TOUT EST DIT

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vendredi 21 janvier 2011

Américains ou israéliens, ces hackers qui peuvent faire plier l'Iran

Au moment où les négociations reprennent avec Téhéran, le sabotage numérique du programme nucléaire iranien ouvre de nouvelles perspectives

L'Iran va-t-il accuser le coup après l'attaque par un virus informatique de ses installations nucléaires qui a durablement affecté leur capacité d'enrichissement de l'uranium ? On va le savoir très vite. Les 21 et 22 janvier a lieu, en effet, à Istanbul, la reprise des négociations entre le régime islamique et les six pays - États-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie, Chine - qui cherchent à empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire. Quitte à lui faciliter l'accès au nucléaire civil.
Or, pour la première fois depuis longtemps, la position de l'Iran, qui depuis des mois joue au chat et à la souris avec ses interlocuteurs, peut paraître affaiblie. La raison : le virus informatique "stuxnet", introduit dans les ordinateurs du programme nucléaire iranien, qui semble avoir détruit 20 % des capacités d'enrichissement d'uranium de ses centrifugeuses. Au point que l'ancien patron du Mossad, les services secrets israéliens, Meir Dagan, a révélé il y a quelques jours que la perspective d'une bombe atomique iranienne, dont on pensait qu'elle pouvait être imminente, est retardée d'au moins quatre ans. Prudemment, Hillary Clinton, la Secrétaire d'État américaine, a constaté : "Cela nous donne du temps, mais pas trop de temps."
Une histoire d'espionnage au temps du numérique
Cette fenêtre d'opportunité pour intensifier négociations et pressions sur Téhéran est la conséquence d'une affaire très romanesque, une histoire d'espionnage à la John Le Carré pour une époque dominée par le numérique, où les virus informatiques complètent avantageusement les pistolets à silencieux dans la panoplie des services action.
Tout commence dans les derniers mois de la présidence Bush. L'inquiétude des Israéliens sur les progrès accomplis par les Iraniens pour fabriquer leur bombe est à son maximum. Dans la perspective d'un raid éventuel sur les sites hypergardés et protégés où les Iraniens poursuivent leur programme, ils cherchent à obtenir des Américains ces bombes capables de percer des épaisseurs de béton très importantes, utilisées au moment des bombardements sur Bagdad dans la guerre en Irak. À ce stade intervient une contre-proposition des Américains : plutôt que des raids qui provoqueraient des tempêtes de protestation dans le monde arabe, pourquoi ne pas essayer de désorganiser le programme nucléaire iranien ? L'objectif est de gagner du temps et de retarder ce programme au moins autant que le feraient les destructions causées par un raid aérien.
Répétitions dans une base secrète du Neguev
Deux méthodes vont être utilisées par les Israéliens et les Américains. La première est classique : des assassinats ciblés d'hommes clés du projet nucléaire. C'est ainsi que Massoud Ali Mohammadi, il y a un an, puis, en novembre, Majid Shahriari sont tués par l'explosion d'une bombe placée sous leur voiture. Évidemment, il n'y aura aucune revendication.
Beaucoup moins classique (comme l'a révélé le 16 janvier le New York Times), dans le même temps, des scientifiques israéliens travaillent dans la base secrète de Dimona, dans le désert du Neguev (celle où les Israéliens ont fabriqué leur propre bombe) sur des centrifugeuses Siemens du même modèle que celles utilisées par les Iraniens pour enrichir l'uranium dans leur centre de Natanz. Ils réussissent à concocter un virus informatique qui, une fois introduit dans le logiciel qui gère les centrifugeuses, sera totalement indétectable, mais qui, le moment venu, enverra des ordres tels aux machines que celles-ci se mettront à tourner à une vitesse telle que les rotors des centrifugeuses ne la supporteront pas et casseront. C'est ce qui semble s'être passé à la fin de l'été. D'ailleurs, en novembre, le Premier ministre iranien Ahmadinejad a reconnu que le programme nucléaire iranien avait eu quelques soucis techniques.
Tout le problème est donc maintenant de savoir si les Iraniens vont suffisamment comprendre le message et se plier aux demandes des Occidentaux, des Russes et même des Chinois. Avant que les négociations ne reprennent, il y a eu deux indices contradictoires : le premier, une déclaration d'Ahmadinejad déclarant que "le Conseil de sécurité pouvait bien voter 100.000 résolutions, cela ne changerait rien à la détermination des Iraniens". Le second pourrait être interprété comme plus encourageant... quoique : l'ambassadeur d'Iran à l'ONU Mohamed Khazace a déclaré qu'il était "vital" que les Six reconnaissent à l'Iran "un rôle d'acteur essentiel dans les affaires de la région avec une capacité nucléaire [une pause]... pacifique", a-t-il précisé. S'il s'agit seulement de reconnaître l'importance stratégique de l'Iran, on peut en effet discuter.

Visite à Gennevilliers

Les journaux suivent leurs lecteurs dans le métro : après Hachette à Levallois et Bayard à Montrouge, Prisma s'installe à Gennevilliers. Rue Henri-Barbusse, anciennement rue du Moulin-de-la-Tour, où se trouvait jusqu'en 1958 la SPA (Société protectrice des animaux), au numéro 124. L'immeuble est noir, bien qu'il soit neuf. On dirait la Conciergerie avant Malraux, moins les mâchicoulis. A l'accueil, une ravissante jeune femme. Noire, elle aussi. Je monte visiter les nouveaux locaux de VSD. Salue Philippe Bourbeillon, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire. On a eu la même petite amie à la fin des années 80. L'un après l'autre, je précise. C'était une de ces brunes torrides dont on se souvient avec un mélange doucereux de nostalgie et de soulagement. Vue, du bureau de Philippe, sur des terrains vagues. Etait-ce l'emplacement des ateliers Chenard et Walcker où, au début du siècle, on fabriquait des cycles, des motocycles, des tricycles, des quadricycles, des voiturettes et des moteurs ? La ville entière vibre des usines disparues. C'est un bruit de fond de l'histoire industrielle.

Gennevilliers est une presqu'île, comme Ré. Ou Sveti Stefan (Monténégro). La Seine lui passe un bras autour du cou. Il arrive qu'elle serre : l'inondation de 1910. Mille maisons touchées, 150 évacuées, 13 écroulées. Il y a un port où il y a un restaurant : Le Van Gogh. Regardé le menu : pas de pommes de terre au lard. Dommage. Van Gogh peignit à Gennevilliers, comme Cézanne, Monet, Morisot, Renoir, Sisley. LaSeine leur avait fait bon impressionnisme.

La première du " Mariage de Figaro " eut lieu au château de Gennevilliers. La banlieue rouge commença par être talon rouge. Tous ces hôtels particuliers du XVIIIe siècle devenus mairies communistes. La dernière reine Margot à avoir habité Gennevilliers est Isabelle Adjani. Autres Gennevillois célèbres : Roschdy Zem, Ramzy Bédia (d'Ericet Ramzy), Pierre Perret, Fernand Raynaud. Précisions destinées à situer la ville dans l'esprit des journalistes de Voici. On peut voir Gennevilliers,notamment le quartier du Luth, dans le film de Mehdi Charef " Le thé au harem d'Archimède "(l'un des meilleurs titres que je connaisse), produit en 1985 par Costa Gavras et son épouse Michèle Ray.

En face de l'immeuble Prisma, un restaurant japonais s'est ouvert, mais Patrick Talhouarn et moi, on a préféré prendre le métro jusqu'à la place de Clichy pour déjeuner au Wepler. Ce n'était pas une journée à poisson cru. Dans le menu de la brasserie, il y a une page consacrée à la dernière lauréate du prix Wepler : Linda Lê (" Cronos ", chez Bourgois). J'ai demandé au serveur comment elle était, s'il me la conseillait. Ça ne l'a pas fait rire. Ou alors il s'est caché. Il ressemblait au comédien belge décédé Ronny Coutteure. Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé une choucroute en buvant de la bière ? A deux heures et quart, presque tous les clients étaient retournés au bureau. C'est à cela qu'on reconnaît un quartier où les gens ne travaillent pas dans la presse.

Afghanistan : Ben Laden lie le sort des otages au retrait français d'Afghanistan

La France est "déterminée" à poursuivre sa mission en Afghanistan, a déclaré vendredi le ministère des affaires étrangères, interrogé sur un message attribué à Oussama Ben Laden. Le chef d'Al-Qaida, Oussama Ben Laden, a lié la libération des otages français retenus en Afghanistan et au Niger au retrait militaire de la France et averti que les positions du président Nicolas Sarkozy "coûteront cher" à la France, dans un enregistrement diffusé vendredi 21 janvier par la chaîne arabe Al-Jazira.



"Nous vous répétons le même message : la libération de vos prisonniers des mains de nos frères est liée au retrait de vos soldats de notre pays", a dit la voix attribuée à Ben Laden par la chaîne de télévision. Le message n'a pas encore été authentifié par les autorités françaises.
LE REFUS DU RETRAIT, UN "FEU VERT" POUR TUER LES OTAGES
S'adressant au peuple français, il a dit : "Le refus de votre président de se retirer d'Afghanistan est le résultat de son suivisme de l'Amérique et ce refus est un feu vert pour tuer vos prisonniers (...) mais nous ne ferons pas cela au moment qui lui convient à lui". Cette position de M. Sarkozy "lui coûtera et vous coûtera cher sur différents fronts, à l'intérieur et à l'extérieur de la France", a-t-il ajouté.
Dans un message datant d'octobre 2010, Ben Laden avait déjà averti que la France ne connaîtrait la sécurité que si elle se retirait d'Afghanistan et cessait "ses injustices" à l'égard des musulmans. Il avait alors justifié l'enlèvement de cinq Français en septembre au Niger revendiqué par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
En Afghanistan, où environ 3 750 soldats français sont stationnés, deux journalistes français de France 3, Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, sont toujours en captivité depuis leur enlèvement le 30 décembre 2009.

Vols de voitures, nouvelle menace





Vols de voitures, nouvelle menace : InternetLa vidéo liée à l'article "Vols de voitures, la nouvelle menace vient d'internet" publié dans Auto Plus le 25 mai 2010 (n°1133 ) a suscité de vives réactions. Certains d'entre vous nous reprochent notamment de donner un "mode d'emploi" aux voleurs. Malheureusement, nos contacts réguliers avec les services spécialisés de la police (qui nous alertent à ce sujet depuis plus d'un an), ainsi que les courriers de lecteurs victimes de ces méthodes, nous permettent d'assurer que les voleurs n'ont pas attendu cet article pour prendre connaissance de l'existence de ce type de produits ou pour savoir comment s'en servir!!! Nous sommes même presque en retard par rapport aux voleurs, qui utilisent ces produits et méthodes depuis déjà deux ans au moins, et les forces de l'ordre et les constructeurs eux-mêmes le sont aussi ! De plus, sachez qu'il y a déjà des tas de vidéos explicatives beaucoup plus détaillées sur internet et que les voleurs qui sont susceptibles d'utiliser ces outils (ce sont de vrais "pros" appartenant à des réseaux organisés, pas des voyous à la petite semaine) n'ont même pas besoin de ça! Il est toujours facile, quand la presse parle de ce genre de sujets, de l'accuser d'être à l'origine de la tendance ou de l'amplifier, alors que quand nous en parlons, c'est que le phénomène a déjà pris beaucoup d'ampleur et fait pas mal de victimes... A tel point que les voleurs sont peut-être même déjà passés à autre chose, à de nouvelles ruses pour nous dépouiller! Comme certains d'entre vous l'ont compris, notre but en diffusant ce sujet était évidemment d'alerter les constructeurs, les forces de l'ordre et les experts travaillant pour les assurances sur les nouvelles méthodes de vol. D'ailleurs, ni l'article original ni la vidéo ne donnent le moindre indice, nom, adresse ou même mot-clé permettant de retrouver facilement ces produits sur le Web si l'on ne sait pas déjà où et quoi chercher. Et contrairement à ce que certains suggèrent, nos révélations aideront certainement les victimes de ce genre de vol à faire valoir leur bonne foi et à prouver que le vol sans effraction est une réalité. Enfin, comme nous l'espérions, ce sujet a eu plusieurs répercussions positives. D'abord, le site sur lequel nous nous sommes procuré l'un des produits dont nous parlons a été fermé. Ensuite, nombre de représentants des forces de l'ordre, en France et en Belgique, ainsi que de nombreux experts automobiles ont été alertés et ont ainsi eu la preuve qu'on peut voler une voiture sans effraction. Les seuls a ne pas avoir réagi pour l'instant sont les constructeurs...

Un rapport trompeur sur le changement climatique circule sur le Net

Sur le Net, l'alarmisme climatique se répand aussi vite que le climato-scepticisme. En témoigne ce rapport, rédigé par une ONG argentine inconnue – l'Universal Ecological Fund – qui fait, depuis mardi 18 janvier, les gorges chaudes de la Toile. Le rapport, présenté par l'ONG comme principalement fondé sur les résultats du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), avance que la température moyenne globale de la Terre pourrait augmenter de 2,4 °C d'ici à... 2020. Et que les conséquences de cette montée du thermomètre sur la production agricole mondiale s'annoncent "énormes", selon le rapport, même à une si brève échéance.

Qu'on en juge. Après avoir aligné un grand nombre de chiffres, présentés sans marges d'incertitude, sur des réductions de production de blé, de riz, de maïs, le rapport avance des variations parfois considérables : -30 % de la production de riz et de blé en Inde, par exemple. Les auteurs prévoient pour 2025, sous l'effet du changement de régime des pluies et de la désertification, la disparition pure et simple des deux tiers des terres arables en Afrique...
L'ensemble de ces estimations est cependant fondé sur une erreur lourde : la température moyenne globale de la Terre ne peut pas augmenter de 2,4 °C au cours des dix prochaines années, en raison de l'inertie du système climatique. La majorité des travaux scientifiques sur le sujet indiquent que les températures d'ici à la fin du siècle excèderont de 1,1 °C à 5 °C celles qui prévalaient avant l'ère industrielle. En outre, si les conséquences futures du réchauffement sur l'agriculture mondiale sont certaines et vraisemblablement de grande magnitude, de nombreuses incertitudes demeurent sur les régions du monde qui seront le plus affectées.
Par exemple, la question de l'impact du changement climatique sur le régime de précipitations au Sahel demeure ouverte : les différents modèles de simulation du climat ne s'accordent pas pour dire si, dans un monde plus chaud, il pleuvra plus ou moins dans cette région... Quant aux observations, elles suggèrent pour l'heure que l'intensité de la mousson africaine est liée à un cycle qui affecte l'Atlantique avec une période d'environ cinquante ans ("l'Atlantic Multidecadal Oscillation")...
L'INFORMATION LANCÉE SUR UN SITE SCIENTIFIQUE
Comment ce rapport d'une ONG inconnue – sans lien avec une étude scientifique publiée dans une revue à comité de lecture – est-il parvenu à capter une telle attention ? D'abord, le communiqué de presse annonçant les grandes lignes du rapport de l'ONG argentine a été posté, mardi 18 janvier, sur Eurekalert, un site administré par la prestigieuse American Association for the Advancement of Science (AAAS), dans une zone d'accès réservée aux journalistes scientifiques. Y sont en général relayés des communiqués d'institutions de recherche (universités, laboratoires...) annonçant la publication de travaux scientifiques dans des revues internationales.
En général seulement. "L'AAAS ne donne pas sa caution à ce qui est posté sur Eurekalert, explique une porte-parole de la grande société savante. Il y a environ 900 organisations qui peuvent y annoncer des informations et ces informations sont placées sous leur responsabilités, non sous celle de l'AAAS. C'est une agence de relations publiques, Hoffman&Hoffman, qui a posté le communiqué en question." Alertée par un journaliste du quotidien britannique The Guardian, l'association américaine – par ailleurs éditrice de la revue Science – a cependant retiré le rapport trompeur du site d'information.
Trop tard : l'information était déjà "sortie". Et commençait à faire son chemin sur la Toile. Et pour cause : l'ONG se prévalait d'un climatologue argentin Osvaldo Canziani, qui co-présidait le groupe II du GIEC lors de la rédaction du quatrième rapport d'expertise, publié en 2007. M. Canziani, était injoignable, jeudi 20 janvier, pour s'exprimer sur sa réelle participation à la rédaction du rapport de l'ONG...
UN PRÉCÉDENT RÉCENT
L'affaire n'est pas sans rappeler celle, qui a plongé le GIEC dans la tempête au début de l'année 2010 : le quatrième rapport du panel avait cité un rapport d'ONG – et non, comme le veut l'exercice, une étude scientifique dûment publiée – donnant pour probable la disparition des glaciers himalayens d'ici à 2035.
Le rapport en question, rédigé par le WWF, citait un article de presse du New Scientist, lui-même inspiré d'un rapport commandé par l'Unesco à un glaciologue russe... Ce rapport mentionnait la date de 2350 – une coquille s'est donc glissée dans le texte du journaliste, s'est répercutée dans le rapport du WWF pour finir... dans le quatrième rapport du GIEC.
Dans le cas présent, les travaux du GIEC ne sont nullement impliqués. La communauté scientifique a même fait preuve d'une grande vigilance : sur le blog collectif Realclimate, le climatologue Gavin Schmidt, chercheur au Goddard Institute for Space Studies (NASA), révèle que lui et plusieurs scientifiques ont prévenu l'ONG, dès lundi 17 janvier, des erreurs grossières contenues dans le rapport, en vain. Plusieurs chercheurs, interrogés par l'AFP, ont également dit avoir prévenu les auteurs du texte, sans succès.
La vitesse à laquelle s'est propagée l'information, une fois "sortie" du site Eurekalert, est considérable. Reprise par plusieurs agences et journaux, elle a fait un bref passage sur Lemonde.fr – par le biais d'une reprise de dépêche – avant d'en être ôtée. Interrogé par l'AFP, Marshall Hoffman, responsable de l'agence de relations publiques Hoffman&Hoffman, maintient la pertinence du rapport...
Stéphane Foucart

Quand les bons comptes ne font pas les bons élèves…

Les littéraires vont sursauter. Mais tant pis, allons-y ! Écrivons-le franchement ! Et si les mots étaient les ennemis de l’éducation nationale ? Son poison mortifère ? Toutes ces formules creuses administrées, locataire après locataire, par un ministère verbeux, gonflé de sa propre importance, prêt à éclater d’une indigestion de circulaires.

De réformes ratées en réformes avortées, son verbe a perdu toute sa crédibilité et a fini par s’abîmer dans un scepticisme décourageant. Tout changement, surtout quand il est commandé d’en haut, est désormais suspect, tellement suspect qu’il inhibe le goût de l’évolution, et distille ses effets immobilistes. Nous voilà donc une fois de plus à la veille d’une journée d’actions, invariablement synonyme des déceptions du monde scolaire.

Le gouvernement s’obstine, en effet, dans une logique comptable qui rend incompréhensible, voire incohérent, tout discours volontariste. La sémantique de Luc Chatel se perd dans les équations simplistes de son cabinet. Car la réduction des effectifs est un résultat brandi comme un triomphe de l’arithmétique : puisque le nombre global d’élèves baisse, profitons-en pour réduire le nombre d’enseignants. Il fallait y penser. Pour faire passer cette inéluctable vérité, le gouvernement nous promet que tout cela sera indolore, ou presque. Une affirmation qui a fort peu de chances de convaincre les rectorats.

La réussite scolaire n’est pas seulement une question de moyens, et le nombre d’élèves par classe n’est pas forcément un gage de succès. Mais comment réduire la voilure quand, au même moment, on prétend s’intéresser aux «enfants décrocheurs»? Si le nombre d’enseignants par élèves est supérieur à la moyenne européenne dans le secondaire, il est nettement en dessous pour l’élémentaire. Mais, au sommet de l’État, on semble se contenter de ce qui apparaît pourtant comme un handicap décisif pour l’école française, désormais loin d’être la plus performante selon les résultats de la grande enquête Pisa. Quand se décidera-t-on enfin à réduire cette infirmité fataliste qu’on inflige à trop d’enfants ?

La formation des maîtres hésite, elle aussi. Si l’échec des IUFM est désormais assumé, le nouveau dispositif est parti dans le sens inverse de la direction qu’il aurait dû prendre en optant pour plus d’université, et plus de théorie. Et moins d’expérience sur le terrain avant d’affronter une classe. C’est à pleurer…

Mardi, le président a, enfin, fait un geste significatif en mettant l’accent sur «la formation pratique» qu’il faudrait développer. Les enseignants ont apprécié cette inflexion, mais ils demandent à voir. Nous aussi. En espérant que ce soit le début d’une métamorphose indispensable : débarrasser la conception de l’éducation nationale des idéologies qui l’ont fossilisée.

Un modèle difficilement transposable

Décidément, l'Allemagne est à la mode. Elle en devient même agaçante, à force de tout faire mieux que nous. Plus d'exportation mais aussi, désormais, plus de consommation. Plus de croissance mais également plus d'emplois. Moins de verbe, plus d'action. Diable ! mais comment fait donc l'élève modèle de la classe européenne ?

Pas de panacée. Proche du Medef, l'institut COE-Rexecode vient nous le rappeler avec une certaine brutalité. La réussite allemande n'est pas issue d'un miracle venu de nulle part, mais de choix politiques clairs et courageux. À bien des égards, le contraire de ce qui se passe de ce côté-ci du Rhin.

Oui, l'Allemagne est, aujourd'hui, en pleine bourre, mais c'est au prix d'un cocktail de rigueur et de volontarisme sans faille. Rigueur assumée dans la maîtrise des salaires et des dépenses publiques, volontarisme revendiqué dans la défense de l'industrie et de l'exportation. En France, on est souvent dans l'incantatoire de la réforme, en Allemagne toujours dans l'exécution.

Le problème, c'est que le jeu des comparaisons France-Allemagne sur le terrain économique devient, aujourd'hui, un véritable jeu de massacre. Trois éléments sont particulièrement inquiétants pour notre avenir.

Un : nous avons perdu ces dernières années l'ultime avantage compétitif qui nous restait à l'exportation : l'atout prix. Nous étions déjà le plus souvent considérés comme moins bons sur la qualité, l'innovation, le design, les services. Et nous voilà, en prime, plus chers !

Deux : notre tissu industriel se délite à grande vitesse - 600 000 emplois perdus en dix ans - alors que l'armada de grandes et moyennes entreprises allemandes se renforce, en évitant à l'occasion de délocaliser, dans l'automobile par exemple.

Trois : l'Allemagne cultive davantage la recherche et l'innovation, tout particulièrement dans l'entreprise. Nos entreprises sont frileuses en recherche-développement parce qu'elles n'ont pas de marges, assure le Rexecode... Il n'est pas interdit d'adopter l'équation inverse : elles n'ont pas de marges parce qu'elles sont frileuses en RD.

Dans ce contexte, nombre de politiques, poussés par un tropisme allemand très prononcé, sont tentés de faire un copier-coller Allemagne-France. Assez peu pertinent. Le modèle allemand n'est pas transposable. Les économies de part et d'autre du Rhin sont trop dissemblables pour pouvoir appliquer les mêmes recettes : l'Allemagne est une vraie nation industrielle, la France l'est-elle encore ? Leurs cultures sont trop opposées, aussi, pour imaginer de dupliquer, sans autre forme de précaution, le pacte social germanique.

Certes la France ne peut, aujourd'hui, en situation de concurrence généralisée, échapper au débat important du coût du travail que privilégie, un peu caricaturalement, l'institut COE-Rexecode. Encore faut-il rappeler que la compétitivité ne se résume pas à un coût salarial. Loin s'en faut. La compétitivité est une équation aux multiples variables - qualité, service, fiscalité, etc. - y compris la variable sociale.

Le commentaire politique de Christophe Barbier



Le “Rubygate” qui guette Berlusconi


Se relèvera-t-il encore une fois ? Si Silvio Berlusconi a réussi à surmonter bon nombre de scandales, celui-là pourrait lui coûter cher. Au fil des révélations et des accusations, “le Rubygate” prend en effet une telle ampleur qu’on voit mal le Cavaliere s’en sortir encore une fois. Dernière preuve en date : même le vatican le lâche, le numéro deux du Saint-Siège, le cardinal Tarcisio Bertone, ayant invité hier “ceux qui ont une responsabilité publique à s’efforcer de faire preuve d’une moralité plus affirmée”...
Résumé du scandale : Ruby, de son vrai nom Karima El Mahroug, aurait participé début 2010 à des fêtes dans la villa du président du Conseil près de Milan, et comme bon nombre de jeunes femmes invitées, aurait terminé dans le lit du président. Selon la presse, ces jeunes filles auraient été rémunérées au moins 5 000 euros par prestation. Problème pour Berlusconi : si la prostitution n’est pas interdite en Italie, elle l’est avec des mineures. Or Ruby n’a eu 18 ans qu’en novembre dernier.
Après enquête, la justice a donc annoncé vendredi qu’elle soupçonnait M. Berlusconi d’avoir rémunéré les services de cette prostituée mineure et de l’avoir fait libérer lors d’une interpellation pour vol en mai. Des accusations réitérées lundi quand, disposant “d’amples éléments de preuve”, le parquet de Milan a demandé une autorisation de perquisition.
Mis au pied du mur, Silvio Berlusconi s’est énervé mercredi. “Il n’y a eu aucun abus de fonction, ni incitation à la prostitution encore moins de mineure”, a-t-il déclaré, dénonçant “une attaque très grave des magistrats qui ont piétiné les lois à des fins politiques”. Si l’on ignore qui de Berlusconi ou des magistrats gagnera la bataille judiciaire, la bataille médiatique, elle, est déjà à son apogée.
Hier, la presse italienne publiait encore des témoignages issus d’écoutes téléphoniques des jeunes filles impliquées dans le “Rubygate”. Des écoutes qui montrent aussi que les parents et les frères de jeunes filles les incitaient à participer aux soirées controversées de Berlusconi.
Évoquant une soirée avec M. Berlusconi, la mère d’Iris Berardi demande ainsi au téléphone à sa fille : “combien il t’a donné ? cinq mille euros ?”. Ce à quoi celle-ci lui répond “sept”.

Un marché à dépolluer

Le marché européen du CO2 est décidément ouvert à tous les vents. Après avoir été le siège d'une fraude à la TVA de plusieurs milliards d'euros, il vient de faire l'objet d'une cyberattaque visant à dérober des certificats d'émission. Pour la deuxième fois en un an ! D'ampleur certes limité, ce nouveau sinistre s'est tout de même soldé par la fermeture du marché au comptant pour une durée encore indéterminée pour certains de ses pans. La preuve de l'incapacité de ce marché de six ans à peine à gérer sa formidable croissance.

Il faut dire que c'est un peu l'âge de pierre de la Bourse. Il ne s'agit pas en effet d'un marché organisé à proprement parler, mais de 27 marchés nationaux branchés sur un même système. Or toutes les places locales sont loin d'avoir le même niveau d'exigence. De quoi permettre aux fraudeurs de profiter du laxisme de certaines d'entre elles.

Le problème c'est que ce marché particulièrement complexe et volatil est appelé à jouer un rôle de plus en plus important. Aujourd'hui déjà, c'est le seul instrument économique à la disposition de l'Europe pour remplir ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020. Son bon fonctionnement est donc fondamental pour atteindre l'objectif promis à Kyoto. Et, la montée en puissance des mesures visant à lutter contre le réchauffement climatique aidant, son rôle va aller croissant. Il est donc urgent qu'il donne des gages de solidité. Au vu de ces failles actuelles, on voit mal comment cela sera possible.

A moins, bien sûr, que Bruxelles ne se saisisse de ce nouvel avatar pour taper du poing sur la table et imposer des règles communes. Comme par exemple la création d'un véritable marché paneuropéen reposant sur une plate-forme de cotation unique ou la mise en place d'une supervision à l'échelle européenne. Au moment où l'on s'interroge sur la régulation des marchés financiers dans leur ensemble, un tel projet n'aurait rien de choquant. Bien au contraire. Mais cela supposerait que la Commission remette en cause le compromis obtenu de haute lutte en 2010 sur les règles de fonctionnement du futur marché d'enchères de quotas de CO2, qui s'ouvrira début 2013. On peut toujours rêver.

Deux « modèles » à revoir

La Chine n'a pas encore rattrapé l'Amérique, mais elle la dépasse déjà. Pékin a publié hier sa première estimation officielle de croissance pour l'année écoulée, huit jours avant Washington. Et cette estimation montre que la production chinoise a progressé de plus de 10 % en 2010, sans doute trois fois plus que la croissance américaine. A ce rythme, l'économie chinoise produira davantage que celle des Etats-Unis dès 2016 (en convertissant son produit intérieur brut au taux de change assurant la parité de pouvoir d'achat). Dans un tel décor, la rencontre au sommet entre le président chinois Hu Jintao et le président américain Barack Obama a tourné à la bataille pour la position de maître. Le président de la communiste République populaire de Chine a donné des leçons d'économie au président des capitalistes Etats-Unis d'Amérique. Attention aux déficits ! En réponse, Barack Obama a donné des leçons de politique. Il faut respecter les droits de l'homme ! Et aussi ceux des industriels américains, frappés par un taux de change manipulé ou par le pillage technologique. L'explication a été inhabituellement franche, et c'est tant mieux. Entre les deux premières puissances mondiales, mieux vaut des désaccords clairement énoncés, et compensés par la signature de nombreux contrats commerciaux, que l'absence de tout contact.

Mais, derrière ce très public échange de leçons, la réalité est bien différente. Car le grand défi de la Chine aujourd'hui est de devenir plus américaine. De basculer d'un modèle de croissance fondé sur l'export à un modèle tiré par la consommation. Tout en évitant les fléaux qui ont enflammé le tigre de papier qu'est l'Amérique : l'inflation dans les années 1970, la bulle immobilière et la sous-évaluation du risque par le système financier dans les années 2000. Quant à l'Amérique, elle va devoir devenir un peu plus chinoise. Maintenir une épargne plus élevée. Et parvenir à prendre des décisions, alors que le Congrès est de plus en plus ankylosé par des mécanismes institutionnels trop lourds et des lobbies trop puissants. La démocratie américaine doit gagner en efficacité pour résister à la pression de la dictature chinoise.

Ces objectifs peuvent paraître inaccessibles. Mais après tout, Hu Jintao a bien admis qu' « il restait beaucoup à faire » dans son pays en matière de droits de l'homme. Et une bête agressive peut céder sa place à un animal tranquille, puisque l'année chinoise du Tigre va bientôt s'achever pour laisser commencer celle du Lapin.

Larry Page remplace Eric Schmidt à la tête de Google

Google a annoncé le remplacement de son patron par le cofondateur de la société.

  L'annonce a fait l'effet d'une bombe. Google a annoncé le remplacement de son patron, Eric Schmidt, par le cofondateur de la société, Larry Page. Celui-ci prendra ses fonctions le 4 avril. Dans un billet sur le blog officiel de la société, Eric Schmidt explique les raisons de cette décision. « Avec la croissance de Google, le management s'avère plus compliqué. Larry [Page], Sergey [Brin] et moi avons beaucoup discuté sur la façon de simplifier notre structure d'encadrement et de fluidifier nos prises de décision. En ce début d'année, nous avons pensé que c'était le bon moment d'apporter ces changements. »
Eric Schmidt occupera désormais une position de président exécutif. Selon certains bruits, des raisons personnelles le pousseraient à prendre du recul, mais il pourrait aussi faire les frais d'un retour aux commandes des deux cofondateurs de Google, ainsi que de sorties maladroites, ces derniers mois, notamment sur le thème de la vie privée. Des rumeurs sur une arrivée dans l'équipe de Barack Obama ont aussitôt resurgi, lui qui avait déjà été sollicité après l'élection du président américain. Eric Schmidt, qui s'explique sur le blog officiel de Google après l'annonce de son départ, dirigeait la société depuis son arrivée en 2001. Sergey Brin sera chargé, lui, selon le communiqué publié hier, de diriger la stratégie du groupe.
Google a par ailleurs publié des résultats en ligne avec les prévisions. Le moteur de recherche a mieux terminé l'année 2010 qu'il ne l'avait commencée. Il a publié un chiffre d'affaires de 8,44 milliards de dollars au quatrième trimestre 2010, en hausse de 26 % sur un an. Sur l'ensemble de l'année 2010, le chiffre d'affaires s'élève à 29,32 milliards de dollars, en hausse de 24 % par rapport à 2009.
Le moteur de recherche a également amélioré sa rentabilité sur la période, avec un résultat net positif de 2,54 milliards de dollars au quatrième trimestre, soit 8,50 milliards sur l'année. Par rapport à l'année 2009, Google a augmenté son résultat net de 30 %.

Mediator, acte II

Après le premier acte, que fut la révélation du scandale sanitaire du Mediator, voici l'acte II, consacré aux responsabilités administratives. Il sera sûrement suivi d'un acte III, relatif aux responsabilités pénales.

L'acte II est ouvert par le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales, qui vient d'être publié. Outre les manoeuvres déployées par le laboratoire Servier pour protéger son produit, ce rapport met essentiellement en lumière les défaillances de l'Afssaps, agence publique chargée de gérer les autorisations de mise sur le marché (AMM) des médicaments et autres produits de santé. Cette agence est l'héritière de l'Agence du médicament créée en 1993 sur la base d'une bonne intention. Jusqu'alors, c'était le ministère de la Santé lui-même qui gérait toutes les procédures relatives aux médicaments et notamment la mécanique très lourde des expertises préalables aux AMM. De bons esprits firent valoir que l'Etat était une structure trop rigide pour traiter un tel flux de dossiers et qu'il fallait inventer des structures plus réactives, à la manière dont le Canada, la Nouvelle-Zélande et de nombreux autres pays avaient réformé leurs administrations. C'est l'époque où le sociologue Michel Crozier conceptualisa « l'Etat modeste » et où un rapport de Christian Blanc plaida pour « l'Etat stratège ».

Il en sortit une division du travail où le ministère de la Santé ne conservait que les orientations générales de la politique de santé publique, tandis que la logistique quotidienne de la sécurité sanitaire était reportée sur des agences. Un millier d'agents, deux milliers d'experts, seraient les petites mains de la nouvelle mécanique que l'on espérait plus fluide. Le rapport de l'Igas vient jeter deux pavés dans la belle mare rêvée de cet Etat modeste. D'une part, les agences semblent avoir reproduit les mêmes lourdeurs bureaucratiques que l'Etat d'antan, qu'elles étaient censées dynamiser. D'autre part, et surtout, elles n'ont pas été capables de mieux maîtriser que lui les conflits d'intérêts entre experts et laboratoires. Double et rude défi à relever pour la réforme promise par le gouvernement.

EDUCATION NATIONALE : FABRIQUE DE CRÉTINS.



L'UE va geler les avoirs de la famille Ben Ali

Jour après jour, l'étau se resserre sur Zine el-Abidine Ben Ali et sa famille élargie. Après la Suisse, mercredi, l'Union européenne a annoncé ce jeudi son intention de procéder au gel des avoirs de l'ex-président exilé en Arabie saoudite. Le chef du parquet tunisien a ouvert une enquête pour «acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers», «placements illicites à l'étranger» et «exportation illégale de devises». Sans attendre de connaître la liste des personnes visées par les sanctions internationales, enfin, Paris dit avoir pris «les dispositions nécessaires» pour bloquer les avoirs des familles Ben Ali et Trabelsi en France.


Manifestement soucieux de donner des gages aux manifestants, qui ne décolèrent pas malgré la victoire obtenue dans la rue, le pouvoir tunisien a fait savoir ce jeudi que 33 membres de la famille Ben Ali ont été interpellés depuis le départ du président déchu. Son propre gendre, Sakher Materi, qui est considéré comme l'un des hommes d'affaires les plus importants du pays, a été arrêté le 14 janvier. Ces premières interpellations, lors desquelles de nombreux bijoux, montres et cartes bancaires ont été saisis par les forces de l'ordre, n'ont cependant pas suffi à prévenir les débordements. Le week-end dernier, certains groupes d'émeutiers ont pillé plusieurs villas réputées appartenir à la famille Trabelsi dans une banlieue chic au nord de Tunis. Le neveu favori de l'épouse du président Ben Ali, Imed Trabelsi, a par ailleurs été mortellement poignardé dans les heures qui ont suivi le départ du couple présidentiel pour la péninsule arabique.

«Recel» et «blanchiment»

Sur l'autre rive de la Méditerranée, le porte-parole du gouvernement Fillon, François Baroin, a fait savoir ces derniers jours que les proches du président Ben Ali «n'ont pas vocation à rester» sur le sol français. Plusieurs parents de l'ex-président, qui avaient pris leurs quartiers dans un hôtel d'Euro Disney, dont une fille de son épouse Leïla Trabelsi, semblent avoir été discrètement invités à quitter le pays le week-end dernier.
Dorénavant, les gouvernements européens entendent se concentrer sur la localisation et le gel des avoirs appartenant au clan Ben Ali. Si leur périmètre précis demeure inconnu, il est de notoriété publique que le président déchu et sa belle-famille ont accumulé une fortune considérable au fil de ses vingt-trois années au pouvoir. Outre des placements financiers à Malte et à Dubaï ainsi que plusieurs comptes bancaires domiciliés en France, elle posséderait notamment plusieurs biens immobiliers à Paris et à Courchevel.
Mercredi, trois ONG ont porté plainte à Paris pour «recel» et « blanchiment» dans l'espoir d'obtenir un blocage rapide de ce patrimoine par la justice. «Il faut faire vite avant que l'ex-dictateur ne parvienne à faire sortir cet argent de France» , plaide Me Maud Perdriel-Vaissière, conseil de l'association Sherpa. Ce jeudi, François Baroin a indiqué avoir été informé par l'organisme de contrôle Tracfin de «mouvements suspects» sur les comptes de la famille Ben Ali.

Tunisie : le parti de Ben Ali dissout son instance suprême

Le premier conseil des membres du gouvernement de transition se réunit sur fond de nouvelles démissions ministérielles. L'armée a dû procéder à des tirs de sommation pour disperser des manifestants qui tentaient d'escalader le mur d'enceinte du siège du RCD.

Alors que les rassemblements visant à obtenir notamment le départ des ministres de l'ancien régime s'étaient déroulés dans le calme mercredi, l'armée tunisienne a effectué jeudi des tirs de semonce. Elle tentait de disperser une manifestation devant le siège du parti au pouvoir sous la présidence Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). L'armée a tiré environ dix rafales en l'air, pour dissuader des manifestants d'escalader le mur d'enceinte du bâtiment, dispersant une partie du millier de personnes qui manifestaient bruyamment mais pacifiquement. D'autres protestataires sont restés, scandant «À bas le RCD!». La dissolution de l'ex-parti unique est une revendication qui domine les manifestations depuis plusieurs jours. Symboliquement, l'enseigne du RCD, installée sur le toit, a été démontée jeudi. Le tout sous les applaudissements de la foule majoritairement composée de jeunes. Ceux-ci comparaient la scène à celle du déboulonnage de la statue de l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein à Bagdad e en 2003.
La police, en première ligne lors de la répression de la révolte populaire qui a fait au moins 100 morts en un mois, selon un bilan des Nations unies, se tenait à l'écart. «Je suis avec vous. On ne va pas tirer sur vous, l'essentiel c'est que le rassemblement soit pacifique», a déclaré à la foule devant le siège du RCD un colonel de l'armée qui tentait de calmer les manifestants. Ceux-ci l'ont applaudi et certains ont cueilli des fleurs dans les massifs alentours pour les déposer dans les canons des chars postés là, devant des militaires qui souriaient.
Une centaine de magistrats et d'avocats ont aussi manifesté devant le Palais de justice pour réclamer l'«indépendance de la justice» et le départ d'un magistrat qu'ils ont accusé d'avoir servi les intérêts du président déchu et de sa famille, désormais accusés de s'être approprié les richesses du pays.

Nouvelle démission

Conséquence ou non de ces manifestations, Zouheir M'dhaffer, l'un des ministres déjà en poste dans l'exécutif Ben Ali, a annoncé sa démission. La cinquième depuis la formation du gouvernement mais la première émanant d'un membre de l'ancien régime. Chargé du Développement administratif, Zouheir M'dhaffe a déclaré qu'il démissionnait «favoriser la transformation démocratique du pays».
Le Rassemblement constitutionnel démocratique a par ailleurs annoncé dans un communiqué la dissolution de son instance suprême, le bureau politique, en raison de la démission de plusieurs de ses membres. Soucieux de prendre leurs distances avec le RCD, le président par intérim et le premier ministre en ont effectivement démissionné mardi, suivis jeudi par les ministres du gouvernement d'union nationale qui étaient membres de la formation, selon l'agence de presse officielle TAP. L'Agence tunisienne de presse (TAP), elle, a annoncé qu'ils avaient «démissionné de leurs responsabilités au sein du parti», laissant planer une ambiguïté.
Atif Chelbi, ministre tunisien de l'Industrie, à ce sujet:
Le nouvel exécutif, formé lundi et fragilisé dès mardi par la démission de quatre de ses membres, devait se réunir pour la première fois jeudi, en présence du président par intérim Foued Mebazaa. Cette réunion doit aborder essentiellement la question de la séparation de l'Etat et du RCD, ainsi qu'un projet de loi d'amnistie générale.