de ne pas y avoir le droit car ils ont inconsciemment intégré l'idée qu'avec la loi anti-tabac, ils ont obtenu ce qu'ils souhaitaient." 


"Si je n'étais pas fumeur, j'aurais parfois l'impression d'être en dehors du coup"

De quoi engendrer des conflits larvés qui trouvent aussi leur source dans les nouvelles solidarités que la pause clope a créées. Elles sont souvent l'occasion de discussions détendues sur le travail, voire d'organiser des brain storming impromptus desquels sont, de fait, exclus les non fumeurs. "C'est vrai que lorsqu'on fait une pause, on descend à plusieurs et on parle souvent des projets sur lesquelles on travaille, reconnaît Julien, cadre dans une banque. Cela ressemble parfois à des réunions informelles. Il arrive même qu'on discute des problèmes au sein des services". Et d'ajouter: "Si je n'étais pas fumeur, j'aurais parfois l'impression d'être en dehors du coup". Julia, qui vient d'intégrer un cabinet d'audit, connaît ce sentiment. Son supérieur hiérarchique est un "gros fumeur" qui embarque avec lui, chaque fois qu'il prend une pause, les autres fumeurs de l'équipe. "Inévitablement, il est plus proche d'eux, regrette-t-elle, même si ce n'est pas intentionnel."  
"Fumer, un acte social"
L'interdiction de la cigarette dans les lieux publics a été envisagée en prenant en compte le seul point de vue médical. Les ressources humaines ont sous-estimé l'impact que la mesure pouvait avoir sur les relations entre les salariés. "Fumer, c'est un acte très social, analyse Juan Falomir, professeur de psychologie sociale à l'université de Genève, et auteur de Société contre fumeurs. A force d'être stigmatisés, d'être vus comme des gens malades ou dépendants, les fumeurs ont recréé des liens de solidarité qui, par nature, excluent ceux qui ne font pas partie de leur groupe." 
Pourtant, selon Dominique Steiler, c'est aux ressources humaines que revient la tâche de limiter les effets du clivage induit par la cigarette: "Les managers doivent encourager leurs salariés à faire régulièrement des pauses tous ensemble car c'est un moment indispensable dans le bon fonctionnement d'une entreprise, assure le professeur en management. Quel que soit son objectif -un déjeuner, un café ou une cigarette- elle permet d'aborder des sujets qui ont été passé sous silence en réunion, de connaître des salariés d'autres services et renforcer les relations dans l'équipe ». Dans certaines entreprises, une pause commune est même comprise dans l'emploi du temps des salariés. "Il faut garder à l'esprit que plus une équipe se connaît, plus elle est performante et plus la régulation du stress sera facile."  


Assouplissement de la loi Évin





Assouplissement de la loi Évin
envoyé par BFMTV. - L'info internationale vidéo.

Fatigué, Bernard Thibault veut quitter la CGT avant la présidentielle

Bernard Thibault jette l'éponge ! Epuisé et affecté par l'échec du mouvement sur les retraites, le leader de la CGT, âgé de 52 ans, préfèrerait se retirer de l'organisation syndicale.
 Qu’arrive-t-il à ? Depuis le début de l’année, le numéro un de la CGT est aux abonnés absents. Il a séché les vœux du président de la République, une première, refusé de rencontrer le successeur d’Eric Woerth au ministère du Travail, , adressé une fin de non-recevoir au rendez-vous proposé par Jean-François Copé. 
 Il a aussi boudé le calendrier social des négociations avec le patronat et éconduit une délégation de l’intersyndicale.
« Monsieur Bernard », 52 ans, le charismatique leader syndical à la coupe Beatles se fait discret. Car, selon nos informations, il s’apprête à tirer sa révérence. Reconduit à la fin de 2009 pour un mandat de trois ans, il tient à partir plus tôt que prévu. Le sujet de son départ était d’ailleurs inscrit à l’ordre du bureau confédéral de la CGT convoqué lundi dernier. Mais la réunion a tourné court, perturbée par « des problèmes avec le personnel de la confédération », en guerre ouverte contre la CGT sur des questions de salaires et de conditions de travail. Ce jour-là, Bernard Thibault a claqué la porte.

Le patron de la CGT est fatigué

L’annonce de son départ, Bernard Thibault en a réservé la primeur à l’état-major de la CGT. Les 21 et 22 décembre, il était parti se mettre au vert avec les huit membres du bureau, l’exécutif du syndicat. Deux jours incognito au centre de formation Benoît-Frachon de Courcelles (91) pour « discuter des problèmes de la maison » et « faire le bilan » à quasi la mi-mandat. C’est le 21 au soir, à l’heure de l’apéritif, que le leader des grèves de 1995 a informé sa garde rapprochée : « Je pars à la fin de l’année, de manière à ce que mon successeur soit en place avant les présidentielles », rapporte un cadre de la CGT.
L’aveu a jeté le trouble dans la petite assistance, certains n’en croyant pas leurs oreilles. Depuis, le Sphinx, comme on le surnomme, a souhaité laisser passer les vacances, avant de décider d’en dire plus. Mais, confirme-t-on dans son entourage, le patron de la CGT est aujourd’hui fatigué. L’échec du conflit sur les retraites, les bisbilles internes, le recul des adhérents dans certains bastions, les problèmes de dos et familiaux (voir ci-dessous) lui pèsent.
« A plusieurs reprises, il a déjà voulu démissionner », rappelle un connaisseur de la CGT. Mais la rumeur se fait pressante au sein de la centrale de Montreuil. Les coups de fil de militants inquiets se sont multipliés ces derniers temps à la confédération.
A Matignon pourtant, on ne croit pas au départ du numéro un de la CGT. Peut-être parce que le président de la République compte sur lui pour démontrer, pendant la prochaine campagne présidentielle, que le dialogue social ne s’est jamais aussi bien porté en France depuis que la CGT est reçue à l’Elysée comme un invité de marque.

“Le PS prépare des primaires de bobos !”

Le chiraquien Christian Jacob, ex-président du Centre national des Jeunes Agriculteurs (CNJA), aujourd’hui bras droit de Jean-François Copé, est président du groupe UMP à l’Assemblée nationale.

Le débat sur l’euthanasie est finalement reporté à plus tard. Forcément, vous, vous vous en réjouissez !
CHRISTIAN JACOB On a un bon texte avec la loi Léonetti. Elle permet l’accompagnement des malades en fin de vie, en mettant au cœur du dispositif les médecins et la famille. C’est un texte équilibré sur un sujet à la fois capital et passionnel. Il y avait eu, avant cette loi, un travail de fond. Je suis d’avis que l’on n’y touche pas.

« Après le drame Laëtitia, on n’a pas le droit de tourner la tête pudiquement »

F.-S. Nicolas Sarkozy réclame des initiatives après le drame de la jeune Laetitia à Pornic. Il a raison ?
C. J. Je partage son indignation. Chaque fois qu’on est confrontés à des drames comme celui-là, c’est notre devoir de nous interroger. Comment cela a-t-il pu arriver ? S’interroger, ce n’est pas nécessairement légiférer. Faut-il compléter notre dispositif législatif ou passer par la voie réglementaire ? Y a-t-il eu dysfonctionnement ? Nous avons trois mois devant nous avant l’arrivée au Parlement du texte sur les jurés populaires. Ces trois mois, il faut qu’ils soient utiles. En tout cas, on ne peut pas tourner la tête pudiquement, et faire comme si rien ne s’était pas passé. Cela, ce n’est pas possible.

« Il y aura une vraie réforme fiscale »

F.-S. Le projet de l’Elysée de mettre en place des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels ne fait pas l’unanimité, c’est le moins que l’on puisse dire !
C. J. On aura une loi au mois de mai. Je fais un constat : il y a très peu de contestations des décisions prises en cour d’assises, et beaucoup plus de décisions prises en correctionnelle. Or la justice en France est rendue chaque fois au nom du peuple souverain. Le fait qu’elle soit rendue demain partout avec la participation des citoyens me semble plutôt une bonne idée.

F.-S. Va-t-on vers un « grand soir fiscal » ?
C. J. Il n’a jamais été question de « grand soir » mais, oui, il y aura une réforme. On y travaille. On fera un premier point d’étape au mois de mars. L’objectif central est simple : une fiscalité ne doit pas être un outil de pénalisation, mais d’incitation et de dynamisme. On est aujourd’hui loin du compte.

F.-S. Quand le député UMP Jérôme Chartier lance ses idées, il n’engage alors que lui ?
C. J. On a besoin de propositions. La taxation des plus-values sur la résidence principale, moi, je suis contre, mais Jérôme Chartier a fait là-dessus un travail intéressant et on a besoin, j’insiste, de gens qui mettent des idées sur la table. Aujourd’hui, la force de l’UMP, c’est d’animer le débat. Regardez la gauche aujourd’hui. Elle est complètement sclérosée, se contente de réagir, et n’a qu’un seul souci, gérer ses dix candidats aux primaires qui se regardent les uns les autres en chiens de faïence ! Eh bien, je préfère nos débats d’idées !

« Les bébés Chirac, ils ont pris quelques kilos ! »

F.-S. Christian Estrosi, le maire hyper-sarkozyste de Nice, s’inquiète de la multiplicité des débats « contre-productifs » à l’UMP !
C. J. Christian Estrosi fait partie des gens qui eux-mêmes lancent des débats ! N’a-t-il pas souhaité l’autre jour, à la faveur d’un point de presse, que la majorité pénale passe de 18 à 16 ans ? Bienvenue au débat !

F.-S. Vous considérez-vous comme un « bébé Chirac » ?
C. J. Les bébés, ils ont pris quelques kilos !… Cela dit, je fais partie de ces gens comme Baroin, Copé, et d’autres qui ont une filiation avec Jacques Chirac et qui la revendiquent. Il y a vingt ans, c’est lui qui nous a mis le pied à l’étrier. Je le vois une fois ou deux par mois. Quand on a été comme lui pendant quarante ans dans le top 2 de la vie politique française –président, Premier ministre où patron du plus grand parti de France – le jour où on décide d’arrêter, ce n’est pas pour faire une deuxième carrière de commentateur. J’ai énormément d’affection pour lui.

F.-S. Suit-il encore la vie politique ?
C. J. Vous en doutez ? Allons, il n’est devenu ni aveugle, ni amnésique, ni sourd.

F.-S. Bientôt, c’est l’heure de son procès…
C. J. Je ne sais pas comment exprimer ce que je ressens affectivement : pourquoi cet acharnement ?

F.-S. Souhaitez-vous un rapprochement Villepin-Sarkozy ?
C. J. On a un candidat naturel : le président de la République. C’est avec lui que l’on gagnera. Donc, tout ce qui peut être fait pour rassembler la famille, cela va dans le bon sens. Ce n’est pas à moi de donner des conseils à l’un ou à l’autre, mais je vous le dis : c’est l’intérêt général.

F.-S. Une candidature Borloo en 2012, cela vous choquerait-il ?
C. J. Je suis très réservé. Je ne crois pas aux coups de billard à trois ou quatre bandes. Vous savez, je suis quelqu’un de simple ; meilleur est le résultat au premier tour de la présidentielle, plus on a de chance de gagner au second.

F.-S. La gauche annonce qu’aux cantonales de mars la majorité va recevoir une « raclée »…
C. J. Méfions-nous des pronostics comme des sondages : c’est l’expérience du chiraquien que je suis qui parle. A ce stade, rien n’est joué. L’élection va se jouer localement. En tout cas, je le ressens comme ça...

F.-S. Mais vous savez qu’il y aura une interprétation nationale…
C. J. Après le scrutin, on fait les fromages, c’est classique. Mais ce sera d’abord du local, vous verrez.

F.-S. Le PS prépare son « opération primaires »…
C. J. Ce qui me choque dans ces primaires, c’est le mépris total du PS pour le monde rural. Il y a 36.000 communes, et il y aura seulement 10.000 bureaux de vote. Cela veut dire que, dans les campagnes, on dira aux gens : « Débrouillez-vous et prenez le bus si vous voulez aller voter ! » Je vais vous dire : ce sont des primaires de bobos et, en plus, il n’y a pas l’ombre d’un projet. Tout cela, c’est très américain ; c’est aux antipodes de notre culture comme de notre histoire.


«  Voyez-vous DSK faire le tour des gymnases ? »


F.-S. La candidature Strauss-Kahn, vous y croyez ?
C. J. J’ai toujours été sceptique sur sa candidature, et je le reste. Le voyez-vous entrer dans la bagarre ? Je le vois davantage prêt à être appelé et adulé que se retroussant les manches et faisant le tour des gymnases de France.

F.-S. Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, est-ce, pour l’équipe Copé, un « problème » ?
C. J. Un problème ? Sûrement pas. Jean-François Copé et moi, nous nous sommes fixé une ligne, et une seule : une ouverture totale au débat. Donc, tous ceux qui sont porteurs d’idées sont les bienvenus. La maison est grande ouverte. Mais la majorité a besoin d’être rassemblée. Alors je veux bien comprendre qu’ici ou là tel ou tel ait de l’amertume mais, avec ça, on n’avance pas et on ne sert pas l’intérêt général.

F.-S. Craignez-vous la montée en puissance du FN ?
C. J. Non. Le Front national ne vit que des problèmes et des difficultés. Donc, son seul souci, c’est qu’il y en ait un maximum. Dès qu’un problème est réglé, c’est une perte pour le FN. Demandez-vous par exemple pourquoi Mme Le Pen s’est opposée à la loi anti-burqa ! S’il n’y a plus demain de burqa en France, son fonds de commerce disparaît. Chaque fois qu’on va obliger Mme Le Pen à présenter des solutions précises, on la mettra en difficulté, vous verrez.

F.-S. Votre ami Copé n’aurait-il pas dû attendre avant de parler, si longtemps à l’avance, de la présidentielle 2017 ?
C. J. Aujourd’hui, son seul sujet, c’est 2012. Quand l’entendez-vous parler de 2017 ? Il l’a dit un jour et il l’assume, mais ce qui l’occupe, c’est de reconstruire l’UMP, d’en faire un parti porteur de projets, une « boîte à idées » pour le président de la République. Il n’a qu’une obsession, et nous avec lui : tout faire pour la réélection de Sarkozy. Il est là-dessus à 100 %. Point barre.

Un paysan en politique

Invité sur France 2 il y a quelques jours, Christian Jacob n’a guère été impressionné. « Les AG syndicales avec 300 paysans remontés, c’est un peu plus dur qu’Eric Zemmour », sourit-il. Parole d’ancien syndicaliste agricole qui militait déjà à 17 ans. BEP agricole en poche, « à 22 ans, je m’installe avec 6 hectares de prairie et 27 vaches laitières », raconte-t-il fièrement. Marié, père de deux enfants, il reprendra ensuite l’exploitation de ses parents, confiée à un couple d’agriculteurs depuis son entrée au gouvernement, comme ministre de la Famille, en 2002. Il refusera toujours d’être ministre de l’Agriculture, malgré les demandes répétées de Dominique de Villepin. Trop compliqué quand on a été leader syndical pendant presque vingt ans et qu’on connaît tout le monde, juge-t-il. Député de Seine-et-Marne depuis 1995, maire de Provins, plusieurs fois ministre de Jacques Chirac, il est aujourd’hui, à 51 ans, patron des députés UMP. « Mais je ne suis pas dans le moule. Comme on veut enfermer la classe politique dans un petit milieu bien refermé sur lui-même, des gens comme moi peuvent agacer. Mais moi, je l’assume. Cela m’amuse plutôt. »

La « nouvelle réalité » inquiète les prestigieux invités du Forum de Davos

La station suisse de Davos accueille, jusqu’à dimanche, quelques centaines d’hommes et de femmes qui gèrent le monde d’aujourd’hui.

Le 41e Forum économique mondial est le reflet des interrogations et des inquiétudes actuelles. Le thème choisi en est le reflet : « Des normes partagées pour la nouvelle réalité ». Derrière ce titre un peu obscur se cache une réalité que les organisateurs décrivent comme « la plus importante préoccupation de nombreux décideurs » , à savoir « vivre dans un monde complexe et interconnecté ». Ces dirigeants doivent aussi faire face à « une érosion des valeurs communes et des principes qui affaiblit la confiance du public » à leur encontre.

Le sondage publié hier par La Croix (lire ci-dessous) révèle qu’un tiers des Français est favorable à l’abandon du capitalisme. En revanche, une immense majorité de Chinois est en faveur de ce même capitalisme.

Cette dualité reflète l’un des autres constats sur lequel se pencheront les participants au sommet de Davos : l’Asie est le continent le plus dynamique aujourd’hui.

Si les invités du Forum ne sont pas prêts à abandonner le capitalisme, ils sont suffisamment inquiets pour s’intéresser aux grands thèmes soumis à leurs réflexions.
« Comportements irrationnels et irresponsables »

L’urgence, selon les organisateurs, est de se pencher sur les perspectives économiques alors que le monde continue de « payer le prix de comportements irrationnels et irresponsable squi existaient bien avant la crise. »

Les participants devront tenter de réfléchir à la construction de mécanismes globaux et institutionnels pour répondre aux risques qui pèsent sur la planète.

Enfin, le forum entend appuyer les décisions que devrait prendre le G20. Ce groupe des vingt pays les plus influents, présidé cette année par la France, serait, selon les organisateurs du forum de Davos, « l’institution la plus à même de définir une nouvelle gouvernance et un modèle de leadership international pour la période de l’après crise ». Cette appréciation devrait aller droit au cœur du président français qui planchera aujourd’hui à Davos. Selon le forum, « l’agenda du G 20 doit insister sur le besoin d’une plus grande interdépendance entre le monde des affaires et celui de la politique, afin de rebâtir un véritable partenariat » entre eux.

Cette ambition, partagée par Nicolas Sarkozy, aura du mal à s’imposer, de l’aveu même des Français. Le projet de taxation des transactions financières, destiné à aider les pays les plus pauvres à se sortir du dénuement et à mettre en place les engagements pris à Copenhague dans le domaine écologique, est loin d’être acquis. « Ce sera vraiment une rude bataille » a convenu Christine Lagarde, ministre française des Finances.

Pourtant, il y a urgence à remettre de l’ordre dans les finances mondiales, comme l’expliquait récemment le patron du Forum de Davos. Klaus Schwab, interviewé par le journal britannique The economist, estimait que « 2011 sera une année décisive ». « Soit nous avons tiré la leçon du passé, soit nous continuons à prendre des décisions et à nous comporter comme si l’insouciance de la période de l’avant-crise devait revenir », avertissait Klaus Schwab.
La Russie et les crises africaines

Le forum a été ouvert par le président Medvedev, venu en coup de vent en raison de la situation tendue dans son pays, après l’attentat terroriste de lundi. Le président est venu défendre son pays et rassurer les investisseurs dont la Russie a grandement besoin.

D’autres sujets d’actualité se sont invités ces derniers jours dans la station suisse. Les crises politiques qui secouent l’Afrique du Nord et fragilisent les régimes en place sont l’un des symptômes de ce monde à la recherche « de normes partagées » pour comprendre « une nouvelle réalité ».

Tunisie et Égypte, même combat ?




Tunisie et Égypte, même combat ?
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Une autre échelle

Elles ont les mêmes facteurs mais pas la même puissance. Si elle réussissait, une révolution en Égypte aurait des conséquences incomparablement plus importantes que celle de Tunisie. L’échelle n’est pas la même. La fuite de Ben Ali a secoué tout le Maghreb... et la France. La chute de la maison Moubarak, elle, provoquerait un séisme qui ébranlerait tout à la fois le monde arabe - dont il est le pays le plus peuplé avec plus de 80 millions d’habitants - l’avenir de la paix au Proche-Orient - dont il est un des acteurs majeurs - et au-delà l’influence des États-Unis dans cette région du monde. Les grands équilibres chancelleraient sous le choc. Une perspective qui effraie Washington. La Maison Blanche multiplie les injonctions à son allié égyptien pour qu’il lâche immédiatement du lest démocratique avant qu’il ne soit trop tard. Mais sans doute sait-il qu’il est déjà trop tard...

La situation au Caire est d’autant plus dangereuse pour le régime en place depuis trente ans, que l’opposition est à la fois plus radicale et mieux structurée qu’à Tunis. Plus religieuse aussi: voilà des années que les Frères musulmans, dont l’implantation est historique, guettent l’étincelle qui leur permettra de profiter d’un vaste soulèvement populaire. Dans la vallée du Nil, le terreau intégriste a déjà nourri la tentation du terrorisme islamique contre les hauts lieux du tourisme national. Et la méfiance d’une partie de la population contre l’Occident: ce n’est pas un hasard si Mohammed Hatta, le pilote du premier Boeing qui s’est écrasé sur la tour A du World Trade Center de New York était Égyptien...

Moubarak, lui, a déjà senti plusieurs fois passer le vent du boulet, et les anniversaires. Le successeur incontestable d’Anouar El Sadate, dont il était le vice-président, reste le très vulnérable héritier d’une révolution Nasserienne d’inspiration laïque. La présidence de cet homme de 82 ans a été gangrenée par un népotisme vain: la relève par son fils reste une idée très mal acceptée par les élites de son pays. Bien plus que Ben Ali, il catalyse les haines de ses ennemis intégristes et tous ses mandats ont été marqués par la résistance à la déstabilisation islamique, y compris au sein du pouvoir et de l’état-major.

L’armée, elle, n’affiche pas la même neutralité bienveillante que son homologue tunisienne. Bien au contraire, elle se prépare à être un recours incontournable pour éviter le chaos d’un départ précipité du chef de l’État qui reste improbable à très court terme. Pour le moment, seulement...

S’il est inspiré, comme à Tunis, par le goût irrésistible de la liberté, le scénario égyptien risque, hélas, de ne pas avoir la légèreté du jasmin. Les enjeux sont si épais que la vague démocratique pourrait se fracasser sur eux, laissant éparpillé un peuple algérien qui aspire à son tour à changer le cours de son histoire


Conflits d'intérêts : la France ouvre les yeux
 
Individus et organisations sont animés par des idéaux (parfois) et par des intérêts (souvent). Ces intérêts multiples et contradictoires peuvent nous mettre dans des situations conflictuelles : il faut alors sacrifier un intérêt au profit de l'autre. Le conflit d'intérêts est dans la nature des choses. Ce qui ne l'est pas, c'est de le nier, de le cacher et de profiter de ce voile d'ignorance pour en tirer un profit personnel ou familial. Par exemple, un administrateur de société qui profite de sa connaissance de l'entreprise, pour spéculer à son avantage, est dans une classique situation de conflit d'intérêts.

Cette notion d'origine anglo-saxonne a bien du mal à faire son chemin en France où l'on privilégie plutôt la confusion des genres. Le cumul des mandats, le cumul de multiples fonctions, le pantouflage des hauts fonctionnaires, la confusion du pouvoir d'expert « indépendant » avec des rémunérations privées d'entreprises soumises à l'opinion de l'expert... Ce sont quelques exemples de l'indifférence avec laquelle la culture française a traité ces questions qui touchent à l'intégrité, à l'indépendance, à la confiance dans les institutions publiques et privées.

Autre caractéristique française : l'incapacité, en cas de conflits d'intérêts particulièrement aigus, à penser la question en termes globaux. Chaque scandale a donné lieu à une solution adaptée (par exemple, l'instauration de nouvelles incompatibilités parlementaires pour répondre à un problème ponctuel), mais jamais à une réflexion d'ensemble. Il a fallu l'accumulation de scandales liés à l'affaire Bettencourt-Woerth pour que le pouvoir se décide à allumer des contre-feux. L'affaire du Mediator a ensuite porté un peu plus d'eau au moulin, en faisant apparaître de possibles collusions entre les organismes de contrôle publics et une entreprise pharmaceutique privée.

Une commission, composée des présidents de la Cour des comptes et de la Cour de cassation et présidée par le vice-président du Conseil d'État, a été chargée de faire des propositions afin d'éviter que les politiques et les hauts fonctionnaires nationaux et locaux ne tombent dans des conflits d'intérêts préjudiciables à l'intérêt public. Pour la première fois, une analyse d'ensemble est offerte ; pour la première fois, des solutions sont suggérées, qui couvrent toutes les hypothèses de conflits d'intérêts majeurs, en se préoccupant non seulement des règles à établir mais aussi de leur applicabilité. Le rapport est à la fois ambitieux par le champ qu'il couvre, et réaliste dans les moyens et instruments proposés.

Il reste à souhaiter que le législateur qui, de son côté, a constitué deux groupes de travail, tire toutes les leçons de cette analyse rigoureuse et dépassionnée à la fois. La classe politique a tout à gagner de cette opération de transparence et de retour à l'éthique dans la vie publique. Ce sera le meilleur moyen de rétablir le lien de confiance entre décideurs publics et citoyens. Car les dérapages, même s'ils ne concernent qu'un nombre limité de personnes, jettent l'opprobre sur tous et contribuent au populisme ambiant. Restera à garantir non seulement l'application des nouvelles dispositions législatives, si elles voient le jour, mais plus important encore, à faire prévaloir « l'esprit des lois ».

Gueule


Mais pourquoi les Français font-ils donc la gueule ? Pardon pour l’expression, mais c’est bien ce qu’on nous reproche depuis quelques semaines, et un sondage jugé accablant: nous aurions la faiblesse d’être pessimistes, quand le monde entier ou presque sourit à l’avenir. Voyez par exemple Davos, au sommet des Grands de ce monde, qui baigne dans l’optimisme et la confiance... Bien sûr, on va nous faire le coup du Gaulois râleur, de l’exception française qui porterait à la grogne. Peut-être, mais nous avons tout de même une raison de ne pas sourire: le nombre de chômeurs, qui ne cesse d’augmenter. 32 600 de plus en décembre, bien au-dessus du plafond des quatre millions. A Davos, on nous explique d’ailleurs que «la maîtrise des coûts est entrée durablement dans la culture des entreprises». En clair, c’est pas demain qu’on embauche. De quoi faire la gueule, non ?

Ports français : les raisons du blocage

Pour la énième fois et comme le week-end dernier, les ports français seront paralysés de vendredi à lundi prochain par une grève à l'appel de la Fédération nationale des ports et docks (FNPD), le tout-puissant syndicat des dockers et des grutiers affilié à la CGT.

Faisant suite à une série de mouvements sociaux ayant lourdement pénalisé le trafic portuaire à l'automne dernier, en particulier à Marseille, et se cristallisant en apparence sur le même motif -la reconnaissance de la pénibilité du travail des ouvriers portuaires -, ce nouveau conflit a, en fait, peu à voir avec les grèves d'octobre. Il est bien plus massif, comme en témoigne l'entrée en grève des dockers et grutiers du port de Dunkerque, qui n'avait jamais cessé le travail depuis... dix-huit ans. Et il risque de s'inscrire dans la durée tant, pour l'heure, on n'entrevoit pas d'issue.

Principal grief invoqué par le syndicat : le nouveau gouvernement Fillon ne respecte pas les engagements pris avant le remaniement. Est ainsi remise en cause la validation, début novembre, par Jean-François Carenco, alors directeur de cabinet du ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, d'un projet d'accord entre les organisations syndicales et patronales conclu le 27 octobre dernier et permettant aux quelque 5.000 à 6.000 ouvriers portuaires de partir en retraite jusqu'à quatre ans avant l'âge légal, eu égard à la pénibilité de leurs métiers.

Pourquoi ce changement de pied ? Pour des raisons financières d'abord. Selon une des hypothèses de travail, le projet d'accord, qui permettait d'en finir avec l'interminable réforme portuaire et les grèves qui l'ont accompagnée, coûterait 60 millions d'euros à l'Etat, via les grands ports maritimes dont il est propriétaire, et ne serait pas financé au-delà de 2030. Mais l'autre raison du revirement gouvernemental, c'est qu'il s'inscrirait en contradiction avec la réforme des retraites.

Les pouvoirs publics ont donc appelé les partenaires sociaux à revoir leur copie : ils leur demandent de limiter à deux ans au maximum l'anticipation sur l'âge légal de la retraite pour les salariés exerçant un métier à la pénibilité avérée. Et insistent plus globalement pour que le futur accord soit cohérent avec la loi sur les retraites. Arguments de bon sens, sans doute, mais qui risquent de remettre en cause plusieurs années de négociations englobant un champ bien plus vaste que la seule pénibilité.

Pour comprendre l'enjeu, il faut revenir à l'architecture de la loi du 4 juillet 2008 « portant réforme portuaire ». Seize ans après la réforme de 1992, qui visait à faire des dockers des salariés comme les autres en les intégrant dans les entreprises de manutention, la nouvelle loi recentrait les grands ports maritimes sur leurs missions régaliennes (sûreté, environnement, stratégie...) et organisait le transfert aux manutentionnaires des activités d'outillage ; en clair, un grutier, jusqu'à présent salarié du port, allait rejoindre dans la même entreprise son homologue docker. Assurant, peu ou prou, les mêmes tâches -charger et décharger un navire à quai -, ces professions seraient ainsi unifiées sous l'égide d'une seule autorité, l'entreprise manutentionnaire. Avec à la clef une meilleure organisation du travail et plus de productivité.

Restait à mettre en oeuvre le transfert effectif des grutiers. Pour ce faire, le législateur avait ouvert un espace favorisant le dialogue entre partenaires sociaux. Certes, l'article 12 de la loi de juillet 2008 laissait envisager le transfert autoritaire des personnels concernés, mais il s'agissait d'un article repoussoir engageant les partenaires sociaux à lui préférer l'article 11. Celui-ci prévoyait plutôt une mutation concertée, sous réserve d'un accord-cadre devant être signé dans les trois mois par les partenaires sociaux.

Ce qui fut fait le 30 octobre 2008. L'accord en question a donné lieu à un décret, le 28 novembre 2008. Dans la foulée, et conformément à des dispositions explicites de l'accord-cadre, débutèrent alors deux négociations : l'une visant à rédiger une convention collective commune aux dockers et aux grutiers (elle a été conclue le 7 mai 2010 et est depuis ouverte à la signature) ; l'autre sur la pénibilité.

Ce second volet des négociations, les partenaires sociaux l'ont abordé sur la base des textes alors en vigueur, à savoir la loi Fillon sur les retraites de 2003. Et c'est sur cette base qu'ils se sont mis d'accord fin octobre 2010. Juste avant, donc, la promulgation de la nouvelle loi sur les retraites... Scénario ubuesque, qui ne pouvait conduire qu'à une impasse, quand on connaît le caractère explosif du dossier.

Prises de court, les organisations patronales elles-mêmes ne savent plus sur quel pied danser.

La FNPD-CGT, elle, hurle à la « trahison » et menace désormais de ne pas signer la convention collective unifiée tant qu'il n'y aura pas d'accord sur la pénibilité. Ce qui reviendrait à torpiller plus de deux ans de négociations alors que la très grande majorité des points de la réforme avaient été entérinés.

Comment sortir de cet imbroglio ? Le gouvernement pourrait bien sûr être tenté de réactiver l'article 12 de la loi de juillet 2008 autorisant les transferts de façon autoritaire. Sauf que, l'article privilégiant l'approche consensuelle ayant été validé par un décret, c'est ce dernier qui s'applique. Il faudrait donc trouver une astuce, et vite, car les grands ports maritimes doivent avoir, conformément à la loi, transféré leurs grutiers au secteur privé en avril prochain au plus tard. Et socialement, un éventuel passage en force doit être mûrement réfléchi : il risquerait de radicaliser la FNPD, dont une minorité des adhérents a toujours été opposée à l'approche réformiste jusqu'à présent défendue par ses dirigeants.

Johnny, sa tournée d’adieux au fisc

Dany Boon aurait pu lui proposer un rôle dans son nouveau film : “Rien à déclarer”. Sauf que c’est aux services des impôts, et non pas à la douane, que Johnny Hallyday sert régulièrement cette sobre réplique. Pour fuir le fisc, l’idole des ex-jeunes a poussé le bouchon très loin. Jusqu’à tenter de se faire naturaliser Belge, en prétextant un tardif sursaut patriotique. Le salut survint finalement de Suisse, comme souvent sur le front monétaire.

Depuis 2007, le chanteur réside six mois et un jour par an à Gstaad. Juste assez pour obtenir un statut de résident… et de contribuable helvétique. Sinon, celui que chaque sondage érige en “monument national” passe le plus clair de son temps aux États-Unis. Il ne rentre au pays que pour assurer ses “promos”, ou recevoir la légion d’honneur.

Mais l’administration française le garde dans son collimateur. À croire “Le Canard Enchaîné” d’hier, plusieurs perquisitions viennent d’être effectuées chez des proches “conseillers financiers” du rocker. La justice le soupçonne d’évasion fiscale, via d’étranges transferts de fonds vers le Luxembourg.

À 67 ans, sans cesse contraint de remettre sa tournée d’adieux, on le disait affaibli physiquement. La semaine dernière, pour la seconde fois, n’a-t-il pas été opéré de la hanche ? Ses innombrables fans sont désormais rassurés. Johnny “bouge” toujours pas mal, les agents du Trésor en savent quelque chose…

Le commentaire politique de Christophe Barbier



Matières premières : l'arbre et la forêt

Autant le dire toute de suite, casser la spéculation financière sur les matières premières - à supposer que cela soit possible -ne suffira pas à réduire la volatilité des prix des ressources naturelles. Encore moins à enrayer l'envolée des prix entamée l'an dernier et qui est bien partie pour se poursuivre, si l'on en croit les experts du CyclOpe. En fait, la formation du prix des matières premières agricoles ou industrielles repose schématiquement sur trois piliers. L'impact de la spéculation financière, c'est vrai, mais aussi les variations des devises de cotation (le dollar souvent), et surtout l'évolution du couple formé par l'offre et la demande. Or, dans une période de reprise économique globale comme celle que nous traversons, le redémarrage de la demande physique constitue un moteur suffisamment puissant pour doper les cours à lui seul.

Dans ces conditions, résumer le débat sur le moyen de domestiquer le prix des matières premières à la seule question de la spéculation revient à occulter une part importante des déterminants. Elle revient aussi à accréditer l'idée que les marchés financiers dictent le cours des matières premières, alors même qu'ils ne font souvent qu'accompagner un mouvement plus profond.

Plus peuplé et plus développé, le monde va devoir apprendre à vivre avec des matières premières plus chères. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il faut considérer comme une fatalité le renchérissement du blé, du cuivre ou du zinc, par exemple. Bien au contraire. Les risques que fait peser cette inflation galopante sur la croissance économique globale à peine retrouvée et sur l'approvisionnement en produits alimentaires des pays les plus fragiles nécessitent qu'on s'y intéresse de très près. C'est précisément l'une des ambitions de la présidence française du G20. Et c'est une chance. Il est temps de prendre des mesures volontaristes afin d'assurer une meilleure transparence sur les marchés physiques, de mettre de l'ordre sur les marchés dérivés ou de créer des stocks d'urgence pour éviter les flambées soudaines des cours liées à des catastrophes naturelles, comme Paris le propose.

Il serait toutefois dommage de condamner cette ambition à l'échec en s'enfermant dans une polémique stérile sur le poids de la spéculation financière.

La vraie différence France-Allemagne

Dans une union monétaire comme la zone euro, un pays membre s'engageant dans une modération salariale réduit ses coûts unitaires -ses coûts par unité produite -relativement à ses concurrents, dès lors qu'il colle à ceux-ci en termes de productivité. Si cet avantage de coût n'est pas compensé par un accroissement des marges des entreprises, les prix de ce pays s'améliorent, donc ses parts de marché. Et si cet avantage de coût n'est passé que partiellement au consommateur, les marges ainsi gagnées peuvent être en partie réinvesties. C'est alors la compétitivité hors prix qui va s'améliorer et là encore les parts de marché en bénéficient. Dans tous les cas, le rééquilibrage ne pouvant plus passer par l'appréciation du taux de change nominal du pays accumulant les excédents commerciaux, ce sont finalement les emplois qui se déplacent au sein de la zone intégrée.

De la réunification à l'introduction de l'euro, la rémunération du travail avait augmenté plus rapidement en Allemagne qu'en France, avec une productivité plutôt moins dynamique. L'Allemagne a donc très légitimement entrepris de corriger ce problème de compétitivité à partir de 2000, sans y parvenir au départ en raison de gains de productivité insuffisants. C'est en réalité le maintien de la modération salariale combiné à une reprise de la productivité à partir de 2004 qui a permis un ajustement éclair : les industriels allemands n'ont alors que très partiellement distribué à leurs salariés les gains de productivité réalisés.

De 1999 à 2008, les coûts unitaires ont ainsi fortement divergé au sein de la zone, comme l'a montré la BCE. L'Allemagne et l'Autriche se sont écartées de la moyenne vers le bas (respectivement de près d'un point et demi et un point de pour cent par an). La Finlande, la France et la Belgique sont dans la moyenne. Les pays divergeant vers le haut sont connus : l'Irlande d'abord, puis l'Espagne, la Grèce et le Portugal (tous de plus d'un point par an). Dans une perspective encore plus longue, les statistiques de coût unitaire dans l'industrie (Eurostat) nous montrent qu'en 2008 les coûts relatifs de l'Allemagne par rapport à la France sont revenus à leur niveau de ... 1992. L'ajustement a donc été particulièrement rapide et a conduit à la situation largement commentée aujourd'hui en oubliant le contexte de cet ajustement : entre juin 2003 et mars 2010, les salaires ont augmenté de 25 % en France et de seulement 10 % en Allemagne, avec une productivité comparable dans les deux pays. L'Allemagne a en réalité ainsi compensé le handicap de 15 % de coût relatif par rapport à la France accumulé entre la réunification et l'introduction de l'euro.

Pour autant, au sein du Marché unique les prix industriels n'ont pas divergé fondamentalement entre les deux pays, au niveau le plus fin des produits. A l'extérieur, les industriels allemands ont moins passé l'appréciation de l'euro dans leurs prix en monnaie étrangère. Finançant cet effort sur leurs marges, ils ont ramené leurs prix au niveau français. Mais dans les deux cas, l'Allemagne a fait beaucoup mieux en matière d'exportation que la France, ce qui souligne le rôle déterminant de la compétitivité hors-prix.

Au final, la modération salariale a freiné la demande interne outre-Rhin, dans la mesure où les gains de productivité non distribués aux salariés n'ont pour l'essentiel pas été consommés et renforcé l'attrait des marchés extérieurs pour les industriels allemands. Tel était probablement le schéma que Madame Lagarde avait à l'esprit, lorsqu'elle avait souligné dans un entretien au Financial Times les limites du modèle de compétitivité allemand obtenu en « [...] exerçant une forte pression sur ses coûts de main-d'oeuvre ». Si les réactions en Allemagne à cette prise de position étaient attendues, le retour en force quelques mois plus tard du thème du coût du travail en France, porté précisément par la comparaison avec l'Allemagne, peut surprendre. En consommant avec modération, l'Allemagne a fait resurgir dans l'imaginaire français l'apologue de la cigale et de sa voisine laborieuse. Or la France n'a pas tant un problème de coût du travail qu'un problème d'innovation et de qualité perçue de son offre. C'est essentiellement en matière de R&D que la France accumule du retard par rapport à l'Allemagne depuis le début des années 2000. Et depuis 2004, l'effort allemand s'accélère alors qu'aucune véritable reprise des dépenses n'est en vue côté français.

Courir après l'Allemagne

C'est le mot d'ordre lancé par le président de la République. La feuille de route est pertinente. Pour y aider, on a commandé à un grand institut de conjoncture une étude dont le diagnostic est clair : c'est à partir de 2000 qu'est intervenue « une rupture de tendance d'ampleur sans précédent historique », à l'avantage de notre voisin. Que s'est-il donc passé il y a dix ans ?

Cette année-là, des lois Hartz ont rendu plus flexibles les temps de travail et les rémunérations, couplé le chômage avec la formation, élargi quelques dispositifs de cogestion. Le gouvernement Schröder a en outre décidé, avec l'accord des syndicats, un quasi-blocage des salaires équivalant les années suivantes à une baisse relative. Or, la même année, la France adoptait les 35 heures universelles sans baisse des salaires, ce qui revenait à les augmenter de 10 %. Diverses contorsions intervenues depuis ont distillé des compensations qui pèsent sur les recettes de l'Etat et diminuent d'autant ses marges de manoeuvre. Comme par ailleurs le poids des charges patronales est en France supérieur d'un tiers, on comprend que le coureur français peine à « performer », jambes entravées. Enfin, attelés qu'ils sont au même euro, l'un des coureurs s'en trouve dopé par une certaine sous-évaluation, l'autre est privé des dévaluations qui facturaient naguère ses retards.

Dans le débat qui s'ouvre, certains proposent de transférer une partie du poids du coureur sur le contribuable (TVA ou CSG). Le président refuse jusqu'ici d'alléger ainsi le cheval pour charger le mulet, qui est de la même famille. Les écuries phosphorent. Une Conférence nationale de l'industrie fera des propositions dans quatre mois. Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura des grèves. On craint que le coureur ne s'y ensable un peu plus. Notre seule consolation est qu'à terme notre taux de fécondité aura raison du voisin allemand. La femme, c'est connu, est l'avenir de l'homme.

L'assurance du chômage

Face au diagnostic de maladie grave, passé l'accablement, le deuxième réflexe, mû par un instinct d'autodéfense, est de se protéger, de minorer la portée de l'affection. La tentation est forte d'appliquer cette stratégie de fuite à l'annonce surprise de la nette recrudescence du chômage, ce long mal français que l'on avait cru en voie de régression pendant les six premiers mois de 2010. Il y aurait de bonnes raisons de se rassurer. Même s'il a encore bondi en décembre, de 27.000, le nombre de demandeurs d'emploi sans aucun travail - les seuls vrais chômeurs -n'est, à fin 2010 (2,725 millions), que de 3 % supérieur à ce qu'il était un an plus tôt. Par rapport à la poussée de près de 20 % subie en 2009, la tendance, d'une année à l'autre, est donc à la stabilité. Quant aux dégâts provoqués par la crise sur l'emploi, ils restent, en France, bien moindres qu'aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.

Mais se contenter de cela serait refuser de voir la vérité en face. Et la vérité, c'est que la dynamique du chômage redevient inquiétante. Cette accélération est à la fois explicable et inexpliquée. Elle s'explique par la fragilité financière persistante des entreprises, la rigidité persistante du marché du travail, le retrait persévérant de la perfusion des contrats aidés. Cependant, comme les médecins limités par l'état de la science, les économistes en sont réduits à formuler des hypothèses pour percer les ressorts de cette reprise du chômage, imprévue à ce niveau. Car ce qui étonne, c'est que cette mauvaise vague coexiste avec trois lames porteuses d'optimisme. La première est la vigueur retrouvée, quoique encore modérée, de l'emploi ; 100.000 postes ont été créés au cours des trois premiers trimestres de 2010, et le rythme semble s'être maintenu en fin d'année. La deuxième note positive vient des perspectives d'embauche, raisonnablement favorables, surtout dans les grands groupes. La troisième bonne vague est le recul des plans sociaux, trois fois moins nombreux qu'au plus fort de la crise.

Ce paradoxe apparent pourrait s'expliquer par une démographie peu favorable, ou par des mouvements d'inscription au chômage de personnes qui s'étaient retirées du marché du travail, faute d'espoir. Mais rien dans les chiffres détaillés de Pôle emploi ne vient l'attester. Reste une fâcheuse explication de l'inexplicable. Après avoir joué son rôle pendant la crise, notre système si protecteur d'assurance-chômage ne freine-t-il pas, en phase de reprise, le retour à l'activité ? Alors qu'il accumule des déficits, le Medef semble prêt à le reconduire presque en l'état. Cela mériterait pourtant qu'on s'interroge sur les raisons qui font que la France cumule taux de chômage et couverture chômage parmi les plus élevés d'Europe.

Le show Medvedev

Jeudi à Davos, nous aurons peut-être le Sarkoshow 2.0 (il est déjà venu l’an dernier). Mais mercredi, nous avons eu en ouverture officielle du World Economic Forum le Medvedev show. Dans un tout nouveau « plenary hall » de 1.200 places, moitié plus grand que le précédent, le président russe fait la conférence inaugurale.


Ca commence par une minute de silence, en mémoire des victimes de l’horrible attentant de l’aéroport de Moscou. Une réelle émotion étreint l’assistance (il est vrai qu’elle est souvent dans les aéroports). Le président russe prend la parole, dans sa langue. Avec son côté petit garçon « boyish », disent les Anglo-saxons - il dénonce les auteurs de l’attentat qui auraient choisi cette date pour l’empêcher de venir à Davos – « ils ont fait une erreur de calcul ». A ce moment, « il a parlé exactement comme un politique américain », estime un historien venu des Etats-Unis.


Puis il parle du monde, de la nécessaire liberté d’internet, de la difficile coordination planétaire, de la panique de certains de ses dirigeants. Nationaliser les banques pendant la crise ? C’était une erreur, estime-t-il (et toc contre les Anglais, particulièrement efficace venant du président d’un pays qui a mesuré le désastre de 70 ans de nationalisations). Ne pas reprendre le contrôle des dépenses publiques en maintenant un déficit colossal ? Une autre erreur (et toc contre Washington). Medvedev a fait la leçon, comme son Premier ministre l’avait fait il y a deux ans à propos du dollar. 
La Russie saura toujours nous surprendre.

La "malbouffe" rendrait dépressif, selon une étude espagnole

La consommation d'acides gras trans et de graisses saturées, tels que contenus dans les frites par exemple, accroîtrait le risque de dépression, selon une étude espagnole publiée mercredi aux Etats-Unis qui conforte d'autres recherches liant "malbouffe" et déprime.
Les chercheurs de l'étude ont également constaté que l'huile d'olive --riche en acide gras mono insaturé (oméga 9) et base de la cuisine méditerranéenne--, ainsi que d'autres huiles végétales et poissons gras contenant des graisses insaturées contribuaient à réduire le risque de maladie mentale.
Les auteurs de l'étude ont suivi et analysé le régime alimentaire et le mode de vie de plus de 12.000 volontaires pendant six ans.
Au début de l'étude aucun des participants n'était dépressif. A la fin de l'étude 657 d'entre eux souffraient de dépression.
Les chercheurs ont constaté que parmi tous les volontaires, ceux ayant consommé des acides gras trans et des graisses saturées "avaient un risque de dépression 48% plus élevé que ceux qui n'avaient pas absorbé d'aliments contenant ces graisses".
Ils ont aussi déterminé que "plus la quantité d'acides gras trans était importante, plus les effets sur la santé mentale des volontaires étaient sévères", explique le Dr Almudena Sanchez-Villegas, professeur adjoint de médecine préventive à l'Université de Las Palmas de Gran Canaria en Espagne et principal auteur de l'étude.
La chercheuse souligne aussi que l'étude a été menée sur un groupe de population consommant un faible taux d'acides gras trans représentant en moyenne seulement 0,4% de l'énergie totale qu'ils ingèrent. Ce taux monte à 2,5% dans des pays comme les Etats-Unis.
"Malgré cela, nous avons constaté un accroissement de près de 50% du risque de dépression chez ces sujets", indique le Dr Sanchez-Villegas.
De ce constat "nous avons conclu qu'il était important de tenir compte des effets des acides gras trans et des graisses saturées sur la santé mentale dans des pays comme les Etats-Unis où l'énergie dérivée de ces aliments est beaucoup plus élevée" dans la population, relève le Dr Miguel Angel Martinez-Gonzalez, professeur de médecine préventive à l'Université de Navarre (Espagne), qui a dirigé l'équipe de recherche.
"Nous avons découvert que les acides gras non saturés en général et l'huile d'olive en particulier permettent d'amoindrir le risque de souffrir de dépression", ajoute-il.
Les résultats de cette recherche corroborent l'hypothèse selon laquelle les pays d'Europe du Nord ont une fréquence plus élevée de dépression que les pays du Sud où le régime méditerranéen domine, fait valoir le Dr Martinez-Gonzalez. La plus faible luminosité dans le Nord de l'Europe est également un facteur contribuant à plus de dépressions, note-t-on par ailleurs.
Une recherche parue dans l'American Journal of Psychiatry en janvier 2010, qui a analysé la santé mentale et le régime de 1.046 femmes avec des questionnaires pendant plus de dix ans, montre que celles suivant un régime de type occidental (hamburgers, pain blanc, pizzas, chips, aliments riches en sucre, etc.) avaient un risque de dépression accru de 50%.
Les auteurs de l'étude espagnole relèvent que l'incidence des dépressions augmente depuis ces dernières années dans le monde avec actuellement 150 millions de personnes affectées.
Cette communication est publiée dans la revue scientifique américaine PLoS ONE, une publication de la Public Library of Science.