TOUT EST DIT

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samedi 15 janvier 2011

Tarifs bancaires : les promesses des établissements au banc d'essai

Les banques se sont engagées auprès de Christine Lagarde à afficher sur leur site Internet, au 1er janvier, une liste "standardisée" de dix tarifs. Le bilan dressé par La Tribune et UFC Que Choisir est globalement positif.

Depuis le 1er janvier, les banques sont censées publier sur leur site Internet le prix de 10 services « standard », définis il y a quelques mois avec le gouvernement. Objectif ? Renforcer la transparence des services bancaires et pourquoi pas, à terme, faire baisser des tarifs souvent jugés excessifs. La promesse semble avoir été tenue, d'après les observations de l'association de consommateurs UFC Que Choisir, ainsi que l'enquête menée par La Tribune sur les sites des huit banques nationales (plus le CIC dont les caisses régionales adoptent toutes les mêmes tarifs) et quatre banques en ligne.

"Globalement, les banques ont joué le jeu", résume Maxime Chipoy, chargé de mission banque et assurance chez UFC Que Choisir, avant de nuancer : "il arrive que l'information soit difficile à trouver et on relève parfois des oublis. Certaines banques ajoutent aussi des informations pour faire apparaître des services qui sont gratuits chez elles... comme dans la plupart des banques". Ainsi, le coût du prélèvement à l'unité est absent des sites de la Caisse d'épargne et de celui du Crédit Agricole Centre Ouest. En revanche, ce dernier indique le coût du retrait en agence : gratuit, comme partout ailleurs ! La brochure est également difficile à trouver sur le site du Crédit Agricole Centre France, et le Crédit Agricole Anjou Maine ne fixe pas de limite à sa commission d'intervention. Quant au Crédit Agricole de Normandie, il oublie de faire figurer le prix du virement Internet.
Pour certains, cet "extrait standardisé" est aussi l'occasion de se faire... un peu de pub. Ainsi, Fortuneo ajoute plusieurs tarifs non demandés - et gratuits chez elle - dans la rubrique "commission d'intervention" et le Crédit Mutuel y intègre le tarif de ses packages bancaires.
Même constat, globalement positif, à l'issue du test réalisé par La Tribune, qui a regardé combien de "clics" étaient nécessaires pour accéder au fameux extrait (voir tableau). Reste que le chemin n'est pas toujours intuitif. La mention "tarifs" ou "conditions tarifaires" se fait discrète, apparaît dans un coin, tout en bas, en gris clair sur fond blanc comme sur le site du Crédit Coopératif. Le lien vers l'extrait standardisé n'apparaît sur la page d'accueil que sur trois des treize établissements étudiés (CIC, Crédit Coopératif et Monbanq). Mention spéciale pour LCL où le fichier en PDF des tarifs s'ouvre sur la page des dix principaux tarifs. La banque en ligne Monabanq remporte la palme de la mise en avant avec un petit phylactère repérable au premier coup d'oeil.
Cet extrait est censé améliorer la visibilité et faciliter la comparaison pour l'usager bancaire. De fait, on voit apparaître d'importants écarts de tarifs (voir tableau). La carte bancaire peut ainsi coûter de 0 à 50 euros par an selon les banques. Et, hors banques en ligne, l'écart de prix entre l'assurance moyens de paiement la moins chère et la plus onéreuse atteint 60%.
Seule la banque en ligne ING fait carton plein, en affichant "gratuit" sur les tarifs tarifs. A l'inverse, LCL et le CIC sont les seuls à facturer des virements externes en ligne (forfait annuel de 21 euros chez LCL, 34,8 au CIC). Quant au Crédit Coopératif, il ne propose pas encore ce service.
"Les banques ont respecté leurs engagements, pas plus", souligne l'expert de l'UFC Que Choisir, qui rappelle qu'à l'origine, il était question de faire figurer les tarifs des dix services standard en tête des brochures disponibles en agence. Le temps ayant manqué pour imprimer ces brochures dans les délais impartis, elles ont obtenu de publier cette liste sur Internet. "Mais dans 30 à 40% des cas, le récapitulatif se trouve dans un document distinct des tarifs, parfois sur une page web différente", signale Maxime Chipoy. Pour lui, "dans ces conditions, rien n'empêcherait les banques de distribuer ce document d'une page dans les agences bancaires".
Dès la fin janvier, cette liste standard devra figurer en tête des brochures tarifaires envoyées aux consommateurs. Des plaquettes dont le sommaire devrait d'ailleurs être commun à tous les établissements afin de faciliter la comparaison tarifaire.

Traiter Ben Ali comme Loukachenko

Face à la répression en Tunisie, l’UE devrait appliquer la même politique de "sanctions intelligentes" qui, en 2006, avaient partiellement fait fléchir le régime biélorusse d’Alexandre Loukachenko, estime l’analyste José Ignacio Torreblanca. 

En décembre, le dernier dictateur d’Europe, Alexandre Loukachenko, au pouvoir en Biélorussie depuis 1994, s’offrait comme cadeau de Noël une belle victoire électorale avec 80% des voix. Ensuite, il a fait fermer les bureaux des observateurs internationaux, envoyé la police réprimer les manifestants, muselé les derniers médias indépendants et jeté en prison plus de 600 personnes, et notamment le leader de l’opposition Andrei Sannikov, arrêté avec son épouse à l’hôpital où il venait d’être admis après avoir été roué de coups par la police.
La bonne nouvelle c’est que l’Union européenne a réagi fermement. En 2006, après des élections tout aussi truquées, Loukachenko s’était vu infliger une série de sanctions intelligentes (c’est-à-dire qui ne causent pas de tort à la population) : interdiction de se rendre dans les autres pays, gel des avoirs financiers à l’étranger et soutien à l’opposition. Les sanctions ont été efficaces puisqu’en 2008, Loukachenko a commencé à lâcher du lest et libéré tous les prisonniers politiques. En retour, l’UE a suspendu les sanctions, a offert au pays une aide économique et entamé une procédure de dégel des avoirs financiers. Pourtant, si le régime persiste dans cette voie autoritaire, les sanctions reprendront. Les eurodéputés s’accordent en effet à dire que le Président biélorusse s’est payé la tête de l’UE et qu’il faut revenir à une politique de fermeté.

L'image idyllique du pays cache un Etat orwellien

A Tunis, la situation est pire, mais l’UE restera muette, comme en 2009, quand Ben Ali a "remporté" les élections avec 89,62% des voix. Ceux qui se rendent en Tunisie et qui parlent avec les opposants ne cessent de rappeler que l’image touristique et idyllique du pays cache un Etat orwellien, qui contrôle les moindres mouvements de ses citoyens, y compris leur courrier électronique. Les émeutes tunisiennes, dont le décompte des morts sera difficile à obtenir, ont révélé le véritable visage des régimes politiques de la région, qui au nom d’une prétendue stabilité politique pratiquent une répression féroce. Leur but: protéger une corruption endémique, et non comme ils le prétendent, construire des sociétés modernes qui serviraient de rempart à l’islamisme.
Après 23 ans au pouvoir, le kleptocrate Ben Ali a eu l'idée géniale de créer une commission d'enquête sur la corruption. Autant dire que son cynisme est sans limites. Les fuites de Wikileaks ont montré par des cas précis à quel point les élites de la région (qu'il s'agisse de monarques, de présidents, et, dans le cas de Ben Ali, de sa propre famille) vivent dans une débauche de corruption, tandis que la jeunesse est privée de tout horizon professionnel ou personnel.
Avec ce qui se passe en Tunisie, l'Espagne, la France et l'Italie, principaux fers de lance d'une politique méditerranéenne de l'UE aujourd'hui à bout de souffle, apparaissent sous un jour peu flatteur. En revanche, la Pologne, la Suède et les Pays baltes appliquent avec succès des mesures complètement différentes de celles mises en œuvre par Madrid, Paris et Rome en Méditerranée.

Passive, l'Europe isole ceux qui croient encore en l'Etat de droit

Dans cette zone, notre politique ressemble de plus en plus à celle menée par les Etats-Unis en Amérique centrale pendant la guerre froide, avec les conséquences funestes que l'on sait. De même que la politique d'endiguement menée par Washington a jeté la population d'Amérique centrale dans les bras de la gauche révolutionnaire, nos mécanismes d'endiguement de l'islamisme vont très probablement profiter aux islamistes, lesquels ont beau jeu d'inscrire la justice sociale et la lutte contre la corruption dans leurs programmes politiques.
Par sa passivité, l'Europe, non content de se discréditer, isole et condamne à l'extinction tous ceux (il n'en reste sans doute plus beaucoup) qui dans la région croient encore en l'Etat de droit, en l'alternance politique et au respect des droits de l'Homme. Si secrètement nous aspirons à avoir sur la rive sud de la Méditerranée une série de républiques bananières, fidèles gardiennes de nos intérêts, il semble que nous soyons sur la bonne voie.

Moscou et Pékin contraignent l’ONU à ajourner un texte sur la Côte d’Ivoire

Au moment même où les Etats-Unis et l'Union européenne renforcent leurs sanctions contre le camp de Laurent Gbagbo, qui refuse de céder le pouvoir en Côte d'Ivoire, les Nations unies, dont le personnel est pris pour cible sur le terrain, peinent à s'entendre sur l'envoi de renforts et sur l'éventualité de nouvelles sanctions.

Devant les réticences de la Russie et de la Chine, le Conseil de sécurité a été contraint, vendredi 14 janvier, de reporter de quatre jours le vote d'une résolution approuvant le déploiement de 2 000 casques bleus supplémentaires et de trois hélicoptères d'attaque, pourtant réclamé par le Secrétaire général de l'Organisation, lui-même. Le texte, parrainé par la France et les Etats-Unis, aurait été jugé "trop politique" par les Russes et les Chinois. Autrement dit, trop critique à l'encontre du président ivoirien sortant.
NE PAS VOIR L'ONU S'"INGERER" DANS LES AFFAIRES INTERIEURES
Depuis le début de la crise postélectorale ivoirienne, Moscou refuse catégoriquement, et Pékin plus discrètement, de voir l'ONU s'" ingérer " dans les affaires intérieures ivoiriennes. Ici, en l'occurrence, la résolution faisait référence à la détérioration de la situation sécuritaire pour justifier le besoin de renforts, qui pourraient venir du Libéria, du Pakistan, du Bangladesh et de Mongolie, selon des diplomates.
A l'heure actuelle, la mission onusienne sur place (Onuci) compte 9 000 hommes en uniforme, dont 1 250 policiers. Mais plus du tiers de ces effectifs sont déployés à Abidjan, dont les 800 militaires et policiers qui assurent la protection de l'hôtel du Golf, où est assiégé le président élu Alassane Ouattara. "La Mission se trouve ainsi dans l'impossibilité de faire face rapidement à toute détérioration de la situation en matière de sécurité dans d'autres régions, en particulier dans l'ouest ", explique Ban Ki-moon dans sa lettre aux 15 pays membres.A l'ouest, se trouve la frontière avec le Libéria, traversée chaque jour par plus de 600 Ivoiriens.
"L'ONU NE SE LAISSERA PAS INTIMIDER"
Lors d'une conférence de presse, alors que le Conseil tenait ses consultations, le Secrétaire général s'est déclaré " profondément préoccupé par (…) le nombre croissant d'incidents violents visant des civils et la mission des Nations Unies ".  Il a souligné que l'ONU disposait d'" informations concrètes " sur le fait que Laurent Gbagbo incite ses partisans à recourir à la violence contre les casques bleus et contre leurs concitoyens.
Le dernier bilan fait état de 247 morts et 49 disparus depuis l'élection du 28 novembre. Sur place, fin décembre, le chef des opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy, aurait passé la consigne aux casques bleus de faire preuve de plus de fermeté, tout en évitant la confrontation. " L'ONU ne se laissera pas intimider " a fait savoir Ban Ki-moon. Mais de là à voter de nouvelles sanctions visant, à l'instar de celles imposées par Washington, nommément Laurent Gbagbo, son épouse et trois de ses proches collaborateurs... Les Russes ont prévenu, ils s'y opposeront.
Le Conseil de sécurité pourrait être contraint de se contenter de sanctions contre une bande de " seconds couteaux ", reconnait un diplomate.
Alexandra Geneste

Vers un printemps démocratique arabe ?

La révolution en Tunisie est-elle le signe annonciateur d'un printemps démocratique arabe ? Le renversement en un temps record du président Zine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier, est sans précédent au Maghreb comme au Proche-Orient.

Le régime jeté à bas, avec courage, par les manifestants tunisiens comportait plus d'un point commun avec une certaine norme régionale: extrême concentration du pouvoir, kleptocratie, surpuissance du maillage policier, étouffement systématique de toute forme d'opposition et onction démocratique de façade obtenue par le détournement des élections politiques ou socio-professionnelles, le tout justifié au nom d'une spécificité culturelle ou nationale. Dans ces régimes autoritaires, l'opposition a été réduite à l'islamisme politique, un épouvantail commode instrumentalisé pour obtenir le soutien peu exigeant de leurs alliés occidentaux.

Même s'il est encore trop tôt pour savoir ce qu'il adviendra de la révolution tunisienne, l'éviction de M.Ben Ali constitue une réfutation de la thèse d'une exception arabo-musulmane en vogue après l'effondrement des dictatures d'Europe centrale ou d'Amérique du sud. Une thèse qui nie, il est vrai, les "moments démocratiques" expérimentés dans la première moitié du XXe siècle en Egypte, en Syrie ou en Irak.

Compte tenu de son histoire (une indépendance obtenue pacifiquement) et de l'existence d'une classe moyenne éduquée, le fait que la première révolution arabe postérieure à la décolonisation survienne en Tunisie ne surprendra personne. Pour reprendre en le renversant le titre d'un ouvrage collectif dirigé en 1994 par le politologue Ghassan Salamé (Démocraties sans démocrates, Fayard), la Tunisie était avant la révolution de janvier2011 une terre de "démocrates sans démocratie".

VERROUILLAGE POLITIQUE

Cette singularité tunisienne limite-t-elle les éventualités de transformations politiques similaires ? Les régimes autoritaires de la région, au cours des dernières années, se sont adaptés aux circonstances en rompant avec le dirigisme économique souvent désigné par l'expression de "socialisme arabe" au profit d'un modèle chinois ou singapourien conjuguant l'ouverture économique et le verrouillage politique. Ce nouvel équilibre ne met pas à l'abri des surprises, c'est la leçon de l'exemple tunisien qui s'inscrivait pourtant dans ce cadre.

L'inquiétude qu'il alimente aujourd'hui peut être vérifiée dans la célérité manifestée par les autorités algériennes ou jordaniennes à répondre par des mesures budgétaires aux tensions conjoncturelles créées par la nouvelle hausse mondiale des produits alimentaires de base. La Libye et le Maroc ont également pris des dispositions en ce sens. Face aux turbulences, les régimes du Maghreb ou du Proche-Orient ne sont pas sur un pied d'égalité. Ceux qui sont dépourvus de ressources pétrolières sont en effet privés des moyens d'acheter une temporaire paix sociale.

Sondage: Marine Le Pen 3e derrière Sarkozy et Aubry

Vainqueur du scrutin interne du Front national, Marine Le Pen progresse de sondage en sondage. Dernier en date, celui de l'Ifop pour Sud-Ouest.


Marine Le Pen (FN) a fortement progressé dans les intentions de vote des Français, à 16,5%, pour le premier tour de la présidentielle, troisième derrière Nicolas Sarkozy (26,5%) et Martine Aubry (23%), selon un sondage Ifop à paraître dans Sud-Ouest Dimanche
La nouvelle leader du FN, qui sera officiellement intronisé dimanche, à Tours, passe de 12% en novembre dernier à 16,5% des intentions de vote. Quasiment le score qui avait permis à Jean-Marie Le Pen de se qualifier pour le second tour de la présidentielle en 2002 (16,86%). 
Selon ce nouveau sondage, elle recueille 27% des intentions de vote chez les employés, 17% chez les ouvriers mais également 11% parmi les électeurs de Nicolas Sarkozy en 2007 et 10% auprès de ceux de François Bayrou. 
A 26,5% d'intentions de vote, le président Sarkozy baisse d'un demi-point, mais reste en tête au premier tour, enregistrant ses meilleurs résultats auprès des 65 ans et plus (42%). 
La première secrétaire du PS Martine Aubry progresse d'un point, à 23%, récupérant 15% des électeurs de François Bayrou en 2007, 16% de ceux d'Olivier Besancenot, mais seulement 67% des électeurs de Ségolène Royal. 
Président du parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon (6,5%, +0,5 point) creuse l'écart avec le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot (3,5%, en baisse d'1,5%). 
Alors que les écologistes s'interrogent sur le choix de leur candidat pour 2012, Nicolas Hulot, personnalité politique préférée des Français selon le dernier Baromètre Ifop/Paris-Match, peine à convertir cette popularité en potentiel électoral. Il n'obtient que 6% des intentions de vote, contre 7,5% en novembre 2010 à Eva Joly. 
Au centre, François Bayrou (8%) devance Dominique de Villepin (6%) et Hervé Morin (2%). 

Russie : Staline, un héritage encombrant





Russie : Staline, un héritage encombrant
envoyé par france24. - L'info internationale vidéo.

Le Front National gagne du terrain



L’extrême droite à visage humain

Après 38 ans à la tête du Front National, Jean-Marie Le Pen passe la main à sa fille Marine. Derrière cette succession dynastique se profile une stratégie de modernisation à l'image de ses homologues européens. Objectif : la présidentielle de 2012. 

Le Front national n'est plus ce qu'il était. Il est loin le temps de la franche gaudriole de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz "point de détail de la Seconde Guerre mondiale", sur ces "lépreux" de "sidaïques", sur les camions militaires bourrés de sans-papiers ... Depuis huit ans, sa fille Marine ponce lentement les aspérités du sulfureux parti d'extrême droite. Son but? Elargir l'audience du FN en le travestissant en un parti de droite populiste plus "respectable".
Marine Le Pen pense que l'avenir de l'extrême droite française se joue dans l'ouverture. Le patriarche s'est rangé aux côtés de sa fille, après avoir été le défenseur de l'orthodoxie doctrinale du FN. Et c'est le n°2 actuel, Bruno Gollnisch, qui défend désormais cette ligne. Ce frontiste de la première heure, au FN depuis vingt-sept ans, brigue la succession contre la fille du chef. Le 15 janvier au congrès de Tours, les militants vont élire le nouveau boss après trente-huit ans de règne du patriarche. Jean-Marie Le Pen souhaite que la dynastie perdure.
La jeune divorcée moderne contre le vieux prof de fac
Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, c'est deux styles, deux stratégies, deux générations. La jeune divorcée moderne contre le vieux prof de fac. Il aime dire d'eux qu'il est le cerveau et qu'elle est la com. Marine Le Pen dit comprendre les femmes qui avortent, Gollnisch veut fédérer les courants ultras: négationnistes, antisémites, colonialistes, cathos intégristes. C'est un libéral, elle prône le protectionnisme face au "totalitarisme économique et financier". Il sent la poussière, elle prend la lumière et arpente inlassablement les marchés d'Hénin-Beaumont, la ville sinistrée [dans le Nord de la France] qu'elle fut à deux doigts d'emporter. Surtout, elle a la marque, c'est une Le Pen, soit tout l'or du monde dans un parti hiérarchisé à l'extrême et soumis à l'autorité du chef!
Marine Le Pen est une femme de son temps. Elle n'a rien à cirer des obsessions de son père sur la Seconde Guerre mondiale ou la guerre d'Algérie. Elle veut mettre le FN au goût du jour et en faire un parti de gouvernement à l'image des partis de la droite populiste européenne : la droite radicale scandinave, la Ligue du Nord italienne, le PVV du Néerlandais Geert Wilders, l'extrême droite suédoise qui vient d'entrer au Parlement.
Selon la spécialiste de l'extrême droite Nonna Mayer, "le discours des droites populistes européennes consiste à dire: les musulmans ne partagent pas nos valeurs, ils sont intolérants envers les homosexuels, les femmes, les Juifs. Elles retournent l'argument : ce sont eux les 'racistes'." Première étape pour Marine: bannir les sorties racistes ostentatoires dont son père était friand. Sa ligne rouge: l'antisémitisme. Sa nouvelle cible? L'islam, qui remplace le thème de l'immigration lancé en 1978 par le FN et récupéré par Sarkozy – ce qui ne lui a d 'ailleurs pas trop réussi.
Les trois-quarts des Français rejettent catégoriquement le FN
Son arme? La laïcité. "C’est un argument plus présentable, plus respectable pour délégitimer l'islam", commente Nonna Mayer avant d'ajouter : "Mais sur le fond programmatique, le coeur du discours est le même : la préférence nationale. Seul l'argumentaire change." Un créneau porteur. La colonisation a été remplacée par le choc des civilisations et le 11 Septembre parle à tous. L'islamophobie se trouve "justifiée" par l'actualité: l'Iranienne Sakineh, les attentats contre les coptes en Egypte...
Selon la dernière enquête du CNDH, 23% des Français ont une aversion pour l'islam non basée sur le rejet de l'autre mais sur la défense des valeurs progressistes -laïcité, féminisme, égalité hommes-femmes. Marine Le Pen répondra ceci à l'AFP après sa comparaison polémique entre les prières de rue musulmanes et l'Occupation: "j’entends de plus en plus de témoignages sur le fait que dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même français ou blanc." Une stratégie payante? Selon les derniers sondages, Marine Le Pen recueille entre 27% et 33% d'opinions favorables. Reste pour elle à les concrétiser dans les urnes. Les intentions de vote sont estimées entre 12 et 15%. La fille Le Pen n'a pas encore fait tomber les barrières qui entourent son parti: les trois-quarts des Français le rejettent catégoriquement. Mais avec le FN, on a appris à se méfier.

Les subtilités de la diplomatie

La diplomatie est quelque chose de très subtil. Tenez, par exemple, notre président de la République, Nicolas Sarkozy. En décembre dernier, il a vertement et publiquement tancé Laurent Gbagbo, ex-président de Côte d'Ivoire, parce qu'il refusait de quitter son poste et de reconnaître la victoire de son rival, Alassane Ouattara.

"Le président de la Côte d'Ivoire s'appelle Alassane Ouattara et il a été choisi par les Ivoiriens" a encore martelé Nicolas Sarkozy, le 4 janvier dernier. En prenant cette position officielle en faveur du candidat élu par la majorité des Ivoiriens, il s'est posé en grand défenseur de la démocratie, ce qui est louable, mais il s'est aussi attiré les foudres de ses détracteurs qui ont déploré son ingérence dans les affaires intérieures d'un pays. Visiblement, le président de la République a retenu la leçon. Au sujet de la Tunisie, dont la démocratie est au moins aussi balbutiante qu'en Côte d'Ivoire, il reste incroyablement silencieux, laissant juste son Premier ministre évoquer une "utilisation disproportionnée de la violence" et appeler "l'ensemble des parties à faire preuve de retenue". Les voies de la diplomatie sont décidément impénétrables.

En dix ans, le prix moyen du billet d'avion en agences a baissé de 4,7%

Avec 20 907 000 documents émis, le marché français bat en 2010 un record historique (+ 8,4 % par rapport à 2009 et + 2,5% par rapport à 2008). Et, pour la première fois depuis 10 ans, l’évolution mensuelle du nombre de billets émis a été positive pendant 14 mois consécutifs (depuis novembre 2009). Néanmoins, les prix des billets sont toujours en chute.
Toutefois, souligne le Snav, sur une période de 10 ans le nombre de billets émis par les agences de voyages françaises n’a évolué que de 5%. Le chiffre d’affaires correspondant à ces billets, c'est-à-dire la recette perçue par les compagnies aériennes, n’a progressé que de 5,8% par rapport à 2009 et demeure en retrait de - 11,3% par rapport à 2008. Le prix moyen du billet d’avion émis dans les agences de voyages en France a diminué de 2,4 % en un an et de 15,5% entre 2007 et 2010. Au cours de la décennie ce prix moyen du billet d’avion a baissé de 4,7%. Il était de 342 euros en 2000, il est de à 326 euros euros en 2010.
Le Snav a identifié les raisons de cette "étonnante" baisse : déjà, sous la pression des compagnies low cost les transporteurs ont adopté des politiques tarifaires innovantes et plus agressives,. Ensuite, les clients acceptent des conditions de modification ou de remboursement plus contraignantes en contrepartie de prix réduits. Enfin,  depuis la crise, en 2008, les voyageurs d’affaire ont "reculé " dans l’avion, passant de la first à la business class et de la business à la classe éco. De plusn les agences de voyages qui ne sont plus commissionnés par les transporteurs ont intérêt à rechercher les prix les plus compétitifs pour leurs clients.

Le couvercle a sauté

Trop peu crédible, trop tard. Ben Ali a multiplié les promesses, jeudi soir, sans pouvoir retenir la lame de fond de la révolte tunisienne. Après 23 ans de pouvoir absolu, il a fui par la petite porte de son palais, hier, laissant le Premier ministre d’un gouvernement qu’il venait de dissoudre, seul face à la foule et au mécontentement. La Tunisie est devant l’inconnu et il est difficile de dire si c’est le soulagement, l’angoisse du vide, l’espoir ou la perplexité qui doit l’emporter dans l’immédiat.

Une chape de plomb qui saute est toujours un motif de joie. Mais on ignore si elle a sauté définitivement, car les réseaux tissés par Ben Ali sont intacts, et tout particulièrement ceux du RCD, le parti omnipotent du pays. Le dialogue pourra-t-il s’engager entre les masses, qui ont soulevé le couvercle, et le pouvoir, qui est affaibli, mais pas forcément touché à mort ? Espérons que ce dialogue soit plus facile sans Ben Ali, devenu encombrant pour tout le monde, car un certain consensus est indispensable pour éviter le chaos, voire la guerre civile.

Parmi les grands dangers de la nouvelle situation, la montée de l’islamisme est sans doute le plus prégnant. Ben Ali avait combattu sans faiblesse le fanatisme religieux et le terrorisme, et il faut lui rendre cette justice. Mais en étouffant toute possibilité d’expression, il a aussi fertilisé le terreau des extrémismes.

L’explosion tunisienne confirme, une fois de plus, qu’une poigne de fer ne suffit pas à « tenir » un peuple indéfiniment. Le dictateur tunisien se faisait fort de développer son pays sur tous les plans – économique, culturel, administratif – en oubliant au passage la liberté. La recette a fonctionné tant que le bien-être matériel de la population a progressé. La crise mondiale a donné un coup de frein économique et social qui a bloqué la machine. Il aurait fallu une croissance continue au-dessus de 5 % par an (ce qui a longtemps été le cas). Il a suffi qu’elle tombe à 3,7 % pour que l’édifice s’écroule. La leçon est à méditer par les autres pouvoirs autoritaires de la planète, et tout particulièrement à Pékin, où l’on mise, comme l’avait fait Ben Ali, sur l’économie au détriment des libertés. La Chine aussi, est engagée dans une fuite en avant de la croissance, où le moindre faux pas économique pourrait être fatal au régime politique. Avec des conséquences bien plus immenses que dans la petite Tunisie.Patrick Fluckiger

Tunis brûle-t-il ?

Lors de sa dernière allocution télévisée, la troisième en un mois, Ben Ali a donc lâché du lest. Ceux qui contestent son régime dans la rue ne sont pas, réflexion faite, “des terroristes à la solde de l’étranger”. Mieux vaut leur tendre une main humaniste. Le président tunisien demande à sa police de ne plus tirer sur la foule. Il jure de ne pas se représenter en 2014. Ça tombe bien : la constitution, pour cause de limite d’âge, lui interdisait déjà ! Mais ce n’est pas tout. Le prix du pain, du sucre et du lait va baisser, la corruption aussi. La presse deviendra libre, aucune censure ne bloquera internet… À Carthage, demain, on rase gratis. Quel progrès, prenons dattes ! Voici l’avènement d’un “Gorbatchev des sables” qui annonce une lumineuse perestroïka. Il limoge son gouvernement et appelle à des élections législatives anticipées.

Aux efforts (tardifs) déployés par le prince, on mesure l’ingratitude des sujets. Hier, ils manifestèrent encore par milliers en exigeant son départ immédiat. Parce qu’un tissu de promesses ne peut effacer le sang versé. Sous la pression populaire, le chef de l’État a dû déguerpir...

Mais qui le remplacera, alors ? Un autre militaire, des démocrates sincères, ou les islamistes toujours en embuscade… Nul ne sait. L’alternance est un terrain que M. Ben Ali n’a jamais voulu préparer. À la nuit tombée, quittant sa patrie comme un voleur, il n’a laissé derrière lui que la colère et le chaos.

« C'est l'islam qu'on assassine »

« Nous rappelons, haut et fort, que ces meurtriers ne sont pas l'islam et qu'ils ne représentent en rien les musulmans. » Telle est la protestation de musulmans publiée sur Internet par RespectMag et reprise dans les colonnes de Libération (1).

Cela survient après le massacre de vingt et un chrétiens, à la sortie de la messe, devant l'église des Saints d'Alexandrie ; et après celui, deux mois plus tôt, à la veille de la Toussaint, de quarante-cinq chrétiens dans la cathédrale de Bagdad. De nombreux musulmans, citoyens de foi, de tradition ou de culture musulmane ou héritiers de cette culture, disent ne plus pouvoir se taire quand on tue en leur nom. « C'est aussi l'islam qu'on assassine en commettant ces crimes en son nom », ajoutent-ils.

Ils dénoncent les amalgames destructeurs qui nourrissent les extrémistes et entraînent tout le monde dans un engrenage de haine qui conduit à la mort, y compris à la mort de nombreux musulmans. En effet, les attentats et meurtres commis par les islamistes frappent, dans de nombreux pays, plus de musulmans, au total, que d'adeptes d'autres religions.

Ce n'est pas la première fois que des musulmans protestent ainsi et s'élèvent contre ces actes. Malheureusement, les médias répercutent davantage les attentats que les protestations qu'ils suscitent de la part des membres de la communauté musulmane, ce qui a laissé croire à leur indifférence.

Dénoncer cette folie meurtrière

On voit qu'il n'en est rien, au contraire, car ces pétitionnaires font preuve de courage. En effet, leur attitude fraternelle et sage les désigne comme cible aux « fous de Dieu ».

Comme le dit Magyd Sheriff, auteur-compositeur, « il importe d'expliquer aux Français de souche qu'il y a, dans notre pays, un islam apaisé, discret, généreux ».

La présidente de la Maison d'Averroès déplore, elle aussi, les préjugés nourris, de ce fait, contre les Français de confession ou de culture musulmane : « La plupart d'entre eux souffrent de l'image ainsi dégradée de leur religion. »

« Il nous faut dénoncer sans cesse cette folie meurtrière qui sévit au nom de la tradition religieuse que je professe et que d'autres avilissent et pervertissent », ajoute Gales Penkeikh, de Télé Islam.

On le voit, les musulmans fidèles se sentent atteints autant que les victimes dont, d'ailleurs, ils font souvent partie. Personne ne doit donc se laisser aller aux catégorisations faciles : ce n'est pas parce qu'il y a un criminel dans une famille que toute la famille peut être accusée. Gardons donc notre sang-froid, favorisons les rapprochements et la compréhension mutuelle pour opposer un front uni à ceux qui osent se définir comme « les fous d'Allah ».

Symptôme

L’extrême droite française va changer de visage. Jean-Marie Le Pen quitte la présidence du Front national et se prépare, en cette fin de semaine, à faire élire sa fille, Marine. Cette stratégie dynastique, qui sera sans doute couronnée de succès, ressemble à une promesse : la continuité. Quelques indices de « modernisation » du discours – l’antisémitisme et le négationnisme du père cédant la place aux discours anti-musulmans de la fille – ne changeront rien au fond. Même si Marine Le Pen se préoccupe davantage que le président sortant de la conquête du pouvoir dans les institutions, le Front national va continuer à occuper autour de 10 % de l’espace politique en France, avec quelques hauts comme à la présidentielle de 2002, où il avait pu se maintenir au second tour, mais aussi des bas comme en 2007, où il avait obtenu moins de 5 % aux législatives.

Les bons scores de l’extrême droite, quand ils arrivent, ne marquent pas toujours une adhésion profonde au fourre-tout idéologique du Front national. Hors la préférence nationale, sa constante, la doctrine va, flottante, du libéralisme le plus échevelé à des propositions qui relèvent de l’économie administrée. Comment s’y retrouver ?

Les scores des partis protestataires se nourrissent d’abord de frustrations, alimentées par les promesses non tenues et les échecs des partis de gouvernement. La crise économique et financière a durci le jugement : les responsables politiques, économiques ou des médias, bref les « élites », n’ont rien vu venir. Et surtout on n’en attend rien de bon. La confiance se délite. Un peu partout en Europe, la vague populiste, demandant tout à la fois une baisse de la pression fiscale et une hausse des protections sociales, se répand. L’inquiétude pousse à surréagir devant les incertitudes. La sécurité à tout prix est un thème porteur.

À ce titre, concéder que les démagogues, qu’ils soient de droite ou de gauche, posent de bonnes questions revient à leur céder une partie du terrain. L’enjeu de la présidentielle de 2012, où le Front national espère évidemment jouer le même rôle qu’en 2002, consistera à bâtir des projets crédibles pour vaincre les difficultés actuelles. Sans sacrifier la raison critique, l’éthique démocratique et le respect de l’autre.

Pensez à vos enfants

La création d’un Défenseur des droits individuels qui entraînerait la suppression notamment du Défenseur des enfants, suscite de nombreuses réactions hostiles. Jacques Hintzy, président de l’Unicef France, interpelle les parlementaires avant l’examen, mardi, du projet de loi.

Aujourd’hui, je veux crier aux parlementaires: "Pas de recul en matière des droits de l’enfant." Nous avons été scandalisés lorsque nous avons appris la disparition annoncée du Défenseur des enfants. C’est pourquoi nous sommes encore mobilisés. Avec la Convention nationale des associations de protection de l’enfance (CNAPE), nous avons proposé des amendements au projet de loi instituant le Défenseur des droits qui sera discuté à partir de mardi à l’Assemblée nationale. Ils seront déposés par des députés de la majorité et de l’opposition et je m’en réjouis. Il n’est pas question de composer avec l’intérêt supérieur de l’enfant. Ils ont des droits spécifiques par rapport à ceux communément admis. Nous ne voulons pas que cette spécificité soit gommée. Il faut être très prudent, très attentif avec les enfants. Il est tellement facile de leur faire un mal considérable.

Les enfants n’ont pas de représentation politique, pas de lobby. Le Défenseur des enfants est leur unique avocat. Si le texte est adopté en l’état, ils vont perdre leur seul représentant. Nous sommes en train de démolir une institution incontournable. Depuis sa création en 2000, elle a été le socle de mesures fondamentales. Je pense notamment à l’accueil scolaire des enfants et adolescents en situation de handicap, à la lutte contre les mariages forcés [l’âge minimal du mariage a été relevé de 15 à 18 ans pour les filles en 2006], la création des maisons des adolescents… Selon le sondage TNS Sofres réalisé à la demande de l’Unicef, huit Français sur dix sont favorables au maintien d’une institution indépendante et identifiée, chargée des droits de l’enfant.

Il est essentiel que le Défenseur des enfants puisse continuer de se saisir de dispositions présentes dans la Convention internationale des droits de l’enfant pour pouvoir interpeller les pouvoirs publics sur des problèmes tels que l’enfermement des mineurs alors que la loi française permet de placer en centre de rétention des familles avec leurs enfants. La France est le deuxième pays européen à avoir ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant. Il est inconcevable qu’elle marque un tel recul en matière de défense et de promotion des droits de l’enfant. Elle avait déjà été admonestée par le Comité des droits de l’enfant des Nations unies la dernière fois qu’elle a été auditionnée en mai 2009.

Face à la crise économique, au chômage, à la précarité, certains estiment sans doute que la défense des droits de l’enfant est un problème mineur. C’est faux. Les enfants représentent l’avenir. La France est l’un des pays les plus jeunes d’Europe: avec l’un des plus forts taux de natalité. Que préparons-nous? Des lois répressives pour des enfants délinquants et une société brutale? C’est ce que nous voulons éviter. C’est ce que le Défenseur des enfants peut contribuer à éviter. J’ai envie de dire aux parlementaires: ne tuez pas l’avocat et la vigie. J’ai envie de leur dire tout simplement : pensez à vos enfants.

Ben Ali en fuite, la France ne souhaite pas l'accueillir

Le président tunisien, que des rumeurs disaient en route vers Paris, ne serait pas désiré par le gouvernement français. Le premier ministre tunisien va assurer l'intérim pendant une période indéterminée.

L'annonce de nouvelles élections législatives n'aura pas suffi à calmer les manifestants. Face aux troubles persistants, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a quitté la Tunisie vendredi après-midi, pour une destination encore incertaine. La chaîne de télévision Al-Jazira annonçait son arrivée en France mais l'Elysée a répondu n'avoir «aucune information» qui «atteste, à ce stade» de la venue du chef de l'Etat à Paris. La venue du président en fuite sur le sol français ne serait «pas souhaitée» par le gouvernement, qui craint de mécontenter la communauté tunisienne hexagonale, a indiqué une source proche du gouvernement. Le ministère des Affaires étrangères a assuré n'avoir reçu «aucune demande d'accueil».

L'annonce du départ de Ben Ali est venue du premier ministre Mohammed Ghannouchi. Il a annoncé dans la soirée à la télévision qu'il assurait l'intérim de la présidence car le chef de l'Etat «n'est temporairement pas en mesure d'exercer ses responsabilités». Mohammed Ghannouchi, en poste depuis 1999, a lancé à cette occasion un appel à l'unité des Tunisiens, toutes sensibilités confondues, et promis qu'il respecterait la Constitution.
Le chef du gouvernement a précisé qu'il remplaçait Ben Ali en vertu de l'article 56 de la Constitution, qui prévoit que le président «peut déléguer par décret ses attributions au premier ministre» en cas d'«empêchement provisoire». Un constitutionnaliste interviewé sur Al-Jazira, Sadok Belaïd, a contesté cette interprétation, estimant que la situation est celle d'une «vacance du pouvoir pour cause de décès, démission ou empêchement absolu». Dans ce cas (article 57), «le président de la chambre des députés est immédiatement investi des fonctions de président de la République par intérim» et doit organiser des législatives dans un délai maximum de 60 jours.



Quelques heures plus tôt, le chef de l'Etat avait tenté de détendre la situation en lâchant du lest. Ben Ali, qui avait tenu un discours d'apaisement jeudi soir à la télévision, a annoncé la dissolution de son gouvernement et l'organisation d'élections législatives anticipées d'ici six mois.
La dissolution a été annoncée par Mohamed Ghannouchi à l'issue d'un entretien avec le président. Mohamed Ghannouchi a ajouté avoir été chargé de constituer une nouvelle équipe gouvernementale avant la tenue des élections.

L'opposition veut des élections libres

Les principaux partis d'opposition, légaux comme interdits, ont demandé de leur côté «l'instauration d'un gouvernement provisoire chargé dans les six mois d'organiser des élections libres», dans une déclaration publiée à Paris.
Le président français Nicolas Sarkozy et son premier ministre François Fillon se sont réunis vendredi soir pour discuter de la situation en Tunisie. «La France prend acte de la transition constitutionnelle» en Tunisie, «annoncée par le Premier ministre (Mohammed) Ghannouchi», indiquait vendredi un communiqué de l'Elysée. Barack Obama a souhaité de son côté la tenue d'élections libres «dans un proche avenir».
Le brusque départ de Ben Ali vient clôre une journée marquée par un important rassemblement pour obtenir le départ du chef de l'Etat, dans le centre de Tunis. Déployées en nombre, les forces de l'ordre ont dispersé les manifestants en tirant des gaz lacrymogènes, déclenchant un mouvement de panique dans les rues.
Jeudi soir, dans son intervention télévisée, Zine El Abidine Ben Ali a promis de libéraliser le système politique et de renoncer à se présenter à la présidentielle de 2014. Celui qui dirige la Tunisie depuis 1987 a aussi promis de libéraliser l'information et l'accès à internet, qui était censuré, et d'arrêter les tirs contre les manifestants.



Ben Ali et sa famille sont en Arabie saoudite
 
Un communiqué du palais royal cité par l'agence officielle saoudienne SPAL confirme la présence en Arabie Saoudite du président tunisien en fuite Zine El Abidine Ben Ali.
 
 
 


Marine Le Pen élue présidente du Front national

La fille du président sortant l'emporte sur son concurrent Bruno Gollnisch à l'issue du vote interne des adhérents. Son élection fait d'elle la candidate naturelle du parti à l'Élysée en 2012.

C'est le couronnement d'une longue ambition. Marine Le Pen, que les adhérents du Front national viennent d'élire à leur tête, s'est préparée de longue date à succéder à son père. La jeune femme a définitivement basculé dans le grand bain de la politique le soir du second tour de la présidentielle de 2002. Alors que Jacques Chirac vient d'être réélu avec plus de 82% des voix face à Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen représente le FN sur les plateaux de télévision pendant la soirée électorale. A l'époque âgée de 31 ans et simple conseillère régionale, la troisième fille du leader frontiste défend son père bec et ongles. Intrigués, les journalistes s'intéressent à ce qui devient bientôt un phénomène médiatique : «Marine». Le grand public la découvre.
C'est une jeune femme de sa génération. Enfant de la télé, Marine Le Pen connaît par cœur plusieurs répliques des Bronzés. L'enfant inattendue de 68 - elle est née quelques semaines après la fin des barricades du Quartier latin- est incollable sur les lauréats de la Star Academy. Divorcée et mère, elle s'efforce d'assouplir certains points du programme du parti, comme l'opposition à l'avortement. Son aplomb, sa jeunesse et son nom en font vite une habituée des débats télévisés. La fille du président du FN évite avec soin toute accusation de racisme ou d'antisémitisme.


Stratégie de «dédiabolisation»

Et Marine Le Pen entreprend un effort de longue haleine pour tisser des relations courtoises avec les journalistes. La fille de Jean-Marie Le Pen brûle les étapes grâce à son père. Il la bombarde vice-présidente du FN dès avril 2003. L'année suivante, la voilà présidente du groupe FN au conseil régional d'Ile-de-France et député européen. Plusieurs figures du parti l'accusent d'être aussi autocrate que son père sans avoir sa légitimité et de vouloir transformer leur parti en un club de groupies. Ils sont poussés vers la sortie ou claquent d'eux-mêmes la porte. L'ascension de Marine Le Pen semble un moment remise en question par la contreperformance de son père lors de la présidentielle de 2007.
La stratégie de «dédiabolisation» qu'elle avait inlassablement poursuivie pour bonifier l'image de Jean-Marie Le Pen et élargir son audience paraît un échec. Mais la vice-présidente du FN se monte opiniâtre. «En pillant notre discours, Sarkozy nous a affaiblis, mais à moyen terme, c'est nous qui en sortirons renforcés : grâce à lui, nous avons, en grande partie, été dédiabolisés», affirme alors cette avocate de profession. Marine Le Pen poursuit son enracinement électoral dans le Nord-Pas-de-Calais. Et continue à avancer, sans états d'âme apparents, jusqu'au redressement du FN lors des régionales de 2010. En dépit de la popularité dont bénéficie Bruno Gollnisch dans le parti, les adhérents du FN ont été au diapason des sympathisants -qui la plébiscitaient dans les sondages- et l'ont portée à leur tête.