TOUT EST DIT

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dimanche 23 janvier 2011

Obama s'est-il teint les cheveux pour impressionner Hu Jintao?

Barack Obama se serait-il teint les cheveux pour apparaître sous son meilleur jour lors du voyage historique réalisé par le président chinois Hu Jintao à Washington?

Le Dailymail s'interroge après avoir comparé deux photos prises à une semaine d'intervalle. En l'espace de sept jours, le teint très grisonnant des cheveux de Barack Obama est redevenu très noir.


En mars 2009, le New York Times s'était déjà étonné que sa chevelure se soit considérablement teintée de gris depuis le début de son investiture, un phénomène déjà observé sur ses prédécesseurs. «Il s'agissait de la plus importante visite d'un dirigeant chinois depuis 30 ans, qui peut blâmer Obama d'avoir voulu donner une meilleure image de lui-même?» tente de justifier le Dailymail.

Plus cynique, Gawker déclare : «Imaginons que Barak Obama se soit teint les cheveux! C'est quoi la prochaine étape, une rhinoplastie pour Joe Biden?»

Les évolutions capillaires de nos dirigeants ne cessent de monopoliser l'attention, chacun cherchant à percevoir un message politique dans ces transformations. Ainsi, lors d'une interview télévisée réalisée le 12 juillet 2010, l'apparition de cheveux blancs chez Nicolas Sarkozy avait également fait l'objet de nombreux commentaires.

Le regard de Denis Jeambar

Journaliste et écrivain, Denis Jeambar a commencé sa carrière à Paris Match, longtemps travaillé au Point et dirigé dix ans L'Express. Après avoir présidé les éditions du Seuil, cet homme de l'écrit a repris sa liberté: dans son dernier livre, Portraits crachés (Flammarion), il dépeint avec vigueur nombre d'hommes politiques dans la coulisse et distribue son affection pour des musiciens, des artistes et quelques fidèles qui le suivent depuis l'enfance.
Peau de chagrin
La démocratie est encore une idée neuve. Les Tunisiens viennent de nous en apporter la preuve. Certes, le chemin sur lequel ce peuple vient de s’engager est miné mais cette authentique révolution, dont nul ne connaît le destin final, devrait arracher le monde occidental à son étrange léthargie politique. Qu’avons-nous fait de notre victoire sur le totalitarisme soviétique il y a maintenant deux décennies? Une peau de chagrin. Nous avons oublié que l’empire communiste avait d’abord été emporté par le souffle de la liberté, et que cet effondrement était de nature politique. La mondialisation et la globalisation nous ont convaincus que l’économie dominait tout. Ainsi sommes-nous passés de la réalité au réalisme, de la liberté aux échanges, de la victoire de la démocratie au triomphe du libéralisme et du capitalisme financier. Nous avons fermé les yeux, tout accepté en défendant mezza voce l’universalisme de nos valeurs. Qu’importent les dictatures quand elles ne sont pas le ventre du terrorisme, business is business!

L’arme de la liberté
L’Histoire aurait dû, pourtant, nous l’enseigner: les totalitarismes sont mortels. Quand le mépris des hommes atteint des formes extrêmes, le destin de César est scellé. Tous les Ben Ali de la terre devraient méditer sur le sort et la chute du despote de Carthage. Il n’est pas de plus grande aspiration que la liberté. Elle est l’arme absolue contre les régimes d’oppression. Mèche courte ou mèche longue, c’est un bâton de dynamite que les démocraties ne doivent cesser de brandir à l’image de Barack Obama face au président chinois Hu Jintao mercredi dernier à la Maison-Blanche. Les Tunisiens viennent de nous le rappeler et notre devoir, maintenant, est de les aider à ne pas se laisser voler leur révolte au nom d’une mise en ordre qui ne serait pas celle à laquelle ils aspirent.

MAM blues
Elle tempête, elle joue les victimes, elle accuse même. Depuis une semaine, MAM ne décolère pas. Les faits, donc. Le 11 janvier, trois jours avant que Ben Ali ne prenne la poudre d’escampette pour rejoindre sa voleuse de lingots d’or, notre zélée ministre des Affaires étrangères déclare devant les députés: "On ne peut que déplorer des violences concernant des peuples amis. Pour autant, je rappelle que cela montre le bien-fondé de la politique que nous voulons mener quand nous proposons que le savoir-faire de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type." En clair: Ben Ali, nous voilà. Imbéciles que nous sommes, il fallait comprendre que nous allions "protéger le droit de manifester" des Tunisiens. Une urgence, en effet. Sans doute est-ce pour y réfléchir en toute sérénité que MAM se retire dans sa bonne ville de Saint-Jean-de-Luz, le 14 janvier, le jour même où le satrape de Tunis se carapate. Tant d’années en politique pour en arriver là et s’entendre dire: "Démissionnez!"

MAM a le blues. Pensez donc, un quart de siècle sans faute! Une présence dans tous les gouvernements de droite depuis 1986. Avec un seul petit accident de parcours en 1995: dans la grisaille de son ambition, elle hésite entre Balladur et Chirac, s’attire au passage le sobriquet de "passerelle", et montre l’ampleur de son opportunisme en rebondissant illico. Depuis 2002, elle n’a cessé de porter les galons ministériels les plus reluisants. On la vit même présidentiable et premier ministrable. MAM s’indigne à présent qu’on la discrédite. Il ne reste qu’à lui répondre comme le baron de Charlus à monsieur Verdurin dans A la recherche du temps perdu: "Venant de vous, cela n’a aucune importance."

La leçon de Hollywood
Un comédien exceptionnel, Edgar Ramirez. Un metteur en scène surdoué, Olivier Assayas. Un producteur talentueux et courageux, Daniel Leconte. Un trio pour un film français, Carlos, couronné dimanche dernier à Beverly Hills, par le Golden Globe de la meilleure mini-série ou film télévisé. Les sourires de ces trois hommes, sourires de gosses qui réalisent leur rêve: triompher au paradis du cinéma. Certes, ce n’est pas l’Oscar mais, tout de même, un trophée qui a 68 ans d’âge et une renommée planétaire.

Que de travail, cependant, avant d’en arriver là. Des mois et des mois semés d’embûches financières et politiques: Carlos, sujet tabou. Leconte voulait dire la vérité sur ce terrorisme, l’arme des lâches. Il s’est acharné. Assayas, l’"incroyable artiste", selon le mot d’Al Pacino, lui a offert son talent de réalisateur. Cette consécration est aussi une belle revanche. Les organisateurs de Cannes, l’an dernier, n’avaient pas voulu de ce film en compétition. Prétexte: il était conçu à la fois pour le cinéma et la télévision. Hollywood, qui n’a pas ces préventions, sait bien que petit et grand écran ne sont pas ennemis. Ne cherchez pas plus loin pourquoi l’industrie américaine de l’image domine le monde. On y vit sans œillères. Tant mieux pour Assayas, Ramirez et Leconte.

Les hérissons
Elle avait 9 ans. Elle vivait à Lyon. Elle était diabétique. Elle s’est défenestrée. Suicide. Il a 17 ans. Il habite Marseille. Il est en échec scolaire. Ses parents ont divorcé. Il s’est immolé par le feu dans son lycée. Il se trouve entre la vie et la mort. Deux faits divers ne font pas un phénomène de société. Difficiles à manier, les chiffres sont moins spectaculaires qu’atterrants. Car la mort d’un enfant défie l’ordre de la vie. Un seul suicide n’est pas tolérable.

Prenons garde à notre jeunesse. Selon l’enquête planétaire que vient de publier la Fondation pour l’innovation politique, elle est, aujourd’hui, et depuis plusieurs années, l’une des plus pessimistes du monde. Elle n’aime pas son époque. Les jeunes Français sont des hérissons. Plus qu’ailleurs, la mondialisation les met en boule, le travail ne suscite pas leur appétit et les trois quarts jugent que l’avenir de leur pays n’est pas prometteur. Malheur public. Bonheur privé: tout pour les amis, la famille et des rêves en forme de cocon: 1) avoir une maison; 2) faire des enfants. Mais peut-on vivre vraiment heureux sous cloche? L’existence a-t-elle du sel quand on a peur du monde autour de soi?

Tabou

Si le racisme n’a aucune importance, Marine Le Pen vaut bien Mélenchon et Céline mérite les honneurs de la République. Ça s’appelle un tabou, le mot n’est pas à la mode.
On sent bien ces temps-ci l’envie de s’en débarrasser, passer par pertes et profits la dénonciation du musulman ou la haine du juif ! On pourrait vitupérer bourgeoisement le populisme mélucho-marinien tout en s’épiçant l’âme des mots d’un haineux décédé, populiste lui-même mais il avait du génie, ce Céline, pas vrai…

Deux snobismes se sont croisés en quelques jours, deux manières de penser faux, mais qui disaient la même chose. Un dessin de Plantu dans L’Express qui croquait une gémellité politique entre Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon, récitant "tous pourris" dans des uniformes nazifiants. Et l’installation par un comité de "sages" de Louis-Ferdinand Céline parmi les gloires commémorées par la France en 2011. L’honneur fait à Céline a été annulé par Frédéric Mitterrand. L’injure faite à Mélenchon prospère: c’est peu surprenant, tant l’outrecuidant "Méluche" s’est isolé des médias et des prébendiers de la raison.

Faisons simple. Mélenchon et Marine Le Pen peuvent tous deux maudire le libéralisme, marteler la trahison et les complicités des élites, reprendre les dialectiques vaseuses des "petits contre les gros": il reste une différence essentielle. Marine Le Pen pose son discours social sur un socle ethnico-religieux, dénonce l’islam envahisseur et exacerbe le rejet des musulmans. Mélenchon n’est jamais allé sur ce terrain. Il n’interroge pas les origines des "trafiquants", ne parle que de lutte des classes, de souffrances populaires, et organise la guerre des mots contre les "belles personnes", lui qui fut jadis ostracisé par les élites élégantes du PS.

On peut rejeter ses analyses et regimber devant son mépris des convenances. Mais l’impolitesse est une vétille, comparée au racisme! Egaler Mélenchon aux Le Pen, c’est un péché contre l’esprit et plus encore, c’est cracher à la figure des victimes de l’islamophobie et dire aux musulmans de France qu’ils sont, ici, quantité négligeable.

Rejeter Céline des panthéons républicains relève d’une même évidence morale: il est des hiérarchies, et la littérature compte moins que la Shoah. Habiller de tricolore la mémoire de Céline, c’est affirmer que la mort des juifs n’a été qu’un détail du siècle passé, et l’antisémitisme français, un déshonneur sans conséquence. Céline vomissait le youpin au moment des déportations, accompagnait à Sigmaringen les derniers salauds de la Collaboration… Cela ne retire rien au Voyage et n’interdit ni la mémoire littéraire, ni la Pléiade, ni les bibliothèques, ni les colloques. Mais "la Patrie reconnaissante", c’était en trop.

Une dernière chose. On redoute, d’expérience, une lecture mollement antisémite de l’affaire Céline, qui lierait des pressions juives au revirement de Frédéric Mitterrand. Ah, le lobby? Si le prochain dîner du Crif ou la tristesse juive sont les raisons d’un geste de bon sens, c’est regrettable et absurde. Le tabou du racisme nous protège tous, et préserve toute la République.

Génération oubliée

Jadis, tout était politique. Pour la génération du baby-boom, l’engagement de la jeunesse semblait aller de soi. Quelques décennies plus tard, retour de balancier : les jeunes semblent tenir, sinon l’implication dans les débats de société, au moins les formes classiques de militantisme, à très grande distance. Sont-ils d’ailleurs si différents de la moyenne des Français ou de leurs semblables dans d’autres pays européens ? Sans doute pas.

Être jeune aujourd’hui en faisant le choix de s’engager dans un parti politique semble même à contre-courant, d’autant que ces mêmes partis travaillent essentiellement à conserver l’ordre existant. En France, mais aussi ailleurs dans l’Union européenne, l’organisation économique et sociale s’est essentiellement construite, décennies après décennies, avec et au bénéfice des seniors d’aujourd’hui, nés dans les années 1940-1950. Et rien n’indique une inversion de la tendance. Les jeunes seront donc, pour longtemps encore, touchés au premier chef par la précarité, la bulle immobilière, les déficits budgétaires… Quelles voix s’élèvent pour protester ? Où les entend-on ? Seule, la jeunesse elle-même, en entrant dans le débat, d’abord en votant plus, peut espérer combattre la dérive des réponses à court terme. Mais le fera-t-elle ? La laissera-t-on faire ?

Le monde politique reflète assez bien l’état de la société. Notre Assemblée nationale (ne parlons même pas du Sénat) est un refuge de beaucoup d’hommes et de quelques femmes d’expérience, souvent élus et réélus. Conséquence mécanique : une nette majorité de ses membres a plus de 55 ans. Ces parlementaires portent ainsi, au moins collectivement, et avec l’assentiment de leurs électeurs, une vision du monde où la compréhension des générations à venir n’est pas centrale. Qui d’autres que des jeunes, investis en politique, réclamant tout leur espace, – dans le débat et le partage des places – pourraient inverser la tendance ? Des indices existent d’une implication plus forte et c’est bon signe.

Au moment où, en Europe, on s’inquiète à juste titre du sort fait à la jeunesse du Maghreb, où l’on célèbre à grand bruit la révolution de jasmin en Tunisie où elle a joué un si grand rôle, rien n’interdit d’élargir le débat. Comparaison n’est pas raison. Mais quel rôle pour les jeunes en France ?

L’austérité ne suffit plus

La grave crise économique que traverse le Portugal -et qui concerne toute la zone euro- va-t-elle être doublée d’une crise politique avec pour détonateur la présidentielle d’aujourd’hui?

Assuré d’être réélu, peut-être dès le premier tour, le chef de l’État Cavaco Silva dispose de plus de pouvoirs que simplement représentatifs. Il peut, par exemple, dissoudre l’Assemblée nationale. Même si le Premier ministre socialiste José Socrates dirige le pays, le Portugal vit sous une forme de cohabitation entre le gouvernement et la présidence. Et cette cohabitation déjà houleuse pourrait devenir tempête.

En effet, devant l’apathie de l’électorat peu intéressé par la présidentielle, le conservateur Cavaco Silva, professeur d’économie réputé être le père du «miracle»(?) portugais des années 1980-1990, n’a pas ménagé ses critiques à l’adresse de «son» Premier ministre.

Socrates est ouvertement accusé de n’avoir pas réagi lorsqu’il était encore temps à la crise financière qui fait du Portugal le troisième maillon faible de la zone euro, après la Grèce et l’Irlande.

Or, après une réduction drastique des dépenses publiques en mai dernier, le deuxième plan de rigueur lancé en novembre par José Socrates le rend tout, sauf populaire: la TVA augmente de 2 points à 23% et les salaires de la fonction publique sont d’autorité ponctionnés de 5%. Pour nombre d’observateurs, cette austérité annonce d’autres mesures au moins aussi draconiennes.

Tout le Portugal a vécu à crédit sous des finances publiques plombées (une dette extérieure de 143 milliards fin 2010 ou 83,3% du PIB) auxquelles s’ajoutent les dettes des ménages et des entreprises dépassant les 100% du PIB... Tout cela sous une croissance molle, en moyenne de 0,3% ces dix dernières années, donnant peu confiance à la Finance mondiale.

Quant à 2011, avec la baisse du pouvoir d’achat découlant de l’austérité, ce sera forcément une année de récession...

Mais Lisbonne ne veut ni tomber sous la coupe de Bruxelles ni sous celle du Fonds monétaire international. Le Portugal continue à emprunter. Le gouvernement est fier d’avoir su placer le 12 janvier des obligations d’État à hauteur de 1,25 milliard d’euros... Oui mais avec un taux d’intérêt de 7%! A titre de comparaison, le rendement des emprunts d’État allemands sur dix ans se chiffre à 2,2%, ceux de la France à environ 3%. Une disparité qui, une fois de plus, met l’accent sur les failles de l’euro, faute d’une vraie politique monétaire unique correspondant à la monnaie unique.

L’opération du 12 janvier, déjà fort coûteuse, ne peut être renouvelée. Ou le Portugal se serrera la ceinture de quelques crans supplémentaires, ce qui semble impossible, ou -toute fierté ravalée- il s’adressera au Fonds d’intervention européen. Resterait aussi l’appel à la Chine ou au grand cousin lusophone qu’est le Brésil... sous forme d’une retentissante gifle à l’Europe.

La crise portugaise est loin d’être terminée.


Pourquoi Larry Page a repris les commandes de Google

Le jeune fondateur de Google va remplacer Eric Schmidt à la direction générale. Un moyen de redonner un coup de jeune pour relever le défi des réseaux sociaux? 

La nouvelle est tombée comme une bombe : le fondateur de Google Larry Page redevient le directeur général du groupe. Dix ans après avoir été appelé pour diriger ce qui n'était alors qu'une petite société fondée par des informaticiens peu soucieux de gagner de l'argent, l'actuel PDG Eric Schmidt cède sa place, conservant cependant la présidence du conseil d'administration. Sur le web, les réactions et spéculations fusent sur les raisons de ce big bang dans la direction du géant de la recherche.
L'explication officielle, c'est que l'organisation actuelle, où les décisions se prennent à trois, entre Eric Schmidt, Larry Page et l'autre co-fondateur Sergey Brin, avait conduit à des lourdeurs, d'autant que le groupe compte près de 25.000 employés. "Nous prenions toujours les décisions ensemble (...) cela ajoute des délais", a ainsi déclaré Schmidt lors d'une téléconférence. Mais certains sceptiques sont persuadés qu'il a été doucement chassé de son poste. Qu'a-t-on pu lui reprocher? Pas de perdre de l'argent en tout cas. Les profits, présentés le même jour, ont bondi de 30% en 2010.

 Il est vrai, en revanche, qu'Eric Schmidt a eu tendance récemment à multiplier les gaffes, que le New York Mag se fait un plaisir de lister. Certaines déclarations publiques sont particulièrement mal passées, comme par exemple "on peut suggérer ce que vous ferez, ce qui vous intéresse. Imaginez : on sait où vous êtes, on sait ce que vous aimez". C'est le genre de phrases dont le groupe aurait pu se passer quelques mois après que ses voitures Street View aient récupéré via wifi des données personnelles dans 30 pays. Ce qui lui vaut d'être encore sous le coup d'une enquête de la commission fédérale des communications pour violation de la vie privée, rappelle Consumer Watchdog, l'association de consommateurs qui accueille avec enthousiasme le remplacement d'Eric Schmidt.

Mais "l'incident" de Street View n'est qu'un raté parmi d'autres. The Guardian en énumère d'autres qui ont pu ternir la réputation du PDG sortant: "Google n'est pas entré dans le monde des réseaux sociaux que Facebook a conquis. Au lieu de ça il a tenté de cloner Twitter avec Google Buzz, qui a conduit à une class action d'usagers mécontents d'avoir été automatiquement inscrits. Et puis il y a eu Google Wave, un produit tellement révolutionnaire que personne n'est capable d'expliquer son utilité, même pas les gens de Google". Dernière déception en date : l'échec du rachat de Groupon, "une entreprise qui a préféré l'indépendance à la mystique Google" résume Tricia Salineto, une consultante de la Silicon Valley pour qui l'affaire Groupon a "peut-être été la goutte qui a fait déborder le vase".
Pour le New York Times, si Google a bouleversé sa direction, c'est parce qu'il "redoute secrètement de connaître le même sort que Microsoft", celui d'un géant de la technologie en déclin. De fait, Google s'est montré impuissant face à l'ascension irresistible des réseaux sociaux comme Twitter et surtout Facebook, "deux géants qui ont empiété sur le territoire de Google à la fois dans le domaine de la publicité et celui de la distribution de contenu en ligne", rappelle Le Monde informatique. En décembre, Facebook a même dépassé le moteur de recherche en audience pour devenir le site le plus visité aux Etats-Unis.
Autre signe du vieillissement du groupe : de plus en plus d'ingénieurs boudent Google, préférant travailler dans des start-up ou d'autres compagnies. L'ancienne dirigeante Sheryl Sandberg est ainsi partie chez Facebook, Tim Armstrong chez AOL. Du coup, Google a octroyé une augmentation de 10% à tous ses salariés pour freiner les fuites de cerveaux. Reuters interprète ainsi le retour aux commandes de Larry Page, 38 ans, comme une volonté de redonner un coup de jeune à une entreprise "mature" qui a du mal à suivre les tendances récentes du web. Après tout, la direction de sites à succès comme Facebook et Groupon a bien été confiée à leurs fondateurs, qui ont la vingtaine.
Reste à savoir si Larry Page sera à la hauteur de sa nouvelle tâche. Les avis divergent. Tech Job Watch pensent qu'il a surtout des compétences techniques, et que "plus il passera du temps à s'occuper de l'opérationnel, moins il en aura pour développer les produits". Surtout, c'est un vrai "geek" qui "manque d'expérience business", et cela se fera sentir "dès qu'il faudra prendre des décisions stratégiques difficiles sur quels projets approfondir et quels projets annuler". Business Insider exprime l'opinion inverse : "Schmidt était de plus en plus un simple ambassadeur, qui ne faisait que parler aux médias et dans les conférences. Cela fait déjà un moment que Brin et Page prennent les décisions stratégiques". Ainsi, la nouvelle organisation ne ferait qu'officialiser la réalité des fonctions effectives de chacun.

Ces crises qui menacent l'économie mondiale
Le scénario économique de l'année 2011 semble positif. Risque cependant de se reproduire cette année toutes les grandes crises que le monde a connu ces 30 dernières années. Les explications en vidéo d'Emmanuel Lechypre, directeur du Centre de Prévision de L'Expansion.




Excuses de la BBC après des plaisanteries sur Hirohisma et Nagasaki

La BBC a présenté samedi des excuses aux téléspectateurs japonais pour la diffusion de plaisanteries sur un Japonais décédé l'an dernier après avoir survécu successivement aux bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki.
Au cours d'une édition de l'émission satirique "QI" diffusée en décembre en Grande-Bretagne, des animateurs ont évoqué sur un ton humoristique la destinée de Tsutomu Yamaguchi.
Ce Japonais, mort en 2010 à l'âge de 93 ans, se trouvait en voyage d'affaires à Hiroshima le 6 août 1945 quand la ville a été détruite par la première bombe atomique larguée par les Etats-Unis. Il a été grièvement brûlé. Le lendemain, il prenait le train pour regagner la ville où il résidait, Nagasaki, qui fut bombardée trois jours après.
Yamaguchi était le seul Japonais à avoir été reconnu comme survivant des deux bombardements atomiques par les autorités de son pays.
"Eh bien, cet homme est le plus malchanceux du monde, ou le plus chanceux, selon le point de vue où on se place", a plaisanté le présentateur Stephen Fry.
"Est-ce que le verre est à moitié vide ou à moitié plein?", a enchaîné un participant, Rob Brydon. "En tout cas, il est radioactif. Donc ne le buvez pas", a-t-il conclu.
Un autre participant, Alan Davies, s'est demandé, lui, pourquoi Yamaguchi n'avait pas été tué à Hiroshima. "La bombe lui est tombée dessus et a rebondi?", a-t-il avancé.
En tout cas, après une pareille expérience, "il n'a plus jamais pris le train, je peux vous le dire", a-t-il ajouté.
Après avoir vu l'émission, des Japonais indignés ont contacté l'ambassade du Japon à Londres et envoyé à la BBC des emails de protestation.
La BBC a annoncé samedi qu'elle avait reçu une lettre de l'ambassade japonaise et qu'elle allait "y répondre bientôt".
"Nous sommes désolés si des personnes ont été offensées", a déclaré un porte-parole. "Etant donné la sensibilité du sujet pour les téléspectateurs japonais, nous comprenons pourquoi ils ont estimé que l'inclusion de (cette séquence) dans l'émission était inappropriée", a-t-il dit.

Dans une mosquée rouverte de Tunis, un premier prêche "libre" et déjà contesté

Tunis, envoyée spéciale - Fermée depuis dix ans, la mosquée du campus universitaire de Tunis, a de nouveau accueilli des fidèles, vendredi 21 janvier. Ils ne sont pas très nombreux, pas plus d'une cinquantaine. Des hommes, plutôt jeunes. Mais c'est un jour-clé, ce vendredi, le premier depuis la chute de l'ancien président Zine El-Abidine Ben Ali où la prière est libre. Ici, plus qu'ailleurs peut-être, ce moment a été attendu. C'est de là, dans cette mosquée considérée par l'ancien régime comme un foyer intégriste, qu'est parti le grand mouvement islamiste des étudiants de la fin des années 1980, durement réprimé. En 2001, le lieu de culte, situé dans la proche banlieue nord de Tunis, avait été totalement fermé.
De loin, le minaret de la mosquée, qui surgit au-dessus des cyprès, ressemble à une page blanche enroulée. Son architecture inhabituelle correspond à l'époque postcoloniale pendant laquelle a été construite l'université de Tunis El-Manar (UTM), un gigantesque campus avec ses quinze établissements, ses quatre facultés, et ses 43 000 étudiants inscrits. Pour l'heure, le site est silencieux car les cours sont toujours suspendus du fait de la situation d'urgence dans laquelle est plongée la Tunisie. Mais à l'intérieur de la mosquée, les hommes s'activent.
Dans la grande salle, des tapis ont été disposés au sol, un micro installé. "Il fallait voir le degré de décadence des lieux, s'indigne Ibrahim, un étudiant expert-comptable vêtu d'une longue robe noire enfilée sur son pantalon. Il y avait des bouteilles de bière, de vin, et même des excréments." La réouverture du lieu a eu lieu sans autorisation, le 15 janvier, au lendemain de la fuite de l'ancien chef de l'Etat.
Les fidèles présents, barbus et non barbus, en kamis (robe longue) ou en jean, forment un curieux mélange où se côtoient des étudiants, des partisans d'Ennahda, un parti islamiste dit modéré interdit pendant les années Ben Ali, des radicaux, et même des représentants du mouvement Hezb-ut-Tahrir - une organisation non violente née d'une scission avec les Frères musulmans implantée dans tout le monde musulman -, qui distribuent des tracts pour réclamer l'instauration d'un califat. Sofiene, 43 ans, commerçant dans une cité voisine, prône l'application de la charia par l'Etat. "La loi doit s'inspirer du Coran, c'est ça le but ", souligne-t-il. Et "la circulaire 108, qui interdit aux femmes de porter le hijab (dans certaines adminis-trations° doit être abrogée. "
"Madhi Boukra", un pseudonyme qu'il s'invente sur-le-champ, a fait partie d'un groupe de cinq Tunisiens soupçonnés de préparer des attentats et arrêtés dans la région de Florence en 2004, avant d'être relâchés puis acquittés. "Quand je suis revenu ici il y a trois ans, on m'a conduit directement au poste parce que j'avais une autre vision de l'islam que celle du dictateur, sourit-il. Aujourd'hui, je ne serai tranquille que quand ses adeptes auront quitté le gouvernement."
Pendant des années, le régime a surveillé les mosquées, imposant une censure préalable sur le prêche des imams, quand il ne dictait pas leur contenu. Ainsi, les sermons devaient invariablement citer le nom du président Ben Ali. Les islamistes, eux, ont été traqués sans répit. "La police nous contrôlait sans arrêt, ils voulaient savoir où on priait, comment on priait, avec quelle position des mains, ils venaient nous harceler à n'importe quelle heure...", assure Sofiene.
Ce vendredi, le ministère des affaires religieuses avait appelé les prédicateurs du pays "à effectuer la prière de l'Absent après la prière du vendredi, à la mémoire des martyrs de la révolution du peuple tunisien". Mais son message n'est pas parvenu jusqu'ici.
Le sermon a d'abord commencé en retard car il manquait 2 mètres de rallonge pour capter l'électricité de l'université, et puis, surtout, il n'y avait pas d'imam. Le dernier, cheikh Hassan, étant parti en 2001, c'est un "frère" qui a officié. "Notre pays vit un accouchement difficile mais il n'a pas encore obtenu son indépendance", commence-t-il. "Nous avons attendu cela vingt-trois ans, mais un petit groupe au gouvernement veut prendre le fruit de la révolution du peuple, il ne faut pas se taire", recommande-t-il, avant de poursuivre : "Nous ne devons pas nous écarter de la voie de Dieu ni chercher dans les poubelles de ceux qui se liguent contre l'islam, les Etats-Unis, les Européens. (...) Vous êtes l'armée de Dieu contre les mécréants."
Ce premier discours "libre" heurte un petit groupe, outré à la sortie : "Ce n'est pas la Tunisie qui parle ici, c'est l'Arabie saoudite, peste un jeune ingénieur, il n'a même pas parlé des martyrs (du soulèvement tunisien)." Décimées, souvent brisées par des années de prison, les formations islamistes de Tunisie ont le projet de battre le rappel de tous les imams tunisiens qui se trouvent à l'étranger.

Michel Rocard : "Aujourd'hui, tout le monde navigue à vue"

Michel Rocard (PS) a co présidé avec Alain Juppé (UMP) la commission sur le grand emprunt. Les deux anciens premiers ministres poursuivent leur dialogue dans un livre d'entretiens conduits par Bernard Guetta intitulé La Politique telle qu'elle meurt de ne pas être (JC Lattès, 18 €). Où l'on découvre que sur la plupart des grands sujets de 2012, la réforme fiscale, les retraites, le financement de la dépendance, la régulation mondiale, les deux hommes affichent une troublante proximité. Dans un entretien au Monde, Michel Rocard s'explique. Extraits.

Vos propositions se rejoignent souvent. Comment l'expliquez- vous ?
Michel Rocard : Alain Juppé n'a jamais succombé à la vision sommaire développée par Milton Friedmann selon laquelle le marché s'autorégule, on n'a plus besoin de l'Etat. Cette doctrine folle a imprégné une bonne partie de la droite mondiale, produit 14 prix Nobel d'économie et nous a menés tout droit à la crise dans laquelle le monde se débat aujourd'hui. Nicolas Sarkozy a un peu succombé au mirage pendant la campagne de 2007 , lorsqu'il a proposé , pour développer l'accès à la propriété, d'introduire en France les prêts hypothécaires qui allaient ruiner l'Amérique. Mais il s'est vite ressaisi. Alain Juppé, lui, n'a jamais versé dans ce type d'excès. C'est un gaulliste social et, à ce titre, il est bougrement colbertiste.
Faut- il l'union sacrée pour sortir de la crise ?
Non car les compromis ne valent que quand les bases sont solides. Or aujourd'hui tout le monde navigue à vue. L'humanité vit un drame épouvantable qui est le cumul d'au moins quatre crises simultanées : le réchauffement climatique, le drame bancaire et financier, la précarité permanente aggravée par un chômage permanent et l'incertitude sur la stabilité de l'institution mondiale. Un peu partout on voit naître la fragmentation identitaire et le terrorisme. C'est un cocktail explosif et personne n'a encore trouvé la solution.